Le danger de la sacralisation (intolérante) des hommes, des textes et des récits historiques

 

Par Benjamin LISAN, le 25/04/2022.

 

1         Introduction

 

1.1        Qu’est-ce que le « sacré » ?

 

Selon les définition du « sacré », c'est tout ce :

 

a) qui appartient à un domaine interdit et inviolable (par opposition à profane) et fait l'objet d'une vénération religieuse.

b) Qui appartient au domaine séparé, protégé, intangible et inviolable du religieux et qui doit inspirer crainte et respect (par opposition à profane).

Exemple : Les livres sacrés, les lieux sacrés.

c) Se dit des sentiments de crainte et de respect inspirés par les choses qui sont l'objet d'une révérence religieuse.

d) Qui est digne d'un respect absolu, qui s'impose par sa haute valeur.

Exemples : Un droit sacré. Le caractère sacré de la personne humaine. Les lois sacrées de l'hospitalité.

e) Vénéré ; vénérable ; qu’on ne doit pas violer, enfreindre ou divulguer.

f) Inviolable, intouchable, tabou.

g) Consécration solennelle et quasi religieuse d'une personne ou d'une chose jugée exceptionnelle en son genre, excellente en son domaine.

h) Qui appartient au pouvoir divin, qui est dérivé d'un pouvoir divin ou lui est associé.

Exemples : Les prophètes (de Dieu). Les rois de droit divin.

 

Le sacré comprend ce qui est situé en dehors des choses ordinaires, banales, communes ; il s'oppose essentiellement au profane, mais aussi à l'utilitaire.

 

Les éléments du sacré sont généralement considérés comme intouchables : leur manipulation, même en pensée, doit obéir à certains rituels bien définis. Ne pas respecter ces règles, voire agir à leur encontre, est généralement considéré comme un péché ou crime réel ou symbolique : c'est ce qu'on nomme un sacrilège. Le pire des sacrilèges est la profanation, qui est définie comme l'introduction d'éléments profanes dans une enceinte sacrée (réelle ou symbolique) [2].

 

Cette notion est aujourd'hui utilisée de façon plus générale dans d'autres contextes : une nation peut définir comme sacrés ses principes fondateurs ; une société peut définir comme sacrées certaines de ses valeurs, etc.

 

Mais les anthropologues contemporains disent d'ailleurs que la notion de sacré est trop floue pour pouvoir être utilisée dans l'étude des religions — même s'ils continuent à travailler dessus [2].

 

Selon le sociologue français, Émile Durkheim, « Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent, et les choses profanes étant celles auxquelles ces interdits s'appliquent et qui doivent rester à l'écart des premières. La relation (ou l'opposition, l'ambivalence) entre Sacré et Profane est l'essence du fait religieux. » [2].

 

En conclusion partielle, nous constatons que dans la notion de sacré est en rapport avec tout ce qui inspire la crainte, le respect, la vénération ou la révérence [religieuse].

Voire en rapport à tout ce qui est tabou, intouchable, interdit, inviolable, solennel, grand, exceptionnel, excellent.

 

Cette notion est toujours liée à la religion (au sentiment religieux), voire à la notion de « Dieu », c'est-à-dire en rapport avec quelque chose de grand, d’inaccessible, qui nous dépasse, qui est incommensurable, nous domine, qui est mystérieux, voire qui se passe d’explication et est non maîtrisable ou compréhensible par notre cerveau … qui est un « objet » de vénération, qui inspire l’amour ou la crainte …

 

Sources : a) https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sacr%C3%A9/70445

b) https://www.cnrtl.fr/definition/sacr%C3%A9

c) https://fr.wiktionary.org/wiki/sacr%C3%A9

d) https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/sacre

e) https://langue-francaise.tv5monde.com/decouvrir/dictionnaire/s/sacre

f) https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacr%C3%A9

 

1.2        A l’origine de la notion du « sacré »

 

Il est d'usage de considérer que l'acte de sacraliser est spécifique des tribus primitives, des peuples isolés et des civilisations anciennes. Certains penseurs, tels C. G. JungRoger Caillois ou Jacques Ellul, estiment toutefois que la sacralisation reste un phénomène constant dans les sociétés modernes mais qu'il opère de façon totalement inconsciente [2].

Le sacré a toujours une origine naissant d'une tradition ethnique et qui peut être mythologique, religieuse ou idéologique (c'est-à-dire non religieuse). Il désigne ce qui est inaccessible, indisponible, mis hors du monde normal, et peut être objet de dévotion et de peur.

Le sacré figure la croyance de l'homme en un principe supérieur, celui du monde non intelligible.

Selon Camille Tarot, le concept du sacré est conçu par les anthropologues contemporains comme la réponse à un ensemble d'expériences propres non seulement aux sociétés archaïques et traditionnelles mais aussi à toutes les autres cultures qui leur ont succédé. Il semble devoir être admis comme une donnée constitutive de la condition humaine, c'est-à-dire comme : « une catégorie universelle de toute conscience humaine », face à sa finitude et à sa condition de mortel.

Selon Camille Tarot, sur le plan historique, « tantôt il [le sacré] semble s'identifier ou se confondre avec le divin : c'est le cas des religions archaïques, tantôt c'est le sacré qui s'estompe au profit du divin ou de la transcendance : c'est le cas des formes religieuses qui relativisent mythes et rites ou préconisent l'accès au divin ».

Toujours pour Camille Tarot, le sacré serait à l’origine du fait religieux, lequel serait à reconnaître « dans la conjonction du symbolique et du sacré ».

Pour Roger Caillois, il n'existe que deux attitudes face au sacré : le respect de l'interdit ou sa transgression. Si l'Homme fait l'expérience du sacré, c'est qu'il veut précisément échapper à sa condition d'être fini et mortel ; pour ce faire, il y a a priori trois solutions : le tabou (totémisme), la magie (animisme) et la religion (surtout les religions dites naturistes).

Selon, le philosophe et historien des religions, Mircea Eliade, l'homme croit à une réalité absolue, le sacré, qui transcende le monde réel (celui qui nous entoure). Il serait naturellement religieux, porté à croire à des choses invisibles, « transcendantes ».

Dans la religion romaine et la religion grecque, sont sacrés les objets qui ont été officiellement, et par un acte rituel, retranchés du monde profane pour en donner la propriété à une divinité [2].

 

2         Le point de vue rationaliste de l’auteur sur l’origine psychologique, évolutive des religions et du sentiment du sacré

 

                    La croyance en Dieu serait liée à un mécanisme de défense évolutif.

                    La religion serait un mécanisme de « sélection de groupe », c’est-à-dire comme un comportement sélectionné, au cours de l’évolution, pour favoriser la coopération entre individus et rendre le groupe plus viable.

                    La tendance irrépressible des humains à se coaliser autour de divinités correspondrait à un comportement sélectionné par l’évolution dans un but adaptatif.

                    Le comportement religieux serait donc un mécanisme de survie de groupe, au même titre que les comportements parentaux ou la défense du territoire[1].

 

L’Homo sapiens serait prédisposé à croire ce que lui disent ses congénères. Certes, avec l’expérience, il apprend que ses semblables peuvent se tromper et peuvent lui mentir, mais fondamentalement, il ne raisonne guère selon la logique cartésienne, qui est normalement la démarche de recevoir des informations, les mettre méthodiquement en doute et, finalement, juger de leur vérité en toute indépendance.

 

La prédisposition à croire ce que disent nos congénères pourrait être un moteur de sociabilité.

 

Nous sommes une espèce sociale et grégaires. Certaines croyances renforcent la cohésion du groupe.

Le philosophe allemand Novalis disait : « Ma conviction gagne infiniment en force dès qu’une seconde personne l’a adoptée ». À la lumière des recherches de la psychologie on peut le dire autrement : notre conviction a tendance à se maintenir ou à se renforcer quand nous la partageons avec un groupe et quand nous parvenons à augmenter le nombre de ceux qui y adhèrent. Nos croyances sont davantage une question d’échanges sociaux que d’observation et de raison. Le contraire de la démarche scientifique.

 

Animisme infantile : « Penser que le Soleil, le tonnerre, les étoiles sont des êtres vivants animés d’une volonté propre serait une croyance spontanée des enfants », selon Deborah Keleman[2].

 

Dans certains cas, la propension à croire est une question de survie, pas seulement durant l’enfance, mais par exemple en cas de danger imminent «Attention ! Voilà un serpent !!! » avant même de vérifier vous croyez.

Croire à des êtres imaginaires pourrait nous conduire à être plus sur nos gardes, dans la nature, à une époque où l’homme n’était pas le prédateur au sommet de la chaîne alimentaire.

 

Croire à ce que dise nos parents (leur faire confiance), apprendre d’eux, est aussi une question de survie pour l’enfant.

 

L’enfant, fragile et vulnérable, a tendance à aimer naturellement ses parents _ figures d’autorité _ et à leur faire confiance.

 

Un croyant, qui manque de confiance en lui, qui se sent vulnérable, a tendance à rechercher ce qui le rassure, lui apporte confiance en lui. La part « enfantine », chez certains croyants, a tendance à le pousse à rechercher une bouée de secours (secourable), une « île refuge au milieu des épreuves, d’un océan déchaîné », une « sécurité » que lui apportent, justement, la religion et la figure d’autorité (souvent rassurante) du prophète et du gourou, qui dispense des certitudes rassurantes vers ses fidèles.

 

Pour la personne qui manque de confiance en lui, qui a besoin d’être rassuré, la religion représente souvent une béquille mentale, un doudou rassurant (par les certitudes qu’elle apporte, même si certaine certitudes peuvent se révéler fallacieuses _ mais tant que l’on ne s’en aperçoit pas (!) …).

 

A contrario, plus l’être humain prend confiance ne lui, développe son esprit critique, surmonte ses peurs primaires ou les peurs induites par ses croyances religieuses (ou superstitions), puis il devient adulte, responsable et libre par rapport aux conditionnements, certains délétères, induits par son éducation et la religion qu’on lui a inculquée (via souvent un bourrage de crâne répétitif, depuis la prime enfance _ l’école coranique, la mosquée, l’école, dans les pays musulmans, l’école confessionnelle musulmane, les concours de récitation du Coran, les émissions religieuses à la télévision, etc. …).

 

La religion et la foi (ou la religiosité) se nourrissent du merveilleux ou du désir de merveilleux, via éventuellement une soumission et un émerveillement quasi hypnotiques, … souvent d’autant plus, que notre vie présente (ici-bas) est sans saveur, sans bonheur, voire sans perspective d’avenir[3] [4].

 

Les religions s'entretiennent aussi par le conformisme social : "je crois comme les autres qui m’entourent"[5].

 

3         Le rôle et la psychologie des prophètes et gourous

 

« Il suffit de donner à n'importe quelle idée une apparence religieuse pour convaincre les arabes de te suivre », Mohammed Arkoun.

 

« Si tu veux contrôler un ignorant, enveloppe chaque calomnie d’un manteau religieux et elle apparaitra comme une vérité », Averroès.

 

« Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités, peuvent vous faire commettre des atrocités », Voltaire.

 

« Le sommeil de la raison engendre des monstres », Goya, 1797.

 

« Si quelqu'un parle à Dieu, il prie ; si Dieu parle à quelqu'un, c'est un schizophrène », in Fabriquer la folie (1976) de Thomas Szasz, psychiatre[6].

 

3.1        La psychologie des prophètes (point de vue rationaliste)

 

Selon les psychologues américains Evan D. Murray, M.D., Miles G. Cunningham, MD, Ph.D. et Bruce H. Price, M.D., auteurs de cet article « Le rôle des troubles psychotiques dans l'histoire religieuse[7] » [3] [3bis], les figures religieuses Abraham, Moïse, Jésus et Saint-Paul, analysées d'un point de vue comportemental, neurologique et neuropsychiatrique, révèle que ces personnes ont vécu des expériences semblant avoir été des manifestations de troubles psychotiques primaires ou associés à un trouble de l’humeur. Pour eux, ces figures religieuses, les plus importantes de la civilisation, auraient eu des symptômes psychotiques, ayant inspiré leurs révélations [3] [3bis].

 

Mais dans sa bizarrerie et son côté très intuitif, il peut être, dans certains cas, un lanceur d’alerte utile (et dans d’autres, se tromper, en toute bonne foi). Il peut avoir un rôle dans la cité, avec la vie politique (voir Osée).

 

1.1        Causes du sentiment prophétique et messianique (point de vue de l’auteur)

 

Le sentiment de toute puissance (éventuellement trompe-la-mort), de sentir protégé par Dieu, par la providence, pourrait provenir d’un mécanisme de défense contre, par exemple, la dépression suicidaire, d’un fonctionnement limite, dernier rempart avant la décompensation psychotique, ou bien d’une interprétation délirante/irrationnelle de phénomènes psychiques (mystiques, hallucinations ...), vécus intérieurement, qui font croire au « prophète », en fonction de ses croyances et de son niveau de connaissance, qu’il est élu ou missionné par Dieu (surtout s’il revient de loin, d’une enfance fracassée, comportant des risques répétitifs et réelles pour sa vie, enfance qu’il a réussi à surmonter, grâce à des circonstances ou un instinct de survie exceptionnels ...) (B. L.).

 

3.2        La psychologie des gourous

 

Gourou : Maître d'une secte, se servant de son influence et de manipulations, généralement sur fond de théories religieuses, pour asservir des disciples _ lui devant souvent une obéissance absolue et aveugle _, pour obtenir d’eux du pouvoir / de la puissance, des faveurs financières ou sexuelles.

 

Pour rappel, le profil psychologique des gourous, déterminé par les spécialistes des sectes, est, en général, repérable par sept points[8] :

 

1) Un esprit brillant, une intelligence supérieure à la moyenne (le génie les caractérise),

2) Une imagination sans limite,

3) Un sens aigu de la séduction et de la communication [ils savent faire rêver, par des promesses, qui ne leur coûte rien, mais qui peuvent coûter aux adeptes],

4) Une personnalité paranoïaque,

5) Le mythe de persécution,

6) Des tendances mégalomanes,

7) Une agressivité et une combativité omniprésentes.

 

La personnalité paranoïaque peut être caractérisée par (voir ci-après) :

 

a)       La fausseté du jugement : « Le paranoïaque met son amour de la logique au service de ses apriori et de ses convictions : le raisonnement est juste, mais les prémisses sont fausses. Le niveau technique, scientifique, ou juridique de ce raisonnement est parfois tel qu'il ne permet pas à l'interlocuteur d'en apercevoir la faille. Le paranoïaque est donc parfois très convaincant, mais il est lassant : son entêtement à prouver qu'il a raison est sans borne. De la même manière, il poursuivra ses entreprises sans en démordre jusqu'à l'absurde »[9].

b)      L’hypertrophie du moi : « Le paranoïaque n’a jamais tort. Imbu de lui-même, il ne se remet pas en cause. Son sentiment de supériorité le rend imperméable au doute : ses idées, ses projets sont les meilleurs. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le sujet : orgueilleux, vaniteux, mégalomane, psychorigide […] »[10].

c)       La méfiance : « Les actes d’autrui, parfois les plus anodins, sont interprétés dans le sens de la malveillance à son égard. Si que le paranoïaque vit dans un climat de soupçon et de persécution larvée. Quelquefois une injustice a effectivement lieu et, en ce sens, le paranoïaque a raison de l’être, mais sa réaction est telle qu’un préjudice minime devient un drame inexpiable »[11].

 

La paranoïa du paranoïaque le conduit souvent à s’enfermer dans une spirale de la peur et des mensonges. Plus ce dernier vit dans la peur des autres et de leur persécutions, plus il pense, que pour sauver sa vie ou ne pas perdre la face, il est obligé de leur mentir. Et cette propension à mentir devient une addiction. Mais plus il ment, plus il a peur que ses mensonges soient découverts, ce qui augmente d’autant sa paranoïa. Celle-ci contribuant d’ailleurs souvent à exacerber son intelligence[12] et sa capacité de survie, qui peuvent devenir redoutables (au point de tuer des personnes, pour s’en sortir, surtout quand il sent ou croit que ses mensonges vont être démasqués).

 

Le paranoïaque peut être d’autant plus extrêmement convainquant, qu’il est génial.

On retrouve souvent une dimension mégalomane chez le paranoïaque[13]. Ils ont besoin du culte de leur propre personnalité, de leur apologie permanente, de superlatifs concernant leur personne, leur biographie et leurs actions _ qui sont qualifiés de grandioses, d’immenses, d’éternels, de magnifiques, d’héroïques, d’exemplaires, d’admirables ….

 

La dimension paranoïaque est, en général, très présente chez les gourous (leur paranoïa décuple déjà souvent leur vive intelligence). Or la paranoïa est souvent une maladie difficile à déceler, au départ. Une personne ignorante de l’existence de certaines psychopathologies cachées (qui n’a pas de connaissance en psychologie ou psychiatrie), peut ne pas avoir conscience d’une folie cachée chez le gourou (d’autant qu’un paranoïaque dissimule souvent sa paranoïa[14]).

 

Seule la fausseté systématique de leur jugement, de leurs présupposés, préjugés, idées reçues et de leurs conceptions générales (délirantes, paranoïaques …) sur la vie, sur les autres …, les axiomes faux à partir desquels débutent leurs raisonnements (en apparences impeccables et rigoureux), peuvent nous aider à détecter leur pathologie.

 

Le gourou peut :

 

ð  Souffrir d’un trouble de la personnalité narcissique (mégalomanie, quérulence, combativité extrême, soucis permanent de son apparence et de sa position dans le monde ...).

ð  Être un génie très imaginatif et inventif, jusqu’à la mythomanie (comme Joseph Smith, fondateur de la religion mormone, Raël, Jim Jones, Mahomet ...).

ð  Être un génie opportuniste, ayant toujours réponse à tout, sachant sans cesse rebondir, ne se démontant jamais,

ð  Avoir, continuellement, un culot monstre et, à jamais aucune, culpabilisation [c’est éventuellement un psychopathe],

ð  Affirmer recevoir des « révélations divines » opportunes, bien arrangeantes (comme par hasard), souvent allant dans le sens de ses désirs (comme avec, par exemple, a) la révélation 132, qui autorisait Joseph Smith à pouvoir prendre plusieurs épouses ([6], pages 80-81) – une façon de légitimer religieusement la polygamie et sa « frénésie sexuelle » _, bà les versets 33.37-38 autorisant Mahomet à épouser la femme de son fils adoptif (Zayd), les versets 8.1, 8.41, 8.69, 59.6-7 … l’autorisant à s’attribuer un cinquième du butin issu de ses pillages ou razzias, le butin comprenant toutes ses prises de guerre, y compris des captives et captifs. Bien qu’il ait ordonné de couper la main aux voleurs (5.38) et qu’il ait organisé et conduit des pillages[15], il s’est exempté de cette punition etc.).

 

Le gourou a très souvent un énorme besoin d’autoglorification et de reconnaissance.

Avoir des fidèles qui l’adulent, qui lui sont totalement dévoués, jusqu’au sacrifice, est narcissiquement très gratifiant pour ce dernier (leur besoin pathologique de pouvoir comble peut-être une carence affective de l’enfance ou un problème d’identité fragile ?).

 

Les gourous s’enivrent de leur parole, sont narcissiques et séducteurs. Il y a chez eux, un auto-investissement dans leur propre narcissisme (au lieu de l’humilité).

Par la fabrication de boucs émissaires, ils rendent leurs prophéties auto-réalisatrices. Ils se sacralisent eux-mêmes, tout en diabolisant (désacralisant) leurs concurrents et/ou ennemis (et en les sacrifiant, leur meurtre étant sacralisé).

 

Le gourou délégitime souvent les lanceurs d’alerte authentiques.

Ils utilisent souvent de faux arguments scientifiques ou des pseudosciences pour légitimer leur action ou pour faire croire à la mission miraculeuse, surnaturelle et sacrée de leur « mission » sur terre.

 

Il peut avoir un talent oratoire, des envolées « prophétiques », avoir une grande culture, être manipulateur, très intelligents (voir Jérémie 28 (27-29)). Il peut être séducteur.

 

En fanatisant leurs ouailles ou les terrorisants, peut-être Savonarole, Torquemada, Jean de Leyde, … ont cherché à accroitre, sécuriser leur pouvoir, à se rassurer, avec l’impression ainsi de maîtriser le monde et leur entourage.

Il a souvent chez eux, un énorme besoin de contrôle, un moyen de tenter de lutter contre leurs angoisses existentielles, souvent causées par leurs paranoïa.

 

Ils vous suscitent une confiance illusoire en vous et dans un avenir construit avec et pour lui. Ce sont des marchands d’illusion, des démagogues. Ils vous donnent une vision rassurante de l’avenir, tel un miroir aux alouettes, et vous fournit des paradis vains.

 

Ce qui est déroutant ou déstabilisant chez certains paranoïaques et gourous, pourtant pour la plupart des menteurs notoires, est qu’il y a aussi, par moment, chez eux, un conviction sincère, voire candeur, enthousiasme, quand le paranoïaque explique, par exemple, comme il est excellent et utile de massacrer l’adversaire, de tuer …

Le paranoïaque est souvent convaincu d’être « bon », « qu’il fait le bien » ou qu’il sans reproche. Il arrive même à imposer cette image de « bonté », du fait « qu’il fait le bien », en raison de sa sincère conviction. Et curieusement, dans sa bouche, ses affirmations, même si elles sont délirantes, passent « comme une lettre à la poste » et sont crédibles pour l’adepte.


 

 

4         La psychologie des croyants (point de vue rationaliste)

 

4.1        L’interprétation du prophétisme, du messianisme par les croyants

 

Les premiers croyants trouvaient les expériences vécues par les « prophètes » suffisamment éloignées de la sphère de la vie normale pour être comprises comme le produit d'une relation très inhabituelle du « prophète » avec une force divine [en fonction de leurs croyances, en des forces surnaturelles omnipotentes et omniscientes, celles de l’époque].

Ils n’avaient pas la connaissance (« scientifique ») suffisante pour comprendre que ces prophètes souffraient peut-être de psychopathologies complexes.

 

4.2        Facteurs contributifs favorisent l’adhésion du fidèle à sa secte et/ou à sa religion

 

Plusieurs facteurs contributifs favorisent l’adhésion du fidèle à sa secte et/ou à sa religion, tout en le dissuadant de faire défection :

 

Les aspects séduisants, attrayants, positifs :

 

•             La présentation sympathique

•             Les vérités simples

•             Les grands secrets

•             Le sentiment de faire partie de l’élite

•             Le fait d’agir pour la bonne cause

•             La protection assurée par la secte / le groupe

•             Être entouré / bombardé d’affection

 

Les aspects coercitifs, contraignants, négatifs :

 

•             La coupure avec le monde réel

•             Le conditionnement répétitif

•             La dimension paranoïa (l’invention d’ennemis ...)

•             Le registre de la peur (peur de l’enfer ...)

•             L’empêchement de tout questionnement personnel ou rationnel

•             La destruction de l'inhibition et la compromission de l’adepte

•             Voire rendre l’adepte totalement disponible pour la secte / la religion, 24h/24, 7J/7.

 

1.2        Les causes du fanatisme chez le croyant

 

D'un point de vue psychologique, le fanatisme serait un moyen, pour les personnes instables, en sentiment d'infériorité ou ayant une personnalité paranoïaque de répondre à leur besoin de sécurité et de se protéger du monde extérieur qu'ils haïssent éventuellement[16]. Il y a aurait, chez eux, des mécanismes pour protéger leurs adulation et rêve, en rejetant, alors à l’extérieur, toute source de perturbation, de désagrément, qui pourraient les casser (B. L.).

 

5         L’utilisation des religions et du sacré comme instrument de pouvoir

 

L’analyse historique prouve que quand les autorités religieuses détiennent un énorme pouvoir voire un pouvoir illimité, comme actuellement dans le cas du régime des Mollah, en Iran, celles-ci en abusent, abusent de leur pouvoir, instaurent l’arbitraire, au nom de la religion (ou d’une interprétation religieuse qui légitime leurs actions et comportement), voire la terreur, la coercition, et deviennent extrêmement corrompues[17].

 

Les fidèles se font souvent abuser par les « belles paroles » des autorités religieuses _ qui les incitent par exemple, à être humbles, modestes, obéissants envers la religion (sous-entendu envers les autorités religieuses, le pouvoir) _, qui souvent appliquent, pour eux, la maxime « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ».

 

Parmi les raisons qui font que Karl Marx est contre la religion, il avance ces arguments, ci-après :

 

·         Elle a un effet anesthésiant [elle incite à ne pas se plaindre et à accepter son sort, face à l’oppression].

·         Elle justifie et légitime les inégalités sociales (et l'oppression).

 

Citation : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple »[18].

 

Beaucoup de croyants ont du mal à imaginer et à admettre que certains rois et prophètes de la Bible, par la rédaction de la chronique de leurs faits (souvent idéalisés, présentés sous leurs meilleurs jours) cherchent peut-être surtout à s’autoglorifier et à développer un culte de la personnalité les concernant. Que ces chroniques, qui contribuent à créer une légende dorée les concernant, sont peut-être avant tout des œuvres de propagande (que des esprits crédules croient vraies et légitimes).

 

Comme, peut-être, par exemple, dans le cas de Moïse[19], dans le cas des rois Josué (Josuah)[20], David[21], Salomon …

 

6         Une longue histoire d’intolérance et de violence associées au sacré et aux religions

 

« La tolérance n'a jamais excité de guerre civile : l'intolérance a couvert la terre de carnage ». Voltaire, Traité pour la Tolérance. Chap. IV, 1763.

 

L’intolérance religieuse et/ou philosophique a existé dans toutes les civilisations ou presque. On connaît déjà l’exemple de Socrate, philosophe, condamné à mort, pour impiété, par le tribunal de l'Héliée, à Athènes, en -399.

Les Romains ont, eux-mêmes, persécuté les chrétiens. C'est Néron, empereur de Rome, qui, en 64, a (ou aurait) lancé la première persécution connue des chrétiens[22].

 

Les bûchers sacrificiels ont aussi existé, dans plusieurs religions de l’antiquité : « Si on peut qualifier les bûchers, comme les sacrifices, de bien des manières : expiatoires, punitifs, rédempteurs, purificateurs, salvateurs, il convient de préciser que ce ne sont pas toujours, pour autant, des bûchers sacrificiels. Par exemple, le bûcher rédempteur ou salvateur semble appartenir exclusivement au monde du religieux. Il présuppose l’existence de l’âme et sa survie après la mort. [...] la majorité des bûchers que l’Histoire a connue furent punitifs et expiatoires »[23].

 

Mais on a aussi persécuté et tué des penseurs, écrivains, poètes[24], et même de vrais scientifiques[25] etc. et on a commis des génocides[26], au nom du communisme (et donc au nom de l’athéisme). Certains considèrent, d’ailleurs, le communisme comme une « religion athée », avec ses dogmes indépassables, ses rituels, ses boucs émissaires …

 

6.1        Intolérance et violence au nom du judaïsme

 

Le judaïsme et son histoire, comme ses textes, connaît son lot de violences.

 

« Dans la Bible elle-même, nous trouvons des sources contradictoires, certaines normatives (le commandement d’exercer tel ou tel type de violence contre tel ou tel type de personnes, les Cananéens ou les Amalécites par exemple, ou celui d’épargner ou de protéger un groupe donné, les Gabaonites ou, mettons, les esclaves non-juifs ayant fui de chez leurs maîtres), d’autres narratives (par exemple, les récits d’exterminations massives dans le Livre de Josué ou celui du massacre, par les fils de Jacob, des habitants de Sichem, massacre désavoué par le patriarche, mais d’autres massacres rapportés sont, au contraire, l’accomplissement de la parole divine) »[27].

 

Moïse, son fondateur, a été, dès le départ, intolérant et meurtrier (Exode 32.25-29). Le roi-prophète Josué a incité ou commis des massacres (Josué 7.25, 6.16-27, 8.18-29), tout comme Moïse. Idem pour le roi-prophète David (Samuel 4.9-12, le prophète Elie (Rois 18.40, Rois 21.20-28) etc. Certains versets donnent des exemples d'incitation à la vengeance et/ou au génocide (Deutéronome 7.16, Deutéronome 25.17-19 ...)[28].

 

« La peine capitale, "Diné Néfachot" en hébreu, est mentionné dès le début de la Torah concernant la peine applicable en cas de meurtre : immédiatement après le déluge, Dieu dit à Noa'h : « Celui qui fait couler le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé, car l'homme fut créé à l'image de D.ieu"(Genèse 9.6). […].

D'autres transgressions sont également soumises à la peine capitale, comme l'adultère et l'idolâtrie. Après le don de la Torah, d'autres actes devinrent passibles de la peine capitale, tel que la profanation du Shabbat. (Applicable uniquement pour les Juifs, les précédentes étaient adressés à toute l'humanité) »[29].

 

Un Juif faisant appel aux autorités non-juives est appelé mosser (hébreu : מוסר, prononcé mossère ou mossœur en yiddish) ; considéré comme aussi dangereux pour la société juive qu’un meurtrier, il est passible d’exécution parfois sans avertissement[30].

 

Intolérance envers les chrétiens

 

La Bénédiction des hérétiques, la Birkat ha-Minim, est un des témoignages les plus importants de la mise à l'écart des chrétiens de la part des pharisiens, dans le rituel de la liturgie synagogale[31], au premier siècle :

 

12. Que pour les apostats il n'y ait pas d'espérance, et le royaume d'orgueil, promptement déracine-le en nos jours, et les Nazaréens et hérétiques, qu'en un instant ils périssent, qu'ils soient effacés du livre des vivants et qu'avec les justes ils ne soient pas écrits ! Béni sois-tu, Adonaï, qui ploies les orgueilleux ![32]

 

C’est en fait une prière de malédiction contre les chrétiens, nommés les nazoréens[33].

 

6.2        Intolérance et violence au nom du christianisme

 

Dès le 1er siècle après JC, le christianisme évolue vers l’intolérance et le fanatisme (peut-être dès ses débuts). Peut-être à cause du refus (fanatique ?) dès le départ de ses membres (de Saint-Paul ou Saül de Tarse, de Saint Pierre) de rendre un culte à Rome[34] (considéré comme idole) et à toute idole, sauf concernant le culte du Dieu unique.

L’attitude de certains chrétiens, recherchant ou choisissant le martyr, que de rendre le culte à Rome, est clairement fanatique. Un grand nombre de penseurs non orthodoxe est déjà dans leur collimateur dès le 1er siècle, dont :

 

Simon le Magicien ou Simon le Mage, selon les chrétiens, ou Simon de Samarie, né à Gitton en Samarie et mort probablement à Rome au ier siècle, est un mage et chrétien gnostique, considéré comme hérétique par l’Église. Les Actes des apôtres (Ac 8. 4-25), présentent Simon comme un mage à succès en Samarie. Il aurait engagé des débats et polémiques avec l’apôtre Pierre[35].

 

Marcion dit du Pont ou de Sinope (né à Sinope vers 85, mort vers 160) développe une doctrine affirmant l'existence de deux principes divins — Dieu de colère de la Bible hébraïque et Dieu d'amour de l'Évangile — dont celui des textes chrétiens est le Dieu suprême[36]. Il défend ce point de vue devant un collège de presbytres4 dirigé alors par l’épiscope Pie, en 144. . Après son excommunication de la communauté romaine, Marcion fonde sa propre Église qu'il présente comme une création du « Dieu Bon », suivant sa théologie.

 

En 415, une minorité chrétienne d’Alexandrie _ auparavant persécutée par les Romains _, a massacré, par fanatisme, la philosophe, astronome et mathématicienne, Hypatia ou Hypatie d'Alexandrie[37].

 

Dès que les chrétiens deviennent puissants, ils persécutent à leur tour les païens, qui, auparavant, les avaient persécutés. Ils tuent (Hypatie d’Alexandrie lynchée, Sopatros d'Apamée, exécuté sur ordre de Constantin) ou persécutent les penseurs néo-platoniciens, obligés de se convertir au christianisme (Jean Philopon …) et détruisent leur écrits[38].  Puis les chrétiens majoritaires s’en prennent aux chrétiens minoritaires (gnostiques …) et à leurs écrits.

 

« Au Ve siècle, quand des chrétiens, en pleine lutte avec les romains encore attachés au paganisme, mettent la main sur les livres sibyllins, si précieux, si importants pour les adorateurs de Jupiter, Mars et autre Junon, ils n'hésitent pas à les détruire »[39].

 

L’église de Marcion recule à partir de la moitié du IIIe siècle à la suite de répressions. Persécutées au cours du ive siècle, les communautés marcionites disparaissent définitivement au cours du ve siècle[40].

 

Priscillien, mort à Trèves en 385, est un évêque d'Ávila et le premier chrétien condamné à mort et exécuté par une autorité chrétienne pour hérésie. Sa doctrine, le priscillianisme, est l'une des premières hérésies condamnées par la jeune Église de Rome[41]. Certains la rapprochent de celle des pauliciens (voir ci-après).

 

Le paulicianisme, un mouvement néo-manichéen, apparaît en Asie Mineure, alors part de l’Empire byzantin, à la fin du viie siècle. Il a été considéré comme hérétique par les Églises catholique et orthodoxe[42]. Ses origines ne sont pas bien connues. Constantin de Mananalis[43] fonde, vers 660, une secte néo-manichéenne dont les écrits de saint Paul constituent une base doctrinale. Il sera condamné à mort pour hérésie par l'empereur byzantin en 687.

En 684 Constantin IV, l'empereur byzantin de l'époque, publia un décret, contre les congrégations indépendantes de croyants et, en particulier, contre Constantin, chargeant Siméon, un de ses officiers, de veiller à l'exécution du jugement.  Ensuite, s'étant entretenu avec les chrétiens pauliciens, Siméon fut convaincu de la vérité de leur doctrine et de la justesse de leur conduite. Rentré à Constantinople, il ne connut point de paix durant les trois ans qu'il passa encore à la cour. Il quitta tout, s'enfuit à Kibossa et, adoptant le nom de Siméon-Tite, reprit et continua l'œuvre de l'homme qu'il avait fait mettre à mort. À son tour Siméon-Tite deviendra martyr en 690.

 

Il y a eu des croisades _ dont la « croisade des Albigeois », contre les cathares … _ et des guerres de religion _ dont la Guerre de Trente Ans[44] … _, des conversions forcées _ dont celles des amérindiens, des Saxons par Charlemagne …_, au nom du christianisme.[45]

 

« Tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens », phrase attribuée à Arnaud Amaury, chef de la croisade, lors de la prise de Béziers en 1209 (seul Césaire, un moine allemand de l'abbaye cistercienne de Heisterbach, l'affirme dans son recueil Dialogues des miracles).

 

« Sous la Renaissance, l’Église ne brille pas [...] par son indulgence envers les pamphlets hérétiques ou protestants et les brûle le plus souvent »[46]. Idem pour les protestants.

 

Le christianisme a persécuté beaucoup de courants chrétiens considérés comme hérétiques, dont les cathares, les bogomiles, … Au nom du christianisme, l’on a persécuté les penseurs et leurs idées nouvelles (Giordano Bruno, philosophe, condamné au bucher, Galilée, mathématicien, géomètre, physicien et astronome, condamné, pour hérésie à se rétracter puis à être emprisonné dans les prisons du Saint-office, condamnation finalement commuée par le Pape en résidence surveillée). On peut citer encore Pierre Abélard, théologien et philosophe, Baruch Spinoza, philosophe …

 

Le chevalier François-Jean Lefebvre de La Barre (1745-1766), un jeune homme français issu d'une famille noble[47], est le dernier condamné à mort pour blasphème et sacrilège, le 1 juillet 1766, en France.

 

Dans l'occident chrétien, la chasse aux sorcières[48], du Moyen Âge tardif, est particulière par la croyance en un complot organisé de sorcières se réunissant en sabbat pour détruire la chrétienté en faisant un pacte avec le diable, et par la persécution et la traque massive de ces prétendues sorcières. En Europe, ce mouvement influencé par les pratiques de persécution des juifs et des lépreux et les méthodes de l'inquisition pour éradiquer les hérésies. On estime à environ 60 000 le nombre de victimes causé par les exécutions.

 

Parmi les dernières femmes exécutées pour sorcellerie en Europe on compte Anna Göldin, condamnée en 1782 dans le canton Glaris en Suisse, deux Polonaises qui auraient été exécutées pour sorcellerie en 1793Barbara Zdunk est exécutée Reszel en 1811. Dans les cas d'Anna Göldin et de Barbara Zdunk, le verdict officiel ne mentionnait pas la sorcellerie, celle-ci ayant cessé d'être reconnue comme une infraction pénale.

 

Citation :

« Hors de l’église, point de salut » (chez les catholiques).

 

1.1.1        A l’origine de l’intolérance chrétienne

 

Paul de Tarse a fait preuve d’intolérance :

Galates 1.8. Mais, quand nous-mêmes [vous évangéliserions], quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème !

 

Les chrétiens ont utilisé le verset de l’évangile de Luc « 14.23 Le maître dit alors au serviteur : “Va sur les routes et dans les sentiers, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison soit remplie », pour justifier les conversion forcées au christianisme.

 

Comme Jésus a dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre ! » (Luc 12:49), certains (l’inquisition …) ont utilisé ce verset pour justifier les bûchers contre les hérétiques.

 

A la suite de ce verset, des grands penseurs et empereurs chrétiens ont cautionné ou ordonné les conversions forcées :

 

Saint-Augustin : « Le Seigneur lui-même commence par ordonner que les conviés soient amenés à son grand festin, ensuite il ordonne qu'ils soient forcés; [...] C'est pourquoi si, par la puissance qu'elle a reçue de la faveur divine et au temps voulu, au moyen de la piété et de la foi des rois, l'Eglise force entrer ceux que l'on rencontre le long des chemins et des haies, c'est-à-dire dans les hérésies et les schismes, ceux-ci ne doivent pas se plaindre d'être contraints, mais ils doivent faire attention à quoi on les contraint. [...] si ceux qui sont bons et saints ne persécutent personne mais se résignent seulement à la souffrance, pourquoi, je vous prie, ces paroles du Psalmiste:

"Je poursuivrai mes ennemis, je les atteindrai et je ne reviendrai qu'après les avoir vus défaillir (Psaumes17.38)? »

Source : LETTRES DE SAINT AUGUSTIN traduit M. POUJOULAT. TROISIEME SERIE. LETTRES CXXIV -CCXXXI LETTRES ECRITES DEPUIS L'ANNEE DE LA CONFERENCE DE CARTHAGE, EN 411, JUSQU'A SA MORT, EN 450. DU CHATIMENT DES DONATISTES. LIVRE ou LETTRE CLXXXV. (Année 415.).

 

Saint Ambroise : « Dans cette perspective, il est clair que l'empereur a une mission particulière envers l'Eglise. Première obligation : répandre la foi. C'est là sans doute le sens de l'expression "évêque de ceux du dehors" que s'attribue Constantin.

Ambroise de Milan, dont l'influence sur Théodose fut considérable lorsque celui-ci établit sa capitale à Milan, entre 388 et sa mort, considère de même, dans la ligne d'Eusèbe, que le devoir de l'empereur chrétien est de répandre la foi catholique, voire de l'imposer - c'est là, assure-t-il, l'unique moyen d'assurer l'unité et par conséquent la prospérité de l'empire ».

Source : Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier.

La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 30.

 

Code de Théodose : « Nous ordonnons de soumettre à la peine capitale ceux dont il serait prouvé qu'ils s'adonnent aux sacrifices ou adorent des idole ».

Source : Le code Théodosien, livre XVI, Chapitre XX, sur les païens, les sacrifices et les temples,

10.6 (9 février 356). Le même Auguste et Julien. César, page 373.

 

Les empereurs chrétiens : « "Tout ceux qui n'ont pas encore reçu le baptême doivent se signaler, qu'ils résident dans la capitale ou dans les provinces, se rendre dans les très saintes églises, avec leurs femmes, leurs enfants et toute leur maison, et s'y faire instruire dans la vraie foi des chrétiens. Et une fois ainsi instruits et ayant rejeté sincèrement les erreurs antérieures, qu'ils soient jugés dignes du baptême salvateur. S'ils désobéissent, qu'ils sachent qu'ils seront exclus de l'Etat et qu'il ne leur sera plus permis de rien posséder, bien meuble ou immeuble; dépouillés de tout, ils seront laissés dans l'indigence, sans préjudice des châtiments appropriés dont on les frappera" (CF 1,11, 10). La suite du texte prévoit la peine de mort pour ceux qui, une fois baptisés, reviendraient au paganisme et participeraient à des cérémonies clandestines ».

Source : Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Pierre Maraval, Chapitre premier.

La politique religieuse des empereurs de Constantin à Héraclius et celle des rois barbares, page 23-24.

 

Jean Calvin : « En quoy se monstre une merveilleuse bonté de Dieu : lequel après nous avoir appelez de sa grâce, voyant que nous demeurons tousjours en un poinct endormis. Il use comme d'importunité pour réveiller nostre paresse : et non-seulement nous pirque par exhortations, mais aussi nous contraint par menaces d'approcher de luy. Cependant je ne trouve pas mauvais que sainct Augustin ait souvent de ce tesmoignage contre les Donatistes, pour prouver qu'il est permis aux princes fidèles de contraindre les obstinez et rebelles, et faire des édits pour les ranger au service du vray Dieu, et à l'unité de la roy ».

 

Source : Jean CALVIN. Commentaires sur le Nouveau Testament. TOME 1 : Sur la concordance ou Harmonie composée de trois évangiles S. Matthieu. S. Marc et S. Luc. Edition française imprimée à Genève par Conrad Badius en 1561. Pages 368.

 

La tradition d'utiliser les moines pour des actions de terrorisme se maintiendra dans l'église catholique : au Moyen Âge, elle fera appel aux Franciscains et Dominicains pour l'inquisition. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Franciscains croates sortiront de leurs tanières pour travailler comme gardiens, bourreaux et, même, chefs de camps de concentration. Cette tradition du moine revenant dans la civilisation pour y semer la terreur du Christ prend ainsi ses racines au tout début de l'histoire chrétienne et perdure aujourd'hui.

 

Nous avons de grands persécuteurs, persuadés d’agir pour la bonne cause (comme les grands inquisiteurs, tels que Tomás de Torquemada …), des prédicateurs intolérants, semant la peur de l’enfer, de l’apocalypse (Jérôme Savonarole …).

 

Donc, la tolérance n’était pas une évidence chez la plupart des penseurs chrétiens[49].

 

6.2.1        A l’origine de l’antisémitisme chrétien

 

Hors des conciles également, les leaders chrétiens prendront très vite des positions très dures à l'égard des Juifs.

 

Origène, le fondateur du mouvement monastique égyptien, écrira que "Le sang de Jésus retombe non seulement sur les Juifs de l'époque mais sur toutes les générations de Juifs jusqu'à la fin du monde".

 

Son contemporain Saint Jean Chrysostome écrira lui pour sa part "La synagogue est un bordel, une tanière de bêtes impures (...) jamais un juif n'a prié Dieu. (...) Ils sont possédés des démons".

 

Le concile ou synode d’Elvire ou encore d’Illibéris (ouvert le 15 mai 305 ou 306) :

 

C'est le premier concile codifiant l'antisémitisme chrétien.  19 évêques et 27 prêtres se réunissent à Elvira, dans le Sud de l'Espagne, et fixent les premiers canons de l'église qui soient parvenus jusqu'à nous. Ces canons prévoient des peines sévères pour une série de "péchés". Pour certains, comme le divorce, et l'adoration de dieux autres que le dieu chrétien (l'idolâtrie) l'expulsion définitive de l'église est prévue. Pour les péchés moins graves, la punition est l'exclusion de la communion pour des périodes allant jusqu'à 10 ans. Parmi les délits punissables d'excommunications de plusieurs années, l'on trouve, entre-autre : laisser bénir sa récolte par un juif ou partager un repas avec un juif.

 

Il proscrit les mariages avec des non-chrétiens[50] et condamne l’étroite fréquentation des Israélites. Les femmes chrétiennes n’ont pas le droit d’épouser des Juifs, à moins qu’ils ne se soient convertis. Les Juifs n’ont pas le droit d’accueillir à leur table des chrétiens, qu’ils soient laïcs ou prêtres, ne peuvent pas avoir d’épouses chrétiennes, ni bénir les champs des chrétiens[51].

 

Mais le concile d’Elvire est un concile provincial, dont les décisions n’avaient qu’une portée géographique limitée[52].

Ce concile jette, malgré tout, les bases dans le droit canon de l'antisémitisme chrétien, dont les effets dévastateurs se déploieront en force dès le IVème siècle et dureront jusqu'au XXème siècle.

 

L’accusation des juifs de peuple déicide

 

La persécution des juifs est souvent liée à l’accusation de « peuple déicide » portée contre eux.

D’où vient cette accusation ? Parce que dans les évangiles, les Juifs sont souvent décrits comme cherchant à tuer Jésus :

 

Jean 7.1. Après cela, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer.

Jean 7.19. Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et aucun de vous ne met la Loi en pratique. Pourquoi cherchez-vous à me tuer ?

Jean 7.25. Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ?

Jean 8.59. Alors ils [les Juifs] ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple.

 

Le rôle de Luther, théologien protestant (voir ci-dessous) :

 

Devant l'échec de ses tentatives en ce sens, Luther adopte vers la fin de son existence une attitude de plus en plus judéophobe[53]. En 1543, trois ans avant sa mort, il publie Des Juifs et de leurs mensonges[54], pamphlet d'une extrême violence où il prône des solutions telles que brûler les synagogues, abattre les maisons des Juifs, détruire leurs écrits, confisquer leur argent et tuer les rabbins qui enseigneraient le judaïsme. Ce type de position contribuera au maintien d'un fort antijudaïsme en Allemagne, qui servira de prétexte à l'antisémitisme sous le Troisième Reich[55], époque où le pamphlet de Luther deviendra un livre à succès. Au sujet de ce texte, Karl Jaspers a pu écrire : « Là, vous avez déjà l'ensemble du programme nazi[56] »

Quelques mois plus tard, dans Vom Schem Hamphoras und das Geschlecht Christi (Du nom de Hamphoras et de la lignée du Christ), Luther assimile les Juifs au diable.

Condamnés par quasiment tous les courants luthériens, ces écrits, ainsi que leur influence sur l'antisémitisme postérieur, ont contribué à son image controversée[57].

 

En 1959, le Pape Jean XXIII supprime la « prière des juifs déicides », du vendredi saint, introduite au 7° siècle[58].

 

6.3        Intolérance et violence au nom de l’islam

 

Mahomet avait un amour pour le judaïsme. Mais il a été dépité que les juifs ne le reconnaissent pas comme leur prophète ou messie. Il a alors pris de la distance, puis il a eu de la rancœur, puis de haine, de la rage, par dépit pour avoir été rejeté.

Il s’est posé comme le messie du judaïsme. Il voulait convertir toute la communauté juive (conversion de groupe).

Mais les juifs ont résisté à son désir de les convertir. Chez les juifs, il faut devenir juif, la conversion est individuelle.

Dans son esprit, « Le rôle que je voulais jouer m’a été interdit par les juifs. Ce sont eux qui sont dans l’erreur ».

Il s’est alors mis à délégitimer le texte de la Torah et à être accusatoire.

 

Le Coran et la Sunna portent, en eux, la haine du peuple juif (même pas nuancée, souvent d’une façon grossière) et aussi des chrétiens :

 

dans le Coran, les non-musulmans sont traités d'hypocrites (33 fois), de répugnants et de najassèt (saletés, salissures, ou impuretés (1 fois)) (9.28), de pervers (55 fois), perdants (41 fois), menteurs (81 fois), criminels (50 fois), injustes (205 fois), réprouvés ou damnés, égarés (46 fois), faibles d’esprit (1 fois. 2.13), bétail (1 fois. 2.171), pires (des) bêtes (2 fois. 8.22, 8.55), bestiaux (22 fois), singes (3 fois), porcs (1 fois), aveugles (34 fois) et sourds (17 fois), encourant la colère de Dieu (1 fois. 1.7) ...... Par exemple, ces versets accusent les non-musulmans (mécréants) d’être :

 

- « d’hypocrites » (3.167, 4.61, 4.88, 4.138 etc.),

- des « faibles d’esprit » (2:13),

- du « bétail » (2:171),

- des « pervers » (5:47, 5:59, 5:81, 6:49, 7:102, 9:8, 9:84, 24:55, 59:19…),

- de l' « impureté́ » (9:28),

- des « injustes » (5 :45, 32 :22, 29:68, 39:32, 6:21, 24:50, 29:49, 2:140…),

- des « menteurs » (6:28, 25:4),

- « les pires bêtes » (8:22, 8:55),

- « les pires de la création » (98:6),

- des « singes abjects » (2:60)

- des « porcs et des singes » (5:60)

- de « chien » (7:176)

- de « méprisable » (68.10)

- de « bâtard », (68:13)

- « d’âne » (62:5) etc. etc.

 

Bien des versets appellent à la haine des mécréants _ Coran 8:55, 48:29, 9:30, 8:12, 9:123, 5:33, 95:5-6, 98:6, 2:171, 3:110, 3:10, 58:22, 4:144, 5:51, 4:101, 66:9, 9:73, 8:39, 25:52 (, 2.105) _, à ne pas prendre les mécréants pour amis et alliés et à couper tout lien avec la famille, si elle ne veut pas se convertir à l’islam _ Coran 3.118-120, 5.51, 9.23, 9.113, 11.113, 29.8, 31.15, 58.22, 60.1, 60.13-15.

 

La notion de blasphème et d’insulte à Dieu n’est pas définie rigoureusement et est à géométrie variable, selon le bon vouloir de l’Ouléma (théologien) concerné.

 

« L'ignorance est tout à fait liée à tout ce qui est avant l'Islam », « la période préislamique a été appelée temps de l’ignorance (Al-Jâhiliyya) », en raison de Coran 5.50 « Est-ce donc le jugement du temps de l'Ignorance (Al-jâhiliyya) qu'ils cherchent ? [...] » et Coran 5.104.

 

Donc si l’on se tient à cette vision concernant les époques qui ont précédées l’islam, cette religion ignore alors les contributions d’Hypatie d’Alexandrie, de Polybe, de Ptolémée, de Pline l’ancien, de Galien, des savants chinois, des autres spiritualités (du bouddhisme etc.) ...

 

Citations :

« On ne t'accuse pas d'être mécréant, mais on appelle tous les ennemis de l'Islam des mécréants. C'est tout. Si tu n'insulte pas notre prophète et notre Dieu, tu n'es pas mécréant ».

« On est terroriste ... que pour les ennemis de dieu ».

« On a un esprit critique aussi. Mais on critique les non-musulmans. Ça aussi c'est un esprit critique. Les athées et apostats critiquent la religion. On est quitte ».

« La religion a raison contre la science ».

 

1.3        La persécution des savants et des idées neuves au nom de la religion

 

6.3.1        Persécutions de penseurs et savants dans le monde musulman

 

Dans le monde musulman, un florilège de savants et de penseurs, ont eu à endurer, à travers l’histoire, des fatwas, excommunications, persécutions, procès ou autres opprobres, à cause des autorités religieuses :

 

Socrate (philosophe, condamné à mort), Pierre Abélard (théologien et philosophe), Giordano Bruno (philosophe, condamné à mort), Galilée (mathématicien, géomètre, physicien et astronome ...), Baruch Spinoza (philosophe) ...

Ibn al-Muqaffa (littérateur), Al-Fârâbî (philosophe), Ibn Sina (Avicennes) (philosophe et médecin médiéval), Abbas ibn Firnas (Afarnas) (inventeur, médecin, chimiste, ingénieur, musicien et poète), Ibn Rochd (Averroès) (philosophe, théologien, juriste et médecin), ibn Al Haytham (Alhazen) (mathématicien, philosophe, physiologiste et physicien), Ar-Razi (Rhazès), Al Kindi, Al-Khwârizmî (mathématicien, géographe, astrologue et astronome), Al Jahid, Jaber Ibn Hayan (Geber) (chimiste et alchimiste, astronome et astrologue, ingénieur, géographe, philosophe, physicien, et pharmacien et médecin), Abu-l-Ala al-Maari (poète), Omar Al Khayyam (écrivain et savant), Ibn Tofaïl al-Kéisi (philosophe), Ibn Battûta (explorateur), Thâbit ibn Qurra (astronome, mathématicien, philosophe et musicologue), a al-Yaqubi (historien et géographe), Al-Mas'ûdî (encyclopédiste), Miskawayh (homme d'État, philosophe, historien, savant et bibliothécaire), Al-Biruni (Mathématicien, astronome, physicien, encyclopédiste, philosophe, astrologue, voyageur, historien, pharmacologue), Nasir al-Din al-Tusi (philosophe, mathématicien, astronome et théologien), Ibn al-Nadim (bibliographe), Ulugh Beg (prince-astronome, assassiné) et, plus proches de nous, Taha Hussein (universitaire, romancier, essayiste et critique littéraire égyptien), Naguib Mahfouz (écrivain et intellectuel égyptien), Farag Fouda (écrivain égyptien, assassiné) ...

 

6.3.2        Persécutions de penseurs et savants dans le monde chrétien

 

Idem dans le monde chrétien :

Hypatie d’Alexandrie, mathématicienne, Marcion, théologien, Priscillien, évêque, Donat, évêque, Constantin de Mananalis, théologien, Siméon-Tite, théologien, Albert le Grand (1205-1280), pape (suspecté momentanément, après sa mort), Thomas d'Aquin (~1224-1274), théologien (condamné momentanément, après sa mort), Siger de Brabant (~1235-1284) et Boèce de Dacie (~1240-1284), Pierre Abélard, théologien et philosophe, Giordano Bruno, philosophe, Galileo Galilée, physicien et astronome, Baruch Spinoza, philosophe, René Descartes, physicien et philosophe, …

 

 

 

6.4        L’avenir des religions : entre fossilisation ou évolution ?

 

« [...] aux conciles de Nicée et de Constantinople, en 325 et 381, [...] les Pères grecs [...] entendaient cristalliser pour l’éternité une définition de la croyance chrétienne : mais tout est en mouvement, tout change sans cesse ! Une école théologique américaine fondée par le mathématicien et élève du philosophe Bertrand Russell, Alfred North Whitehead, affirme au contraire que la théologie doit être un process, en évolution, qu’elle ne peut se trouver liée pour l’éternité à un cosmos immobile et pré-copernicien, ni à Aristote, ni même à la lettre des Écritures »[59].

 

Concernant l’islam, selon Aziz M., musulman : « La foi ne peut être une stupide histoire de hallal / haram, de yadjouz / Lâ yadjouz. La religion doit s'adapter et s'ajuster à l'Histoire, aux peuples, aux sciences etc. On ne peut vivre cette religion avec les scories, les sédiments ou les reliques du VIIe siècle et suivants ».

 

7         Pourquoi la violence et l’intolérance sont associées au sacré et aux religions ?

 

Dans son ouvrage "La Violence et le Sacré" [1], l'anthropologue, historien et philosophe, René Girard, envisage la religion comme un moyen de régulation de la violence sociale, ainsi que de création de cohésion sociale. Il affirme qu'à travers le sacrifice, la violence qui menace la communauté est rituellement chassée, retournée vers l'extérieur plutôt que vers l'intérieur de la communauté et vers ses membres. Girard, qui envisage la société explicitement comme une affaire d'hommes, met en relation le sacrifice et la religion : la fonction de la religion réside selon lui dans le maintien de la violence en dehors de la communauté, par les moyens du mécanisme du bouc émissaire ou de ses rituels de substitution.

Selon lui, le concept freudien de meurtre collectif, développée dans "Totem et Tabou" (ouvrage de Freud), se rapproche des thèmes de son propre travail de recherches [1].

 

Note : Selon Freud, dans son ouvrage "Totem et Tabou" [18], Après avoir présenté l’animisme, Freud se penche sur le concept et l'utilisation de la magie qui est indissociablement lié à l'animisme. Pour l'animiste, la magie permet de soumettre les forces de la nature à la volonté de l'homme et lui donne l'occasion d'agir contre des individus et des dangers potentiels. Le primitif peut ainsi utiliser des représentations – par exemple à l'effigie de l'ennemi (ou d'un événement) – afin d'avoir un contrôle sur ce dernier. C'est par la « re-création » (simulation) d'un acte, ou d'une situation, que l'action souhaitée pourra s'accomplir [18].

 

8         La sacralisation des armées, de la guerre et de la Victoire

 

Déjà sous l’antiquité, l’armée, les guerres et les victoires militaires servaient à la gloire de tel chef et à faire peur aux ennemis, avec tout le rituel ou le décorum associés _ défilé triomphal, avec les vaincus et captifs enchaînés ou mis en cage, arcs de triomphe, colonnes de la Victoire, symboles (aigles, génies de la Victoire …) …

 

Par exemple, après la conquête de la Gaulle, Jules César a organisé un défilé de la Victoire (en fait à sa gloire), à Rome, où le chef Vercingétorix vaincu était promené dans une cage (symbole de sa défaite, voire de sa soumission).

Après avoir vaincu les Juifs, en 70, lors de son défilé de la Victoire, l’empereur Titus y a présenté les butins acquis lors du pillage du grand temple (le trophée), dont une menorah à sept branches (voir bas-relief de l’Arc de Triomphe de Titus à Rome).

 

On retrouve ce genre de défilés triomphaux, dans les régimes fascistes, avec le nazisme …

 

En mars 1938, les troupes allemandes entraient dans Vienne, marchant sur un tapis de pétales de roses au milieu des acclamations de la foule.

Durant la période nazie, l'avenue "Straße des 17. Juni" (qui s'appelait à l'origine Charlottenburger Chaussee), à Berlin, était utilisée pour des défilés militaires massifs ,comme celui organisé pour le 50è anniversaire d’Hitler le 20 avril 1939.

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HITLER brandit le salut nazi à l'occasion du défilé de la victoire du 19 juillet 1940 (qui est passé par la porte de Brandebourg _ un arc de Triomphe) pour marquer la défaite de la France, la chaussée étant couverte de pétales de roses (© Pictorial Press Ltd). Puis s'est tenue la cérémonie des Generalfeldmarschall de 1940, au Krolloper de Berlin, le 19 juillet 1940, durant laquelle Adolf Hitler a promu douze généraux de la Wehrmacht au grade de Generalfeldmarschall.

 

« Selon Igor Sushkole, Kremlin évalue la question de forcer la participation de plus de 500 prisonniers de guerre ukrainiens au « défilé de la victoire », du 9 mai [, sur la Place rouge à Moscou], les prisonniers de guerre ukrainiens défilant devant le public » (une façon d’humilier les vaincus).

 

Ces défilés permettre de présenter, le plus souvent, le chef, le dictateur ou le roi …, en majesté et en Maître de la Victoire (comme Hitler après sa victoire sur la France, lors de son défilé à Berlin).

Tout comme la couronne, son sceptre [ou un bâton de Maréchal), le trésor royal, montrés ostentatoirement, permettent de renforcer le prestige, la majesté, la « sacralité » du chef (militaire ou non), du roi, devant une assemblée, le peuple etc. [19].

 

9         La sacralisation et le culte de la mort et du sacrifice de la vie

 

On trouve, dans certaines idéologies et religions (fascisme, nazisme, communisme (stalinisme), le djihad islamiste, le régime poutinien), le culte sacralisé de la mort et du sacrifice de sa propre vie pour la cause.

 

Ce sacrifice de sa vie est idéalisé, présentée comme magnifique, héroïque, souhaitable, altruiste pour la « cause » ou pour le groupe (comme dans le cas des kamikazes de l’empire japonais, les « martyrs » du djihad …).

 

Mais celui qui ne veut pas donner sa vie peut être présenté comme égoïste (pour le groupe), lâche, traitre à son groupe (sa patrie, sa cause, son groupe ethnique …) et être stigmatisé, ostracisé, discriminé.

 

Les dictateurs ou gourous psychopathes n’hésitent pas à envoyer à la mort, leur peuple ou leurs fidèles, présentant ce sacrifice sous les meilleurs jours.

 

En fait, la mort n’a rien de drôle, surtout s’il s’agit de la sienne. En général, les dictateurs ou gourous envoient les autres au sacrifices mais, rarement, se sacrifient eux-mêmes (et ont le courage de le faire).

 

« On trouve des idées très similaires [de ce culte des morts et de la sacralisation du don de sa vie], peut-être insuffisamment décrites, dans les sociétés fascistes, en Italie et en Allemagne. L'universitaire britannique Mark Neocleous a consacré une étude à ce phénomène[60]. Selon ce professeur de sciences politiques, le culte du combattant tombé au champ de bataille est une composante importante de l'idéologie fasciste. Il revient notamment sur la thèse du philosophe Martin Heidegger (1889-1976), membre du parti nazi, qui affirmait que l'on pouvait établir un contact direct avec les morts au combat, et analyse d'autres rituels et célébrations nazis qui supposaient que les morts, s'ils ne restaient pas parmi les vivants, ressuscitaient.

Neocleous étudie le «monde mystique » du fascisme qui, pour lui, est un « monde de l'existence immortelle » [...] En clair, affirme le chercheur, le fascisme est nourri des concepts de résurrection et d'immortalité, qui transforment la mort pour la Patrie en un sort enviable. In fine, c'est ce cercle d'idées qui explique le slogan fasciste «Vive la mort !» : la mort noble est le passage dans l'immortalité et la fusion avec le corps collectif de la nation. » » ([20], pages 176-177).

 

10    Le nouveau fascisme poutinien

 

Ce nouveau fascisme poutinien a décidé de sacraliser l’armée, la victoire de la « grande guerre patriotique » (sur les nazis, le mal absolu),  cette dernière, la guerre, le sacrifice de sa vie.

 

« Avec le Régiment Immortel, les Russes réaffirment tout d'abord leur victoire sur les nazis et signifient ainsi au monde entier leur supériorité morale, d'abord sur l'Occident, puis sur le reste du monde. La nouvelle Lumière n'est plus ni la Sainte Russie (le sentiment religieux n'est pas suffisamment important, après soixante-dix ans d'un athéisme forcé) ni, bien entendu, l'idée communiste, mais une idée païenne, celle de la force nationale et de l'invincibilité immanente, puisée dans la Grande Victoire » ([20], pages 171-172).

 

« Les vivants qui participent au Régiment Immortel sont éternels au même titre que les habitants des cieux. Comme le Régiment Immortel est saint (ou sacré), les photos jouent le même rôle que les icônes. Enfin, ce Régiment, éternellement vivant, est prêt à se battre de nouveau pour défendre la Patrie héroïque et invincible. Sa bataille est consacrée par le Ciel.

Il s'agit donc d'un mystère rejoué chaque année et qui consiste à réactualiser des événements (mythologiques ou réels) fondateurs de l'ordre existant. Au même titre que la bataille entre Marduk et Tiamat en Mésopotamie, que la sortie des Hébreux d'Égypte, que la naissance et la résurrection de Jésus. Mais ici, aucune mention de Dieu ou de son prophète, malgré l'usage de termes religieux. L'objet sacré, c'est la Patrie, dont la défense est une mission sainte » ([20], page 174).

 

Selon Alexandre Douguine, « Le Régiment Immortel est un rituel très profond qui établit un lien direct entre le monde des vivants et celui des morts, des ancêtres. Les héros morts reviennent et marchent avec leurs descendants. Les enfants, horizon de l'éternité du peuple, marchent avec eux [...] Les morts reviennent, les morts vivent, les morts sont dissous dans notre sang. Ils nous font signe. [...] C'est cela, le sens de l'immortalité : la présence concrète des morts à nos côtés, en nous-mêmes, et surtout, dans le futur. [...]

Ce que j'ai vu dans les rangs du Régiment Immortel, c'est le peuple. [...] Le peuple est ainsi constitué, il est impensable sans les morts. Ils en font partie intégrante. Ils en sont les meilleurs représentants. [...] Il s'agit d'une marche formatrice et fédératrice pour le peuple, d'un rituel où les morts nous montrent à quel point tout est insignifiant en comparaison de leur grandeur. [...] Au sein du Régiment Immortel, notre peuple revit. Le peuple et la Russie ont une valeur supérieure à la vie. Cet éveil [...] doit devenir le point de départ de notre renaissance » ([20], pages 175-176).

 

« Désormais, tous ceux qui ont connu la guerre appartiennent à la génération des Vainqueurs et ont, d'emblée, le statut de héros. La guerre et la nation entière, les morts et les vivants, sont sanctuarisés. La Russie redevient une Sainte Russie : son peuple est consacré, à jamais, par sa grande Victoire.

 

Ainsi, les idéologues fascisants Douguine et Prokhanov ont peut-être touché le point névralgique de ces célébrations. Pour nombre de participants, il s'agit d'une manifestation de force, d'unité, de solidarité, de fierté familiale et nationale. Mais les mots, ceux des hymnes, ont un sens, et ce sens agit à un niveau inconscient : ceux qui défilent dans le Régiment Immortel communient avec les morts et deviennent ainsi immortels. À leur tour, ils sont prêts à défendre la Patrie et à mourir pour elle » ([20], pages 178-179).

 

Défense mordicus du mythe

 

Selon le rapport du communiste Nikolaï Zemtsov, présentant, à la Douma, les pertes liées à la Grande Guerre patriotique, la population de l'URSS aurait diminué, entre 1941 et 1945, de quasiment 53 millions de personnes.

Soit quinze millions de morts supplémentaires par rapport aux chiffres présentés en mai 1990, par une commission composée de militaires et d'historiens.

[…] En l'absence de preuves étayées et accessibles, transparaît derrière ces chiffres une volonté certaine de victimisation.

En ouvrant de la séance, le président du Comité parlementaire à l'éducation, Viatcheslav Nikonov, a d'ailleurs fait la déclaration suivante [probablement réfuter, à l’avance tout doute sur ces chiffres] (voir ci-dessous) :

 

« Aujourd'hui, alors qu'une nouvelle guerre que certains appellent « hybride » fait rage, notre Victoire est l'une des principales cibles de l'assaut contre notre mémoire historique. On voit se répéter des tentatives de falsifier l'Histoire, destinées à nous convaincre que ce n'est pas nous, mais quelqu'un d'autre qui a gagné la guerre, et à nous obliger de nous excuser ».

 

Ces nouveaux chiffres pourraient bien être une nouvelle manœuvre pour sanctuariser encore davantage la Grande Victoire, d'autant plus encensée qu'elle a réclamé des sacrifices monstrueux. L'historien et publiciste Marc Solonine donne une explication géopolitique à ce « gigantisme » :

 

« Les «patriotes» considèrent, depuis longtemps, les victimes du peuple soviétique pendant la guerre comme une justification de leurs prétentions géopolitiques. C'est la précieuse reconnaissance de dette qu'ils ont pu arracher au maudit Occident. […] » » ([20], pages 160-161).

 

Le culte du « Régime immortel » et maintenant celui de Staline permettent de légitimer le pouvoir de Poutine.

 

11    Intolérance envers tout ce qui touche au mythe

 

« En janvier 2014 […], l’unique chaîne de télévision indépendante Dojd, proposait aux spectateurs et aux visiteurs de son site, le sondage suivant : « Fallait-il rendre Leningrad aux Allemands afin de préserver des centaines de milliers de vies humaines?». Rappelons que ce blocus, qui a duré presque neuf cents jours, fut une épreuve terrible : près d’un million de personnes, peut-être même plus, y sont mortes de la faim, des maladies et de froid, quand elles n'ont pas péri dans des bombardements ou des attaques cannibales. Le public de cette chaîne, composé de citadins cultivés, a répondu « oui » à 54 %. Ce « sondage sacrilège » a provoqué la colère des médias et des réseaux sociaux. Le parquet régional, sur l'instigation de la Douma de Saint-Pétersbourg, a même initié une enquête contre la chaîne Dojd pour « offense » aux défenseurs de la ville. Rapidement, la chaîne s'est vue obligée de s'excuser auprès des citoyens et de reconnaître que ce sondage avait été une erreur.

Un autre scandale a été provoqué par la comédie satirique du réalisateur et producteur russe Alexeï Krassovski, tourné en 2018, La Fête. L'action se passe pendant la nuit du réveillon, en 1941, dans Leningrad assiégé, et l'intrigue repose sur la confrontation entre une famille aisée et deux personnes affamées. Alors que le film se trouvait encore au stade du montage, des activistes et des hommes politiques - qui ne l'avaient donc pas vu - ont demandé au ministère de la Culture de ne pas autoriser sa diffusion, car il jetait un regard ironique sur un sujet sacré. Devant ce tollé, Krassovski a renoncé à l'idée de la sortie en salle et s'est limité à le mettre sur YouTube - où le film a tout de même été visionné plus d’un million de fois.

Le cas du film franco-britannique d'Armando Iannucci, La Mort de Staline (2017), est symptomatique de l'atmosphère générale. Cette satire politique hilarante qui met en scène les derniers jours du dictateur et la lutte pour le pouvoir au sein de sa garde rapprochée a en effet provoqué des réactions extrêmement violentes en Russie.

Le 22 janvier 2018, à quelques jours de la sortie du film, une lettre collective fut adressée au ministère de la Culture : il y était question d'une « attitude offensante à l'hymne national », d'informations «à caractère extrémiste », «d'humiliation des Russes [soviétiques] ». Les auteurs de la lettre affirmaient que la sortie du film, à la veille du soixante-quinzième anniversaire de la bataille de Stalingrad, serait un « crachat au visage de toutes ses victimes et de tous les survivants ». Parmi les signataires, le réalisateur Nikita Mikhalkov, auteur des paroles de l'hymne soviétique et de l'hymne russe, et plusieurs autres représentants de la culture d'orientation «patriotique ». Finalement, à la suite d'une multitude de réactions hostiles, l'agrément du ministère de la Culture fut retiré.

Si La Fête ne fut finalement pas diffusée, un blockbuster, Sauver Leningrad, sortit en salle en grande pompe juste après les célébrations du soixante-quinzième anniversaire de la fin du blocus. Le film relate l'histoire poignante de deux amoureux qui, devant l'assaut imminent de la ville par les Allemands, sont évacués sur une grande péniche, laquelle coule dans le lac Ladoga avec tous ses passagers, un bon millier de personnes. Le journal d'opposition Novaïa Gazeta écrit que le drame véritable de cette noyade de masse, longtemps occultée, a été transformé en film d'action mélodramatique où le plus important a été omis : ces gens embarquèrent sur une vieille péniche sans bords, inadaptée... Sans moyens de sauvetage. Sans convoi. Sans soutien aérien... » ([20], pages 150-151).

 

12    Ce n’est parce qu’une chose est sacrée qu’elle est nécessairement vraie

 

« Celui qui cherche la vérité n'est pas celui qui étudie les écrits des anciens et qui, suivant sa disposition naturelle, place sa confiance en eux, mais plutôt celui qui doute d'eux et qui conteste ce qu'il reçoit d'eux, celui qui se soumet à la discussion et à la démonstration, et non aux dires d'un être humain dont la nature présente toutes sortes d'imperfections et de carences. », in « Traité d’optique », Alhazen [Ibn al-Haytham], mathématicien, philosophe et physicien, d'origine perse (965-1039)[61].

 

Nous avons des nombreux exemples au sujet du fait que ce n’est pas parce que tout le monde répètent la même chose que cette chose est nécessairement vraie[62]

 

Par exemple, jusqu'à Nicolas Copernic, la majorité des intellectuels au moyen-âge croyaient que le soleil tournait autour de la terre (conception géocentrique de l'Univers). Et pourtant cette conception cosmologique de l’univers s’est révélée fausse (on le sait avec Kepler, Galilée, Newton ... qui ont démontré que le modèle héliocentrique de l’Univers explique mieux les observations astronomiques).

 

Ce n’est pas parce qu’ un récit ou une personne sont sacrées, que ce texte est vrai ou que la biographie de cette personne est vraie. Ce n’est pas parce qu’il est un « prophète de Dieu » que ce qu’il dit est nécessairement vrai.

Ce n’est pas parce qu’il dit qu’il est prophète de Dieu, qu’il l’est réellement.

Car nous avons déjà l’expérience de l’existence de personnes souffrant a) d’hallucinations (psychoses, épilepsies du lobe frontal …), b) de mythomanie, d’affabulations (cas de menteurs pathologiques …) …

 

Parce que nous avons justement rencontré, dans la vie, des mythomanes et affabulateurs (qui passent leur temps broder des vérités, à les ajuster, sans cesse, en fonction des circonstances, des dénonciations, des réfutation), souvent très persuasifs et convaincants, qui souvent finissent par croire à leur mensonge _ ce qui les rend d’autant plus « sincères » et convaincants, donc dangereux. Certains adorent se jouer sans cesse des autres et de leur crédulité, avec une satisfaction perverse. Donc il nous faut rester prudent et ne pas nécessairement accorder foi à tous les mythes ou biographies divinisés ou sacralisées (tel la marche sur les flots de Jésus, la mission divine de Mahomet …), même si l’on vous soumet aux pressions et menaces.

La vérité scientifique ne se plie jamais, en finale, aux pressions et menaces.

 

13    Conclusion

 

Le sacré (en religion et en politique) permet de faire passer un mal pour un bien et faire qu'on ne puisse pas s'interroger sur la légitimité ou la validité de ce qui décrété ou "élu" comme "sacré".

Donc, dès qu’une chose est sacralisée et qu’on vous interdit de la critique, c’est alors justement qu’il est nécessaire de faire jouer de son esprit critique (et ne pas se plier aux menaces, pour vous faire avaler une vérité qui vous semble suspecte).

En sacralisant leur personne et leur règne, les rois (par exemple, par leur statut de roi de droit divin), les dictateurs, les gourous (i.e. « prophètes ») cherchent souvent à se rendre (ainsi que leur règne) intouchables, un moyen, parmi d’autres (dont la terreur) de renforcer et pérenniser leur pouvoir.

 

14    Bibliographie

 

[1] La violence et le sacré, René Girard, Grasset, 1972, https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Violence_et_le_Sacr%C3%A9

[2] Sacré, https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacr%C3%A9

[3] The Role of Psychotic Disorders in Religious History Considered, Evan D. Murray, M.D., Miles G. Cunningham, MD, Ph.D., Bruce H. Price, M.D., http://neuro.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/appi.neuropsych.11090214  

[3bis] Le rôle des troubles psychotiques dans l'histoire religieuse, Evan D. Murray, Miles G. Cunningham, MD, Ph.D. et Bruce H. Price, MD, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/SurIslam/le-role-des-troubles-psychotiques-dans-l-histoire-religieuse.htm 

[4] Abord du phénomène religieux dans la pratique psychiatrique, Antoine Devos et Pascale Abadie, L'information

Psychiatrique, 2010/5 (Volume 86), pages 439 à 446, https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2010-5-page-439.htm 

[5] Dangerosité psychiatrique : étude et évaluation des facteurs de risque de violence hétéro-agressive chez les personnes ayant une schizophrénie ou des troubles de l’humeur, Décembre 2010, https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-12/dangerosite_psychiatrique_-_textes_des_experts_-_v3mel.pdf

[7] Les mormons, G. H. Bousquet, coll. Que sais-je, PUF, 1967.

[8] Camille Tarot, Le symbolique et le sacré : théories de la religion, Paris, La Découverte, 2008, 910 p.

[9] Roger Caillois, L'Homme et le sacré, 1939; texte remanié et complété de trois études en 1950, Gallimard ; réédition : Gallimard, collection « Folio essais », 1990.

[10] Jacques Ellul, Les Nouveaux possédés, 1973 ; réédition : Les Mille et une nuits, 2003.

[11] Mircea Eliade Le Sacré et le profane (traduction de l'allemand de Das Heilige und das Profane, 1957), Paris, Gallimard, « Idées », 1965 ; rééd. « Folio essais », 1987.

[12] Rudolf Otto Le Sacré, (traduction de l'allemand de Das Heilige, 1917) Payot, Petite Bibliothèque, 1995.

[13] Robert Tessier et José A. Prades, Le sacré, éd. Les Éditions Fides, 1991.

[14] Jean-Jacques Wunenburger, Le sacré, Presses universitaires de France, Paris, 2009

[15] Fernand Schwarz, Le sacré camouflé, éd. Cabedita, 2014

[16] Bernard Lahire, Essai sur l'art, la domination, la magie et le sacré, Paris, La Découverte, 2015

[17] Emilio Brito, « Heidegger et l'hymne du sacré », Presse universitaire de Louvain, 1999

[18] Totem et Tabou, Sigmund Freud, 1913, https://fr.wikipedia.org/wiki/Totem_et_Tabou

[19] Le trésor des rois: Sacré et royauté, des rois maudits aux princes de la Renaissance, Murielle Gaude-Ferragu, Perrin, 2022.

[20] Le régiment immortel. La guerre sacrée de Poutine, Galia Ackerman, Premier parallèle, 2019.

 

Table des matières

1       Introduction. 1

1.1         Qu’est-ce que le « sacré » ?. 1

1.2         A l’origine de la notion du « sacré ». 2

2       Le point de vue rationaliste de l’auteur sur l’origine psychologique, évolutive des religions et du sentiment du sacré   2

3       Le rôle et la psychologie des prophètes et gourous. 4

3.1         La psychologie des prophètes (point de vue rationaliste). 4

1.1         Causes du sentiment prophétique et messianique (point de vue de l’auteur). 5

3.2         La psychologie des gourous. 5

4       La psychologie des croyants (point de vue rationaliste). 8

4.1         L’interprétation du prophétisme, du messianisme par les croyants. 8

4.2         Facteurs contributifs favorisent l’adhésion du fidèle à sa secte et/ou à sa religion. 8

1.2         Les causes du fanatisme chez le croyant. 8

5       L’utilisation des religions et du sacré comme instrument de pouvoir. 9

6       Une longue histoire d’intolérance et de violence associées au sacré et aux religions. 10

6.1         Intolérance et violence au nom du judaïsme. 10

6.2         Intolérance et violence au nom du christianisme. 12

1.1.1          A l’origine de l’intolérance chrétienne. 14

6.2.1          A l’origine de l’antisémitisme chrétien. 16

6.3         Intolérance et violence au nom de l’islam.. 18

1.3         La persécution des savants et des idées neuves au nom de la religion. 19

6.3.1          Persécutions de penseurs et savants dans le monde musulman. 19

6.3.2          Persécutions de penseurs et savants dans le monde chrétien. 19

6.4         L’avenir des religions : entre fossilisation ou évolution ?. 20

7       Pourquoi la violence et l’intolérance sont associées au sacré et aux religions ?. 20

8       La sacralisation des armées, de la guerre et de la Victoire. 20

9       La sacralisation et le culte de la mort et du sacrifice de la vie. 21

10          Le nouveau fascisme poutinien. 22

11          Intolérance envers tout ce qui touche au mythe. 24

12          Ce n’est parce qu’une chose est sacrée qu’elle est nécessairement vraie. 24

13          Conclusion. 25

14          Bibliographie. 25

 

 



[1] Darwin’s Cathedral: Evolution, religion, and the nature of Society, David Sloan Wilson [anthropologue], University of Chicago Press, 2002.

[2] D. Keleman, « Are children intuitive theist? », Psychological science, vol. XV, n° 5, 2004.

Source: http://www.scienceshumaines.com/d-ou-vient-le-besoin-de-croirefr15110.html 

[3] Merzak Allouache : "L'état algérien ne fait pas grand-chose pour contrer le wahhabisme [dont l'influence est renforcée par le marasme économique, la corruption, l’absence de perspective]". Source : “Enquête au paradis”, autopsie d'une Algérie bigote, Propos recueillis par Marie Cailletet, 17/01/2018, http://www.telerama.fr/television/fipa-2017-le-documentaire-algerien-enquete-au-paradis-remporte-le-prix-telerama,153086.php

[4] Interview de l'écrivaine algérienne Sarah Haïdar [dans le film "Une enquête au Paradis" de Merzak Allouache, 2017] : "Les jeunes sont oisifs, frustrés culturellement, sexuellement".

[5] Interview du psychiatre algérien Mahmoud Boudarène (et ancien député) [dans le film "Une enquête au Paradis" de Merzak Allouache, 2017] : "Ici en Algérie, on s'attache à la lettre et non à l'esprit. Ce qui conduit à une culture de l'intolérance. On ne sait plus ce que c'est que la nuance. La personne s'énerve tout de suite, dès qu'on discute avec elle. Je suis issu de l'école de la république, qui apprend la tolérance, l'échange (qui restait encore après l'indépendance). Puis l'on n'est passé à l'école fondamentaliste, à l'idéologie, au dogmatisme".

[6] Thomas Szasz, psychiatre et psychanalyste américain d'origine hongroise (1920- ) qui appartient au mouvement de contestation de la psychiatrie moderne, connu sous le nom d'antipsychiatrie.

[7] The Role of Psychotic Disorders in Religious History Considered - Oct 2012

http://neuro.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/appi.neuropsych.11090214

[8] a) Gourous un profil psychologique repérable en 7 points, UNADFI, http://www.larbredesrefuges.com/t10289-gourous-un-profil-psychologique-reperable-en-7-points

b) La manipulation mentale sectaire, Benjamin Lisan, http://benjamin.lisan.free.fr/EcritsScientifiques/pseudo-sciences/ManipulationMentaleSectaire.htm 

[9] Antoine Porot, ibid, pages 508-509.

[10] Cf. Manuel alphabétique de psychiatrie, Antoine Porot, PUF, 2ème édition 1984, page 508.

[11] Manuel alphabétique de psychiatrie, Antoine Porot, ibid, page 508.

[12] Qui devient presque « diabolique », dans ses agissements et manifestations.

[13] Manuel alphabétique de psychiatrie clinique et thérapeutique, Antoine Porot. Ibid, Paranoïa, paranoïaque, pages 508-509.

[14] J’ai constaté que majoritairement, les paranoïaques cachent soigneusement leur maladie mentale et tentent de la contrôler (mais sans jamais y parvenir). Et par ce contrôle, ils paraissent, la plupart du temps, parfaitement normaux.

[15] « Comme il fallait aussi assurer la vie matérielle de la communauté, Mahomet n'hésita pas à envoyer quel­ques hommes piller, pendant la trêve sacrée du mois de rajabune caravane venant de Syrie en direction de la Mekke. Mais, lorsqu'ils voulurent recommencer, les Médinois se heurtèrent à une troupe de Mekkois : ce fut la bataille de Badr, en l'an de l'Hégire, où les musulmans mirent en déroute leurs adversaires, qui laissèrent 49 d'entre eux sur le terrain.». Source : L’islam, Dominique Sourdel, Que Sais-je ? P.U.F., 2004, page 14.

[16] Source : http://www.toupie.org/Dictionnaire/Fanatisme.htm 

[17] a) Ali Khamenei, le Guide suprême qui valait 71 milliards d'euros, 12/11/2013, https://www.france24.com/fr/20131112-iran-khamenei-fortune-71-milliards-euros-setad-economie-fortune

b) Le Guide suprême met la main sur les richesses de la plus grande fondation de l'Iran, Afchine Alavi, 11/03/2016, https://blogs.mediapart.fr/afchine-alavi/blog/110316/le-guide-supreme-met-la-main-sur-les-richesses-de-la-plus-grande-fondation-de-liran

c) « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais. », John Emerich Edward Dalberg-Acton (1834–1902), 1er baron Acton, dit Lord Acton, historien, philosophe et homme politique britannique.

[18] Contribution de la critique de "la Philosophie du droit" de Hegel (1841 / 1843),

a) https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-9049.php

b) https://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/religion-opium-peuple

[19] Moïse aurait ordonné le massacre de trois mille adorateurs du veau d'or, pour les punir d'être revenu au culte du veau d'or (Ex 32, 25-29) et parce que l’adoration d’une idole était interdite par le troisième commandement.

[20] Alors que les recherches archéologiques et le livre "La Bible dévoilée", d'Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, ont démontré que le récit des exploits guerriers du roi Josué, transcrit dans le livre de Josué, ne correspond pas aux données archéologiques.

[21] Le roi David n'a pas eu une conduite moralement irréprochable, durant son règne. Par exemple, David coucha avec Bethsabée, épouse d'un officier dévoué, Urie le Hittite. Bethsabée devint enceinte. Après avoir vainement tenté de masquer son adultère, David écrivit une lettre à Joab, et la fit porter par Urie le Hittite : « mettez Urie en première ligne au plus fort de la bataille puis reculez derrière lui : qu'il soit frappé et qu'il meure ». En résumé, il a pris pour femme, Bethsabée, l'épouse de Urie le Hittite. Et pour pouvoir l'épouser, par ruse, il a fait périr son mari, par l'épée des Ammonites.

[22] Cf. Persécution des chrétiens dans la Rome antique, https://fr.vikidia.org/wiki/Pers%C3%A9cution_des_chr%C3%A9tiens_dans_la_Rome_antique

[23] Cf. Le bûcher sacrificiel ou la crémation de vivants, Françoise Biotti-Mache. Dans Études sur la mort 2007/2 (n° 132), pages 141 à 170, https://www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2007-2-page-141.htm

[24] a) Ossip Mandelstam, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ossip_Mandelstam

b) Boris Pasternak, https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Pasternak

c) Lao She, Feng Xuefeng et Ding Ling, écrivainsFu Lei, Deng Tuo, poète  …. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_culturelle et https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_des_Cent_Fleurs

d) Lin Zhao, écrivaine et poétesse communiste chinoise, exécutée le 29 avril 1968, https://fr.wikipedia.org/wiki/Lin_Zhao

[25] Par exemple ; Staline a préféré un charlatan pseudoscientifique comme Trofim Lyssenko, technicien agricole soviétique _ promoteur de la « théorie des deux sciences » : la « science bourgeoise », fausse par essence, et la vraie science, la « science prolétarienne », théorie qui permet à Staline de justifier la poursuite de ses purges dans le monde scientifique et intellectuel _, à un vrai scientifique, Nikolaï Vavilov, botaniste et généticien russe et soviétique, fondateur et directeur de l'Institut pansoviétique de culture des plantes, mort en prison en 1943, car critiqué par Lyssenko (ce dernier accèdant au poste de directeur de l'institut de génétique de l'académie des sciences en 1940, après l'arrestation de Nicolas Vavilov, son premier directeur).

[26] a) Les massacres de la révolution culturelle, Song Yong Yi, Buchet-Chastel, 2008.

b) Crimes du régime khmer rouge, https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_du_r%C3%A9gime_khmer_rouge

c) Cambodian genocide, https://en.wikipedia.org/wiki/Cambodian_genocide

d) Famine rouge: La guerre de Staline en Ukraine, Anne Applebaum, Grasset, 2019.

[27] Les extrémistes juifs sont-ils fidèles à la Torah ? David Isaac Haziza, 3 août 2015, http://www.slate.fr/story/105067/judaisme-violence

[28] Les versets violents de la Bible. Compilés par Benjamin LISAN, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/Bible/VersetsViolentsDeLaBible.htm

[29] Quelle est la vision du judaïsme sur la peine de mort ? Rabbi J, 16 juillet 2012, http://www.jattitude.net/quelle-est-la-vision-du-judaisme-sur-la-peine-de-mort/

[30] a) Rabbi Michael J. Broyde, « Informing on Others for Violating American Law: A Jewish Law View », 19 août 2012, http://www.jlaw.com/Articles/mesiralaw2.html

b) Mesirah, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mesirah

[31] « Pour une histoire de la séparation entre les communautés "chrétiennes" et les communautés "phari¬siennes" [ca. 70-135 de notre ère) », Simon Claude Mimouni, Henoch 26, 2004, pp. 156-157.

[32] Traduction dans J. BONSIRVEN. Le Judaïsme palestinien au temps de Jésus-Christ, II, Paris, Beauchesn [coll. Bibliothèque de théologie historique], 1935, p. 146, cité dans Y. SIMOENS, Selon Jean, Bruxelles, Institut d'études théologiques / Lessius, 20052, t. 2 : Une interprétation, p. 391.

[33] S.T. Katz pense que la lutte anti-chrétienne a commencé par l'envoi de lettres aux communautés de la Diaspora par les Sages réunis à Yabneh — il en trouve une attestation dans le Dialogue avec Tryphon, 17, 1, de Justin de Néapolis [ ] . Par ailleurs, selon ce critique, la lutte contre les chrétiens s'est développée par une série de mesures dont l'une a été la prohibition des livres

« hérétiques » et l'autre la mise en place de la Birkat ha-Minim qui, à l'origine, n'aurait pas visé les chrétiens mais plutôt, d'une manière générale, tous les opposants au mouvement pharisien, du moins jusqu'en 135 (« Issues in the Separation of Judaism and Christianity after 70 C.E. : A Reconsideration », Journal of Biblical Literature 103 [1984], 43-76).

[34] Sur un plan théologique, le polythéisme des Romains est relativement tolérant, même si l'autorité romaine importe ses dieux dans les pays conquis et se méfie des cultes orientaux à mystères importés à Rome par les soldats. Certains cultes avaient été interdits, suite à des scandales, pour être rétablis ensuite. La lettre de Pline le Jeune, de 112, au sujet des chrétiens, parle de « superstition déraisonnable et sans mesure » et montre le mécanisme concret de condamnation pour le motif d’obstinatio, l’entêtement dans le refus d'obtempérer à l'ordre de sacrifier (au culte de Rome).

Cf. Correspondance de Pline le Jeune et de Trajan sur les chrétiens de Bithynie - Cité dans L'Empire romain et le christianisme, Claude Lepelley, Questions d'histoire / Flammarion page 29 et 90 Pline le Jeune, Lettres, tome X, 97-98, http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_2siecle/Pline/Lettres/Lettre97.html

[35] Selon le roman pseudo-clémentin,  Actes des apôtres (Acte 8. 4-25). Voir aussi Acte 8. 9-21, Actes de Pierre, 32.

[36] Pour Marcion, le « Dieu suprême » est le père de Jésus-Christ qui est venu pour abroger la Bible hébraïque et le culte de son démiurge. Pour Marcion, Jésus n'est pas le messie attendu par les Juifs, ni né de la Vierge Marie : il est apparu à la quinzième année du règne de Tibère sans avoir connu ni naissance ni croissance et sauve l'homme en le rachetant par sa mort. Marcion est en outre le premier à donner au mot εὐαγγέλιον (euangélion, « bonne nouvelle ») un sens littéraire et à élaborer un « canon » de l’Écriture dont il écarte la Torah et tout ce qui, dans la littérature néotestamentaire, porte la marque du judaïsme, proposant un texte résumé à l'Évangile selon Luc et dix épîtres pauliniennes.

[37] Cf. Hypatie d'alexandrie, https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypatie

Citation d’Hypatie d'Alexandrie, mathématicienne (environ 335 – 405) : « Les fables doivent être enseignées comme des fables, les mythes comme des mythes et les miracles comme des fantasmes/ fantaisies poétiques. Enseigner les superstitions en tant que vérités est une chose extrêmement terrible. L'esprit de l'enfant les accepte et les croit, et ce n'est qu'après une grande douleur et peut-être une tragédie qu'il pourra être soulagé après des années ».

[38] Le philosophe néo-platonicien Porphyre de Tyr a composé un traité intitulé Contre les chrétiens à une date que les "spécialistes" situent après 271. L'empereur Constantin, converti au christianisme, a pris des mesures pour l'interdire. Porphyre pense que le christianisme implique une conception absurde et irrationnelle de la divinité qui condamnerait cette religion, aussi bien du point de vue des religions particulières que du point de vue transcendant de la philosophie. Cf. Porphyre de Tyr, https://fr.wikipedia.org/wiki/Porphyre_de_Tyr

[39] Et pour mieux le combattre, l'Europe découvrit l'islam, Robin Verner, 16 décembre 2016, http://www.slate.fr/story/131279/europe-decouvrit-islam

[40] A) Cf. Marcion, https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcion

b) Ses écrits, les Antithèses, ont disparu. On peut supposer qu’elles ont été détruites, à l’exemple de tous les écrits considérés comme hérétiques, par les chrétiens orthodoxes.

[41] Cf. Priscillien, https://fr.wikipedia.org/wiki/Priscillien

[42] A) Les pauliciens rejettent le clergé, la croix, les saints, l'eucharistie, les sacrements, le mariage et le cérémonial des Églises grecque et romaine, leur formalisme et leur appétit pour le pouvoir et la richesse. La communion se fait par l'enseignement du Christ et non par l'eucharistie. Ils prônent une lecture intérieure et personnelle des Écritures, la méditation et la prière. Le Pater Noster est pour eux la seule prière. Cela vaut aussi par la suite pour divers courants du protestantisme et du catharisme.

La doctrine dualiste de Constantin de Mananalis oppose l'esprit divin à la matière, qui est l'œuvre du diable. Elle rejette tout culte marial car les pauliciens estiment que Marie n'était ni vierge au sens charnel du terme, ni la mère charnelle du Christ, dont le corps (œuvre diabolique, s'il avait été réel, et qui n'aurait jamais pu emprisonner l'esprit divin du Christ) n'était qu'une illusion. Pour les pauliciens, l'esprit divin du Christ n'a fait que « se parer de l'image d'un corps humain » afin que les hommes le reçoivent. Ils rejetaient les sacrements (baptêmeeucharistie) et n'avaient pas de prêtres.

b) Cf. Paulicianisme, https://fr.wikipedia.org/wiki/Paulicianisme

[43] Cf. Constantin de Mananalis, https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_de_Mananalis

[44] Cf. Guerre de Trente Ans, https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Trente_Ans

[45] Le problème est-il lié à de mauvaises interprétations de paroles curieuses de Jésus, comme « 34. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. 35. Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère … », Matthieu 10:34-35 ? A la coexistence de l’Ancien testament (la Torah) _ où existent des commandements religieux incitant au meurtre _ et des évangiles (plus pacifiques) ? …

[46] Et pour mieux le combattre, l'Europe découvrit l'islam, Robin Verner, ibid.

[47] Condamné à mort, le tribunal d'Abbeville, puis par la Grand-Chambre du Parlement de Paris, et exécuté, à 21 ans, à Abbeville.

[48] La chasse aux sorcières est la poursuite, la persécution et la condamnation systématique et en masse de personnes accusées de pratiquer la sorcellerie. Le phénomène de chasse aux sorcières n'est pas cantonné au Moyen Âge ni aux civilisations occidentales, puisqu'on les retrouve par la suite dans les sociétés dans lesquelles la croyance dans la pratique de la magie prévaut. Des occurrences sont rapportées en Afrique subsaharienne, dans l'Inde rurale du Nord et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Quelques pays disposent par ailleurs d'une législation contre les pratiques de sorcellerie. Le seul pays dans lequel la sorcellerie est encore punie de la peine de mort est l'Arabie Saoudite. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res

[49] D’autant Jésus prévient ses disciples qu’ils seront persécutés à cause de lui et que lui-même le sera aussi (Jean 15.23-25) :

Jean 15.23-25. « 23. Celui qui a de la haine contre moi a de la haine aussi contre mon Père.

24 Si je n’avais pas fait parmi eux ces œuvres que personne d’autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché. Mais à présent, ils ont vu, et ils sont remplis de haine contre moi et contre mon Père.

25 Ainsi s’est accomplie cette parole écrite dans leur Loi : Ils m’ont haï sans raison ».

[50] Philippe Beitia, Le Baptême et l'Initiation Chrétienne en Espagne du IIIe au VIIe, Éditions L'Harmattan, 2010, https://books.google.com/books?id=SBMsayiLJbYC&pg=PA19

[51] Moïse Schwab, Histoire des Israélites depuis d'édification du second temple jusqu'à nos jours, L. Blum, 1866, https://books.google.com/books?id=yl4LAAAAIAAJ&pg=PA60

[52] Concile d'Elvire, https://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_d'Elvire

[53] Graham Noble, « Martin Luther and German anti-Semitism », History Review no 42, 2002, p. 1–2 ; Mullett, p. 246.

[54] Des Juifs et de leurs mensonges, https://fr.wikipedia.org/wiki/Des_Juifs_et_de_leurs_mensonges

[55] a) Raul HilbergLa Destruction des Juifs d'Europe, chapitre 1 « Les antécédents », p. 22, Folio Histoire, 1991.

b) Donald K. McKim (éd.), The Cambridge Companion to Martin Luther, New York, Cambridge University Press, 2003, p. 58 ; Michael Berenbaum, « Anti-Semitism », Encyclopaedia Britannica, accessed January 2, 2007 ; Martin Luther, On the Jews and Their Lies, tr. Martin H. Bertram, dans Franklin Sherman (éd.), Luther's Works, Philadelphia : Fortress Press, 1971, 47, p. 268–72.

[56] Cité entre autres par Franklin Sherman dans Foi transformée : les rencontres avec les Juifs et le judaïsme, édité par John C Merkle, Collegeville, Minnesota, Liturgical Press, 2003, p. 63-64.

[57] Scott H. Hendrix, « The Controversial Luther »Word & World 3/4, 1983, Luther Seminary, St. Paul, MN, p. 393 : « And, finally, after the Holocaust and the use of his anti-Jewish statements by National Socialists, Luther's anti-semitic outbursts are now unmentionable, though they were already repulsive in the sixteenth century. As a result, Luther has become as controversial in the twentieth century as he was in the sixteenth ». Voir aussi Hans Hillerbrand, « The legacy of Martin Luther », dans Hans Hillerbrand & Donald K. McKim (éd.), The Cambridge Companion to Luther, Cambridge University Press, 2003.

[58] a) Lors de la réforme liturgique qui suit le concile Vatican II, ces termes ne réapparaissent pas, et de plus, les allusions à la conversion des juifs, qui étaient présentes dans l'oraison, sont supprimées. Cf. Oremus et pro perfidis Judaeis, https://fr.wikipedia.org/wiki/Oremus_et_pro_perfidis_Judaeis

b) La fin de l'antijudaïsme chrétien, Henri Tincq, 7 mars 2011, http://www.slate.fr/story/35095/antijuda%C3%AFsme-chretien-eglise-benoit-xvi

[59] « Révérence à la vie », Théodore Monod.

[60] « Long Live Death ! Fascism, resurrection, immortality», Journal ofpolitical ideologies, vol. 10, 2005.

[61] Citation tirée et retranscrite de l'épisode n°5 "Caché dans la lumière", de la série documentaire du National Geographic "Cosmos A SpaceTime Odyssey" (en français l'Odysée du Cosmos", avec l'astronome Neil DeGrasse Tyson, sur une idée de Carl Sagan. Sources : a) http://channel.nationalgeographic.com/cosmos-a-spacetime-odyssey/,

b) https://blackgeoscientists.com/2014/06/12/the-scientists-of-cosmos-a-spacetime-odyssey/

[62] a) Ce n'est parce que des milliers de personnes répètent la même chose qu'elle est nécessairement vraie, Benjamin Lisan, 29/04/2022, 10 pages, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/politiques/ce_n-est_parce_que_des_milliers_de_personnes_repetent_la_meme_chose_qu-elle_est_necessairement_vraie.htm

b) version pdf : http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/politiques/ce_n-est_parce_que_des_milliers_de_personnes_repetent_la_meme_chose_qu-elle_est_necessairement_vraie.pdf