Le rêve de la création de grandes forêts de séquoias en France

 

Par Benjamin LISAN, le 07/06/2020.

 

J’ai beaucoup voyagé et j’ai eu la chance de contempler les plus beaux paysages du monde, dont :

 

·         Le parc national de Yosemite, aux USA, peut-être le plus beau parc national du monde.

·         Les fjords de l’Ouest de la Norvège, en particulier Geirangerfjord et Sognefjord, certainement les plus beaux du monde.

 

Yosemite était tellement beau, que j’aurais aimé y vivre, même si je sais que c’est impossible (les habitations n’y étant réservés qu’au personnel du par cet à ceux de certains commerces ou hôtels).

 

Sur le Sognefjord, il existe un lieu magique (Balestrand) où deux vastes fjords latéraux rejoignent l’immense fjord principal. Cette commune, adossée à une montagne de 1000 m de haut, est située au milieu de cette croix formée par le fjord principal et les deux bras latéraux confluents. Un des endroits les plus beaux du monde. J’aurais peut-être aimé y vivre, même si je sais qu’en Norvège, le climat est rude et la nuit longue, en hiver [1].

 

En 1980, un ami et moi avions traversé une partie des USA. Et arrivé à San Francisco, nous avions loué une voiture pour traverser les Rocheuses californiennes et la Sierra Nevada.

 

En chemin, un auto-stoppeur nous avait conduit à sa colonie de vacances d'enfants dans une forêt de séquoias, au bord d'un lac scintillant de soleil. Puis nous avions pénétré dans le parc « National Séquoias Park» [7].

 

Dans ce dernier, nous avons pu y contempler les plus grands séquoias du globe (des séquoia géants) : "le général Sherman" (dont l'âge estimé serait de 2.500 ans), "le général Grant", le "Robert E. Lee", etc...

 

Ensuite, nous étions descendus de 2.800 m à 1.500 m dans une vallée appelée King's Canyon. Le site était vertigineux, comme taillé à coups de hache dans la montagne.

Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit dans un élargissement de la vallée qui était occupé par une forêt de séquoias et de pins.

Des centaines de feux de camp illuminaient la nuit et les troncs des grands conifères de la forêt dans laquelle le camping de Cedar Grave était caché.

 

Le lendemain matin, en repartant vers Yosemite, un autre parc national, nous avions quitté à regret cette grande vallée de King's Canyon pour prendre une route sinueuse au bord d'un à pic vertigineux, redescendant la montagne, bordée de forêts de pins, de séquoias et parfois de sapins.

 

Nous sommes remontés vers le Nord, en direction de Yosemite.

Malgré la surpopulation dans les Parcs Nationaux l'été, notre bonne étoile a présidé à la découverte, sans chercher, d'une place de camping en altitude, à plus de 2.000 m.

 

Dans une clairière, située à côté de notre camping, un tapis de fleurs diverses - des gentianes jaunes, d'arnicas, d'asters rosés, des lis orangés, des sortes d'orchis vanillés, etc. ... rappelait celles de nos montagnes alpines.

 

Une halte au point de vue Glacier Point, nous a permis de contempler un des plus beaux panoramas du monde : la vallée glacière de Yosemite, tapissée par une grande forêt de séquoias géants, bordée par des parois verticales de granit, dont certaines de plus de 1.000 m de haut comme El Capitan, le Half Dome, pain de sucre granitique, érodé, culminant la vallée à plus de 2.600 m. Dans la vallée, se jettent de nombreuses cascades.

 

Un seul mot "Waouh !", pour exprimer notre émerveillement devant un panorama si grandiose, renversant, magique et époustouflant.

 

Dans le Parc National Yosemite, nous avons emprunté un bus, découvert, touristique, gratuit, faisant visiter une grande forêt de séquoias "Mariposa Grove", avec quelques sommités célèbres, comme le vieux général Grant (10 mètres de diamètre, le plus vieux de tous avec 2.700 ans).

 

Dans le petit musée de Mariposa, installé dans une ancienne maison de bûcheron, nous avons appris à distinguer les deux espèces de séquoias : l'une aux branches semblables à celles du Thuya (Sequoia gigantea ou Sequoiadendron giganteum), l'autre le séquoia rouge (Sequoia sempervirens) et appris également que le séquoia est protégé contre les parasites et le feu, par son écorce épaisse. Mais que, a contrario, son poids, allié à une forte pluie ou un fort vent et à un système de racines courtes, contribuent à sa fin, par déracinement.

 

Cette forêt de séquoia géant, Mariposa Grove, la plus belle du monde, était comme un cathédrale dressée au milieu de la nature. Toutes ces forêts majestueuses, peuplées de ces hôtes vénérables et millénaires, nous transportaient et enchantait notre âme. Quel plaisir de se réveiller tôt le matin, dans le camping, cachée dans les séquoias, et de découvrir des colonnes de lumière traverser la frondaison de ces colosses.

 

De retour en France, j’ai rêvé de la présence d’aussi belles forêts de séquoias, dans notre pays.

 

Je m’étais renseigné et j’avais appris que le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), arbre monumental, pousse naturellement dans une petite zone étroite d'environ 300 km de long sur le flanc ouest de la Sierra Nevada en Californie, États-Unis. L'espèce pousse à une altitude relativement élevée de l'ordre de 900 à 2440 mètres.

 

J’avais remarqué que l’espèce poussait plutôt sur des sols granites, plus ou moins érodés.

 

Dans la partie nord de son aire de répartition, il y a huit forêts, dont trois dans le Parc national de Yosemite.
La plupart de ces arbres se trouvent entre les Kings et Deer Creek River Grove, dans le sud, la plupart des forêts dans le Parc national de Sequoia et Kings Canyon (et la Forêt des Géants (Giant Forest)) et le monument national américain de Giant Sequoia [3].

 

Toutes ces forêts sont maintenant menacées par le réchauffement climatiques. Si elles peuvent se contenter de feux réguliers pour se regénérer, elles ne peuvent résister à des feux gigantesques, comme lors de ces dernières années.

 

J’ai appris qu’il y avait deux espèces de séquoias :

 

1)      Le séquoia à feuilles d'if, Séquoia toujours vert ou Séquoia sempervirent (Sequoia sempervirens) [4],

2)      Le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) [5],

 

L'habitat naturel actuel de Sequoia sempervirens est une bande étroite de 750 km de long et 75 km de large le long de la côte Pacifique des États-Unis, de 0 à 900 m d'altitude. Les arbres les plus imposants poussent dans des vallées très arrosées avec de nombreuses périodes de brouillard. Un arbre jeune dans ces conditions favorables peut s'accroître en hauteur d'un mètre par an. Qu’elle peut souffrir du gel. Que l’espèce a existé au Miocène (il y a 23 millions d’années, avant les grandes dernières glaciations) [4].

 

La niche écologique des séquoias géants est caractérisée, outre le passage régulier du feu, par une forte pluviométrie (environ 1000 mm / an) et un sol pauvre (du fait, notamment, du lessivage par la pluie).

 

De nos jours, le séquoia géant ne pousse plus à l'état naturel que dans 75 forêts, situées sur les versants occidentaux de la Sierra Nevada californienne. Cet arbre apprécie les climats humides avec des étés chauds et de la neige en hiver. On trouve le séquoia géant à des altitudes comprises entre 1 500 et 2 100 mètres où il pousse généralement sur un socle granitique et riche en matière minérale. Il résiste à des températures pouvant chuter jusqu'à −25 °C. En hiver, l'épaisseur de neige peut atteindre plusieurs mètres. Ce manteau permet de protéger les jeunes pousses du froid et constitue une réserve d'eau au printemps. Les populations de séquoias sont souvent situées sur le versant sud des montagnes du nord de la Sierra Nevada et sur le versant nord des montagnes du sud. 

 

La reproduction des séquoias nécessite des conditions particulières qui ne sont réunies que dans leur habitat naturel. C'est pourquoi les populations ne peuvent élargir leur aire de répartition. Les graines ne peuvent germer que dans un sol minéral car un sol riche en humus se dessècherait trop rapidement en été. De plus les jeunes séquoias ont besoin de pousser en plein soleil.

 

Le feu joue donc un rôle important dans le renouvellement des séquoias. Il élimine les buissons, jeunes pins et autres arbres sans détruire les séquoias adultes qui sont protégés par leur écorce fibreuse. Ainsi, le sol est enrichi en matière minérale et la compétition pour la lumière est supprimée.

La chaleur dégagée par les feux de forêt permet également l'ouverture des cônes. La dispersion des graines survient alors au moment où le sol est idéal pour la germination.

 

Dans les forêts californiennes, deux agents sont également responsables de la dissémination des graines : l'écureuil de Douglas qui se nourrit des écailles fraîches des cônes ainsi que le Phymatodes nitidus, un insecte de la famille des longicornes qui pond des œufs dans les écailles et la tige des cônes. Les larves creusent dans l'écaille provoquant une rupture des tissus vasculaires et ainsi le dessèchement de l'écaille. Les graines sont alors libérées dans les mois qui suivent l'attaque par l'insecte [5].

 

J’avais imaginé alors l’implantation de ces forêts, dans des zones ensoleillées, de bonne pluviométries (400 mm / an, pour le séquoia géant, et 1000 mm / an, et pour le Sequoia sempervirens) :

 

1)      D’une forêt de séquoias géants (Sequoiadendron giganteum), sur des parois granitiques ou de roches volcaniques, plein sud, d’une pluviométrie annuelle moyenne de 400 mm / an, dans les environs de Briançon et de la vallée de la Clarée (celle-ci étant plutôt dolomitique, située à 1 400 et 2 000 m) [8]. En y favorisant l' écureuil roux, qu'on peut rencontrer jusqu’à 2 000 m dans les Alpes et les Pyrénées [6].

2)      De forêts de Sequoia sempervirens, dans les Pyrénées atlantiques et centrales, entre 0 et 1000 m de haut (voire sous le Parc National des Pyrénées, dont l’altitude minimum est de 1273 m et avec la bonne pluviométrie) [9].

 

L’entretien de ces forêts nécessiterait un écobuage annuel, à réaliser par les gardes de ces forêts ou parcs.

 

Si de telle forêts existaient dans le sud de la France, elles attireraient des touristes du monde entier (mais il faudrait un siècle pour en avoir d'aussi belles qu'aux USA).

 

Bref, on peut rêver.

1         Bibliographie

 

[1] Norvège : Enchantement norvégien, 1991, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/CompteRendusVoyages/GrandesRandosetTreks/Norvege.htm

[2] En territoire connu ou presque : les USA, 1980, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/CompteRendusVoyages/AutresVoyages/USA.htm

[3] Séquoias géants en Californie, https://www.monumentaltrees.com/fr/arbres/sequoiageant/californie/

[4] Sequoia sempervirens, https://fr.wikipedia.org/wiki/Sequoia_sempervirens#R%C3%A9partition_et_habitat

[5] Séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9quoia_g%C3%A9ant

[6] L’écureuil roux,  https://trebla-mountain.pagesperso-orange.fr/Pages%20animaux/Mammiferes/ecureuil.htm#habitat

[7] Sur l'année, la température moyenne à Parc national de Sequoia est de 16.9°C et les précipitations sont en moyenne de 385.5 mm. Cf. https://planificateur.a-contresens.net/amerique_du_nord/etats_unis/californie/parc_national_de_sequoia/5394465.html

[8] La commune de Névache (1 596 m) [située au milieu de la vallée de la Clarée] a connu 184 millimètres de pluie en 2020, contre une moyenne nationale des villes de 177 millimètres de précipitations. Névache se situe à la position n°nc du classement des villes les plus pluvieuses. Cf. http://www.linternaute.com/voyage/climat/nevache/ville-05093

[9] La pluviométrie moyenne annuelle sur le territoire « Pyrénées et piémonts » se situe entre 400 et 2000 mm et est associée à l’altitude. Cf. http://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/download/file/fid/5249