EN TERRITOIRE CONNU OU PRESQUE : LES U.S.A.

Août 80.

 

Les Etats-Unis : le plus grand pays du monde par sa puissance économique, par son produit national brut par habitant[1],

- 2ème producteur mondial de blé (40.000.000 T)

- 1er producteur mondial de maïs (100.000,000 T) - 1er producteur mondial d'agrumes (10.000.000 T) - 1er producteur mondial de cuivre, acier, houille, aluminium, papier, fibre textile, de voitures.

- 1er consommateur mondial d'énergie (presque le tiers de la consommation mondiale) (lire à ce sujet "l'Atlaseco" du Nouvel Observateur).

 

J'ai voulu me rendre compte de tout cela sur place et voir derrière les chiffres, la réalité du Pays.

J'ai cherché tout d'abord un ami qui m'accompagnerait.

Finalement après avoir fait des recherches auprès d'amis, j'ai rencontré Bernard, par voie de petites affiches sur le Campus universitaire.

 

Nous sommes partis de Paris le 5 août I980 à 23 h par le train corail, surpeuplé en cette période. Arrivés à Bruxelles le matin, vers 6 h, nous avons cherché désespérément un café ouvert et aucun ne l'était avant 7 h 50 !

 

La ville ne pas paru très jolie, quoique très soignée, un peu froide à mon goût. Il est vrai que je n'ai pas tout vu.

Certains quartiers ont été reconstruits, témoignage des dévastations passées de la guerre.

 

Une très jolie place, célèbre pour ses concours de fleurs - la Grand'Place - m'a séduite par ses vieilles maisons flamandes[2] du XVIIe siècle (dans le style des vieilles maisons de Bruges) et par ses trois Palais dont l'un est dominé par un grand beffroi gothique. C'est une ville bourgeoise, plus petite que dans mon Imagination.

 

Bruxelles possède un nombre important de constructions en briques, comparables à celles du nord de la France.

Notre toilette très matinale s'est effectuée dans les toilettes de la Gare Centrale.

Ce jour-là , la compagnie de charter "Capitole" a effectué un report de nos billets d'avion sur un autre vol, avec une attente prolongée de 4 H.

 

A l'arrivée sur New-York, mon attention a été attirée par une brume permanente sur la ville. Cette brume est créée par la pollution de la ville et plus particulièrement par les gaz d'échappement des voitures.

L'aéroport Kennedy, saturé en avions au sol, l'attente sur la piste des avions avant et débarquement en étant une preuve, est constitué par un ensemble Important de grands bâtiments ultramodernes disposés en cercle autour d'une grande artère circulaire de plusieurs kilomètres. Dans ce cercle, se trouvent des parkings pour des milliers de voitures, des espaces verts et au centre, trois lieux de culte : protestant, judaïque, catholique.

Après l'attente dans l'avion, nous avons eu celle de la douane. Sortant de l'aéroport à la tombée de la nuit, j'ai été frappé par la taille des voitures, leurs phares blancs puissants, la ligne ultra-moderne de certains cars et par des gros taxis jaunes aux gros pare-chocs Indestructibles (tarif des taxis : 1 $ pour le premier 1/9° de mille, puis 10 cents les l/9e de ailles suivants).

Juovani, le frère d'un ami de Bernard vivant à New-York, est venu nous chercher avec sa voiture coupée, une Comodore CS, LINSAIT au capot avant de dimension respectable.

Pour nous rendre à Manhattan, nous avons pris une autoroute embouteillée à cause des travaux s'y effectuant la nuit.

Dans mon esprit, j'avais encore le souvenir d'un incident à la sortie de l'avion : une jeune Américaine de 25 an; en Jean, pleurait car son violon n'avait pas été transporté dans une soute climatisée.

La chaleur de New-York au mois d'Août est assez étouffante.

Des quartiers variés défilaient devant nos yeux, nous faisant prendre conscience de l'étendue de cette immense ville. Nous sommes passés devant le quartier noir de Jamaica, constitué de jolies maisons, la plupart en bois peint - ici se faisait entendre le chant des cigales - puis devant un très grand stade de basse-bail, ensuite devant l'aéroport "Le Guardian" et enfin sur un pont suspendu à péage, qui nous a permis d'atteindre Manhattan, l'île qui symbolise New-York.

Des noms pratiquement Inconnus en Europe de marques d'essence nous sont apparus au cours du trajet : Texaco, Gulf, Amoco, Standard, ?6, Chevron, ...

Le quartier de langue espagnole - il y a beaucoup de travailleurs de langue espagnole aux U.S.A. : Jamaïcains, Porto-Ricains.

Dominicains, Mexicains, Cubains... - "Spanish Manhattan" ressemblait à celui de West Side du film «West Side Story », mais en moins sale que je le craignais.

Les immeubles de ce quartier du Nord de Manhattan; et de Harlem (le quartier noir), de style victorien, la plupart en briques, conservaient bonne allure malgré la dégradation des façades; on voyait des escaliers extérieurs aux immeubles. Bien avant l'installation des noirs ce quartier fut très riche. (La majorité de la population qui travaille à New-York va vivre en banlieue, dans des maisons Individuelles de plein-pieds. D'ailleurs de l'avion, lorsque le ciel est assez découvert on peut apercevoir d'immenses banlieues résidentielles constituées de ce type de mal sons).

 

Comme partout aux U.S.A., les immeubles étalent équipés d'escaliers de secours, sur les façades avant comme arrière, pas toujours d'un effet esthétique réussi.

Dans la rue, très animée malgré l'heure tardive, des jeunes discutaient en groupes assis, écoutaient la radio, d'autres jouaient avec le jet d'eau puissant sortant d'une borne à incendie.

La mère de Juovani qui ne parle pas un mot d'anglais, nous a accueilli dans son appartement du 5ème étage d'un immeuble occupe par des Dominicains.

L'appartement est spacieux, les plafonds hauts, peint d'un vert clair, pas très heureux.

Des meubles rococos, certains avec des motifs africains, des fauteuils en bois recouverts de fourrure synthétique rouge vif dans le salon , donnent une idée de la décoration. Dans la même pièce, sur des étagères modernes, sont disposées une profusion de plantes et une chaîne Haute-Fidélité de bonne qualité. La télévision couleur est allumée en permanence, même en présences d'invités. On visionne des émissions en Espagnol de la chaîne espagnole de télévision. Ici les émissions sont coupées tous les quarts d'heure par de la publicité. Il m'a semblé que les émissions de la majorité des émetteurs n'était pas d'un niveau culturel élevé : sport (base-ball), variétés, "movies" (films), policiers, westerns...

 

La redevance télévision n'existe pas aux U.S.A.

Les cuisinières et les machines à laver sont plus grandes que celle de France …du moins d’après ce que j’ai vu dans deux ou trois appartements.

Le lendemain matin de notre arrivée, la mère de Juovani nous a servi un petit déjeuner dominicain, constitué d'oeufs sur le plat et de grosses bananes vertes frites, très bourratives.

J'ai appris que la mère était seule avec deux fils et une fille. Juovani est au chômage et touche le Well Fare, la subvention de la caisse de chômage. Ici, celle-ci est une institution et elle représente au moins 20 du budget de la ville.

Nous avons pris le métro pour visiter la ville. On achète un jeton contre 60 c, on le glisse dans la fente d'un tourniquet et on passe, c'est tout. Le métro n'est guère entretenu: tout semble vieux et quant aux rames, ce ne sont que des surfaces recouvertes de graffiti de toutes les couleurs, faites à la bombe de peinture. C'est la grande mode actuellement.

Les routes sont assez défoncées à New-York, conséquence du climat assez dur l’hiver et surtout de la mauvaise gestion de la ville.

 

Les voitures de police, pour n'importe quel motif, utilisent un peu trop souvent (à mon goût) leurs sirènes modulées et puissantes.

Les noirs ici souvent, souvent se promènent, radio ou magnétophone en bandoulière, écoutant de la musique, rythmée, à un niveau élevé.

 

Dans le pays, les Juifs n'ont pas peur d'affirmer par leurs calottes ou le samedi par leurs costumes traditionnels - chapeaux ronds à larges bords, chemises blanches, vieux complets gris du siècle passé, montre à gousset - et malgré la chaleur - leur identité religieuse.

Nous avons pris le métro de la 185e station, jusqu'à la 81e et nous avons visité pendant toute une journée le muséum d'histoire naturelle qui est remarquablement bien arrangé, varié, didactique. Ce n'est pas un ensemble d'animaux empaillés, disposés au hasard dans une grande salle, mais au contraire des animaux pris par petits groupes, placés dans une loge et dans un décor superbe, traduisant aussi fidèlement que possible leur biotope. On peut admirer le tout derrière une vitre. Ce n'est pas non plus une suite Interminablement ennuyeuse de silex taillés, des produits de l'artisanat humain ou de coquillages fossiles.

Ici les salles des animaux, des hommes, des cultures humaines, des plantes, des minéraux, des fossiles se succèdent sans ordre apparent, afin de ne pas susciter la monotonie. Les gardiens de musée se déplaçaient en chariot électrique.

Au moment de notre visite, se tenait une jolie exposition - temporaire - de plumes d'oiseaux du monde entier.

Nous avons également visité pendant 20 mn, juste avant la fermeture, le Metropolitan Museum, le plus grand musée de peinture, de New-York. Je ne suis pas sûr qu'il soit aussi grand que le Louvre à Paris ou le Musée de l'Hermitage de Leningrad.

 

Devant ce musée, un avaleur de feu, crachait du feu, un jongleur faisait le clown, un saxophoniste jouait des airs sans queue ni tête, une fille maquillée en blanc mimait un rôle, connu d'elle seule en abordant les passants avec une fleur en plastique jaune - avec un certain air de ressemblance avec le rôle de BIP du mime Marceau - et, plus loin, deux jeunes interprétaient à la perfection des airs de musique classique à la trompette et au trombone ...

A noter : beaucoup de gens se promènent en patins à roulettes dans New-York.

 

A côté du Metropolitan Muséum, Central Park apparaît comme le lieu de rendez-vous de tous les sportifs de la ville. Beaucoup de personnes portent l'inscription IONY, ce qui signifie pour les initiés : "I love New-York".

Nous avons suivi un moment la 5ème Avenue, l'avenue la plus riche de New-York, avec ses magasins luxueux comme ceux de Charles Jourdan, Elisabeth Arden, etc...

Nous sommes entrés dans une librairie. Après vérification, les prix des livres sont semblables à ceux de la France. Par exemple, un livre d'art de 600 à 1.000 pages, format 50 x 40, vaut entre 25 $ et 45 $.

Dans l'Avenue, j'ai été émerveillé par une jeune fille jouant le concerto pour violon en mi mineur de Mendelssohn. Nous sommes repassés au même endroit un jour après et elle jouait à la même place, le même air. Je me suis demandé quel était son répertoire ?

Nous avons mangé dans un "Fast Food" (restaurant rapide où il ne faut pas rechercher la qualité culinaire) "L’heaven Burger", pour 3 $ 95.

 

Nous sommes montés au sommet de l'Empire State Building (102 étages, 448 m - 1951). C'était avant la guerre, le plus haut gratte-ciel du monde, maintenant détrôné par les deux tours jumelles du Wold Trade Center, situées dans la partie sud de Manhattan.

Bientôt sera construit à Chicago une tour de 650 m de haut.

C'était la nuit, la ville scintillait de mille feux, des lignes de feux jaune-orangés découpaient la ville à angle droit, desquelles s'élevait une fumée bleutée... celle de la pollution due aux automobiles.

Les ponts suspendus, conduisant à Manhattan, tels des guirlandes de Noël, se réfléchissaient dans les eaux lointaines et proches de l'Hudson, la rivière qui traverse la ville. Je garderai toujours en mémoire ce spectacle inoubliable de New-York "by night".

Sur notre trajet de retour en métro, nous avons rencontré une noire prédicatrice, habillée tout en blanc (sac à main blanc) qui chantait à la gloire de Jésus et s'adressait en chantant aux gens et ceux-ci semblaient 1'écouter avec bienveillance.

Le matin du vendredi 8 Août, nous avons pris le métro jusqu'à Perry Street d'où nous avons pris le bateau, afin de contempler de nos propres yeux la Statue de la Liberté.

Quoique banale sur le plan des connaissances, cette visite nous aura néanmoins appris certaines choses.

Constituée par des plaques de cuivre posées sur châssis métallique, cette statue a été construite à Paris par le sculpteur français Frédéric-Auguste Bartoldi et son équipe. Payée par une souscription française en 1885; démontée pour son transport par bateau, elle a été remontée sur une île de la baie de l'Hudson. Elle a été inaugurée en 1886. Elle porte une inscription d'accueil aux immigrants du monde entier. Elle pèse 260 tonnes et mesure 46 m de haut.

Dans son socle - ce dernier ressemblant à un fort à la Vauban à cause de sa disposition en étoile à huit branches -, un musée de l'immigration aux USA retraçait l'histoire de celle-ci.

 

Nous y avons appris l'origine des différents Immigrants, la cause de leur départ - famine - raisons politiques, religieuses... - les procédures d'immigration et les aléas de ces dernières suivant les époques. Nous avons pu voir des tenues d'immigrants et leurs objets, la liste d'un certain nombre d'entre eux, célèbres - Einstein, .... (Je n'y ai pas vu Marguerite Yourcenar, la première académicienne française, ni Hannah Harendt, philosophe célèbre pour son livre "le Système Totalitaire").

 

J'ai appris que le président Johnson leva toutes les restrictions sur le nombre et la provenance des immigrants et que parmi les nombreux célèbres d'entre eux, Dupont de Nemours vint s'établir à San Francisco pendant la révolution française.

 

Etant retourné à New-York par la suite, et n'ayant pu entrer au Muséum d'Art Moderne, à cause d'un problème de réservation de billets pour l'exposition Picasso présente à ce moment, nous sommes restés à écouter un chanteur de Folk Song près de Rockfeller Plazza (ici, même les grands hommes d'affaires ont leurs noms sur les rues ou les places).

Le soir, nous avons assisté à un spectacle de Music-Hall, dans le plus pur style "Bing-Crosby et Bop Hope", avec des décors et des effets spéciaux spectaculaires et surtout nécessitant des investissements importants. Le final s'est terminé par la descente du ciel de l'Aigle et de drapeau américain.

 

En rentrant chez Juovani, j'ai découvert que la famille se passionnait pour le base-bail? C'est un sport statique, dont les règles sont Incompréhensibles pour le néophyte.

Dans la nuit, un très beau concert de hurlements de chiens provenant du quartier de Harlem m'a rappelé avec amusement les films de Walt Disney.

Ma dernière impression de New-York a été : une ville au rythme de vie très rapide, presque trop folle, sale, grande, trop écrasante à mon goût.

Nous avons quitté New-York par la ligne de bus Greyhound dans un car confortable, climatisé, avec toilettes, mais en ayant attendu une place de 9 h 50 à 14 h 50 à "Central Terminal", la gare routière de la ville.

Deux impressions se dégagent déjà de mes premiers jours aux U.S.A. : le nationalisme américain - refrain patriotique dans les spectacles, présence constante du drapeau américain un peu partout - et le coût de la vie inférieur à celui de la France (impression confirmée plus tard).

 

Sur les parois des percées de l'autoroute traversant les Appalaches - une chaîne de montagne très érodée de l'est des USA - beaucoup d'inscriptions à la peinture attiraient l'attention "JESUS SAVE", "OUR FLAG IS RED», «JOE 1968" etc... A New York, j'avais aperçu quelques rares slogans marxistes léninistes; quant aux graffiti du métro, d'après ce que j'ai pu constater, ce ne sont que les noms des auteurs des graffiti.

Les Appalaches verdoyantes se rapprochent du Jura et du Morvan avec des torrents clairs et des espèces végétales très peu différentes de celles de nos deux régions françaises : chênes, bouleaux, sapins, etc...

On rencontre souvent sur l'autoroute des panneaux publicitaires gigantesques pour signaler un restaurant, un hôtel, une station d'essence.

Quelques fermes abandonnées étaient visibles dans la région. D'autres en exploitation, très jolies, en bois peint en blanc ou rouge, comportant toujours une grande grange et un silo cylindrique étroit et haut, au sommet hémisphérique, semblaient modestes.

Dans certains endroits élevés, on pouvait rencontrer des chalets.

En y repensant, c'est la propreté extérieure des fermes avec leurs jolis jardins soignés, qui m'a plu.

Dans la région, comme dans la majorité des états des U.S.A., les villages sont constitués de jolies maisons basses, de plein-pieds, avec jardin à l'anglaise, garage pour la grosse voiture et parfois une piscine. Ces villages sont en général très propres, mais sans aucune dissimulation des poteaux et lignes télégraphiques.

Les cimetières sont en général un tapis de gazon, sur lequel reposent des pierres tombales et sont plantés d'arbres.

Dimanche : après avoir tenté de nous endormir la nuit dans le bus, nous contemplons maintenant un pays plat à perte de vue, parsemé d'exploitations agricoles du même style que celles des Appalaches.

 

Les châteaux d'eau, ici, sont en forme de bulbe. Des routes droites bétonnées relient les villages. Les champs s'étendent sur des superficies considérables.

Je suis assis dans le car à côté d'un Américain dont le pays d'origine est l'Ulster. Il a 62 ans et n'en paraît que 45, affirme ne vivre qu'avec des pommes de terre et du whisky et raconte aux passagers des histoires de sa jeunesse. Son accent est difficilement compréhensible, mais j'ai pu comprendre néanmoins qu'il m'a parlé de feux de prairies, visibles à plusieurs centaines de milles, de ses différents métiers : ouvrier agricole, bûcheron... de l'installation de l'électricité dans les villages vers les années 30, du moyen de se saouler sans argent, est respirant la vapeur d'un silo à grains en fermentation... Il ponctue souvent ses phrases de "Sure", "That's true ?", parle fort et en fait profiter le bus. Il se déclare Orangiste convaincu et n'aime pas les Irlandais du Sud. Il chante maintenant de vieilles chansons irlandaises après nous avoir montré sa production de peintures naïves sur toile et cuir.

J'ai aperçu une vieille Ford T dans un village (pour ceux qui l'ignoreraient, la Ford T est la première voiture du monde à avoir été produite à la chaîne).

Au début de la journée, nous avions traversé Chicago dans l’Illinois, qui, pour le peu que j'en ai vu, ne m'a pas attiré, malgré certains gratte-ciels originaux et impressionnants. Peut-être les banlieues industrielles avec leurs usines souvent sales, anciennes, m'ont-elles laissé une image fausse de la ville.

Chicago est un mastodonte de l'industrie américaine.

D'après ce que j'en sais, elle possède une grande variété de populations : Lithuaniens, Polonais, Russes, Allemands, Chinois, Italiens.

Une voisine de siège, parlant français, s'y rendait.

Au cours de la journée, nous avions traversé le Mississipi, fleuve calme et large, au niveau de Daven Port.

 

Lundi 11.

Nous traversons maintenant une région plate, sèche, presque la steppe, constituée par de grands champs de blé et de grandes prairies ou paissent des vaches ou des moutons, disposant d'un espace qui serait inimaginable en France. L'herbe pourrait se comparer à de l'alpha en plus dru.

De grands arrosoirs de plusieurs centaines de mètres de long, arrosaient le maïs.

Sur la ligne de chemin de fer parallèle à notre autoroute, trois grosses locomotives diesel-électrique jaunes de l'Union Pacific, tiraient un convoi de 145 gros wagons de marchandises. Sur cette ligne à deux voies, beaucoup de trains de marchandises circulaient mais pas la moindre trace de trains de voyageurs.

Pendant une centaine de kilomètres, un clochard était assis à côté de mol, peut-être par le fait que j'étais le seul à ne pas lui avoir fait sentir que la place était occupée ?

J'ai eu l'impression qu'il suscitait la réprobation générale des Américains du car, réaction peut-être aussi normale en France.

Peut-être, était-il ce vagabond, le survivant de ces nombreux trimardeurs qui sillonnaient les U.S.A. à la recherche d'un travail temporaire dans une terne, et d'aventures, et qui Inventèrent le Folk-Song ? Peut-être avais-je un peu trop d'imagination à son sujet. En tout cas, il m'a semblé être monté gratuitement dans le bus, et assez timide.

Des palissades - en forme de pare-avalanche - pour contenir les troupeaux, sont réparties tout le long de la voie ferrée et de l'autoroute.

 

Le pays traversé ressemble à présent aux Causses l'été ou au Sud des Aurès. Sur les collines existent des pins de petites dimensions et aux pieds des collines, dans des endroits humides, poussent des peupliers.

S'arrêtant dans une ville, type Far West, située dans cette région désertique, j'ai acheté dans une boutique de souvenirs, une fougère sèche qui doit ressusciter avec de l'eau et j'ai trouvé parmi les journaux, la "Soviet Union Revew" venant d'U.R.S.S., existant ici depuis les accords U.S.A. - U.R.S.S.

 

Arrivés à Salt Lake City (Utah), nous avons trouvé un camping (8 c 35, la nuit) disposant de douches, de cabines téléphoniques, d'un magasin, de machines à laver et d'une piscine. Nous étions à côté d'Américains très âgés qui couchaient dans une remorque-tente de deux places, tirée, lorsqu'elle est repliée, par une moto de grosse cylindrée.

Des centaines de camions-caravanes de tous les modèles possibles, et des caravanes géantes disposant de climatisation (de salles de bain confortables, etc. ...) étaient garés dans le camping.

En raison de la fatigue du voyage, due à deux nuits blanches en bus, nous avons dormi d'un sommeil de plomb, malgré le trafic aérien de moyen-courriers, incessant, de l'aéroport de Salt Lake City tout proche.

 

Salt Lake City, où nous avons été conduits par des Américains rencontres au camp, est très étendue, comme la plupart des villes américaines, très riches, très arrosées et de ce fait verdoyante malgré la proximité du désert tout proche.

L'architecture du temple Mormon, non accessible aux non-initiés - ne rappelle rien de connu. Qu'on s'imagine une église rectangulaire très haute, comportant à son sommet une série de clochetons pyramidaux pointus (5 de chaque côté extrême du rectangle), des ouvertures en œil de bœuf sur l» face latérale, construit dans une pierre grise, donnant au tout un aspect froid et sobre.

 

Nous avons visité le Bussiness Building - la plus haute tour de la ville - qui nous a frappé par sa propreté et son luxe intérieur, comportant dans son hall un tableau de 20 mètres de long, représentant Jésus et ses disciples devant Jérusalem. Un immense tapis, d’un vert profond ; magnifique, occupait le milieu du hall. Au 26e étage de la tour. Nous avons été accueillis par un guide gratuit qui nous a commenté les différents points de vue de la ville. Nous avons d'ailleurs signé le livre d'or des visiteurs.

Avec le couple d'Américains du camp qui nous avaient amené visiter la ville, nous avons ensuite contemplé la galerie de tableaux bibliques réalises soigneusement par des artistes mormons, au centre d'accueil mormon, ou un guide parlant français nous a pris en charge (ce dernier émaillait souvent son commentaire de citations bibliques).

Puis, dans une salle philharmonique nommée "le Tabernacle", dont le toit ressemble à une cuvette renversée, allongée, en aluminium poli, nous avons écouté un concert d'orgue gratuit. Les œuvres jouées à cette heure, étalent "Toccata en Mi majeur (J.S. Bach), "Andantino" (Léon Boellmann), "Festival voluntary (Flor Pecters), "Come, Come, Ye saints" (Hymne mormon le plus célèbre), "Toccata" (Alberto Ginastera).

 

Le programme des œuvres interprétées pendant la semaine par des musiciens mormons, était distribué à l'entrée.

L'acoustique de la salle était excellente et l'orgue aux tuyaux dorés et boiseries sculptées, était magnifique.

D'après ce programme, j'ai appris, et c'est pourquoi je le cite, que ce Grand orgue, construit en 1867 est l'un des plus grands du monde, avec 11.OOO tuyaux.

Les Mormons sont très férus de musique classique : au total, dans cette ville de 180.000 habitants, 2 salles de concert philharmoniques, sont ouvertes au public et une troisième est en construction.

Salt Lake City a été fondée en 1847 par Brigham Young conduisant les Mormons, fuyant les persécutions dont ils furent l'objet successivement à New York, puis à Kisland (Ohio), au Missouri et à Nouvo (Illinois).

De cette longue marche, les Mormons ont gardé l'esprit pionnier et la conviction religieuse.

L'histoire du fondateur de l'église, Joseph SMITH, est très intéressante, voire même incroyable au sens propre comme au figuré.

 

Né en 1805 dans une famille de 11 personnes, pauvre et très pieuse, Joseph SMITH eut une vision à l'âge de 15 ans, puis une deuxième le 27 septembre 1820 où un ange du nom de Moroni lui apparut. Ce dernier lui révéla l'existence d'un livre caché écrit sur des plaques d'or et relatant l'histoire d’anciens habitants de l'Amérique : un groupe de juifs ayant traversé l’Atlantique. En outre, deux pierres contenues, étaient disposées dans des arcs d'argent, avec les plaques.

La possession des pierres et leur emploi, assurait à son possesseur un don de voyance.

L'ange cita les prophéties du Testament, en rectifia quelque unes et annonça, dans une troisième vision, à quelques minutes de la seconde, que de grandes désolations par la famine, l'épée et la peste s'abattraient sur la terre, dans la génération qui suivrait celle de Joseph SMITH.

Le lendemain, Joseph SMITH se rendit à la colline de Cumorah, près du village de Manchester (Ontario) où il trouva sur le flanc ouest une grosse pierre sous laquelle se trouvait dissimulé tout ce que l'ange lui avait annoncé.

Il y retourna chaque année, n'ayant le droit de les que le 22 septembre 1827, avec recommandation de ne les céder à personne.

 

Grâce aux deux pierres, l'Urim et le Thummin, citées plus haut, il put traduire les caractères égyptiens, chaldéens, assyriens, arabes et écrire trois livres dont le livre des Mormons.

Ce travail, avec l'aide d'un maître d’école, dura jusqu'au 2 mai 1838, où les plaques furent restituées à l'ange.

Le 15 mai 1829, Saint-Jean Baptiste, sous la forme d'un ange, vint conférer au maître d'école et à Joseph SMITH, la prêtrise d'Aaron.

 

Huit personnes : 4 d'une famille amie du prophète, le père de la femme du prophète, la père et les oncles, déclarèrent avoir vu le livre d'or.

Joseph SMITH organisa la prêtrise de l'Eglise de Jésus Christ des Saints des derniers jours. Mais son temps sur terre fut compté puisque son frère et lui furent abattus à Carthage (Illinois) par une population déchaînée et excitée par les Eglises concurrentes.

Les Mormons croient à la réincarnation, à la révélation que Dieu, père de tous les esprits des hommes, et le Saint-Esprit sont des personnages spirituels, et à la venue de Jésus-Christ au Yucatan, en, Amérique centrale, juste après sa résurrection en Palestine.

 

Pour eux, la Bible comporte des erreurs d'écriture, et doit être complétée par trois livres : "Le livre des Mormons", "Les doctrines et Alliances" et "La perle de grand prix". Chez eux, l'adultère est presque aussi grave que le meurtre, la polygamie autorisée au début de l'Eglise n'est plus permise, et l'alcool et le tabac sont interdits. Les Mormons versent 1/10e de leur salaire à l'Eglise en règle générale. Ils sont 3 millions dans le monde. Plus de 70 % de la population de l'Etat de l'Utah est de religion mormone.

Après avoir reçu des brochures sur les Mormons, nous avons pris un bus, puis un taxi, avec des auto-stoppeurs français, assez sales, pour découvrir le Lac Salé.

Ce dernier ressemble à la mer, bordé par des plages salées beiges ou blanches et dures sous le pied.

Des millions de petits crustacés rouges, filiformes, de dimension inférieure à un centimètre, ressemblant à des brins de laine rouge, flottaient dans l'eau.

Sur les bords du lac se tenaient des mouettes à têtes grises et des millions de mouches. J'ai découvert au bord du lac deux champignons blancs.

En revenant vers la ville, nous avons mangé dans un Tacco - restaurant préparant des plats mexicains américanisés. Le chef nous y a offert l'addition car nous étions français[3]. Ce geste m'a beaucoup touché.

Entrant dans un grand magasin "SKAGG drug", je me suis rendu compte que la majorité des prix étaient inférieurs à ceux de la France, malgré la taxe de 6,5 % à rajouter aux prix affichés[4].

En rédigeant ce récit de voyage, et en y repensant, je suis maintenant frappé par le goût des Américains - jeunes comme vieux - pour la casquette ronde, avec une longue visière sur le devant. Souvent, comme sur les tee-shirts, un message est inscrit sur le devant de cette casquette.

A signaler, accessoirement, Sait Laite City possède les plus grandes bibliothèques généalogiques du Pays et du monde,

 

Un intérêt prononcé des Américains - peuple d'immigrés - pour leurs origines, a contribué au développement des bibliothèques généalogiques du pays. Le succès du livre "Racine" d'Alex Haley est significatif de cette tendance. A l'époque de notre passage dans cette ville aux confins du désert, se tenait une conférence mondiale sur le sujet.

Nous avons pris la route qui traversait un grand désert salé, blanc et plat jusqu'à l'horizon, parsemé de touffes de plantes.

Auparavant, nous avions traversé des salines situées au bord du lac salé et étions passés devant l'usine de retraitement des minerais de cuivre, provenant de la plus grand mine de cuivre du monde : "la Bingham Copper Mine". Également, nous sommes passés devant "Bonneville Speedway", le lieu des records du monde de vitesse au sol[5].

 

A la sortie du grand désert salé, nous sommes arrivés à Windover dans le Nevada. Cet état contraste par ses lois avec celles, strictes de l'Utah, inspirées par la morale puritaine des Mormons.

 

Dans cet état désertique, très peu peuplé, chaque ville, de la plus petite à la plus grande (Reno, Las Vegas) comporte des casinos. Des machines à sous se trouvent dans tous les bars et salles d'attente.

Au bord des routes poussent des sortes de petits tournesols sauvages.

 

A Windover, je suis entré dans un casino où l'on m'a signifié qu'il était interdit de photographier (loi de l'Etat). Il suffit d'imaginer une salle sombre et feutrée, des machines à sous clinquantes par centaines, illuminée par des lampes clignotantes, des centaines de personnes absorbées par elles, des tables de jeux avec de jeunes croupières aguichantes, pour se faire une idée de l’endroit.

 

Pour accroître l’élevage des vaches et bœufs, les éleveurs du Nevada, font pousser de vastes champs circulaires de fourrage, en plein désert.

 

Dans la nuit, nous avons traversé Reno, éclairée par ses Casinos, la ville où l'on se marie et divorce le plus rapidement des

Etats-Unis.

Le jeudi 14 août, nous sommes arrivés la nuit à San Francisco vers 2 heures du matin. Le temps était froid et humide.

De Central Terminal - la gare routière - nous sommes partis à 7 h pour Oakland, de l'autre côté de la baie de San Francisco, en passant par le Bay Bridge, pour nous rendre chez une Ethiopienne qui, partie de France, depuis un an, vit maintenant aux U.S.A.

Celle-ci habite un très joli quartier résidentiel, une sorte de petite reproduction de Nice avec quelques différences. Les jardins luxuriants comportent des essences tropicales et une profusion, jamais vu ailleurs, de plantés de toutes provenances et originales : plusieurs variétés de fougères géantes, de palmiers de 20 m de haut (avec feuilles en éventail), des bouleaux à feuilles fourchues, des arbres semblables à des bananiers avec des fleurs blanches de la forme de strelitzias, des lys bleus - très souvent - des arbustes à feuilles rondes épaisses, brillantes, teintées de rouge pour certaines …

La prochaine étape de notre voyage était l'Université de Berkeley - Université Scientifique de Californie (UCLA) -, qui est réputée pour sa beauté.

Installée sur le flanc d'une colline vallonnée, au milieu d'arbres et de jardins, ceux-ci remplis d'espèces très variées : séquoias, pins, ormes, palmiers, etc. ... elle est constituée de bâtiments de tous les styles, du "South Hall" qui date de 1875 au "Student Union" qui est récent. Actuellement, 2.800 étudiants y travaillent.

 

Plusieurs Musées sont situés à l'intérieur de l'Université, sauf le musée "University Art Museum", blockhaus renfermant des peintures contemporaines.

 

Nous nous sommes arrêtés au Lowy Muséum, un musée d'anthropologie et d'archéologie américaine. Y étaient exposées les fouilles de Sommerville - une ville minière florissante en 1870 -, constituées par des bouteilles, des ustensiles de cuisine, une vieille cuisinière à bois, des wagons de mines, etc...

Toujours en continuant à pied, nous sommes passés devant le "South Hall" cité plus haut, le Sather Tower, un "campanile" en Californie, de 95 m de haut, dont la carillon de i2 cloches fabriquées en Angleterre, actionné à la main, se fait entendre 5 fois par jour.

La bibliothèque Barcroft (Barcroft Library) située dans le prolongement de South Hall contient des trésors fabuleux de manuscrits, livres anciens, cartes et documents. On peut y admirer en outre, la plaque de cuivre soi-disant laissée par Sir DRAKE en 1579, et la première pépite trouvée lors de la ruée vers l'or en Californie.

La bibliothèque Doc, dont le bâtiment fait corps avec la bibliothèque Barcroft est, par ses 4 millions de livres, une des plus vastes du Pays.

 

En continuant vers le nord, nous avons trouvé le « Earth Science Building » (Science de la terre) qui contient de beaux fossiles de dinosauriens et un séismographe mesurant les tremblements de terre longitudinaux et latéraux.

Notre visite s'est poursuivie jusqu'au Théâtre grec où une troupe théâtrale semblait monter un décor.

Nous nous sommes dirigés ensuite vers les rues commerçantes proches du campus.

Laissant Bernard rechercher des cigarettes - son plaisir favori -, je me suis arrêté dans un magasin d'articles exotiques ; plantes parasites du bois provenant de Thaïlande, toutes sortes de posters, artisanat Indien, etc. ... Également, on pouvait voir de nombreuses cartes postales et faire-part. Les faire-part comportent toutes sortes de messages : anniversaire, santé, amour,  mariage, amitié, entraide, reconnaissance, témoignages chrétiens, car les Américains ne semblent guère aimer écrire. Dans un autre magasin j'ai acheté une pipe à opium en cuivre ouvragé. A côté de la pipe, tous les ustensiles nécessaires à la préparation de la drogue étaient vendus ... sauf la drogue !

Macki, la personne qui nous hébergeait, nous a accueilli de nouveau. Elle a vécu 7 ans en France et nous assure que la vie est moins chère aux U.S.A., qu'il s'agisse de produits alimentaires, de grande consommations, électroménager, etc...

Comme beaucoup d'étrangers n'ayant pas la nationalité américaine, elle travaille "au noir". Elle remplit le rôle d'hôtesse dans un grand hôtel.

Malgré les mesures d'expulsions plus nombreuses depuis quelques années pour résoudre le chômage[6], les étrangers en général arrivent à vivre sans problème aux U.S.A. car les employeurs ne rechignent pas à engager une main d'œuvre peu chère ou pas déclarée.

 

Macki, pendant notre séjour, a contracté, au cours du mois d'août, un mariage en blanc avec un noir Américain, Maurice, à Reno (la ville déjà citée plus haut) afin d'obtenir la nationalité américaine.

La vie est facile aux Etats-Unis car le crédit est aisé et incite à l'endettement : "avoir beaucoup de dettes" constituerait, semble-t-il, une bonne carte de visite.

Souvent les Américains, nous dit Macki, n'ont pas de suivi de compte, et payent des agios élevés à cause des découverts bancaires.

Les banques y trouvent leur intérêt.

Les Américains, continue notre amie, sont de contact facile - ce que j'ai déjà constaté - mais très superficiels, d'âge mental très bas, et vous oublient le lendemain d'une première rencontre. Ils sont très préoccupés par leur travail et leur rang social.

Le studio meublé, loué par Macki, apparaît d'un bon niveau par sa moquette, ses meubles modernes, sa chaîne HI-Fi, sa cuisine[7] bien équipée, séparée du salon par une sorte de bar. (Le ventilateur de la salle de bain se met en marche en allumant la lumière et la baignoire comporte un seul robinet qui permet de tout actionner). Le téléphone à touches peut se brancher soit dans la chambre, soit dans le salon.

Chaque matin, nous captons en modulation de fréquence, une chaîne de radio diffusant de la musique douce, sans trop de publicité.

 

Il ne semble pas qu'il existe de radio émettant un programme de musique classique, comparable à France-Musique.

Maurice - le pseudo mari de Macki, me déclare que sa famille possède une entreprise de marketing - entreprise de service dans l'alimentaire-, et que lui-même effectue des études de gestion à Stanford.

Il m'a donné par écrit les renseignements suivants, sur l'importance du "capitalisme noir" aux U.S.A. :

"II existe l67 compagnies noires importantes. Une des plus "importantes est "VARIG" dans le domaine des micro-ordinateurs. L'industrie de la musique représentent 50 millions de dollars, l'industrie 9 millions de dollars. Si la communauté noire aux U.S.A. pouvait constituer un pays, il serait le 9ème au monde par sa richesse. Comparativement, la Californie serait le 7ème pays du monde. Il y a une cinquantaine de grandes universités noires et collèges dont les plus réputés sont Meherry à Atlanta (Ecole médicale) et Howard University (Floride).

Je donne ces renseignements au conditionnel, car je n'ai pu les vérifier, ne connaissant pas la source de ces informations[8].

Une amie de Macki m'a appris que Maurice avait été en chômage et qu'il suivait maintenant un cours de formation professionnelle dans les assurances. Par ailleurs, d'après elle, les gens pauvres ici essaient souvent de paraître - avec de fausses cartes de visite - d'un rang plus élevé que celui qu'ils occupent dans la hiérarchie sociale.

 

Le samedi 16 août, nous avons visité San Francisco par la compagnie touristique Grey Line.

Nous avons emprunté le Bay Bridge, construit en 1936, il a 13,6 km de long, et est constitué par deux tabliers superposés de 6 voies chacune. Le pont supérieur, réservé à la circulation Oakland-San Francisco, est payant (75 cents). Le pont traverse en son milieu, par un tunnel à 2 étages, l'île de Yerba Buana, où nous nous sommes arrêtés pour contempler la baie de San Francisco. Au loin, des nuages frôlaient le haut des piles du pont du "Golden Gâte Bridge".

Au milieu de la passe, appelée le "Golden Gate" qui relie la baie de San Francisco à l'océan Pacifique, le phare de l'ancienne prison d'Alcatraz, clignotait en permanence. C'est dans cette île qu'est enterré le célèbre Al Capone.

Nous avons traversé le sud de San Francisco pour atteindre la mission Dolorès - un ensemble missionnaire espagnol, datant d'avant l'occupation américaine de la Californie[9]. Elle est construite en bois et argile, dans le style simple des missions, par les Indiens auxquels elles étaient destinées. L'intérieur est magnifique avec de très belles boiseries peintes et des caissons ouvragés au plafond.

Dans le cimetière attenant à l'église, la lecture des pierres tombales révèle la diversité des hommes qui y sont enterrés  : le capitaine Don Luis Antonio Arguello, premier Gouverneur de Californie sous la loi mexicaine, Don Francisco de Haro, premier maire de San-Francisco, des Indiens et une famille française tuée par l'explosion d'un bateau à vapeur, le Jonny Lind.

 

Avec l'autobus, nous sommes passés devant le Civic Center : le Centre administratif, formé par quatre bâtiments - le City Hall - Hôtel de Ville de style classique français, surmonté d'une coupole d'or, le State building, administration de l'Etat de Californie, terminé en 1926, de style classique italien, la bibliothèque municipale, le Civic Auditorium, salle de spectacle.

Nous nous sommes approchés de ST Mary's Cathedral (1970); étonnant exemple de l'architecture moderne. L'édifice de béton armé, en forme de mitre, repose sur quatre piliers. Le sommet, ajouré par un vitrail, en forme de croix, se situe à 60 m de hauteur.

Nous nous sommes arrêtés au Golden Gate Pack (4 km), très varié par ses musées, ses jardins, ses lacs et ses terrains de sport. Nous avons été un trop court moment les auditeurs d'un concert de pop music à côté de "l'Accademy of Sciences" (muséum d'histoire naturel).

 

Nous avons pénétré dans le Japonese Tea, Garden, un jardin japonais créé en 1894 pour une exposition temporaire. Etant donné son succès, 11 est devenu un lieu de prédilection pour les San Franciscains et les touristes, comme nous avons pu le constater.

Ce petit parc, parfaitement entretenu, comporte tous les éléments classiques : étangs avec poissons rouges, lanterne de pierre, pagodes, bouddhas.

Ensuite le bus a longé le Stay Bing Arboretum, un jardin botanique dans lequel plus de 5.000 variétés de plantes sont groupées par contrées d'origine.

D'après le guide, une section spéciale, où les plantes sont disposées à la hauteur de taille pour que les visiteurs puissent les -, toucher et les sentir et où les plaques explicatives sont en braille, est à remarquer près du Palais des Fleurs.

Sur le Sprinkler Lake, tout proche, se donne rendez-vous toute une variété d'oiseaux, dont beaucoup sont migrateurs.

Sans nous arrêter, nous avons observé l'enclos des cerfs et des bisons où une douzaine d'entre eux vivent en semi-liberté.

Nous avons fait un crochet par le bord de mer, très escarpé.

 

D'un point de vue renommé - Cliff House - où se tenait avant 1906, un grand hôtel dans le style d'une folie de milliardaire[10], nous avons contemplé en haut de l'a pic rocheux, les restes des grands établissements de bain de San Francisco détruits par le tremblement de terre en 1906, les petits îlots rocheux, Soal Rocks, où se tiennent des millions d'oiseaux de mer, des éléphants de mer et l'Océan. Ici la mer est décevante par ses courants froids, violents et ses quelques requins.

Nous nous sommes dirigés ensuite vers le Golden Gâte Bridge, peint en rouge-orangé[11]. Son constructeur, l'ingénieur Joseph B. Strauss, a eu plus à se battre contre les experts sceptiques, qui déclaraient cette construction impossible, que contre les difficultés techniques dues à la longueur du pont, la profondeur de l'océan et la force des courants.

A l'époque de notre passage, le haut des piles était noyé dans les nuages.

 

Nous avons terminé le tour par Fisherman Wharf - le ponton des pêcheurs - quartier en bord de mer, de boutiques pour touristes, magasins de souvenirs, restaurants inabordables, vendeurs de fruits de mer, etc. …

Là, nous avons aperçu la rue la plus sinueuse du monde "Kookerest Street" que descendait une file ininterrompue de voitures, pare-chocs contre pare-chocs.

Nous sommes retournés avec appréhension chez nos amies éthiopiennes, en raison de leur rythme de vie déséquilibré - discussions ou repas avec invités, tous les soirs, jusqu'à 2 h du matin.

Macky se nourrit de comprimés, les uns à base de vitamines, les autres à base de sels minéraux.

J'ai découvert chez eux, une tisane "Celestial seasoning", réellement céleste. Celle-ci est composée de citronnelle, de verveine, feuilles de menthe, feuilles de mûrier, pétales de rosé, feuille de consoude, feuille d'alpha, de fleur de trèfle rouge, de pétales d'orange, de pelure d'orange et de citron, et de feuille de cynorhodon  (cette plante a, je crois, un autre nom : carcadet ou églantier).

 

Le mardi 18 août, nous nous sommes rendus à l'aéroport de Oakland pour y louer, si possible, une voiture de dimension européenne. La voiture fournie s'est révélée être une Ford Granada automatique. Elle n'est d'ailleurs pas équivalente à celle qui est produite en Europe. La voiture était très confortable : grands sièges, climatisation intérieure, boite de vitesse automatique, autoradio, direction et freins assistés, réglage intérieur par une manette du rétroviseur extérieur; mais nous étions anxieux pour sa consommation d'essence. Le prix de celle-ci est de 1,18 $ le gallon pour la normale (1,28 F le litre) et 1,23 $ le gallon pour le super (1,34 F le litre)[12]. Comparativement, en France, à la même époque en 1980, la normale est à 3,30 F le litre et le super à 3,45 F le litre.

A cause du pot d'échappement anti-pollution, nous devions utiliser une qualité d'essence sans plomb, appelée "UNLED)", distribuée dans la plupart des stations-services. Pour une semaine, la location coûtait 115 $ avec 1000 milles (1.650 km) gratuits, plus 10 c du mille supplémentaire.

N'ayant jamais conduit de voiture automatique - ni aussi longue - nous sommes partis doucement, la vitesse enclenchée en première.

Nous avons emprunté la Nimitz Freeway n° 17 - l'autoroute N° 17 - jusqu'à San José.

Sous un ciel bleu très lumineux, mais par un vent froid et violent, nous avons découvert le siège rosicrucien mondial de l'ordre mystique Rose-Croix A.M.O.R.C.

Qu'on s'imagine Karnak, les temples égyptiens, reproduits à des dimensions plus humaines que les originaux et on a ainsi une idée proche de la réalité de l'ensemble.

Le vent courbait les grands papyrus d'Egypte, vigoureux, et les fleurs des jardins décorés de sculptures d'inspiration égyptienne : sphinx, obélisques...

 

Nous avons tiré la lourde porte du musée gratuit d'antiquités égyptiennes.

Des vitrines éclairées de l'intérieur, présentaient des sarcophages, des bijoux, d'authentiques momies provenant d'Egypte.

Sous le musée était creusé une crypte reproduisant une salle funéraire célèbre de la Vallée des Rois.

C'est l'imperator Henri MAXWELL LEWIS - celui qui dirigea l'Ordre à partir de sa période d'ouverture au monde en 1909 - qui fonda ce musée.

Le planétarium du centre, lui, est payant.

Le dirigeant est aussi un peintre de talent et j'ai pu y voir de beaux tableaux peints de sa main dans le Centre.

Nous avons visité les luxueux locaux administratifs où 200 personnes rosicruciens comme non rosicruciens, y travaillent (j'y ai d'ailleurs aperçu une horloge pointeuse).

Le but de l'ordre est une recherche spirituelle et en particulier la recherche de la perfection.

Chaque rosicrucien authentique est animé d'un esprit de perfection dans la voie qu'il s'est choisie, pour atteindre le degré de lumière intérieure des grands saints, et chacun trouve dans l'enseignement rosicrucien ce qu'il désire pour accomplir sa voie.

Chacun est juge de sa propre voie, la doctrine de l'ordre étant d'ailleurs "la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance".

En route pour l'accélérateur linéaire de Stanford, vers 17 h, un phénomène naturel impressionnant se déroulait au-dessus de la petite chaîne de montagne qui borde la mer, visible de l'autoroute qui mène de San José à San Francisco.

Une énorme vague nuageuse, longue de plusieurs dizaines de kilomètres, déferlait lentement en franchissant le sommet de ces petites montagnes[13].

Nous sommes entrés dans le centre de l'accélérateur sans aucun contrôle, mais nous n'avons guère aperçu l'accélérateur, ce dernier étant protégé des bâtiments et en partie enterré.

Le soir, nous avons couché chez un autre Ethiopien, Guétachou, à Sunnyvale, réputée pour ses industries électroniques.

Guétachou, avec son doctorat français en électronique, avait trouvé une place à 8.000 F/mois comme ingénieur. Il sait que son salaire est bas par rapport à d'autres ingénieurs débutants ayant la même qualification. Ce qui l'a impressionné en arrivant aux USA, il y a un an, c'est la dimension des bâtiments, des villes, des voitures, des distances et de la taille des Américains. Par contre, il trouve que les Américains sont culturellement nuls et comme des enfants s'engouent pour des modes bizarres : l'homosexualité, le bouddhisme zen, etc. …

 

Mercredi, nous sommes repartis en direction de Los Banos. Deux embouteillages ont ralenti notre allure. Après Los Banos, un auto-stoppeur, avec un chapeau indien, noir, à larges bords avec une plume, est monté dans notre voiture. Il nous a proposé de la viande fumée et de la marijuana dans sa grosse pipe rustique en bruyère.

Ce jeune Américain des campagnes du Wyoming, semblait ne rien connaître de l'Europe, des Alpes, Mont-Blanc ou Pyrénées...

Plus tard, il nous a indiqué qu'il avait appris d'un maffiosi, qui l'avait transporté dans sa grosse voiture et qui possédait un pistolet de gros calibre non dissimulé sur le tableau de bord avant, qu'il existe trois Maffias au Texas. La maffia semblerait avoir des intérêts dans le pétrole.

Nous avons traversé une petite chaîne de montagne, puis une plaine fertile comportant des plantations irriguées, à perte de vue, d'arbres fruitiers, de légumes, maïs, etc. ...

Ayant traversé une seconde chaîne de collines, nous avons débouché dans une plaine plantée d'orangers. En dehors des cultures, tout semble desséché et brûlé par le soleil.

Nous sommes montés ensuite par une route s'engageant dans une région de collines, formant les contreforts des Rocheuses[14], traversant des prairies de western, desséchées et parsemées de chênes verts. La végétation se rapprochait de certaines parties de l'Algérie.

Ceci fait ressurgir en ma mémoire la similitude de la forêt dans la montagne bordant la mer proche de San José, que nous avions traversée en faisant un détour pour nous rendre à Sunnyvale, avec celle de Blida en Algérie, toutes les deux profondes et possédant des eucalyptus.

Une autre auto-stoppeur nous a appris qu'il étudiait les langues à l'Université de San Francisco mais ne semblait pas mieux que le précédent avoir de quelconque connaissance sur l'Europe.

Il nous a conduit à sa colonie de vacances d'enfants juifs dans une forêt de séquoias, au bord d'un lac scintillant de soleil,

Nous avons payé 2 $ le droit de passage dans le parc « National Séquoias Park». Dans ce dernier, nous avons pu y contempler les plus grands séquoias du globe : "le général Sherman" (dont l'âge estimé serait de 2.500 ans), "le général Grant", le "Robert E. Lee", etc...

Nous sommes descendus de 2.800 m à 1.500 m dans une vallée appelée King's Canyon. Le site était vertigineux, comme taillé à coups de hache dans la montagne.

Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit dans un élargissement de la vallée qui était occupé par une forêt de séquoias et de pins.

Des centaines de feux de camp illuminaient la nuit et les troncs des grands conifères de la forêt dans laquelle le camping de Cedar Grave était caché.

 

Du font de la vallée, dans la nuit, 11 nous était Impossible de contempler les sommets, certains à plus de 4.OOO m (le Mont Whitney) de la chaîne de crêtes "Sierra Crest" tout proches.

Vendredi, nous avons entrepris le matin de faire une marche le long du large torrent de montage, aux eaux limpides et froides, qui coulait dans cette vallée.

Nous n'avons pu le traverser car le courant était rapide et les galets de granit tapissant le fond, glissants.

De jolies libellules bleues dansaient au-dessus de l'écume jaillissante. Le ciel, d'un bleu azuréen, se réfléchissait en mille feux dans les vagues.

En pénétrant dans une portion de forêt plus sombre au bord de la rivière, nous avons traversé un champ de prêles, ensemble de grandes baguettes vertes annelées.

Pour notre repas, nous avions choisi de nous Installer sur un énorme rocher morainique surplombant un trou d'eau calme du torrent.

Deux heures après, je commençais à m'engager dans l'eau glaciale, lorsqu'une colonie de vacances d'adolescentes et adolescents, dirigée par des pasteurs de '"l’Eglise du Christ" (je ne sais laquelle ?) a surgi sur le rocher.

Etant en slip, un pasteur m'a demandé fermement de me rabiller afin de ne pas choquer la pudeur des jeunes filles.

Le soir au camping, j'ai expliqué à des Américains, totalement Ignorants, ce qu'étaient l'Europe, la France et son système politique.

 

De très jolis geais bleu (geais de Steller) s'approchaient de nous pour attraper nos boulettes de pain. Cette espèce est très abondante, dans la région, en particulier près des sites touristiques, comme les ours, bien que ces derniers prédateurs - voleurs des provisions des touristes naïfs - soient refoulés par les rangers (gardes du Parc).

Le lendemain matin, en repartant vers Yosemite, un autre parc national, nous avons quitté à regret cette grande vallée de King's Canyon pour prendre une route sinueuse au bord d'un à pic vertigineux.

En redescendant la montagne, la forêt de pins, de séquoias et parfois de sapins - cantonnée en général sur des terrains siliceux à socle de granit, diorite ou gneiss - a laissé la place à une végétation plus desséchée de petits arbustes, des chênes-verts et de yuccas, poussant sur les rochers calcaires semblables à ceux de la Sierra mexicaine.

Le midi, nous avons visité sur un lac de barrage[15], un village flottant, constitué par des embarcations en forme de caravane, montées sur des coques "catamaran" et équipées de moteurs hors-bord.

Dans la région, nous avons aperçu un grand nombre de lacs de barrage - utilisés pour la production d'électricité et pour l'irrigation - et des conduites forcées.

 

Sur une piste poussiéreuse, en remblai blanc bien nivelé, avec seulement la largeur du passage d'une voiture, serpentant dans la montagne sur le flanc d'une vallée grandiose, nous avons contemplé des paysages mémorables, sur plusieurs centaines de kilomètres, sans rencontrer âme qui vive.

Malgré l'altitude, l'air était très chaud, mais en montant vers une forêt, celui-ci s'est nettement refroidi sous les arbres.

Après avoir roulé tout un après-midi nous avons enfin pu rejoindre une route nationale et un village à la station d'essence tant attendue par notre véhicule assoiffé, et par ses conducteurs.

Nous avons planté notre tente au bord du lac de barrage de Millerton, duquel deux importants canaux d'irrigation partaient vers les plantations californiennes. Dans la chaleur persistante de la nuit, des cigales chantaient.

Au matin, nous avons observé sur les arbres, des oiseaux semblables aux pigeons ramiers.

Nous sommes remontés vers le Nord, en direction de Yosemite. A côté du supermarché d'un village, un caisson isotherme, de la taille d'une petite caravane, distribuait automatiquement des pains de glace, d'environ 10 kg, moyennant une somme de 50 c. Dans la poste du village, qui ne dispose pas de téléphone comme toutes les postes américaines, nous avons remarqué des affiches d'avis de recherche de malfaiteurs : "WANTED, etc. ..."

 

Malgré la surpopulation dans les Parcs Nationaux l'été, notre bonne étoile a présidé à la découverte, sans chercher, d'une place de camping en altitude, à plus de 2.000 m.

Dans une clairière, située à côté de notre camping, un tapis de fleurs diverses - des gentianes jaunes, d'arnicas, d'asters rosés, des lis orangés, des sortes d'orchis vanillés, etc. ... rappelait celles de nos montagnes.

Une halte au point de vue Glacier Point, nous a permis de contempler un des plus beaux panoramas du monde : la vallée glacière de Yosemite, tapissée par une grande forêt, bordée par des parois verticales de granit, dont certaines de plus de 1.000 m de haut comme El Capitan, le Half Dome, pain de sucre granitique, érodé, culminant la vallée à plus de 2.600 m. Dans la vallée, se jettent de nombreuses cascades.

El Capitan, comme Half Dome, par leurs difficultés, sont très prisés par les alpinistes. Il arrive que des gens se jettent en parachute du haut de cette paroi.

 

Nous avons rencontré dans notre camping un couple franco-américain : lui est mécanicien dans un garage et elle corrige des épreuves dans une grande imprimerie. Avec eux nous avons visité le Parc. C'est en allant donner des cours d'anglais dans un lycée français que cette américaine a rencontré son mari.

Voici quelques renseignements sur le Pays et ses habitants, donnés par ce Français, en conversant avec lui :

Les Américains sont pénétrés de l'idée de leur suprématie sur toute l'humanité, même si individuellement ils ne peuvent pas toujours justifier de leur supériorité. Les journaux font preuve d'une très grande autosatisfaction sur le plan de la politique étrangère.

 

La famille est moins liée aux U.S.A. qu'en France. Il est normal ici que les enfants quittent le foyer à l'âge de 18 ans. Les divorces et les homosexuels sont nombreux. Certains, par mode, se croient homosexuels. A Sacramento, où habite actuellement notre couple, presque la moitié des jeunes femmes sont déjà divorcées. La psychanalyse est à la mode et les psychiatres font fortune.

 

Les Américains sont en général, religieux. Les églises sont puissantes et variées[16]. Les Américains sont très naïfs et les escrocs pullulent.

Un exemple récent : un escroc - présenté à la télévision comme un sauveur pour avoir proposé de racheter, à Sacramento, un circuit automobile, célèbre, sur le point de déposer son bilan – empoche tout l'argent qu'on lui avait donné et disparaît...

Pour notre Français, il y a beaucoup d'abus dans l'utilisation de la caisse de chômage - le Well Fare - qui profite surtout aux noirs, entretenant l’oisiveté.

Le racisme est développé aux U.S.A. et beaucoup ne s'en cachent pas.

Les Américains déménagent beaucoup, en moyenne une fois tous les 5 ans.

N'ayant pas l'esprit économe, les Américains contractent beaucoup de dettes et souvent payent des agios élevés, avec leurs découverts bancaires.

Les Français aux U.S.A. ont tendance à se réunir en associations mais l'entente n'y est pas toujours excellente.

Notre Français estime que le système politique américain fonctionne mieux que le système français, même si les candidats actuels - Reagan - Carter - sont loin d'être exceptionnels.

L'ayant interrogé sur l'importance de la publicité faite pour l'Armée assez présente ici, ce dernier nous a fait savoir que le service militaire a été supprimé en 76, mais qu'il pourrait être rétabli en raison des derniers événements au Proche-Orient et en Iran.

Actuellement est appliquée une loi- « the quota law » - obligeant les entreprises à engager un certain quota de noirs. Dans la pratique, le travail fourni est souvent le double pour un blanc et même le noir est complètement écarté de certaines activités.

Les Américains n'ont que 2 semaines annuelles de vacances, parfois même une.

Le téléphone est le moins cher du monde. Deux compagnies privées, je crois BELL et M.C.I. - connectées sur le même réseau - se partagent le marché.

 

En Californie, Pacific Téléphone - en fait la Bell Compagny - propose deux types de tarification : 6 $ de taxe de base par mois, et ensuite la gratuité des communications dans la limite de la ville où l'on téléphone, ou 3,5 $ de base permettant 30 coups de téléphone gratuits dans la même ville, ensuite 10 cents sont demandés par coup de téléphone supplémentaire.

En général le téléphone est à touche. Si quelqu'un vous appelle pendant que vous être en communication, vous entendez dans votre écouteur un petit signal sonore. Il est possible de téléphoner à plusieurs. Un coup de fil d'une cabine urbaine est de 10 cents.

En Californie, une maison avec 3 chambres vaut en moyenne 65.000 $. Il faut augmenter le prix pour Los Angeles et San Francisco.

 

L'Américain loue peu et préfère acheter une maison, même s'il sait qu'il peut en partir dans les années à venir.

Le couple franco-américain vient d'acheter 50.000 $ une maison de 2 chambres et un terrain de 1.000 m2 dans la vallée centrale de Californie.

Le taux d'intérêt, en 1980, sur les prêts est élevé : 11,5 %.

Pendant une courte période, le Gouvernement l'a porté à 18 % pour limiter l'inflation.

Le salaire minimum est de 3 $ 10 de l'heure, en janvier 81, il sera de 3 $ 35.

Il n'y a pas d'augmentation de salaire pour les heures supplémentaires effectuées par les employés, comme en France.

Pour une même qualification, des salaires très différents peuvent être proposés d'un endroit à l'autre. Parfois, dans les campagnes, les employeurs payent moins que le salaire minimum horaire.

C'est en particulier le cas pour les Mexicains qui viennent travailler dans les grandes plantations californiennes (1,5 à 2 $ de l'heure).

En moyenne 500 Mexicains franchissent chaque jour clandestinement la frontière. Cela explique les prix américains du tiers de ceux de la France, en ce qui concerne fruits et légumes.

 

Si l'on arrive à se faire protéger par un syndicat - l'Union[17] - un ouvrier peut obtenir au moins un salaire de 12 $ de l'heure. Les Unions sont très riches et très puissantes. Elles ne déclenchent que rarement des grèves, mais quand elles éclatent, elles peuvent durer 6 mois ou plus. Une grève est très bien organisée, l'Union versant le salaire mensuel de l'ouvrier. L'ouvrier doit rester au moins 4 h sur le lieu de travail.

On cotise à l'Union et celle-ci vous fait bénéficier de l'assurance-maladie.

 

Notre Français gagne 7 $ 20 de l'heure et bientôt, en changeant d'employeur, il gagnera 9 $ 50. Par sa femme, qui bénéficie des conventions sociales de son entreprise,  il adhère à l'assurance maladie KAISER. Elle revient à 35 $ par mois et couvre 100 % de tous les frais médicaux et d'hospitalisation. Un accouchement coûte 2000 $.

KAISER est une puissante chaîne d'hôpitaux couvrant les Etats-Unis[18].

 

D'après lui, aux U.S.A., le revenu moyen par habitant doit être élevé étant donné, par exemple, qu'un grand nombre de personnes à New-York paient des loyers de 2.000 $ par mois.

Les impôts : - entre « l'U.S. Tax », « le Federal state Tax », la Social Security (caisse de retraite), sont importants ici : un salaire de 11/12 $ serait amputé du tiers.

 

Dans le Parc National Yosemite, nous avons emprunté un bus, découvert touristique, gratuit, faisant visiter une grande forêt de séquoias "Mariposa Grove" avec quelques têtes, comme le vieux général Grant (10 mètres de diamètre, le plus vieux de tous avec 2.700 ans).

 

J'ai discuté avec le chauffeur du bus qui m'a appris qu'il gagnait 9 $ de l'heure, à mi-temps.

Dans le petit musée de Mariposa, installé dans une ancienne maison de bûcheron, nous avons appris à distinguer les deux espèces de séquoias : l'une aux branches semblables à celles du Thuya (Sequoia gigantea), l'autre le séquoia rouge (Sequoia sempervirens) et appris également que le séquoia est protégé contre les parasites et le feu, par son écorce épaisse.

Par contre, son poids, allié à une forte pluie ou un fort vent et à un système de racines courtes, contribuent à sa fin par déracinement.

Nous nous sommes divertis à poser des questions aux figurants - en costumes anciens, habitant les maisons en bois, restaurées, d'un village de pionniers de la fin du XIXe siècle et jouant chacun le rôle d'un ancien habitant de l'endroit : la fileuse de laine avec son rouet, le recruteur de l'armée proposant une solde de 15 $ par mois, la bon- ne ménagère, etc. ...

Nous nous sommes arrêtés près d'un grand terrain de golf[19] et d'un joli hôtel du début du siècle, en bois peint en blanc dans le style virginien. A l'hôtel Vawore, le prix de la chambre sans douche était de 18 $, 28 à 31 $ avec douche.

Nous avons assisté à une veillée, la nuit, autour d'un grand feu de bois, animée par un ranger dans sa tenue traditionnelle beige, semblable à celle de la police montée canadienne.

Nous n'arrivions pas à assimiler son flot de paroles, mais nous vivions sa joie, son amour de la nature, sa croyance aux légendes indiennes, ses aventures avec les ours noirs (Ursus americanus).

En quittant Yosemite, nous quittions le Parc National, créé il y a plus de 100 ans (d'après le journal du Parc) par les efforts des naturalistes qui surent le populariser[20] et le sauvegarder. Ainsi, une merveille du monde fut ainsi préservée, que nous avons pu contempler de nos yeux ébahis.

 

Avant de regagner San Francisco, le Mont Sugar-Pine railround vieux train touristique Say, à voie étroite (métrique) créé en 1880 pour le transport des troncs d'arbre, nous a promené sur un trajet de 5 km.

Nous sommes retournés à San José - en passant par la roseraie - pour revoir notre ami Ethiopien Getachou.

La discussion cette fois-ci s'est orientée vers la justice qu'il décrit comme favorables aux plus riches et souvent racistes des Etats du Sud : Floride, Texas, Oklahoma, Virginie du Sud, Mississipi[21] ...

Par ailleurs, il nous Indique que - d'après une statistique officielle relatée au cours d'une émission télévisée - 23 millions de personnes, sorties de high school (école secondaire - lycée), sont quasiment illettrées.

La faute en incomberait à la spécialisation du système scolaire orienté vers un enseignement "à la carte" par unité de valeur.

Chez notre amie Ethiopienne Macki, où nous sommes retournés, Tanagne, une autre Ethiopienne nous a décrit sa propre expérience du racisme dans un cours de formation professionnelle à « l'Electronic Data System Corp », consistant en l'impossibilité pour elle d'être informée à temps sur toutes les activités, possibilités d'hébergement, contrairement aux blanches, aux mauvaises plaisanteries du professeur sur son nom, sa chevelure crépue, sa lenteur...

En regardant la télévision, nous avons assisté à l'explosion en direct, d'une bombe de forte puissance dans un casino du lac Tahoe (Nevada), les autorités du casino ayant refusé de verser la rançon de 3 millions de dollars exigée par des gangsters...

La bombe ayant été découverte mais n'ayant pu être désamorcée à temps, les journalistes se sont contentés d'assister et d'enregistrer 1'événement _ une explosion en direct ...

 

Auparavant - toujours en direct - nous avions eu droit au suicide d'un désespéré, du haut d'un gratte-ciel.

Le même soir, sur CBS, nous avions une émission rétrospective avec en direct des événements de Miami (Floride) : scène de deux jugements par des jurés blancs de policiers meurtriers de Mac Dufy (homme d'affaires et philanthrope noir), Interview de la famille de Mac DUFY avant et après les jugements, scène des émeutes noires ayant fait 18 morts suite au premier jugement inique ayant débouché, contre toute évidence, par un non-lieu. Nous y avons appris le nombre de brutalités exercées par les policiers blancs envers les noirs et ayant été à l'origine des émeutes et l'existence de la vente libre d'armes, dans la plupart des Etats du Pays.

Cette émission, qui se voulait objective, avait due être suivie par beaucoup de blancs, autant que de noirs.

Le lendemain, sur la suggestion de Tanagne, nous sommes allés nous rendre compte sur place en visitant le quartier noir le plus pauvre de la région, à l'est d'Oakland.

 

Les maisons sont plus petites que celles des quartiers des classes moyennes, situées à côté de ce quartier, à l'Est de Mac

Arthur Avenue, mais elles sont peintes et soignées.

Devant la plupart, sont garées de grosses voitures, les unes mal entretenues, les autres luxueuses[22].

En prenant le bus 57, qui longe Mac Arthur, nous avons vu des maisons assez pauvres, à la peinture écaillée, mais n'avons pas rencontré de bandes de noirs comme on nous l'avait prédit.

Nous sommes passés devant un hangar de béton, peint en blanc sur le fronton duquel était disposé une grande pancarte, sur laquelle on pouvait lire "Hell Angels" (les Anges de l'Enfer), siège d'une redoutable bande qui fut importante vers les années 70. Dans ce quartier, nous avons vu des affiches du parti communiste américain appelant à l'instauration d'une dictature de la classe prolétarienne.

Nous avons rencontré une femme blanche, Institutrice dans une école primaire du quartier, qui nous accompagné pour en faire le tour, en nous parlant des nombreux cas sociaux et de l'alcoolisme favorisé par le chômage permanent, mais tout en faisant l'éloge de l'aide des communautés chrétiennes qui construisent des logements, des maisons de retraite dans ce quartier.

 

Cette dernière, nous a proposé ensuite de nous faire visiter sa maison qu'elle est entrain de vendre pour s'installer avec son mari, fonctionnaire, dans l'Etat de Washington, dans le Nord-ouest des Etats-Unis. Auparavant, elle nous avait fait visiter la mission catholique charismatique dont elle fait partie.

Nous avons terminé ce tour, par la visite du temple Mormon d'Oakland, grand ensemble architectural, aux pyramides pointues, sobre et futuriste, situé au sommet d'une colline.

Pendant 2 jours encore, nous avons pu à nouveau nous promener dans San Francisco.

Nous avons vu China Town où vivent 55.000 Chinois, sur un espace réduit, étonnés par ses enseignes, journaux, magasins, en Chinois. Grant Avenue, centre de China Town, est bordée de lampadaires chinois et de maisons aux toits recourbés.

Malgré ces aspects et le fait de découvrir de petits hôtels miniatures confucéens - comportant la statue de Confucius dans certains restaurants, les habitants asiatiques de ce quartier ont pris le mode de vie américain : grosses voitures, maisons individuelles dans la banlieue de San Francisco.

Nous avons mangé dans un restaurant chinois, une cuisine différente de celle qui est servie en France et nous a coûté 3 $ par personne.

 

Nous n'avons pas eu le temps de nous rendre au musée de cire chinois qui comporte de magnifiques costumes de mandarins et de la Cour Impériale.

Nous avons flâné le long des rues de China Town pour contempler l'art traditionnel chinois : jolies statues de jade, de quartz rosé, etc. ... porcelaines venant de Chine communiste et les bijouteries.

L'affichage des articles était en Chinois et Anglais. Les rues de ce quartier étaient noires de monde, en majorité des asiatiques.

 

Nous avons pu voir aussi le centre commercial japonais, situé dans le quartier japonais, dont certaines maisons en bois

Imitent, celles traditionnelles du Japon. Dans ce centre, froid, commercial, d'allure peu japonaise par l'architecture, quelques souvenirs étaient à remarquer : magnifiques porcelaines japonaises et costumes de Samouraïs.

Malgré les milliers de parcmètres de San Francisco, aucune place le long des trottoirs de Fisherman Wharf n'étaient libres. et après avoir tourné longtemps, nous avons dû nous garer dans un parking pays privé assez coûteux (2 $ l'heure).

Fisherman Wharf - malgré son port et ses maisons de pêcheurs restaurées, ne ressemble plus au petit village de pêcheurs, pittoresque, accueillant sa marée de crabes chaque matin dans la brume étincelante de soleil, au sol couvert de bouillie de crabes, décrit par Max Paul Fouchet dans ses récits de voyage.

La foule de touristes envahie maintenant ses rues et les cafés, boutiques de pêcheurs, sont devenus restaurants luxueux de poissons, innombrables échoppes de médiocres souvenirs, farces et attrapes et de tee-shirts personnalisés avec son propre portrait.

 

Deux musées de l'étrange, le Wosley et le Guiness muséum, présentent des objets étranges et des récits .. .auxquels on peut croire ou non.

Accosté à un ponton, un vieux Cap-Hornier à voile, est maintenant transformé en musée.

Seuls des étals nauséabonds de crabes, rappellent le Fisherman du passé.

Au large de la côte, l'Ile d'Alcatraz semble toute proche.

Deux anciennes usines, l'une de chocolats (Ghiradelli Square), l'autre de conserve de fruits (Thé Cannery), dont les architectes ont eu la sage idée de garder les murs extérieurs, sont transformées en un superbe centre commercial. On s'y promène entre terrasses fleuries, boutiques modernes, restaurant décontractés, débits de boissons (le café étant le plus original d'entre eux), saltimbanque animateur...

 

A côté, se trouvent un musée maritime et une place où des groupes musicaux viennent jouer.

Nous avons monté Russian Hill pour descendre Croockedest Street aux multiples bégonias rosés. De loin nous avons aperçu la tour du télégraphe qui signalait - il y a longtemps - l'arrivée des bateaux.

Le lendemain, nous avons visité le musée du cable-car, sorte de tramway datant de 1878, tiré par un câble sous terre, à la vitesse de 14,4 km/h, qui escalade encore quelques collines de San-Francisco. Le système de traction de cette célèbre relique, est très simple : un câble circule dans un tuyau fendu, dont la fente apparaît au niveau sol, entre les deux rails du chemin de fer. Du tramway descend une plaque métallique plate qui coulisse verticalement dans la fente. Cette plaque est terminée en son extrémité intérieure par un « V » denté, qui peut s'appliquer sur le câble. Le tramway est entraîné par le câble dès que la plaque en "V" a été descendue vers le bas par une manette à main, jusqu'à s'appuyer sur le câble. Les câbles, quant à eux, sont entraînés par un unique moteur électrique situé dans le musée du cable-car. Pour freiner, des patins actionnés par une manette à main, descendent sur les rails.

 

Dans le quartier des affaires aux gratte-ciels peu originaux, sauf celui de la Bank of America, nous nous sommes rendus au

Musée de la Well Fargo et du Pony Express - contenant des reliques des compagnies, des pépites d'or et une diligence, dans l'immeuble de la banque du même nom qui est maintenant la 5e du Pays.

Nous avons enfin visité l'hôtel HYATT REGENCY, un immeuble ultra-moderne pyramidal, creux, comportant une place Intérieure avec square, sculpture moderne, rivière artificielle, café, balcons intérieurs avec jardinières et ascenseurs transparents circulant le long de ces balcons, et surmonté par un restaurant tournant, permettant d'avoir un panorama Intéressant sur la baie de San Francisco et le quartier des Affaires.

Mon seul regret fut de ne pas avoir eu le temps d'aller contempler les "ladies", maisons victoriennes, en bois, survivantes du terrible tremblement de terre de 1906, dont chaque San-Franciscain est fier.

Beaucoup sont appelées "pain d’épice" à cause de l'accumulation des détails ornementaux. Un maison de style de 5 pièces, en ton état, dans un quartier résidentiel, vaut au minimum 800.000 F.

Leurs façades se repeignent tous les dix ans et il faut compter entre 7.000 et 20.000 F de frais de peinture par un peintre spécialiste.

 

Notre départ pour la France fut émouvant.

L'avion survole le soir la couche nuageuse qui stagne en bordure de côte et qui déferle vers l'intérieur des terres la nuit, le lac Tahoe et la chaîne des montagnes rocheuses. C'est la dernière vision que nous emportons.

Le service de la ligne (une compagnie Intérieure) fut excellent et l'on offrait même les casques gratuitement pour l'écoute de la musique. Pour fêter ce beau voyage, à notre retour avec Bernard, nous avons eu droit à un grand repas offert par des amis.

 

Benjamin LISAN

 

ELEMENTS DE REFLEXION DE L'AUTEUR SUR LES USA

 

a) Sur le patriotisme :

 

La tradition basée sur la révolution américaine (bataille d'indépendance et de rédaction de la constitution américaine avec Benjamin Franklin et Thomas Jefferson), avec celle de la Guerre de Sécession, est un trait de l'éducation et de la culture américaine.

 

L'aide aux pays européens libéraux (France, Angleterre), contre un régime dictatorial (Allemagne bismarkienne ou hitlérienne) est présente dans la mémoire américaine.

 

L'idéologie "l'Amérique apportant la liberté et ses inventions" est encore très forte ici, bien qu'ayant un peu chancelée avec l'échec vietnamien, le Chili et l'Iran.

 

Le fait d'être citoyen du pays le plus riche du monde et le plus puissant économiquement, contribue à la fierté que ressent l'américain moyen.

 

Les journaux par tradition ou par intention voulue (afin de soutenir le gouvernement ou certains intérêts privés) contribuent à renforcer ce sentiment.

 

L'américain naturellement religieux a tendance a y voir une protection divine sur les U.S.A. : "God Bless America"

 

b) Sur le bas niveau des prix :

 

Celui-ci pourrait s'expliquer par le haut rendement des usines aux USA due à un effort de modernisation continue,

 

Par des réinvestissements importants, (contrairement aux industriels français qui mettent souvent une partie des bénéfices dans des biens non productifs - compte en banque en Suisse, châteaux, tableaux etc. ... - surtout en période de crise).

L'idéologie de la réussite sociale, dispensée par la publicité incite les Américains à gagner plus d'argent en augmentant leur rendement.

Le complexe d'être riche n'existe pas ici.

 

c) Sur le déséquilibre psychologique des Américains :

 

Je commencerai pour traiter ce sujet par une anecdote. Un ami faisant du stop aux USA (pendant les vacances) fut pris par une Américaine qui l'invita chez elle, dans son joli ranch avec piscine. Au bout d'une semaine, l'américaine lui a fait savoir que ses deux jeunes filles étaient amoureuses de lui et qu'elle lui proposait de se marier avec l'une des deux.

 

Les Américains font beaucoup de choses assez incroyables : sauter en parachute du haut des montagnes du Yosemite, franchir un canyon avec une moto munie de fusée etc. ...

 

Ces deux exemples avec ceux du texte précédent illustrent certain aspects de déséquilibre qu'il me semble avoir relevé chez les Américains.

 

Cela serait susceptible d'être expliqué :

 

- par le facteur tradition : beaucoup d'ancêtres immigrants ont fui leur pays d'origine, à cause des persécutions et du sentiment d'être mal dans sa peau par rapport à un pays donné - juif, Irlandais, Italien, Russe, Tchèque etc. ... — Ce sentiment pourrait par des phénomènes de perpétuations culturelles, subsister.

 

- par le facteur éducation : à cause de l'idéologie de liberté, les mères américaines ont voulu très tôt - d'ailleurs dans ce pays eurent lieu les premiers mouvements des suffragettes – se libérer des contraintes de l'éducation, en obligeant les enfants à se débrouiller très tôt . Nous savons maintenant — par la psychologie et les travaux d'éthologie de Konrad Lorentz — que le manque d'affection maternelle dans la prime enfance, crée chez les enfants des déséquilibres psychologiques.

 

Ce déséquilibre contribue à pousser les Américains vers l'inventivité et la recherche de voies et de nouveaux modes de vie - bouddhisme ZEN, sectes, sciences, changements fréquents des lois sur tel ou tel domaine - permission ou prohibition de l'alcool, permission des mariages homosexuels, interdiction ou permission de la drogue, accroissement ou restriction de l'immigration, suppression ou rétablissement de l'armée.

 

Ce déséquilibre chez les Américains pourrait être compensée par la foi religieuse qui pourrait avoir une influence bénéfique lorsqu'elle contribue à faire « le bien ».

 

d) Sur la force de la religion :

 

Deux ou quatre facteurs y contribuent :

 

- la tradition perpétuée dans la constitution américaine - "in God me trust" - par l'éducation, par le patriotisme ayant présidé à la création des USA.

 

- par les abattements sur les impôts — tradition anglo-saxonne — en versant l'argent aux églises contribuant à l'enrichissement et à la force de ces dernières .

 

- par la concurrence entre les multiples églises ayant prospérées aux USA, en raison de la liberté.

 

- par le déséquilibre affectif des Américains (voir plus haut).

 

e) Sur le bas niveau culturel des Américains :

 

C'est une énigme pour moi : peut-être est-ce dû aux nombreux illettrés ayant constitué la culture Far West qui survie ici, bien que la culture de ceux qui ont fondé la constitution américaine fut élevée.

 

A mon avis, cela doit être due à l'influence négative des puissances financières privées - entreprises - Celle-ci modèle l'éducation à l'école en fonction de leurs besoins en gens spécialisés et pas trop cultivés.

 

f) Sur la faible pénétration du marxisme ici :

 

Cela est due à la force du capitalisme traduite par la société de consommation contribuant au bien-être matériel, donc à l'acceptation de ce système par les américains.

 

Un autre facteur est l'idéologie de réussite sociale - entretenue par le capitalisme et l'exemple de nombreux self made mens.

La puissance financière des sociétés privées contribue à modeler l'idéologie américaine sous prétexte de liberté.

 

Un autre facteur moins visible est celui de la religion - naturellement conservatrice d'ailleurs - opposée à l'athéisme marxiste,

 

g) Sur le déséquilibre entre groupes de pressions économiques :

 

La puissance des sociétés privées est considérable par leur richesse . Cette puissance agit dans le sens d'une ultra libéralisation de l'économie - liberté d'action considérable des sociétés privées - et d'une formation de l'opinion dans le sens du libéralisme par l'intermédiaire :

 

1) Du financement des partis :

 

Les deux partis en présence étant financé de manière importante par les sociétés privées sont obligés de tenir compte de l'opinion de ces dernières.

Cette liaison entre partis et sociétés privées, explique la couverture dont ont pu bénéficier certains agissements des industries privées américaines à l'étranger[23].

 

2) Par la tentative de mainmise du privé sur certains secteurs d'état :

 

Cette puissance peut agir encore plus loin dans le sens de la sauvegarde de ses privilèges par n'importe quel moyen. Tel fut l'exemple de la collusion de la C.I.A. et des compagnies pétrolières texanes liées de manière indirecte à la Mafia[24].

 

 

3) Par le contrôle financier indirect des moyens d'informations :

 

Beaucoup d'actions de chaîne de télévision privées et de journaux appartiennent à de grosses compagnies. La relation entre les médias et le privé, pourrait peut-être expliquer cette autosatisfaction de la presse (et donc de l'opinion) sur la politique extérieure du pays, cette minimisation dans les journaux des agissements des USA dans le monde.

 

h) Sur les moyens de résoudre ce problème :

 

Pour rétablir l'équilibre de pression entre groupes de pressions, il y a plusieurs moyens :

 

- une réduction extérieure _de la puissance du groupe de pression le plus important (dans le sens de l'égalisation avec les autres) - Par l'augmentation des contrôles des lois anti-trust (et par le renforcement de ces lois). - Par une obligation d'un pourcentage de financement populaire des partis . – Par des lois empêchant le contrôle par un groupe de plusieurs moyens d'informations (démanteler l'empire de presse Hearst par exemple).

 

- Par la division des sociétés en renforçant la concurrence.

 

- une augmentation du renforcement de la contre réaction interne du groupe et pression sur ses actions : En augmentant la propagande interne morale des Etats-Unis par un renforcement des abattements d'impôts, suite au financement d'une association charitable ou d'une église.

 

i) Sur l'avenir des U.S.A. :

 

Ici les grands penseurs, en raison du niveau culturel, ne sont pas légions. Cela contribue à un manque de maturité des politiciens américains, par exemple sur le plan énergétique (voir club de Rome, et étude sur ordinateur du CEA)[25]. Une crise pourrait donc survenir en 85.

 

D'un autre côté, les U.S.A. peuvent se rétablir rapidement en raison de leur puissance industrielle.

 

L'image de marque des Etats-Unis dans le monde – à cause des agissements du gouvernement et des sociétés privées (qui sont liés) à l'étranger - continuera à se dégrader pouvant accentuer la crise économique[26], mais de façon limitée à cause de la dégradation parallèle de l'image de marque de l'U.R.S.S. - qui commencera à se faire lorsqu'elle ne sera plus capable d'empêcher de filtrer l'information sur sa situation intérieure, comme sur celle des pays marxistes aidés militairement par elle.

D'un autre côté, dans la crise, les Américains auront peut-être le réflexe religieux (90 % des Américains sont croyants), donc il n'est pas à exclure une augmentation de la propagande morale interne aux U.S.A. l'obligeant à mieux agir dans le monde (donc en contrecoup pouvant contribuer à restaurer l'image de marque des U.S.A. à l'étranger) . Il n'est pas certain dans ce cas, avec un phénomène religieux irrationnel que l'idéologie américaine soit remise en cause[27].

 

Personnellement, sauf guerre mondiale - provoqué par un encerclement du Golfe Persique, par l'U.R.S.S. - je pense que le système américain malgré une crise grave à venir, pourrait s'entretenir longtemps.

 

 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :

 

(1) Tocqueville "De la démocratie en Amérique", 1840, ... Toujours bon à relire.

(2) Max Paul Fouchet, Voyages.

(3) "Dans le ghetto", Editions sociales. Sur la condition noire et le racisme aux U.S.A.

(4) "La vie américaine", Geneviève d'Haucourt, Coll. "Que sais-je", PUF.

(5) Guides : 1. "USA en jean", Hachette.

2. "New York en jean",                "          .

3. Guide bleu "San Francisco et la Californie du Nord".

4. "USA pratique", Marie Bénédicte Alizon,              "  .

(6) "Dans la peau d'un noir", John Howard Griffin, Gallimard, 1961.

Témoignage, datant un peu, d'un journaliste blanc qui a pigmenté sa peau pour connaître ce que ressent un noir dans les Etats du Sud.

 

PRIX TRES BAS DE NOTRE VOYAGE, PAR PERSONNE :

 

Billet de train jeune de moins de 26 ans - BIGE-WASFEL - A.R. PARIS - BRUXELLES - PARIS

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Billet d'avion A.R. (Charter) BRUXELLES - NEW-YORK – BRUXELLES toute agence de voyage

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Billet de Car Greyhound, tarif spécial pour étrangers, NEW-YORK - SAN-FRANCISCO direct (toute agence)

541 F

Location d'une voiture (1 semaine ; 115 $, 1000 milles gratuits + 10 c, supplémentaires le mille : pour 1800 Km). Par personne. Location sur place à San Francisco et retour à San Francisco.

320 F

Nourriture, logement, divers

1000 F

TOTAL (donc un voyage de 3 semaines à très bas prix)

4000 F

 

ANNEXE AU SUJET DES NOIRS :

 

- 100 noirs élus de la nation (1954), 4500 (1980) - c'est-à-dire 1 % des postes en 1980.

- 5 % des noirs votent dans le Sud (en 1940), 65 % en (1978).

- En 8 ans (1967-1975) le revenu a plus que doublé . Mais à Miami, il ne dépasse pas 2400 F. Le blanc dispose de 60 000 F.

- 48 maires noirs en 1970, 170 en 1980 dont 130 de grandes villes. Il y a 2117 villes aux USA de 10 000 à 1 million d'habitants.

- On évalue à 12 millions le nombre de travailleurs clandestins mexicains et portoricains. Magazine "peuples du Monde" N° 133, Juillet-Août 1980.

 



[1] Exception faite du Koweït et des pays du "Golfe".

[2] Anciens sièges des corporations de Marchands, de l'époque.

[3] Pour le remercier, je cite son adresse "Tacco Time", South Temple Street, Salt Lake City.

[4] II est Intéressant de signaler aux personnes travaillant dans l'import-export en France, que beaucoup de produits n'existent pas pour l'instant en France : cuisinière de camping fonctionnant à l'essence, roulotte pour moto, etc...

[5] Le Bonneville Salt Flats est une plaine de 260 km2 couverte de sel dans le nord-ouest de l'Utah, aux États-Unis. Elle provient de l'évaporation de l'ancien lac Bonneville survenue après la dernière glaciation. C'est la plus vaste de plusieurs plaines de sel à l'ouest du Grand Lac Salé, Ce salar est ainsi connu pour le Bonneville Speedway, une piste tracée sur sa surface, où des véhicules de toutes sortes viennent chaque année pour essayer de battre les records de vitesse terrestre.

Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonneville_Salt_Flats

[6] Les étrangers expulsés, s'étaient souvent rendus juste auparavant dans les bureaux d'aides à l'emploi ...

[7] L'évier est équipé d'un broyeur.

[8] Dans le journal "Black Enterprise" de Juillet 79, p 33, on lit qu'il y avait 77.410 entreprises noires en 72 (du magasin de commerce, à l'entreprise importante) dans les 12 plus grandes villes américaines.

On y découvre que le revenu moyen par habitant en 77 est de 17.438 $/an (5.987 F/mois, environ) pour le blanc, contre 9.762 $ (3.351/mois) pour le noir à New-York, et de 21.086 $/an (7.239 F/mois) pour le blanc, contre 10.047 $/an (3.449 F/mois) pour le noir à Chicago.

[9] (1) Pour ceux intéressés par l'histoire américaine, expliquons l'origine des missions et l'origine de l'occupation américaine de la Californie. En 1769 le roi d'Espagne, chargea le capitaine Gaspar de Portolo et une groupe de moines franciscains sous la direction du père Junipera Serra, de fonder une chaîne de missions de San Diego à la Californie du Nord, espacées entre elles par une distance pouvant être couverte en une journée, afin de coloniser la Californie.

Ces missions ayant pour but d'évangéliser les Indiens, les mirent en fait en esclavage. Après l'indépendance du Mexique en 1821, les missions perdirent leur rôle colonisateur, surtout après la libération des Indiens par une groupe de jeunes Castillans "les Californios".

Les Etats-Unis en 1844, en pleine expansion territoriale, envoyèrent le capitaine John Charles Fiemond en reconnaissance, afin d'examiner la possibilité de rattachement de la Californie à l'union des autres Etats d'Amérique.

Après avoir suscité discrètement des révoltes contre les autorités mexicaines, les Américains se sont emparés de la Californie et proclamèrent ce territoire américain le 7 juillet 1846.

 

[10] A cet endroit maintenant se trouve un musée gratuit de jeux et de pianos mécaniques, en état de marche, payants eux.

[11] Longueur totale : 3.125 m, distance entre les deux piliers : 1.280m, hauteur des Piliers : 227 m, diamètre des câbles principaux : 92,5 m. L’oscillation du pont peut atteindre 6,4 m au centre, par tempête de vent de 160 km/h.

[12] Le prix de l'essence est libre aux U.S.A. et peut varier de 5 cents d'une station à l'autre.

[13] Ce nuage est dû à la rencontre de l'air froid provenant de l'Océan (aux courants froids) et de l'air chaud provenant des terres. Le soir la Californie se refroidit, permettant aux nuages de pénétrer à l'intérieur des terres. Au niveau de San Francisco, la rencontre de ces deux masses d'air explique le climat doux toute l'année : beau la journée, humide la nuit, dont bénéficie la ville.

[14] Une grande chaîne de montagne traversant du Nord au Sud les U.S.A. à l'Ouest.

[15] Les genres de maisons flottantes estivales, sont très répandues en Floride.

[16] Voici quelques noms de différentes confessions : Evangélistes, Baptistes, Presbytériens, Méthodistes, Adventistes, Catholiques Charismatiques, Témoins de Jéhovah, Christian Scientist (cette dernière, une des plus récentes, crée en 1898 par Mary BAKEH EDDY) etc. …

[17] Dans chaque domaine d'activité, il y a un syndicat : celui des transports, de la métallurgie (parmi les plus puissants) de la Chimie, des mines, des coiffeurs, etc...

[18] Son siège est à Oakland est une tour métallisée luxueuse.

[19] Le golf est très populaire aux USA et chaque ville à son ou ses terrains.  Il y aurait 20 millions de golfeurs aux U.S.A.

[20] John Muir, donne son nom à maints lieux, en est le plus célèbre.

[21] Le Klux Klux Klang - organisation terroriste blanche, secrète et raciste, existe toujours dans ces Etats.

[22] Bien que surpeuplés, les immeubles noirs de Harlem sont souvent élégants malgré les dégradations. Tous les noirs possèdent une grosse voiture même cabossée.

[23] I.T.T. au Chili (lire I.T.T., l'état souverain), L'United Fruit en Amérique centrale.

[24] "400 000 dollars pour tuer Kennedy à Paris" Julliard . "C.I.A. complot et assassinat" Alain Moreau (Stock) . On pense maintenant de source officieuse que Kennedy fut assassiné par la C.I.A., à cause de la réorganisation qu'il y effectuait - suite à l'affaire de la baie des Cochons et pour y faire cesser la liaison Maffia-C.I.A. au sujet de l'affaire cubaine, puis à cause de la lutte qu'il avait engagé contre la Maffia et les monopoles de sociétés pétrolières.

[25] "Bulletin de conjoncture économique du C.E.A." Service de Documentation Générale, C.E.A. Saclay.

[26] On pourrait supposer que des alliés des U.S.A. soient renversés par des gouvernements progressistes (en Amérique latine et Corée du Sud) . Donc qua certains marchés réservés n'existent plus provoquant des difficultés d'approvisionnement des U.S.A.

[27] L'américain moyen se disant "Nous sommes punis par Dieu car nous nous sommes trop enrichis malhonnêtement" .