Transsexualité, transgendérisme[1]
et maltraitances
Par Benjamin LISAN, le 10 février 2016
J’ai entamé une étude sur la transsexualité, entre 1987 et 2000. Je l’ai encore mise à jour en 2015 _ par exemple, par la publication de mon article sur les greffes[2].
Le résultat de tout ce travail est mon « Traité sur la transsexualité », qui fait plus de 400 pages (au format A4)[3], dont voici l’adresse URL :
http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsScientifiques/GuideTranssexuel/indexTranssex.htm
Lors mon étude sur la transsexualité, j’ai découvert pas mal d’autres cas
de maltraitances graves survenues durant l’enfance de certaines
personnes transsexuelles[4].
Pour les transsexuels, ce constat
est peut-être une évidence.
Mais ce n’est pas une évidence
pour tout le monde … en tout cas, pas pour le grand public.
De plus, j’observe un tabou
généralisé sur cette question, d’autant qu’aucun transsexuel n’en parle et ne
veut en parler, en public.
C’est pourquoi j’ai voulu lever ce tabou sur cette question en parlant,
peut-être pour la première fois en France, des maltraitances parentales contre leurs enfants transgenres ou
transsexuels, plus fréquentes qu’on ne le pense.
Je vais donc illustrer
mon propos, par quelques exemples ci-après, les rares témoignages que j’ai pu
trouver.
Premier témoignage :
A ma conception (selon une tante qui m’a mis dans la
confidence), j’ai été un « enfant surprise », non désiré,
conçu suite une unique relation sexuelle … et à cause de cela, les deux
familles de mes parents ont forcé mon père à épouser ma mère. Or mon père n’a
jamais vraiment assumé son « erreur de jeunesse ». Quand j’étais à M…, entre ma naissance et l’âge de 5 ans
et demi, j’ai le souvenir que j’étais souvent laissé seul(e) dans
l’appartement (seule une nounou (une domestique) s’occupait de moi). Quand
mes parents sont rentrés en France, en 1961-1962, ils m’ont confié, durant un
an, à mes grands-parents, dans le L.., et ces derniers m’ont élevé juste
comme animal, sans aucune affection. Le « cauchemar » du manque d’amour a commencé,
vers l’âge de 4 ans. J’ai le souvenir que chez mes grands-parents, j’étais
très malheureuse. C’est à partir de ce moment-là, vers l’âge de 6 ans,
qu’a commencé à se développer en moi le désir (très fort) d’être une petite
fille. De plus, je crois même que mon père a cherché à me
tuer quand j’étais nourrisson de 1 ou 2 ans _ en me portant sur ses épaules
dans un escalier puis en me lâchant dans un escalier. Le nourrisson
que j’étais s’était retrouvé à l’hôpital. Par ailleurs, je ne sais plus le
nombre de fois qu’il m’a tapé, y compris contre ma tête (une fois
contre un radiateur, lors d’une crise de fureur
incontrôlée …). Lors de ces épisodes, il aurait pu me tuer. Ces
importants chocs psychiques chez moi ont induit chez moi une peur panique,
gigantesque, insurmontable de mon père (et face à lui), puis le complexe de
la persécution … Mon père, à chaque fois, qu’il me voyait lire un livre sur
mon lit, me traitait de « paresseux » et m’envoyait alors faire un
tâche domestique quelconque (j’étais obligée de me cacher la nuit, pour
lire). Dans mon enfance, mes parents me disaient ou me
reprochaient souvent que j’étais un raté, un taré, un dégénéré, une erreur
génétique, « tu ne réussiras
jamais rien », « tu
serais éternellement un raté », « tu nous fait honte », « qu’est qu’on a fait au ciel pour avoir un enfant comme toi ». Dès que ma mère est morte, il a tout fait pour se (re)débarrasser de moi, de sa propre vie (il y est parvenu, depuis octobre 2008, grâce à 3 lettres, où il m’indiquait qu’il me reniait à jamais, sur un prétexte auquel, je pense, il ne croit même pas). Mon père a toujours été machiste, fanatiquement égoïste,
fanatiquement homophobe, fanatiquement certain d’avoir toujours raison (il
est parano, méfiant, narcissique, totalement incapable de se remettre en
cause) … A cause de tout ce traitement, durant mon enfance, j’ai
failli perdre la raison vers l’âge de 12 ans (j’étais envahie de plus en plus
de cauchemars effrayant, même éveillés, montrant des murs d’acier
gigantesques qui ne cessaient de se refermer sur moi. Ensuite vers 15-16 ans,
je suis devenue écorchée vive et gravement paranoïaque. Dans ma jeunesse, tous les coups psychiques (et la
paranoïa induite) m’ont créé momentanément des états psychiques
étranges : illuminations mystiques, visions, voix intérieures … J’étais
à la limite de la folie. |
Dans ce cas précédent, il y a très sûrement des traumatismes de l’abandon
(syndrome d’abandonnisme) et du rejet, dans la
biographie de cette personne. Précisons que cette personne, en plus de
« souffrir » de transsexualité ou de transgendérisme,
souffre, régulièrement, à l’âge adulte de différences maux psychosomatiques (dont
des maux de tête chroniques intenses, invalidants, qui ont duré plusieurs
dizaines d’années, ainsi que des crises d’eczémas violentes …).
Second témoignage :
J'ai
une autre très bonne amie qui a eu une enfance très malheureuse, avec
maltraitances et brutalité. Son père était sujet à des crises de fureur
incontrôlée, pendant lesquelles il brutalisait son enfant (ainé) avec des
coups de poings, des gifles, il lui tapait la tête contre le mur, le
jetait dans l'escalier. Bref tu vois le tableau. Quant à sa mère cela
n'était guère mieux, mais tout différent : sa mère avait décidé de l'élever
comme une fille, de l'habiller comme une fille, de l'envoyer à l'école comme
ça ! Tu demanderas sans doute si la mère s'interposait pour éviter des
violences pendant les crises du père ? Non, elle ne voulait pas prendre les
coups !! Pendant son enfance, elle vécut dans un petit réduit, sous un
escalier, alors que la famille avait une maison. Elle s'est alors
refugiée dans la lecture de livres, qui n'étaient pas de son âge, des livres
de philosophie, de sciences, qu'elle lisait en cachette sous son escalier, à
la lumière d'une lampe de poche, sa mère ne voulant pas qu'elle lise, mais
qu'elle dorme. Elle passait le maximum de temps dehors, à la table d'un café
où elle était plus tranquille qu'à la maison. Les coups qu'elle a reçus lui
ont déclenché une fois une crise d'épilepsie et ce fut ensuite des années de
traitements antiépileptiques avec un mélange d'excitants et de somnifères
(!!!!). A un
moment donné sa mère eut une idée folle : l'inscrire à un concours de jeunes
MISS dans un Collège. Pour cela, elle lui avait mis une perruque blonde à
cheveux longs. Figure-toi qu'elle remporta le concours ! Les choses auraient
pu en rester là mais, c'est là que la folie de sa mère apparait, sa mère lui
arrache la perruque et dit à la cantonade : "Je vous ai bien eu, c'est
un garçon !". Tu peux imaginer l'énorme scandale de voir une professeure
de collège faire une chose pareille ! (Parce qu'elle était professeur !). A
partir de ce jour, sa mère ayant réalisée qu'elle avait été trop loin, décida
que désormais ce serait un garçon, qui devrait se conduire comme un garçon ! Je ne
te raconte pas tout, parce que c'est trop long et tragique. Aujourd'hui et
depuis des années, elle souffre de séquelles physiques, des
maltraitances violentes, de séquelles psychologiques, ne sachant pas trop si sa transsexualité
est innée ou acquise, et pour couronner le tout, elle souffre d’une
maladie héréditaire, la Spondylarthrite Ankylosante très douloureuse. Quand tu as évoqué le sentiment
abandonnique, c'est une chose dont mon amie m'avait souvent parlé : elle n'a pas pu compter sur l'amour de
ses parents. Quand son père est mort sans jamais lui avoir demandé pardon
pour tout le mal qu'il lui avait fait et dont elle endure depuis toujours les
conséquences, pour elle, ce fut une terrible désillusion. Quant à sa mère,
aujourd'hui elle est toujours dans le déni. |
Note : On trouve plusieurs points communs
entre ces deux témoignages _ maltraitances, dont des actions de dévalorisations,
d’isolement, d’interdictions de tout, coups sur la tête, … _, au point qu’on
pourrait se demander si :
a) des violences
psychiques ou physiques extrêmes,
b) ou si des chocs
violents sur la tête (induisant des dysfonctionnements de certaines fonctions
cérébrales),
=> ne pourraient
pas causer certaines formes de transsexualités (?).
Sinon, on trouve
beaucoup de cas de maltraitances parentales chez les transsexuels, par toujours
aussi graves, mais comportant certaines phrases assassines comme :
·
« Tu ne vaux pas plus que la serpillère, avec
laquelle je nettoie ce sol » (déclaration de la belle-mère de ce transsexuel, quand il
avait 11 ans).
·
« Ça aurait été plus
simple si tu étais mort à la naissance ».
Pour l’instant, il est
très difficile de tirer une conclusion générale, à partir de ces quelques
témoignages. Car il faut éviter de faire des généralisations hâtives.
Et il est difficile de
savoir si l’enfance déstabilisante et déstructurante,
de certains transsexuels est la cause de leur transsexualité psychique (ou d’un
transgendérisme psychique), éventuellement associée à
une sexualité inversée[5].
Et savoir si l’origine
de leur transsexualité est :
1) Purement
et uniquement psychique (si la maltraitance est la cause de la transsexualité).
2) Ou
bien si elle est d’origine innée et biologique _ et si alors les maltraitances,
subies par les transsexuels dans leur enfance, sont liées aux préjugés ou
rejets homophobes et transphobes de leurs parents
(et donc si la transsexualité est la cause de la maltraitance).
Jusqu’à maintenant, personne n’a trouvé la cause de la transsexualité et du
transgendérisme.
Peut-être si l’on trouvait enfin scientifiquement la cause médicale de la
transsexualité et du transgendérisme, soit a) l’on
permettrait de guérir de cette maladie, soit b) cette découverte devrait
permettre, peut-être, aux personnes qui en souffre de mieux d’assumer en public[6]
(?).
Benjamin LISAN
[1] Transgendérisme (définition) : Le transgendérisme ou transgénérisme est le fait pour une personne de s'identifier, au moins en partie, à d'autres genres que celui attribué à sa naissance et d'en adopter le mode de vie. Une personne transgenre est ainsi une personne qui adopte une identité de genre non liée à son sexe de naissance mais sans nécessairement subir de chirurgie de réattribution sexuelle. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Transgend%C3%A9risme
[2] Réflexions sur les possibilités de transplanter un greffon de vagin chez un homme biologique, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsScientifiques/GuideTranssexuel/reflexions_sur_possibilites_transplanter_greffon_vagin_chez_homme_biologique.htm
[3] Mais
que je n’ai pas encore publié, ne le trouvant pas encore assez scientifique
et surtout n’ayant toujours pas pu
trouver la vraie cause de la transsexualité et du transgendérisme. Et d’ailleurs personne dans le
monde n’ayant trouvé cette cause.
[4] Je ne veux pas en faire une règle générale.
[5] Par exemple, le fait, quand on est un homme biologique, de s’imaginer pourtant spontanément et plus facilement avec un vagin (fonctionnel) [s’imaginant être « pénétré » comme une femme durant l’acte], et plus difficilement (au point que cela soit impossible) de s’imaginer viril et « pénétrant » une femme, avec son pénis.
[6] Concernant cette seconde hypothèse, là c’est moins sûr, au regard des grandes manifestations de la « Manif pour tous » en France.