Récit de notre voyage en Ukraine en août 2023

 

Par Benjamin LISAN, le 03/09/2022

 

1         Nos motivations

 

Ce voyage est issu de la collaboration improbable entre deux personnes, Jean-Claude Laurent, vétérinaire, et moi-même, Benjamin Lisan, retraité, s’étant rencontré sur Facebook, aux motivations assez différentes pour nous rendre en Ukraine et aussi aux caractères très différents.

 

   Cette mission est organisée en collaboration avec l’Association Résilience internationale[1].

 

1.1        Objet de l’association « Résilience Internationale »

 

Elle est une organisation d’aide aux humains et animaux, en situation de détresse à l’international.

À ce jour, elle a effectué plusieurs convois humanitaires et acheminons régulièrement de l’aide médicale et alimentaire, notamment vers les villes de Stryi, Kyiv, Lviv, Kharkiv.

Son engagement est constant et régulier afin de soutenir le peuple ukrainien, et ce depuis mars 2022.

En France, elle organise des collectes régulières afin d’acheminer l’aide alimentaire et médicale.

Elle aménage également des cliniques mobiles vétérinaires afin de les mettre à disposition d’associations et cliniques vétérinaires en Ukraine.

Son aide ne concerne pas que l’Ukraine, mais partout où, dans le monde, il y a de la détresse, par exemple, au Maroc, à la suite du séisme, en Libye, par suite d’inondations meurtrières etc.

 

1.2        Jean-Claude

 

Jean-Claude a toujours été passionné par les animaux, en particulier par les chats. Il avait créé, à Saint-Denis en Val (Loiret), une clinique spécialisée dans les chats « Vet4cat », qui a fonctionnée durant environ 10 ans.

Malheureusement, cette clinique devant fermer en août 2023 et ayant été contacté par l’association Résilience internationale pour des missions humanitaires vétérinaires en Ukraine, il s’est enthousiasmé pour les cliniques mobiles vétérinaires de l’association et a décidé d’élaborer un nouveau projet pour une nouvelle clinique mobile vétérinaire et une nouvelle mission vétérinaire à destination de la région sud d’Odessa (Ukraine). Il a alors préparé mineutieusement cette mission humanitaire vétérinaire, depuis presqu’un an.

 

1.3        Benjamin

 

J’ai toujours été sensible à l’injustice, ayant tendance à prendre les choses très à cœur. J’ai donc ressenti cette guerre totale lancée par Poutine contre l’Ukraine, comme une énorme injustice faite au peuple ukrainien. Une injustice que je ne pouvais pas souffrir ou supporter.

 

De plus, j’ai toujours été horrifié par toutes les guerres[2] [3], en particulier par les meurtres et crimes, souvent gratuits, qui s’y déroulent, à chaque fois.

 

Lors de cette guerre Russo-Ukrainienne, je suis vraiment triste par toutes ces précieuses vies perdues, annoncées, chaque jour, sur les réseaux sociaux, puis par la destruction de tous les infrastructures, des monuments historiques et œuvres d’art de l’Ukraine.

 

J’ai aussi conscience et je suis triste que son territoire est maintenant contaminé par les mines russes _ en particulier par les mines russes papillon PFM-1 _, pendant peut-être pour 40 ans, selon le témoignage d’un ami ukrainien démineur sur le front. Il faut mettre jusqu’à 4 jours pour nettoyer 150 m2, selon un autre témoignage [3].

L’Ukraine est aujourd’hui le pays le plus miné au monde, avec environ 6 mines au mètre carré. Et, peut-être durant quarante ans, des enfants et des adultes continueront à être mutilés par les mines PFM-1[4] [5].

 

2         Historique de mon propre projet

 

Je voulais témoigner ma solidarité avec le peuple ukrainien, mais je ne savais pas comment faire.

J’ai d’abord co-écrit un livre sur Vladimir Poutine, avec Anne Sculfort, paru chez Amazon[6].

En fait, je voulais accomplir une action plus symbolique et m’impliquer plus dans la cause ukrainienne, mais tout cela restait confus dans ma tête.

 

Un ami, un peu spécial, ancien mercenaire, m’avait proposé d’aller me rendre directement sur le front, de tout prendre financièrement en charge, y compris ma participation, afin d’aller prendre des photos et des notes. Puis de vendre un article et les photos à un journal, afin de se rembourser pour les frais de voyage.

Il m’explique comment faire pour se protéger des tirs, en se réfugiant derrière des murs, les places à éviter …

Il me conseillait de me procurer un casque lourd et un gilet pare-balle lourd en Kevlar (mais hors de mes moyens, car coûtant respectivement au minimum 300€ et 850€), dont lui-même est déjà équipé.

Nous devions piloter, à tour de rôle, une voiture, que nous devions acheter (qui a été finalement acheté, une Ford Mondeo de 1990, avec 175.000 km au compteur, en bon état, au moteur solide, pour 850€).

 

Mais ce dernier n’avait pas été transparent. Il avait oublié de me dire qu’il avait perdu son permis. De plus, je ne voyais aucun caractère humanitaire, dans ses motivations. Je craignais qu’il se rende sur le front, juste pour du « tourisme de guerre », juste pour l’adrénaline ou les sensations fortes. Ou pour impressionner les copains. Bref tout cela était très éloignées de mes propres motivations.

En plus, il souffrait de plusieurs importants problèmes de santé.

 

Ne pensant pas raisonnable de partir avec lui, j’avais finalement renoncé à la proposition de cet ami. Je n’avais nullement envie aussi de mettre ma vie en danger gratuitement (juste pour voir une guerre de près ou pour le « fun »)[7].

Il avait été très déçu de ne pas partir en Ukraine. Par la suite, il a tenté de me relancer sur ce projet, en tentant de me culpabiliser, en me reprochant d’avoir la trouille, la « pétoche » etc. sans aucun résultat.

 

Mais pendant presqu’un an, l’idée d’aller soutenir la cause ukrainienne, en Ukraine, a « trotté » dans ma tête.

J’avais racheté la Ford Mondeo, mais j’avais du mal à trouver un compagnon de route, qui ait le courage à aller en Ukraine.

 

J’avais lancé une cagnotte Leetchi [2] et j’avais réussi à réunir plus de 610€. Avec cet argent, j’avais acheté pour 604,34 € de matériel chirurgical consommable, qu’attendait mon ami, Jean-Marc, un Français vivant à Kiev, depuis 20 ans et marié à une Ukrainienne, pour un hôpital de Kiev où des chirurgiens opèrent des blessés graves des bombardements russes.  

 

Cinq caisses de matériel chirurgical consommable

 

15 cannes anglaises

 

Une valise remplie de médicaments et autres (boîtes de lait maternisée etc.).

 

D'après mon expérience professionnelle de gestion de projets logistiques, mieux vaut préparer un projet avec suffisamment de temps à l'avance. Ainsi, nous pouvons prévoir tout, à l'avance, en risquant moins d'oublier quelque chose d'important et en réduisant le risque de la loi de Murphy, celle de "l'emmerdement maximum".

Or mon projet n’avait toujours pas décollé, du fait que je ne trouvais pas de compagnon de voyage prêt à se rendre dans un pays en guerre.

 

Je connaissais une relation sur Facebook, Jean-Claude, qui m’avait toujours impressionné par le fait qu’il était toujours au courant, avant autrui, de toute nouvelle importante concernant la Russie de Poutine. Il est vrai qu’il parlait russe. En discutant avec lui, je prends connaissance de son propre projet humanitaire en Ukraine, soutenu et financé par l’association Résilience internationale _pour une partie du financement, l’autre étant apportée par Jean-Claude, avec un projet de clinique mobile vétérinaire, la « vet’mobile », destinée à opérer des chiens et chats en Ukraine. Lui aussi recherche un copilote pour conduire son ambulance, durant la moitié du trajet jusqu’en Ukraine. Il doit partir de France, le 1er août et rentrer, en France, le 23 août.

 

Je crois comprendre qu’il a vendu sa part dans sa clinique ‘vet4cat », possédée par un associé et lui, et sa clientèle, à un grand groupe possédant plusieurs clinique vétérinaire, ce qui lui a rapporté beaucoup d’argent.

Cette clinique va fermer définitivement au moins d’août, fait qu’il perçoit comme un échec concernant Vet4cat, un « bébé » auquel il tenait beaucoup contrairement à son collègue.

Il veut donc consacrer une partie de cet argent à l’utiliser pour une cause utile, ici, la « vet’mobile ».

 

Au départ, son itinéraire était de passer par Kiev. Nous étions mis d’accord pour remettre ces cinq caisses à cet hôpital à Kiev et pour que nous partions et conduisons ensemble l’ambulance.

 

Résilience internationale devait lui fournir une ambulance. Mais nous apprenons qu’elle ne sera pas prête pour le 1er août.

 

Finalement, Jean-Claude décide d’acheter une camionnette Citroën Jumper d’occasion, aménagée en ambulance par la société Picot Gruau,  pour 7000€ : une ambulance de type Croix-Rouge ou protection civile, de laquelle ont été retirés tous les équipements permettant d’en faire un véhicule prioritaire _ gyrophares, sirène …

 

Assez bricoleur, il réussit à l’aménager et l’équiper, tout seul, en moins d’une semaine juste, avant le départ _ c’était moins une ! _, pour ses besoins de chirurgie vétérinaire. Et à faire la faire contrôler mécaniquement par un mécanicien de sa commune et par un garagiste.

 

Mais juste avant le départ, Jean-Claude m’annonce qu’il n’y a pas assez de place pour y caser mes cinq caisses, ma valise de médicaments, et mes quinze cannes anglaises. Mais il précise que ces affaires partiront, lors d’une prochaine mission de Résilience internationale en Ukraine, vers mi ou fin septembre à laquelle nous pourrions aussi participer. Je suis un peu contrarié, mais je décide de partir quand même avec lui pour l’aider selon ses conditions, c'est-à-dire en remplissant, sur place, durant 20 jours, le rôle d’assistant vétérinaire (un job que je n’ai jamais pratiqué).

 

Finalement, il a choisi le lieu, Tatarbunary (en Ukraine) où il pratiquera des vaccinations (en particulier contre la rage, endémique là-bas), des stérilisations et des puçages de chiens et chats. Parce que s’y trouve un refuge tenu par une certaine Natalya, intéressée par ses prestations et qui nous attend.

 

Le dernier équipement qui manque à Jean-Claude est un « concentrateur d’oxygène », qu’il arrive à acheter pour 250€ (alors que neuf, il coûte 800€) et que je vais chercher, avec ma Mondeo, à Creil (Nord de Paris).

 

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Le concentrateur d’oxygène.

 

3         Mes craintes et une forte opposition de ma famille et de mes amis à mon départ en Ukraine

 

C’est la première fois que Jean-Claude et moi nous nous rendons dans un pays en guerre.

 

Jean-Claude n’a aucune inquiétude. Il me dit avoir choisi la petite ville de Tatarbunary (10.000 habitants) parce qu’elle est située dans une région non touchée par la guerre, située à 150 km au Sud d’Odessa près de la mer Noire, éloignée du front.

 

Etant d’une nature anxieuse, de mon côté, je ne me sens nullement un héros et j’avoue ne pas être rassuré. Même si la probabilité d’un bombardement et d’être touché est faible dans cette région, je me demande si je ne joue, quand même, pas un peu à la roulette russe avec ma vie.

 

Une partie de ma famille me déconseille cette idée « extravagante » (mon frère, mon oncle et tante d’Orléans, …), certains de mes amis (Ester, Annick, Colette …) … A contrario, une seule amie, Françoise, me soutient totalement.

 

Cette opposition était d’autant plus forte que je venais de sortir d’un cancer (de la prostate avec extensions), traité par une radiothérapie fatigante, alors que je devrais pourtant savoir que ce long voyage de plus de 3000 km allait me fatiguer encore plus.

Par ailleurs, aller dans un pays en guerre, c’est aussi rencontrer un environnement stressant.

D’un autre côté, c’était une façon de rebondir après l’épreuve, faire preuve de résilience face à elle, certains diront afin de pouvoir la sublimer.

 

Mon frère ne comprenais pas que je ne profite pas d’abord de la maison de campagne familiale, que je venais de recevoir en héritage, transmission facilitée grâce à son appréciable contribution. Bref, de son point de vue, si j’étais tué, je n’en profiterais jamais.

 

Mon environnement proche était divisé entre les personnes rationnelles et les personnes idéalistes.

Pour les premières, je faisais tout ce qu’il ne fallait pas faire. J’étais fou. Etais-je donc fou ?

 

3.1        L’armée russe n’hésite pas à bombarder volontairement les civils

 

Effectivement, les bombardements par les missiles russes sont les plus imprévisibles, sachant que l’armée russe n’hésite pas à bombarder les civils, même si elle nie, à chaque fois. Elle a déjà été responsable de bombardements sur des structures humanitaires et contre des civils ukrainiens, particulièrement meurtriers.

Donc les bombardements russes _ cette menace brutale venue du ciel, sur des civils ukrainiens, dans le but de semer la terreur parmi eux _ est, une épée de Damoclès bien réelle, comme dans ces cas :

 

·         Des bombardements fréquents de Lviv (oblast de Lviv), à l'ouest de l'Ukraine, entre le 24/02/2022 et le 25/06/2022, ont fait 7 morts et 11 blessés civils[8].

·         Le 16/03/2022, le bombardement du théâtre d'art dramatique de Marioupol a fait entre 300 et 600 morts[9].

·         Le 08/04/2022, deux missiles ont frappé la gare de Kramatorsk (oblast de Donetsk), dans l'est de l'Ukraine, faisant au moins 57 morts civils[10].

·         Le 27/06/2022, un missile a bombardé un centre commercial à Krementchouk, une ville sur le Dniepr (oblast de Poltava), causant 18 morts et 59 blessés.

·         Le 30/11/2022, une frappe, sur une colonne de véhicules civils, a fait trente morts et au moins quatre-vingt-huit blessés. Celle-ci a touché le parking d’un centre de transit pour déplacés, proche de Zaporijia (oblast de Zaporijjia), sur le Dniepr.

·         Le 18/04/2023, des missiles russes se sont abattus sur le grand marché de la ville de Kherson (oblast de Kherson), sur le Dniepr, dans le sud de l'Ukraine, faisant un mort et sept blessés.

·         Le 03/05/2023, deux frappes sur un supermarché et la gare de la ville de Kherson, près de la ligne de front, ont fait au moins quatre morts et plusieurs blessés.

 

Sur le capot est écrit "Дети", qui veut dire "enfants[11]".

 

K., « Oleg m’a transmis cette vidéo, il a capturé cette scène de « vie », de mort, sur sa route il y a quelques jours en Ukraine. Il circulait sur cette route, tout comme d’autres, familles, individus, puis, la mort a frappé, venue du ciel, frappant au hasard. C’est aussi cela cette guerre, des civils qui tombent sous « le feu du hasard », on est bien loin des questions de géopolitique. Imaginons que ce soit nous ou nos proches dans cette voiture … ».

 

·         Le 06/09/2023, un missile a frappé le marché de Kostyantynivska (oblast de Donetsk), dans l'Est de l'Ukraine, en pleine heure de pointe, faisant 17 morts civils[12].

·         La ville d’Odessa a été régulièrement bombardée, depuis le 24 février 2022 (date de l’invasion russe de l’Ukraine), faisant au total 31 civils tués et 63 à 65 blessés[13].

·         Le 19/09/2023, une attaque russe contre un entrepôt de de l'organisation non gouvernementale Caritas Spes, à Lviv, a détruit 300 tonnes d'aide humanitaire.

·         Le 05/10/2023, 51 personnes ont été tuées dans une frappe russe, ayant touché un magasin d'alimentation du village de Groza, dans la région de Kharkiv.

Etc.

 

L’armée russe n’a pas hésité, non plus, à viser des voitures civiles, mais aussi les ambulances, sur les routes, causant de nombreux tués ainsi[14] et des hôpitaux _ comme ceux de Kherson, de Beryslav, celui pédiatrique de Marioupol etc.

 

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A gauche : Maksim Khaoustov, chef de service de l'hôpital de Kharkiv (Ukraine), montre les impacts de tirs sur l'une des ambulances de la ville, le 4 avril 2022 (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE).

 

Encore récemment, le 10 septembre, près de Bakhmut, deux travailleurs humanitaires bénévoles, une Espagnole et un Canadien, ont été tués en Ukraine après que leur véhicule a été touché par un projectile[15].

 

3.2        L’armée russe, le FSB et le GRU ciblent-ils aussi les défenseurs des droits humains en Ukraine ?

 

Dans la soirée du 27 juin 2023, la défenseuse des droits humains et écrivaine ukrainienne Viktoria Amelina et une délégation d’écrivains et de journalistes colombiens qui représentaient #AguantaUcrania, un groupe qui sensibilise le public en Amérique latine au sujet de l’invasion de l’Ukraine, dînait au restaurant Ria Lounge à Kramatorsk, lorsqu’un missile russe a frappé le bâtiment où se trouve le restaurant. Ce missile a tué 13 civils et a blessé 60 personnes, dont Viktoria Amelina qui est décédée à l’hôpital de Dnipro trois jours plus tard, le 1er juin 2023. Ce restaurant Ria Lounge était l’un des restaurants les plus populaires de la ville et était fréquenté par des acteurs ukrainiens et internationaux des droits humains et de la société civile, des bénévoles humanitaires et des équipes de presse et de cinéma.

 

Viktoria Amelina avait rejoint l’organisation ukrainienne de défense des droits humains Truth Hounds pour documenter les crimes de guerre. Elle avait documenté les crimes de guerre russes apparents dans les territoires libérés de l’est, du sud et du nord de l’Ukraine, et en particulier le village de Kapytolivka dans la région de Kharkiv. Elle travaillait également à un projet de non-fiction intitulé « War and Justice Diary: Looking at Women Looking at War », un projet de recherche sur les défenseuses des droits humains ukrainiennes qui documentent et enquêtent sur les crimes de guerre commis par l’armée russe.

Selon le Mémorial des DDH de Front Line Defenders, au moins 50 défenseurs des droits humains ont été tués en Ukraine en 2022, y compris des acteurs humanitaires et des journalistes, à cause des activités des forces militaires russes.

Nous pouvons nous demander si cette frappe n'était pas un attentat ciblé, le FSB ou le GRU étant alors parfaitement renseigné sur l'organisation de cette réunion. Et si l'armée russe n’a pas volontairement ciblé pas les défenseurs des droits humains en Ukraine[16].

 

Note : Moscou a aussi ouvert ce lundi 20 mars une enquête pénale contre le procureur de la CPI, Karim Khan, et trois juges de la Cour pénale internationale (CPI), parce que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre Poutine, le président russe, et la commissaire russe aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, car étant suspectés de crimes de guerre pour la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie[17].

 

La Russie de Poutine n’aime pas du tout qu’on enquête sur les crimes de guerre russes en Ukraine. Tous ces faits démontrent le culot, l’arrogance et le cynisme du régime de Poutine.

 

3.3        Quels sont nos risques ?

 

Pourtant, nous ne partons pas sur le front, comme des volontaires de la Légion internationale, où les taux de mortalité et de mutilations y sont élevés.

 

Même si le risque d’être tué peut-être statistiquement faible (dans la région choisie), il n’est pas négligeable.

Souvent les bombardements concernent des villes proches du front, mais pas toujours, comme avec Lviv ou Odessa. Et les missiles russes peuvent pénétrer profondément le territoire ukrainien.

 

A un moment donné, ayant contacté un acteur humanitaire, Cédric, qui se rend tous les deux mois à Kherson, qui sur place porte un casque et un gilet pare-balles lourds, en Kevlar, j’avais pensé me procurer aussi un tel équipement, mais ces derniers ne protègent d’un tir d’un avion ou d’un drone russe sur une ambulance (et comme je l’ai déjà dit, le casque et le gilet sont hors de mes moyens).

A moins solution irréaliste et « farfelue », de faire comme une combattante ukrainienne, Oresta, d’acheter un fourgon blindé bancaire et de le transformer en ambulance (O. avait acheté le sien, « seulement 20.000€ », une solution très coûteuses, sans compter l’augmentation vertigineuse des frais d’essence). Ou de transformer un VAB (véhicule avant blindée) en ambulance (voir photo de droite ci-dessus).

 

Ayant vu à la télévision les nombreuses destructions russes de villages et villes, j’avais emporté tout l’équipement destiné à vivre en autonomie totale (avec deux réchauds multi-carburants, une tête de réchaud de Camping gaz avec une grosse cartouche de la même marque, un réchaud à l’alcool, une gourde filtrante etc.) … pensant que peut-être que la ville où le lieu nous rendions pourrait être touchée à son tour par un tir.

Je voulais aussi emporter beaucoup de conserves. Mais Jean-Claude refuse disait qu’il n’y a pas la place.

Pendant notre périple, j’avais décidé de tenir au courant une amie[18] de toutes nos péripéties, pour être retrouvés plus facilement, si nous ne donnions plus de nos nouvelles.

 

Andrii,  un Ukrainien avec qui je suis ami depuis un an et qui vient d'être intronisé dans la fonction de pompier démineur à Kharkiv, m’écrit, en français, que lors de la seconde mission humanitaire en septembre / octobre, que Karine, Jean-Claude et moi programmeront peut-être, il ne faut surtout pas aller à Kharkiv (Kharkov) :

 

"Benjamin, je serai très heureux de te voir [...]. Mais je vous en prie, vous n'avez pas besoin d'aller à Kharkov et au Dniepr en septembre. Chaque jour, les dangers changent. Chaque jour, notre ville subit de nouvelles attaques. Planifiez votre itinéraire vers Kiev, c'est le maximum.  Ne prenez pas de risques, s'il vous plait.".

 

3.4        Ma méconnaissance de l’Ukraine avant cette guerre

 

Avant cette guerre, j’avais beaucoup de préjugés sur ce pays, que je voyais comme plat, à la terre noire très fertile, couvert de champs de céréales à perte de vue, avec une région, à l’Est, industrialisée et minière.

 

 

4         Le départ - la longue route vers l’Ukraine

 

4.1        Le mardi 1 août 2023

 

Jean-Claude ne veut pas perdre de temps et veut à tout prix partir le 1er août.

Il décide que le lieu où nous allons nous retrouver est le domicile de sa sœur à Avrainville, village situé au sud de la région parisienne.

 

Ce premier août, c’est ici que j’ai pu enfin voir de près l’ambulance réaménagée par Jean-Claude.

Pour faire des économies sur le budget du voyage, durant ce dernier, nous devions dormir ensemble à l’arrière.

Ce qui ne semble pas évident, étant donné l’encombrement en caisses et cantines, rangées à l’arrière de la camionnette.

Auparavant, chez un garagiste, il a fait faire une vidange complète du véhicule et la vérification de la pression des pneus. Malgré la vidange complète, un voyant indiquant qu’il faut refaire la vidange s’affiche en permanence. Il s’affichera, tout le temps, durant tout le trajet, à l’aller comme au retour[19].

 

 

 

 

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Nous avons convenu que je serais le chroniqueur ou le « journaliste » du voyage et que, chaque jour, je noterais dans un carnet tout ce qu'il se passe, dans le but d'en faire un récit de voyage, à notre retour.

 

Durant le trajet, nous avons convenu que, chacun à tour de rôle, conduirait le véhicule, durant deux heures.

Et d’utiliser l’application GPS Waze plutôt que Google Map, car nous alertant en continue, par une alarme sonore, à chacun de nos dépassements de vitesse, et avant chaque radar etc. Et pour être sûr que l’application GPS ne nous fasse pas défection, nous l’avons lancée, simultanément, sur nos smartphones respectifs.

 

L’itinéraire autoroutier _ avec péages _ que j’avais choisi pour aller de Paris jusqu’à Kiev, passait, au départ, par Frankfort, Dresde, Cracovie, Lviv (ville en Ukraine) :

 

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Finalement, voici le trajet aller, du 1° au 4 août, choisi par Jean-Claude, passant par la Roumanie, pour des raisons de proximité de Tatarbunary avec la frontière roumaine (image, ci-dessous, fournie par Jean-Claude).

 

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Notre application Waze nous annonce 2661 km et une durée de 1 jour et 7 heures, pour le trajet de Paris à Tatarbunary … qu’en fait, nous devrons faire en trois jours, une durée, en apparence, plus raisonnable.

 

Nous prenons rapidement l’autoroute A4, qui nous conduit vers l’Allemagne.

Du côté de Freyming-Merlebach, nous quittons la A4 pour la A320. Nous rentrons en Allemagne, pas loin de Saarebrücken (Sarrebruck en français), sur l’autoroute 6 (ou A6).

Pas de douane à franchir. Nous sommes dans l’espace Schengen.

 

Note : En fait, il existait un contrôle douanier volant en entrant en Allemagne, s’effectuant sous une tente de contrôle. Heureusement, nous y avons échappé.

 

Nous passons successivement à proximité des villes de Mannheim, Nuremberg (Nürnberg) (via les autoroutes A3 puis A8) …

 

Tout le long de routes allemandes, nous observons des fermes solaires et des champs d’éoliennes, ces dernières aux pales caractéristiques à bandes rouges. Clairement, les énergies renouvelables sont fortement subventionnées dans ce pays. Mais nous voyons aussi deux énormes centrales thermiques, certainement de plus de 600 mégawatts (aussi grande que la plus grande centrale thermique française, celle de Porcheville sur la Seine), aux immenses cheminées et tours aéroréfrigérantes, le long de notre route, démontrant peut-être les contradictions énergétiques de l’Allemagne, voulant attendre les zéro émission de carbone et, en même temps, continuant d’utiliser ces centrales grosses émettrices de CO2.

 

A cause de son aveuglement sur Poutine, Angela Merkel, ancienne chancelière fédérale d'Allemagne, et d'autres chanceliers, ont rendu l'Allemagne très dépendante du pétrole et du gaz russe. Avant l'invasion de l'Ukraine, l'Allemagne importait un tiers de son pétrole de Russie, pour une valeur de près de plus de 1,2 milliard d'euros par mois.

L'Allemagne est censée appliquer le même embargo sur les importations de pétrole russe, en réaction à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, que les autres pays de l'UE (sauf la Hongrie). Dans les faits, Olaf Scholz semble contourner l'application de cet embargo.

En effet, les importations allemandes de produits pétroliers en provenance d'Inde ont été multipliées par douze sur un an entre janvier et juin 2023, alors que ce pays achète et transforme du pétrole russe frappé par les sanctions européennes[20].

 

Sur les autoroutes allemandes, nous avons de nombreuses grosses cylindrées roulant à grande vitesse, certains jouant au Fangio, car il n’y pas de limite de vitesse sur les portions d’autoroutes toutes droites, sans aucun obstacle ou rétrécissement.

 

A à 19h15, nous faisons une pause à Neuenstein, puis à 22h30, à Hunderdorf, après Passau, je crois. A Passau, nous franchissons le Danube (Donau, en allemand), dont la largeur, ici, est celle du Rhin au niveau du pont de Kiel ou de Strasbourg. Ce fleuve, bordé de levées (de digues), sur chaque rive, et est parfaitement canalisé, comme le Rhin et le Rhône.

 

Dans un restaurant de l’aire d’autoroute, nous dînons d’une grosse saucisse de Francfort accompagnée de frites, un repas qui n’est pas excellent.

 

Une chose désagréable, pour un Français, sur les aires d’autoroutes allemandes, autrichiennes et hongroises, est le fait que les toilettes, de ces aires, soient payantes (coûtant soit 1€ soit 0,50€). Mais si nous prenons une consommation dans la boutique de la station-service, où se trouve les toilettes, nous pouvons nous faire rembourser ce 1€ ou 0,50€.

 

Nous dormons sur cette aire d’autoroute ou plus exactement, nous tentons d’y dormir.

Nous étant garés sur un parking à proximité de la station-service pour camions, nous aurons du mal à dormir à cause du ballet, toute la nuit, des camions, s’arrêtant au niveau des pompes à gasoil pour camions.

 

Pour traverser l’Autriche, la Hongrie, la Romanie, (l’Ukraine, la Moldavie), nous devons nous acquitter de l’achat d’une vignette (d’une taxe), pour pouvoir traverser ces pays, contrairement, à l’Allemagne et la France.

Selon le pays traversé, nous pouvons acheter cette vignette soit dans une station-service, avant ou après la frontière (Autriche, Hongrie), soit à un guichet, ressemblant à un guichet bancaire à la frontière (Roumanie,  Moldavie, Ukraine), après avoir fourni le n° d’immatriculation de notre véhicule.

 

4.2        Le mercredi 2 août 2023

 

Puis le lendemain, nous rentrons en Autriche, du côté de la ville de Linz.

Le pays est assez montagneux et nous avons l’impression de traverser la Suisse. Il y fait plus frais aussi.

 

Je ne sais pas si l’Allemagne et l’Autriche profite du mois d’août pour réaliser leur travaux routiers, mais dans ces deux pays, nous sommes ralentis continuellement par des travaux sur les autoroutes, la file utilisable étant réduite à une seule voie, sur des dizaines de km.

 

Nous passons par la partie sud du boulevard périphérique (ring) de Vienne (Wien), puis pas loin de Bratislava, via la A4. A 13h, nous déjeunons dans un fast-food, un Burger King, sur une aire à Ybbs an der Donau, à proximité de Vienne.

 

Nous entrons sur le territoire hongrois à proximité de Mosonmagyaróvár, prenant ensuite la M1. Après la douane, où il n'y a pas d'arrêt, dans mon souvenir, l'autoroute est d'abord dégradée, pour redevenir excellente ensuite.

 

Nous passions à proximité de Gyor, puis de Tatabanya, puis par le ring (périphérique) de Budapest, où nous tombons sur un important embouteillage.

 

C’est à ce moment que l’application Waze nous propose une voie alternative pour traverser la Romanie pour rejoindre la Frontière ukrainienne, le point de passage que nous avions choisi pour nous rapprocher de notre destination finale Tatarbunary, qui nous ferait gagner plusieurs heures (?), proposition que nous acception.

 

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Le trajet choisi.

 

En Hongrie, nous passons à proximité des villes de Kecskemét, Szeged, via l’autoroute M5.

 

Nous subissons une demi-heure d'attente à la frontière roumaine.

Le lecteur de carte pour la vignette roumaine étant en panne, Jean-Claude a été obligé de la payer en liquide.

En Roumanie, nous sommes passés à proximité de Arad, Timisoara, Deva, Sibiu, Brasov, Galati.

 

Le soir, nous franchissons la frontière, entre la Hongrie et la Roumanie, vers 18h40.

Après la frontière, où nous attendons que 10 mn, l’autoroute ne dure pas longtemps et nous roulons dans la nuit, sur une assez mauvaise route très chargée.

A 22h30, nous faisons une pause dîner. 

Puis, vers 23h30, nous allons dormir.

 

4.3        Le jeudi 3 août 2023

 

A 8h, nous repartons et nous faisons une pause à 9h30 à Sibiu, où nous refaisons le plein avec 75 litres.

Après Sibiu, surgit à notre droite, dans une vaste plaine, une magnifique chaîne de montagne, extrêmement raide, qui doit se dresser à plus de mille mètre de haut. Nous pouvons supposer que la tectonique des plaques doit être très active ici[21].

 

Waze nous a conduit par le sud, par une route remplie de virages, traversant la chaîne montagneuse des Carpates.

 

Après Brașov, nous traversons cette chaîne et la route devient difficile, faite de milliers de virages et d’épingles à cheveux. Les paysages de forêts profondes emplies de conifères sont magnifiques. Sur notre route, nous rencontrons régulièrement des chalets _ de grands et jolis hôtels / restaurants, pour y passer ses vacances.

 

A un moment donné, le moteur de notre camionnette perd toute sa puissance. Elle se traîne désormais à chaque montée. Un voyant, le « témoin moteur », s’allume sur le tableau de bord semblant indiquer un problème de pollution du pot catalytique. Nous nous demandons si c’est le turbo qui a un problème ou si un capteur connaît un dysfonctionnement.  C’est inquiétant et pénible.

 

Après cette difficile traversée, arrivés à Focșani, nous retrouvons des plaines et des nationales à deux voies assez droites souvent très chargées où il est impossible de doubler.

 

Lors de notre pause à Galati, Jean-Claude se rend à une animalerie et y achète 100 kg de croquettes, avec dix sacs de 10 kg, dont il fera don à Natalya, pour son refuge, lors de notre arrivée. 

 

Nous faisons une pause vers 10h45, puis vers 14h45 à Galati, puis vers 17h15, à Giurgiulești, une ville située aux frontières avec la Roumanie, la Moldavie et l'Ukraine (qui est aussi une ville portuaire sur le Danube, que nous ne franchirons pas).

 

Waze nous a conduit jusqu’à un poste frontière ukrainien, heureusement sans avoir à traverser le Danube sur un ferry, ce qui pourrait représenter un risque supplémentaire en cas de bombardement.

 

5         Notre passage de la Frontière ukrainienne à Giurgiulești

 

Le poste, pour entrer en Ukraine, est, en fait, composé de trois postes frontières : 1) un roumain, 2) un moldave, parce que l'on traverse la Moldavie sur quelques kilomètres, et enfin 3) un ukrainien.

Ce qui complique d’autant ce passage.

 

Ce qui m’étonne est que cette frontière semble totalement « anonyme », avec aucune indication que nous nous dirigeons vers l’Ukraine et aucun drapeau ukrainien. A Giurgiulești, nous n’avons pas vu de panneaux indicateurs désignant la bonne route vers la frontière ukrainienne.

La file de camions semble longue, la file de voitures, dans laquelle nous nous sommes insérés, courte.

Toutes les plaques sont ukrainiennes, roumaines ou moldaves.

 

Avant d’arriver au poste frontière, nous avons aperçu au loin les grues du port fluvial de Giurgiulești, sur le Danube.

 

Comme nous traversons la Moldavie sur une courte distance _ sur 10 km, je crois _, nous devons aussi payer la vignette moldave, pour une journée. Pour Jean-Claude, c’est une ¨arnaque¨, non signalée par notre application GPS Waze.

 

Les douaniers ukrainiens semblent particulièrement suspicieux. Ils font venir Jean-Claude dans leurs locaux pour vérifier le bordereau de transport de l’ambulance, indiquant tout le contenu de celle-ci.

 

Durant trois heures, je n’ai plus aucune nouvelle de Jean-Claude. Et je commence à me faire vraiment du mouron, d’autant que je n’arrive pas à le joindre par mon téléphone, comme si le réseau ne passe pas, tandis que je ne reçois aucun coup de fils de Jean-Claude.

 

J’interroge les douaniers, qui me répondent que Jean-Claude a des problèmes avec ses papiers, une réponse augmentant d’autant mon inquiétude. Et je ne peux pas le rejoindre. J’imagine le pire, comme le fait que nous allons être refoulés à la frontière, ou bien que la déclaration de la Kétamine, une produit stupéfiant, dans le bordereau, aurait posé problème.

 

Pour m’occuper et tuer le temps, j’achète, dans la boutique Duty Free de la frontière, un énorme sac de 500 gr de bonbons et une énorme boîte de Tic-Tac de 228 gr, contenant 60 mini-boites de Tic-Tac.

J’observe aussi la myriade de moineaux bruyants, logeant dans les genévriers bordant le poste frontière.

 

Nous sommes arrivés à 17h15. Trois heures d’attente après, à 22h15, Jean-Claude (JC) sort enfin de la douane et me raconte ce qu’il s’est passé. Il s’étonne d’ailleurs du fait que je n’aie pas reçu son SMS exposant sa situation de blocage (une absence de nouvelles de sa part, qui a été la cause de ma forte inquiétude).

 

Il me dit être resté trois heures à discuter avec un douanier ukrainien qui ne parlait que l’ukrainien et qui était particulièrement borné, qui lui demandait pourquoi les croquettes n’avaient pas été signalées pas sur les bordereau de livraison _ un bordereau d'inventaire des affaires transportées dans l'ambulance, de 35 pages, trilingue, préparé par Karine présidente de Résilience internationale, qui appuie, comme je l’ai déjà indiqué, pour partie, financièrement et moralement notre mission. Or Karine avait oublié de signer, en bas, certaines pages.

 

Heureusement, JC a pu échanger en ukrainien, avec ce douanier, grâce à l’application Google translator.

JC, à distance via Internet, a alors fait jouer toutes ses relations, afin de contacter Karine, en France, et obtenir d’elle qu’elle renvoie, par email au douanier, le bordereau d’expédition corrigé et complété, incluant une référence ou description des 10 sacs de croquettes et dont les pages sont, cette fois-ci, toutes signées.

 

Nous repartons vers 23h30 _ 22h30 heure française, le décalage horaire étant d’une heure entre la France et l’Ukraine. Il fait déjà nuit.

 

6         Le blocage intempestif de nos abonnements téléphoniques

 

Nous avons la surprise de constater que nos opérateurs téléphoniques (Free et Bouygues) nous ont coupé tout accès à Internet, à cause d’un « encourt de 60€ dépassé ».

Mon opérateur Free me propose de trouver un ordinateur pour changer cet encourt dans mon abonnement.

Quant à l’opérateur Bouygues de JC, il propose de payer directement, sur son Smartphone, directement 30€, tous les 3 jours, pour lever à chaque fois la survenue de ce blocage téléphonique.

JC décide de payer immédiatement ces 30€, ce qui provoquera ensuite des surcoûts téléphoniques élevés, sur son abonnement téléphonique. Mais ce paiement ne provoquera pas le déblocage immédiat de la communication sur Internet et donc le déblocage de Waze.

 

Alors qu’en France, avec nos abonnements téléphoniques, nous avons une possibilité de téléchargement illimitée en Go de données, nous comprenons que dès que nous avons franchi les frontière, le coût du téléchargement de Go de données devient élevé. A chaque fois, que nous franchissions une frontière, notre opérateur nous le prévenais, nous indiquant les nouveaux tarifs, mais nous ne prévenant pas qu’on risquerait d’avoir des surcoûts téléphoniques élevés, dès que l’on quitte la France.

Or les applications GPS téléchargent, en permanence, énormément de Go de données. C’est ainsi que nous avons atteint notre encourt téléphonique, sans nous en rendre compte.

 

Nous ne sommes, quand même, plutôt mécontents de nos opérateurs, en raison de ce genre de procédé, alors qu’il n’y a aucun raison que ces frais téléphoniques deviennent soudainement si élevés, dès le passage des frontières (par exemple, durant ce mois d’août, à cause de deux dépassement d’encours de 60€, ma facture téléphonique est passé d’environ 30€ à plus de 120€. Quant à la facture de Jean-Claude, je ne connais pas son montant, mais elle a dû être salée).

 

En plus, à cause de ce blocage surprise intempestif, nous n’avions pas pu prévenir Natalya que nous arriverons, chez elle, avec trois heures de retard.

 

7         Notre entrée en Ukraine

 

Nous ne pouvons plus utiliser Waze et nous sommes totalement perdus.

Être privé de GPS au milieu de la nuit, dans un pays inconnu en guerre, était stressant. C’est grave.

 

Après la frontière, énormément de camions sont garés au bord de la route, leur chauffeurs se reposant dans leur cabine, pour la nuit.

 

Un homme en uniforme, va à la rencontre de tous les chauffeurs, semblant proposer des billets. Mais comme il parle en ukrainien (ou russe), nous ne comprenons pas ce qu’il dit. Sur le moment, je croyais que c’était des billet pour le ferry, que j’avais vu sur le trajet proposé par l’application Google Map, avant mon départ[22].

En fait, comme je le comprendrais plus tard, en passant la frontière à Giurgiulești, nous passons au Nord du Danube. Nous ne ferons que le tangenter, sans jamais le traverser. Mais dans la nuit, nous pouvons nous en apercevoir.

 

Depuis la frontière, informés par un ami en France, nous savions que la nationale que nous devons emprunter est remplie d’un flot de camions de grains, venaient d'Odessa, une noria de camions céréaliers, destinée à contourner le blocus des ports céréaliers par les Russes. Et donc dès le début nous savions qu'il fallait suivre le flot de camions.

Mais à un moment donné, nous nous trompons de route et nous perdons de vue ce flot. A cause de ses connaissances du russes, Jean-Claude interroge un chauffeur qui nous remet sur le bon chemin, la route nationale M-15 (E87), celle au trafic très chargée en camions.

 

La « bataille du grain » :

 

Nous apprendrons ultérieurement, que ce flot incessant de milliers de camions[23], roulant plutôt vite, jour et nuit, est destiné à transporter les céréales ukrainiennes vers les ports roumains, les infrastructures des ports céréaliers ukrainiens (d’Odessa, Nikolaiv, Izmaïl …), ayant été détruits par les bombardements russes. En effet, mille camions céréaliers correspond à un cargo céréalier. Cette nationale est donc devenue une sorte de « voie sacrée », afin de gagner la « bataille du grain », face à la volonté de destruction russe des ressources ukrainiennes, y compris de leurs ressources alimentaires.

Je suis impressionné par la combativité et la résistance du peuple ukrainien, luttant pour sa liberté, face au Kremlin, cherchant à le faire plier, soumettre, écraser, à sa volonté, son diktat, sa tyrannie et sa barbarie.

Dans ce flot, il y a essentiellement des camions céréaliers mais aussi beaucoup de camions citerne apportant le carburant dont ont besoin les Ukrainiens … les Russes ayant déjà bombardé leurs dépôts de carburants et leurs centrales électriques.

 

Avant d’arriver en Ukraine, l’on nous avait dit que les Ukrainiens avaient retiré les panneaux des noms de villages, plantés à leur entrée, afin d’empêcher l’ennemi russe de retrouver leur route. C’est notre hantise, ne plus retrouver de panneaux des noms des villages, sur notre route.

 

Je déploie la carte routière de l’Ukraine, que j’avais achetée en France, et essaye de nous diriger grâce à elle, tout en lisant les indications des panneaux indicateurs en ukrainien … ce qui n’est pas aisé à cause de mon absence de connaissance de l’alphabet cyrillique.

 

A un moment donné, Jean-Claude se trompe de route, je le lui signale et le flot de camions se tarit immédiatement. Nous faisons demi-tour et, heureusement, un check-point de militaires ukrainiens nous remet sur la bonne route. Et nous retrouvons et rejoignons le flot ininterrompu de camions.

 

Sur notre trajet, nous longeons des grandes lagunes vaguement éclairées par la lune, et passons par les villes de Reni et Izmail.

 

Jean-Claude sait que Natalya vit dans le village de Bilolissya, située à 6 km après la ville de Tatarbunary, le long de la nationale M-15 et en même temps un peu à l’écart de celle-ci.

 

La connexion internet n'a été rétablie qu'après notre arrivée à Bilolissya. C'est pourquoi Jean-Claude ne pouvait accéder à l'adresse de Natalya, qui était pourtant bien présente dans ses données, même s'il ne l'avait pas notée sur un papier, puisque cette adresse était dans son Messenger. Mais il fallait un accès internet pour l'afficher. Heureusement, c'est grâce à Arlette, une amie, d'abord (que Jean-Claude a pu contacter au téléphone) puis Karine (informée par Arlette) que nous avons pu renouer le contact avec Natalya.

 

Après bien des pérégrinations, nous arrivons sur la place centrale du village Bilolissya, située à côté de son église, dont seul le portail de son jardin clos était éclairé, dans la nuit. Il est maintenant 2h du matin. Nous sommes le 4 août. Nous sommes vraiment fatigués.

Natalya nous rejoint à pied et nous conduit à sa maison, située à proximité.

 

8         Notre vie quotidienne à Bilolissya et à Tatarbunary

 

8.1        Le vendredi 4 août 2023

 

Après le petit-déjeuner, Natalya nous conduit auprès de Vladimir, le gérant d’une pharmacie vétérinaire, située à Tatarbunary, ce dernier nous proposant de louer le grand local, attenant à la pharmacie, pour l’équivalent de 125€ (pour le mois). Opérer dans ce grand local semblant plus pratique que dans l’ambulance, Jean-Claude décide de le louer et d’y installer notre « dispensaire vétérinaire temporaire ».

Le local étant assez sale, rempli de crottes de souris, nous le nettoyons. Puis Jean-Claude y transfert tout son équipement et matériel vétérinaire.

 

Dans l’après-midi, Igor Zhurin, un vétérinaire d’Odessa, contacté auparavant par JC, avant notre départ, est arrivé (d’Odessa) avec son épouse, pour nous apporter une centaine de puces électroniques (micro-chips) ukrainiennes, une centaine de certificats de vaccinations et une centaine de doses de vaccins contre la rage … plus deux bouteilles de vin ukrainien.

 

Vremia, un étudiant de 21 ans, qui se révèlera être le seul « client » parmi les autres, qui parle anglais couramment, était venu demander si l’on pouvait stériliser son chien. Par la suite, nous deviendrons amis.

 

JC avec des électriciens locaux essaye de faire fonctionner les moteurs électriques de la table métallique de l’ambulance, normalement destinée à servir de table d’opération, et de la faire monter. Mais sans aucun résultat.

Pour la table d’opération, quelqu’un trouve un table en bois que Jean-Claude surélève avec des parpaings et des cales en bois, … cales que JC ajuste lui-même, grâce au matériel de bricolage, qu’il a emmené avec lui.

 

Cet après-midi, première alerte aérienne, à Tartarbunary, par le retentissement d’une sirène, pour signaler un tir de roquettes russes. Un second coup de sirène, 5 mn après ,pour signaler la fin de l'alerte.

Il semblerait que c'était une fausse alerte.

Ce qui m'a frappé est que les gens restaient imperturbables et continuaient à vaquer à leurs occupations, comme si de rien n'était. De toute façon nous étions trop loin de l'abri, s’il y en a un, pour le rejoindre à temps.

 

En effet, pour parer à tout imprévu, JC a emporté une énorme quantité de matériel de bricolage, qui se révélera ultérieurement être d’un précieux secours. Le soir, la salle d’opération est prête, avec son diffuseur de gaz anesthésique, son concentrateur d’oxygène, etc.

Durant les 20 jours de notre présence dans ce local, nous n’aurons jamais à subir de coupures d’électricité, sauf une fois. Ce qui est fort heureux.

 

Chaque soir, Natalya nous offre un repas, qu’elle prépare toujours elle-même, plutôt bon et surtout très copieux. Les tomates, ici, on du goût. Durant notre séjour, nous mangeons trop et ne risquons pas de maigrir. Les plats sont mis tous en même temps sur la table et tout le monde se sert comme il veut. Le premier soir, nous mangeons avec de beaux couverts en vermeil. Nous découvrons que le vin qu’Igor, nous a offert à notre arrivé, est en fait un Porto. Il est madérisé.

A une autre occasion, le propriétaire d’un chien nous a fait cadeau d'un grand tupperware rempli d'une salade de riz à la viande, d’un poids de 2kg, vraiment excellente. Comme je l’ai déjà dit, la cuisine ukrainienne est plutôt bonne.

 

Natalya, russophone, qui nous héberge se dit une chrétienne pacifique. Mais elle m'a dit que si les "orques" (les Russes) venaient ici, dans le secteur calme de Tartarbunary, elle participerait à la défense contre eux.

Son fils aîné, ayant 16 ans, qui se déclare lui aussi pacifique, veut échapper à la conscription.

 

Une image contenant personne, homme, habits, femme

Description générée automatiquement

 

Ce soir, elle a organisé un grand repas, où sont présents Sacha, son compagnon, un ami de Sacha, celui qui creuse une tranchée dans la cour, et elle a invité un membre de sa famille, qui revient du front et a combattu à Bakhmut et dans l'oblast de Donetsk.

Ce dernier reste silencieux et ne souhaite pas parler de ce qu’il a vécu là-bas.

 

J’avais apporté un ensemble de gamelles de camping en aluminium, une tête de réchaud à gaz avec sa cartouche de gaz, un réchaud à alcool, pour en faire cadeau à un soldat du front ou à une personne vivant dans la précarité sur le front. Je propose à Natalya qu’elle en fasse cadeau à ce combattant. Mais durant les 20 jours de notre séjours, mes cadeau resteront sur une étagère dans la cuisine.

 

8.2        Le samedi 5 août 2023

 

En fait, le refuge de Natalya (ou Natacha) n’existe pas. En réalité, elle a recueilli une soixantaine de chats, qui restent désœuvrés dans la cour de sa maison, au sol couvert de gros cailloux _ une sorte de ballast _, servant d’immense litière à ciel ouvert. Cela ne sent pas bon et cela ne nous paraît pas très hygiénique.

 

J’avais peur que Natalya souffre du « syndrome de Noé[24] ». Mais sa maison reste relativement propre.

Pour cela, Natalya interdit aux chats de pénétrer dans sa maison, même si certains contrevenants cherchent, sans cesse, à se faufiler rapidement dans la maison, dès qu’on ouvre une porte.

 

Dans les jours qui suivent, j’ai pu constater qu’elle nourrit correctement ses très nombreux chats, avec une bouillie mélangeant viande de poulet et riz.

 

Natalya est plutôt une jolie femme blonde (de 45 à 50 ans), souvent un peu trop maquillée à mon goût.

Son fils aîné, 16 ans, Svatoslavk, est blond, et son fils cadet, Eddy, 8 ans, châtain-blond.

Plus tard, je remarquerais que beaucoup d’Ukrainiennes, assez jolies, ayant le type slave, ne peuvent s’empêcher de fortement se maquiller ou de s’apprêter excessivement.

 

Natalya est souvent habillée en blanc et s’agite tout le temps. Concernant ses multiples actions pour sauver les chats dans la région, elle est au téléphone, à longueur de journée. Et à chaque instant, ses deux smartphones sonnent. A cause de son activité ou agitation incessantes, je l’ai surnommée la « tornade blanche ».

 

La maison de Natalya est de plain-pied, avec une toiture et un grenier, tout en longueur, avec une série de chambres, reliées entre elles par un long couloir vitré, aux murs recouverts d’une peinture brillante rose. Une cuisine, peinte en blanc, par laquelle nous pénétrons par une porte séparée, différentes de celle pour accéder au long couloir, est séparée de la maison. Pour aller de la maison à la cuisine, il faut sortir dehors.

La fenêtre de la cuisine est obturée par une moustiquaire, contre les mouches liées aux crottes de chats dans la cour. Ce qui n’empêche pas les mouches de venir dans la cuisine.

La cuisine est décorée avec des jardinières remplies de fleurs artificielles.

Toutes les chaises, dans la pièce, sont recouvert de film cellophane, probablement pour les protéger contre les chiures de mouches. 

En face mon lit, il y a une grande table, phosphorescente la nuit, et un grande armoire à pharmacie vétérinaire, mais ne contenant pas ni alcool, ni autres désinfectants (type Betadine …)[25].

 

Je vais dormir sur un canapé convertible _ dur comme du bois _ dans la cuisine, tandis que Jean-Claude ira dormir directement sur le sol du grenier. Heureusement, il possède deux volumineux sacs de couchage, amortissant la dureté du sol.

Le soir, il arrive à dormir immédiatement comme un bébé, malgré la chaleur dans le grenier.

Jean-Claude ne semble pas souffrir de la chaleur, peut-être parce qu’il a vécu durant onze ans en Afrique, dont cinq ans au Tchad, où la température pouvait y atteindre 50°C à l’ombre. D’après son témoignage, à de telles températures, toute transpiration disparaît instantanément. Nous avons alors l’impression de ne pas transpirer. Seules restent des auréoles de sels sous les bras. Par de telles chaleurs, nous sommes obligés de boire au moins cinq litres d’eau par jour. A Tatarbunary, à cause de la chaleur, nous buvons aussi beaucoup d’eau.

 

A l’inverse, j’ai plus de mal à m’endormir à cause des mouches, qui ne cessent leur manège qu’à la nuit tombée.

Heureusement, il fait plus frais durant la nuit.

 

Le toit n’est pas équipé de gouttière, comme pour la plupart des maisons du village de Bilolissya. Une partie de celui-ci sert d’impluvium vers un tuyau d’écoulement des eaux du toit débouchant par une citerne d’eau, non recouverte d’un couvercle, laissée à ciel ouvert, où les chats vont s’abreuver.

 

A 10h, dans le local dédié à Tatarbunary, Jean-Claude a reçu ses premiers « patients » et commencé ses opérations de stérilisations d’animaux, de leur vaccination contre la rage _ maladie présente en Ukraine, de leur puçage avec les puces ukrainiennes apportées par Igor.

 

A chaque opération, JC utilise une quinzaine d’instruments chirurgicaux.

 

Mon travail d’assistant vétérinaire, pour seconder JC, consiste à (voir ci-dessous) :

 

·         A recevoir les « clients », c'est-à-dire les maîtres avec leurs animaux (chiens et chats), à obtenir d’eux ce qu’ils veulent, grâce à l’utilisation de mon application de traduction automatique « Google translator », permettant de traduire le russe ou l’ukrainien en français et réciproquement. Or ici, à Tatarbunary, beaucoup d’Ukrainiens parlent russe.

·         A à la fin de chaque opération, à nettoyer les instruments chirurgicaux, pour y ôter toute trace de sang, avec de l’eau et du produit-vaisselle (cela me prend 5 mn).

·         A stériliser les instruments chirurgicaux, en les plaçant dans une boîte métallique puis dans un four électrique, durant 40 mn à 180 °C.

·         A nettoyer les surfaces planes à l'alcool à brûler [un alcool moins cher que l’alcool médical],

·         Mais aussi pour tenir les cordes pour immobiliser l'animal, pour apporter les fils à recoudre à suturer, les seringues et aiguilles …

 

Durant l'opération, Jean Claude ne doit pas être dérangé.

Parce que le temps pour opérer une chienne femelle, une chatte femelle, un chien mâle, un chat femelle n'est pas le même, et JC n'utilise pas les mêmes instruments chirurgicaux (les mêmes doses de sédatifs, d'anesthésiques, de produits de réveil).

Je dois fournir ou stériliser, au four, les instruments dans le bon ordre.

Le chien ou le chat restent en cage ou attachés pendant 2 ou 3 heures après l'opération.

Et les maîtres sont prévenus de l'heure à laquelle ils doivent revenir chercher leur animal, en général, trois heures après.

 

Mon travail, très simple (basique), se révèle au fil des 20 jours assez monotone, pas très palpitant.

Comme je suis habituellement un hyperactif, durant les opérations (30 mn à 1h) et les pause, je m'ennuie. Je suis en sous-charge, cherchant à m'occuper. Les jours s'écoulent, avec l'impression d'une certaine monotonie.

Heureusement, Jean-Claude me permet d’aller me balader, durant 30 mn maximum. Souvent, je me rends alors au supermarché ATB ou dans d’autres magasins.

 

Jean-Claude vérifie si la femelle est gestante, avec l’écographe.

 

La foule dans le dispensaire. Jean-Claude va bientôt y mettre le holà !

Tandis que Vremia tient la chienne, Jean-Claude passe la sonde de l’écographe sur son ventre.

Jean-Claude procède à l’ablation de l’utérus, rempli de fœtus, de cette chienne gestante.

 

Nos « clients » (les propriétaires des animaux) sont plutôt bienveillants.

Sachant que nous sommes venus en Ukraine pour les aider, ils sont toujours prêts à nous aider.

Une dame est venue bénévolement nettoyer le local, qui était très sale _ plus d’une fois _, et elle nous a laissé une balayette et un produit type Ajax.

Plus fois, des personnes nous ont donné de la nourriture pour nous remercier, un tupperware rempli de nourriture, des sandwichs et des pourboires _ comme ces 200 hryvnia (environ 5€), hier ...

 

Le problème est que les gens ne savent pas utiliser Google translate et semblent surpris d’avoir à parler dans le micro de mon smartphone. Comme je ne parle pas russe, contrairement à Jean-Claude, cet état de fait est une source régulière de quiproquos et d’incompréhensions.

 

JC s’est fixé comme objectif de stériliser cent animaux en 20 jours. Y parviendra-t-il ?

 

Comme durant les opérations, JC doit être très concentré et donc ne doit pas être dérangé, mais qu’il est régulièrement dérangé par le ballet incessant de « clients » pénétrant dans le local, à n’importe quel moment, sans respecter l’heure de rendez-vous que Natalya leur a fixé, il fait sortir ces derniers sans ménagement.

 

Il n’hésite pas alors à les engueuler en russe et à les faire sortir du local illico presto ou manu militari. Il donne alors l’impression d’agir avec la même autorité que celle d’un grand professeur ou d’un grand ponte.

 

Natalya semble avoir enfin compris qu'avec son groupe Facebook où les clients la contacte, elle peut organiser un planning précis [ce qui évite l’arrivée dans le désordre des clients].

En effet, j'avais expliqué à Natalya que Jean-Claude doit être concentré durant les opérations et ne veut pas être dérangé quand il opère. Or dans la salle, il est le seul d'entre nous deux qui parle russe, donc c’est lui qui est régulièrement sollicité.

 

Il voudrait que cette salle soit gérée comme un vraie salle d’opération. Qu'en fonction d'un agenda des rendez-vous, tenu par Natalya, il veut qu’elle dise au client « toi tu viens à telle heure, toi à telle autre heure » et inscrive ou mets à jour ces rendez-vous dans l'agenda. C'est elle qui doit fixer les heures de ces rendez-vous en fonction des disponibilités dans son agenda.

 

A la longue, malgré quelques « couacs », l’arrivée des « clients » devient de mieux organisée. C’est maintenant Natalya qui fixe la date et l’heure du RdV, qu’elle communique, à Jean-Claude, en précisant le nom du propriétaire, l’animal concerné, son nom, son sexe, son âge …

 

Natalya utilise aussi sa page Facebook pour lancer régulièrement des appels à l’aide financière auprès de ses followers, concernant l’achat de la nourriture pour ses protégés félins voire et afin de payer leurs soins vétérinaires.

A noter qu’à Tatarbunary et dans sa région, il n’existe aucun vétérinaire, uniquement la pharmacie vétérinaire, voisine de notre local.

 

Le long des grandes routes et dans les villes ukrainiennes, nous avons actuellement des panneaux commémorant les soldats tombés au combat, glorifiant les papas soldats etc.

 

En allant faire mes courses au supermarché, j’ai le temps de photographier des panneaux publicitaires patriotiques le long de la M-15 :

 

Bonne journée de protection. Que chaque enfant soit heureux ! Le maire Andreï Hlouchtchenko.

3. Journée des enfants ! Que chaque enfant soit heureux sous un ciel paisible ! Le maire Andreï Hlouschtchenko.

Ma chère, ma famille et amie bien-aimée ! Je vous félicite pour cette journée si merveilleuse - votre anniversaire ! Je te souhaite du bonheur ... Le vrai bonheur féminin ! Laissez votre belle âme s'épanouir chaque jour, comme une fleur au printemps ! N'oublie pas à quel point tu es belle !

J'aime et je suis fier de mon amitié avec toi ! Nous nous connaissons par cœur. Nous savons que tu m'as toujours, et je t'ai toujours ! Soyez heureuse, ma chérie ! Joyeux anniversaire.

KOVALENKO OLEKSANDR BORISOVYCH 09.09.1987-27.07.2022 est né dans la ville de Tatarbounary. Région d'Odessa. Capitaine de police. Décédé dans la ville de Bakhmut, région de Donetsk. Il a protégé l'Ukraine pendant la mise en oeuvre. Tâche officielle. NOUS VOUS AIMONS, VOUS NOUS MANQUEZ, NOUS NOUS SOUVENONS DE VOUS !

 

Les journées sont longues. Chaque matin, après nous être levés à 6h, nous partons de la maison de Natalya vers la N-15, via une piste en terre, pleine de nids de poules. Dans le village, hormis la rue conduisant à l’église, toutes les rues sont des pistes en terre.

 

A Bilolissya et dans la région, j’observe une invasion de plantes invasives, telles que les robiniers, les oliviers de Bohème (Elaeagnus angustifolia), des arbustes, et les amarantes réfléchies (des mauvaises herbes).

Heureusement, on trouve encore des hirondelles et quelques cigognes, au-dessus et autour du village.

Ici les oies, pintades, poules, moutons et chèvres sont en liberté. Les vaches, elles, sont attachées à une corde.

 

Arrivé au dispensaire à Tatarbunary, nous commençons notre travail, vers 7h15 Et nous terminons, fatigués, vers 16h30, après avoir pris un café (soluble) matinal, chez Natalya.

Le soir, pour nous détendre, nous allons souvent boire une bière, dans le bar, attenant à notre local. Ce bar vend aussi du poisson séché.

 

Au début, dans notre local vétérinaire à Tatarbunary, nous n’avons pas ni machine à café, ni bouilloire. Je regrette que je n’aie pas amené une machine à café Senseo avec ses dosettes. Plus tard, nous achèterons sur place une bouilloire et nous prendrons notre tasse de café soluble sur place.

 

Nous travaillons même le dimanche. Donc aucun jour de repos, jusque presque quasiment la fin de notre séjour. En effet, les demandes de stérilisations sont nombreuses et sachant que les prestations de Jean-Claude sont gratuites, les maîtres ou propriétaires des chats et chiens, souvent pauvres, sont alors nombreux à s’inscrire dans la file d’attente des rendez-vous organisée par Natalya.

 

Je suis très impressionné par Jean-Claude. Malgré un rythme de stakhanoviste, arrivant à stériliser les mâles en 30 mn et les femelles en 1 h, avec juste des pauses de 5 mn _ pause durant la période d’endormissement de l’animal à stériliser (après injection d’un produit anesthésique) _, Jean-Claude ne semble jamais fatigué.

 

C’est une des rares personnes qui arrive à aussi dormir à volonté, immédiatement, comme sur commande, tout comme le navigateur Tabarly et certains skippers, lors des courses à la voile autour du monde.

 

La nuit, j’entends régulièrement un concert d’aboiement des chiens du villages _ Natalya possédant elle-même cinq chiens, confinés dans un grand jardin potager, clos de murs, séparé de la « cour aux chats », par une porte. Puis au loin le ronronnement sourd des milliers camions roulant toute la nuit sur la M-15.

 

8.3        Le dimanche 6 août

 

En France, nous avons tout à disposition, y compris à la campagne. Mais ici pas d’hypermarché Leclerc, pas de Gifi, pas de dépôt-vente solidaire (type Emmaüs …).

Dans toute la ville, je chercherais un table de camping, pour le local, mais impossible d’en trouver une, sauf une à 150€ ( !), dans un magasin d’article de chasse et de pêche.

 

Heureusement, au centre de Tatarbunary, il existe un grand supermarché ATB. A l’entrée, on trouve plusieurs bacs remplis de promotions. Mais en 20 jours, je constaterais que pas un seul des produits, dépassant les 10€, disparaît, tels que deux sacs de couchage à environ 10€, un barbecue à 7,50€, une chaise longue relax, rembourrée, à 50€ …

 

Beaucoup de gens semblent vivre dans la précarité et la pauvreté. Et cette guerre n'a pas arrangé les choses.

 

Selon Natalya, « Le fait que les gens ne savent pas ce que le lendemain sera fait, à cause de la guerre, renforce leur précarité ».

 

Quand il manque quelque chose, ici nous recourons au système D, comme pour la fabrication de la table d'opération ...

 

Voici ce que Natalya m'écrivait, pour m’expliquer sa précarité :

 

« Je suis enseignant de formation. Mais il n'y a pas de licenciements en ce moment.  Sasha reçoit une pension d'invalidité.  [car, ] il a une opération dans son cœur .  Le fils aide l'aîné. Il travaille à Odessa.  Et quand c'est vraiment dur, il n'y a pas de nourriture pour le refuge.  Je dois ouvrir une collecte pour la nourriture du refuge.

 

Je suis enseignante depuis 7 ans maintenant. [Mais] il n'y a pas de places scolaires dans le village [de Bilolissya].

 

Il n'y a pas de projet [ici].  Nous vivons d’un jour sur l'autre [au jour le jour].  Et si demain ils bombardaient ... [on ne sait pas, ce que demain sera fait] ».

 

Comme Natalya nous fait aussi comprendre, par ce message, qu’elle est très pauvre, je vais donc chercher 4000 Hryvnia (l’équivalent d’environ 105€) au distributeur de billet (d’une banque), pour les lui remettre.

 

D’après ce que m’ont relaté Natalya et Sacha, il vivent au jour le jour, d'expédients, de charité en rapport à sa mission pour les chat et Sacha avec sa petite pension d'invalidité. A cause de son invalidité, Sacha n’est pas incorporé dans l’armée.

 

Dès le départ, nous nous sommes proposés de payer la nourriture, ce qui visiblement a constitué un soulagement pour Natalya.

 

Natalya se plie en quatre, tout le temps, pour nous, nous préparant de [trop] beaux repas. Si je ne retrouve pas une chaussure, elle va arrêter son occupation et va tout faire pour la retrouver... Sa priorité, nous rendre service. C’est excessif et cela en devient même gênant.

 

Ce dimanche, les maîtres avec leurs animaux étaient déjà là à attendre tôt le matin. Déjà maintenant, à 9h39, heure locale, la chaleur revient ! 🥵

 

Dans la journée, les conditions sont africaines : chaleur de 32°C hier avec humidité de 97%. Depuis 4 jours, pas d'eau ou plutôt problème de l'eau à Bilolissya, chez Natalya. Nous nous lavons, dans le lavabo dans la petite salle de bain de notre local-dispensaire à Tartarbunary, et nous y lavons aussi nos vêtements.

 

Il n'y a pas de pommeau de douche, juste un tuyau. Pour y remédier, j'ai acheté un pommeau de douche et le tuyau de raccordement, qui va avec, hier, au supermarché ATB (АТБ), situé à proximité du local …

 

A noter que ce magasin ATB est ouvert, tous les jours, même le dimanche, de 5h30 du matin à 23h30 !

Ce que j’appelle des « horaires de fou ». Je voudrais bien connaître les droits sociaux de ses employés.

Sinon, ce supermarché impose un couvre-feu pour les alcools (y compris pour la bière), de 22h à 9h du matin.

 

Le soir, quand nous voulons installer le pommeau de douche, nous constatons qu’il n’y aucune clé anglaise, ni clé de 16, au domicile de Natalya. Heureusement, Jean-Claude avait emporté tous les outils possibles, dans l’ambulance, et nous pouvons installer ce pommeau, pour la satisfaction de tout le monde.

 

Nous souffrons de problème de manque d’eau dans la salle de bain, depuis notre arrivée. L’eau du village vient d’un puits artésien. La conduite, enterrée, amenant « l’eau de ville » vers la maison de Natalya est trop fragile et se fend régulièrement. Le compagnon de Natalya, Sacha, un doux géant, et un de ses amis sont en train de creuser une tranchée dans la cour des chats, pour tenter de repérer la fuite et la réparer.

 

La plupart des tuyaux d’eau dans la maison sont en PVC et non en cuivre (ou en métal), donc certainement fragiles.

 

Dans celle-ci, il y a une deux machines à laver, une moderne que je n’ai jamais vu marcher et une autre, plus ancienne, datant peut-être de l’URSS, au tambour vertical étroit, en marche (quand l’eau est rétablie). Un énorme congélateur ne fonctionne pas. Dans la grande chambre de Natalya et Sacha, il y a une grand téléviseur plat, que je n’ai jamais vu fonctionner.

 

Il semblerait que le manque d’argent fait que cette belle maison semble ou reste inachevée, toujours en travaux[26].

 

Note : Mon propre frère lui affirme que la région de Lviv et de Kiev seraient plus industrialisées et plus riches que les régions du sud de l’Ukraine. Toutefois, selon le guide Ukraine de Lonely Planet, page 251, « L’Ukraine est un pays assez pauvre ».

 

Vremia vient régulièrement au local pour proposer son aide et pour discuter avec moi (sur la France, un pays qui l’intéresse beaucoup, sur la guerre etc.). Je m’aperçois qu’il est un vrai intellectuel, avec une culture universelle, s’intéressante à tout (George Orwell, Chopin, Hegel, Kant …). Et en plus, il est très intelligent, très pertinent et mûr, avec beaucoup de discernement, pour son jeune âge 21 ans.

 

Aujourd’hui, un drame survient. Un jeune chat chartreux, a subi un choc anesthésique _ il était probablement allergique au produit anesthésique _ et ne s’est pas réveillé, malgré les massages cardiaques prodigués par Jean-Claude, tandis que Vremia tenait l’animal.

 

Ce midi, une dame vient nous offrir deux sandwichs ukrainiens chauds, contenant, en général, toujours des carottes râpées. Une autre se propose de nettoyer bénévolement le local, car il se salit vite, à cause des nombreuses entrées et sorties et des particules émises par les camions dehors.

 

Les propriétaires, pour nous remercier, nous font régulièrement des dons de pourboire ou de nourritures. Ce matin, une personne nous a donné exceptionnellement 200 hryvnia[27], soit environ 5 euros. Une personne nous a même donné une bouteille de vin madérisé à 16° d’alcool et une autre, une bouteille de jus de tomate.

 

Au niveau de ses goûts, comme le père d'Audrey Tautou, dans Le « Fabuleux Destin d'Amélie Poulain », Jean-Claude est très prévisible : il adore la pastèque, le coca cola, l’eau gazeuse, la bière, … et les vieux tubes rocks des années 60 à 70. Mais il n’aime pas le jus d’orange et les jus d’agrumes. Nous aurons d’ailleurs de la pastèque, à chaque dîner.

 

L’après-midi, Ludmilla, une belle et très grande femme, aussi grande qu’une joueuse de basket, une vétérinaire ukrainienne, parlant parfaitement français[28], ayant fait ses études vétérinaire à l’école « Sup Veto Orléans », est venu nous visiter. Nous apprenons qu’elle a abandonné son activité vétérinaire, depuis six ans, depuis qu’elle élève ses deux fils. Son mari, importateur de voiture américaines à Odessa étant assez riche pour entretenir toute sa famille. Ludmilla, elle-même, est la fille d’une vétérinaire ayant exercée, toute sa vie, son métier dans un Kolkhoze. Le courant passe bien et très vite avec elle.

 

Etant donné les énormes besoins dans la région, Jean-Claude tente de convaincre Ludmilla de reprendre le pieds à l’étier, en lui montrant pendant qu’il opère, les différentes techniques chirurgicales qu’il emploie, en la guidant et en l’incitant à accomplir les mêmes gestes que lui, sous sa supervision.

 

Elle nous propose de venir voir la ferme de ses parents situés à 30 km de Tatarbunary et peut-être d’y procéder à des stérilisations.

 

Mon ami ukrainien, Andrii, m’a aidé à préparer ce voyage humanitaire.

Juste après l’agression russe de l’Ukraine, du 24 février 2024, il était parti se réfugier, avec son épouse et sa famille, au Danemark. Finalement, il a décidé de revenir, dans son pays, par patriotisme et pour l’aider, en devenant démineur, un travail dangereux. C’est fort courageux de sa part. Je lui dis « Bravo à lui ! ».

 

A Kharkiv, Andrii est lié par un contrat avec l'ONG "The Halo Trust".

« The HALO Trust », dont le nom est inscrit sur le second sac à dos bleu d’Andrii (voir sur la photo ci-dessous), est une organisation humanitaire non gouvernementale qui travaille principalement pour éliminer les mines terrestres et autres engins explosifs laissés par les conflits. Avec plus de 10 000 employés dans le monde, HALO est présent dans 28 pays. Cf. https://www.halotrust.org/

Cette dernière ONG lui a fait subir programme d'entraînement très difficile, sur le terrain d'entraînement ou de manœuvre, pendant 10 heures par jour, sept jours sur sept, durant un mois.

 

Voici ce qu’il m’écrivait après avoir réussi toutes les épreuves :

 

« Aujourd'hui j'ai réussi mon dernier examen. Je suis officiellement devenu démineur sapeur💪 et un membre à part entière de l'équipe de Halo Trust, ayant parfaitement réussi tous les examens. Je commence le travail lundi. Je suis très heureux. J'ai un excellent travail. Maintenant, j'ai 3 jours de congé.

Ensuite, je travaille dans les champs de mines. Je ne travaillerai que dans la région de Kharkiv pour l'instant ».

 

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Le sac à dos joliment personnalisé aux couleurs de l'Ukraine, par Andrii, pompier démineur ukrainien.

Photo de la combinaison de démineur, fournie par « The Halo Trust » (photo The Halo Trust).

Durant son activité de déminage, Andrii porte la même combinaison.

 

Andrii m’avait exprimé, avant mon départ, le besoin d’un sac à dos noir de 50 litres. En France, je lui avais donc acheté un sac à dos de pompier noir de 50 litres, du type SWATT.

Finalement, aujourd’hui, Ludmilla m’a aidé à l’envoyer à Andrii à Kharkiv, via le bureau de poste local de Tatarbunary. Le montant des frais d’expédition est très bas (environ 2€). Andrii le recevra deux jours après et me remerciera très chaleureusement.

 

Le soir j’écris à Karine, « C'est Tombouctou. On crève de chaud. En fait, à part l'histoire du petit chat décédé (on est dans Tchekhov et la cerisaie), tout va bien tant que le ciel ou Toutatis ne nous tombe pas sur la tête.

J'essaye d'être joyeux, mais j'ai été triste du décès du jeune chat type chartreux, […] ».

 

8.4        Langues et ethnies en Ukraine

 

J’ai appris par Vremia que l’Ukraine est un vrai melting-pot des langues.

 

Les personnes originaires d'Ukraine parlent ukrainien, une langue slave _ tout comme le russe, biélorusse et le rusyn _, la seule langue officielle du pays (67% des locuteurs), et souvent aussi russe (24% des locuteurs). Le russe est beaucoup utilisé, en raison de la domination de l'ancien empire russe et de plusieurs siècles de russification qu'a connus cette partie du pays.

Le russe domine à l’Est et au Sud du pays. Le fait que la plupart des Ukrainiens comprennent le russe couramment est dû à la proximité des deux langues et à l’intégration jusqu’en 1991 de l’Ukraine dans l’Union soviétique, mais aussi à un passé plus ancien, les deux tiers Est et Sud du pays, avec la capitale Kiev, ayant fait partie pendant plus de trois siècles de l’Empire russe, d’où la présence de 17 % de russophones usuels et, en 2001, de 29,6 % de russophones natifs.

 

Le pays comporte plusieurs langues minoritaires (9% des locuteurs), dont seul le tatar possède un statut de langue régionale, en Crimée. Les Tatars parlent aussi souvent russe. Dans l’Ouest du pays, on trouve des minorités qui parlent le polonais, le hongrois, le biélorusse, le roumain, le romani et des variantes anciennes de l’ukrainien, comme le rusyn[29].

 

J'oublie aussi la langue gagaouze, une langue turcique, très minoritaire, parlée par les Gagaouzes, peuple turcophone et chrétien orthodoxe vivant dans les régions constituant de nos jours l'Ukraine, la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie. Officiellement, il est parlé par environ 162 200 personnes et il est langue officielle en Gagaouzie, région autonome de la Moldavie, mais n'est pratiqué au quotidien que par environ 50 000 personnes, car les Gagaouzes s'expriment usuellement en russe depuis le xixe siècle[30].

 

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Carte ethnique de l’Ukraine.

 

Selon le guide Ukraine de Lonely Planet, de 2014, page 237, sur 100 personnes en Ukraine, 77 seraient ukrainiennes, 17 seraient russes et 9 d’une autre origine.

 

Ici, à Tatarbunary et Bilolissya, j’ai l’impression d’être immergé dans un monde de culture russe : les gens se réunissent dans la cuisine, tous les plats sont servis ensemble sur la table, tout le monde parle russe …

 

8.5        Les mensonges et la réécriture de l’histoire, au service d’une ambition impérialiste

 

Toute l’histoire souvent tragique des Ukrainiens est essentiellement celle de leur aspiration associée à leur lutte constante pour leur liberté _ une lutte souvent écrasée brutalement ou qui risque de l’être de nouveau, actuellement, avec cette agression russe.

 

8.5.1        Les mensonges russes

 

L’Ukraine est considéré comme le pays d’un peuple frère, le « petit frère », du fait qu’ils, Ukrainiens et Russes, sont tous les deux majoritairement slaves, orthodoxes, ayant des langues slaves proches.

Vue la Russie, l’Ukraine est considérée comme la « seconde Russie ».

Il n’y aurait pas de différence entre Russes et Ukrainiens, si ces derniers n’étaient sous la soi-disant « coupe d’un gouvernement illégitime néonazi ».

Or de nombreuses preuves montrent que la culture ukrainienne est différente de celle de la Russie, y compris au niveau de la langue, et que le peuple ukrainien a toujours été un peuple rebelle _ de l’époque des cosaques jusqu’à aujourd’hui _, ayant l’esprit de liberté et ayant toujours refusé la domination et colonisation russes.

 

Parmi les vraies raisons de cette reconquête de l’Ukraine, par la Russie, des raisons géostratégiques :

 

1)      Les industries d’armement de l’Est de l’Ukraine.

2)      Les richesses minières (charbon, fer, manganèse, titane, graphite, uranium) et industrielles de l’Est de l’Ukraine[31].

3)      Le fait que l’Ukraine est un des plus grand producteur de céréales au monde. Le fait que la Russie puisse être ainsi le plus grand producteur de céréales au monde lui permet alors de peser sur la politique internationale.

 

8.5.2        La vraie histoire souvent dramatique de l’Ukraine

 

En 1349, l’Ukraine doit faire face à l’agression du royaume de Pologne, qui s’empare de la Galicie, de sa capitale Lviv. 40 ans plus tard, le Royaume commun de Pologne-Lituanie pénètre plus en avant en Ukraine.

En 1475, le Khanat de Crimée devient un état satellite de l’Empire ottoman. Les Tatars de Crimée réduisent régulièrement les Ukrainiens, les Russes et Polonais en esclavage.

Au milieu du 15° siècle, se constitue le peuple des cosaques, qui combattent les Tatars. La communauté de guerriers cosaques la plus connue et farouche était la sitch Zaporijska.

 

En 1648, les Cosaques de l’Ukraine centrale, fatigués d’être sous domination, se soulève contre les Polonais.

En 1654, les Cosaques s’allient avec la Russie contre la Pologne et fondent leur propre état, le Hetmamat, qui n’aurait qu’une durée éphémère.

 

En 1709, les Cosaques s’allient au Suédois, afin de se soulever contre la domination russe, mais ils sont vaincus et massacrés, par les forces tsaristes (qui en exécutent un grand nombre), à la bataille de Poltava.

La Russie, sous la direction de Catherine II, la grande, intègre l’Ukraine à son empire et au 18° siècle, s’agrandit vers le Sud et y mène une véritable politique de colonisation et de russification.

En 1775, elle fait détruire la sitch Zaporijska, berceau de communauté cosaque ukrainienne, intègre la région à la province impériale de la « nouvelle Russie ».

Elle confie à Grigori Potemkine la mission d’y attirer des colons russes et de fonder des villes, qui seront Dnipropetrovsk, Sébastopol, Simferopol et Odessa.

Entre 1772 et 1775, les « partages de la Pologne » donne à la Russie la majeure partie de l’Ouest de l’Ukraine.

En 1783, la Russie conquière la Crimée et traite très durement les Tatars.

 

Le mouvement nationaliste ukrainien _ avec le poète de langue ukrainienne Taras Chevtchenko (1814-1861) _ naît, vers 1840, à Kiev.

En 1876, le Tsar Alexandre II publie un décret (oukase) interdisant l’usage de l’ukrainien, dans les publications, les pièces et les lectures publiques.

Ce mouvement se réfugie à Lviv, contrôlée par les Autrichiens, plus tolérants envers les indépendantistes.

 

A la fin du 19° siècle, la Russie tsariste industrialise l’Ukraine, devenant le centre névralgique de la production industrielle russe. On y produisait du charbon dans le bassin de Donetsk et du fer dans la région de Kyvyï Rih.

La croissance urbaine s’accéléra essentiellement à l’Est, tandis que le reste de l’Ukraine resta agricole.

Le pays, avec ses riches terres, devient la première région agricole de l’empire russe et devient sa première région industrielle après 1885.

 

8.5.2.1       La guerre civile en Ukraine

 

« Conséquence de la révolution bolchevique en février 1917 à Petrograd : la Rada ukrainienne (le conseil national) fut créée. Une République nationale ukrainienne alors proclamée à Kiev en juin 1917 avec, comme président, Mikhaïlo Hrouchevskyi. Mais cette autonomie déplaisait souverainement aux bolcheviks qui dénoncèrent la Rada comme étant l'ennemie du peuple et installèrent à Kharkov une république rivale, gouvernée par les soviets. Une guerre civile éclata, qui mettait en présence cinq armées différentes - les Rouges (bolcheviks), les Blancs, les Polonais, les Ukrainiens et les Alliés -, tandis que plusieurs bandes de Cosaques, dont la plus célèbre était menée par Nestor Makhno, un anarchiste, dévastait la région.

À en croire l'écrivain Mikhaïl Boulgakov, Kiev aurait changé 14 fois de mains en 18 mois, 14 factions différentes contrôlant Kiev.

Aussi éphémère que la République nationale ukrainienne de Kiev, la république d'Ukraine occidentale, proclamée à Lvov, en octobre 1918, et réunie avec celle de Kiev au début de 1919, fut renversée par les troupes polonaises l'été suivant. Cette année fut d'ailleurs terrible pour l'Ukraine qui subit guerre civile, famine et anarchie. Le traité de Versailles, signé en 1919 après la Première Guerre mondiale, puis le traité de Riga attribuèrent à la Pologne, à la Roumanie et à la Tchécoslovaquie, certaines régions de l'ouest de l'Ukraine, le reste passant sous contrôle soviétique. Le dirigeant nationaliste Semion Petlioura établit un gouvernement en exil mais il fut assassiné à Paris en 1926[32].

 

Les divisions entre Ukrainiens, la faible médiatisation de leur cause et le peu d’aide venue de l’extérieur (des alliés) précipitèrent la défaite des nationalistes ukrainiens face à l’armée rouge.

 

8.5.2.2       Le joug soviétique

 

Ainsi livrée aux Soviétiques, l'Ukraine participa à la fondation de l'URSS. C'était la république la plus vaste et la plus puissante soviétique après la Russie, mais, malgré ce statut de "petit frère" - ou peut-être à cause de lui -, elle fit l'objet d'un traitement particulièrement féroce. Arrivé au pouvoir en 1927, Staline la considéra laboratoire pour tester la restructuration soviétique tout en écrasant le nationalisme "nuisible". En 1932-1933, il orchestra une terrible famine puis il fit exécuter et déporter les intellectuels et les "dissidents" politiques et détruire de nombreux palais, églises et cimetières. Au cours des grandes purges de 1937-1939, on estime qu'un million de Soviétiques furent exécutés et de trois à douze millions (les chiffres étant difficile établir), envoyés dans des camps de travail : parmi eux se trouvait une forte proportion d'Ukrainiens.

 

Le "Katyn de l'Ukraine" a été révélé en 2007, quand les autorités redonnèrent une sépulture à 2 000 victimes de la police secrète soviétique (NKVD). Les assassinats eurent lieu à Bykovina, près de Kiev, dans les années 1930 et 1940, et les victimes se comptent par milliers.

 

8.5.2.3       La Seconde Guerre mondiale

 

Même pour un pays aussi malmené par l'histoire que l'Ukraine, la Seconde Guerre mondiale fut une période particulièrement sanglante et fratricide. Pris entre la Russie soviétique et l'Allemagne nazie et plongés dans la poursuite de la lutte pour l'indépendance 6 millions d'Ukrainiens, dont 1,5 million de juifs, perdirent la vie, et nombre de villes furent entièrement détruites.

En septembre 1939, l'Armée rouge envahit les régions ukrainiennes placées sous contrôle polonais. Les Allemands attaquèrent en 1941 et occupèrent la majeure partie du pays pendant plus de deux ans. Deux millions d'Ukrainiens se trouvèrent enrôlés dans l'armée soviétique et contraints de se battre aux côtés de la Russie, ce qui suscita de nombreux récriminations après la guerre (ce "débat" ressurgit de temps à autres quand il sert ls visées politiques d’un parti ou d’un autre). De nombreux partisans de l'UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) combattirent à la fois les Allemands et les Russes pour tenter d'obtenir l'indépendance.

L'armée soviétique finit par l'emporter. Elle reprit Kharkov en 1943, avant de lancer, début 1944, une offensive d'envergure, pour repousser les forces allemandes, rayant pratiquement l'Ukraine de la carte et ruinant ses espoirs d'autonomie par la même occasion. Sur ordre de Staline, des millions d'Ukrainiens furent déportés en Sibérie pour « déloyauté ou collaboration » : Parmi eux se trouvaient les Tatars de Crimée, qui furent déportés en totalité en Sibérie, en mai 1944.

 

8.5.2.4       L'après-guerre

 

L'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) poursuivit une guérilla longtemps après l'armistice européen de 1945. Jusqu'à la fin des années 1950, elle combattit les autorités soviétiques, notamment dans la région des Carpates. L'ancien partisan Stepan Bandera (dirigeant en exil de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne ou UPA) _ qui, durant la seconde guerre mondiale, s'était d'abord allié aux nazis, avant de se retourner contre eux et d'être déporté en camps de concentration, par eux _ dirigea un gouvernement ukrainien en exil jusqu'à son assassinat à Munich, par le KGB, en 1959.

L'Ukraine n'en devint pas moins rapidement un rouage important de la machine soviétique. Les régions de l'Est s'industrialisèrent avec des mines de charbon et d'acier vers Donetsk, des fabriques d'armes et de missiles à Dnipropetrovsk et un immense barrage hydroélectrique, Dniproges, près de Zaporijjia.

Zone d'une grande importance économique, stratégique et militaire pour l'empire soviétique. » ([4], page 242).

 

8.6        Le lundi 7 août

 

Jean-Claude (et moi) avons commencé tôt, ce matin, pour profiter de la fraîcheur matinale avant les grandes chaleurs du midi. Une dame, nous attendait déjà à 7h du matin avec ses deux chats.

 

En 20 jours, nous aurons tout le temps un grand soleil, avec un seul jour de pluie.

 

Durant l’intervention chirurgicale, pour éviter que l’animal bouge, Jean-Claude lui attache préalablement ses quatre pattes, par des ficelles nouées autour des pieds de la table d’opération.

 

Comme Tatarbunary est située dans une région au climat méditerranéen, qu’il y fait chaud l’été  _ le midi, nous avons souvent entre 32 et 35°C _, la chaleur, dans le local préfabriqué et non climatisé étant élevé,  plus que celle à extérieur, nous commençons tôt et, dans la journée, nous laissons la porte d’entrée et la fenêtre situé au fond du local ouvertes, sauf lorsque Jean-Claude doit immobiliser un animal _ dont il craint alors une réaction de fuite _ pour lui injecter l’anesthésiant.

 

A chaque fois qu'un chat est stérilisé, vacciné, « pucé », je prends, pour Jean-Claude, une photo du chat avec tout ce qui permet d'identifier le chat _ n° de puce, nom et prénom du propriétaire, nom du chat, sexe, âge _ et son traitement et y compris les infos sur sa vaccination contre la rage (voir la photo ci-après).

 

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Par ailleurs, le « dispensaire » (le local) est situé en bordure de la nationale M-15, surchargée de camions, qui régulièrement freinent à l’intersection proche. Donc le bruit de la nationale, que nous subissons, est énorme. En plus, durant 20 jours, nous avons dû aussi respirer beaucoup de particules fines et se prendre des doses non négligeables de polluants. Bref, les conditions de travail sont peu idéales.

Sur la nationale M-15, la noria de camions, jour et nuit, ne s’arrête jamais. Je l’entends tout le temps, même de la cuisine de la maison de Natalya, me servant de chambre à coucher.

Mais il a semblé que certains jours (le dimanche ?), les camions ne roulent pas de 8h à 18h.

 

En face de notre local, au niveau d’un arrêt de bus, j’observe les arrivées régulières de sortes taxis brousses locaux, assez nombreux et beaucoup âgés, embarquant jusqu’à une quinzaine de passagers.

 

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Le soir, nous nous rendons à la ferme des parents de Ludmilla, à l’invitation de cette dernière. La route conduisant au village est plutôt défoncée. Les rues du village sont en terre. Les panneaux routiers manquent. Heureusement, Waze nous conduit à bon port.

 

Le corps de ferme est très grand et cette ferme semble riche. Un gros pick-up Mitsubishi est garé sous un appentis. Cette ferme est remplie des animaux qu’on retrouve dans les basse-cours des fermes françaises dans les années 50 : poules, oies, lapins, cochons …

 

Les deux jeunes enfants de Ludmilla s’amusent à plonger dans un grand tas de grains de blé, déposé sur une bâche au milieux de la cour. Ses enfants semblent adorer les animaux.

 

La mère de Ludmilla nous accueille avec une sorte de ratatouille excellente et un broc rempli d’un vin ukrainien madérisé. Ici aussi, comme Natalya, cette dame nous donne trop à manger.

Celle-ci nous explique qu’elle fait son vin elle-même.

Échanges très intéressants avec Ludmilla et sa mère. Des personnes à l’intelligence vive.

 

Nous apprenons que le père de Ludmilla, ayant plus de 60 ans, auparavant docker dans le port d’Odessa, avant son bombardement par les Russes, est parti travailler dans un port roumain. Il revient maintenant à la maison tous les quinze jours. Et aussi que toute la famille parle ukrainien à la maison.

 

Nous apprenons d’elle qu’il n’y a aucun vétérinaire dans la région, les vétérinaires de campagne ne gagnant pratiquement rien, alors que beaucoup de vétérinaires travaillent à Odessa.

 

Jean-Claude voudrait pérenniser (rendre permanent) le dispensaire vétérinaire à Tartarbunary et souhaiterait que Ludmilla participe à la réalisation de ce projet.

Mais elle met en avant qu’elle n’a plus exercé, en tant que vétérinaire, durant six ans.

Plus tard, elle nous expliquera, que jeune, elle voulait être médecin pour les humains, mais que ses parents s’y étaient opposés et que donc, elle avait choisi de faire des études de vétérinaire.

 

Ludmilla avait fait un stage vétérinaire en Bourgogne. Elle était impressionnée par la taille des vaches en France. De telles vaches seraient immédiatement volée, en Ukraine, nous dit-elle. Et il est vrai qu’ici, la plupart des vaches rencontrées, aux abords des villages, souvent solitaires et attachées à une corde, sont petites voire squelettiques. Mais pour Jean-Claude, ce type de vols peut aussi survenir en France.

Quand on voit la petite taille des vaches ici, une amélioration génétiques des races, en Ukraine, serait peut-être nécessaire (?).

 

La ferme vend de la viande. Mais à la suite d’une panne d’électricité, elle a été obligée de vendre immédiatement tout son stock. Cette panne était due aux bombardements des infrastructures électriques, cet hiver, ayant entraîné des délestages à l'autre bout de l'Ukraine.

 

Ludmilla nous explique que, pour éviter que les envahisseurs russes retrouvent leurs chemins, les autorités locales peuvent ôter les panneaux routiers, les long des routes.

 

Elle nous explique qu’ici, le recyclage ou bien les containers pour récupérer les encombrants n’existent pas.

Les gens et les mairies brûlent simplement leurs poubelles.

 

Le père ou la mère ont deux fils qui sont marins. Depuis novembre 2021, ils sont en mer et ne sont pas retourné en Ukraine, de peur d’être incorporés. Vremia a aussi cette crainte.

L’incorporation des hommes pose de gros problèmes à l’Ukraine, ralentissant son économie ou la mettant à l’arrêt.

 

A notre retour à Bilolissya, nous trouvons Natalya, couchée sur le sol, embrassant et serrant dans ses bras, d’une façon ostentatoire ou exaltée, pendant une demi-heure, une chatte qui ne donne pas de lait _ alors que ses quatre chatons tentent désespérément de téter ses tétons.

Puis elle tente de les nourrir avec du lait de vache, via une seringue. Mais normalement, il faudrait du lait spécial chaton, alors que le lait de vache n’est pas adapté. Les chatons ont des diarrhées et au moins l’un d’eux meurt. Elle pleure sur la mort de ce chaton.

 

Ce soir, Jean-Claude me relatée problème :

 

1) J'ai envoyé ce message, traduit en russe, à Natalya (voir ci-après) :

 

"On a été invité par Ludmilla chez elle. On est encore chez elle. Ludmilla et Jean-Claude discutent la façon dont on pourrait pérenniser le dispensaire vétérinaire provisoire de Tartarbunary".

 

2) En réponse Natalya m'a écrit : "SUPER 👍👍👍👍 merci". Donc tout semblait ok.

 

3) Mais plus tard, Natalya a alors envoyé un message à Karine, présidente de l'association résilience internationale, disant qu'elle n'était pas contente qu'on ne l'ai pas tenu au courant de l'idée d'un dispensaire vétérinaire permanent à Tartarbunary.

 

En effet, Karine nous a contacté, via Messenger, pour nous proposer une mission de deux jours ou plus, à Nikolaïev [Mykolaïv, en ukrainien], une ville portuaire sur le Danube, située à 450 km de Tartarbunary, pour stériliser aussi des animaux là-bas.

 

4) En raison de cette demande de Karine,  Natalya, inquiète, nous demande, si l'on sera, demain, au dispensaire, comme aujourd'hui. Nous lui avons répondu oui.

 

5) Est-ce à cause de cela qu'elle n'a pas mangé la glace qu'on lui avait offert et ainsi qu'à ses fils, donnant sa part à un de ses fils Eddy ?

 

Peut-être que je me casse tout simplement la tête pour rien, en essayer d’interpréter ses réactions[33].

Etant en territoire inconnu, je me dois de faire très attention à ce que je dis. Je veux vraiment que cette mission réussisse et ne se termine pas prématurément, en raison d’un simple quiproquo.

 

Par ailleurs, nous avons des problèmes de compréhension entre Natalya et nous, peut-être à cause d’erreurs de traduction générées par notre outiels Google translate, comme dans ces cas :

 

1) Nous lui demandons d’apporter un balai et un sceau pour le dispensaire. Au bout de deux jours, nous les attendons toujours.

2) idem pour nous aider à envoyer, par la poste ukrainienne, un sac à dos à mon ami, Andrii, à Kharkiv.

Finalement c'est Ludmila qui nous a aidé à l'envoyer par la poste, cet après-midi.

 

J'ai cru comprendre que Natalya attendait que Jean-Claude stérilise 200 chats en deux semaines. Alors que ce dernier ne peut promettre que de stériliser 100 durant cette période. Nous n'avons stérilisé pour l'instant que des chats ayant des maîtres alors qu'elle voudrait qu'on attrape les chats errants pour les stériliser aussi.

Jean-Claude lui fait comprendre qu’elle doit revoir ses attentes et se fixer des objectifs plus réalistes.

 

8.7        Le mardi 8 août

 

Nous apprenons incidemment que Karine est malade. Or une partie de la mission, en cas de problème, repose sur elle. Je suppose sa fatigue est causée par son immense activité. Car elle ne s’arrête jamais.

 

Jean-Claude n’est pas très enthousiaste concernant la proposition de Nikolaïev. Car cela veut dire qu’il ne terminera pas sa mission, ici, au risque de mécontenter les maîtres ayant inscrits leurs animaux dans la file d’attente de Natalya. Nikolaïev est à plus de 450 km de Tatarbunary. C’est donc peut-être à une journée de route, si l’on tient compte des checkpoints militaires sur la route. Sinon,  si l’on reste ensuite Nikolaïev, qu’on ne revient pas à Tatarbunary, et si l’on passe par la Pologne au retour, Waze donne pour le trajet de Nikolaïev à Paris, 2792 km pour une durée d’un jour et sept heures (Waze donne toujours des prévisions optimistes).

 

Autre raison : Si nous avions pu rester plus longtemps en Ukraine, nous serions allés à Nikolaïev. Malheureusement, Jean-Claude doit diriger son équipe cycliste aux 24 heures cyclistes du Mans, qui commencent le vendredi 25 août. Moi-même, j’ai un rendez-vous, à la fin d’août. Donc, de toute façon, nous devons repartir le 20 septembre.

 

Durant toute la matin, Natalya présente dans le local, passe son temps au téléphone, ne cessant de recevoir des appels sur ses deux smartphones. Elle semble être un central téléphonique à elle toute seule.

 

Enfin, la pluie est tombée, faisant tomber la température extérieure de 30°C à 19°C-20°C. Une fraicheur bienvenue.

Aujourd’hui, Jean-Claude n’aura que des chats à opérer.

 

Ludmilla voulait me réinviter aujourd'hui à sa ferme, mais je lui ai dit que l'ambulance, mon seul moyen déplacement sur place, doit rester à demeure devant le dispensaire, tant que durent les opérations. Sa ferme est à peu près 25 km de Tartarbunary et, avec les mauvaises routes, ce n’est pas la porte à côté. Or Jean-Claude a absolument besoin de moi, en tant qu’assistant vétérinaire. Je ne peux pas m’absenter trop longtemps.

 

Le soir, je suis surpris. La grande boîte de Tic-Tac, rangée dans mon sac à dos, qui n’avait pas été entamée jusque-là, a été totalement vidée.

 

Le soir, je vais faire le tour du village. J’y découvre en centre, près de l’église, une petite superette et bar, lieu de rendez-vous de tous les jeunes du village.

 

Je tente de discuter avec habitant du village âgé, Vania [via mon application de traduction], assis sur son banc à l’extérieur de la maison, avec une autre femme. Il veut à tout prix m’offrir un verre au bar du village. J’accepte. Mais au bar-épicerie, où j’ai commandé un soda, Vania a acheté une bouteille de vodka et veut, à tout prix, que je la partage avec lui et avec l’un de ses amis. Il veut tout payer.

Pour lui faire plaisir, je bois un verre de vodka. Mais il tente de me forcer à boire d’autres verres de vodka. Puis, quand je souhaite partir, il me retient très fermement par le poignet et ne veut plus que je parte. Sa lourde insistance devient désagréable. J’arrive enfin à me dégager de sa poigne de fer.

Natalya m’expliquera, ce soir, que Vania est triste, depuis l’enterrement de son épouse, hier, et qu’il essaye de noyer sa tristesse dans l’alcool.

 

Le soir, l’eau dans la salle de bain est rétablie. Nous pouvons prendre un douche et Natalya lance une lessive pour nos affaires. Super !

 

8.8        Le mercredi 9 août

 

Ce matin, j’apprends de Jean-Claude que :

 

1)      Les chats tricolores sont toujours des femelles, sauf dans le cas très rare de mâles XXY.

2)      Les chats anesthésiés ou morts ont toujours les yeux ouverts.

 

Natalya m’informe qu’elle est une professeur de fitness et masseuse et qu’elle a donné des cours à un de ses élèves, cet après-midi. Certains soirs, elle masse le dos de Sacha sur le canapé dans la cuisine.

 

Ce soir, elle nous montre aussi des vidéos, enregistrées sur son smartphone, de ses danses du ventre et d’autres danses, organisées avec un groupe folklorique _ elle-même portant des tenues des milles et une nuit. Nous constatons qu’elle est douée dans cette discipline et une très bonne danseuse.

Dommage qu’elle n’ait jamais publié ses vidéos en ligne _ sur YouTube, où elle aurait du succès etc.

 

Bien que j’aie caché au fond de mon sac à dos, c’est au tour du grand sac de bonbons, lui aussi non entamé, d’être totalement vidé, lui aussi, le voleur n’ayant laissé qu’un seul bonbon, au fond du sac.

 

Finalement, je découvre que le voleur est Eddy, des dizaines de boîtes de tic-tac vides traînant sur son lit.

Je surnomme Eddy le « gazouilleur ». C’est un vrai moulin à parole, comme sa mère. Il passe son temps à vouloir m’expliquer plein de choses, mais malheureusement, je ne comprends jamais ce qu’il me dit, ne parlant pas russe. En tout cas, il semble intelligent.  Et il est doué pour la danse.

 

Une image contenant personne, pastèque, intérieur, fruit

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Eddy le « gazouilleur ».

Svatoslavk, le « taiseux ».

 

Son frère, Svatoslavk, lui, est un taiseux … mais toujours serviable.

 

Le lendemain, Eddy cherche à se faire pardonner en m’offrant un mini-sandwich, qu’il a préparé lui-même, des cailloux en verre et une pièce d’un hryvnia.

 

Svatoslavk m’explique qu’il a un frère aîné, Yura, qui a 26 ans, qui travaille et vit à Odessa, avec sa fiancée Svetlana.

 

Le soir, j’observe les conciliabules voire les brèves disputes entre chats, qui ne font rien de la journée, à part manger.

 

Je me rends compte, petit à petit, des problèmes d’hygiènes que pourraient causer la promiscuité de cette myriade de chats confinés dans cette cour, comme la rapidité de la propagation d’épidémies en leur sein.

 

Cette nuit, un chien, à proximité, n’a cessé d’aboyer et de hurler, une bonne partie de la nuit. Je suis impressionné par son opiniâtreté, le fait qu’il ne se fatigue pas.

 

Ce que j’ai expliqué le soir à Karine, « Pourquoi Jean-Claude rêve qu'il y ait un dispensaire vétérinaire permanent à Tartarbunary ?

 

Natalya a créé un groupe Facebook où tous les gens s'inscrivent. Et déjà il y déjà plusieurs centaines de propriétaires, s’étant inscrits pour faire opérer leur chien ou chat.

 

Sans compter le projet d'attraper les nombreux chiens errants de Tartarbunary (en Ukraine, comme en Roumanie, les chiens errants sont nombreux) ...

 

Sans compter les chats de l'arche de Noé de Natalya à Bilolissya (j'y a déjà compté 15 chatons).

 

Bref un tonneau des Danaïdes. C'est sans fin ... ».

 

Souvent les problèmes ou les quiproquo sur l’argent, peuvent gâcher une mission.

 

En effet, nous avons a beaucoup dépensé en frais de connexion internet (au moins 120€ chacun). Donc nous avons décidé d'être économe et donc moins poster de photos et de vidéos sur Internet.

Au début, nous avons dépensé pour l'équipement du dispensaire et pour le rendre plus agréable et confortable, pour y crée un cadre agréable[34]. Maintenant, nous levons la pédale douce pour les dépenses.

 

Nous avons fait cadeau à Natalya de 100€ environ pour payer notre nourriture. Mais au lieu d'être économe, Natalya nous offre une repas de fête, chaque jour.

 

Or j'avais dit à Natalya que la pizza, qu’elle nous a préparée, nous fera notre repas d'hier soir et que cela nous suffira. Mais elle n'a pas pu s'empêcher (contre notre gré) de préparer en plus de cette pizza, un salade de carottes avec champignons de Paris, une salade de riz ...

 

Tous les soirs, elle fait chauffer des ailes de poulet et du riz, dans une grande poêle, pour les chats. Mais pourquoi les cuire et non les "dépiauter" et les donner directement aux chats ?

Elle cuisine tout dans de très grandes poêles. Jean-Claude n'a mangé que la salade de riz du donateur. Je n'ose ne rien dire pour ne pas la vexer ou la blesser[35]. Donc je ne fais plus aucune remarque.

 

Malgré tout, comment lui faire comprendre de ne plus nous préparer des repas gargantuesques, chaque soir ?

 

J'ai oublié de préciser que Natalya avait préparé non pas une ... mais deux pizzas, hier soir !

La semaine prochaine, je crois que je vais entreprendre un jeûne ou une diète.

 

Ce soir, j'ai transféré toutes les photos et vidéos, que j’ai prises, sur l'ordinateur de Jean-Claude.

Et je commence à y taper le récit de notre voyage, une manière de m'occuper.

 

8.9        Le jeudi 10 août

 

La salle d’opération est sale et sent mauvais _ cause des crottes et du vomi des chats _, les propriétaires, alors qu’on leur a pourtant demandé, oubliant d’amener leur alaise. Ils n’ont souvent pas de caisse de transport pour leur chat, remplacée alors par une simple caisse en carton. Heureusement, Jean-Claude est venu avec trois caisses de transport pour chats et peut alors les y enfermer. De ces caisses, nous entendons souvent sortir des miaulements ou cris déchirants, avant et après l’opération.

Il arrive que les chats, sous l’effet du stress, pissent et crottent dans leur caisse (que je nettoie alors).

 

A un moment, j’éternue et un chat apeuré sursaute violemment dans sa cage.

 

8.10    Le vendredi 11 août

 

J’envoie un message à Karine, « Bonsoir Karine, Natalya dépense notre argent sans compter. Encore une fois, ce soir, elle nous a offert un repas gargantuesque, afin de nous demander encore une fois de l'argent !!! Et ensuite, elle m'a fait cette demande [voir ci-dessous] :

 

"Бенжамин. Я сегодня купила на последние ваши деньги продукты.

На днях купить  вже не смогу. Если ты  поучаствовать в продуктах, было бы здорово.".

 

Traduction :

"Benjamin.  Aujourd'hui, j'ai fait des courses avec le reste de votre argent [les 100€ que je lui ai donnés samedi].

 Je ne pourrai plus acheter, un de ces jours [à partir d’aujourd’hui].  Si vous participez aux produits [achat], ce serait formidable [génial] : -1005,04 UAH [environ 25€]. ".

En accompagnant son message de ces photos (voir ci-après) :

 

Une image contenant nourriture, repas, produits de boulangerie, Restauration rapide

Description générée automatiquement

 

Elle a dépensé 20€ / par jour, en moyenne, ce qui est énorme en Ukraine[36].

 

Je me demande comment lui expliquer que nous ne sommes pas des Américains.

Et qu'elle ne peut pas nous offrir des cadeaux avec notre propre argent.

Or elle nous réclame de l'argent aujourd'hui le jeudi 10 août. Soit 5 jours après, alors qu’elle a déjà dépensé 100€ en 5 jours.

Nous ne donnons pas de l'argent pour faire bombance tous les jours. Et elle nous met devant le fait accompli, chaque jour ou presque.

Pour résumer, à chaque repas, matin, midi et soir, nous n’avons besoin que d'un plat (ou sandwich) et un fruit.

 

Karine nous suggère alors de loger à l’hôtel. Mais je ne pense pas que la solution d'un hôtel ou d’un Rbnb soit réaliste, même s’il semble qu'il existe deux petits hôtels à Tartarbunary. Nous sommes allés visiter l'un, qui reste désespérément fermé. L'autre, l'on ne sait pas.

 

Par ailleurs, Jean Claude a donné 100 kg (un peu plus de 100€), en 10 sacs de 10 kg de croquettes pour chats, que Natalya a entreposé dans une remise, derrière sa maison, stock qu'elle n'a toujours pas utilisé. Elle n'a vraiment exprimé de la reconnaissance envers Jean Claude pour ce beau cadeau.

 

J'essaye de traiter ses variations d'humeur comme un problème de relation interculturelle compliquée.

Tout à l'heure, elle est venue avec deux pizzas entières chaudes pour nous deux. 

 

Jean-Claude me fait cette remarque pertinente :

 

« Les personnes en Afrique sont tellement dans la précarité que dès qu’ils ont de l’argent, ils le dépensent entièrement [tout cet argent] pour faire la fête et pour ne pas avoir à donner à leur famille, celle-ci étant, le plus souvent, une sangsue pour eux ».

 

Vremia nous recommande la pizzeria, CK3KA. Mais nous n’aurons jamais le temps de nous y rendre.

Pour plaisanter, je lui dis que j’y mangerais plutôt un steak tartare, façon « bunary ».

 

Il me dit qu’il est très rare qu’il neige à Odessa et Tatarbunary.

Il m’explique que le mot ukrainien « poedrg » veut dire que « vous êtes âgé ».

 

Chaque fois que Jean-Claude reçoit un nouveau « clients », il utilise deux phrases clés, dont la prononciation m’amuse : « yaboudou » et « padajdi » [veuillez patienter].

 

Ce soir, nous allons boire ensemble une bière, dans la bar à bière et en même temps poissonnerie, contigu à notre local. Jean-Claude et moi discutons sur l’origine anthropique ou non du réchauffement climatique et il semble, lui, adopter une position sceptique.

Lors de ses nombreux voyages en Russie, Jean-Claude a pris l’habitude de consommer de graines de tournesol grillées _ un amuse-gueule courant en Russie et Ukraine. Il en achète dans ce bar et m’en offre.

 

Il me parle d’une opération de tromperie russe, en 2014. Les Russes avaient organisé de grandes manœuvres, nommées Zapad 13. Durant celle-ci, des soldats russes[37] ( ?) portaient des tenues militaires, sans aucun insigne. Et c’est durant celle-ci, qu’ils ont envahi la Crimée, donnant lieu à l’épisode des « petits hommes verts » anonymes. Initialement, la Russie nie qu'il s'agit de forces militaires russes, mais le 17 avril 2014, le président russe Vladimir Poutine confirme finalement la présence de l'armée russe[38].

Jean-Claude m’explique que, « sous couvert d'entraînement de l'armée russe, c'était en fait un entraînement du sparring-partner à opérer sous fausse bannière. Objectivement, c'était un coup de maître de l'état-major russe ».

 

Quels évènements marquant dans cette journée ? :

 

« Jean-Claude pensait avoir réussi à ce que tout soit bien organisé. Et ainsi, il a pu opérer 10 animaux hier.

Du moins, il croyait... Or il a opéré, pour rien, une des chattes de Natalya, durant 3/4h, en opérant des deux côtés, pour rien, pour tenter de trouver ses organes génitaux. Car la chatte avait déjà été opérée et Natalya ne s'en souvenait plus 😁🙄

 

8.11    Le samedi 12 août

 

Cette nuit, notre village a été survolé par quatre chasseurs, dont les feux de position sont éteints, invisibles dans la nuit.

 

Hier une dame nous a apporté un pot de miel.  Une autre dame nous offre le même cadeau, aujourd’hui.

 

Une des chattes est infestée de puces, que Jean-Claude retire soigneusement, une par une.

 

Jean-Claude risque de manquer de fils à suturer _ en particulier, concernant les gros fils pour les chiens _ et donc de ne pouvoir continuer les opérations. L’association lui a promis qu’un certain Robert pourrait envoyer du fil 1.0 de Kharkiv à Tartarbunary, en deux jours, par la poste ukrainienne.

 

Je ne trouve pas de melons dans les magasins. Natalya me précise que cela ferait suite à la destruction, par les Russes, du barrage hydroélectrique de Kakhovka, sa rupture ayant provoqué de graves inondations dans le delta du Dniepr et la destruction de la récolte des melons de Kherson.

 

Aucun jeune, en scooter, ne porte de casque, ici.

 

Ce qui m’a frappé est que tous les véhicules, y compris les semi-remorques, s’arrêtent systématiquement aux passages piétons pour laisser le passage aux piétons quand ces derniers font signes qu’ils vont passer.

 

Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas eu de vraies coupures de l’Internet. Mais plutôt par moment, une mauvaise réception du réseau GSM à Bilolissya.

 

Mais ce matin, pour la première fois, nous subissons une coupure de courant dans le local qui touche les autres locaux environnants. Sans électricité, le concentrateur d’oxygène, le diffuseur de gaz anesthésique et l’échographe ne peuvent fonctionner. Jean-Claude avait amené une bouteille d’oxygène avec lui, en cas de panne électrique, mais il a la surprise de constater que la bouteille est vide. Probablement, son robinet était mal fermé et son oxygène a fui. Heureusement, la coupure ne dure pas longtemps.

 

Natalya vient passer le balais à essorer, dans le local. Elle m'avait demandé de faire une vidéo d’elle et de lui la poster sur Messenger. Si cela continue, elle va devenir une influenceuse connue sur Facebook 🙄.

Sur son mur Facebook, elle se met constamment en avant, au travers d’un grand nombre de selfies d’elle[39].

 

Svatoslavk souffrant d’une grosse acné, j’essaye de lui trouver un médicament anti-acné, très efficace, à base de peroxyde de benzoyle. Mais aucune des deux pharmacies de la ville ne connaît ce médicament.

 

Igor nous dit qu’il peut nous trouver une maison d’hôte à Odessa, pour 700 UAH la nuitée (environ 17,5€).

 

8.12    Le dimanche 13 août

 

Mauvaise surprise, ce matin : avant notre départ pour le local à Tatarbunary, en refermant la porte latérale de l’ambulance, que nous garons dans la rue, je découvre que sa vitre a été brisée (voir sur la photo ci-dessous) :

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Ce midi, je pose cette question à Karine, « Chère Karine, je pense donner, en plusieurs fois, 20€ à Natalya, afin qu'elle ne dépense pas tout d'un seul coup ? Qu'en penses-tu ? ».

Elle me répond, « Je pense que c’est une bonne idée. Après soyons prudents sur cette question d’argent. 20 euros cela représente bcp en Rhyvnas ».

 

Cet après-midi, un gentil donateur nous a donné deux grandes pizzas, que nous allons manger ce soir, chez Natalya, ... Sacha et Natalya, étant de sortie ce dimanche jusqu'à ce soir, nous ayant confié la clé du portail de leur maison.

 

Jean-Claude travaille énormément et n'a pas pris un seul jour de repos, y compris aujourd'hui.

Et à cause de la vitre à reboucher [par la pose d’une planche de contreplaqué], notre soirée va être prise.

 

Durant une pause, avant midi, Sacha et Jean-Claude sont allés chercher une grande plaque de contreplaquée, dans un magasin de bricolage, situé sur la M-15, à l’extérieur de la ville.

 

Le soir et le lendemain, Jean-Claude a presque totalement terminé son travail de recouvrement de la fenêtre de la porte latérale de l'ambulance, recouvrant la vitre, des deux côtés, avec deux plaques de contreplaqué, qu’il a découpées, dans la grande plaque, achetée au magasin, d’abord avec une disqueuse, puis avec une scie sabre (voir les photos ci-dessous). Il a réussi à réaliser, presque tout seul, cette réparation[40].

 

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8.13    Le lundi 14 août

 

Comme à chaque pause, durant la journée, Jean-Claude communique, par Internet, avec le monde entier, en particulier avec Karine. En raison, de son intense activité de communication sur Internet, il est obligé régulièrement de payer 30€ de plus, pour pouvoir télécharger 30 Go de plus et ainsi de suite.

S’il oublie de payer, Jean-Claude subit de nouveau une coupure de ses possibilités d’appels téléphoniques et de communication par Internet.

 

Dans l’après-midi, Vremia trouve la solution, en m’emménant à un kiosque de l’opérateur téléphonique KyivStar. Je souscris à un abonnement mensuel à une nouvelle carte téléphonique SIM KyivStar, ne permettant pas de passer des coups de fils ou des SMS, mais permettant de naviguer sur Internet, via le réseau GMS, et de télécharger jusqu’à 300 Go de données _ un volume de données colossal, impossible à télécharger, en seulement un mois _, pour seulement 300 UAH / mois (soit 7,5€ mois).

Cette solution me permettra d’utiliser, de nouveau, « quasiment gratuitement », Waze, un outil très consommateur en Go de données.

 

Grâce à cette carte, j’arriverais à surfer rapidement sur Internet et sans aucun problème de réception, dans tous les lieux où j’irais en Ukraine.

Grâce à elle et en transformant mon smartphone en « point d’accès WIFI mobile », Jean-Claude pourra se connecter gratuitement à Internet. Il ne sera plus obligé de payer 30€ tous les trois jours à son opérateur.

 

Après ou coup de fils où Karine valorise mon travail, je lui réponds, « N'exagérons pas. Mon rôle, le plus important (après la réception des maîtres avec leurs animaux à l'entrée du dispensaire vétérinaire) est de nettoyer les instruments chirurgicaux jusqu'à il n'y ait plus une seule trace de sang visible, puis de les stériliser dans le four (durant 40 mn à 180°C).

Donc en résumé, ce n'est un travail très compliqué (pour un ingénieur informaticien).

 

La question d'argent (logement, nourriture...) n'a pas été claire au départ (et fixée en amont/ au départ [, ou avant notre arrivée en Ukraine. Mais comment nous aurions pu le prévoir ?

 

Ce qui est sûr est qu'il y un fossé culturel, entre nous.

 

Par exemple, son grand fils (le plus âgé) sont venus hier d'Odessa et tout de suite Natalya leur a organisé un repas de fête, avec les fameuses « cut-lets », sorte de viande blanche bouillie[41], dont JC n'est pas fan.

 

Hier midi, elle avait préparé pour elle et ses deux fils, Eddy et Svlatoslavk, des macaronis avec des saucisses et il en restait.

Mas elle ne voulait pas qu'on en mange (peut-être est-ce un plat de pauvre ?) Et voulait à tout prix que l'on mange ses « cut-lets », comme si elle nous faisait une grande faveur.

 

Dès qu'elle reçoit quelqu'un, il semble visiblement qu'elle se sente obligé, à chaque fois (?), de préparer un repas de fête (il faudrait que je me fasse confirmer cette impression).

 

J'ai toujours aimé préparer les expéditions et m'occuper de leur logistique.

 

Ici, à Tartarbunary, je me suis juste seulement occupé d'une minuscule logistique, c'est à dire trouver et ajouter dans la salle tout ce qu'il manquait et même des chaussons, afin de pouvoir passer de la cuisine à la maison de Natalya [par la cour], sans avoir à se rechausser et se salir les pieds dans la cour ......) ».

 

Je viens d'enregistrer une vidéo sur la façon dont Jean-Claude immobilise une chatte sauvage agressive qui peut mordre, afin de lui injecter la première piqûre du produit sédatif. La seconde piqûre, cinq minute après la première, est pour l'injection du produit anesthésique. Instructif.

 

Normalement, sans gros fil à suturer pour chien [qui n’arrivera jamais à temps], il devait refuser les chiens ; aujourd'hui. Mais une petite chienne est arrivée et il lui reste un peu de fil donc il va quand même l'opérer etc. De plus, il n'est pas obligé d'utiliser toute la longueur du fil neuf.

Il passe son temps à économiser du fil : certains fils restants étant placés dans un flacon d'alcool pour être réutilisés, plutôt que d'être jetés. Rien n'est perdu. Ici, on recourt souvent au système D.

 

C'est vraiment une petite ville mais malgré on trouve de tout pour l'essentiel.

A l'inverse, je n'y ai pas trouvé de fours à micro-ondes. Mais il est possible que je n’aie pas suffisamment cherché (parce que nous trouvons aussi des grands magasins le long de la route nationale à quelques km de Tartarbunary).

 

Je suggère à Karine de programmer plutôt une plus longue mission à Nikolaïev mi-septembre ou fin septembre. Car je crains que si nous interrompons prématurément notre mission humanitaire vétérinaire ici, nous soyons perçus comme des Français qui ne tiennent pas leur engagement, voire qui ne sont pas sérieux.

Même aller à Nikolaïev, juste à la fin de notre séjour, pour une première prise de contact et un repérage pour une autre mission, une prochaine fois, cela fait un gros détour, soit 440 km pour y aller.

 

Selon Sacha, le bris de vitre est du vandalisme. Il nous a incité à porter plainte auprès des policiers de Bilolissya. Et cela doit peut-être nous interpeller. Mais on est tellement pris par le travail que dès aujourd'hui, surtout après le remarquable travail de réparation de Jean Claude, l'on n'avait plus le temps d'y repenser.

 

Nous avons fait connaissance de Vremia, 21 ans, le vrai intellect de cette ville, avec qui l'on dialogue en anglais. On a apprend beaucoup de choses sur l'Ukraine grâce à lui.

 

Avec Vremia, nous sommes allés à la pharmacie de la polyclinique de Tatarbunary pour tenter de trouver le bon fil résorbable du bon diamètre [celui adapté pour les gros chiens], mais nous n'avons trouvé que le fil du diamètre d'en-dessous.

 

Ce soir, je vais donner 500 hryvnia (environ 12,5€) à Natalya. Hier, je lui avais déjà donné 300 Hryvnias.

 

Quand nous sommes arrivés vers 18h, il y avait déjà de nombreux plats de nourriture, sur la table de la cuisine.

Et bien sûr, nous allons avoir droit aux pastèques, comme chaque soir, qui sont, paraît-il, bonnes pour la santé. D’autant que des propriétaires d’animaux nous en ont déjà donnés.

 

A dîner, nous avons droit aussi à des grappes à petits raisins aigrelets, poussant sur les tonnelles et treilles chez les particuliers, ici ...

 

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A partir de maintenant, sans fil adapté, JC ne pourra plus accepter des chiens pour leur stérilisation.

 

8.14    Le mardi 15 août

 

Suite des échanges à Karine, « Chère Karine, cela fait tout drôle d'être entouré, en permanence, chez Natalya, de plusieurs dizaines de chats. Impossible de les compter tellement il y en a, dans la cour, et alors que dans le jardin potager, situé à un autre endroit de la propriété, il y a au moins quatre chiens.

Le nourrissage des chats et des chiens est tout un rituel chaque soir [j'en ai fait des vidéos, certaines à la demande de Natalya, où elle se met en scène].

 

Aucun chat n'est agressif. Ils sont tous ou presque câlins, mais certains plus craintifs que d'autres, d'autres cherchant, a contrario, le contact tout de suite.

Si je m'assois sur un des murets de la cour, il y a tout de suite au moins deux chats qui viennent s'asseoir sur mes genoux.

Il faut voir le flot de chats qui se déverse dans la cuisine, dès qu'on a le malheur d'oublier de fermer la porte de la cuisine et / ou dès qu'un plat mijote sur la cuisinière.

 

J'ai dit à Natalya qu'elle devrait poster sur Facebook, une vidéo chaque jour différente, sur Facebook, en organisant régulièrement un concours de beauté féline entre les chats. Cela l'a fait rire et pourtant elle souffrait d'une migraine, celles-ci semblent fréquentes chez elle.

 

C'est parfois difficile, car il y de la désorganisation tout le temps [au niveau des prises de rendez-vous].

Une dame, qui devait arriver à midi, est arrivée à 10h45.

Tandis qu’arrivent trois femmes disant que leurs trois chats étaient programmés ensemble à 11h, dixit Natalya. Ce que cette dernière réfute.

 

Cinq femmes parlaient à 11h, toutes en même temps, et déconcentraient Jean Claude, durant son opération.

Je passe mon temps à tout leur expliquer avec mon traducteur, soit à leur dire de revenir à telle heure, soit de se taire.

 

En plus, des milliers de gros semi-remorques font un boucan du tonnerre devant le local. Et leur bruit incessant est épuisant à la longue. Raison de notre fatigue.

 

Beaucoup de petits soucis en permanence : le manque de rigueur des gens, qui n'amène pas de cage de transport et de contention, d'alaise ... Nous leur prêtons une cage mais ils ne nous la ramène pas.

Aujourd'hui, nous n'avons plus d'eau dans le local. Nous vivons sur la réserve d'eau d'un bidon de 10 litres.

 

(Sinon, le bruit, la chaleur _ le local est une sorte de préfabriqué aux parois en plastique ... Notre local est un four, d'autant plus que l'on met régulièrement le four électrique en chauffe à 180°C durant 40 mn). ».

 

Un chat s'est échappé du sac d'une femme, qui attendait à l'extérieur sur le trottoir. Immédiatement, tout le monde a tenté de l’attraper, dans la rue surchargée de camions (!). Heureusement, il a été rattrapé à temps.

 

Ce qu'il ne faut pas est que les chats soient laissés dans des cages durant des heures. Sinon ils pètent les plombs. Et ce problème serait évité si les gens arrivaient à l'heure à leur rendez-vous.

 

Les repas et la nourriture semble être au centre des préoccupations de Natalya. Visiblement, elle aime cuisiner. Ce soir, elle nous a confectionné un gâteau avec citron, groseilles et raisins, qui avait surtout le goût d'orange et était excellent.

 

8.15    Le mercredi 16 août

 

Aujourd'hui, des « babouchkas » (des femmes âgées) d'un certain village nous ont apporté huit chats, grâce au véhicule de Sacha.

 

Toujours pas d'eau à Tartarbunary. Sacha nous dit "c'est l'Ukraine !", sur un ton désabusé.

Ce matin, nous avons apporté plusieurs jerrycans remplis d'eau (nous constituant une importante réserve d'eau). Heureusement, Jean-Claude avait prévu d'emporter ces jerrycans dans l'ambulance, avant notre départ. Avec toutes ces réserves d'eau dans la salle, j'ai l'impression d'être, de nouveau, en Algérie.

Vremia nous a lui-même a apporté une bidon de cinq litres d’eau minérale, dont il nous a fait cadeau.

 

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Le dîner, d’hier soir

Une image contenant mur, intérieur, sol, lit

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Les chats arrivés, aujourd’hui, dans leur cage

 

Une image contenant plastique, conteneur, panier

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Notre boîte de transport de chats, aux couleurs de l'Ukraine, offerte par Arlette Simon _ une bénévole très active au sein de l’Association d'Aide aux Chats errants (AACE), à Orléans _ est de retour. Son emprunteur s'est excusé. Finalement, toutes les cages de transport [appartenant à JC], qui avaient disparues, sont revenues, par suite d’un rappel de Natalya auprès des propriétaires, sur son mur Facebook.

 

8.16    Baignade dans la mer Noire

 

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Ce soir, nous sommes partis nous baigner dans la mer Noire, au niveau de la grande plage rectiligne, de sable blanc, d’une petite station balnéaire, situées à 40 km de Tatarbunary, dont le nom, Katranka (Катранка), bizarrement n’est sur aucune carte.

 

Pour nous y rendre, nous quittons la M-15, nous longeons, à un moment, la lagune de Sasyk (lagon : Kunduk), où nous apercevons un petit groupe de flamants roses, pour ensuite, prendre une route rectiligne, correctement asphaltée, sur 25 km, jusqu’au village de Lyman, dont la station balnéaire porte le nom. Ensuite, la route devient épouvantable, remplie de nid de poules, une des raisons pour laquelle cette station balnéaire, du bout du monde (qui se trouve sur le territoire du village de Lyman), est difficile à trouver.

 

Lorsque nous arrivons au bout de cette longue route, nous tombons sur une station balnéaire délabrée, hormis deux hôtels bien tenus (dont l’hôtel Laguna) et quelques résidences secondaires en bon état, toutes fermées _ leurs propriétaires ayant certainement de gros moyens et ces résidences secondaires appartenant à des oligarques (?) _, située au bord d’une immense lagune verte, remplie d’algues, quasiment eutrophisée.

La plupart de ces maisons et hôtels disposent de grosses citernes d’eau, peut-être parce que l’endroit doit certainement souffrir de sècheresses, durant l’été, du fait du climat méditerranéen de la région.

 

Dans cette station balnéaire, certains camps de vacances, datant de l’époque soviétiques, sont abandonnés. 

L’endroit apparaît, à nos yeux, telle une vision postapocalyptique, dans le style de « Stalker », le film culte du réalisateur Andreï Tarkovski.

 

Mais cette lagune, bien qu’elle soit envahie par un dense tapis d’algues d’eau douce, empêchant toute circulation (ou navigation) de bateaux, est loin d’être un désert biologique.

L’on n’y rencontre des centaines de cygnes tuberculés, des milliers de goélands, de mouettes tridactyles et de très grosses rainettes vertes (Hyla arborea). 

Pour atteindre la plage, nous devons marcher sur une longue passerelle métallique rouillée, de plus de 800 mètres de long, traversant en oblique la lagune.

 

Nous débouchons sur une belle et longue plage de sable coquillier, peu fréquentée.

 

L’estran est rempli de coquillages, dont des grandes palourdes, ainsi que des Rapana venosa, rapanes veinés ou murex de la mer Noire, une espèce de mollusques gastéropodes invasif, ressemblant à des bulots géants, de la famille des Muricidae, venu d’Extrême-Orient, comestibles et beaucoup pêchés.

 

Une image contenant invertébré, coquille, Mollusques, Bigorneau

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Rapana venosa, rapanes veinés ou murex de la mer Noire

 

La mer étant agitée et houleuse, à cause du vent, nous avons eu du mal à nous baigner.

 

Le long des routes, des pastèques sont vendues à la sauvette

 

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Pancarte présentant l’hôtel Laguna

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Résidence secondaire en fuste luxueuse.

Une image contenant ciel, plein air, bâtiment, arbre

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Citernes de l’hôtel laguna.

 

Une image contenant plein air, herbe, ciel, bâtiment

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Camp de vacances soviétique abandonné.

 

Une image contenant plein air, herbe, bâtiment, ciel

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Camp de vacances soviétique abandonné.

Une image contenant plein air, ciel, nuage, arbre

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Plage de la station balnéaire donnant sur la lagune. Au loin, nous voyons la passerelle qui traverse la lagune.

Plage, le soir.

Sur le selfie, de gauche à droite, moi-même (Benjamin), Vremia et Jean-Claude.

 

Panneau indiquant que la plage est minée mais qui ne dissuade pas les baigneurs.

Vremia

 

Malgré tout, cette sortie à la mer nous a fait beaucoup de bien et nous a reboosté, après avoir été enfermés si longtemps, toutes les journées précédentes, dans ce local surchauffé, plongé dans le bruit et la pollution des camions qui passent le long du dispensaire.

 

Jean-Claude travaille énormément, trop même. Il ne sait pas de reposer, lâcher-prise, faire une coupure[42].

Même lors de ses moments de « pause », il continue à taper sur son smartphone, comme s’il communiquait en permanence avec le monde entier. Et il est, tout le temps particulièrement secret, sur ses échanges, via le net. Peut-être parce qu’il n’est jamais fatigué (?).

 

Ce n'est que vers la fin de la mission, qu'il a pris l'initiative de prendre un pot ensemble au bar d’à côté, chaque soir, et d'aller enfin ( !) nous baigner dans la mer Noire, alors que je le lui avais déjà suggéré.

Selon moi, il est important de faire régulièrement une coupure, de se reposer, de discuter ensemble, de pouvoir faire aussi un bilan de la journée, chaque soir, en analysant ce a marché ou merdé …

 

8.17    Des problèmes environnementaux dans la région ?

 

Lors de nos trajets autour de Tatarbunary, quand nous sommes allés chez Ludmilla et à cette station balnéaire, je n’ai pas vu une seule forêt ou de petits bois ou bosquet naturels.

 

Seulement, des arbres d'espèces plutôt invasives, épars dans le paysage, robiniers, "oliviers de Bohème", ailanthes et des bois artificiels de robiniers, plantés intentionnellement par les hommes. Et seulement, dans les villages des arbres fruitiers _ surtout des noyers, des pommiers, pruniers... _ et quelques chênes.

Sinon, une certaine pauvreté au niveau de la diversité de la flore dans/sur les bas-côtés : mauves, chardons, phragmites,  ...

Peut-être le résultat de dégâts environnementaux issus de 70 ans de mauvaise gestion communiste ( ?).

 

Partout, des champs immenses, à perte de vue, plus grands qu’en Beauce ou en Picardie, soit de blés déjà moissonnés, soit de tournesols encore sur pied. Partout, nous retrouvons le tchernoziom, ce sol très fertile de couleur noire, propre à l’Ukraine et à la Russie méridionale.

 

Une explication de Jean Claude Laurent à la présence de cette lagune d'eau douce, devant cette station balnéaire :

 

« Vremia, notre guide, nous a expliqué que le Sasyk (lagon) de Kunduk, que nous avons traversé, hier, avant d'arriver à la plage était un désastre écologique dans le plus pur style soviétique.

 

À l'origine, c'était un lac d'eau saumâtre (ce qui veut dire légèrement salé, intermédiaire entre l'eau douce et l'eau de mer), qui était réputé pour les qualités thérapeutique de ses boues. Une station thermale était installée à Lyman.

À la fin des années 70, les agronomes soviétiques ont voulu désaliniser ce lagon en y dérivant un canal venant du Danube, afin de constituer une réserve d'eau douce pour irriguer les terres fertiles de la région.

Malheureusement, leurs calculs étaient erronés, les quantités de sel contenues dans les sédiments étaient trop importantes, ce qui fait que l'objectif d'irrigation n'a jamais été atteint.

Cependant l'arrivée d'eau douce a eutrophisé le lagon entraînant la prolifération d'algues et la mort de la plupart des poissons.

L'eau polluée de pesticides du Danube a fini d'empoisonner le milieu, ce qui fait que la station thermale de Lyman a dû fermer.

Good job guys ! ».

 

8.18    Le jeudi 17 août

 

Rien à signaler. Ici, aujourd'hui, tout est nominal ou presque.

 

Le dernier chien, arrivé à la clinique, est Boublik ❤️, docile avec sa maîtresse.

 

Malheureusement, ce chien souffre d'une obstruction urinaire. Or Jean Claude Laurent n'a rien pour le sonder.

En cas de calculs rénaux, seuls des appareils à ultrasons (°) disponibles en clinique vétérinaire (à Odessa...) pourrait réduire ces calculs. Ou bien par voie chirurgicale ou par sondage. Sinon, il pourrait le soulager par une ponction urinaire.

Il préconise d’essayer sur Boublik, le Spasfon en comprimé.

 

Finalement, miracle ! Le Spasfon fait effet et, le lendemain, Boublik pouvait uriner et se soulager.

 

L’étrange mode de transport de Boublik.

 

La journée type de Jean-Claude :

 

1) le dépôt, par leur propriétaire, des chats et chiens, dans leur cage ou des cartons, au local.

2) la piqûre sédative.

3) l'attente de 5 mn.

4) la piqûre anesthésiante.

5) la mise en place de l'inhalateur, avec alimentation en oxygène et gaz sédatif (Domitor, Demetomidine).

6) l'opération avec une quinzaine d'instruments chirurgicaux (jusqu'à 5 pinces, un ciseau courbe pour couper, des ciseaux droits etc.).

7) la suture des plaies avec du fil résorbable (de différents modèles).

8 ) 3 heures d'attente pour le réveil,

9) à la fin, une piqûre de réveil si nécessaire (pas toujours nécessaire)

10) le propriétaire revient chercher son animal à l'heure dite.

 

Les chats mâles ont souvent un nom comme Pietrik (Piotr).

 

La dernière chatte se prénommait Marquisa.

 

Aujourd’hui, Jean-Claude avait vérifié le filtre du concentrateur d'oxygène : il était tout noir (!), preuve de la pollution par la noria de camions, que nous subissons. Avec cette pollution, le local se salit vite, se couvrant constamment d'une fine couche de poussière.

 

Cet après-midi, nous avons envoyé, à mon ami, Andrii, démineur sur le front proche de Kharkiv, un colis contenant des compresses homéostatiques _ qui arrêtent les saignements de sang _, des bandes de pansements, et deux tubulures de perfusion. En espérant que ses compagnons et lui n'auront pas à s'en servir.

 

Une image contenant texte, journal, Produit en papier, intérieur

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Le cadeau : les compresses, bandes, tubulures …

Une image contenant texte, Visage humain, personne

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Le colis, contenant ce cadeau, déposé à la poste ukrainienne.

 

Andrii me fait comprendre que je ne dois jamais poster, sur les réseaux sociaux, des photos de lieux, qui pourraient avoir un intérêt stratégique pour les Russes, qu’ils pourraient identifier, par nos commentaires imprudents, et qu’ils pourraient alors bombarder, tels les camions passant à tel endroit, un convoi humanitaire, passant à un autre endroit, un hôpital, un dispensaire etc.

 

8.19    Le vendredi 18 août

 

Ce soir, je me faisais cette réflexion :

 

Nous les Français, nous sommes vraiment privilégiés par rapport aux Ukrainiens. La pauvreté n'est pas toujours visible, dans ce pays, mais on s’en rend compte petit à petit. Par exemple, le fait que les gens continuent à discuter quand la lumière naturelle tombe, sans allumer dans la pièce, le papier toilette qu'on utilise pour tout, les maisons aux travaux inachevés (telles qu’on en voit au Maroc et Algérie), les nombreux chiens et chats errants, pas toujours en bonne santé _ comme en Roumanie _, animaux vivant de la « charité publique », dans les villes et à la campagne ...

 

Nous sommes des petites "chochottes" ... très exigeant en tout, exigeant tout de notre gouvernement, en France...

Il faut se rendre compte des horaires de travail des Ukrainiens : tous les magasins ouvrent à 8h et certains ferment à 20h, y compris le dimanche. Seul jour de repos le lundi.

 

Deux jours sans eau à Tartarbunary, sans que personne ne s'inquiète. Elle a été rétablie, hier matin.

 

Maintenant, c'est la chasse d'eau de notre local qui est HS (hors service). Je ne pense pas qu'elle sera réparée avant notre départ, bientôt.

 

Jean-Claude compte faire 7 opérations aujourd'hui et 5 demain. Ainsi, il atteindrait peut-être 102 opérations. Mais peut-être qu'une dame va faire le forcing pour tenter de faire stériliser son chat, au dernier moment.

 

Comme chaque soir, la table de la cuisine est toujours fort bien garnie. Ce soir, nous avons du melon, à la chair blanche, en plus de la pastèque. Question nourriture, nous sommes gâtés y compris par les maîtres des animaux, grâce à leurs cadeaux, offerts en journée. Nous risquons de revenir plus gros au retour qu'à l'aller 😉

 

Le soir, une "petite souris" a déposé 200 hryvnia, sur le meuble à côté de la table de la cuisine, pour Natalya.

 

 

8.20    Le samedi 19 août

 

Natalya a enfin décidé de faire réaliser les travaux nécessaires pour remplacer les tuyaux d'arrivée d'eau, trop fragiles et cassant tout le temps, par des tuyaux plus résistants. Un ami de Sacha a creusé une grande tranchée, au milieu de la cour, afin de pouvoir remplacer le vieux tuyau par un neuf, plus épais et solide.

 

Une image contenant sol, plein air, plante, rue

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Les chats se réfugient dans la tranchée pour fuir la chaleur.

 

Nous sommes arrivés ce matin à la clinique vétérinaire à 6h55, heure locale. Encore plus tôt que prévu 😉

 

Dernier jour des opérations, aujourd'hui.

 

Jean-Claude a décidé de faire l'essai d'opérer, au moins un chat, dans l'ambulance, ce matin.

 

Il m'a demandé de le photographier à l'œuvre (en plein travail), espérant que ces photos pourront peut-être servir à convaincre d'éventuels donateurs que l'ambulance, en tant que salle d'opération itinérante, est bien opérationnelle (voir les photos ci-après).

 

 

 

 

En début d’après-midi, nous avons totalement vidé et laissé le local plus propre qu'à notre arrivée, grâce aussi à une autre Natalya, maîtresse du chien nommé Boublik, qui est venue le nettoyer au milieu de l'après-midi.

 

 

Dans le bar, où nous avons pris l’habitude de consommer une bière, après le travail, se trouve un pot en verre, pour collecter de l’argent et sur lequel est inscrit « pour le tueur de Poutine », posé sur le comptoir à côté de la caisse (voir la photo ci-après).

Une image contenant texte, intérieur, bouteille, pot

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La cagnotte pour « le tueur de Poutine » (photo de Jean-Claude).

 

Nous apprenons qu’une cagnotte a été ouverte sur le darknet et qu’elle aurait collecté plus de 6 millions de dollars, offrant, au tueur, 6 millions si Poutine est tué et un million s’il est arrêté et remis à la CPI (à la cour pénale internationale) à la Hague.

Soi-disant, certains responsables de Wagner auraient mis un contrat sur la tête de Poutine, offrant un millions de dollars à son tueur.

 

Beaucoup de rumeurs courent concernant les contrats sur la tête de Poutine. Mais aussi sur des contrats de Poutine sur la tête d’autres personnes.

 

Par exemple, il semble que Poutine ait mis à prix la tête de Valeri Zaloujny, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes.

 

Le groupe mercenaire russe Wagner se dit prêt à offrir une prime de 15 millions de dollars à qui aura la tête du ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, qui a accusé le groupe d’être à l’origine des vagues migratoires vers l’Italie. C’est ce que révèle un rapport des services de renseignement italiens[43].

 

Kyrylo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, a déclaré avoir reçu une information selon laquelle le service fédéral de sécurité russe, le FSB (principal successeur du KGB), aurait été chargé de tuer Evguéni Prigojine, après la rébellion du groupe Wagner[44]. Allégation qui sera confirmée ultérieurement.

 

Mais je n’ai trouvé aucune confirmation sûres concernant ces rumeurs ou allégations _ en tout cas, concernant ces cagnottes sur le darknet _, hormis celles-ci ci-avant et ci-dessous, en note de bas de page[45]

 

De toute façon, Il y a peu de chance que Poutine puisse être assassiné, car il est protégé, à chaque instant, par une Garde nationale de plus 350 000 hommes, directement placée sous ses ordres[46].

 

Aujourd’hui, Natalya est venue, avec Boublik, en taxi, de son village, situé à 15 km, jusqu’au dispensaire, pour une visite de contrôle. Malgré sa tête sympa, c’un vrai morphale avec tous les gâteaux que je lui donne. Je dois, à chaque fois, retirer, prestement et juste le temps, mes doigts pour qu’ils ne soient pas mordus.

 

Le soir en rentrant sur Bilolissya, avec notre ambulance, nous faisons alors un détour pour la ramener chez elle avec son chien.

Une image contenant intérieur, mur, animal domestique, chien

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Boublik et sa maîtresse.

 

8.21    Le dimanche 20 août

 

C’est le jour du grand départ, pour notre retour en France.

 

Mais avant, Natalya et Sacha nous ont invité un pique-nique, en famille, sur la plage de Katranka, où nous étions déjà rendus, mercredi dernier.

Ils ont l’idée d’y organiser aussi un grand barbecue (sur la plage). Sacha va faire un détour dans Tatarbunary, pour aller chercher un sac de charbon de bois.

Vremia et sa famille vont nous rejoindre sur cette plage, vers midi.

 

8.22    Pique-nique et seconde baignade dans la mer Noire

 

Ce midi et cet après-midi, coquillages, repas, baignade au bord de la mer Noire[47].

Instant de bonheur dans un pays en guerre.

 

Nous arrivons sur la plage vers midi. Et nous étalons nos victuailles _ dont les délicieux plats de Natalya et ses pizzas _ sur une grande nappe sous un parasol.

 

Sacha s’étant renseigné et ayant appris que les barbecues sont interdits sur plage, il renonce à aux grillades qu’il nous avait annoncées.

 

Une image contenant plein air, eau, nuage, ciel

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Cygnes tuberculés sur la lagune.

 

Vue sur la passerelle.

 

 

Installation de la famille sur la plage

 

Dernières photos de notre séance de « balnéothérapie ».

 

Parasol. Le soleil au rendez-vous

Un membre de la famille de Natalya, tentant d’apprivoiser un chien errant.

Natalya adore se faire prendre en photo

Sur le selfie, de gauche à droite, Vremia, Natalya, Jean-Claude et moi-même (Benjamin)

 

Rainette verte

Banc de la station balnéaire, réalisé avec des palettes de manutention en bois (système D).

Sable et conquillages de la mer Noire (dont au moins  15 rapanas), ramassés pour Annick, une amie, collectionnant les sables du monde entier.

 

Même sur cette plage, des chiens errants viennent à la rencontre les « estivants » quémander de la nourriture.

 

La mer étant calme, sans houle, nous avons pu nous y baigner longtemps.

 

Nous y sommes restés, Jean-Claude et moi, jusqu'à 16h, par politesse envers Natalya et sa famille qui nous avaient invité à leur pique-nique.

 

Après un adieu chaleureux à toute la famille, à Vremia et sa propre famille, nous refaisons les 40 km de route, retournant à la M-15, dont au moins 15 km de route défoncée. Puis nous nous dirigeons vers Odessa, situé à 150 km.

 

Avant d’arriver à Odessa, nous avons dû franchir plusieurs checkpoints militaires, créant de longs embouteillages, dont deux concernant le franchissement d’un petit bout de la Moldavie. Pour permettre cette traversée moldave, sans avoir à acheter une vignette, un militaire nous a remis une carte en plastique jaune, portant l’emblème de l’Ukraine, que nous devons redonner à un autre militaire en sortant du territoire moldave.

 

Juste avant d’arrivée à Odessa, nous avons franchi une langue de terre, séparant une grande lagune et la mer.

L’arrivée sur Odessa était décevante : un ensemble de HLM, de type soviétiques, quasiment à perte de vue. Après avoir franchi, une banlieue de HLM, nous arrivons dans une autre quartier rempli de maisons individuelles. Puis à force de chercher, nous trouvons enfin la maison d’hôte, bien cachée, qu’Igor nous avait conseillée.

Son prix n’est pas de 700 mais de 800 UAH (environ 20€), à régler en liquide (heureusement, j’en avais). Nous avons le droit à un studio tout confort, avec une chambre avec deux lits et une climatisation, une cuisine équipée et une salle de bain séparée.

 

Jean-Claude me suggère de rédiger un récit de notre voyage, puis de le transformer en livre, plaquette, brochure ou opuscule, afin de le vendre, afin de pouvoir financer d’autres missions eu Ukraine.

 

8.23    Le lundi 21 août

 

Le matin, à 8h, nous avons rendez-vous avec Igor Zhurin[48], à sa clinique vétérinaire, moderne, aux normes européennes  _ équipé d’un échographe, d’un appareil de radiologie, d’un chromatographe, d’une salle d’opération avec scialytique _ un système d'éclairage, ne produisant pas d'ombre, utilisé dans les salles opératoires, mais dont la Vet'Mobile n'est pas équipée. Selon Jean-Claude, il n'en a pas besoin.

 

Jean-Claude devait lui remettre les certificats de vaccination, l’inventaire de toutes les vaccinations, les chips (les puces) ukrainiennes et vaccins non utilisées.

Lors de notre passage à son établissement, Igor a semblé très chaleureux, nous remerciant avec ferveur.

Avant de partir, nous avons trinqué.

 

De l'intérêt de la bière sans alcool.

La 2nd véto de cette clinique avec Jean-Claude

 

Après le rendez-vous avec Igor, nous devions partir vers la Pologne. Mais ce dernier nous a convaincu de passer par la Roumanie, où selon lui, le temps de passage à la frontière est d’environ 3 heures maximum contre plus de 10 heures en passant par Lviv, la frontière polonaise et la Pologne (qui est la voie classique empruntée par la majorité des convois humanitaires).

 

Nous n'avons pas le temps d'aller voir notre sympathique Ludmilla. Dommage.

Lors des bombardements d'Odessa, lors de trois nuits d’enfer entre les 23 et 25 juillet 2023, qui a détruit ou endommagé 25 monuments historiques, un missile était tombé à côté de chez elle et elle avait été très choquée.

 

Itinéraire retour, du 21 au 24 août, choisie par Jean-Claude (image fournie par Jean-Claude) _ voir ci-après :

 

Une image contenant carte, atlas, texte

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9         Notre retour

 

Notre application Waze, toujours optimiste, prévoit 11 heures pour faire la route d’Odessa à Bucarest.

 

Nous avons mis un certain temps à quitter la zone industrielle d’Odessa, où nous sommes arrêtés pour prendre le dernier plein de gasoil en Ukraine. Nous avons la surprise de découvrir que les carburants, en Ukraine, sont à moitié prix par rapport aux mêmes carburants en France. Il faut en profiter.

 

Nous avons franchi les mêmes checkpoints et longs embouteillages, qu’à aller.  Cette fois-ci seulement deux. A l’un des deux, un soldat a fait faire un demi-tour à deux resquilleurs (deux 4x4).

 

L’attente à la frontière ukraino-moldave, située près d’Olasnesti, où j’aperçois un drapeau européen sur le poste moldave, est particulièrement longue, environ trois heures. Nous sommes arrivés à midi et les douaniers sont, lors de leur pause d’une heure, partis déjeuner. Puis, un seul douanier au guichets qui contrôle 40 passeports, en une seule fois. Ce processus est particulièrement long. Nous attendons sous le cagnard. Dans l’ambulance, il fait 40°C.

 

Des joueurs athlétiques, portant des tee-shirts aux couleurs du club de foot du Dynamo Kiev, à côté de leur bus aux mêmes couleurs, attendaient avec nous.

 

Joueurs du Dynamo Kiev, devant leur bus.

Chapiteau d’Amici del Bambini et d’Oxfam.

 

Avant la frontière ukraino-moldave, une grande tente ou chapiteau, toute en longueur, d'une ONG italienne, Amici del Bambini, et d’Oxfam, était dressée pour l'accueil des réfugiés ukrainiens. Elle était remplie des bénévoles de l'ONG et de tables offrant des sandwichs, des boissons et des brochures en ukrainiens ... mais aucun réfugié ukrainien n’est présent.

 

A l'extérieur, un pope barbu, en longue soutane marron, semblait attendre les âmes à sauver, sous un soleil de plomb.

 

La Moldavie, que nous traversons, semble être un pays essentiellement agricoles. Nous passons par Causeni (sans passer par sa capitale Chisinau), puis par une nationale, en terre (non goudronnée) épouvantable, avant d’arrivé dans la région de Gagaouzie et les villes gagaouze de Comrat et de Vukanesnty. Plus haut dans ce récit, j’avais déjà parlé du peuple gagaouze, qui habite cette région autonome, et sa langue. Dans cette région, toutes les inscription sont en cyrillique. Alors que dans le reste du pays, toutes les inscriptions sont en roumains et lettres latines.

 

Au niveau de la ville de Comgaz, nous apercevons un voiture renversée dans le fossé et six moutons percutés et morts. L’automobiliste a dû rouler trop vite. L’éleveur doit être en pleur.

 

On rencontre régulièrement, en plus du drapeau moldave qui ressemble au drapeau roumains, des drapeaux européens. Des pancartes annoncent que la Moldave devraient rentrer dans l’UE en 2030. Elle semble de réjouir de rejoindre l’UE, mais est-ce que les Moldaves ne font des illusions ? La Russie, étant en embuscade, ayant fait en sorte, dans le passé, que la Moldavie ne puisse rejoindre la Roumanie, fera certainement pour tout empêcher cette adhésion.

 

Vers 19h, nous arrivons à la ville moldave, de Cahul, aux HLM soviétiques. Nous faisons une pause dans un charmant salon de thé où nous dégustons des pâtisseries. Nous repartons vers 19h20.

 

Nous franchissons la frontière entre la Moldavie et la Roumanie, au niveau du pont séparant Cahul et Oancea, au lieu-dit Hu-Nãdlac.

Cette fois-ci, la file d’attente n’est pas longue et notre temps d’attente ne sera que de de trois quart d’heure (entre 19h45 et 20h30). Nous avons une petite pointe d’angoisse, quand le douanier remarque que notre camionnette est une Citroën Jumper alors que sur sa carte grise, il est indiqué Citroën Jumper Petit-Picot – Gruau, du nom de la société tourangelle qui a personnalisé la camionnette en ambulance.

Après les explications de Jean-Claude, le douanier nous laisse finalement passer.

 

Waze dysfonctionnant momentanément, nous nous perdons sur 10 km. Puis nous retrouvons notre route.

Il fait quasiment nuit. La route est pleine de virages.

 

9.1        Le mardi 22 août

 

Nous avons roulé jusqu'à une heure du matin, après avoir traversé une route de montagne, aux centaines de virages, dont beaucoup en épingle de cheveux, qui s'enchaînaient d'une façon ininterrompue. Je n’en voyais pas la fin.

 

La station de service, bienvenue, de Târgu Secuiesc

 

Après avoir franchi, de nuit, la chaîne montagneuse de Transylvanie, enfin, nous parvenons, à une zone de plaine puis à la ville roumaine de Târgu Secuiesc, à une heure du matin. J’ai roulé 3h30. Je suis épuisé.

Une station-service, à l'entrée de cette ville, encore ouverte, était la bienvenue.

Nous avons fait le plein, dîné et dormi dans l'ambulance, sur son parking.

 

Réveil à 7h du matin, pour reprendre la route vers 8h.

En route pour le retour en France. Nous devrions y arriver le 23 août.

La journée s’annonce belle 😙.

 

La traversée de la Roumanie, sur de nombreuses routes à deux voies chargées, semble vraiment très longue.

Nous passons régulièrement à côté de jolies églises et de monuments historiques et je regrette que nous n’ayons pas le temps de nous y arrêter.

Dans de ce pays, je suis heureux de la présence de nombreuses cigognes sur ces villages roumains.

 

On constate que c’est un pays pauvre, tout comme la Moldavie, avec ses nombreuses charrettes, tirées par des chevaux et ses chiens errants.  

 

A Sibiu, à 12h30, nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute pour le déjeuner, dans cet excellent restaurant Hei cofee & restaurant. Nous repartons vers 14h.

 

Nous arrivons à la frontière entre la Roumanie et la Hongrie, à 16h40 et repartons à 17h50.

Une barrière de la douane étant tombée en panne, en face de la queue dans laquelle nous attendions, le douanier neutralise son poste avec une poubelle et nous sommes obligé de changer de file, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps. Sur le guichet de la douane, côté Hongrie, une affiche, en anglais, indique que le passage de la frontière est gratuit et qu’il n’y a pas besoin de donner de l’argent au douanier. C’est certainement de l’humour.

 

A 20h30, nous franchissons rapidement la frontière séparant la Hongrie de l’Autriche, sans quasiment marquer un arrêt.

 

Nous arrêtons sur une aire d’autoroute, du côté de la ville de Graz (Autriche).

Nous avons été gênés par le bruit du moteur d’un camion frigorifique, tournant toute la nuit. Cela arrive fréquemment sur les aires d’autoroute.

 

9.2        Le mercredi 23 août

 

A 6h du matin, nous sommes réveillés par un violent orage. Nous avons le temps de prendre notre petit déjeuner au magasin de la station d’autoroute.

 

Jean-Claude, fatigué, me donne des leçons de conduite, m’incitant à anticiper les ralentissements pour ne pas avoir à freiner ou bien pour éviter de me tromper de vitesse.

 

Vers 11h, un fort bruit de roulement se fait attendre. Je pense attendre la prochaine aire d’autoroute pour savoir d’où vient ce bruit. J'ai encore roulé plusieurs minutes, avant de me rendre compte que le pneu arrière gauche était crevé. J’ai pu rejoindre une aire d’autoroute.

 

Toujours très prévoyant, avant le départ, Jean-Claude s’était fait expliquer par le vendeur de l’ambulance la procédure pour changer le pneu. Il arrive à changer rapidement le pneu, malgré son poids, en le remplaçant par la roue de secours.

 

Jean-Claude cherche immédiatement un garage pour la faire réparer ou remplacer.

 

A la prochaine sortie d’autoroute, coup de chance, dans la zone industrielle d’une petite ville Bretzfeld-Schwabbach, un Euromaster.

Ce garage nous dit que j’ai roulé trop longtemps sur le pneu crevé, qu’il est déformé et donc irrécupérable. Il nous précisera que le pneu avait un défaut, car muni d’un embout pour pneu de voiture et non pour camionnette et que c’était lui qui s’était fendu (alors que les 3 autres pneus avaient le bon embout). L’incident de la crevaison et du remplacement du pneu nous ferma perdre 1h30. Nous redémarrons vers 14h30. L’intervention, très professionnelle, et le pneu neuf coûteront 145€.

 

Dans notre « malheur », nous avons eu la chance de trouver immédiatement une aire d’autoroute puis un Euromaster à proximité.

 

En Ukraine et Roumanie, nous n’avions pas vu de femme voilée. Elles sont de retour, certaines de noir vêtu, de la tête au pied, en Hongrie, Autriche, Allemagne et France.

 

Nous arrivons en France, du côté de Merlebach, vers 15h.

Vers 16h, la camionnette subi de nouveau cette perte de puissance catastrophique, qui fait qu’elle se traîne maintenant dans chaque montée. Nous faisons une autre pause vers 17h50.

 

Jean-Claude m'a déposé à Mitry Mory vers 21h10.

Puis il est reparti vers Beaugency.

 

9.3        Le jeudi 24 août

 

Jean-Claude n’aura eu qu’une journée de repos, ce jeudi, pour préparer, pour vendredi, ses 24 heures cyclistes du Mans.

 

La camionnette aura fait 7000 km, consommant en moyenne 10L/100km. Le coût du carburant gasoil aura été de 1000€. Jean-Claude ayant réussi à trouver, de temps en temps, des stations où le gasoil était à 1,8€/L.

 

10    Epilogue

 

10.1    Les terribles conséquences de la guerre

 

La majorité des Français ne se rendent pas compte des énormes pertes de jeunes et de personnes mûres sur le front, en Ukraine _ déjà peut-être 250.000 victimes ou plus de chaque côté.

Je sais qu'avec toutes ces mines anti-personnel (pfm-1...), ces tranchées, ces fossés anti-char, ces combats souvent au corps à corps, avec mitraillette, baïonnettes, grenades, les soldats des deux camps sojt retournés dans l’enfer des combats de tranchées de type Verdun, comme durant la 1ere guerre mondiale, très meurtriers avec énormément de pertes humaines et beaucoup de mutilés.

 

Sans compter les risques d'autres morts à venir, même si le conflit s'arrête, les Russes ont posés des millions de mines, jusqu'à 6 mines au m2. Il y en a pour 40 ans à déminer selon mon ami ukrainien, Andrii, démineur sur le front. Pour 70 ans, selon d'autres Ukrainiens.

 

10.2    Analyse de l’’idée de la Vet’Mobile

 

La solution d’une ambulance vétérinaire, la « Vet’mobile », pouvant constituer un dispensaire mobile, où l’on peut y réaliser des opérations chirurgicales, dont des stérilisations, est une idée ingénieuse, mais coûteuse.

 

A-t-on besoin d’acheter une ambulance d’occasion plus chère qu’une simple camionnette (Renault Trafic, Citroën Jumper …) ? Jean-Claude, en ayant acheté une pour seulement 9000€, s’est déjà bien débrouillé.

 

Pour un dispensaire vétérinaire en Ukraine, il faut juste un local fermé à clé, de l'électricité, une petite salle de bain avec un lavabo avec de l'eau et un WC (voire du chauffage ou, à défaut, un solide chauffage d'appoint pour l'hiver) ... dans un lieu où il n'y a pas de risques de vol.

 

Sur place, nous avons constaté qu’il y avait toujours des personnes prêtes à nous aider bénévolement, comme l’a fait Vremia. Il est alors important de se reposer sur leur aide.

 

Le fait que nous dormions dans l'ambulance que le matelas pneumatique de JC prenait beaucoup de place a réduit les capacités d'emport de l'ambulance.

Si nous dormons dans l’ambulance, mieux vaut dormir sur des tapis de sol en mousse, prenant moins de place.

Je possède plusieurs tentes tunnel deux places Forclaz T2 light, qui ne prennent pas de place qui sont légères moins de 2 kg.

Aurions-nous plutôt dû prendre des tentes et coucher dehors ? Mais il est vrai que planter une tente sur les aires d'autoroute, ce n'est pas évident.

 

A la fin de la mission, il manquait du gaz anesthésique, du fil à suturer résorbable, la bouteille d’oxygène est arrivée vide (elle fuyait) ... Sans la pénurie de ces consommables, à la fin de la mission, Jean-Claude aurait pu opérer encore plus d’animaux. Mais je sais que lors d'une prochaine mission, Jean Claude va facilement corriger tout cela, en emportant de plus grandes quantités de ces consommables.

 

10.3    L’atteinte des buts de la mission

 

Jean-Claude, un vrai perfectionniste, l'a très bien préparé au niveau de sa logistique.

Sinon, sur place, tous les petits problèmes ont été résolu par le système D et l'entraide.

 

Comme je l'avais dit à Jean Claude Laurent dans notre chambre à Odessa en Ukraine, avant notre retour, et nous étions d'accord, tous les deux, sur ce constat :  cette mission a été une réussite à 100% si nous revenons en un seul morceau. Ce qui est le cas.

 

Les objectifs de Jean-Claude de 100 stérilisations et vaccinations ont bien été atteints, puisqu'il a atteint le chiffre de 101 stérilisations et vaccinations, en moins de deux semaines, ... et cela malgré certains impondérables _ bris de la vitre de la porte latérale à Bilolissya, crevaison sur la route du retour en Allemagne, manque de certains produits vétérinaires, quasiment le dernier jour, obligeant Jean Claude à la débrouille.

 

Réussite grâce à une préparation impeccable de la mission par Jean-Claude.

Il ne panique pas, il est débrouillard et bricoleur _ voir, par exemple, sa magnifique réparation de la vitre brisée. Il est rigoureux, exigeant, mais même trop et excessivement exigeant.

 

Les leçons de l'expérience nous serviront, je l’espère, lors de la prochaine mission (ou des prochaines ?).

 

10.4    La table électrique réparée

 

Deux semaines après son retour en France, Jean-Claude m'informe que la table électrique de l'ambulance, pour les opérations, a été réparée :

 

« Salut Benjamin.  Après 15 jours de recherches et de tests, j'ai enfin pu reconnecter la table de l'ambulance et la monter. C'était un véritable jeu de piste qui commençait par la recherche de la batterie secondaire qui était sous le plancher de la cabine, qu'il a fallu reconnecter au réseau 12 V intérieur et ensuite identifier les bons fils des 2 moteurs électriques parmi la vingtaine présents sous la table. À chaque étape, il était exclu de faire une erreur qui aurait tout grillé. Au final, j'ai été bien aidé par le chef de garage du SDIS d'Orléans qui m'a conseillé par téléphone (ça aurait beaucoup plus rapide s'il m'avait dit de passer le voir mais il ne l'a pas proposé...). […] c'est un montage vraiment spécifique et un non-spécialiste de ces équipements n'aurait pas trouvé rapidement ».

 

10.5    Un problème non résolu

 

Mmes cinq caisses lourdes de matériel médical consommable, mes 15 cannes anglaise plus une valise à roulettes de médicaments sont restées bloquées à Paris.

 

Mais sur ma propre cagnotte, j'ai toujours 760€, que je n’ai pas touché, pour le transport de ces cadeaux pour l’hôpital de Kiev, que Jean-Marc m’a recommandé.

 

Ce qui compte est que tous ce matériel arrive chez Jean-Marc à Kiev, fin septembre ou début octobre.

Pas besoin que j'accompagne nécessairement ces caisses.

 

J’ai pris plus de 1100 photos et vidéos, durant le voyage. Nous verrons comment utiliser cette base photographique et vidéo. Je pense sélectionner les plus belles photos et en faire une page web, avec le logiciel « ImageCollection ».

 

11    Bibliographie

 

11.1    Sur la préparation de nos projets humanitaires

 

[1] Vet4Ukraine : un projet au service des animaux ukrainiens abandonnés, Mercredi 5 Avril 2023, https://www.depecheveterinaire.com/vet4ukraine-un-projet-au-service-des-animaux-ukrainiens-abandonnes_679A50893C6DAA6B.html

[2] Cagnotte « Un convoi de médicaments pour l’Ukraine », https://www.leetchi.com/fr/c/un-convoi-de-medicaments-pour-lukraine

 

11.2    Concernant le problème des mines russes en Ukraine

 

[3] En Ukraine, avec les démineurs : « Il m’est arrivé de mettre quatre jours pour nettoyer 150 mètres, mais il n’y a pas d’autre option », Florence Aubenas  (Région de Zaporijia (Ukraine), envoyée spéciale) [Article réservé aux abonnés], 06/09/2023, https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/06/en-ukraine-avec-les-demineurs-il-m-est-arrive-de-mettre-quatre-jours-pour-nettoyer-150-metres-mais-il-n-y-a-pas-d-autre-option_6188020_3210.html

REPORTAGE. La contre-offensive lancée en juin par les forces de Kiev est rendue particulièrement périlleuse par l’ampleur du minage des positions de défense russes. Les équipes de déminage opèrent pas à pas, la nuit, en petites unités.

 

11.3    Les documents consultés pour rédiger ce récit

 

[4] Ukraine (version française), guide Lonely Planet, 2014.

[5] Russia, Ukraine & Belarus (version anglaise), Lonely Planet, travel Survival Guide, 1996.

[6] Ukraine, guide le Petit Futé, 2019-2020.

[6bis] Ukraine, guide le Petit Futé, 2012-2013.

[7] Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Le guide du Routard, 2008-2009.

[8] Roumanie, Diane Chesnais, Noi Media Print, 1999.

 

11.4    Cartes consultées

 

[9] Europe routière, IGN, 1:2.500.000, 2017.

[10] Ukrainia, ExpressMap, 1 :1.000.000n 2018.

 

11.5    Livres pour apprendre l’ukrainien

 

Conseil : Se faire aider par les intonations par le traducteur de Google.

Le mieux c’est d’apprendre et de pratiquer la langue avec les Ukrainiens.

 

[11] Mini Dictionnaire visuel ukrainien, Harrap’s, 2022.

[12] L’ukrainien tout de suite, niveau débutant, Langues pour tous Pocket, 2023.

[13] Guide de conversation – ukrainien, T&P Books (Amazon), 2016.

[14] L’ukrainien en 30 minutes (Amazon).

 

11.6    Livres et articles pour mieux connaître les Ukrainiens, l’Ukraine et son histoire

 

L’histoire de l’Ukraine a été souvent tragique.

 

[15] KOURKOV Andreï : l’Ukraine est un État naturellement « antitotalitaire, Entretien avec Clarisse Brossard, 12 mars 2023, https://desk-russie.eu/2023/03/12/andrei-kourkov-l-ukraine-est-un-etat.html

 

11.6.1    Littérature ukrainienne

 

[16] KOURKOV Andreï, Journal d’une invasion, traduit de l’anglais par Johann Bihr, Noir sur Blanc, 2023.

[17] KOURKOV Andreï, L’Oreille de Kiev, Liana Levi, 2022.

ANDRUKHOVYCH Youri (1960-), Moscoviada, traduit de l’ukrainien par Maria Malanchuk, Noir sur Blanc, 2007.

[18] JADAN Serhiy (1974-…), La Route du Donbass, traduit de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn, Noir sur Blanc, 2013.

[19] KOTLIAREVSKY Ivan (1769-1838) : œuvres non traduites en français.

[20] SKOVORODA Hryhoriy (1722-1794) : œuvres non traduites en français.

 

11.6.2    Histoire

 

[21] APPLEBAUM Anne, Famine rouge, Gallimard, Folio histoire, n° 327, 2022.

[22] Collectif, Lettre de Kharkov, Noir sur Blanc, 2013.

[23] PLOKHY Serhiy, Aux portes de l’Europe. Histoire de l’Ukraine, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 2022.

[24] POLLACK Martin, Empereur d’Amérique, Noir sur Blanc, 2023.

[25] SANDS Philippe, Retour à Lemberg, Le Livre de Poche, 2019.

[26] SNYDER Timothy, Terre de sang, Gallimard, Folio histoire, n° 280, Gallimard, 2019.

[27] LEBEDUNSKY Iaroslav, Les cosaques, Editions Errance, 2004.

[28] LEBEDYNSKY Iaroslav, Ukraine : une histoire en question, L’Harmattan, 2008.

[29] JOUKOVSKY Arkady, Histoire de l’Ukraine, Editions du Dauphin, 2005.

[30] BOULGAKOV Mikhaïl, La garde blanche, Pocket, 2003.

[31] MAKHNO Nestor, Mémoires et écrits, Ivrea, 2010.

[32] Patrick Desbois (Père), Porteur de mémoires. Sur les traces de la Shoah par balles, Editions Flammarion, 2007.

 

12    Annexe : Précisions sur la mission humanitaire organisée par Jean-Claude et Résilience internationale

 

Cette mission humanitaire a eu lieu du 01 Août au 21 Août 2023, à Tatarbunary (à 150 km au sud d'Odessa, en Ukraine) où un dispensaire vétérinaire temporaire a été être créé.

 

L'objet de l'intervention était la stérilisation de plus d'une centaine de chats et de chiens, certains errants.

 

Nous y sommes rendus dans une ambulance Citroën Jumper VASP, de marque Petit-Picot - Gruau, d'occasion, achetée 7000€, réaménager par Jean-Claude, devant servir de clinique vétérinaire mobile.

 

La nuit, nous étions hébergés chez Natalya Kissa (Наталья Киса)[49], au village de Bilolissya, situé à 6 km de Tatarbunary. Elle-même héberge plus d'une dizaine de chats, souvent des chats errants recueillis, vivant la cour extérieure de sa maison. C'est elle qui avait fait appel aux services vétérinaires de Jean-Claude.

 

Zhurin Igor Vladimirovitch (Журин Игор Владимирович)[50], vétérinaire à Odessa, fournissait les puces ukrainiennes, les certificats de vaccination. C’est lui qui s’occupait des démarches administratives auprès des autorités vétérinaires ukrainiennes.

 

Ce projet a pour objectif de :

 

- mener une campagne de stérilisation des chats et chiens errants de la région (qui ont proliféré ces derniers mois faute de soins et en raison d'abandons forcés)

- soigner les chats et chiens des personnes sans ressources.

- tisser des liens professionnels et de formation entre les vétérinaires ukrainiens et français.

 

Le véhicule avait déjà été acheté par l'association Résilience Internationale, qui finance une grande partie du voyage (essence ...).

 

Note : Résilience Internationale, dont le siège est à Bort-les-Orgues, a été créée en avril 2022 et a déjà organisé 7 convois en direction de l'Ukraine. Sa Présidente est Mme Karine Rigal.

 

Pour cette mission, Jean-Claude, a aussi créé l’association Vet4Ukraine.

 

Le budget prévisionnel du projet était de plus de 41.000€ (fortement réduit ensuite) [1].

 

13    Annexe : Présentation détaillée de la mission

 

13.1    Objet de la mission

 

Dans une démarche de préservation d’une santé globale, commune aux espèces (humains et animaux), nous organisons des campagnes de stérilisation, identification et vaccination des animaux errants ou en refuge à travers l’Ukraine. Nous venons en appui des actions effectuées par les vétérinaires Ukrainiens.

Ainsi, nous participons à lutter contre la rage, améliorer les conditions sanitaires et de confort de vie, des populations et des animaux.

À cet effet, nous avons créé le concept de clinique vétérinaire Mobile, afin de pouvoir intervenir sur diverses zones, où se situent les besoins.

 

13.2    Problématique actuelle sur le terrain

 

C'est environ 3.000 km' qui ont été libérés en septembre 2022 dans la région de Kharkiv. Pour donner un ordre d'idée. 3.000 km' c'est la moitié d'un département français.

 

Ces zones ont été désertées par une grande partie de leur population. Seuls quelques-uns restent, attachés à leur maison, démunis de tout, essayant de .unir et de soigner les animaux qui ont été abandonnés par leur maîtres qui fuyaient les bombes.

 

Ces personnes restées sur place sont souvent des personnes âgées et pauvres sans véhicule qui ne peuvent pas emmener les animaux jusqu'à Kharkiv où une clinique vétérinaire pourrait les accueillir.

C'est pour stériliser, vacciner identifier et soigner ces animaux que le projet Vet4Ukraine a été lancé.

C'est pour s'approcher au plus près de ces personnes restées sur place que l'idée de la clinique mobile a été imaginée.

 

13.3    Description de la mission

 

La présente mission débutera au départ de France le 1 er août 2023 et se poursuivra jusqu’au 20 août, pour intervenir dans la ville de TATARBOUNARY, Oblast de Odessa, en coopération avec le Dr Igor VOLODYMYROVYCH ZHURIN (65069 ODESSA, Propect DOBROVOSKOGO 70 Point de Médecine Vétérinaire d’Urgence – CLINIQUE VETERINAIRE AMULET).

 

Notre correspondante à TATARBOUNARY est Mme Natalia ALEKSANDROVNA née le 2 mai 1977, elle est bénévole et se charge de préparer les animaux à stériliser avec d’autres volontaires en appui. Notre équipe résidera chez elle durant la mission.

 

Nous avons pour projet de créer plusieurs Clinique mobile, certaines seront données à des associations ukrainiennes afin de les aider matériellement, d’autres resteront au sein de notre structure et partiront en mission régulière avec des équipes de vétérinaire européens expérimentés.

 

Nos missions s’organisent systématiquement en partenariat avec des cliniques vétérinaires, ukrainienne et des organisations de type Refuge pour animaux.

À bord du présent véhicule, Clinique mobile immatriculé :CF-659-XH se trouvent deux membres de notre association désignés ci-dessous :

 

·         Docteur Jean-Claude LAURENT de Nationalité Française né le 02/12/1959 (Vétérinaire)

·         Mr Benjamin LISAN de Nationalité Française né le 09/07/1955 (retraité, volontaire pour l’assister)

 

Et du matériel médical et consommables listés en annexe.

 

Notre association est couverte par une assurance Multirisque Association Responsabilité Générale Contractée auprès de la compagnie SMACL France, Référencée Assuré : 365911/E - RESILIENCE INTERNATIONALE 90 RUE MARCHE 19110 BORT LES ORGUES

 

Au titre du contrat Multirisque Association N° C2022-11648, SMACL Assurances certifie garantir les conséquences pécuniaires de la responsabilité encourue par l'assuré du fait de ses activités.

Cette assurance s'applique tant à l'égard des tiers en général qu'envers les propriétaires des locaux utilisés occasionnellement, pour les dommages d'incendie, d'explosion, de dégâts des eaux et de bris de glace.

 

> Montant des garanties

Les garanties s’exercent tous dommages confondus (corporels, matériels et immatériels) à concurrence de

8 000 000 € par sinistre sans pouvoir excéder les sous-limitations prévues au contrat.

L’équipage présent sur cette mission possède une « assurance voyageur » et une responsabilité civile professionnelle en ce qui concerne le Dr Jean-Claude LAURENT couvrant son activité de vétérinaire.

 

LISTE DES ANNEXES portées à la présente :

 

- Statuts juridique de RESILIENCE Internationale

- Extrait du journal officiel français pour immatriculation de l’association

- Extrait du Registre préfectoral

- Copie des passeports des intervenants

- Cartes de membres de l’équipe présente

- Lettre de sollicitation / coopération du Dr Igor VOLODYMYROVYCH

- Liste du matériel, consommable et divers objets présents à bord du véhicule.

 

14    Annexe : Matériel transporté dans la VetMobile

 

Liste du matériel, consommables et divers objets à bord du véhicule :

 

Carton 1 : Cathéters jaunes : 2 boites de 50 Cathéters bleus : 2 boites de 50 Cathéters

roses : 1 boite de 50 Cathéters verts : 1 boite de 50 Sondes urinaires chat : 3 Lames de

bistouri N°11 : 1 boîte de 100 Aiguilles oranges : 2 boîtes de 100 Aiguilles roses : 1 boîte

de 100 Aiguilles bleues : 1 boîte de 100 Masques chirurgicaux : 1 boîte de 60 Champs

stériles individuels : 6 Champs stériles : 1 boîte de 50. Compresses stériles individuelles 15

paquets Bandes cohésives 23 Elasoplast : 5 rouleaux Bandes de crêpe : 12 rouleaux

 

Carton 2 : Compresses hémostatiques : 4 Gants stériles de chirurgie : 50 paires Gants

d'examen non steriles : 1 boîte de 100 Compresses sachets individuels : 44 Couvertures de

survie : 5

 

Carton 3 : Champs stériles : 1 boite de 65 Microperfuseur 1 boite de 100 Compresses non

stériles 1 paquet de 100 Trousses de chirurgie : 6 Boite de Compresses stérilisables : 1 Fils

1.0 : 1 boite de 12 Fils 2.0 : 2 boites de 36 Fils 3.0 : 1 boite de 36 1 tondeuse sans fil 1 Lecteur

puce Broadline chat : 19 doses Capstar chat 1 boite de 4 CP Sparadrap 3 rouleaux

 

Carton 4 : 20 ampoules de 250 ml NaCl

 

Valise des injectables : 2 tondeuses filaires 2 têtes de tonte de rechange Inflacam : 2 flacons

20 ml Shotapen : 1 flacon de 100 ml Duplocine : 1 flacon de 100 ml Déméthyl : 1 flacon

de 5 ml Rompun : 1 flacon de 25 ml Buprecare : 2 flacons de 10 ml Dormilan : 1 flacon de

10 ml Antidorm : 1 flacon de 10 ml Calmivet : 1 flacon de 50 ml Primperan : 3 ampoules

Candilat : 3 ampoules. Thermomètre : 2 Sthetoscope : 1

 

Valise anesthésie 1

cuve isoflurane Omheda 1

Circuit de restauration 1

chargeur à isoflurane 1 filtre à isoflurane

 

Coffre-fort

1 flacon d'isoflurane

4 flacons de 10ml de Kétamine

 

15    Annexe : Estimation prévisionnelle du budget de la mission

 

15.1    Evaluation du coût

 

Matériel chirurgical (estimation du matériel d'occasion 950% de sa valeur neuve)            4.920,00 €

Table inox réglable en hauteur   930,00 €

Scialytique          890-00 €

Poste anesthésie gazeuse             800,00 €

Concentrateur oxygène 540,00 €

Bouteilles d'oxygène (2)               14000 €

Bistouri électrique           630,00 €

Pompe à perfusion          480,00 €

Tondeuse électrique        100,00 €

Bottes chirurgicales pour ovariectomie (5)           360,00 €

Lecteur de puces              50.00 €

Cages de réveil (5) Chiffré avec agencement

 

Matériel médical            12.940,00 €

Otoscope Ophtalmoscope           300.00 €

Appareil d'analyse sanguine        10 000.00 €

Centrifugeuse    140,00 €

Echographe        2 500.00 €

 

Matériel annexe              1.500,00 €

Stérilisateur à chaleur sèche (ou simple four)      150,00 €

Bouilloire électrique pour réchauffer les animaux             20,00 €

Mini réfrigérateur pour conserver les vaccins      150,00 €

Mini coffre-fort pour ranger les anesthésiques   40,00 €

Valises de transport matériel médical (4)              16000 €

Groupe électrogène 4,5 kW        800,00 €

Convertisseur DC/AC (alimentation 220 V faible puissance sur batteries du véhicule)        180.00 €

 

Médicaments   1 500,00 €

Xylazine 2 flacons de 25 ml          140,00 €

Kétarnine 4 flacons de 10 n,        47.00 €

Buprénorphine : 2 flacons de 10 ml         100-00 €

Atipamézole 1 flacon de 10 ml   100,00 €

Benzyl Péniciline 551.11-retard : 2 flacons de 50 ml         50,00 €

Meloxicam : 4 flacons de 10 ml  136,00 €

Methyl Prednisolone Acétate 2 flacons de 5 ml   40,00 €

A.P.E.

Vaccins Coryza Typhus Rage : 100 doses 650.00 €

Vaccins Rage 100 doses 237,00 €

 

Consommables 750,00 €

Sutures Polysorb serties 3-0 : 3 bottes de 36       23,00 €

Seringues 2 ml : 2 bottes de 100 seringues           8,00 €

Aiguilles 23Gx1 : 2 bottes de 100 aiguilles             7-00 €

Insert Thermochip : 10 boites de 10 inserts          504.00 €

Compresses : 4 bottes de 100 compresses           20,00 €

Champs chirurgicaux stériles UU 45/75 120        75,00 €

Gants d'examen non stériles M&L 4 boites de 100            75,00 €

Ruban témoin stérilisation sèche              38,00 €

 

15.2    Calendrier de réalisation

 

Mise en Place en août 2023                      

 

15.3    Budget du projet         32.820,00 €

 

Véhicule               7.000,00 €

Equipement intérieur chirurgical 4.920,00 €

Equipement intérieur médical    12.950,00 €

Equipement intérieur non-médical 1.500,00 €

Agencement 1.500,00 €

Approvisionnement en médicaments pour 1 an d'activité 1.500,00 €

Approvisionnement en consommables pour 1 an d'activité 750,00 €

Tente type Barnum pour abriter les cages pendant la phase de réveil (6mX3m) 1.500,00

Transfert du véhicule jusqu'à Kharkiv      600,00 €

Cages de trappage (4)                   600,00 €

 

15.4    Sources de financement déjà trouvées                  

 

- Résilience internationale foumit le Citroen Jumper, sa révision, son agencement intérieur, le groupe électrogène 4,5kw et la tente Barnum 6mX3m pour une valeur de 10 800 €

- Vente de Mugs Vet4Cats : 960 euros au 1° mars 2023.

 

15.5    Sources de financement à trouver

               

- Fourniture de matériel médical d'occasion par Sévétys (lors de rééquipement de cliniques)

- Collecte de médicaments et consommables auprès de la profession vétérinaire (Labos, Centrales, Organisations professionnelles etc)

- Subvention en cours de discussion avec la MAIF.

 

Finalement, concernant cette mission "vet'mobile 1", l'association Résilience internationale :

 

- a financé 350 euros pour les vaccins et micro-chips (puces).

- et finance (sur notes de frais) le carburant pour un montant de 1500 €.

 

 

16    Annexe : Liste du matériel chirurgical consommable pour un hôpital de Kiev

 

Référence

Désignation

N° Lot

Quantité

PU
Brut
HT

Remise

PU Net
HT

Montant
HT

Total
TTC

TVA

AI10542

Aiguille TERUMO marron 26G 1/2 13mm x 0.45 bte100u

 

10,00

2,75 €

0,00

2,75 €

27,50 €

33,00 €

7

SE10843

Seringue TERUMO 3piéces 10ml bte100unités /12

 

10,00

15,00 €

0,00

15,00 €

150,00 €

180,00 €

7

 

GA10318 Gants chir " PROTEXIS latex essentiaL" Non poudrés stériles T5.5 la boite de 50 paires

 

2,00

47,50 €

0,00

47,50 €

95,00 €

100,23 €

6

BL10540

Blouse STERILE verte poignée jersey la blouse cart 45 unités

 

1,00

108,33

0,00

108,33 €

108,33 €

114,29 €

6

CH10228

Champ NON TROUE ADHESIF 45x75cm boite de 60 unités

 

2,00

50,00 €

0,00

50,00 €

100,00 €

120,00 €

7

PA10374

Pansement absorbant compressif stérile en (15x20)cm bte 10 unités

 

10,00

4,33 €

0,00

4,33 €

43,33 €

52,00 €

7

 

MODE DE REGLEMENT

ECHEANCES

Date

Montant

 

23/06/2023

604,34 €

Frais de
port HT

Total HT

 

Total TTC

Montant TVA

Acompte
Versé

Escompte

Net à payer

0,00 €

528,18 €

604,34 €

76,16 €

0,00

0,00

604,34 €

 

17    Annexe : Equipement que j’avais décidé d’emporter en Ukraine

 

Je m’étais équipé comme si j’allais partir pour une expédition en autonomie totale.

Ce qui s’est révélé non nécessaire, car à Tatarbunary et à Bilolissya, il n’y avait eu aucun bombardement et aucune destruction.

 

A

Equipement principal / Bivouac

1

Sac à dos 70 litres

1b

Sac à dos SWAT (à faire cadeau à Andrii, démineur du côté de Kharkiv).

2

Duvet / sac de couchage

2b

Coussin de voyage

B

Cuisine

3

Couteau suisse multi lame (minuscule)

4

Assiettes plastique

5

Un Car (tasse en plastique)

6

Casserole aluminium

7

2 X 2 couverts

8

Gourde aluminium

9

Briquet

9b

Tête de camping gaz

9c

Réchaud alcool

9d

Réchaud multi-carburant x 2

C

Logistique / ustensiles divers

10

Trousse de couture avec boutons, fils à coudre, aiguilles

12

Brosse à dent

13

Savon (petit format léger)

14

Grande serviette

15

Gant de toilette

16

Papier hygiénique

17

Ficelles solides

18

1 stylo + crayon

19

Bloc-notes (pages blanches petit format léger)

20

4 piles neuves électriques R6 AA de rechange

D

Equipement d'orientation

21

Porte carte

22

Boussole (transparente avec miroir)

23

Montre altimètre Timex

24

Lampe frontale

25

Ampoule de rechange pour la lampe

26

Check-list inventaire équipement (à placer dans porte carte)

27

Guide Ukraine

27b

Guide Romanie

27c

Guide Hongrie

28

Carte Ukraine

28b

Drapeau ukrainien x 5

28c

Dictionnaire russe - français

29

Tableau de correspondance au niveau du change (FF <-> Dh)

29b

Carte de la région à sillonner

E

Vêtements été

30

1 tee-shirt

31

2 slips

32

Casquette

33

Lunette de soleil ?

34

Bermuda toile

35

Maillot de bain

42

Mon gros pantalon jean

G

Vêtement de pluie

43

Gore tex

H

Chaussures

45

Chaussures de montagne légères

J

Défense

45

Bâtons télescopiques x 2

K

Pharmacie

50

Sérum anti-venin Pasteur (prix 70 Dh, Grande pharmacie, avenue Mohamed V, à Marrakech )

51

Mini Thermos pour conserver le sérum

52

Pompe Aspivenin

53

Elastoplaste (rouleau)

54

Pansements style Tricostéril

55

Pansement anti-ampoule Compeed

56

Alcool Iodé (Bétadyne)

57

Anti-ballonnement : Eridan

58

Anti-diarrhées : Dyspagon

59

Anti colique / spasme : Spasfon

60

Purificateur d'eau : Hydroclonazone

61

Crème solaire haute protection : Anthélios L de la Roche Posay

L

Divers (valeurs, nourriture ...)

62

Sacs plastiques (avec fermeture) Ziplock

63

Sacs plastiques divers (pour protéger vêtements, nourriture etc. ... contre la pluie)

64

Ceinture multipoches (style aventurier ou veste multipoche)

65

Ceinture avec cache d'argent

66

Passeport

67

Smartphone Xiaomi note 9

68

Smartphone Xiaomi note 4X

69

Paire de lunettes de rechange

70

Carnet d'adresse

71

Mouchoirs en papier (ou Sopalin)

 

 

Dons à remettre en Ukraine (finalement non emmené, destiné au prochain convoi en Ukraine)

M

Pharmacie humanitaire

85

Atelle x 1

86

Cannes anglaises x 15

87

Boîtes de lait maternisé Guigoz x 2

88

Dosettes de NaCl 20 ml (Sérum physiologique) x 250

89

Pantasa x 2 boîte

90

Normacol x 2

91

Ioméron 350

 

18    Remerciements

Une image contenant personne, Visage humain, lèvre, Selfie

Description générée automatiquement

 

Nous remercions chaleureusement :

 

·         Karine Rigal, présidente de l’association Résilience internationale, qui a été notre ange gardien tout le long de cette mission (voir la photo, ci-dessus, piquée sur le mur Facebook de Karine).

·         Arlette Simon, pour ses importants dons,

·         Jean-Marc Philouze, pour son important don.

·         Frédérique Louguet, pour son important don.

·         Pour de nombreux autres donateurs, dont la liste est trop longue pour pouvoir les citer en intégralité.

·         Pour Annick Augu Casanueva, pour son indéfectible soutien moral.

·         Pour ma tante de Gironde, pour son soutien …

·         Pour mon amie Françoise T, pour son soutien inconditionnel.

·         Pour mes amis ukrainiens, Andrii et Vremia, pour leurs excellents conseils et renseignements en Ukraine.

·         Etc.

 

1         Table des matières

1 Nos motivations................................................................................................................................. 1

1.1 Objet de l’association Résilience Internationale......................................................................... 1

1.2 Jean-Claude................................................................................................................................. 1

1.3 Benjamin..................................................................................................................................... 1

2 Historique de mon propre projet........................................................................................................ 2

3 Mes craintes et une forte opposition de ma famille et de mes amis à mon départ en Ukraine.......... 5

3.1 L’armée russe n’hésite pas à bombarder volontairement les civils............................................. 6

3.2 L’armée russe, le FSB et le GRU ciblent-ils aussi les défenseurs des droits humains en Ukraine ?  7

3.3 Quels sont nos risques ?.............................................................................................................. 8

3.4 Ma méconnaissance de l’Ukraine avant cette guerre.................................................................. 9

4 Le départ - la longue route vers l’Ukraine......................................................................................... 9

4.1 Le mardi 1 août 2023.................................................................................................................. 9

4.2 Le mercredi 2 août 2023........................................................................................................... 14

4.3 Le jeudi 3 août 2023................................................................................................................. 15

5 Notre passage de la Frontière ukrainienne à Giurgiulești................................................................ 15

6 Le blocage intempestif de nos abonnements téléphoniques............................................................ 16

7 Notre entrée en Ukraine................................................................................................................... 17

8 Notre vie quotidienne à Bilolissya et à Tatarbunary........................................................................ 18

8.1 Le vendredi 4 août 2023........................................................................................................... 18

8.2 Le samedi 5 août 2023.............................................................................................................. 20

8.3 Le dimanche 6 août................................................................................................................... 25

8.4 Langues et ethnies en Ukraine.................................................................................................. 29

8.5 Les mensonges et la réécriture de l’histoire, au service d’une ambition impérialiste.............. 30

8.5.1 Les mensonges russes........................................................................................................ 30

8.5.2 La vraie histoire souvent dramatique de l’Ukraine............................................................ 30

8.6 Le lundi 7 août.......................................................................................................................... 32

8.7 Le mardi 8 août......................................................................................................................... 35

8.8 Le mercredi 9 août.................................................................................................................... 37

8.9 Le jeudi 10 août........................................................................................................................ 39

8.10 Le vendredi 11 août................................................................................................................. 39

8.11 Le samedi 12 août................................................................................................................... 41

8.12 Le dimanche 13 août............................................................................................................... 42

8.13 Le lundi 14 août...................................................................................................................... 44

8.14 Le mardi 15 août..................................................................................................................... 46

8.15 Le mercredi 16 août................................................................................................................ 47

8.16 Baignade dans la mer Noire.................................................................................................... 48

8.17 Des problèmes environnementaux dans la région ?................................................................ 51

8.18 Le jeudi 17 août...................................................................................................................... 51

8.19 Le vendredi 18 août................................................................................................................ 53

8.20 Le samedi 19 août................................................................................................................... 54

8.21 Le dimanche 20 août............................................................................................................... 57

8.22 Pique-nique et seconde baignade dans la mer Noire.............................................................. 57

8.23 Le lundi 21 août...................................................................................................................... 60

9 Notre retour...................................................................................................................................... 61

9.1 Le mardi 22 août....................................................................................................................... 63

9.2 Le mercredi 23 août.................................................................................................................. 64

9.3 Le jeudi 24 août........................................................................................................................ 65

10 Epilogue......................................................................................................................................... 65

10.1 Les terribles conséquences de la guerre.................................................................................. 65

10.2 L’idée de la Vet’Mobile........................................................................................................... 65

10.3 L’atteinte des buts de la mission............................................................................................. 66

10.4 Un problème non résolu.......................................................................................................... 66

11 Bibliographie.................................................................................................................................. 66

11.1 Sur la préparation de nos projets humanitaires....................................................................... 66

11.2 Concernant le problème des mines russes en Ukraine............................................................ 66

11.3 Les documents consultés pour rédiger ce récit....................................................................... 67

11.4 Cartes consultées..................................................................................................................... 67

11.5 Livres pour apprendre l’ukrainien........................................................................................... 67

11.6 Livres et articles pour mieux connaître les Ukrainiens, l’Ukraine et son histoire.................. 67

11.6.1 Littérature ukrainienne..................................................................................................... 67

11.6.2 Histoire............................................................................................................................. 67

12 Annexe : Précisions sur la mission humanitaire organisée par Jean-Claude et Résilience internationale... 68

13 Annexe : Présentation détaillée de la mission................................................................................ 69

13.1 Objet de la mission.................................................................................................................. 69

13.2 Problématique actuelle sur le terrain....................................................................................... 69

13.3 Description de la mission........................................................................................................ 69

14 Annexe : Matériel transporté dans la VetMobile........................................................................... 70

15 Annexe : Estimation prévisionnelle du budget de la mission........................................................ 71

15.1 Evaluation du coût.................................................................................................................. 71

15.2 Calendrier de réalisation......................................................................................................... 72

15.3 Budget du projet 32.820,00 €.................................................................................................. 72

15.4 Sources de financement déjà trouvées.................................................................................... 72

15.5 Sources de financement à trouver........................................................................................... 72

16 Annexe : Liste du matériel chirurgical consommable pour un hôpital de Kiev............................ 73

17 Annexe : Equipement que j’avais décidé d’emporter en Ukraine................................................. 73

18 Remerciements............................................................................................................................... 75

19 Table des matières.......................................................................................................................... 76

 

 



[1] Résilience internationale. Aide aux humains et animaux en situation de détresse

Adresse 90 rue de La Marche 19110 Bort-les-Orgues

Tel +33 633242423

[2] Elles sont la cause de destruction de nombreuses vies précieuses, de souffrances, de douleurs physiques, de douleurs morales face à la perte d’êtres chers, de troubles de stress post-traumatiques (TSPT), de troubles psychiatriques, de traumas (ou de traumatismes) divers, de mutilations, de handicaps, de destructions d’économies (comme après la guerre civile au Liban, comme en Europe, après la première guerre mondiale …), de destructions de chefs d’œuvre, de désirs têtus et obsessionnels de de revanches, de vengeances, de spirales, sans fin, de rétorsions et de vendettas, de rancunes tenaces  (comme entre les Allemands et les Français avant 1945, entre les Turcs et Arméniens …), de trafics d’armes …

[3] Cette guerre aura des conséquences désastreuses à long terme, et pas uniquement économiques, en particulier sur le déficit démographique, déjà préoccupant, des deux pays : L'indice de fécondité, en Ukraine, est de 1,55 enfant par ♀ (en 2018) et en Russie de 1,58 enfant par ♀ (en 2017). Signe de cette profonde crise démographique, le géant russe a perdu au total 600 000 habitants en 2022, 1,04 million l'année précédente et près de 688 700 en 2020. Un déclin démographique accentué par le conflit en Ukraine (source : L'Orient-Le jour, 3 mai 2023). En Ukraine, en 2012, la population chute jusqu'à 45,633 millions d'habitants soit une population inférieure à celle enregistrée en 1967. En 2018, elle atteint seulement 43,95 millions, en 2025 elle ne devrait pas dépasser 42 millions (Démographie de l'Ukraine - Wikipédia).

[4] Selon le Coordonnateur humanitaire des Nations unies en Ukraine, en 2020, l'Ukraine est l'un des pays les plus touchés par les mines au monde, avec près de 1 200 victimes de mines/explosif depuis le début du conflit en 2014. Un rapport de l'UNICEF publie en décembre 2019 indique que 172 enfants ont été blessés ou tués à cause de mines terrestres et d'autres explosifs. Cf.

Pertes humaines de la guerre russo-ukrainienne, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_guerre_russo-ukrainienne

[5] Je considère que Poutine a contribué au "crime d'écocide" contre l'environnement en Ukraine, avec :

1) La destruction du barrage de Kakhovka,

2) la destruction presque totale de villes : Bakhmut, Marioupol ...

3) La pose de millions de mines (pfm-1...), qui continueront à mutiler les êtres humains et les animaux, pendant plus de 40 ans. Sans compter les obus non explosés.

4) Sans compter, les forêts totalement rasées comme à Verdun.

5) La destruction d'usines (chimiques...), de centrales thermiques, de transformateurs (au pyralène...).

6) La destruction de dépôts de carburants...

[6] a) L’extraordinaire pouvoir de nuisance de Poutine dans le monde, Benjamin LISAN, maj 19/05/2022, 200 pages, version brochée : 19,94€ ou version reliée : 21,10€, https://www.amazon.fr/dp/B0B1C7QPZ3

Sous-titre : La très grande capacité de nuisance de Poutine pour la liberté, les démocraties, la sécurité des états souverains et des hommes, dans le monde.

b) version page Web htm : http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/politiques/grand_pouvoir_de_nuisance_de_poutine_dans_le_monde.htm

c) Version PDF (54 pages A4) : http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/politiques/grand_pouvoir_de_nuisance_de_poutine_dans_le_monde.pdf

[7] Autre raison, j'avais découvert qu'il avait une addiction à l'alcool, qu'il ne voulait pas reconnaître, et qu'il voulait rejoindre des bataillons d'extrême droite sur le front.

[8] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardements_de_Lviv_(2022)

[9] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_du_th%C3%A9%C3%A2tre_de_Marioupol

[10] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_la_gare_de_Kramatorsk

[11] A ne pas confondre avec "где ты" qui veut dire "où es-tu".

[12] Mais il serait possible que ce tir soit ukrainien selon le New York Times. Cf. :

Une frappe mortelle sur un marché ukrainien pourrait être la faute... de l'Ukraine, mardi 19 septembre 2023,  https://www.radiofrance.fr/franceinter/une-frappe-mortelle-sur-un-marche-ukrainien-pourrait-etre-la-faute-de-l-ukraine-4115445

Selon le New York Times, qui a analysé avec des experts la trajectoire du missile, des témoignages d'habitants et de militaires, le missile qui a frappé le marché de Kostiantynivka début septmebre pourrait être imputable à une erreur de l'armée ukrainienne. Il avait fait 17 morts civils.

Le problème est que l'Ukraine et la Russie utilisent tous deux des missiles 9M38, tirés par des véhicules mobiles anti-aériens Buk.

[13] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardements_d%27Odessa_(2022-2023)

[14]a) Guerre en Ukraine : les ambulances visées par les tirs et les bombardements russes, Etienne Monin, Gilles Gallinaro, 05/04/2022, https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-les-ambulances-visees-par-les-tirs-et-les-bombardements-russes_5063005.html

À Kharkiv les hôpitaux ne sont pas bondés mais ils ont besoin de soutien pour tenir sur la durée. Plusieurs quartiers de la ville sont bombardés quotidiennement. Et les ambulances sont en première ligne.

b) Guerre en Ukraine : les ambulances ukrainiennes prises pour cible par l'armée russe, Valentin Boissais, Philippine Rouvière Flamand, 08/03/2022, https://www.rtl.fr/actu/international/guerre-en-ukraine-les-ambulances-ukrainiennes-prises-pour-cible-par-l-armee-russe-7900132132

La guerre en Ukraine a commencé il y a treize jours et désormais, même les ambulances sont ciblées. L'évacuation des soldats blessés devient alors une mission extrêmement dangereuse.

[15] Deux travailleurs humanitaires bénévoles, une Espagnole et un Canadien, ont été tués en Ukraine après que leur véhicule a été touché par un projectile, 10/08/2023, https://www.sudouest.fr/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-un-vehicule-humanitaire-touche-par-un-tir-russe-une-espagnole-et-un-canadien-tues-16589727.php

Selon l’ONG “Road to Relief” qui employait Emma Igual, trois autres travailleurs humanitaires se trouvaient dans le véhicule, dont l’un, ule Canadien Anthony “Tonko” Ihnat, a été tué et les deux autres, originaires d’Allemagne et de Suède, ont été grièvement blessés et hospitalisés.

[16] La défenseuse des droits humains et écrivaine ukrainienne Viktoria Amelina tuée lors de l’attaque russe contre Kramatorsk, 4 juillet 2023, https://www.frontlinedefenders.org/fr/statement-report/ukrainian-woman-human-rights-defender-and-writer-viktoria-amelina-killed-russian

[17] a) Guerre en Ukraine : pourquoi la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance), 18 mars 2023, https://www.lemonde.fr/international/article/2023/03/18/la-cour-penale-internationale-delivre-un-mandat-d-arret-contre-vladimir-poutine_6166025_3210.html

Le président russe et la commissaire russe aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, sont suspectés de crimes de guerre pour la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie. Il y a « des motifs raisonnables de croire que Vladimir Poutine est personnellement responsable de ces crimes », estiment les juges.

b) UKRAINE: LA RUSSIE OUVRE UNE ENQUÊTE CONTRE DES MAGISTRATS DE LA CPI APRÈS LEUR MANDAT D'ARRÊT CONTRE POUTINE, MLR avec AFP, 20/03/2023, https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/ukraine-la-russie-ouvre-une-enquete-contre-des-magistrats-de-la-cpi-apres-leur-mandat-d-arret-contre-poutine_AN-202303200437.html 

Trois jours après le mandat d'arrêt international émis contre Vladimir Poutine par la Cour pénale internationale (CPI), la Russie a décidé de répliquer en ouvrant une enquête pénale contre le procureur et trois juges de la juridiction basée à La Haye aux Pays-Bas. Une contre-enquête et un communiqué pour dénoncer "les décisions illégales" de la CPI visant à "arrêter" Vladimir Poutine et "la commissaire aux droits des enfants".

c) Le procureur de la CPI Karim Khan placé sur la liste des personnes recherchées en Russie, 19 mai 2023, https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/le-procureur-de-la-cpi-karim-khan-place-sur-la-liste-des-personnes-recherchees-en-russie-1944935

Cet acte judiciaire de la Russie est une réponse au mandat d'arrêt lancé mi-mars par la Cour pénale internationale contre le président russe, pour sa responsabilité dans des crimes de guerre en Ukraine. C'est la réponse de la Russie au mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir Poutine, lancé il y a deux mois pour sa responsabilité dans des crimes de guerre en Ukraine.

[18] Karine Rigal, présidente de l’Association Résilience internationale.

[19] Nous avons supposé que le garagiste, qui a fait la vidange, a oublié de mettre à jour un indicateur de la réalisation de cette vidange, au niveau des paramètres électroniques de la camionnette. Ce type de problème survient souvent que quand un véhicule est bourré d’électronique et ancien. Il y a alors le risque d’avoir des alarmes intempestives, comme celle-ci.

[20] . Trotz Sanktionen, Deutschland importiert offenbar russisches Öl über Indien, Von Claus Hecking und Michael Brächer, 12.09.2023, https://www.spiegel.de/wirtschaft/trotz-sanktionen-deutschland-importiert-offenbar-russisches-oel-ueber-indien-a-8000ac08-b1d3-4408-8f6d-5d9e7cdd8bf9

Wegen des Ukrainekriegs hat Deutschland seine direkten Öleinfuhren aus Russland eingestellt. Doch nun kommt der Stoff anscheinend über einen Umweg. Die Profiteure: indische Milliardäre und russische Investoren.

. Traduction française : Malgré les sanctions. L’Allemagne importerait apparemment du pétrole russe via l’Inde, Von Claus Hecking et Michael Brächer, 12.09.2023, https://www.spiegel.de/wirtschaft/trotz-sanktionen-deutschland-importiert-offenbar-russisches-oel-ueber-indien-a-8000ac08-b1d3-4408-8f6d-5d9e7cdd8bf9

En raison de la guerre en Ukraine, l’Allemagne a arrêté ses importations directes de pétrole en provenance de Russie. Mais maintenant, le matériel semble arriver par un détour. Les bénéficiaires : des milliardaires indiens et des investisseurs russes.

[21] Roumanie a été frappé par 10 tremblements de terre durant 2023. Un tremblement de terre de magnitude 5,6 s'est produit dans le sud-ouest de la Roumanie, en février 2023.

[22] Nous avions appris qu'il y trois points d'entrée au sud de l'Ukraine.

Avant notre départ, Google Maps m’avait présenté celui qui passe par un ferry sur le Danube.

Donc, j’étais persuadé que Waze nous ferait passer par ce ferry.

[23] Une connaissance ukrainienne avait prévenu JC de la présence de cet énorme flot de camions sur la M-15, avant notre départ.

[24] Le syndrome de Noé, en anglais Animal Hoarding, est un terme qui désigne le fait d'accumuler chez soi plusieurs animaux alors que l'on ne peut les héberger, les nourrir et les soigner correctement. On s'aperçoit que ce sont souvent des personnes qui vont basculer dans cette pathologie suite à un choc émotionnel, suite à la perte d'un proche par exemple.

[25] Voici ce que j’écrivais à Karine, au sujet de cette maison, « La maison de Natalya est grande et semble propre, tous ses murs sont peints en blanc. Le sol est carrelé avec de grandes dalles.

Mais comme en Afrique du Nord, rien n'y semble terminé ou fonctionnant parfaitement.

Dans la cuisine, il y avait une grande radio, branchée mais qui ne fonctionnait pas avant que Svatoslavk la retire.

Dans la grande salle de bain, il y a deux machines à laver, une grande de 10 kg qui ne fonctionne pas et une d'un ancien modèle, avec un tambour vertical long et de faible diamètre, peut-être soviétique qui elle fonctionne. La VMC (ventilation mécanique contrôlée) de la salle de bain ne fonctionne pas. Il y a des fils électriques qui débouchent du plafond sur aucune lampe. Il y a une unique lampe amovible au fond de la salle de bain.

La cuvette de WC et la baignoire ne sont pas fixées au sol. Au départ, c'est assez surprenant, car tous les produits de bain posés sur le rebord de la baignoire tombe dès qu'on pénètre dans la baignoire.

Dans la chambre de Natalya, il y a une très grande télé à écran plat, mais je ne l'ai jamais vue fonctionner.

J'appelle Natalya la tornade blanche car elle est souvent habillée en blanc et car elle s'agite toujours en tous sens.

Si tu lui poses une question précise, elle fournit trois réponses, toujours à côté, ne répondant pas à la question ».

[26] La baignoire et la cuvette des WC ne sont fixées au sol. Les lampes et les ventilateurs VMC, posés au plafond, ne marchent pas. Certains boutons des robinets nous restent dans la main, quand nous les tournons.

[27] 1 Hryvnia (UAH) est égal à 0,025 Euro. Un Euro est égal à environ 40 Hryvnia.

[28] C’est la seule Ukrainienne parlant français, que nous rencontrerons durant notre séjour de 20 jours en Ukraine.

[29] a) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ukraine, b) https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_en_Ukraine

[30] https://fr.wikipedia.org/wiki/Gagaouze

[31] En 2019 le pays est le 7e producteur mondial de minerai de fer (réserves 28 milliards tonnes), le 8e producteur de manganèse (réserves 3 milliards de tonnes), le 6e producteur mondial de titane , le 7e de graphite et le 8e d'uranium (Source : Economie de l'Ukraine, Wikipedia).

[32] Par un juif qui lui reprochait de ne pas avoir empêcher ses troupes de commettre des pogroms anti-juifs, en Ukraine.

[33] Durant notre présence chez Natalya, nous trouverons qu’elle semble instable, ayant souvent l’humeur changeante.

J’ai l’impression qu’elle gâte trop son fils cadet, Eddy, au détriment de son fils aîné, SVATOSLAVK.

[34] Nous avons déjà équipé le dispensaire de : balais à toilettes, lingettes, papier toilette, essuie-tout type "Sopalin", ampoule, serviette neuve, savon, produit vaisselle, sacs poubelles, alcool médical, alcool à brûler, bouilloire, rouleau de plastique gaufré, pour y faire sécher les instruments, que j’ai nettoyés, un duvet pour nous assoir ou nous reposer plus confortablement, des bouteilles d'eau pétillante, du coca, des biscuits, un excellent jus de grenade ukrainien bon marché _ 1,5 litres pour 28 UAH etc.  ...

[35] Car au début de mon séjour, dans mon sac il y avait un grand sac contenant 500 gr de bonbons et une grande boîte de tictac de 500 gr acheté en Duty free. Or Eddy le fils de huit ans, avait totalement mangé les 500 gr de bonbons et quasiment tous les tictac en une seule journée. Et je l'avais dit à Natalya qu'Eddy aurait dû me demander avant. Jean-Claude m'a dit que je n'aurais rien dû dire, car pouvant la blesser (ce qui a été le cas).

[36] Selon Karine, qui s’est déjà rendue en Ukraine et qui y a envoyé plusieurs convois humanitaires, via son association Résilience internationale, une famille, en Ukraine, ne dépense que 7€ / jour, au maximum.

[En 2014], « Officiellement, le salaire moyen est d'environ 3000 UAH (200€), mais la plupart des Ukrainiens vous diront que ce chiffre est surévalué et que la réalité se situe entre 1000 et 1500 UAH (65-100€). Cependant depuis la crise économique de 2008, les prix _ notamment de l'alimentation _ ont flambé, avec pour corollaire une baisse marquée du pouvoir d'achat » ([4], pages 251-252).

[37] Selon de nombreuses sources, y compris les médias d'État russes, les « petits hommes verts » formeraient un mélange d'agents des forces d'opérations spéciales et de diverses autres unités du Spetsnaz du GRU. Il comprenait probablement aussi des parachutistes de la 45e brigade Spetsnaz de la Garde du VDV.

[38]L'expression « petits hommes verts » fait référence à des soldats masqués de la fédération de Russie vêtus d'uniformes militaires verts non identifiés et portant des armes et équipements militaires russes modernes qui sont apparus pendant la guerre russo-ukrainienne en 2014. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Petits_hommes_verts_(guerre_russo-ukrainienne)

[39] « L’ego semble très (trop) présent, chez elle », me dit quelqu'un.

[40] Encore une fois, il ne sait pas déléguer une ou plusieurs taches, dans un ensemble de travaux, même quand je lui propose de les accomplir.

[41] Que j’ai pris, au départ, pour des gésiers ou des rognons et qui se révèlent être des cœurs de poulet.

[42] Je n'ai jamais vu Jean-Claude prendre l'initiative, de lui-même, de se reposer, si l'on ne le lui suggère pas. Il a une chance extraordinaire de pouvoir dormir sur commande, comme certains skippers sur le Vendée Globe challenge ou comme Tabarly.

[43] Source : La tête du ministre de la Défense italien mise à prix par le groupe Wagner, 16 mars 2023, https://www.euractiv.fr/section/international/news/la-tete-du-ministre-de-la-defense-italien-mise-a-prix-par-le-groupe-wagner/

[44] Guerre en Ukraine : l'or des Russes, la tête de Prigojine mise à prix, immobilier à Marioupol, les faits de ce samedi 1er juillet, 01 juil. 2023, https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-l-or-des-russes-la-tete-de-prigojine-mise-a-prix-immobilier-a-marioupol-les-faits-de-ce-samedi-1er-juillet-11221742

[45] Les seules informations, trouvées sur Internet, concernant la mise à prix de la tête de Poutine :

1) L'entrepreneur Russe, Alex Konanykhin, exilé aux États-Unis, a promis d'offrir une prime d'un million de dollars à toute personne qui parviendrait à arrêter le président russe Vladimir Poutine.

Source : Ukraine : la tête de Vladimir Poutine contre 1 million de dollars ou la folle mise à prix d'un entrepreneur russe, 3/03/2022, https://www.midilibre.fr/2022/03/05/ukraine-la-tete-de-vladimir-poutine-contre-1-million-de-dollars-ou-la-folle-mise-a-prix-dun-entrepreneur-russe-10150594.php

2) Un entrepreneur de la région de Louhansk aurait mis à prix la tête de Vladimir Poutine, pour 10 milliards d’euros, écrit Obozrevatel. Poutine est jugé “coupable d’avoir commencé une guerre sanglante en Ukraine”. Mais “Petite nuance”, l’entrepreneur “ne dispose pas de la somme nécessaire”, tempère ce site, qui ironise :

Une collecte aurait été lancée sur Facebook [pour aider cet entrepreneur a réunir la somme].

Source : Vu d’Ukraine. 10 milliards d’euros pour la tête de Poutine, 06 mars 2022, https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/vu-dukraine-10-milliards-deuros-pour-la-tete-de-poutine

3) La plus haute récompense est offerte, sur leur site, par les commandants tchétchènes Chamil Basaiev et Khattab, pour la tête du président Poutine, mise à prix à deux millions de dollars.

Source : Les tchétchènes offrent deux millions de dollars pour la tête de Poutine, 16 sept. 2000, https://www.lorientlejour.com/article/432904/Les_tchetchenes_offrent_deux_millions_de_dollars_pour_la_tete_de_Poutine.html

[46] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Garde_nationale_(Russie)

[47] En paraphrasant le titre d'un film "Crustacés et Coquillages".

[48] Le Dr Igor Zhurin, est le vétérinaire d'Odessa, sous la responsabilité duquel les opérations ont été effectuées et qui avait assuré l'achat et la livraison des puces électroniques et des vaccins rage (antirabiques).

[49] Page Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100065511020744

[50] Page Facebook : https://www.facebook.com/doktor.zhurin