Un conflit
colonial, non islamiste, au Darfour
Au Darfour, situé à l'ouest du Soudan, peuplée de 5 à 7 millions d'habitants, deux mouvements rebelles, l'Armée de libération du Soudan (SLA) et le Mouvement
pour la justice et l'égalité (JEM, islamiste), combattent l'armée régulière et les milices arabes janjawid pro-gouvernementales levées par Khartoum.
Le gouvernement de Khartoum, depuis 1985, arme ces nomades pour s’en servir comme d’une force partisane.
Depuis une dizaine d’années, à chaque famine, à chaque tension entre nomades et sédentaires, le gouvernement prend parti pour les nomades, qui a cause de la désertification, recherchent des terres plus au sud.
En général, les milices attaquent la nuit, mettent le feu aux cases, faites de paille. Les gens sortent alors en catastrophe, à moitié dévêtus et sont tués, violés, kidnappés... Les Janjawid mettent le feu aux champs et tuent le cheptel.
La guerre au Soudan est une guerre coloniale et d’exploitation économique menée par Khartoum. Le Sud est riche de pétrole et les richesses agricoles sont nombreuses dans le pays, longtemps considéré comme le grenier du monde arabe. Les grandes compagnies agro-industrielles du Golfe, saoudiennes, émiraties... pourraient être tentées d’investir dans ces terres, que l’on trouve également dans la province du Darfour
Des dizaines de milliers d’hectares peuvent ainsi être possédées d’un seul tenant. Le général Nemeiri a octroyé nombre de ces surfaces agricoles aux compagnies arabes du Golfe, dans les années 1960.
Les Janjawid attaquent les tribus sédentarisées pour les faire fuir de leurs terres, afin que les barrons du régime ou les nomades, eux-mêmes, viennent y cultiver. Environ 30 000 personnes sont mortes à ce jour. Mais un million de personnes se retrouvent sans foyer.
Marc Lavergne, spécialiste du Soudan au CNRS
source : http://www.afrik.com/article7464.html
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Darfour : l'ONU appelée à
prendre des sanctions à l'aube d'une semaine décisive
LEMONDE.FR
| 15.11.04 | 19h35
Plusieurs
organisations internationales ont appelé, lundi 15 novembre, l'ONU à voter une
"résolution forte" pour mettre fin aux exactions au Darfour, région
de l'ouest du Soudan ravagée par une guerre civile, alors que le Conseil de
sécurité doit se pencher cette semaine sur ce pays.
Sept organisations
internationales ont appelé lundi le Conseil de sécurité à "s'entendre
sur une résolution forte qui définirait les mesures concrètes à prendre contre"
les parties en conflit au Darfour.
Human Rights Watch (HRW),
notamment, a demandé à l'ONU de prendre des sanctions contre le Soudan, en
raison du "climat continu de violence" au Darfour. "Le gouvernement soudanais continue à terroriser ses citoyens
alors même que le Conseil de sécurité de l'ONU arrive à Nairobi",
affirme HRW dans un rapport rendu public lundi et intitulé "Si nous
rentrons à la maison, nous serons tués".
"Le Soudan avait
promis d'amener devant la justice les membres des janjawids", les milices arabes
progouvernementales accusées d'exactions au Darfour contre les populations
africaines, mais il "s'agissait principalement d'un simulacre",
affirme HRW.
Selon l'organisation, "les
habitants du Darfour qui essaient de rentrer chez eux sont encore attaqués par
des janjawids qui continuent à opérer en toute impunité". "Khartoum
ne cesse de s'engager à désarmer" les janjawids, "mais non
seulement le Soudan échoue à honorer ses engagements, mais des membres des
janjawids responsables d'atrocités ont été intégrés dans la police et les
forces gouvernementales et ont été autorisés à garder les camps de ces mêmes
civils déplacés dont ils ont brûlé les villages", affirme HRW. Cette
politique conduit à "renforcer l'épuration ethnique", estime
l'organisation.
"ARRÊTER LES
CRIMES QUOTIDIENS"
Exceptionnellement, le
Conseil de sécurité doit se réunir dans la capitale du Kenya, jeudi 18 et
vendredi 19 novembre, et se consacrer essentiellement au Soudan, pays africain
en proie à deux conflits : celui du Darfour, qualifié par l'ONU de la "pire
crise humanitaire" en cours dans le monde, et un autre opposant
depuis plus de vingt ans le gouvernement à une rébellion sudiste. "L'actuel
projet de résolution (qui devrait être adopté lors de cette réunion) ne
prévoit aucune sanction sur Khartoum pour sa participation directe à
l'épuration ethnique brutale de civils du Darfour", affirme HRW.
L'organisation de défense
des droits de l'homme exhorte ainsi le Conseil de sécurité à "étendre
l'embargo sur les armes au gouvernement soudanais", à "imposer
des restrictions de mouvement" et à "geler les avoirs de
responsables clés du gouvernement et de l'armée". Fin juillet, le
Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté une résolution interdisant notamment
la vente d'armes aux groupes non gouvernementaux opérant au Darfour. Mais cet
embargo n'est pas respecté, selon plusieurs organisations.
HRW demande en outre à
l'ONU d'augmenter les effectifs de la mission de l'Union africaine (UA)
actuellement déployée au Darfour, et de donner mandat à cette force pour
protéger les civils. La mission de l'UA comprend à ce jour 153 observateurs du
cessez-le-feu conclu entre les parties en conflit en avril, ainsi que 594
soldats chargés d'assurer leur sécurité et, dans certaines conditions, la
protection des civils. A terme, la mission doit compter environ 600
observateurs et quelque 1 700 militaires dont la mission est de veiller à la
sécurité. "Ce dont le peuple du Darfour a besoin de façon urgente,
c'est une amélioration rapide de la sécurité sur le terrain. Les mots n'ont pas
de sens s'il n'y a pas d'action pour arrêter les crimes quotidiens",
affirment par ailleurs six organisations internationales, qui ont signé un
communiqué commun.
Six autres organisations
internationales, CARE International, Christian Aid, International Rescue
Committee, Oxfam International, Save the Children UK et Tearfund estiment que
les deux résolutions votées jusqu'à présent par le Conseil de sécurité sur le
Darfour sont des "promesses vides". Le Conseil de sécurité a
exigé du gouvernement soudanais qu'il mette fin aux exactions, sous peine de
sanctions pétrolières. Mais en dépit de ces résolutions, "les civils
continuent à souffrir d'attaques et d'abus" au Darfour, estiment les
six signataires.
Le Darfour, région aussi
vaste que la France et peuplée de plus de 6 millions d'habitants, est depuis
près de deux ans le théâtre d'une guerre civile opposant deux rébellions à
l'armée régulière. Les rebelles réclament un partage du pouvoir et des
richesses avec Khartoum. Ce conflit a fait plus de 70 000 morts et 1,6 million
de personnes déplacées.
Avec AFP
Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-387173,0.html