Les faux d’Oded Golan

 

 

Les multiples visages d’Oded Golan

 

Comment un collectionneur et revendeur d’antiquité israélien, aurait abusé des grands collectionneurs et musées du monde entier et aurait « inventé » deux « reliques » remarquables trompant l’attente de croyants juifs et chrétiens, du monde entier.

 

Le collectionneur et vendeur d’antiquités israëlien Oded Golan :

 

Oded Golan est un ingénieur israélien, de 51 ans, devenu récemment revendeur d'antiquités.

Il a fait des études d'ingénieur à Technion (Israël). Il a occupé différents emplois dans le domaine de la haute technologie, avant de fonder sa propre société d'informatique.

Des musées avait déjà fait appel à ce collectionneur réputé et amateur averti, passionné d’archéologie _qui connaîtrait même l’araméen _, pour identifier maints objets et déjouer les contrefaçons sur le marché noir des pilleurs de tombes.

 

Golan et ceux travaillant avec lui, prétendent avoir trouvé quelques artefacts remarquables antiques, dont la découverte a provoqué de nombreuses controverses. Ceux-ci incluent l'Inscription Joachaz, une tablette décrivant, en hébreu ancien, la réparation faite au Temple de Salomon sous le règne du Roi Joachaz et (en 2002), l’ossuaire de Jacques, une urne funéraires en calcaire, dont une inscription, soutiendrait l'historicité de Jésus.

 

La « Pierre gravée du roi Salomon » (ou tablette de Joachaz) :

 

En juillet 2001, lors d'un rendez-vous, un mystérieux détective privé montre une tablette de calcaire, sur laquelle est gravée une inscription en hébreu ancien, à deux scientifiques israéliens. Cette tablette décrit la réparation faite au temple à Jérusalem par Joachaz, le fils de Roi Ahazia de Juda. Ce texte corroborait le texte biblique 2 Roi 12. Celui-ci apporterait enfin la preuve archéologique de l'existence du temple de Salomon.

La plaque est étudiée par des chimistes de l'Institut Géologique d'Israël, des linguistes et des archéologues et son authenticité semble alors prouvée. Un grand musée national essaie de négocier son achat, pour une somme astronomique (~ 3 Millions de $). Mais ce musée veut auparavant procéder à des investigations supplémentaires, pour authentifier l’inscription. C'est alors que le détective disparaît, emportant la tablette.

Après une enquête de 9 mois, menée par un archéologue israélien de l’IAA (l’Autorité Archéologique Israélienne), la tablette est finalement retrouvée chez Oded Golan.

Ce dernier prétend que la tablette aurait été trouvée dans le cimetière musulman situé au pied du mont du temple de Jérusalem et serait la propriété d’un marchand palestinien, anonyme, d’Hébron, qui lui aurait confié la pierre pour négocier son prix auprès d’acheteurs éventuels.

Une commission d’expert de l’IAA étudie alors la plaquette.

Elle constate que si la pierre est bien ancienne et pourrait provenir de la région de Jérusalem, la patine de sa face arrière, ne correspond pas, par sa composition, à celle de sa face avant.

Dans la patine de la face avant, on trouve du charbon de bois, des particules d’or et de lapis-lazuli. Le charbon, daté au carbone 14, serait âgée de plus de 2000 ans.

Sinon, elle constate dans le creux de la gravure des inscriptions, des micro rayures, semblant être réalisées par un micro foret ou une micro tête abrasive (en tout cas, par un outil moderne), et par de la poudre de quartz projetée par un jet d’air forcé, afin d’ôter la rugosité d’une toute gravure contrefaite et ainsi créer l'apparence d’une érosion naturelle.

La patine de la face avant peut facilement être effacée à la main. Elle est constituée essentiellement de craie, ayant été diluée dans l’eau à 40 °C. De plus elle contient de minuscules de fossiles de foraminifères (type de craie qu’on ne trouve alors qu’au bord de la mer en Israël), contrairement à la patine du dos de la plaque.

La plaquette de Joachaz est donc un faux.

 

   

Les inscriptions en hébreux anciens trouvées sur la « tablette de Jehoash »

 

L’ossuaire de Jacques, frère de Jésus :

 

Le 21 octobre 2002, lors d’une conférence de presse soutenue par Discovery Channel et la Société d'Archéologie Biblique, devant les caméras de CNN, le marchand d'antiquités Oded Golan, dévoila un ossuaire, dont il est le propriétaire, sur lequel était gravée, en araméen, l'inscription : « Ya'akov bar Yosef akhui d'Yeshua », c'est-à-dire : « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Le Ya'akov en question serait le Jacques de L'Epître aux Galates 1-19 : « Et je ne vis aucun des autres apôtres, sinon Jacques, frère du Seigneur. » Autrement dit, l'ossuaire contiendrait les restes de Jacques (Ya'akov), le frère de Jésus (Yeshua), et l'inscription serait par conséquent le premier et à ce jour l'unique témoignage épigraphique de l'existence du Christ.

L'ossuaire de Jacques est exposé au Musée Royal de l'Ontario (Canada) du 15 novembre 2002 au 5 janvier 2003 _ avec l’accord de l’Autorité des Antiquités israéliennes (IAA) _ et est vu par 100 000 visiteurs.

 

Oded Golan posant devant son ossuaire, au musée royal d'Ontario à Toronto (Canada), le 22 novembre 2002. © Robert Simpson.

 

En juin 2003, un comité d'experts archéologues israéliens rend son verdict: L'ossuaire qui aurait servi à recevoir les os du frère de Jésus est un faux: l'ossuaire est d'époque mais la gravure est récente (Il apparaît que l'inscription a été ajoutée récemment, avec des outils modernes et vieillie par l’ajout d'une solution de craie).

Le 25 juillet 2003, une commission d'experts conclut alors à un faux.

 

   

 

Inscriptions du supposé tombeau de Jacques.

 

 


En conclusion :

 

La police a alors perquisitionné son domicile, puis dans un entrepôt que Golan avait loué dans Ramat Gan à Tel-Aviv, entrepôt qu’il n'avait pas révélé à la police. Ils y ont trouvé le grand nombre d'artefacts contrefaits, des cachets antiques et d'autres tablettes et inscription, à diverses étapes de finition, et des outils, pouvant servir à réaliser des faux, et de la documentation servait à aider à la fabrication de contrefaçons.

Le 29 décembre 2004, le ministère de la Justice israélien a accusé Golan, et trois autres complice _ Robert Deutsch, un expert épigraphiste, ayant donné des cours à l'Université d’Haïfa, le collectionneur Shlomo Cohen et le revendeur palestinien d'antiquités Faiz Al-Amaleh _, d’activité de contrefaçon, une activité qui aurait fonctionnée depuis plus de 20 ans.

 

La police pense que ces derniers faux ne constitueraient que le dessus de l’iceberg.

L’authenticité de pièces archéologiques connues est désormais suspectée [1].

Reste maintenant à Interpol à retrouver tous les faux que Golan aurait pu vendre, dans le monde, à des particuliers et à des musées, depuis plus de 15 ans.

 

On peut imaginer que Golan jouaient cyniquement avec le désir de beaucoup des collectionneurs de voir la Bible confirmée par l'histoire et l’archéologie.

 

Oded Golan, arrêté, continue à nier les charges.

 

Par Benjamin LISAN

Le 3 octobre 2005.

 

[1] Bibliographie d’Oded Golan :

http://en.wikipedia.org/wiki/Oded_Golan

[2] sur « l’ossuaire de Jacques » :

http://en.wikipedia.org/wiki/James_Ossuary

http://www.rom.on.ca/news/releases/public.php?mediakey=vhggdo3048

[3] sur la « pierre gravée de Joachaz » :

« La Pierre gravée du roi Salomon », Documentaire de 49' écrit par Lara Acaster, réalisé par Sean Smith et produit par la BBC en 2005 (Documentaire passé sur France 5, le Samedi 1er octobre 2005, à 18h05).

[4] sur les dénégation d’Oded Golan : http://www.bibleinterp.com/articles/Golan_Rumor.htm

[5] sur l’analyse scientifique des faux d’Oded Golan : http://www.laputanlogic.com/articles/2003/06/15-95893582.html

[6] L'affaire des fausses reliques, Enquête au cœur des trafics des vestiges bibliques, Patrick Jean-Baptiste, Albin Michel, mai 2005.

 

L'Ossuaire de Jacques tel qu’il est apparu pendant une perquisition du laboratoire supposé de contrefaçon à Tel-Aviv, en juillet 2003 (avec l'aimable autorisation de l'IAA).

 

« la preuve de Jésus inscrit dans la pierre » (« Evidence of Jesus written in stone ») lit-on en gros titre sur la couverture du n° de novembre/décembre 2002 de la revue « Biblical Archaeology Review » (USA).

 

« L'ossuaire de Jacques » a été montré lors d'une exposition provisoire au Musée Royal de l'Ontario, à Toronto (Canada), du 15 novembre 2002 au 5 janvier 2003.

 

 

La grenade qui surmontait le sceptre d’un prête du temple Salomon

 

Autre développement de l’affaire des faux d’Oded Golan  :

 

Le musée d'Israël a acheté une relique en forme de grenade, de la taille d'un pouce, dans les années 80, d'un collectionneur anonyme pour $550000. Elle été exposée ensuite depuis de façon permanente dans ce musée.

Cette grenade comporte une inscription en hébreu antique. Dans le passé, on a pensé qu'elle a été placée au sommet d'un sceptre d'un prêtre de temple de Salomon, le premier temple juif à Jérusalem. 

A la Veille de Noël 2005, les experts du musée ont annoncé qu’ils pensaient  maintenant que la grenade remonte, en réalité, à une période beaucoup plus ancienne, mais que l'inscription elle est un contrefaçon moderne.  L’enquête sur ce faux a remonté à Golan et son équipe.

 

Sources : a) Faking History, South Florida Sun-Sentinel, Sunday, April 17, 2005, 6H.

http://a1022.g.akamai.net/f/1022/8165/5m/images.sun-sentinel.com/media/acrobat/2005-05/12600660.pdf , b) AP, c) The Bible and Interpretation (USA) www.bibleInterp.com , d) Professeur Yuval Goren, Tel-Avic University, e)  http://education.guardian.co.uk/museums/story/0,11727,1394468,00.html

 

 

 Vue supérieure de l’inscription, visible sur la grenade © AP

Texte de l’inscription : "Appartenant au temple du seigneur [ Yahvé ], saint aux prêtres".



[1] En particulier :

1) Des tessons de pots d'argile portant inscriptions les liant à sites bibliques et temples. Certains ont vendu aux collectionneurs privés. Certains ont atteint le prix de 100000 $.

2) Une pierre de menora (socle de chandelier), comportant des inscriptions en peintures végétales, déclarée comme appartenir à un grand prêtre du temple. Elle a été vendue à un collectionneur privé pour 100000 $.

3) Un cachet royal en or et en pierre, déclarée être celui de Ménashé, Roi de Juda. On l'a offert à un collectionneur privé pour 1 million $.

4) Une boule de quartz portant une inscription en égyptien ancien, prétendant que les forces égyptiennes ont détruit la ville de Megido, inscription déjà sujette à d'intenses controverses universitaires.

5) De nombreux sceaux à la cire, prétendument avoir appartenu à des figures bibliques. Certains ont atteint le chiffre de 90000 $.