Concepts de la médecine Amshi ou Tibétaine

Par Benjamin Lisan

Depuis quelques années, devant les succès médiatiques apportés par le Dalai Lama, plusieurs « thérapeutes » de groupes plus ou moins sectaires se sont investis dans l’enseignement et la pratique de la médecine tibétaine.  Procédons à quelque rappels sur l’art Médical Tibétain.

Il est basé sur le concept bouddhique de l'unicité holistique corps-parole-esprit, où le malade est considéré dans sa globalité de corps et de son « âme spirituelle », au sein des influences du cosmos, et soumis à la loi du karma liant les causes et les effets. Cette médecine se concentre sur la stabilisation, à la fois de l’esprit divin et du corps. Dans le bouddhisme, il est dit que la cause première de toutes nos souffrances provient de l’ignorance qui obscurcit notre la compréhension de la Loi de Causalité (du karma) et de la réalité des phénomènes (lois de l’impermance …). L’ignorance serait la cause première d’une perception erronée et des dysharmonies qui conduiraient aux maladies. Ils y aurait des maladies provenant de cette ignorance de la « réalité » (de « ce qui est »), et les maladies karmiques produites par des actions négatives dans les vies antérieures.

Le malade ne pourrait se sortir de son état de souffrance et de maladie, que si, avec l'aide éventuelles des bouddhas (divinités de l’Au-delà), il se transforme en œuvrant pour le bien des êtres. Par-dessus tout, ce qui est bénéfique au malade, serait le soin inconditionnel apporté par le thérapeute dans un esprit de compassion et d'Amour, bien plus que le médicament lui-même. Une personne d’un grand développement  spirituel pourrait spontanément guérir autrui et de transmettre les enseignements de la médecine  [1].

D’après le centre bouddhiste tibétain français [2], l’attachement (aux biens matériels etc. …), la haine et l’obscurcissement (l’ignorance) vont engendrer trois « humeurs », l’énergie du vent (rLung), l’énergie de la bile (mKhris-pa) et l’énergie de la flegme (Bad-Kan), trois troubles respectifs de l’homme. Selon cette médecine, le corps est en bonne santé si ces trois « humeurs », présentes dans chaque être humain et responsables de toutes les activités fonctionnelles et biologiques du corps, sont en équilibre. Pour éviter ce déséquilibre, il faut 1) avoir un régime sain, 2) Un comportement (moral) approprié (en évitant la faim, l’insomnie, l’excès en aliments, dans les activités physiques et cérébrales …), 3) tenir compte des variation saisonnières (changer de vêtements et d’alimentation selon les saisons …) et 4) d’autres. influences nuisibles (telles l’influence d’esprits malveillants invisibles).

 

La méthode millénaire des « Docteurs tibétains » est toujours la même : vérification de l’état de la langue et des urines, palpation de ses mains des divers endroits du corps et points vitaux, prise du pouls, large éventail de questions posés aux patients concernant la manifestation des signes et des symptômes. Ils prescrivent ensuite des médicaments, en général à base de plantes ou de minéraux _ sous forme de décoctions, de poudres, puis de pilules, pris par voie orale, toujours graduellement du plus faible au plus fort, en évitant d’accabler le patient de médicaments trop puissants. En conséquence, l’efficacité du traitement n’est pas immédiate. Le traitement comprend les médicaments, un régime, un changement d’attitude et quelques techniques thérapeutiques, voire des rituels spéciaux (puja ou  rituel de purification), en cas de détection par le médecins d’esprits malveillants. Les thérapies douces sont : les massages, les applications externes chaudes ou froides, l’hydrothérapie, la vapeur, les bains chauds d’eau de source, etc... Les autres thérapies comme les ventouses faites de cupules en cuivre, l’acupuncture avec des aiguilles d’or, la moxibustion [3] et la saignée.

Cette médecine n’encourage pas la chirurgie et doit, selon elle, rester une exception.

 

Cette médecine ancestrale, qui nie tout progrès de la médecine, ne tient pas compte un grand nombre de principes de la médecine moderne, dont les connaissances  actuelles en biologie et de biochimie. Elle se base sur la médecine des humeurs réfutée scientifiquement depuis longtemps en occident.

Nous trouvons étonnant que cette médecine soit diffusée en France [4], sans aucune mise en garde. Car toute vraie médecine devrait s’appuyer sur des principes universels connus, prouvés scientifiquement, qu’aucun médecin Amshi ou autre ne devrait ignorer. Notons que cette médecine est cautionnée par des personnalités aussi respectables que Mathieu Ricard, ancien chercheur en biologie de l’Institut Pasteur et Docteur es sciences.

Même si cette médecine peut ou pourrait soigner empiriquement certains maux, nous doutons qu’elle puisse soigner, par exemple, des cancers.



[1] Médecine tibétaine, Sangye Menla Shamar Rinpoché, Éditions Dzambala, Landrevie, 24290 Saint Léon sur Vézère.

[2] Fondation pour la Préservation de la Tradition Mahayana (FPMT). Centre Kalachakra, Centre de bouddhisme tibétain,  Paris.

[3] La moxibustion désigne le traitement des points d'acupuncture par la chaleur, utilisant pour cela,  de petits cônes d'armoise séchée appelés moxas (terme japonais, Kao étant le terme chinois). Cette combustion est sencé, selon la médecine chinoise, faire circuler l'énergie vitale, le Qi.

[4] par le Centre bouddhique français de Médecine tibétaine Sangye Menla Shamar Rinpoché, Landrevie, 24290 Saint Léon sur Vézère.