Le problème du coût de l'accès à l'information scientifique
Par Benjamin LISAN. Date : 03/04/2016
Bonjour,
Je veux aborder, ici, un sujet qui touche la recherche scientifique dans le monde, celui du « problème du coût de l'accès à l'information scientifique ».
En effet, pour mener certaines études, en agroécologie, en agroforesterie, sur les céphalées de tension chroniques etc., j’ai souvent tenté d’accéder à des articles scientifiques, qui me semblaient importants pour mes recherches. Mais souvent l’accès à ces derniers est souvent payant et l’achat de ces articles est souvent prohibitif, leur prix de vente étant souvent de 35€ (!) _ par exemple, les articles de la base du MIT « JTOR » sont chers ou seulement accessibles aux chercheurs appartenant aux institutions reconnues.
Il m’arrive d’acheter certains articles … mais seulement que s'ils ne coûtent qu'environ 5 €. Si je devais acheter tous les articles qui m’intéressent et intéressent ma propre association, je mettrais l’association et moi-même sur la paille.
Les scientifiques arrivent à « contourner le problème » en s’échangeant les articles scientifiques via le site « researchgate » (cf. https://www.researchgate.net/ et https://fr.wikipedia.org/wiki/ResearchGate). Mais pour pouvoir y accéder et surtout accéder aux articles scientifiques intéressant, il faut pouvoir posséder une adresse email d’un laboratoire scientifique et d’une université ou école connus. Or comme je travaille en solitaire, ne dépendant d’aucun laboratoire scientifique et ne travaillant en relation avec aucun d’entre eux, ne pouvant pas obtenir l’adresse email d’un laboratoire scientifique et d’une université ou école connus, et bien que j’ai fait des « pieds et des mains » pour obtenir un accès au site « researchgate », auprès de ses responsables, je n’ai jamais pu obtenir un tel accès.
Des personnes ont voulu contourner ce problème en tentant de mettre, en accès libre et gratuits, le maximum d’articles scientifiques payants. Mal leur en a pris :
1/ Aaron
Hillel Swartz, chercheur au laboratoire « Safra »
de recherche sur la corruption institutionnelle, à l'université Harvard, dirigé par Lawrence
Lessig. Il avait fondé le cyber-groupe Demand Progress, connu pour sa campagne contre le Stop
Online Piracy Act (SOPA). Il avait téléchargé 4,8 millions d'articles
scientifiques disponibles dans la base JSTOR (appartenant au MIT). Selon certains, il les
avait piratés pour les diffuser gratuitement. Mais selon
l’accusation, son but était de vouloir les
mettre en ligne, pour un accès payant, ce qui aurait été considéré comme vol pour recel. Après la révélation de
ses agissements, Aaron Swartz avait retourné, au MIT,
les disques durs contenant les articles, en promettant de
ne pas les diffuser. JSTOR décide alors de ne pas entamer de poursuites
judiciaires. Mais sans le soutien moral du MIT, pourtant traditionnel soutien
de l'internet libre, le bureau du procureur des Etats-Unis avait
maintenu ses poursuites. A cause de ces dernières, Aaron encourait une peine
d'emprisonnement pouvant atteindre 35 ans et
une amende s'élevant jusqu'à 1 million de dollars. Finalement, le 11 janvier 2013, Aaron Swartz s’est pendu (en
fait, un suicide) dans son appartement de Brooklyn, un mois avant son procès.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aaron_Swartz#Affaire_JSTOR
2/ Alexandra
Elbakyan, une neuroscientifique Kazakhe, a été la
créatrice, depuis le 5 septembre 2011, et est l’animatrice du site Sci-Hub (cf. sci-hu… [1]et https://fr.wikipedia.org/wiki/Sci-Hub), un moteur de recherche pour les articles
scientifiques _ moteur
dont le slogan est "... to remove all barriers in the way of science"
_, contournant les paywalls (« péages ») classiques des
éditeurs académiques et fournissant un accès libre à un répertoire de plus de 48 000 000 articles
(c’est à dire le téléchargement libre et gratuit de tous les articles
scientifiques sur Internet). Or certains articles, mis en lignes
sur son site, proviennent
en grande partie des sites des grands éditeurs scientifiques internationaux
comme Elsevier, l’allemand Springer ou l’américain Wiley,
qui en détiennent les droits de distribution exclusifs et qui les vendent très
chers _ un particulier paie
en moyenne 32 dollars (28,50 euros) par article, et les grandes
bibliothèques doivent souscrire une multitude d’abonnements, coûtant des
millions de dollars par an.
A cause de cela, en octobre 2015, un tribunal fédéral de New York l’a déclarée coupable de
piratage d’articles scientifiques appartenant à l’éditeur anglo-néerlandais
Elsevier. Un juge fédéral a émis une injonction, contre son site, indiquant que
les dommages pourraient s’élever à 150 000 $ par article. Depuis, Depuis, cette jeune Kazakhe
vit quelque part en Russie, sa vie et ses déplacements étant désormais secrets.
Elle ne voyage plus aux Etats-Unis, ni dans aucun pays ayant un traité
d’extradition avec Washington. Un
changement majeur pour cette étudiante brillante, auparavant fréquemment
invitée en Europe et en Amérique, pour des stages et des conférences. Pour elle, "les lois sur le droit d'auteur sont
particulièrement dommageables, pour l'éducation et la recherche ". Et
donc, elle veut la libération des connaissances, dans le monde entier, face à
la "tyrannie des éditeurs à but
lucratif". Actuellement, elle poursuit un diplôme de master d'histoire
des sciences.
Sources : a) http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/03/31/science-en-acces-libre-les-pirates-du-savoir_4892784_1650684.html
La neurologue Alexandra Elbakyan
Source : https://www.linkedin.com/in/elbakyan
Voici, d’ailleurs, ce qu’un ami et moi écrivaient sur Facebook à ce sujet :
Moi : J'ai compris que l'initiative d'Alexandra Elbakyan était généreuse et désintéressée [elle n’est pas une voleuse d’articles dans le but de faire du profit ou de s’enrichir].
Ami FB : Oui ! en fait c'est assez "connu" que les éditeurs d'articles scientifiques sont des voleurs. En fait ceux qui écrivent ces articles (les chercheurs) ou qui les évaluent (éditeurs et reviewers) le font bénévolement. Et ils cèdent tous les droits dessus. Par ailleurs, les instituts de recherche payent les abonnements à un prix délirant. Donc en gros la société dans son ensemble finance la recherche (via les impôts) et donc les articles scientifiques, et ensuite les chercheurs doivent repayer pour avoir accès aux articles qu'ils ont écrit. Et avec ça, le/la citoyenne lambda ne peut pas avoir accès aux articles sans payer lui/elle-même un prix exorbitant (alors qu'il paye pour la recherche via l'impôt). Bref... Un système absurde. Donc je salue ce genre d'initiatives.
Autre contributeur à ces échanges : J'ai toujours été étonné de voir que la diffusion d'articles scientifiques était en grande partie
privatisée. Il paraitrait logique de prévoir
dans les budgets de recherche un moyen de diffuser l'information qui soit
public. Il y a quelque chose de choquant à voir
toutes ces sociétés privées s'enrichir aux dépends de ceux qui financent la
recherche.
Second autre contributeur : Il faut pour accéder gratuitement à la littérature scientifique (payante), être riche ou s'identifier comme étudiant, et je ne suis ni riche ni étudiante (depuis quelques années). Je n'ai pas non plus de relation avec ces institutions qui font partie de cet accord...
Peut-on contourner le problème ?
Voici certaines informations utiles livrées un forum pour tenter de contourner ce problème … mais en fait l’on constate qu’il n’y a pas de solutions :
[On] touche du doigt un vaste débat :
l'accès gratuit aux résultats de la recherche scientifique. Rassure-toi, même
les scientifiques (chercheurs, enseignants-chercheurs), nous sommes très
sensibilisés à ce blocage. Nos laboratoires, nos
universités doivent payer des sommes énormes pour avoir un accès à des bases
de données scientifiques, ou à être abonnés à des revues. Nous ne pouvons pas
faire autrement, sinon nous ne pourrions pas travailler, tout simplement…
Donc ces sommes font partie du budget de dépense quasiment obligatoire. Mais il existe des réseaux plus dans la
"recherche scientifique", par exemple https://www.researchgate.net/ En
fait, n'importe qui peut s'y inscrire [non, en
fait, ce n’est pas vrai, car seuls les chercheurs et enseignants, dépendant
d’institutions reconnues, peuvent s’y inscrire].
Et une fois inscrit, on peut rechercher des gens, voir leurs articles, et
même télécharger leurs articles s'ils les mettent en ligne. C'est plus
officiel que Facebook, cependant, en
théorie, les chercheurs n'ont pas le droit de diffuser les articles venant
des revues scientifiques payantes, même
s'ils en sont auteurs !
Dans le fichier PDF est inscrit quelque part (invisible) l'identifiant et le
n° IP du poste qui a récupéré le PDF, donc un éditeur peut retrouver qui a
diffusé l'article et lui demander de régler la facture... Si un article n'est pas téléchargeable, on peut cliquer
sur "REQUEST FULL ARTICLE", cela envoie un message à l'auteur en
lui signalant que la personne est intéressée. Dans ce cas, l'auteur envoie
l'article soit par mail, soit il le met en ligne. |
Source : http://forum.scienceamusante.net/viewtopic.php?f=12&t=2227
Un ami m’apporte les précisions suivantes :
Les couts des abonnements génèrent des rentrées d'argent
nettement supérieures aux coûts de production des articles et journaux.
Une solution possible serait de promouvoir, au plan Européen notamment, des journaux appartenant aux institutions et non aux entreprises privées.
Il y a aussi le débat entre faire payer les auteurs ou les lecteurs (ou les deux, ou aucun).
Sans oublier le problème des "predatory publishers[2]", une calamité ...
En conclusion :
Le monde capitaliste met le profit et l’argent au centre de tout, avant la préoccupation de l’humain, alors que personnellement, au contraire, que je prône plutôt l’humain, les valeurs humaines, dont les valeurs d’honnêteté (l’honnêteté étant primordiale, essentielle pour moi), de confiance, d’amitié, de solidarité, de générosité, de justice (être juste en toute chose), de correction, de respect mutuel et de respect des autres et en plus, d’une valeur à laquelle personne ne pense, mais à laquelle je tiens beaucoup qui est l’humilité.
Or cette
« religion de l’argent et du profit » n’incite pas les gens à être
compatissants ou corrects ou à être solidaire, les uns envers les autres, via
le libre accès aux informations scientifiques.
Malheureusement, la
conviction partagée par beaucoup d’êtres humains sur terre, reste que « en
étant généreux et désintéressé, l’on
montre, en fait, sa faiblesse et son incapacité à gérer sa propre vie ».
C’est la raison pour
laquelle, j’ai créé mon propre site, de mise en ligne gratuite a) de documents
trouvés gratuitement sur Internet [mais je reste très prudent, dans la
diffusion de ces articles, en terme de Copyright ©] et b) surtout de mes
propres documents, dans le domaine de l’agroécologie, de
l’agroforesterie et du développement durable, essentiellement
à destination des pays pauvres, pour les aider à se développer (cf. http://doc-developpement-durable.org/). Or dans le domaine du développement durable, la bonne information est
essentielle. Elle fait la différence entre des gens qui s’en sortent et ceux
qui ne s’en sortent pas (et qui tentent alors d’émigrer dans les pays riches,
lors d’un périple périlleux).
Par ce site, je peux
ainsi diffuser gratuitement mes propres documents et études (Powerpoint, pdf …), sur Internet, justement parce que je ne les ai
jamais fait publier chez un éditeur[3],
qui lui m’aurait certainement imposé une clause de non concurrence.
J’ai fait ce choix
personnel de ne pas gagner d’argent sur mes travaux. Raison peut-être aussi
pour laquelle je n’ai pas été riche, durant toute ma vie. C’est un choix aussi.
Une
petite précision, quand même :
D’une
manière générale, si je reçois un mail (d’un auteur ou d’un éditeur) me
demandant de retirer l’ouvrage de mon site (i.e. de ma base de données), je le
retirerais sans problème (voir mon adresse email ci-dessous).
Je ne
mettrais jamais tout ouvrage en ligne sur mon site (dans ma base de données),
s’ils constituent une source appréciable de revenus pour leurs auteurs (s’ils
les font vivre).
Parfois, je
reçois des remerciements, pour mes travaux en agroécologie, comme celui-ci :
De : mathilde….. Bonsoir, Ayant dans le cadre de mon
master à présenter un projet agro-écologique et ayant, pour cela, choisi de
traiter les forêts comestibles, je me suis retrouvée sur votre site internet.
Je souhaitais vous remercier vivement pour le travail que vous avez fourni et
qui est d'une qualité fine et précieuse. Tout cela a dû vous demander un
temps considérable, et cet effort me semble mériter reconnaissance. Pour l'aide et l'enseignement
que votre site m'a apporté, du fond du cœur, merci. Cordialement, Mathilde ________________________________________________________________________________________________ Tél. : 06 32 … |
Mais, d’autres
personnes m’ont fait part, au contraire, de leur étonnement ou de leur critique
du fait que je ne cherche pas à gagner de l’argent _ comme si leur conviction
« qu’il est nécessaire de gagner le
maximum d’argent, dans sa vie » allait de soi et était partagée par
tout le monde _, telle cette personne, F…, très impliquée dans le domaine de
l’agroécologie, des agro-forêts, mais … aussi très intéressée par son enrichissement
personnel, qui m’écrivait, concernant mon désir de mettre gratuitement, en
ligne, ses propres articles :
« J'ai remarqué qu'en général les gens qui veulent aider les autres, pédale dans la
choucroute, toute leur vie, vu qu'ils s'occupent de celle des autres, et en
général, sur la base de leur incapacité de gérer leur propre vie, quand
ils aident les autres, ils ne font que mettre la zizanie dans la vie des
autres. Et ceux-là même qui ont été aidés, au lieu d'être reconnaissant,
deviennent méprisent et rejetant, ingrat ! Et
c'est bien normal ! Ils ont raison d'agir comme cela, c'est qu'ils prennent
soin d'eux et mette hors de leur vie les personnes, qui amènent du désordre ».
Le coût
élevé pour l’accès aux articles scientifiques est un problème dramatique pour
les chercheurs des pays pauvres, ce qui accroît encore la fracture (le fossé),
pas uniquement numérique, mais aussi scientifique, entre pays pauvres et pays
riches.
Je pense
que les pays et les gens riches ne peut pas vivre éternellement dans un égoïsme
et indifférence royales envers les pauvres, sans qu’un jour, la facture ne
risque pas de leur être présentée (le terrorisme, les guerres, dans le monde,
ou l’immigration économique, pourraient être, peut-être, une des conséquences justement
du mépris souverain des pays et les gens riches pour les pauvres).
Cordialement,
Benjamin LISAN
Site perso : http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/index.htm
Site d’aide aux projets de
reforestation : http://www.projetsreforestation.co.nr
Site d’aide aux projets de
développement durable : http://www.developpementdurable.co.nr
Site de téléchargement de
documents agro-écologiques et de sensibilisation environnementale : http://doc-developpement-durable.org/
Base de données documentaire (de
téléchargement) de documents agro-écologiques et de sensibilisation
environnementale : http://doc-developpement-durable.org/file/
Site d’aide aux bergers : http://benjamin.lisan.free.fr/bergersdefrance
Guide transsexuel : http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsScientifiques/GuideTranssexuel/indexTranssex.htm
Président de l’Association
Papillons en cage (+) : http://www.cephaleesdetension.co.nr
Forum de l’Association : http://papillonsencage.free.fr/
(+) Association Française de
Soutien aux Personnes Souffrant de Céphalées de Tension Chroniques.
[1] Nous ne pouvons mettre le nom entier de son site, car ce mot-clé est recherché sur Internet. Si ce mot-clé apparaît sur l’une des pages de votre site, ce dernier est tout de suite examiné par les personnes mandatées par les compagnies d’édition pour traquer les copies illégales de leurs ouvrages (qu’ils trouveront ou non sur votre site).
[2] Predatory open access publishing : Dans l'édition universitaire, les
« publications prédatrices en libre accès » sont un modèle
d'affaires commerciales en libre
accès (open-access) dans le monde de l’édition, qui consiste à
charger les frais de
publication aux auteurs,
sans leur fournir les services d'édition et de publication associées
normalement aux revues, elles légitimes (en accès libre ou non).
Le libre
accès (en anglais : open access) est la mise à disposition en ligne de contenus numériques, qui peuvent eux-mêmes être soit libres (Creative commons, etc.), soit sous un des régimes de propriété
intellectuelle. L’open access est
principalement utilisé pour les articles de revues de recherche universitaires, sélectionnés par des pairs. On
devrait, en réalité, distinguer le libre accès (libre open access
en anglais) et l'accès ouvert (gratis open access1),
afin de distinguer plus nettement ce qui est « simplement » en accès
gratuit pour l'internaute (accès ouvert) et ce qui est en accès gratuit et
libre, parce que soumis à une licence d'utilisation dite libre (Creative commons, par exemple). Un exemple de publications en libre
accès est la revue Public Library of
Science, qui utilise le modèle de financement dit
"auteur-payeur". Sources : a) https://en.wikipedia.org/wiki/Predatory_open_access_publishing,
b) https://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_acc%C3%A8s_(%C3%A9dition_scientifique),
[3] Ce qui ne veut pas signifier nécessairement que la qualité scientifique de mes documents soit sujette à caution. Les scientifiques spécialisés dans le domaine de l’agroécologie et de l’agroforesterie pourront aisément le vérifier.