L'hypothèse du délire partiel pour expliquer la transsexualité

 

1.    Discussion de l'hypothèse................................................................................................................................ 1

2.    Témoignage d'un transsexuel face à cette hypothèse.................................................................................... 3

 

1.  Discussion de l'hypothèse

 

          Pour plus de 60 % des psychiatres, les personne vivant un problème d'identité de genre, encore appelée "dysphorie de genre", sont considérées, le plus souvent, comme vivant dans un délire partiel.

 

          D'où vient cette idée fort prédominante dans le milieu psychiatrique ?

 

          Constations qu'il est, en général, extrêmement difficile d'exposer, pour une personne vivant une "dysphorie de genre", sa sensation ou impression d'incompatibilité entre son corps physique et la réalité de son sentiment intérieur, son sentiment de genre (son sexe psychique) _ par exemple, le cas d'une personne se sentant femme intérieurement, tout en ayant un corps d'homme.

 

          L'expérience intérieure que cette personne tente de partager et révéler, est en fait le plus souvent incommunicable. On peut employer des mots pour parler d'être "femme", comme douceur, sentiment caressant, tendresse, subtilité, grâce ... Mais ce ne sont que des mots et est-ce que ces mots recouvrent vraiment toute l'étendue de la féminité ? C'est aussi souvent profond, confus, ... et les mots peuvent être mal choisis ou malheureux. Si l'on a l'impression que ce que l'on vit en permanence est aberrant, et que l'on dit tel quel au psychiatre, on ne peut souvent que renforcer son impression d'une importante "fêlure" mentale.

 

          D'autant, l'immense majorité des personnes ont de fortes certitudes sur leur sentiment de genre, et elle a beaucoup de mal à se mettre à la place de quelqu'un d'autre. Cela paraît tellement évident que cela semble totalement "aberrant" que l'on puisse en douter.

 

          Souvent, la personne fait état en elle-même de la sensation forte d'un sexe du sexe opposé, comme s'il existait en elle un membre fantôme. Comme il n'y a pas de réalité physique à ce sentiment ou à cette impression, le psychiatre aura souvent tendance a conclure à une forme de délire obsessionnelle.  Le sentiment délirant existe quand on croit à la réalité d'une chose, alors que celle-ci n'a aucune réalité physique.

 

          De plus, ce sentiment est souvent très fort. Si fort qu'il ne peut jamais être éliminé ou être remis en cause, comme si l'on était sous l'emprise de quelque chose, d'une force. Quoiqu'on l'on puisse faire, on est obligé de l'accepter pour être bien dans sa peau. 

 

          Or le propre d'un délire (comme le délire à conséquence criminelle, par exemple) est d'être sous l'emprise d'une force irrésistible, insurmontable, qui vous domine. C'est quelque chose d'intangible et de profond. Ce sentiment de vagin ou de pénis sont en général toujours totalement impossibles à éliminer (à aucun moment de la vie, sans au contraire paraître "fou" ou folle).

 

          Si le psychiatre n'en vient pas toujours au délire, il pensera alors, de tout manière à une déviance, due à l'éducation (et peut être dans l'esprit de certains psychiatres, ils peuvent penser que ce comportement "déviant" pourrait être peut-être corrigible, par des efforts et une thérapie comportementale).

 

          Par ailleurs, le seul cas ressemblant à transsexuel _ le cas connu du Président Schreber _ que Freud a étudié, était un cas, quand à lui, nettement délirant. Ce cas et l'étude associée on servit de référence à tous les courants psychanalytiques et à la littérature sur la transsexualité.

 

          Enfin, dans les instituts psychiatriques, existent beaucoup de personnes délirantes ou schizophrènes, qui demandent des changements de sexe et qui se sentent tantôt homme ou femme.

 

          Que pensez de cette hypothèse du délire ?

 

          Le délire est avant tout une perte de conscience de la réalité. C'est sinon, une sorte de réaction de défense face à une réalité inadmissible et inacceptable. C'est ce que peuvent vivre des personnes qui ont vécus des chocs affectifs profonds et ou qui été abandonnées affectivement.

 

          Tout d'abord, ce qui frappe c'est qu'il existe des transsexuels parfaitement sains d'esprits, sensés, rationnels, fin(e)s psychologues et ayant bien les pieds sur terre (avec un bon sens pratique).

 

          Quand on est transsexuel, on sait très bien comment les personnes réagiront si l'on expose son vécu.

          En général il faut du temps pour l'exposer et ce n'est pas facile et très délicat. Il faut choisir les personnes à qui l'on peut se confier et l'exposer et savoir à celle à qui l'on ne doit rien exposer.

 

          En général,  la personne ayant cette inadéquation entre son genre et son physique, met longtemps à se situer, par rapport aux conceptions bipolaires masculin/féminin de la société _ en raison des grosses difficultés que cela pose ou que cela posera, si l'on entame une démarche de transformation physique : dévalorisation de l'homme qui veut être femme, qui s'épile ("espèce de lavette."...), doute sur la santé mentale, ....

 

          Elle en général doute beaucoup, avant de se "lancer" (le fait de l'admettre cette réalité, et de comprendre qu'elle ne se résoudra pas toute seule, survient vers 30 ans, d'autres vers 20 ans, d'autres vers 40 ans etc.).

 

          Dans un bon nombre de cas, la personne va en général très progressivement vers la transformation, avec beaucoup de prudence et précautions. Elle évalue beaucoup, analyse les meilleurs solutions, et prend son temps, il n'agit pas sur un coup de tête. Elle est plutôt sensé dans la résolution de sa problématique.

 

          Ensuite, Elle doit le plus souvent développer, d'énormes ou importantes capacités de "ruses" importantes, durant sa transition.

 

          Donc, on peut se demander vraiment si les transsexuels sont délirants.

 

          Cette sensation constante de vagin/pénis est très cohérente avec le psychisme vécu féminin-femme/masculin-mâle. Une personne qui vit un délire partiel, peut par moment se sortir de son délire. Alors que la sensation vagin/pénis ne quitte jamais à un moment de sa vie le transsexuel.

          Freud a émis l'hypothèse qu'il préexistait chez la femme et chez l'homme, potentiellement une dualité psychique cérébrale.

          Par ailleurs, on sait que le cerveau est sexué et que l'oestrogène est paradoxalement nécessaire à la masculinisation du cerveau de l'homme, tandis que la testostérone l'est pour le sexe de la femme.

 

          Pour la sensation du membre fantôme, dans le cas de l'amputation, on ne parle pas de délire, alors que l'on parle de délire, dans le cas des transsexuels. Ne pourrait-on pas penser qu'il pourrait y avoir des marqueurs somatiques provoquant cette impression sans que cela soit nécessairement un délire, imprimés de manière indélébile (voir "L'erreur de Descarte" d'Antonio Damazio qui d'après ses recherches affirment qu'il existe des représentations corporelles en arrière-plan de la conscience, enregistrés dans le cerveau).

 

          N'y aurait-il pas un mécanisme complexe d'empreinte mentale, qui pousserait à avoir en soit cette impression (définitive et marquée) de vagin/pénis qu'on ne peut jamais ôter (de son esprit)

          (le mécanisme de la genèse progressive, interne et spontanée du sentiment de vagin/pénis et son empreinte indélébile, quand à lui, resterait assez complexe (?)).

 

2.  Témoignage d'un transsexuel face à cette hypothèse