Explications des raisons possibles du rejet des transsexuels

 

1.   Introduction........................................................................................................................ 1

2.   Exemples de rejets ou d'insuffisance de considération des transsexuels :................................ 1

3.   Tentatives d'explications du rejet :......................................................................................... 3

3.1.   Méconnaissance (totale) du phénomène :.............................................................. 3

3.2.   La difficulté de compréhension du sujet :............................................................... 4

3.3.   Le manque de preuve scientifique du phénomène :................................................. 5

3.4.   Raisons métaphysique et religieuses :................................................................... 5

3.5.   Rejets irrationnels divers :..................................................................................... 6

3.6.   L'idée, l'impression que le transsexuel est un pervers ou un malade mental :............. 7

3.7.   Les idées reçues inconscientes de la société et le manque de courage :.................. 7

4.   Conclusion......................................................................................................................... 9

 

1.       Introduction

 

          On est souvent frappé par la virulence constaté du rejet des transsexuels.

          On se demande souvent alors qu'est-ce qui peut expliquer cet acharnement ou cette virulence ?

          Citons des exemples significatifs pour mieux comprendre ce phénomène de rejet, encore très réel (en tout cas en France) en 1995.

 

 

2.       Exemples de rejets ou d'insuffisance de considération des transsexuels :

 

          On ne parlera pas d'ailleurs, ici, toujours uniquement de rejet.

          Mais aussi plus subtilement de non considération des transsexuels ou de non respect de leur avis ou de leur personne.

 

          Et ce non respect n'émanent pas uniquement de personnes d'un très bas niveau culturel et/ou de personnes d'extrême-droite, mais aussi de personnes cultivées (!) et souvent de personnes du monde médical (!) .

 

     Ce qui frappe, le plus souvent, par exemple :

 

    dans la littérature médico-légale c'est la peur (phobique ?) de l'extension du phénomène transsexuel, ou encore la crainte du "risque" de contamination par l'exemple de transsexuels qui se font opérés (craintes assez fréquentes dans la littérature des années 80). Cette crainte n'est jamais bien et clairement explicitée et/ou justifiée

     (On souhaiterait, en tout cas, que cette explication, si elle existe, soit uniquement limitée au regret que le transsexuels deviennent stériles en voulant être conforme morphologiquement au sexe qu'ils désirent avec un sexe recrée n'ayant que apparence de sexe opposé).

    le fait qu'on a jamais consulter les associations transsexuelles (ou même des personnes transsexuelles) lors des réunion de médecine légale pour avoir leur avis, sur par exemple le fait de légiférer ou non dans ce domaine, sur le protocole médical de suivi des transsexuels etc ...

    On a déjà entendu le fait de dire que la transsexualité est encore "pire" que l'homosexualité.

    On a aussi entendu dire que c'était contre nature, une monstruosité.

    Des transsexuels ont en général souvent aussi rapporté un contact psychiatrique fort difficile avec le corps médical. Ces premiers ont souvent l'impression d'être vu de haut, avec aussi une certaine commisération, ou un mépris non toujours dissimulé (ou avec un manque de respect).

    Le livre du docteur G. Zwang "Pathologie sexuelle" (Ed. Maloine), écrit en 1990 (!), primé par le prix Médicis de Médecine, recommande de réprimer la chirurgie "opportuniste", d'interdire l'adoption aux femmes transsexuelle et de faire porter un bracelet aux prostituées transsexuelles. Et sinon Il décrit les transsexuels comme des personnes se plaignant sur leur sort et s'abusant.

    Dans son ouvrage "Les transsexuels", Que sais-je, PUF, 1988, le juge .L.E. Pettiti dit "La théorie suivant laquelle toute personne animée d'une volonté irrésistible de vivre sous un autre sexe que celui d'origine, doit pouvoir obtenir son changement d'état civil est des plus contestables .... Plusieurs cas de demandeurs transsexuels vrais ou faux correspondent à des états psychiatriques ...  De surcroît, la médecine connaît des cas de dédoublement de la personnalité, de schizophrénie. Si l'on s'en tenait à la seule motivation de faire coïncider la volonté individuelle du patient avec sa vie sociale, on devrait donc accepter le changement d'état civil même pour de telles déviances.".

     Ce juge avait d'ailleurs avant d'écrire cet ouvrage, fait un exposé (très long) pour contester la condamnation de la France. Exposé fait suite au fait que son opinion avait été mis en position minoritaire, par la Cours Européenne de Justice. Cela lors d'un jugement en faveur d'un transsexuel français à Strasbourg en 1988 (qui condamnait la France pour atteinte aux droits de l'homme pour non respect de la vie privée du plaignant, en refusant continuellement son changement d'état civil).

     Il est à remarquer que ce juge n'a jamais consulté un seul livre de médecine légale sur le sujet, et pour tenter comprendre honnêtement le sujet (il en existe comme celui du docteur O.Diamant-Berger "Le transsexualisme. Droit et éthique médicales" et celui du docteur Breton "Le transsexualisme, étude nosographique et médico-légale"). Il a préféré malheureusement ne se baser que sur sa propre conviction (celle de l'idée d'une schizophrénie ou d'une chirurgicomanie _ plaisir à se faire opérer, pour être entouré ou à cause de l'obsession névrotique de voir continuellement des imperfections perpétuelles corporelles en soi que tout le monde regarderait etc ...).

    Souvent des médecins ont écrit d'importants ouvrages pour expliquer et surtout déplorer le phénomène (comment le contenir etc ...), plutôt que de chercher avec compréhension à essayer de dépasser ses propre préjugés et de trouver un juste milieu entre la prise en compte du désir de changement de sexe des transsexuels et leurs propres doutes ou réticence. Voici quelques ouvrages qui illustrent ce propos :

     L'illusion transsexuelle (le plus virulent)

     Horsexe

     ...

     Une certitude, à leur lecture, est que le sujet ne laisse pas indifférent ces auteurs.

     En général, le sujet inexplicablement fait couler beaucoup d'encre ou déchaîne les passions.

     Souvent on voit à la lecture de ces ouvrages, on voit que le phénomène n'est en général pas du tout compris, même par des personnes intelligentes.

    dans le livre "Horsexe", il y a sous la photo d'une transsexuelle, un commentaire :

     "Une figure mythologique monstrueuse ou divine".

    beaucoup de médecins ne font pas l'effort de discuter pendant longtemps sans préjugés avec les transsexuels (pour moi, le délais pour bien connaître un transsexuels devrait être au minimum de 6 mois à 1 an). Mais certains heureusement, ont quand même fait l'effort de rencontrer les transsexuels, comme Catherine Millot, l'auteur de Horsexe.

 

     Nous arrêterons ici cette liste, malheureusement non exhaustive et que nous pourrions continuer indéfiniment.

 

 


3.       Tentatives d'explications du rejet :

 

         Souvent on a l'impression que le transsexuel n'est pas un interlocuteur à part entière au niveau du corps médical.

         Le fait que les médecins "spécialistes" du domaine (ils sont rares), n'ont jamais consulté les associations transsexuelles sérieuses pour avoir leur avis pour la mise au point le protocole médical de suivi et de traitement des transsexuels, ou que la justice n'a jamais consulter ces même association pour élaborer une loi ou leur jurisprudence est assez significatif.

 

 

3.1.    Méconnaissance (totale) du phénomène :

 

          Souvent les médecins ne font souvent que redire ce que d'autres ont déjà dit. On constate souvent une filiation des idées des médecins d'un ouvrage à l'autre au cours du temps. Par exemple le professeur Klotz dira en 1980 que les "transsexuels vrais n'ont pas de sexualité" et tout le monde dira la même chose, jusqu'à ce qu'une thèse en 1984 démontre le contraire.

          Il semblerait qu'il n'y a pas toujours un esprit critique des médecins envers tout ce qui se dit sur les transsexuels. Est-ce de la "paresse intellectuelle" de leur part, manque d'intérêt du à la marginalité du phénomène ?

 

          Au corps défendant des médecins, on pourrait expliquer ce manque de connaissance, en  reconnaissant que le phénomène reste fort rare : dans la littérature, on parle de 5000 (à 1000) transsexuels déclarés en France. Par exemple, les transsexuels de Paris se compte sur les doigts de la mains et se connaissent le plus souvent entre eux, que cela soit ceux qui fréquentes les associations aidant les transsexuels : ASB, CARITIG, CCL ... et qui en général travaillent de façon déclarée ou sont au chômage et ceux rencontrés dans les milieux de la prostitution.

          Et de plus et de fait, surtout à cause des préjugés, les transsexuels se cachent et/ou se livrent très rarement au corps médical.

          Et surtout, il faut souvent beaucoup de temps pour gagner la confiance de ces derniers (en général les transsexuels ne considèrent pas les psychiatres comme des amis. Ils ne se considèrent pas non plus comme malades mentaux. Sinon, toutes les associations transsexuels réfutent catégoriquement la psychiatrisation de la transsexualité. Le plus souvent ils en ont assez (!) des analyses qui n'avancent pas où l'on cherche ou s'acharne constamment à essayer de trouver en eux la petite "bébête" (maladie) mentale, le délire caché, dans leur esprit, et/ou à les remettre sur le "droit chemin", au lieu de tenter d'expliquer clairement leur problème de façon incontestable et de les aider sincèrement sans préjugés).

          Le transsexuel vit aussi souvent des blessures morales qui n'aident pas aussi à communiquer et qui font le se renfermer sur lui-même.

 

          Ce manque de sujet d'étude fait que les psychiatres restent le plus souvent sur des idées anciennes, à un niveau presque encore purement philosophique (c'est à dire avec une conviction sans vérification profonde).

 

          Le sujet ayant aussi mauvaise presse, personne ne s'y intéresse et donc on continue aussi encore de tourner en rond, sans avancer d'un pouce pour sincèrement le résoudre dans le sens du bien-être des transsexuels.

          Sinon, il y a aussi les phénomènes d'entraînement au niveau phénomènes collectif humains, qui font que l'on a souvent "tendance à hurler avec les loups", si une atmosphère viciée d'intolérance latente règne autour de soi.

 

          Donc une première constatation le manque cruel de matériaux d'étude et aussi à un manque d'intérêt (lié aux causes précédentes) (lié aux préjugés, à l'hostilité éventuelle ...) permettant d'avancer sur le sujet.

 

 

3.2.    La difficulté de compréhension du sujet :

 

          Tout le monde, même les transsexuels le reconnaissent, que le sujet est fort difficile à expliquer et comprendre. Même les transsexuels qui le vivent de l'intérieur n'arrivent jamais à bien à le cerner ou le comprendre, à remonter à sa source.

          On voit seulement les conséquences du problème dans le comportement, la difficulté à vivre.

          Tout simplement, on se rend compte quand on a fait longuement le tour de la question du sujet, et que l'on a un peu de bon sens, que la transsexualité est un problème sérieux, profond, qu'on ne peut négliger, minimiser, considérer ou déconsidérer avec légèreté.

          Il suffirait simplement pour s'en convaincre, de constater que ces personnes _ certaines pourtant fortes _ peuvent souvent aller jusqu'au suicide, à cause de ce problème, ou préfèrent vivre un véritable chemin de croix  médical, financier, judiciaire ... (jusqu'à la prostitution) pour arriver à résoudre leur malaise intérieur, malgré tous les "bâtons dans les roues" et incompréhensions  médicaux, judiciaires, sociaux, administratifs etc ... qu'on leur oppose pour les empêcher de changer de sexe. (lire "Le saut de l'ange" et "Tristes plaisirs" de Maud Marin).(sinon quelques chiffres qui montrent le degré de détermination des transsexuels : 80 000 F d'électroépilation, 30 000F minimum de changement de sexe, 20 000 F minimum de changement d'état civil etc ...).

 

                    Il y a aussi l'incommunicabilité des expériences intérieures et l'incompréhension associée qui n'aide pas à expliquer le problème à un regard extérieur.

         

          Enfin, il y a la conviction universelle et ancrée en tout un chacun que si l'on est homme on doit se sentir homme et que si l'on est femme on doit se sentir femme.

 

          Peu de personne peuvent appréhender que cette "évidence" (partagée par 99,99 % de la population) pourrait être en fait contestable. Même les membre de la propre famille du transsexuel ont souvent du mal à comprendre ce fait.

 

          Et souvent comme a beaucoup de mal a se mettre dans la peau du transsexuel, on ne peut pas s'empêcher de penser que cette personne doit être  vraiment malade mentale (ou dans l'opinion de gens plus cultivés, une personne qu'on le veuille ou non, quand même un peu schizophrène ou schizoïde).

 

          Sinon, inconsciemment lorsqu'on assigne extérieurement une identité sexuelle à quelqu'un, il est souvent difficile de la remettre en cause ensuite.

 

          Cette conviction générale est d'autant plus forte que le phénomène est rare et très peu de gens dans leur vie ont pu rencontré ou connu d'authentiques transsexuels. Et donc voir et savoir ce qu'est réellement ce phénomène, dans la réalité (en fait peu spectaculaire, qui ne paraît spectaculaire que parce que rare).

 

          Donc, en second lieu, il y a difficulté de compréhension et de remise en cause d'une "évidence", admise universellement, sur laquelle jusqu'à maintenant tout un chacun ne s'est jamais posé de question.

 

 

3.3.    Le manque de preuve scientifique du phénomène :

 

          Beaucoup de scientifiques se sont "cassés les dents" sur le phénomène en voulant trouver une cause incontestable et définitive.

 

          On a voulu trouver une cause génétique. Mais on a trouvé aucune anomalie claire au niveau des chromosomes sexuels.

          On a voulu ou cru découvrir un antigène sexuel sur une portion des gènes sexuels, mais après une annonce prématurée dans certaines revues médicales dans les années 80, on a en fait rien découvert de significatifs.

 

          Quand à la recherche de structures cérébrales sexuelles, elles sont encore quasiment impossibles, en raisons des difficultés techniques considérables et surtout à cause de problèmes éthiques évidents.

 

          A cause de ce manque de preuves à la longue fort décevantes (et devant toutes les déceptions), et du découragement et du mécontentement associé, le doute sur la réalité du phénomène, s'est alors fortement insinué et puis instauré à la longue.

          Et au niveau scientifique, on reste par tradition (scientifique) en général plutôt septique, méfiant, évitant les hypothèses hardies et préférant avoir recours aux hypothèses connues (schizophrènes, simple conviction ...), avant d'admettre qu'une nouvelle hypothèse pourrait s'imposer, suite à l'échec clair des hypothèses connues (critère du rasoir d'Orkham). Or pour l'instant rien de clair n'a été encore obtenu (surtout pas manque d'investigation rigoureuse et poussée).

 

          On préfère donc rester sur l'idée que la conviction du transsexuel (conviction sans preuve aucune pour beaucoup) est seulement délirante, sans importance, sans objet ou comme une lubie.

 

 

3.4.    Raisons métaphysique et religieuses :

 

          Dans les raisons de rejet, il y a souvent avancé le fait que c'est contre nature. Comme si c'était commettre une sorte de crime ou monstruosité éthique (?) contre la nature ou Dieu.

 

          Comme si l'homme était un apprenti sorcier, sans conscience, qui si on le laissait faire toutes ses expériences, sans garde-fou, pourrait commettre tous les excès, le choses moralement les plus choquantes.

 

          C'est comme si l'on touchait un tabou (religieux), que l'on s'arrogeait le fait d'être un Dieu en disposant de son corps comme l'entend. Alors qu'on n'aurait pas le droit, par la "volonté divine" de disposer comme il l'entend de son corps (on devrait normalement accepter la fatalité de sa condition d'homme ou de femme).

          Changer de sexe reste encore un fort tabou social.

 

          Ces genres d'angoisses métaphysiques ne sont pas nouvelles.  Elles ont toujours existé en tout temps. Ils y a eu toujours des forces conservatrices pour résister à tout nouvel apport de la science, ou à des forces de changement ou de progrès.

          Déjà au 7° siècle avant Jésus Christ, en Grèce, les néo-stoïciens pensait que l'on avait commis le péché originel en inventant et utilisant le feu et que l'on devrait revenir à l'état de nature originelle, en rejetant l'invention du feu, pour pouvoir se concilier de nouveau la grâce des Dieux (courroucés par cette audace, ces derniers auraient châtiés sévèrement Prométhée).

          Ce genre de mouvement n'a une action éthique positive, qu'à condition de ne soit pas conduire à l'obscurantisme, à l'étroitesse d'esprit, c'est à dire en étant mu des convictions non prouvées et confuses (et surtout non discutés et soumises à esprit critique).

          En général, les mouvements de sociétés, face à un nouveau fait, ont toujours lieu, mais en général se heurtent toujours ("dialectiquement") à des forces de résistance. Et les moeurs de la société sont donc, de ce fait, toujours lentes à évoluer.

 

          Certaines personnes parlent aussi de la "volonté de Dieux". Mais malheureusement, il n'y a aucune preuve scientifique, rationnelle dans ce domaine. Et cette idée n'est qu'une question de conviction personnelle.

 

 

3.5.    Rejets irrationnels divers :

 

          Quand on écoute les témoignages transsexuels qui font part de quolibets, ou humiliations à leur égard _ du style "espèce de tapette, couille molle ..." _, on voit qu'il y a encore d'autres facteurs encore plus troubles et irrationnels, qui expliquent certains rejets et la conduite de certains êtres humains.

 

          Ce sont les facteurs de frustration et de désespoirs (qui animent d'ailleurs souvent les mouvements d'extrêmes droites) et qui poussent à s'en prendre aux gens sans défenses.

 

          Lorsque un homme aussi manque d'assurance et de décontraction, il a souvent malheureusement "instinctivement" tendance à chercher la petite "bébête" chez l'autre (à se et lui compliquer la vie, alors qu'elle pourrait être simple sinon).

 

          L'homme a souvent besoin, pour des raisons troubles et inexplicables, quand il se sens mal dans sa peau, de s'affirmer, éventuellement en créant des difficultés autour de lui (pour faire "sentir" son existence ou sa personnalité aux autres).

          Pour s'affirmer, certains personnes ont besoin de boucs émissaires, ... en s'en prenant souvent à des groupes minoritaires, le plus souvent faibles, sans défenses, qui leur font peur parce qu'incompris par eux.

 

          Sinon, un homme qui cherche à être femme, ce qui nos canons sociaux est le sexe faible est considéré le plus souvent comme recherchant la faiblesse (on peut comprendre l'envi de pénis chez une femme, mais pas l'envi de vagin chez un homme). Il sera alors le bouc émissaire désigné idéal (en général, même au niveau corps médical, on respecte en général plus un transsexuel à vocation masculine que le correspondant à vocation féminine).

 

 

3.6.    L'idée, l'impression que le transsexuel est un pervers ou un malade mental :

 

          Cette idée est encore assez répandue en 1995. Il y le cas de pervers sexuels, qui font du tord (à eux même et aux autres), qui peuvent (ou pourraient) changer leurs penchants négatifs (pour les autres), mais qui ne font pas.

 

          Sinon, certaines personnes ne s'en laisse pas compter. En particulier certains juges d'instructions, souvent très pragmatiques, qui ont l'habitude de rencontrer et de traiter toutes sortes de cas de personnes "douteuses", ne sont pas du tout convaincu de la pureté de motivation du transsexuel. C'est alors facile de penser qu'ils auront affaire par exemple à un "paraphile", personne éprouvant de la jouissance à la mutilation de son propre corps, ou autre cas tout aussi rebutant pour le corps social ...

 

 

3.7.    Les idées reçues inconscientes de la société et le manque de courage :

 

          Lorsque l'on voit une très belle fille ou un très belle homme, on trouve cela très beau ou agréable à voir. Et suivant le cas, si vous avez un bon contact avec cette personne, ou que cette relation prend un tour amoureux, vous aurez peut-être envie d'entourer ou d'être entouré par cette personne, et peut-être ultérieurement de faire l'amour avec cette personne que vous aimez sincèrement, pour concrétiser cette union et amour.

          Mais si vous apprenez soudainement (du jour au lendemain) que cette personne a été un homme avant d'être la femme actuelle que vous voyez, ou bien une femme avant d'être l'homme actuel, vous aurez peut-être soudainement un sentiment de dégoût ou de rejet (en lui réassignant immédiatement dans votre esprit l'identité qu'elle avait avant).

 

          Mais ce sentiment qui sort de vous (de vos entrailles) est-il réellement si naturel. N'est-il pas du plutôt à un conditionnement social ou à l'éducation et à des préjugés inconscients et latents, que vous avez en vous ?

 

          Par exemple, chez les tous petits enfants, on n'observe jamais de racisme (par exemple, à l'époque de l'apartheid en Afrique du Sud on observait que les petits enfants blancs jouaient naturellement avec les enfants des domestiques noirs ou avec leur nourrice noire, avant que les sépare ultérieurement).

          Et ensuite, il y a le préjugé social assez inconscient et répandu, que la personne qui change de sexe doit être assez atteinte ou doit être sérieusement déstructurée mentalement.

          Ensuite, il y a l'idée toujours constatée que le sexe est normalement immuable.

          Sinon, le sentiment d'appartenance à un sexe est presque toujours un sentiment immuable  très stable dans le temps (ne change pas de sexe qui veut).          C'est une idée (reçue) très difficile à remettre en cause. Cette chose apparaît inconcevable pour la plupart des gens, car allant à l'encontre de toute l'expérience courante et sensible, d'autant que les changements de sexe sont extrêmement rares (comme les cas d'ailleurs d'intersexualité). Et alors que la plupart des gens dans leurs vie n'observeront jamais de près un changement de sexe.

          Cette étrangeté est telle pour beaucoup qu'elle apparaît donc totalement anormale pour beaucoup. D'autant que l'on a le plus souvent peur de ce que l'on ne comprend pas. L'homme ayant besoin de repères stables pour se rassurer.

 

          Il faut posséder déjà une certaines culture sur le sujet (induisant une ouverture d'esprit) et une très grande finesse psychologique pour comprendre le phénomène et constater que le "principe" de immuabilité de l'état du sexe n'est pas en fait une certitude absolue, même s'il n'apparaît que dans quelques rares cas.

          Sinon il a un habitude ancrée, inconsciente de juger le genre (le sexe) d'une personne sur son apparence. Et cette habitude est tellement ancrée, que même si on connaît bien, depuis longtemps, la personne qui change de sexe, on a toujours tendance à lui assigner, dans notre esprit, l'identité qu'elle avait avant.

          Et même si son apparence physique, son comportement, sa nouvelle odeur corporelle (provoqué par le traitement hormonal) etc... ne fera plus aucun doute et que la nouvelle identité sera parfaite !!

          Comme cette idée est tellement tenace, on aura immédiatement l'impression de commettre un acte contre nature, ou une relation homosexuelle, si l'on a eu une relation avec cette personne sans connaître auparavant son état transsexuel.

 

          Certaines personnes _ souvent dans des ouvrages dit scientifiques _ parlent souvent avec méchanceté de d'angélisme pour les partenaires sexuels des transsexuels (en supposant qu'ils sont naïfs et qu'ils ne se douterait pas de l'état de déviance ou de "désaxement" supposé existant chez le transsexuel, postulat cru a priori par ces médecins). L'amour dépasse beaucoup de clivages et c'est faire preuve de beaucoup d'étroitesse d'esprit assez attristante en n'imaginant pas que l'amour sans préjugés peut concerner tout le monde.

 

          Par ailleurs, il y a aussi malheureusement une très longue  tradition culturelle et cinématographique _ voir les films tels "La nuit des 12 lunes", "Le silence des agneaux", "Ace Ventura" ... _ tendant toujours à montrer les transsexuels comme des psychopathes et/ou des désaxés. Ce préjugé est tenace et sera long à enlever de la tête des gens.

          Et même des émissions passant tard, comme "Masque" de Mireille Dumas, montrant des transsexuels tels qu'ils sont, peuvent induire, par certains amalgames, des confusions entre les différentes catégories de "transgenres" (transsexualisme, travestisme  ...) chez les auditeurs (mais ne critiquons pas cette émission qui a le mérite infime d'exister).

          Sinon, rares sont les films qui montrent les transsexuels ou les travestis (style "Priscilia, princesse du désert") comme des personnes comme les autres (comme vous et moi ou presque). On note toutefois, heureusement une évolution des mentalité vers plus de compréhension et de tolérance (même si elle est très lente).

 

          Souvent les transsexuels, se passerait de ce genre de publicité, que sont ces films de psychopathes, et souhaiterait vivre (le plus discrètement), en tout cas arriver enfin à vivre.

 

          Pour montrer à quel point le terme "transsexuel" à une connotation péjorative, infamante ou ayant mauvaise presse (ou réputation), est le fait que souvent quand le transsexuel révèle son état à ses amis, ces derniers lui disent souvent "Pas toi, toi tu n'est pas comme eux, tu es sympathique, tu t'abuses".

 

          Et si des transsexuels essayent d'exposer calmement et d'expliquer sincèrement et rationnellement leur problème, le corps médical (qui n'aime pas d'ailleurs qu'on lui vole son diagnostic) apposera souvent le sceau du diagnostic de "brillants schizophrènes" à ceux qui essayeront de prouver qu'ils ne sont pas fou.    Encore une fois, le corps médical refera tomber le linteau de la tombe du silence sur le caveau d'où sortait le témoignage du transsexuel.

 

4.       Conclusion

 

          On voit que les phénomènes de rejet sont complexes et multiples.

          Beaucoup d'idées fausses ont été répandues sur les transsexuels (depuis tellement longtemps que la tradition de désinformation est tenace et durable).    Beaucoup parlent des transsexuels, sans jamais les connaître ou faisant d'effort pour les connaître (et n'avance que leur propre fantasme).

          Beaucoup d'injustices ont été commises envers les transsexuels (comme envers les vrais homosexuels), sans leur donner la possibilité de se défendre (mais leurs rangs sont, il est vrai, si clairsemés).

          D'un autre côté les transsexuels ne pourront guère briser le mur ou complot du silence, s'ils ne parlent pas et s'ils continuent à vivre dans la crainte quasi paranoïaque d'être découverts.

          Il faudra vraiment beaucoup de temps pour ôter de l'idée des gens qu' "ils ne sont quand même pas tout à fait normaux" (sous entendu au niveau "santé mentale et psychiatrique").

          Il a parfois un égoïsme profond ou un manque de courage en préférant hurler avec les loups, à ne pas vouloir accepter les différences et se remettre en cause.