La radicalisation actuelle du débat intellectuel

 

Sur les réseaux sociaux …

 

Benjamin Lisan, le 26/03/2022

 

Bonjour, Actuellement, sur Facebook (FB), j'observe souvent une radicalisation des débats (sur l’islam, la Russie, la guerre en Ukraine, l’UE, Macron …). Et ce n’est pas nouveau.

Beaucoup de contributeurs FB sont des gens (très) convaincus. Ils ne sont souvent pas nuancés et prudents dans leurs propos et incapables de s'autocritiquer et de critiquer leur propres convictions.

 

1         Les théories du complot et l’absence de nuance

 

Les théories du complot, qui gangrènent les débats, contribuent à cette radicalisation.

 

Ce qui m'attriste est que quand je demande aux complotistes de me fournir des preuves exactes et incontestables (voire scientifiques ou bien issues de 3 sources différentes

et indépendantes), ils sont, à chaque fois, incapables de me les fournir. Pire, certains s'énervent, vous traitent de tous les noms et vous bloquent (comme un certain Marcel, hier, dont j'ai posté les échanges avec moi, en cachant son nom).

Ils sont dans la croyance (issue de leur intuitions et présomptions), non pas dans la preuve scientifique et exacte.

Impossible de le faire (re)venir à une démarche intellectuelle construite, méthodique, si possible scientifique.

 

Quand je fais une erreur et que j’en ai conscience, presque toujours, je la corrige (par exemple, pour être plus nuancé, par rapport à mes idées de départ, quand je sens qu’elles manquent de nuance).

Par exemple, au départ, j’avais tendance à minimiser la violence et l’importance de l’extrême-droite ukrainienne. Puis j’ai vérifié les allégations des soutiens au discours de Poutine sur celle-ci. Et depuis, j’ai corrigé mes convictions.

 

A cause de cette radicalisation, ces complotistes ou radicalisés veulent que vous vous positionnez pour un camp ou pour l'autre, mais refuse l'idée que vous puissiez être nuancé (dans vos opinions et jugements).

Ils pensent qu'on doit être nécessairement "radicalement" partisan pour un camp ou l'autre.

Un peu comme à l'époque des guerres des religions, où vous deviez être soit catholique, soit protestant, mais pas humaniste tolérant, à l'image de Erasme.

 

Si vous essayez de l'être, les complotistes vont vous faire des procès d'intention, vous accuser d'être dans une posture (de celui qui se veut nuancée, sans l'être), alors que vous êtes malhonnête (et hypocrite), intérieurement.

 

Par exemple, concernant le peuple ukrainien, je suis a priori du côté des peuples agressés, victimes (qui meurent) et non pas du côté des agresseurs (qui tuent) [et pour soutenir les peuples agressés].

Bien sûr, dans la réalité, les choses ne sont pas si simples. Dans toute guerre, il y a le désir de vengeance qui peut conduire, dans les deux camps, à des crimes de guerre.

 

Je ne pense pas être bisounours concernant l'Ukraine. Je sais que :

 

a) il y a un tendance à un révisionnisme d'état, avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, en 2004, puis avec le Président Petro Porochenko, en octobre 2014 (qui ont cherché à réhabilité le nationaliste mais criminel, Stepan Bandera, contre la désapprobation et les mises en garde du Parlement européen).

b) il y a une corruption élevé (avec des oligarques mafieux ukrainiens, qui agissent comme les oligarques mafieux russes).

 

Et je ne suis pas partisan d'une adhésion immédiate de l'Ukraine, sans examen approfondi du respect des critères d'entrée à l'UE de l'Ukraine (respect de l'état de droit, vraie lutte contre la corruption ...).

 

Concernant la guerre en Ukraine, il y a des radicalisés de tout bord.

Par ignorance ( ?), il y a, par exemple, des gens qui veulent bannir (« canceler ») la culture russe, les artistes et intellectuels russes _ alors que dans le lot, il y en a beaucoup qui sont contre cette guerre _, jusqu’à vouloir retirer le nom de Alexandre Soljenitsyne, sur le fronton d’une école, agissements que je considère comme particulièrement stupide (et pouvant alors alimenter la machine de propagande victimaire du Kremlin).

 

Les personnes d'extrême-droite et souverainistes me forcent à me positionner sur l'immigration musulmane (et noire africaine).

En fait, ce qu'il sous-entend est le problème du danger islamiste, en particulier séparatiste et terroriste.

Je considère que c'est une question complexe, pour lesquelles je ne pense pas qu'il existe des solutions simples et miracles.

 

2         Concernant ma position sur l'islamisme

 

Et ils sont persuadés que lorsqu'on est de gauche, l'on ne peut être que bisounours (aveugles ...) ou complaisants envers l'islamisme.

 

Voici ma propre position au sujet de l'islamiste :

 

a) Je suis un homme de convictions mais ouvert à la discussion, y compris avec les islamistes : je suis prêt à écouter et à discuter leurs arguments, s'ils cherchent à prouver qu'ils ne sont pas dangereux.

b) Il y a des prédicateur islamistes (aux discours et écrits radicaux) que je considère comme dangereux et dont il faut combattre les idées, comme :

   Rachid Eljay (l'imam de Brest), Zakir Naik, Ahmed Deedat (décédé), Youssef al-Qaradâwî, Sayyid Qutb (les écrits) etc.

 

Il ne faut pas à hésiter à utiliser la loi (réprimant les appels à la violence, l'antisémitisme, les menaces de mort) contre eux, leurs vidéos et écrits.

 

Par exemple, Rachid Eljay a eu des positions très rétrogrades sur le statut des femmes et il voulait interdire la musique. Il existe une vidéo le montrant incitant à interdire la musique devant une assemblée d'enfants.

Inciter à l'interdiction de la musique (en Europe) (en tant que position intolérante) peut susciter des troubles à l'ordre public.

 

Par contre, je n'ai rien contre les frères Ghaleb et Soheib Bencheikh (même si Ghaleb est ambigüe dans ses thèses), Hassen Chalghoumi (l'imam de Drancy), Kahina Bahloul (la 1ère femme imame de France), Adnan Ibrahim (imam de Vienne), Mohammad Tawhidi (imam australien de la paix) ...

Ces derniers promouvant un islam tolérants, même si ces derniers sont minoritaires dans le monde.

 

La multiculturalité et la diversité peuvent être une richesse à condition que les communautés culturelles en France respectent des règles communes de vivre ensemble dont les règles républicaines.

Tout ce qui est sectaire ou enfermement sectaire n'est pas ma tasse de thé (si l'islam conduit à un enfermement sectaire, il y a problème).

Tant qu'il n'y aura pas de vraie liberté de conscience (et religieuse) dans les 57 pays musulmans (à cause de l'islam qui y est enseigné), tant qu'il y sera interdit de critiquer, de douter de l'islam, du Coran et de Mahomet (tant que l'on ne pourra pas y critiquer ouvertement la pseudoscience des "miracles scientifiques du Coran"), il y aura problème.

 

Je défends certaines valeurs, dont les valeurs républicaines et je n'ai envie d'être perturbé par des valeurs opposées aux miennes (je suis, par exemple, pour le féminine universaliste, égalité stricte hommes - femmes, la laïcité etc....).

 

Concernant le voile, je n'ai rien contre, s'il reste discret, s'il n'est pas un outil de revendication identitaire séparatiste, politico-religieux de pression des femmes voilées sur leur coreligionnaires.

Il ne faut pas qu'il soit un étendard visible, ostentatoire, conquérant de l'idéologie islamiste (que je considère comme totalitaire, intolérante, suprémaciste, souvent paranoïaque et complotiste (anti-occidental), à l'image d'un "fascisme vert").

 

Ce qui est important est de respecter les gens, quelles que soient leur culture et religion, et ne pas être condescendant avec ceux (en vous considérant comme plus civilisé et évolution qu’eux et eux plus barbares).

J’ai toujours combattu le racisme, que je considère comme quelque chose de très mauvais (humiliant) et source de guerre et de conflits (comme en Algérie …).

En plus, il fournit de l’eau au moulin du discours victimaire et séparatiste islamiste.

 

3         Concernant ma position sur l'extrême-droite et la critique de l'état de droit

 

Comment pourrais-je définir l'extrême-droite et ses partisans ?

 

Il y a un côté extrémiste en eux. Pour eux, la fin justifie les moyens et ils n'hésiteront pas utiliser les mensonges (intox, fake news, réécriture de l'histoire ...) pour pouvoir accéder au pouvoir.

C'est le manque de scrupules qui me gêne chez eux.

 

Sinon, par exemple, Zemmour n'est pas gêné de réécrire l'histoire (sur la shoah, Pétain, l'occupation...). Pour moi, une personne qui n'hésite pas à réécrire l'histoire, n'est pas honnête intellectuellement et est potentiellement dangereuse.

 

Pour eux, la « loi du plus fort » est ce qui compte et, pour cela, la guerre peut être tout à fait légitime, à leurs yeux.

 

Par exemple, un certain Nassimo m’expliquait :

 

« C'est la loi du plus puissant cher Benjamin Lisan, ce n'est pas une question de j'aime ou j'aime pas, comme sur les réseaux sociaux, c’est pas les gentils contre les méchants comme dans les films ou les histoires fantastiques qu'on vous a fait avaler... et si vous prétendez connaître un peu la géopolitique, ça s'est toujours passé ainsi, y compris avec la France, les USA, ou même dans la nature, ou comme pour toute autre puissance... Les puissant dominent, les faibles se soumettent, c’est ainsi que vous vouliez le voir ou pas. Après entre les différentes puissances il y a qu'un facteur qui change, c'est le moyen d'y parvenir ... Là, en l'occurrence, c'est la guerre, et on a bien compris que cela dérangeait beaucoup d'européens que des personnes " civilisées " comme elles, puissent mourir, les autres qui ne sont pas comme nous, là, ils se font la guerre tout seul ... ».

 

Un de ces militants d’extrême-droite m’expliquait aussi que le monde a toujours été régi par la logique des blocs, des guerres et qu’il y aura toujours des guerres entre eux.

Et que donc l’idéal d’obtenir la fin des guerres, grâce à l’UE, en Europe, est naïve.

Ils se considèrent comme plus réalistes que ceux qui sont partisans de l’état de droit, l’UE …

 

La fin de l'indépendance des trois pouvoirs _ exécutif, judiciaire, législatif _ ne les gênent pas, non plus.

 

En plus, ils essayent toujours de :

 

A) garder et de verrouiller le pouvoir, dès qu'ils l'ont gagné, afin de, si possible, ne jamais le rendre,

B) mettre le maximum de bâtons dans les roues concernant la liberté d'expression et de manifestation pacifique de l'opposition (via des lois sur mesure pour restreindre ces libertés, par exemple) (mais ce genre d'agissements n'est pas propre à l'extrême droite mais aussi à beaucoup de gouvernements populistes, comme en Pologne, Hongrie...).

 

En résumé, voici les valeurs de l'extrême-droite que je ne partage pas :

 

A) le fait qu'ils n'hésitent pas à donner des coups de canif dans l'état de droit (par exemple, par la suppression de l'indépendance entre les pouvoirs législatifs et judiciaires, par la prise du pouvoir, son verrouillage, par l'emploie tous les moyens possibles pour essayer de ne pas le restituer (via le changement des lois, le mensonge...).

B) une plus grande facilité à recourir aux mensonges, aux Fake news et à la réécriture de l'histoire (à l'exemple de Zemmour).

C) leur philosophie morale, celle de la fin qui justifie les moyens.

 

Table des matières

1       Les théories du complot et l’absence de nuance. 1

2       Concernant ma position sur l'islamisme. 2

3       Concernant ma position sur l'extrême-droite et la critique de l'état de droit. 3