Le problème du racisme

 

Par Benjamin LISAN, le 11/11/2021

 

Bonjour, Je vais vous donner mon point de vue sur le racisme. Pour moi, il est comme une gangrène et aussi une grave faute morale. C’est considérer l’autre comme inférieur ou comme une menace (alors que nous sommes pourtant tous des Homo sapiens sapiens, réceptacle d’un énorme mélange de gènes, contredisant toute notion de race, où la couleur de peau n’est qu’un avatar de l’évolution pour protéger l’espèce du soleil direct au niveau de l’équateur).

 

Durant la colonisation, le racisme a conduit à un traitement inégalitaire et discriminatoire des hommes, selon la couleur de peau ou de leur culture, au statut de l’indigénat, contribuant à l’inégalité salariale, aux plafonds de verre, à ce que certains lieux soient interdits aux indigènes (plages, balcons au cinéma …), que la réquisition forcée des populations locales soit permise etc.

 

C’est conditionner les colons, depuis l’enfance, leur faire croire que les indigènes sont paresseux, que le noir « sent la chèvre », aux racistes que les juifs sont pervers, retords, cherchant à dominer le monde, ne « roulant que pour eux ».

C’est faire croire que les indigènes sont intellectuellement moins « intelligents » ou « inférieurs » au niveau de leur qualité morale (du fait leur supposée « biologie »). Alors que pourtant bien des exemples de personnes ne s’étant jamais compromis moralement prouvent le contraire (se souvenir par exemple, de Félix Éboué (compagnon de la Libération), Gaston Monnerville (résistant, président du Sénat), Léopold Sédar Senghor (Ancien président de la République du Sénégal et écrivain), René Maran (écrivain), voire Frantz Fanon (résistant, psychiatre et essayiste anticolonialiste, ...).

 

Soit l’homme infériorisé intériorise son « infériorité » et devient aliéné à cette (sa) croyance. En effet, nous savons que « Le système d'oppression le plus efficace est celui qui a réussi à convaincre l'opprimé du bien-fondé de son oppression » ou que « Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie ». Mais ce genre de système ne tient qu’un temps, car le désir de justice et de liberté semble naturel à l’espèce humaine (et à certaines autres espèces).

 

Mais en général, le traitement inégalitaire et discriminatoire d’une catégorie d’hommes a conduit, en fait, plutôt au développement d’un sentiment d’injustice chez les personnes discriminées et infériorisées et à leur désir de lutter contre cette injustice (que cela soit par la violence _ guerre révolutionnaire _ ou par la lutte non-violente, celle de Gandhi, de Martin Luther King …).

 

Le racisme a conduit au non-respect, à la discrimination, voire à la torture et à la mise en esclavage d’une catégorie d’êtres humains et finalement, par contrecoup, aux cruelles guerres de libération anticoloniales (en Algérie,  Vietnam …). Si le racisme n’avait pas existé, des personnes aussi brillante que Frantz Fanon n’aurait pas basculé dans le camp anticolonial. Probablement, Hô Chi Minh n’aurait pas basculé, non plus, dans le camp ennemi.  

 

Le problème est qu’en retour, s’est créé progressivement un racisme inversé, à un ressentiment et à une stigmatisation « antiblancs », conduisant à la stigmatisation « globalisante » (« essntialisante ») de tous les « blancs », de toutes les initiatives humanitaires ou de développement durable positifs, dès qu’elles sont conduites par des « blancs » [les blancs étant les citoyens des anciens pays colonisateurs, dont a priori « mauvais »], conduisant à juger la colonisation à l’aune de nos valeurs morales actuelles, à jeter le bébé de la colonisation avec l’eau du bain. Alors il faut juger la colonisation dans le contexte, des préjugés, des valeurs morales de l’époque.

 

Il faut admettre, si l’on veut être honnête et juste, que dans la colonisation, il ne faut pas avoir une seule lorgnette et ne la voir uniquement que sous l’angle du statut de l’indigénat et du racisme d’une partie des colons (mais pas de tous, tels Albert Camus, Germaine Tillon … Mais il est certain que si ces antiracistes, les médecins et les enseignants non-racistes, qui avaient une haute conscience de leur mission [tels des hussards de la république], avaient été plus nombreux, les choses auraient pu évoluer autrement, plus positivement, avec une évolution vers une décolonisation sans violence).

 

Car il a eu dans la colonisation des progrès en agronomie (avec des grands agronomes comme René Tourte …), dans la Santé (vaccination, avec des médecins comme Alexandre Yersin, créateur d’un vaccin pour prévenir la peste et du premier sérum antipesteux …), en instruction scolaire, en infrastructures … avec la construction d’école, d’hôpitaux, de routes, de centres de recherches scientifiques et agronomiques locaux (plus de 650), le système des bourses études qui a permis à certains indigènes de faire de brillantes études et de réussir (mais ces cas ont été trop peu nombreux) …

 

Mais il est certain aussi que pour faire atteindre aux colonies le même niveau de vie, de développement et de bien-être que dans le pays colonisateurs, il aurait fallu beaucoup plus d’argent, … argent que ces derniers pays n’avaient pas (ce manque d’argent pouvant expliquer pourquoi le taux de scolarisation des Algériens natifs n’était que de 55% dans les années 50 …).

 

En fait, quelque soit le point de vue adopté, l’on pouvait se rendre compte que le projet colonial (même paternaliste, « bienveillant »), même adoptant une politique assimilatrice, ne pouvait pas réussir. Même sans répression, le système était vicié, dès le départ, par l’inégalité de traitement entre colons et colonisés (même s’il y a eu de bons administrateurs, gouverneurs, résidents général etc. comme Hubert Lyautey, Jean-Victor Augagneur etc.).

 

Le problème maintenant est que souvent certaines personnes [anciens colonisés ou descendants de colonisés] ont des ambitions irréalistes (trop élevées), surtout s’ils ont un ego surdimensionnée.

Mais quand elles n’arrivent pas à réaliser leurs ambitions, qu’elles sont alors plongées dans un sentiment d’échec et de déclassement social, au lieu de se remettre en cause, de chercher à garder l’espoir, à rebondir, à chercher une autre voie ou de revoir à la baisse leurs ambitions, elles développent en eux un fort ressentiment, cherchant des boucs émissaires, « expliquant », « justifiant » leur échecs, sur lesquels ils peuvent projeter leur naine. Attitude profondément malhonnête, poussant à développer une appétence et attraction malsaine pour les théories du complot, ne reposant sur aucune preuve scientifique, même permettant de se victimiser et d’avoir le beau rôle (et surtout permettant de ne pas se remettre en cause) et un racisme « ressentimentaire » inversé antiblancs. Et cette attitude, nous la rencontrons souvent en Afrique.

 

Plus certaines anciennes colonies plongent dans l’échec de leur développement économique, éducationnel, à cause d’une démographie vertigineuse (le Niger a vu sa population multiplier par cinq entre 1960 et 2020, Madagascar. A Madagascar, environ deux tiers de la population a moins de 25 ans (64%) et près de la moitié a moins de 15 ans (47%) …), d’un politique de l’instruction et de l’éducation en faillite, d’un manque de démocratie, favorisant le clientélisme, le populisme, favorisant un haut taux de corruption, le népotisme, qui appauvrit ces pays, plus la tentation et la facilité, chez les anciens colonisés à l’ego surdimensionnée, est d’accuser les anciennes puissances colonisatrices (dont la France) de comploter contre eux (via le système de la France-Afrique, qui a bon dos) et d’être à l’origine de l’échec du développement de leurs propres pays (par la dépendance à la dette, dans laquelle ces pays se sont faits piéger, de leur propre chef, en fait, du fait leur mauvaise gestion, gouvernance et leur corruption).

 

Bref, les politiciens (des pays anciennement colonisés) démagogues, populistes, manipulateurs, pour cacher et pour détourner l’attention de leur peuple de leur propre corruption, leur mauvaise gouvernance, excitent la haine de leurs concitoyens contre les anciennes puissances coloniales (à l’exemple de Robert Mungabe etc. …) et entretiennent dans leur peuple un orgueil et une fierté exacerbée (une vision séduisante d’eux-mêmes), voire de bas instincts (jalousie, mégalomanie …), au lieu de l’inciter à l’humilité, à l’honnêteté, au courage consistant à pratiquer son examen de conscience et sa propre remise en cause permanente. Ce sont de dangereux apprentis-sorciers.

 

Malheureusement, beaucoup de concitoyens de ces pays, sous l’emprise et subjugués par ces discours populistes, simplificateurs et séduisants, sont aveugles, se font abuser. Or ces discours toxiques pousseront à commettre de nouvelles injustices.

 

Relire à ce sujet le livre de René Dumont « L’Afrique noire est mal partie » (Ed. du Seuil, Point, 1962-1971).

 

Et cela conduit, par haine et ressentiment, à ce que certaines personnes (des anciens pays colonisés) adoptent une attitude hypocrite envers les descendants des colons, à les rouler, les voler, à ne pas les respecter, à les considérer juste comme des perpétuelles vaches à lait (qu’on peut ruiner), à piller les projets et ONG humanitaires, à la multiplications des escrocs sur Internet (les « brouteurs »), en Afrique de l’Ouest, dont l’unique but est de se venger des blancs, de la colonisation et de les ruiner (sans vergogne).

 

Toute cette attitude est contreproductive et empêche de s’attaquer aux vrais problèmes des pays anciennement colonisés dont :

 

·         Manque de démocratie (de médias indépendants …),

·         Démographies vertigineuses non maîtrisées (alors que l’augmentation des productions agricoles ne sont pas indéfinies).

·         Corruption et mauvaise gouvernance à un haut niveau (appauvrissant gravement ces pays, augmentant leur dette et leur insécurité alimentaire _ avec plus d’importation que d’exportation de produits agricoles).

·         Corruption conduisant à céder à des pays étranger des terres arabes, sans aucune retombées pour les populations locales (alors qu’il faut au contraire favoriser les partenariats gagnant-gagnant entre investisseurs et collectivités locales, avec des retombées : appui rural, construction d’écoles primaires etc.)

·         Faillite de l’instruction, cause d’un manque d’esprit critique, de démocratie, de l’emprise des discours populistes, des théories du complot, du trop grand poids et de l’emprise des religions (sources d’immobilisme, en particulier concernant le statut des femmes _ alors que s’il y avait égalité entre hommes et femmes, avec soutien aux femmes, il y aurait une augmentation de la production agricole de 20 à 30%, dans les pays en voie de développement _, de résistance au planning familial, à la contraception …).

·         Le fait de reproduire les mêmes erreurs que les pays colonisateurs ont aussi commis chez eux (dont la promotion par l’OUA d’une agriculture productiviste intensive (la « révolution verte »), avec la solution de la facilité de l’utilisation de pesticides à haute dose (glyphosate, paraquat, atrazine …), sans soucis de questions environnementales et d’enjeu de santé).  

 

S’attaquer à ces problèmes avec lucidité et courage permettrait de réduire la pauvreté dans ces pays et l’immigration (pour raisons économiques) des habitants de ces pays vers les pays riches.

 

Personnellement, je crois à l’importance d’une éducation morale à l’honnêteté (à une incitation à la droiture morale), à l’humilité, à l’esprit critique, philosophique et scientifique (areligieuse), dans le monde entier.

Mais cela serait une autre question à aborder.