Qu’est qui est préférable, les principes avant les valeurs ou le contraire ?

 

Par Benjamin Lisan, le 14/04/2023

 

Affirmations

 

Je réponds à cette publication d’Alice, ci-dessous :

 

<< Beaucoup de personnes, notamment ici, ne jurent que par les "valeurs". Valeurs de ceci, de cela, nos valeurs, et caetera.

Bon, je ne suis pas amateur de valeurs. Comme m'a écrit une fois un contact, les valeurs, on en échange à la criée sur les marchés tous les dimanches.

Aux valeurs je préfère les principes. Ces derniers guident l'action et, donc, forcent à considérer la cohérence entre l'idée et les actes.

Les valeurs sont trop souvent le manteau de Noé que l'on jette pudiquement pour voiler une réalité honteuse >>.

 

Ma réponse

 

Car il faut encore définir ce qu'est un "principe", ce qu'est une "valeur" et leur différence au niveau de leur acceptation ou notion.

 

Définition du mot "principe"

 

Selon A, cela serait une "règle de conduite".

 

Une règle de conduite qui guide son/notre action (Cf. linternaute).

 

Sinon, selon CNRTL :

 

Motif qui commande l'action et sert de norme pour le jugement pratique ; maxime, règle de conduite qui constitue un modèle. Principe religieux. Principes de morale, de justice. Le gouvernement a invoqué le principe de la raison d'État. Poser en principe, avoir pour principe de ne rien remettre au lendemain. Au pluriel. Absolt. Règles morales ou religieuses.

 

Un homme sans principes, un homme de principes. Il a abjuré tous ses principes. Faire une entorse à ses principes. Avoir des principes, ne pas transiger avec ses principes. Il n'est pas dans ses principes de mentir.

 

Pour le principe, pour la raison théorique et morale qui devrait prévaloir ; en guise d'exemple. Pour le principe, je refuse d'obéir à cet ordre. Il lui a donné une punition pour le principe. Par principe, en suivant des règles, des convictions qui sont propres à celui qui agit. Par principe, il ne mange jamais de viande.

 

De principe, a priori ; sans engagement définitif. Une hostilité, une opposition de principe. Il lui a donné un accord, une approbation de principe.

 

Dans certains cas, le principe peut être lié à un code, code d’honneur (le Bushido, le respect à l’Empereur, la loyauté envers le chef _ « ma fidélité est mon honneur » devise des SS _ …).

 

Discussion de la notion de principe

 

Le principe est le plus souvent une notion qui ne se discute pas, qui est rigide ou psychorigide.

Ces principes reposent souvent sur des dogmes[1] ou des vérités avec un grand V qu’on ne discute pas.

 

Dans une dictature, il a beaucoup de règles et de principe qu’on n’a pas le droit de discuter _ le principe du chef (führerprinzip), le principe de « Infaillibilité pontificale », la raison d’état[2]

 

Les principes souvent ne se discutent pas (et sont souvent un cadre rigide qui rassure).

 

Définition du mot "valeur"

 

Caractère, qualité de ce qui est désiré, estimé parce que donné et jugé comme objectivement désirable ou estimable. Concept, notion de valeur; valeur de la morale, du beau, du bien, du juste; valeur de la science, du progrès scientifique; valeur morale de l'action; valeur de l'individu, de la personne humaine.

 

Chose ayant ce caractère; ce qui est beau, bien, vrai, juste. Valeurs esthétiques, morales, sociales; valeurs absolues, relatives; valeurs communes, humaines, individuelles, universelles; valeurs d'un milieu, d'une société, d'une époque; valeurs de (la) gauche; hiérarchie, changement, crise, effondrement, transmutation des valeurs; système de valeurs; avoir des valeurs; avoir les mêmes valeurs.

 

Devant le charnier des valeurs mortes, nous découvrons que les valeurs vivent et meurent en liaison avec le destin. Comme les types humains qui expriment les plus hautes d'entre elles, les valeurs suprêmes sont des défenses de l'homme (Malraux, Voix sil., 1951, p. 631).

 

Cette notion est très liée aux notions de morale et d’éthique.

 

Sachant aussi que les valeurs morales ou éthiques ne sont pas figées dans le temps, qu’elles évoluent.

Et elles se discutent contrairement aux principes (en général, du moins).

 

Par exemple, l’esclavage qui semblaient peut-être normal sous l’antiquité n’est pas accepté (moralement) dans notre société occidentale actuelle.

La peine de mort qui était admise majoritairement avant le 20° siècle, n’est plus autant admise.

 

Morale, code moral

 

La notion de « valeur » peut être lié à la notion « d’éthique », de « morale », à celle de « code moral ».

 

Morale : Ensemble des règles et normes de comportement relatives au bien et au mal, au juste et à l'injuste, en usage dans un groupe humain.

 

Code Moral : Façon dont un individu met en pratique ses valeurs morales ou ses croyances personnelles, manière dont il applique sa propre notion de morale.

Exemple : Un code moral concerne un seul individu, ou un groupe de personnes partageant des valeurs identiques (source l'Internaute).

 

Définition de l’éthique

 

Diverses définitions de l'Ethique :

 

1) Une discipline philosophique portant sur les jugements moraux et dont le concept est donc très proche de celui de la morale. C'est une réflexion fondamentale de tout peuple afin d'établir ses normes, ses limites et ses devoirs (Wikipedia).

2) Ensemble des conceptions morales de qqn, d'un milieu. Exemple : Éthique médicale.

3) Qui intègre des critères moraux dans son fonctionnement. Exemple : Le commerce éthique (Larousse).

4) Une branche de la philosophie qui s'intéresse aux comportements humains et, plus précisément, à la conduite des individus en société.

L'éthique fait l'examen de la justification rationnelle de nos jugements moraux, elle étudie ce qui est moralement bien ou mal, juste ou injuste (https://www.canada.ca/).

 

L’erreur de Alice

 

Alice commet l’erreur de confondre le caractère évolutif voire floue _ difficile à définir et à préciser _ de la notion de morale, de bien, de mal, de juste ou d’injuste, avec l’absence de valeur, de morale, d’éthique ou de relativité totale avec l’éthique ou la morale. Ou avec un principe de totale relativité de toutes les valeurs morales, comme si elles se valaient toutes (au niveau de leur efficacité opérationnelle _ mais alors dans quel but ? de cohésion sociale ? de la contribution au bonheur global de l’humanité ? …).

 

Discuter de ces notions _ valeurs, bien, mal, juste, injuste _ ne signifie pas qu’elles n’existent pas, qu’il est permis de tout faire, dans nos sociétés, sans garde-fous (moraux …).

 

En plus, il existe des ponts philosophiques entre « principes » (principes moraux …) et « valeurs » (valeurs morales …).

 

Ce ne sont pas des notions simples.

 

Certains diront, par exemple, « pour avoir la paix, préparons la guerre ».

Mais cela veut-il passer à l’acte, être l’agresseur, faire réellement la guerre ensuite ?

 

Ce qui sont contre la guerre avanceront les arguments suivants

 

La guerre ce sont des :

 

·         Massacres répétés, génocides,

·         Génocides culturels,

·         Disparitions de centaines de milliers personnes ciblées (dont l’on entend plus parler), déplacements forcés de centaines de milliers de personnes,

·         Milliers de viols,

·         Destruction de peut-être des centaines de milliers de vies et la frappe aveugles d’immeubles et de civils, crimes de guerre (et avec le traumatisme à vie des enfants et adultes),

·         Destruction d’un pays, de son économie, de ses infrastructures,

·         Destruction de villes (certaines classées au patrimoine de l'humanité), etc.),

·         Destruction de monuments historiques ,

·         Pillage de biens culturels, des œuvres d’art, de musée,

·         Génocide culturel, volonté de tuer la culture ukrainienne, autodafé de livres ukrainiens, bombardement de bibliothèques, impositions de la langue russe aux Ukrainiens occupés,

·         Milliers ou millions de réfugiés individuels, vivant la précarité, hors de leur pays,

·         Voire menaces régulières de frappes nucléaires,

·         Vol des céréales, destructions des récoltes,

·         L’arme de la faim,

·         Forte inflation mondiale des prix du pétrole, du gaz et de l’alimentation, pesant sur l’ensemble de la population mondiale, via l’arme du gaz et de la faim (et via le blocus des céréales). Les plus précaires seront les plus touchés,

·         Fort risque de récession de l’économie mondiale, suivie d’une grave crise économique,

·         Haines tenaces et des désirs de vengeance et de revanche, du peuple vaincu et humilié. Avec le risque d’être la racine de futures autres guerres,

·         etc.

 

Une guerre qui risque, à tout instant, de se transformer en 3° guerre mondiale, dans certains cas.

 

On dit que s’il est « facile » de lancer une guerre, il est bien plus dur de l’arrêter.

 

En plus, durant une guerre, tous les imprévus (que justement l’on n’a pas prévu) peuvent survenir :

 

La mort d’un roi, d’un dirigeant, d’un général ou amiral important (l’amiral Yamamoto, Par exemple, durant la guerre de sept ans, la tsarine Élisabeth Ire meurt le 5 janvier. Son successeur, Pierre III, un prince allemand grand admirateur de Frédéric II, rompt l'alliance russe avec l'Autriche et la France (16 mars) , fait la paix et s'allie avec Frédéric II (5 mai), ce qui sauve Frédéric II, le roi guerrier, et son royaume, la Prusse, d'un défaite. …), une tempête catastrophique (qui met en échec une offensive … comme le « Kamikaze », le vent divin, le typhon qui aurait sauvé le Japon lors des invasions mongoles du Japon sous l'Empire mongol de Kubilai Khan, qui gouvernait la dynastie Yuan en Chine etc.) …

 

Certains diront au contraire que la guerre est préventive, qu’elle coûte très chère et très destructrice, mais que si elle est gagnée, elle apporte « gloire », puissance, affaiblissement ou annihilation de l’ennemi, extension territoriale, endurcissement et « régénération » du peuple.

Certains minimisent les conséquence à venir d’une guerre, en affirmant que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » [pour débloquer une situation …].

 

Mais devant les risques, est-ce que cela vaut le coup ?

La balance entre les avantages et les inconvénients de la guerre conduit-elle à privilégier la guerre ? j’en doute.

 

Certains pensent que la guerre et le crime sont dans l’ADN de l’homme et que donc l’humanité n’arrivera jamais à éradiquer la guerre et le crime. Voire qu’il y a des criminels et des psychopathes nés (qui aiment le sang, la guerre … tels Hitler, Poutine …). Qu’on ne pourrait que freiner les tendances meurtrières et innés des hommes.

 

"Le temps découvre les secrets, le temps confirme les bons conseils. Qui veut bien juger de l'avenir doit consulter les temps passés. L'homme est né pour la paix, et il ne respire que la guerre. La science la plus nécessaire à la vie humaine, c'est de se connaître soi-même". Bossuet.



[1] Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable (dans une religion, une école philosophique). Exemple : Les dogmes du christianisme.

[2] Le Führerprinzip est le socle juridique et principe essentiel du régime nazi, qui consiste en la soumission aux ordres du Führer, dont les mots ont valeur de loi. Il est appuyé par une organisation hiérarchique.