L'échec d'Irene Harand ?

 

Par Benjamin Lisan, 24 juillet 2022

 

Qui connaît encore Irene Harand (°) ?

 

Irène Harand (1900–1975) est née à Vienne en 1900 dans une famille catholique et monarchiste.

 

Résistante antinazie de la première heure, Irene Harand, femme politique et essayiste autrichienne, avec Moritz Zalman, édite, à partir de 1933, un hebdomadaire "Gerechtigkeit" ("justice") à 28 000 exemplaires, aussi en polonais et en français, qui sont diffusés dans une quarantaine de pays, contre les "barbares bruns".

 

En 1936, le mouvement compte en Autriche, 30 000 participants et le nombre de sympathisants est autour de 80 000.

 

Cette bourgeoise, catholique convaincue et monarchiste, s'attaque à l'antisémitisme pseudo-chrétien, qu'elle juge opposé aux racines de sa religion, et à celui nazi.

 

Irène crée en 1933 le Mouvement mondial contre la haine raciale et contre la misère (Weltbewegung gegen Rassenhass und Menschennot). Elle organise des meetings contre l’antisémitisme dans lesquels elle rassemble beaucoup de monde, plus de 2 000 personnes à la Wiener Zirkushalle.

 

Elle avait aussi fondé, avec Moritz Zalman, en 1930, le Sterreichische Volkspartei (Parti populaire autrichien), qui n'a pas eu de succès.

 

Elle publie, en 1933, un pamphlet intitulé "So oder So - Die Wahrheit über den Antisemitismus", qui a été traduit en plusieurs langues sous le titre "La Vérité sur l'antisémitisme", à partir de 1937.

 

Puis en 1935 elle publie "Sein Kampf, Antwort an Hitler" (Son Combat, Réponse à Hitler), Vienne, autoédition, 350 p., à 15 000 exemplaires, traduit en français (sa traduction en Belgique, en 1936) et en anglais (Chicago, 1937).

 

En 1937, Irene Harand a publié une série de timbres- affiches anti-nazis (timbres surdimensionnés et non officiels souvent utilisés à l'époque dans les promotions) décrivant les contributions apportées par les Juifs à la civilisation au cours des siècles.

 

Quand l'Alemagne nazie envahit l'Autriche, dans la nuit du 12 mars 1938 (l'Anschluss), Harand se trouve à Londres : cela lui sauve la vie, car sa tête avait été mise à prix par les nazis pour une somme de 100,000 Reichmarks.

Son mandat d'arrestation, conservé à Moscou, portait la mention "tirer à vue".

Ses livres ont été publiquement brûlés à Salzbourg.

 

Mais ses deux collaborateurs, l’avocat Moritz Zalman et Herta Bauer (?), n'ont pas eu cette chance, ayant été rapidement arrêtés, après l'Anschluss.

 

Moritz Zalman est assassiné le 29 mai 1940 au camp de concentration d'Oranienburg-Sachsenhausen, en Allemagne.

 

Herta Bauer (?) est assassinée en 1941, dans un centre d'euthanasie.

 

Puis elle s'est enfuie aux États-Unis, où elle a cofondé l'organisation d'exil « Austrian Forum » (Forum Culturel Autrichien), qu'elle dirige, et dans les années 1940 l'organisation de femmes de l'American « Non-Sectarian Anti ». (« Ligue nazie pour défendre les droits de l'homme »).

 

Elle a également aidé des Juifs autrichiens à obtenir des visas pour les États-Unis, permettant à plus de 100 personnes de fuir la persécution nazie.

 

En 1941, elle était à Londres lors de la fondation du Mouvement autrichien libre, dans lequel elle s'implique.

 

Malgré son action infatigable, elle n'a malheureusement pas pu changer le cours des évènements (conduisant à la shoah).

 

En 1969, elle a été honorée, par le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem, en tant que " Juste parmi les nations ", elle reçoit la médaille de Juste parmi les Nations, décernée par l'Etat d'Israël, et en 1971, elle a reçu la Décoration d'or d'honneur, de l'ordre du Mérite autrichien, pour ses services à la République d'Autriche.

 

Bibliographie :

 

[1] À propos de « Son combat, réponse à Hitler » d’Irène Harand, http://criticamasonica.over-blog.com/2016/08/a-propos-de-son-combat-reponse-a-hitler-d-irene-harand.html  

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Irene_Harand, https://en.wikipedia.org/wiki/Irene_Harand, https://de.wikipedia.org/wiki/Irene_Harand

[3] https://wp-de.wikideck.com/Irene_Harand

[4] Documentaire : Irène Harand, résistante, Auteur Andreas Gruber, Doc. Histoire, Autriche, 2018, 55 min.

[5] "Gerard Grelle – Irene Harand : une femme contre Hitler", in "Le pouvoir au féminin. Identités, représentations et stéréotypes dans l'espace germanique", Coordination éditoriale de Angelika Schober, Florent Gabaude, Aline Le Berre, Ed. Le Comptoir des presses d'universités, 2013.

[6] Dès 1935 : une réponse cinglante à Mein Kampf ! Irène Harand : Le Combat contre la croix gammée, Alain Kahn, http://judaisme.sdv.fr/perso/alkahn/harand.htm

 

(°) A ne pas confondre avec Hannah Arendt, une philosophe.