Comment expliquer l’expansion du mouvement évangélique dans le monde ?

 

Par Benjamin LISAN, le 09/04/2023

 

1         Introduction

 

Mardi dernier, j’ai regardé lors de l’émission THEMA d’ARTE, la très intéressante série documentaire en trois volets « Les évangéliques à la conquête du monde », qui montre le danger politique de ce mouvement, pour les démocraties, dans sa version ultraconservatrice et fondamentaliste.

 

Sinon, comment expliquer un tel succès ? Je vais apporter mon propre témoignage pour tenter de l’expliquer.

 

2         Mon propre témoignage

 

Mon enfance n’a pas été heureuse et je n’ai pas rencontré beaucoup d’amour de la part de mes parents, même si ma mère, qui était honnête et tentait d’être juste, m’a, à plusieurs reprises protégé contre une violence psychologique familiale. Ce manque d’amour m’a rendu vulnérable à un « bombardement d’amour ».

 

Cette violence m’a aussi rendu sensible à l’injustice et à l’arbitraire.

 

Un ami écrivait « Je ne crois pas en Dieu même s'il existe, car il y a trop d'injustices sur terre », une affirmation à laquelle je souscris entièrement.

 

A cause de la violence permanente d’un membre de ma famille à mon égard, durant toute ma vie, et du fait qu’il y a énormément d’injustices et de cruauté sur terre, je ne croyais pas à un Dieu juste et bon.

Malgré tout, ma mère, qui était croyante dans sa jeunesse, m’avait donné une éduction chrétienne, en m’envoyant au catéchisme.

Et à l’époque où mes parents m’avaient confié à mes grands-parents, j’avais été souvent à la messe.

Donc, il y avait, malgré tout, un conditionnement chrétien préalable, chez moi, souvent caché ou inconscient.

 

Et pourtant malgré cette vision négative du monde et d’un « Dieu » perçu plutôt comme un « papa fouettard », je me suis converti, en 1973, au christianisme puis j’ai été à un moment donné dans l’emprise du courant évangélique (peut-être entre 1975 et 1980).

 

En 1973, à cause du bombardement de bienveillance et d’écoute que j’avais rencontré dans le rassemblement chrétien à Taizé (en Bourgogne), je m’étais converti au christianisme, probablement pour « sauver mon âme » et pour faire mentir les prédictions d’un membre de ma famille disant que « j’étais un raté et que je serais éternellement un raté » ou en raison de l’aveu spontané, malheureux et involontaire de ma mère, qui sous l’emprise de cet autre membre, m’avait déclaré que « tu es le petit raté de la famille, mais je t’aime quand même », quand j’avais environ 14 ans.

 

Dans les résidences de l’école d’ingénieur l’INSA à Lyon, est d’être deux par chambre. Ce voisin de chambre était appelé « coturne ». J’ai eu peut-être six coturnes, dont deux coturnes prônant la violence politique et faisant peu de cas de la vie humaine :

 

1)      D’abord avec un certain Michel, authentique stalinien,  qui avec des amis d’extrêmes-gauches, tard dans la nuit, tentaient d’élaborer des attentats à Lyon, en s’inspirant d’Action Directe, sans même se cacher devant moi. A cause de mon rejet de la violence politique, Michel et moi avons été en et Michel m’a expulsé de notre chambre commune.

2)      Puis avec un militant d’extrême-droite, qui avait rêvé d’être militaire, fils de militaire, qui exposait devant moi et ses amis d’extrême-droite que la mort de soldats et les 7% de perte lors du service militaire étaient parfaitement normaux. Lui aussi, en raison un conflit grave sur le peu de cas pour la vie humain, de ses amis et lui,  m’avait, lui-aussi, expulsé de notre chambre commune.

 

A cause de ces deux mauvaises expériences, j’étais déprimé. Mais mon nouveau « coturne », Gérard, un chrétien évangélique, s’est révélé alors agréable à vivre, pacifique, correct, calme, serviable. Il donc m’a remonté le moral.

Il ne me jugeait pas concernant ce conflit grave avec ces militants d’extrême-droite, durant lequel j’avais pété les plombs.

 

Il m’a fait rencontrer ses amis d’une ONG évangélique américaine, « Campus pour / for Christ ».

 

L’association évangélique américaine « Campus for Christ », dont faisait partie Gérard, organisait des cours bibliques, des prières, des offices (cultes communautaires) avec des sermons et des chants (Le culte protestant étant organisé autour de lectures bibliques et de prédications, encadrés par des cantiques ou des chants). La musique était, en général, plutôt bonne, entraînante.

A la fin de culte, était organisé une agape, un repas sympathique (ou une sorte de goûter ou de pique-nique) pris en commun, comme chez les premiers chrétiens, qui contribuait à renforcer les liens entre les membres du groupe.

L’ambiance était bonne et donc je me sentais comme intégré dans une famille bienveillante.

 

On retrouve les mêmes stratégies dans d’autres courants religieux _ Frères musulmans … _, face à des personnes vulnérables _ manquant de confiance en elle, d’amour, isolée, dépressive … _, leur donnant l’impression qu’ils sont entourés par une vraie famille fraternelle.

 

Et au sein de cette association, j’étais « bombardé d’amour », alors que justement, durant mon enfance, j’avais tant manqué d’amour. Leurs discours _ amour, entraide, honnêteté … _ ne pouvait que me plaire. 

Qui peut critiquer ou s’opposer à ces valeurs morales prônant l’amour, l’entraide, l’honnêteté ?

 

Pourtant, je n’aime pas trop l’irrationnel. J’étais toujours embarrassé quand ces militants évangéliques m’affirmait que « Jésus sauve », que je devais abandonner ma raison et mon esprit critique, avec une foi et une confiance totale, à l’amour de Jésus ou Dieu (je devais m’abandonner entre les « mains de Dieu »).

 

3         Le développement de mon esprit critique envers ce mouvement

 

Vers 1977, « Campus for Christ » m’a invité à une gigantesque réunion, organisée à la Bourse du travail de Lyon, pour la venue du prédicateur et pasteur charismatique, Billy Graham.

Ce prédicateur était effectivement très charismatique, mettant l’accent, dans ses sermons, sur les émotions (et non la raison).

Il me semble qu’il y avait un groupe de musique.

 

Mais j’avais été consterné par des « séances de miracles », où des soi-disant handicapés abandonnaient leur cannes anglaises et se remettaient à marcher. A chaque « miracle », toute l’assemblée criait au « miracle ».

Où des personnes se mettaient à « parler en langues », à parler dans une langue inconnue qu’ils n’étaient pas censés connaître.

 

Un ancien chef de gang américain, invité à l’assemblée, ne cessaient de répéter qu’il avait été sous l’emprise de Satan et que Jésus l’avait sauvé.

 

Après cette assemblée, qui avait provoqué, en moi, un sentiment désagréable, avec l’impression d’être tombé dans un groupe fanatique, j’étais devenu un peu plus suspicieux envers ce mouvement.

 

En fait, les évangéliques majoritairement sont conservateurs, obscurantistes, rétrogrades, étroits d’esprit et combattent l'homosexualité, l'avortement, la sexualité hors mariage, la recherche sur les cellules-souches d’embryons, l'euthanasie …

 

Beaucoup sont créationnistes et partisans de positions antiscientifiques … totalement enfermés dans l’irrationnel.

 

Dans tous ces mouvements, l’on se rend compte qu’il y a souvent un fossé entre les belles valeurs prônés et le comportement de certains fidèles, loin d’être admirables ou « évangéliques ». Il y a beaucoup d’hypocrisie.

 

La plupart des prédicateurs évangéliques charismatiques et célèbres, pouvant prôner une « pauvreté évangélique » auprès de leurs fidèles, vivent pourtant dans un luxe incroyable. Certains possédaient même un avion d’affaire privé.

Beaucoup ont un ego démesuré.

 

Tout en affirmant se battre pour la vie, en étant anti-avortement, certains sont souvent pourtant pro-armes _ une posture très éloignée de la non-violence évangélique.

 

Beaucoup prônent des positions politiques conservatrices, de droites ou d’extrême-droite, pour Trump[1], Bolsonaro ... tous pro-armes, juste peut-être parce que ces derniers hommes politiques soutiennent le mouvement évangélique (qui est un important réservoir de voix lors des élections _ 25% des Américains (80 millions) se réclament de l’évangélisme, or 81% ont voté pour Trump en 2016 [5]. Les Églises évangéliques qui gagnent en influence au Brésil à une vitesse fulgurante, ralliant aujourd’hui près de 30 % de la population d’un pays traditionnellement catholique [6]).

 

Ces hommes politiques, disant combattre la corruption, sont souvent eux-mêmes corrompus, ainsi que leur entourage.

 

La télé-évangéliste, Paula White, proche de Trump, a gagné une importante fortune, avec ses émissions TV, Paula Today, qui correspond à la théologie de la prospérité qu'elle promeut : pour elle, la richesse est un signe divin de bonne santé spirituelle, et la pauvreté une punition venue d'en haut. Elle menace sur Internet ceux qui ne font pas de dons à son œuvre : « Vos rêves mourront et vos enfants aussi ».

 

Paula White vit dans un immense ranch en Floride, possède un appartement dans la Trump Tower, conduit une Lamborghini décapotable et se déplace en jet privé. Son train de vie luxueux lui a valu de faire l’objet d’une enquête du Sénat américain en 2007 pour détournement de fonds [7]. Mais l’enquête n’a rien donné. Paula White a suivi la tactique de Trump : elle a refusé de coopérer, n’a pas communiqué ses comptes et a fait signer à tous les employés des contrats de confidentialité à vie. [8]. (Une église dont elle a été le pasteur a fait faillite en 2014 [7]).

 

Les Églises évangéliques soutiennent aussi souvent l’expansion de l’État d’Israël dans les territoires palestiniens occupés, croyant que le renforcement du pays permettra le retour du Messie.

 

Je reproche aux antiavortements de refuser de voir l’absence de moyens financiers ou psychologiques des beaucoup femmes pauvres pour élever leur enfants, qui les conduisent à avorter (il n’y a jamais plaisir pour une femme à avorter).

Ils seraient moins hypocrites s’ils prenaient entièrement en charge l’enfant à venir de femmes ou familles pauvres.

 

4         En conclusion

 

4.1        Pourquoi le mouvement évangélique a tant de succès ?

 

Souvent les mouvements évangéliques ciblent ceux qui vont mal, sont isolés, dépressifs, fragiles, pauvres …

En bombardement d’amour et de gentillesse leurs cibles et en les intégrants dans leurs cercles, ces derniers ont l’impression d’être protégés, d’avoir trouvé leur vraie famille. Ils sont rassurés, se sentent plus forts.

 

Les discours évangéliques sont édifiants, rassembleurs, rassurants, rendant l’espoir. Car qui sont ceux qui vont s’opposer aux valeurs d’amour, d’entraide, de fraternité, d’honnêteté ?

De plus, une bonne musique et des chants ensemble renforcent la cohésion du groupe.

 

Ces groupes, comme beaucoup de mouvements sectaires, présentent d’abord leur façade sympathique, attirante.

 

Mais souvent, ils cachent leurs idées conservatrices, rétrogrades, leur irrationnalité … dans un premier temps.

 

En plus l’argent étant le nerf de la guerre, ces mouvements n’ont aucun état d’âme à brasser des sommes colossales, pour permettre le succès de leurs missions prosélytes dans le monde.

 

4.2        Pourquoi ces mouvements évangéliques sont dangereux ?

 

Ces mouvements ont d’autant plus de succès que leurs cibles sont fragiles, naïves, n’ayant pas d’esprit critique, incultes au niveau culture générale et scientifique _ ce bagage culturel aidant justement à développer leur esprit critique.

 

« Si tu veux contrôler un ignorant, enveloppe chaque calomnie d’un manteau religieux et elle apparaitra comme une vérité », écrivait Averroès, théologien, juriste et médecin musulman andalou de langue arabe (1198-1126).

 

Mohammed Arkoun, écrivain islamologue (1928-2010), affirmait à peu près la même chose : « Il suffit de donner à n'importe quelle idée une apparence religieuse pour convaincre les arabes de te suivre ».

 

Ces mouvements évangéliques sont souvent dangereux _ tout comme les autres mouvements sectaires (islamistes …) _, car ils isolent leurs fidèles du vrai monde, de la réalité, sont irrationnels, antiscientifiques et contribuent à l’abolition de l’esprit critique de leurs fidèles, rendant ces derniers manipulables par des prédicateurs ou des politiciens populismes ou démagogiques, corrompus, cyniques et sans scrupule.  

 

5         Bibliographie

 

[1] Les évangéliques à la conquête du monde: enquête, Patrice de Plunkett, Perrin , 26 février 2009.

 

Présentation de ce livre :

 

Chaque dimanche, les églises évangéliques sont prises d'assaut par des milliers de fidèles. Du jamais vu depuis des années chez les chrétiens ! Alors que l'on fête en 2009 le cinquième centenaire de la naissance du Picard Jean Calvin, retour sur une révolution silencieuse.

 

Ils sont plusieurs centaines de millions dans le monde, mais aussi des centaines de milliers en France. Et leur nombre augmente tous les jours. Cinq siècles après Jean Calvin, les évangéliques mettent le feu à la planète avec un protestantisme que le théologien picard aurait du mal à reconnaître : spectaculaire, ultramystique, émotionnel, rompu aux armes de la communication et du marketing le plus avant-gardiste.

L'enquête menée ici s'attache à comprendre ce courant spirituel déjà très ancien : les évangéliques puisent leurs racines en Europe, notamment dans la France de Louis XIV au temps des Camisards, puis, fuyant le Vieux Continent, s'acclimatent en Terre promise... américaine. Depuis quelques années, ils ont trouvé un nouvel auditoire européen que, peut-être, le christianisme classique ne parvient pas à satisfaire...

Qui sont-ils ? De l'Amérique des megachurches à l'Afrique des cent mille sectes, de droite ou de gauche, des groupes les plus modérés aux plus apocalyptiques, la planète évangélique est multiple et paradoxale. A mal les connaître, on leur suppose tant de filiations... Sont-ils la branche religieuse de la CIA ? Un produit de la globalisation ? Un vaudou chrétien ? Ou, comme les évangéliques aiment à le croire, le renouveau avéré du christianisme version XXIe siècle ?

 

Journaliste, essayiste, conférencier, blogueur, Patrice de Plunkett a notamment publié L'Opus Dei – enquête sur le " monstre " (2006), et L'Ecologie, de la Bible à nos jours (2008).

 

[2] Les évangéliques à la conquête du monde, Réalisation Thomas Johnson, USA & France, 2023, https://www.arte.tv/fr/videos/RC-023779/les-evangeliques-a-la-conquete-du-monde/

 

Enquête sur les rouages d'une redoutable machine politico-religieuse décidée à étendre son empire sur les consciences.

 

a) Les évangéliques à la conquête du monde (1/3) La grande croisade, 53 mn, https://www.arte.tv/fr/videos/093034-000-A/les-evangeliques-a-la-conquete-du-monde-1-3/

 

Présentation :

 

De la guerre froide à nos jours, l'expansion de l'évangélisme a favorisé l’émergence d’un fondamentalisme chrétien. En trois volets, cette enquête fouillée dévoile les rouages d'une redoutable machine politico-religieuse décidée à étendre son empire sur les consciences.

 

Présent sur tous les continents, le mouvement évangélique, en rapide et constante expansion, compte aujourd'hui quelque 660 millions de fidèles. S'il réunit différentes Églises, ce protestantisme conservateur reste dominé par un courant fondamentaliste devenu au fil des décennies une redoutable machine politique. Il a contribué à porter au pouvoir, entre autres, Donald Trump et Jair Bolsonaro. Tous deux ont été défaits dans les urnes, mais leur présidence respective a renforcé les liaisons dangereuses entre pouvoir, finances et religion, au service d'un "nationalisme chrétien" de plus en plus offensif. Remontant au XVIe siècle, aux racines d'un phénomène à la fois omniprésent et méconnu, ce premier volet en retrace la genèse et la mutation décisive qui intervient en 1942, avec la fondation de la National Association of Evangelicals américaine, qui entend reconquérir la société. Avec la guerre froide, le prédicateur Billy Graham va donner à cet objectif un formidable élan. Sillonnant le globe au fil de "croisades" anticommunistes d’évangélisation, il galvanise des meetings géants au service des présidents conservateurs, d'Eisenhower à Nixon. Opposé à la ségrégation, il se tient pourtant à l'écart du mouvement pour les droits civiques emmené par Martin Luther King. Après le Watergate, il se retire de la politique intérieure pour se consacrer au reste du monde, visitant au total 185 pays. Dans son sillage, la dynamique d'expansion se poursuit et les "méga-églises" se multiplient en Corée du Sud, au Brésil ou au Nigeria, où de nouveaux leaders religieux vont récolter ce qu'il a semé.

 

b) Les évangéliques à la conquête du monde (2/3) Les évangéliques au pouvoir, 52 min, https://www.arte.tv/fr/videos/093035-000-A/les-evangeliques-a-la-conquete-du-monde-2-3/

 

Présentation :

 

Dans les années 1970, la droite chrétienne intransigeante prospère. Elle va favoriser l'élection de Ronald Reagan, en 1980.

 

Enquête sur les rouages d'une redoutable machine politico-religieuse. Deuxième volet : dans les années 1970, sous l'égide de figures américaines plus radicales, comme le télévangéliste Jerry Falwell ou le théologien Francis Schaeffer, l'influence d'une droite chrétienne intransigeante, arc-boutée sur la défense des valeurs familiales rigoristes, favorise en 1980 l'élection de Ronald Reagan.

 

La lutte contre l'avortement devient le fer de lance du combat évangélique contre la sécularisation de la société. Quarante ans après, les élections de Trump et Bolsonaro, en 2016 et 2018, illustrent la puissance du mouvement, notamment au Brésil, qui fut longtemps la plus grande nation catholique au monde. En 2022, le Front parlementaire évangélique y a conquis 35 % des sièges au Congrès.

 

c) Les évangéliques à la conquête du monde (3/3) Dieu au-dessus de tout ? 53 min, https://www.arte.tv/fr/videos/093036-000-A/les-evangeliques-a-la-conquete-du-monde-3-3/

 

Présentation :

 

Les évangéliques partisans de Trump exportent leur combat en Europe et en Israël, convaincus que le Christ va revenir en Terre.

De la guerre froide à nos jours, l'expansion de l'évangélisme a favorisé l’émergence d’un fondamentalisme chrétien dans nombre de pays. Troisième volet : le 6 janvier 2021, certains des insurgés qui prennent d'assaut le Capitole prient et brandissent des pancartes se revendiquant de Jésus.

 

Les évangéliques partisans de Trump exportent leur combat en Europe et en Israël, convaincus par leur compréhension millénariste de la Bible que le Christ est sur le point de revenir en Terre sainte. Ils y prennent fait et cause pour les colons et l'extrême droite qui revendiquent au nom de Dieu les Territoires palestiniens. C'est sous l'influence de son conseil évangélique, installé pour la première fois au cœur de l'exécutif, que Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale de l'État juif.

 

 

Réveil des nationalismes chrétiens

 

Devant la multiplication des signaux d'alarme, l’Alliance évangélique mondiale a fini par condamner, en 2021, la montée de ce "nationalisme chrétien" de combat, et sa collusion avec les partis d’extrême droite. Mais en juin 2022, l'annulation par la Cour suprême des États-Unis de l'arrêt Roe vs Wade, garantissant le droit à l'avortement, a offert au fondamentalisme évangélique une nouvelle victoire. Tournée sur plusieurs années et dans plusieurs pays (États-Unis, Brésil, Corée du Sud, République démocratique du Congo et France, dans la "méga-église" Martin-Luther-King de Créteil), la passionnante enquête de Thomas Johnson réunit analyses de spécialistes et témoignages d'une multiplicité de fidèles et de leaders du mouvement. Beaucoup d'entre eux, comme la pasteure Paula White, qui dirigeait à la Maison-Blanche le conseil évangélique chargé de prier pour Donald Trump et le protéger des "forces du mal", ou Michele Bachmann, ex-députée américaine, égérie du Tea Party, aujourd'hui à la tête de l'une des richissimes universités évangéliques qui fleurissent aux États-Unis, assènent en souriant de stupéfiantes contre-vérités. D'autres chrétiens, comme le "repenti" Robert Schenck, Jerushah Duford, la petite-fille de Billy Graham, ou le prix Nobel de la paix Denis Mukwege, ont rejoint les rangs de ceux qui luttent contre la propagation de la haine, qu'elle vise des femmes désirant avorter ou qu'elle relaie le battage des suprémacistes blancs. Fourmillant d'archives inédites et d'incursions dans les célébrations géantes de l'évangélisme, la série révèle les rouages financiers, politiques et médiatiques d'une idéologie religieuse décidée à étendre son empire sur les consciences.

 

[3] Le scandale Cambridge Analytica pour ceux qui n’auraient rien suivi à l’affaire, Mylène BERTAUX, 2 mai 2018, https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/le-scandale-cambridge-analytica-pour-ceux-qui-nauraient-rien-suivi-a-laffaire/

 

[4] a) Petit guide de décryptage des manipulations de masse à l’usage des honnêtes gens, B. Lisan, 16 juin 2021, 18,99 €, 72 pages (format A4), https://www.amazon.fr/dp/B0971TCC4G

b) version PDF (gratuite) : http://www.doc-developpement-durable.org/livres/Petit_guide_de_dcryDownloadable_Proof2.PDF

 

[5] Évangéliques aux États-Unis : pour qui voteront-ils à la présidentielle 2020  ? https://www.la-croix.com/Religion/Protestantisme/election-presidentielle-americaine-2020-politique-evangeliqueEvangeliques-Etats-Unis-voteront-ils-presidentielle-2020-2020-01-31-1201075551

 

[6] La Presse au Brésil : durs lendemains pour le « Trump des tropiques », Laura-Julie Perreault, 27/10/2019, https://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/2019-10-27/la-presse-au-bresil-durs-lendemains-pour-le-trump-des-tropiques

 

[7] https://en.wikipedia.org/wiki/Paula_White

 

[8] Comment Trump a fait appel à Dieu pour être réélu (et pourquoi ça n’a pas marché), Livia Lumia, 21/12/2020, https://www.solidaire.org/articles/comment-trump-fait-appel-dieu-pour-etre-reelu-et-pourquoi-ca-n-pas-marche



[1] L'un des développements de l'élection présidentielle de 2016 est le soutien que Donald Trump a obtenu des électeurs évangéliques blancs, bien que sa personnalité et son message sont en opposition totale avec les valeurs chrétiennes. En 2016, 81 % d’entre eux ont voté pour Donald Trump. Cf. Donald Trump et le vote évangélique, Mokhtar Ben Barka, 2017, https://journals.openedition.org/rrca/940?lang=en