Analyse de la situation internationale au 30 janvier 2022 _ en Ukraine etc. …

 

Par Benjamin LISAN, le 30 janvier 2022

 

Bonjour, voici le texte originel en français du courrier que j'avais envoyé à mon ami américain du Colorado :

 

Cher Michael,

 

Au niveau international, je suis pessimiste (on dit qu'un pessimiste est un optimiste qui a de l'expérience) :

 

1         Recul de la démocratie, partout dans le monde

 

1) on voit le recul des démocraties partout (aux USA, en Europe de l'Est, en Chine, en Russe, en Afrique ...).

 

 

2         Montée du complotisme, partout dans le monde

 

2) il y a une forte montée du complotisme partout dans le monde (liée à un recul de la science, à la montée des pensées antidémocratiques surtout venant de l'extrême-droite)

 

(Par exemple, il y a un sondage en France montrant que l'antisémitisme est encore fort présent en France, correspondant aux 30% des électeurs pouvant potentiellement voter à l'extrême-droite. C'est terrible pour moi).

 

3         Menaces d’invasion de l’Ukraine par Poutine ?

 

3) Il y a des bruits de bottes en Ukraine avec Poutine (et c'est très inquiétant) et avec Xi Jinping et Taiwan.

 

Je pense que Poutine, tel un dangereux apprenti sorcier, pourrait déclencher une guerre (ce qui serait quelque chose de terrible et de catastrophique pour le monde entier, une apocalypse).

S'il lance cette guerre, ce n'est pas pour détourner l'attention de ce qui se passe à cause du réchauffement climatique (votre hypothèse),

 

Je ne pense pas que le "réchauffement climatique" soit son sujet prioritaire. Ce qui lui importe est la puissance de la Russie et l'extension de sa sphère d'influence (de son empire).

 

Mais je pense que c'est surtout par mégalomanie, par hyper-nationalisme, par un désir du retour à l'impérialisme et au suprémacisme russe le plus pur et dur et pour se maintenir au pouvoir.

C'est à cause d'une pensée obsessionnelle de revanche de la Russie (URSS) sur l'Occident (suite à la chute humiliante de l'URSS face aux USA, l'Occident, en 90-91).

 

Personne ne comprends pas qu'il chérit, depuis longtemps, le projet de rétablir l'URSS et sa puissance, par tous les moyens, même illégaux (se souvenir, par exemple, que Poutine avait déclaré que la « désintégration de l'URSS [était] la plus grande catastrophe géopolitique du XX e siècle »).

 

En plus, c'est un militaire qui chérit son armée (rouge) dont il veut rétablir la puissance depuis 2002 et il lui consacre un budget colossal, comme à l'époque de l'URSS.

 

Cela fait aussi des années qu'il cherche à affaiblir l'Occident (y compris en Afrique et partout dans le monde), en y semant le chaos, par la diffusion, à haute dose, de fake news destinés, à dénigrer, susciter partout la haine de l'Occident ou la défiance envers elle, par les ingérences dans les élections russes, par le financement des partis d'extrême-droite partout dans le monde, afin d'avoir un rapport de force favorable afin de recréer l'URSS.

 

Pour moi, il y a des signes qu'il veut la guerre :

 

1) Début janvier, la Russie a déplacé des stocks importants de poches de sangs à proximité de l'Ukraine [7],

 

2) Les autorités russes a édité des règles pour l'aménagement de charniers (fin décembre [1]),

 

3) L'hystérisation du débat concernant l'Ukraine et l'OTAN, sur les médias russes, tous contrôlés par le Kremlin,

   Avec une désinformation totale sur l'aide à l'URSS, en 1992, [6] et le rôle actuel de l'OTAN.

 

Déjà, Poutine, dès le 09/12/2021, faisait dans la surenchère mortifère, parlant, par exemple, « Un premier pas vers un génocide » en Ukraine [11].

Sinon, voici quelques échantillons de ce qu’a entendu le téléspectateur russe le soir du 16 janvier dernier : Lors de l’émission de Vladimir Soloviev, on voit d’abord déferler un torrent de haine contre l’Ukraine, vite transformé en appel au meurtre : « L’Ukraine sera liquidée. » Variante : « L’Ukraine sera liquidée par les Américains. » Puis vient le tour des autres « russophobes » : en première ligne la Grande-Bretagne. Dmitri Evstafiev, professeur à l’École supérieure d’économie de Moscou, fulmine : « Nous devons contraindre les États-Unis à forcer le Royaume-Uni à dénucléariser ! Car il est nul !!! La Grande-Bretagne est un singe avec une grenade !!! » Et bien sûr les États baltes : « On ne peut même pas les [pays baltes] appeler des pays. » L’Europe s’attire les pires imprécations, le tout dans le langage ordurier de la pègre qui caractérise désormais les diplomates et les « experts » russes : « Si nous le voulons, nous niquerons par-derrière l’Union européenne. » [10].

 

4) Les cyberattaques contre l'Ukraine, dont celle du 14/01/2022 [3],

 

5) l'interdiction de l'ONG Mémorial, mondialement connue, dernière ONG russe où soufflait la démocratie et la liberté (et le signe que Poutine envoie est très fort).

 

Ainsi, il sera impossible de contester l'histoire officielle révisée de Poutine (sur les goulags, les massacres du communisme, la "grande guerre patriotiques").

 

Or cette ONG apportait la vérité historique sur ces trois derniers sujets et entretenait la mémoire sur ces faits dramatiques [4].

 

Le régime de Poutine va maintenant jusqu'à nier les "charniers des goulags de Staline" [5].

 

Même les manifestations, dans les rues des grandes villes russes, de manifestants solitaires portant une pancarte de protestation, y sont interdites.

 

6) Rajoutons que depuis longtemps, Poutine ne respecte aucun accord international _ accords de Minsk I et II [8], "Budapest Memorandum on Security Assurances" (mémorandum de Budapest) de 1994 [9] [9bis] _ comme si c'était des chiffons de papier.

 

7) Poutine, depuis longtemps, propage le mythe de la trahison de l'OTAN qui n'aurait pas tenu ses engagement de ne pas élargir l'OTAN à l'Est [12].

 

 

Il faudrait que l'OTAN, l'UE, Pays de l'Est (de l'Europe de l'Est), exigent :

 

1) le retrait des forces militaires coalisées de la CEI, à proximité des frontières de l'Ukraine et des Pays de l'Est, 

 

2) leur recul de nos frontières, d'au moins 1000 km (en direction de l'Est),

 

3) le non-survol (le non-viol) de leur espace aérien, même par erreur,

 

3) la suppression ou la fin des cyberattaques et des trolls, contre ces pays, leurs administrations, leurs entreprises, leurs réseaux sociaux.

 

4) la fin de ses ingérences dans les processus électoraux et du financement de certains partis politiques (en général, extrémistes), dans les pays occidentaux.

 

Il faudrait que ces pays lancent une action symbolique en justice contre la Russie, pour non-respect des accords internationaux, après du tribunal pénal international de la CPI.

 

Soit l'Europe fait les naïf, comme à Munich en 1938, en croyant acheter la paix ou en ne faisant rien et en laissant la Russie envahir l'Ukraine ... _ se rappeler alors de la crise des sudètes, créée par l'Allemagne Nazie ... _ OU bien il faut agir autrement (déjà montrer sa puissance, avec prudence, mais sans créer de la panique en face) ...

 

Donc pour conclure, je m'inquiète, à égalité, au sujet de :

 

a) la perte de démocratie aux États-Unis (la conséquence est le "monde libre" n'aura plus le bouclier américain dans le monde pour le protéger, face aux régimes totalitaires, puissants militairement _ Russie, Chine).

 

b) la guerre avec la Russie à propos de l'Ukraine (Poutine pourrait déclencher une 3° guerre mondiale, surtout, s'il y a des accords secrets entre la Chine et la Russe, pour une attaque éclair coordonnée à Taiwan et en Ukraine (là les USA et le monde libre seraient dépassés et sidérés)).

 

c) dans le monde, le réchauffement climatique (un gros danger pour l'humanité à moyen terme _ 10 ou 30 ans ?) (s'il y a un guerre, ce sujet urgent sera passé à la trappe).

 

Concernant la possible réélection de Trump en 2024, elle ne m’enthousiasme pas du tout (cela serait le règne du grand mensonge, du complotisme, du népotisme (de la corruption de ses proches et de lui), de l’affaiblissement dramatique de la démocratie remplacé par le populisme permanent aux USA, avec le recours permanent aux émotions au lieu de la raison (avec une augmentation mortelle de la fracture politique qui divise actuellement les Américains).

 

Amitiés,

 

Benjamin

 

4         Bibliographie

 

[1] "Les autorités doivent se tenir prêtes à enterrer des milliers de personnes dans des fosses communes" :

Grave in law: state adopts national standard for mass-casualty burial, 19/12/2021,

https://en.newizv.ru/article/general/13-12-2021/grave-in-law-state-adopts-national-standard-for-mass-graves

[2] Stéréotypes, insultes, agressions : "radiographie" d'un antisémitisme toujours stagnant en France, Victor Vasseur, 26 janvier 2022, https://www.franceinter.fr/societe/stereotypes-insultes-agressions-radiographie-d-un-antisemitisme-toujours-stagnant-en-france

a) 30% des personnes interrogés sont d’accord avec l’idée selon laquelle "les Juifs seraient plus riches que la moyenne des Français".

b) "les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance" trouve de l’écho chez 26% des répondants.

c) 24% des sondés trouvent que "les Juifs ont trop de pouvoir dans les médias".

Des préjugés présents dans l'électorat LFI (extrême-gauche) et RN (extrême-droite).

[3] Ukraine : une cyberattaque massive vise des sites gouvernementaux, 14/01/2022, https://www.francetvinfo.fr/internet/securite-sur-internet/cyberattaques/ukraine-une-cyberattaque-massive-vise-des-sites-gouvernementaux_4916433.html

Les sites de ministères, dont celui des Affaires étrangères et celui des Situations d'urgence, étaient inaccessibles vendredi matin.

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Memorial & https://en.wikipedia.org/wiki/Memorial_(society)

[5] Russie : Un tribunal a ajouté 2 ans à 1 peine de 13 ans de prison pour l'historien Yuri Dmitriev, dans 1 affaire d'abus sexuels qui, selon ses partisans, a été inventée de toutes pièces pour le punir d'avoir découvert des charniers des goulags de Staline :

a) Russian court extends jail term for Gulag historian to 15 years, December 27, 2021, https://www.reuters.com/world/europe/russian-court-extends-jail-term-gulag-historian-15-years-2021-12-27/

b) https://twitter.com/RebeccaRambar/status/1475582259298115589

[6] Il y a trente ans, au début de 1992, l'OTAN, dans le cadre de l'opération Provide Hope, avait apporté, vie un total de 282 vols de transport, 7 012 tonnes de nourriture et de médicaments à la Russie et la CEI.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Provide_Hope & https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Provide_Hope

[7] Exclusive: Russia moves blood supplies near Ukraine, adding to U.S. concern, Phil Stewart, January 28, 2022, https://www.reuters.com/world/europe/exclusive-russia-moves-blood-supplies-near-ukraine-adding-us-concern-officials-2022-01-28/

[8] a) accord de Minsk, https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_de_Minsk

b) Protocole de Minsk, https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Minsk & https://en.wikipedia.org/wiki/Minsk_Protocol

c) Minsk II, https://fr.wikipedia.org/wiki/Minsk_II & https://en.wikipedia.org/wiki/Minsk_II

[9] Mémorandum de Budapest de 1994, https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morandum_de_Budapest

[9bis] Budapest Memorandum on Security Assurances, https://en.wikipedia.org/wiki/Budapest_Memorandum_on_Security_Assurances

[10] Poutine : le flirt avec l’apocalypse, Françoise Thom, 28 janvier 2022, https://desk-russie.eu/2022/01/28/poutine-le-flirt-avec-lapocalypse.html

Après la fin de non-recevoir présentée par les Occidentaux à l’ultimatum russe du 17 décembre, ceux-ci prennent lentement conscience que le risque de guerre avec la Russie est peut-être réel, qu’il s’agit de plus que de l’Ukraine, et que Poutine, cet « extrémiste latent », pour reprendre la formule du politologue Gleb Pavlovski, ne se contente peut-être pas de bluffer. Tous les yeux sont tournés vers Moscou, guettant fiévreusement les indices qui pourraient fournir la clé du comportement russe.

[11] Ukraine : « Un premier pas vers un génocide », selon Vladimir Poutine, 09/12/2021, https://www.lepoint.fr/monde/ukraine-un-premier-pas-vers-un-genocide-selon-vladimir-poutine-09-12-2021-2456072_24.php

Jeudi, l’homme fort du Kremlin a évoqué la « russophobie » des populations russophones du Donbass, au cœur de tensions entre Moscou et les Occidentaux.

[12] Crise en Ukraine : l'Otan a-t-elle "trahi" la Russie en s'élargissant à l'Est ? Grégoire SAUVAGE, 29/01/2022, https://www.france24.com/fr/europe/20220129-crise-en-ukraine-l-otan-a-t-elle-trahi-la-russie-en-s-%C3%A9largissant-%C3%A0-l-est

En 1990, les Américains auraient promis aux Russes de ne pas élargir l’Alliance atlantique à l’Est. Trente plus tard, le Kremlin continue d'entretenir ce mythe de la promesse violée des Occidentaux pour justifier ses menaces sur l’Ukraine. Explications.

L’origine du mythe de la trahison : Pour comprendre le fondement du ressentiment russe, il faut remonter au 9 février 1990 et à un entretien entre le secrétaire d’État américain, James Baker, et le dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. La discussion porte sur le statut de l’Allemagne réunifiée. Il est alors convenu que l’Otan ne s’étendra pas au territoire de la RDA, une promesse répétée dans un discours du secrétaire général de l’Otan le 17 mai à Bruxelles.

Finalement, un accord sera trouvé en septembre avec la Russie pour permettre aux troupes de l’Otan de stationner au-delà du "Rideau de fer".

"L’URSS existait toujours et les pays d’Europe de l’Est faisaient encore partie des structures soviétiques, notamment du pacte de Varsovie qui ne sera officiellement dissous qu’en juillet 1991", précise Amélie Zima, docteure en science politique rattachée au Centre Thucydide (Panthéon-Assas). "On ne peut pas parler de trahison, car se prépare un enchaînement d’événements difficilement prévisibles qui fera entrer l’Europe dans une nouvelle configuration de sécurité."

En somme, au moment où les Occidentaux offrent les "garanties" dont parle Vladimir Poutine, personne ne peut alors prédire l’effondrement de l’URSS et les bouleversements historiques à venir.

 

 

Table des matières

1       Recul de la démocratie, partout dans le monde. 1

2       Montée du complotisme, partout dans le monde. 1

3       Menaces d’invasion de l’Ukraine par Poutine ?. 1

4       Bibliographie. 3