Quelques intuitions sommaires et succinctes sur la nature pathologique du fanatisme

 

Benjamin LISAN, le 13/03/2021

 

Avertissement : mes intuitions n’ont aucun caractère scientifique.

 

Je crois que le fanatisme _ dans son excès de certitude et dans sa violence totalitaire _ serait lié à plusieurs facteurs :

 

Le besoin d’un excès de certitude serait lié à un besoin de surcompenser un terrible manque de confiance en soi.

 

Je crois que le fait d’abstraire de tous les doutes possibles (souvent peu rassurants, nous assaillant normalement), en les remplaçant par des certitudes absolues, peuvent permettre au fanatique de renforcer sa confiance en soi.

 

Dans son ouvrage « La pensée extrême », au chapitre « L’adhésion par la frustration » (pages 243 à 270), le sociologue Gérald Bronner souligne le rôle important du sentiment frustration dans la genèse du « sentiment fanatique », dans son désir d’absolu, d’incommensurable (qui efface tout doute en lui).

 

Je rajouterais qu’il peut y avoir aussi une dimension de quête de pouvoir absolu, tyrannique sur des gens, par leur contrôle permanent, une façon de surcompenser les humiliations qu’on a vécu, dans le passé, une façon, souvent frénétique, de prendre sa revanche (sur l’humiliation passée) en dominant les autres.

 

Les fanatiques sont souvent moralisateurs (casse-bonbons …).

 

Être constamment dans la posture moralisatrice _ surtout intolérante et violente (de type inquisitrice, à la Savonarole …), cela permet au fanatique de se donner de l’importance (de se mettre sur un piédestal) face aux autres (cela permet de se mentir à soi-même, en se convaincant (de se persuadant) que l’on n’est plus moral que les autres _ que l’on est supérieur moralement aux autres).

C’est très gratifiant narcissiquement. Mais aussi une façon de s’aveugler sur soi.

 

Pouvoir contrôler, asservir les autres, en les manipulant par la terreur et la séduction, cela apporte au dictateur (ou apprenti-dictateur) un pouvoir extraordinaire (mais fragile) et un très grand plaisir narcissique (addictif).

 

De Jean-Pierre G. :

 

J'en suis arrivé à une lecture en tout point identique sur la faible confiance en soi et le narcissisme, cela bien sûr sans plus de prétention scientifique que vous.

 

Pour les plus tyranniques des fondamentalistes, il m'a semblé percevoir une dimension supplémentaire qui a pour point de départ une incapacité fondamentale à susciter l'affection des autres. 

 

Je m'explique. Alors qu'être aimé des autres est vital pour tout être humain, certains n'y arrivent pas, en tout cas pas de manière spontanée et naturelle.

 

Ils doivent alors remplacer l'affection manquante par autre chose, le plus souvent l'admiration, qui s'en rapproche un peu. C'est l'exemple de l'homme sans charme qui affiche sans cesse sa réussite sociale à coup de Rolex et de grosses cylindrées. À défaut d'être aimé, on peut donc au moins être admiré.

 

Mais pour être admiré, il faut accomplir quelque chose d'admirable, donc au moins avoir un certain talent. Pour ceux qui en sont dépourvus, ceux qui ne peuvent susciter ni l'affection ni l'admiration, il ne reste plus qu'une solution pour exister quand même aux yeux des autres : susciter la crainte.

 

Pour résumer : "Si je ne peux pas être aimé, je peux au moins être admiré, et si je ne peux pas être admiré, au moins je serai craint".

 

Bien sûr le besoin de susciter l'affection, l'admiration ou la crainte se superposent et s'entremêlent chez ces individus : les femmes battues peuvent hélas en témoigner tous les jours 😕