Petites réflexions sur le fanatisme

 

Par Benjamin Lisan, 14/12/2023

 

« Ce sont les doutes et les questionnements qui font avancer, pas les certitudes religieuses qui diabolisent les remises en cause », Achour Boufetta.

 

1        Présentation

 

Le fanatique est un obsessionnel, qui a une sorte de "petit vélo dans la tête". Même quand il est intelligent, il est comme un robot programmé dans un seul but, avec un seul degré de liberté uniquement focalisé sur ce but.

 

Il devient violent si l'on essaie de le détourner de son but.

Il est souvent paranoïaque.

 

Le fanatique comme le paranoïaque est un obsessionnel, persuadé de détenir l'unique vérité. Il est incapable de raisonner dans la nuance (il est binaire, manichéen). Il est intolérant.

 

Certains sont en mission prosélyte, celle de convertir le plus grand nombre à sa conviction, par la séduction, la pression, la menace, l'intimidation ou la violence.

Leur attitude ne peut conduire qu'à la violence ou la guerre. Il est impossible de discuter avec eux.

 

2        Psychologie du fanatique

 

2.1     Identité fragile, sentiment d’infériorité, personnalité paranoïaque

 

Je reste persuadé que le fanatique a une identité fragile, qu'il cherche, par l'adoption de certitudes fanatiques, psychorigides, idéologiques et/ou religieuses, à remplacer un manque d'affirmation de soi originel en une sur-affirmation "extrémiste", qui lui apporte confiance en soi.

 

Il y a peut-être aussi chez lui, qui s'est senti rabaissé, dévalorisé, un besoin de revanche sociale, de se persuader qu'il est maintenant au-dessus du lot (au-dessus de ses contemporains) (?).

 

Selon le site "la toupie" :

 

D'un point de vue psychologique, le fanatisme serait un moyen, pour les personnes instables, en sentiment d'infériorité ou ayant une personnalité paranoïaque de répondre à leur besoin de sécurité et de se protéger du monde extérieur qu'ils haïssent.

 

2.2     Bourrage de crâne

 

Autre piste : le bourrage de crâne, le lavage de cerveau ou le conditionnement.

 

Dans les pays musulmans, dans les écoles coraniques, les mosquées, on bourre le crâne des fidèles avec le Coran, les texte sacré, dès la naissance. On fait répéter, sans fin, et apprendre par cœur, aux enfants, les versets coraniques.

C’est pareillement en Corée du Nord, dès la naissance,  on bourre le crâne des Coréens avec les textes du marxisme et des dictateurs de la famille du pays (la famille Kim).

L’Umma musulmane, la Corée du Nord … fonctionnement comme des sectes.

Toutes les sectes font croire à leurs adeptes à un certain nombre de mythes, présentées comme l’unique vérité, qu’il est interdit de contester (sous peine de punition : prison, torture, peine de mort, menaces de l’enfer).

 

On attribue à Hitler cette citation, "Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois il devient une vérité.".

 

Comment se fait-il qu’une affirmation répétée mille fois, dans le cerveau du conditionné, devient une vérité aveuglante pour lui, à la longue.

 

On l’explique par ce biais cognitif, appelé « effet de la vérité illusoire ».

 

L'effet de vérité illusoire (aussi connu comme l'effet de validité, l'effet de vérité ou l'effet de réitération) est la tendance à croire qu'une information est correcte après une exposition [suffisamment] répétée. Lorsque la vérité est évaluée, les gens cherchent à savoir si l'information est en accord avec leur compréhension ou si elle leur est familière. La première condition est logique car les gens comparent les nouvelles informations avec ce qu'ils savent déjà être vrai. La répétition rend les déclarations plus faciles à traiter par rapport à de nouvelles déclarations non répétées, ce qui conduit les gens à croire que la conclusion répétée est plus véridique.

 

Dans une étude de 2015, les chercheurs ont découvert que la familiarité peut dominer la rationalité et qu'entendre de façon répétée qu'un certain fait est faux peut affecter les croyances de l'auditeur. Les chercheurs ont attribué l'impact de l'effet de vérité illusoire aux participants qui connaissaient la bonne réponse au départ, mais qui étaient persuadés de croire le contraire à la suite de la répétition d'un mensonge.

 

L'effet de vérité illusoire joue un rôle important dans des domaines tels que les campagnes électorales, la publicité, les médias d'information et la propagande politique[1].

 

3        Comment pourrait-on s'en prémunir ?

 

Les fanatiques sont toujours dangereux (encore aujourd'hui, le gouvernement danois a déjoué un attentat d'ampleur en relation avec la guerre à Gaza).

 

On ne peut pas les laisser faire, laisser diffuser leur propagande et se multiplier.

 

Il y a différents types de fanatismes :

 

Fondamentalisme religieux, de nationalisme, de chauvinisme, tantôt comme pseudo-religion utopiste sectaire.

 

3.1     S’adresser à leur raison ?

 

On pourrait bien sûr démonter rationnellement leurs arguments délirants. Mais ils sont sourds à tout arguments rationnels. Cela ne marche pas.

 

3.2     Sortir le fanatique de son milieu sectaire ?

 

La laïcité pourrait diminuer l'emprise des dévots fanatiques sur la société.

La solution politique et juridique préventive au fanatisme serait, dès lors, à la fois, la séparation stricte des domaines spirituel et temporel de l'Église et de l'État, et l'intégration des diverses religions à la vie éthique.

 

Il faudrait _ vœux pieux _ arracher les enfants à l'emprise sectaire de leurs parents et communauté fanatique, qui fonctionne comme une secte, par l'école républicaine, celle des savoirs exacts et qui enseigne l'esprit critique, et aussi par des sorties, des ateliers (de réflexion, scientifiques ...).

 

Ils faut favoriser les rencontres avec tous acteurs de la société (par exemple, les rencontres entre juifs et musulmans etc.).

 

L'instruction, la connaissance permettent de lutter contre le fanatisme, l'ignorance, l'obscurantisme.

 

Pour sortir les gens du fanatisme, il faut les isoler de leur secte, de leur communauté, qui favorisent le repli sur soi et le rejet de l'extérieur et de la société dans laquelle ils vivent.

 

Plutôt, on peut amener les enfants à l’école des vrais savoirs (scientifiques …), plus on a de la chance de les extirper de l’endoctrinement religieux ou politiques, dans lesquels ils baignent ou ils sont exposés, en permanence, dans leurs famille, communauté ou secte.

 

3.3     Préventions des personnes radicalisées chez les migrants ?

 

Il faudrait faire le tri des migrants, via des questionnaires, rédigés dans leur langue, dans les centres d'accueil des migrants[2]. Et renvoyer tous ceux qui sont hostiles à nos valeurs humanistes : liberté, égalité des genres, démocratie, laïcité ...

 

Il faut empêcher la venue des prédicateurs connus pour leur sectarisme.

 

3.4     Pousser le fanatique à faire un travail psychologique sur lui-même ?

 

Malheureusement, il ne sert à rien de pousser un fanatique à faire un travail sur lui (ou à consulter un psychologue)  concernant sa fragilité sur son affirmation et sa confiance, en soi, car occultée, le plus souvent niée par lui, parce qu’il ne se sent pas malade. Au contraire, il se sent très sûr de lui et parce que le sentiment de toute puissance ou de supériorité, d’être au-dessus du lot, du fanatisme _ le plus souvent induit par la secte _ est une drogue dure.

 

Dans le cas de l’endoctrinement, depuis la naissance, nous n’avons pas affaire à un sentiment d’infériorité, surcompensé par un sentiment de supériorité

 

De Naïma :

 

La folie humaine. Ils sont devenus sourd et aveugle par orgueil : le camp du bien.

Quand on est convaincu de faire partie du camp du bien, on finit par ne plus penser.

Le fanatique est persuadé d’être dans le camp du bien.

 

 

3.5     Les techniques de « déradicalisation », de bourrage de crâne inversé, d’électrochoc, sont-elles éthiques ?

 

Le fanatique est, en général, enfermé dans une façon de voir, dans une sorte de routine, rassurante (renforcée par ses biais de confirmation), qui le pousse à une certaine paresse intellectuelle.

 

On sait que certains fanatiques sortent de leur fanatisme, contraints et forcés, suite des chocs violents (des « électrochocs »), liées à des faits énormes réfutant irréfutablement leurs certitudes, causant alors, en eux, un vrai cataclysme et une énorme douleur psychologiques.

 

Certaines thérapie de déradicalisation (qui ne fait pas appel à la raison du fanatique ou du radicalisé), utilisant ces mécanismes d’électrochocs, sont violentes. Mais cela ne marche qu’avec des personnes fragiles et suggestionnables.

Elle utilisent aussi le bourrage de crâne inverse (la répétition, sans fin, des injonctions inverses), jusqu’à l’épuisement de la résistance intellectuelle du fanatique. Mais est-ce éthique ? Alors ces qui conduisent des thérapies ne font-ils comme les sectes, dont l’on dénonce justement les méthodes de conditionnement ?

 

3.6     Les techniques de « désengagement »

 

On explique aussi la radicalisation par la théorie de l'engagement.

 

Par exemple, il est très dur pour une personne qui s’est investie à fond, avec enthousiasme, dans une cause (qui y a investi beaucoup d’énergie) de faire marche arrière ou/et d’admettre qu’elle s’est trompée. Alors si elle est confrontée à un fait dissonant avec ses convictions, elle a tendance à rationaliser et à justifier cette dissonance, en essayant de la rendre compatible avec ses convictions (afin de ne pas avoir à les remettre en cause, ce qui, dans le cas contraire, demanderait une énergie intellectuelle énorme). 

 

Pour tenter d'inciter le radicalisé à faire le chemin inverse  (et à lui faire abandonner sa conviction de la légitimité du recours à la violence), certaines "structures d'accompagnement" proposent des "stratégies de désengagement", des contre-discours (pour réfuter les discours salafistes, islamistes...), avec des psychologues, sociologues, religieux (modérés) etc.

Mais cela ne peut se faire qu'avec le consentement des intéressés (130 à 150 personnes sur un minimum de 5000 fichiers S en France). De plus, c’est un travail qui ne peut être réalisé sur le long terme et des efforts constants des personnes qui accompagnent les radicalisées dans leurs « désengagements » (on peut risquer de se décourager).

 

Et cela ne permet pas toujours de repérer ceux qui sont dans la duplicité comme cet Armand Rajabpour-Miyandoab (qui a fait preuve de duplicité sur sa volonté de guérison avec la prise de psychotropes...).

 

Donc pas de solution miracle.

 

Pour information, voici les principaux points du programme ou dispositif "PAIRS" de déradicalisation en France :

 

Plan d'Accompagnement Personnalisé (« PAIRS »), en quatre modules :

 

- Réinsertion sociale.

- Réinsertion professionnelle.

- Imprégnation et faits religieux.

-Psychologie.

 

-> OBJECTIFS :

- Être indifférent aux discours radicaux.

- Être capable de déconstruire les discours radicaux.

- Pouvoir produire un discours alternatif.

 

3.7     Empêcher les discours radicaux sur les réseaux sociaux ?

 

Peut-on filtrer les discours radicaux et la propagande de guerre sur Internet ?

Pas facile... surtout qu'un algorithme ne peut repérer un discours plein de duplicité.

Il n'y a pas, non plus, de bonnes volontés des GAFAM (les géants du web, comme Meta, Google …).

 

Il faudrait résoudre toutes les guerres où les courants sectaires sont impliqués (Syrie, Yémen, Soudan, Sahel, Somalie, Palestine., Libye, Afghanistan etc. ...).

C'est impossible. Déjà il faudrait résoudre les 14 siècles de guerres incessantes entre sunnites et chiites.

Sinon, partout, où l'ONU ou l'Occident ont voulu jouer au gendarme du monde, cela s'est retourné contre eux. On ne lutte pas militairement contre une idéologie totalitaire et complotiste.

 

3.8     Repérer les individus susceptibles de se radicaliser ?

 

 Souvent ce genre d’individu, souvent fragile, influençable ayant du mal à s’affirmer, ne se sent pas à sa place dans la société ou/et se sent rejeté.

Sur les réseaux sociaux ou dans son environnement,  il trouve des personnes, aux discours radicaux simples, faciles à comprendre, appelant à détruire la société, comme solution miracle à tous les problèmes de tout un chacun.

Souvent avant de passer à l’acte, ces individus envoient des « signaux d’alerte » _ publications radicales, extrémistes sur les réseaux sociaux, discours anormaux devant ses camarades ou ses professeurs.

Il faut que les enseignants soient formés à détecter ces signes et à les signaler au psychologue scolaire et aux autorités policières et judiciaires.

 

Pour éviter que ces individus dérivent, il faut faire en sorte qu’ils ne se sentent pas exclus, par ces cours de rattrapages scolaires (ou cours du soir) _ dans le cas où ils sont en échecs ou en décrochage scolaires _, en les intégrants dans des groupes accueillants, bienveillants, en les faisant participer à des activités collectives _ sportives, culturelles …

Nous savons que si nous pouvons inciter un individu à se cultiver et à lire, en général, c’est gagner. Et l’école des vrais savoir y contribue le plus souvent énormément. Tout dépend si l’individu y est intégré suffisamment tôt ou à temps.

 

Bien sûr, nous ne pouvons pas tout prévoir, avec des migrants clandestins radicalisés, des individus passant sous les radars des institutions (éductions, CCAS, CMP …), susceptibles de devenir des « loups solitaires ». Mais souvent, ils ne sont pas si solitaires que cela, le plus souvent, ils dialogues dans des groupes et des forums radicaux, ces derniers contribuant à les influencer et à les radicaliser.

 

Table des matières

1        Présentation. 1

2        Psychologie du fanatique. 1

2.1          Identité fragile, sentiment d’infériorité, personnalité paranoïaque. 1

2.2          Bourrage de crâne. 1

3        Comment pourrait-on s'en prémunir ?. 2

3.1          S’adresser à leur raison ?. 3

3.2          Sortir le fanatique de son milieu sectaire ?. 3

3.3          Préventions des personnes radicalisées chez les migrants ?. 3

3.4          Pousser le fanatique à faire un travail psychologique sur lui-même ?. 3

3.5          Les techniques de « déradicalisation », de bourrage de crâne inversé, d’électrochoc, sont-elles éthiques ?. 4

3.6          Les techniques de « désengagement ». 4

3.7          Empêcher les discours radicaux sur les réseaux sociaux ?. 5

3.8          Repérer les individus susceptibles de se radicaliser ?. 5

 

 



[1] Effet de vérité illusoire, https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_v%C3%A9rit%C3%A9_illusoire

[2] Une suggestion : Envisager de soumettre aux migrants, dans les centres de rétention, à un très long questionnaire, de type QCM (questionnaire à choix multiples), dans les langues des migrants, avec plus de 400 questions pour détecter ceux aux convictions radicales et sectaires (avec plusieurs QCM choisis au hasard par l'informatique, non copiables, sur des PC ne disposant d'aucun périphériques _ n'ayant pas de sortie USB etc. ...).