Hommage aux vilains petits canards, aux canards
sauvages, aux esprits libres et non-conformistes
Benjamin
LISAN, le 23/06/2018
Dans certaines
familles, un enfant est désigné comme le « vilain petit canard »,
parce qu’il naît différent de ses frères et sœur, parce qu’il souffre d’une différence
physique flagrante ou d’une maladie, d’un handicap, parce que son comportement,
ses préoccupations, ses passions sont différentes des ceux qui l’entourent, parce
qu’il ne rentre pas dans le moule, qu’il est hyperactif, qu’il ou elle est
aussi « la grosse », le « gros » ou l’enfant non désirée, le bébé
considéré comme porte-malheur _ à cause de croyances et/ou de non-dits
familiaux _, notamment ceux ayant perdu leur mère, leur père, leurs parents, ayant
été adoptés par obligation et non par amour, par la famille adoptante.
Ou encore parce
que cet enfant particulier possède un QI très supérieur à la moyenne, parce
qu’il est hypersensible, parce que pour un garçon, il a un comportement très
féminin ou plus féminin, que la moyenne des garçons qui l’environnent, parce
qu’il est homosexuel, transgenre (transsexuel) …
Sa différence remet
en cause son appartenance à son groupe. La différence physique flagrante d'un
enfant, quel que soit son degré, sera vécue par les parents comme un handicap
futur. Elle provoquera dans une famille des agressions verbales et même
physiques répétées qui aboutissent généralement au rejet de l’enfant.
L'enfant « vilain
petit canard » est envahi par un sentiment de honte, honte souvent entretenue
par ses parents ou sa famille.
Ces enfants qui
grandissent sans amour, dans le rejet, vivent une très grande souffrance,
d’autant, qu’ils sont conscients de cette situation. Ils savent qu'ils
sont mal-aimés, critiqués, et que les gens se moquent d'eux, les sous-estiment
et parfois même leur font du mal.
La victime
cherche toujours à fuir par peur, mais aussi pour être à l'abri des moqueries
et des jugements. Pour elle, tant qu'elle est différente physiquement, elle ne
sera pas reconnue ni aimée. Elle cherche à rentrer dans le rang, mais comme
elle n’y arrive pas, elle se fait malmener par le reste du groupe, puis
carrément chassé de la basse-cour (c'est-à-dire de la famille), comme dans le
conte du « vilain petit canard » d’Hans Christian Andersen, comme
cela peut arriver, par exemple, aux homosexuels et transsexuels, alors expulsés
du domicile familial, quand ils atteignent leur majorité …[1]
Certains parents
ont d'énormes difficultés à avoir l'esprit large et tolérant, à savoir faire la
part des choses, à accepter la différence de leur enfant, préférant conserver
leurs croyances, préjugés que de se remettre en cause ...
Le rejet de leur
enfant peut faire suite à l’influence de l'entourage, de la famille, des amis,
de la société et de leurs préjugés ... Ces parents se pliant alors aux normes
contraignantes de la société, mêmes si elles à les incitent à être sans cœur.
Dans ces
situations, il arrive aussi et au contraire, que les parents dépassent leur angoisse et finissent par ouvrir leur cœur à
leurs enfants, sans aucune exception.
Pour les autres,
une peur envahit les cœurs des parents, c'est
celle de ne pas plaire aux autres. Cela crée chez eux une angoisse
sociale. Car l'être humain accorde le plus souvent bien plus d’importance aux
critiques négatives qu’aux compliments. Le
regard des autres pèse sur l'enfant qui n'est pas admis d'abord au sein de la
famille, puis à l'école.
Certains parents
préfèrent dissimuler l’enfant, d’autres essayent même de s’en débarrasser, symboliquement
ou réellement.
Soit, la victime
cherche à fuir cette situation douloureuse, par les moyens qu’il a à sa
disposition _ le rêve, la lecture … Mais dans le cas où elle n’a aucun
mécanisme psychologique de protection, elle peut évoluer vers la perte de
réalité, la folie, la psychose, la schizophrénie, les addictions aux drogues, à
l’alcool etc.
Ou bien, elle
s’enfermera dans la paranoïa, le complexe de persécution ou le syndrome du
martyr. Ces derniers sont souvent soupe-au-lait, se brouillant facilement avec
les gens.
Toute leur vie,
ils ont le sentiment de ne pas être à leur place, dans la société. Les
victimes sont le plus souvent hantées par l'idée de ne pas pouvoir réussir
brillamment leur vie. Ils n'arrivent plus à retrouver confiance en eux.
Elles se sentent
comme le vilain petit canard qui regarde passer les cygnes (ceux qui
« réussissent »), comme le ver de terre qui se fait du mal à se
comparer aux étoiles (objets d’admiration), comme Ruy Blas « Qui souffre, ver de terre, amoureux d’un
étoile » ou comme une fleur fanée qui ne pèse pas grand-chose.
La victime est
convaincue qu'elle est n'est pas suffisamment désirable, qu’elle est abandonnée
et qu'elle n'est pas digne d'amour, maternel ou paternel. Elle peut même
décrire parfois des formes de perception de voix inexistantes qui lui
murmurent, à chaque nomment de sa vie, des jugements démoralisants, moqueurs ….
Certains se
sentent alors obligés de choisir finalement d'exister par la violence. Ils se
révoltent et font donc acte de désobéissance. Ces enfants optent pour des
comportements délinquants qui font d’eux des exclus.
Note :
Peut-être était le cas d’Hitler ? Peut-être a-t-il été un enfant
différent, fragile (transgenre ?), violemment rejeté et dévalorisé par son
père Aloïs ? Et qui peut-être pour se faire respecter, a choisi la voie de
la force brutale et celle de la criminalité, pour finir par une criminalité à une
très grande échelle ?
Peut-être
était-ce aussi le cas de Staline, Mahomet, Oussama ben Laden, eux-aussi, rejeté
et dévalorisés ? Par exemple, la mère syrienne de Ben Laden, Hamida,
n’étant pas respectée par le reste de sa famille, du fait qu'elle était
étrangère, ce qui a diminué son statut dans la famille, on l’avait traitée « d’épouse
esclave » et Bin Laden de « fils de l’esclave »[2]
[3]
[4].
Ce phénomène du « vilain
petit canard », servant souvent de bouc émissaire, s'observe également
dans le milieu professionnel, à l'école et entre amis.
Dans le passé certaines
femmes originales, hors normes, isolées, fragilisées, souvent exclus, servaient
de bouc émissaire et pouvaient être accusées de sorcellerie (avant le 18°
siècle).
Beaucoup de personnes aiment bien
que les autres restent dans la case où ils les ont mises ...
Les cases, les schémas mentaux
(religieux, idéologiques …) et autres stéréotypes rassurent.
Ceux qui sortent des sentiers
battus, inquiètent. C’est comme s’ils mettent le désordre et renversent l’ordre
établi.
Beaucoup ont peur de la nouveauté,
de l’imagination, de l’originalité.
Les gens, qui ne doutent jamais et
sont remplis de certitudes aveuglantes, sont malheureusement légions, sur
terre.
Selon Friedrich Nietzsche :
« Parfois, les gens ne veulent pas entendre la vérité, parce qu’ils ne
veulent pas que leurs illusions se détruisent ».
« Les convictions sont des ennemies de la vérité plus dangereuses que
les mensonges ».
« Ce qui importe [à l’homme], ce n’est pas tellement ce qui est vrai,
mais ce qui aide à vivre ».
« La vie [humaine] a besoin d’illusions, c’est-à-dire de non-vérités
tenues pour des vérités ».
« Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir »[5].
On a même été jusqu’à brûler, tuer
les esprits libres (comme Socrate …).
La peur se faire tuer pour apostasie
et athéisme, les consignes de Mahomet à ne pas se poser de question[6]
[7]
[8]
ou à innover en matière de religion, poussent aussi les musulmans au
conformisme[9].
Chez le paysan africain, on ne
touche pas à la « tradition », même si elle pousse à adopter des
techniques culturales (la culture itinérante sur brûlis) destructrices de
l’environnement.
Le « canard sauvage » est
souvent considéré comme un fou, un déraisonnable manquant de sagesse et non pas
comme un possible visionnaire prolifique, pouvant faire évoluer positivement la
société, les sciences ….
Certains, pour
s’en sortir, rentrent dans le rang, tuent et oublient leur originalité et se
compromettent.
Certains, pour
se faire bien voir de la société, diront volontiers que le noir est blanc, pour
obtenir une promotion[10].
La vie est un
compromis continuel, mais certains se compromettent plus que nécessaire.
Ils peuvent
devenir les pires conformistes et ennemis de ceux qu’ils sont profondément et
contre leurs semblables. Comme Edgard
Hoover, homosexuel lui-même, devenu le pire ennemi des homosexuels[11]
[12]
[13].
Pour se donner
de l’importance et se rassurer, certains peuvent devenir les persécuteurs des
autres (ce ceux qui pourraient révéler qu’il est comme eux), se méfiant pathologiquement
des non-conformistes, se sentant « obligé » d’enrégimenter ses
semblables, de leur imposer fanatiquement leurs codes sociaux, leurs croyances,
surtout sans aucune possibilité de les remettre en cause et d’en discuter
rationnellement[14].
Combien de chefs
tyranniques, incapables de se remettre en cause et refusant fanatiquement que
les décisions puissent être discutée, pensant être humilié par un subordonné,
si ce dernier ose le faire, avons-nous pu rencontrer dans notre parcours professionnel ?
Les êtres
humains ne sont pas toujours bien intentionnés ou honnêtes. Et certains adorent
dénigrer, s’en prendre ceux qui ne vont pas dans le sens des codes sociaux,
imposés dans la société. La persécution sera d’autant plus grande que celle-ci
est par nature dictatoriale.
Certains parents
sont si conformistes qu’ils n’hésiteront pas à faire des crises
psychodramatiques contre leurs enfants juste parce que le pli de leur pantalon
n’est pas repassé (et tant que l’enfant ne sera pas plié à l’exigence
parentale).
Dans le Bréviaire des robots, de
l'écrivain de science-fiction polonais Stanislas Lem,
sur la planète Karélirie, les robots ont pris le
pouvoir. La Terre charge son meilleur espion, Ijon-le-silencieux,
d'aller enquêter sur place. Ijon se déguise donc en robot.
Mais il lui est difficile d'adopter le comportement d'une mécanique : Ijon doit sans cesse huiler ses rouages, manifester contre
les « visqueux », imiter les coutumes barbares des robots révoltés contre les
humains. Jusqu'à ce qu'il s’aperçoive que tous
les robots sont, en fait, des humains déguisés en robots, vivant dans la peur
d'être démasqués.
Quand on y
réfléchit, il n’y a aucune raison logique à empêcher les employés à venir s’habillé
comme à carnaval chaque jour, qu’ils soient punks, portant le bicorne, l’habit
d’Arlequin …
Dans les 36 ans
de ma vie professionnelle, je n’ai rencontré qu’une seule fois, une femme punk,
portant un crête vert fluo sur la tête, chez Tractebel,
en 1992, … On l’acceptait surtout parce qu’elle était une spécialiste d’un
logiciel sur Macintosh.
Dans une usine
de Valenciennes, un employé était venu en bermuda, ce qui avait justifié son licenciement[15].
Pourtant, aujourd'hui, les hommes d'affaires des Bermudes portent des cravates,
des vestes et des bermudas[16],
ainsi qu’à Melbourne (quand il fait chaud). Donc qu’est-ce qui empêche de
porter un bermuda élégant, l’été, dans une entreprise ? Objectivement,
hormis la peur du regard des autres, des critiques et donc de celle de se
sentir ridicule ?
Chez IBM
Montpellier, en 1976, tout le monde portait costume et cravate, alors chez IBM
San Francisco _ une ville non-conformiste _, ses employés pouvaient s’habiller
d’une façon décontractée et/ou non conformiste, y compris en punk.
Il n’y a aucune raison, avec les moyens informatiques actuels[17], que les
employés utilisant l’outil informatique, au moins 8 heures par jour, ne
puissent travailler en télétravail, durant 4 jours par semaine, le dernier jour
étant consacré à venir au siège rencontrer les chefs ? Le télétravail
permettrait pourtant de diminuer fortement la consommation d’énergie fossile,
utilisée dans les transports (individuels ou en commun).
Aucune raison rationnelle … hormis le fait
d’accepter de responsabiliser ses employer et la peur de perdre le contrôle sur
eux ? Pourquoi raisonner par durée de travail journalier, consacré par
l’employé, et non par atteinte d’objectifs concrets, mesurables ? Certains
chefs pensent qu’en faisant travailler leurs employés, jusqu’à épuisement ou
lors de long horaires (10h – 12 h, par jours …), en manageant par la peur, ils
obtiendront d’eux de meilleurs rendements. Alors que l’on sait pourtant, depuis
longtemps, que le fait de trop faire travailler un employé contribue à dégrader
la qualité de son travail et à augmenter le risque qu’il commette des erreurs
(cela peut être particulièrement dramatique pour les pilotes d’avion, en
contribuant à contrevenir à la sécurité aérienne)[18].
Alors que les
entreprises auraient besoins d’idées, elles sont les lieux où prospèrent
souvent le conformisme le plus obtus.
Souvent les gens
qui pensent lancer un projet louable, à leurs yeux, pensent qu’ils vont
recevoir beaucoup de soutien. Telle Africaine veut lancer la « maison des
femmes », un centre de planning familial. Malheureusement, elle se
confrontera vite aux bâtons dans les roues de dignitaires religieux, de petits
potentats locaux etc.
Entre 2001 et 2002, j’ai lancé le projet de marche pour la cause tibétaine
au travers l’Himalaya, nommée la transhimalayenne[19]. L’aide
a été parcimonieuse, les soutiens faibles, les critiques, faites a priori,
nombreuses (« cela ne marchera jamais, c’est risqué, le projet est trop
ambitieux » …). Quand le projet a réussi, au contraire, les narcissiques
voulaient vous éliminer du projet et le récupérer à leur profit et pour leur
propre « gloire ».
J’ai souvent personnellement rencontré ce genre de
comportements humains, à chaque lancement de nouveaux projets. Combien de fois,
j’ai vu ce schéma se reproduire ? Face à tout ce qui est innovant, trop de
gens sont critiques, se comportent négativement, font preuve d’étroitesse
d’esprit, voire sont jaloux.
Einstein, en
étant révolutionnaire, en remettant en cause l’idée de l’éther, l’espace
euclidien et le temps absolu, ce que n’avait pas osé les scientifiques Hendrik
Lorentz et Henri Poincaré, a subi de nombreuses critiques et foudres, souvent injustifiées, durant
30 ans (on a même mis en cause sa judaïté, pour décrédibiliser ses travaux
scientifiques, le physicien Philipp Lenard, étant en
tête de la cabale des chercheurs allemands contre lui). Certains ont aussi
accusé Einstein de plagiat[20].
Comme l’a montré Thomas
Samuel Kuhn, philosophe et historien des sciences, dans son ouvrage « La structure des révolutions scientifiques »[21], tous
les changements de paradigmes scientifiques, surtout s’ils sont révolutionnaires, sont
toujours accompagnés de fortes controverses et résistances intellectuelles,
voire d’un long combat pour s’imposer.
Si vous lancez le projet d’un micro-hélicoptère coaxial, se portant en sac
à dos[22] _ alors
que l’électronique des drones a pourtant fait d’énormes progrès, en particulier
pour garantir la stabilité en vol d’un micro-hélicoptère coaxial[23], et
alors que cette solution permet d’avoir la plus faible consommation en
carburant et la plus grande autonomie [que par exemple, pour la planche
volante, le Flyboard Air[24]], et
alors que cette solution pourrait être envisagée en tant que « pénétrateur
tactique » militaire _, vous aurez des Cassandre qui vous expliqueront
qu’il faut être ingénieur hélicoptériste, que l’engin sera casse-gueule et donc
mortel, qu’il faut avoir les moyens financiers d’Eurocopter … pour lancer un
tel projet.
Même si certains critiques sont bien intentionnés,
d’autres se lanceront les pronostics négatifs, a priori (en toute ignorance des
vrais enjeux).
Dans la France
des années 60, les feux de forêts dévastent des milliers d'hectares. Au sol,
les pompiers sont souvent démunis face à ce fléau. C'est grâce à l'obstination
d'un sous-préfet des Bouches du Rhône, Francis Arrighi, que l'idée de se doter
de bombardiers d'eau devient une réalité, avec l’arrivée des Canadairs, à
Marignane, en 1963. Pourtant, on lui avait opposé que le vol à basse altitude,
au-dessous des feux serait trop dangereux et bien d’autres arguments.
Sinon, pourquoi à ma mort, ne puis-je pas obtenir
que mon corps soit débité en morceaux de viandes puis données aux carnivores d’un
zoos, afin de respecter les cycles écologiques ? Cette solution de
recyclage de mon corps peut être choquant, mais au moins il sert à quelque
chose et ne pourrit pas.
On observe
parfois des évolutions inverses, « le vilain petit canard » se manifestant par
un désir farouche de prendre sa revanche et prenant fermement leur vie, en
main, afin de la faire « réussir définitivement ».
Même en
conservant des séquelles psychologiques, certains s’en sorte, comme Jack
London, tel qu’il se décrit lui-même, au travers de son personnage de Martin Eden et de son roman éponyme.
Pour les
victimes, les traversées arides, les périodes de souffrance, qu’ils ont vécu,
leur sembleront désertiques, mais ils peuvent découvrir, un jour qu’en fait, ces
épreuves étaient fécondes et que c’est là qu’ont germé leurs plus beaux talents.
Car le cygne, en eux, était en gestation.
Pour relever la
tête et préserver son estime de soi, il est parfois important de mettre son
travail en péril, sa position.
Mais souvent,
l’on ne sort pas tout seul du « syndrome du vilain petit canard ».
Il faut alors
rencontrer des personnes capables de
comprendre les fragilités des autres et de les aider à les dépasser.
Certains des
plus grands contributeurs à l’avancement de la société et des sciences étaient
souvent des personnes originales, non-conformistes. Comme Einstein, un artiste
et rebelle, un peu autiste, qui ne se pliait à aucun code social, tout comme
Isaac Newton, capable de se couper du monde et de ses semblables, pendant
plusieurs années.
Isaac Newton,
pourtant scientifique, croyait aux forces occultes et c’est cette croyance qui
lui a permis de concevoir des forces à distances, telles qu’imaginées dans sa
théorie de la gravitation.
La plupart de
grands penseurs et scientifiques _ Einstein, Faraday, Alhazen, Descartes,
Spinoza … _ étaient, semble-t-il, le plus souvent non-conformistes et/ou des
rebelles.
Combien
d’esprits libres, non-conformistes, rebelles … ont été brimés, dévalorisés,
sous-estimés, contrecarrés dans leurs ambitions et projets, voire mis au
placard, alors leurs vues originales auraient pu pourtant être mieux utilisées,
pour l’avancement de l’humanité _ par exemple quel autre destin aurait eu les
mathématiciens Evariste Gallois, Niels Henrik Abel etc. s’ils avaient été fortement
soutenus ? ...
Combien j’ai
rencontré, dans ma vie, d’esprits brillants, imaginatifs, mais malgré tout
farfelus, qui n’ayant pas reçu de formation scientifique et de soutien, ne
verront jamais leur génie utilisé à bon escient pour le bien de notre société
(alors que juste une formation scientifique aurait transformé leur vie).
Certains étaient
tellement passionnés par leurs travaux, qu’ils en oubliaient leurs propres
intérêts, comme Kepler, Giordano Bruno … Ce dernier allant même jusqu’au martyr
…
Giordano Bruno,
qui avait une soif insatiable de connaissance et de lecture, touche à tout de
génie mais dispersé, partait dans tous les sens : Il disserte sur la cosmologie,
repousse le dogme de la Trinité, nie la virginité de Marie, pratique l’art
divinatoire, croit en la métempsycose, proclame que Jésus-Christ n'est pas Dieu
mais un simple « mage habile » (!).
Mais pourtant,
il apporte une suggestion intéressante, pour son époque : en 158, Giordano
Bruno publie De l'infinito
universo et Mondi (De
l'univers infini et des mondes), dans lequel il soutient l'hypothèse de la
pluralité des mondes habités et l’infinité de l’univers (une idée déjà émise,
qu’il reprend), alors que ses contemporains croyaient, eux, à la Terre
sphérique et fixe au centre de l'univers, ce dernier étant partagé entre le
monde sublunaire, et le monde supra-lunaire, où se déplaçaient le Soleil et les
planètes en tournant autour de la Terre, et enfin à l'immuabilité du ciel.
George Orwell,
écrivain original, auteur de la « ferme des animaux » et de
« 1984 », dont le parcours de vie a été celui d’un cavalier d’échec,
a été un des premiers à mettre en garde contre le danger totalitaire, dont
celui stalinien.
« L'histoire a été relatée par le philosophe
danois, Soren Kierkegaard, celle d'un homme qui
nourrissait les canards sauvages, […] chaque automne. Au bout d'un moment,
certains des canards ne se sont plus souciés de voler vers le sud ; ils ont
hiverné au Danemark, grâce à celui qui les a nourris. Avec le temps, ils
volaient de moins en moins. Après trois ou quatre ans, ils sont devenus si
paresseux et gros qu'ils ont eu du mal à voler.
On pourrait aussi ajouter que le canard apprivoisé n'ira plus nulle
part.
Kierkegaard a exprimé son point de vue - vous
pouvez rendre les canards sauvages apprivoisés, mais vous ne pouvez plus jamais
rendre sauvages les canards apprivoisés. On pourrait aussi ajouter que le
canard apprivoisé n'ira plus nulle part. Nous
sommes convaincus que toute entreprise a besoin de ses canards sauvages. Et
chez IBM, nous essayons de ne pas les apprivoiser », Thomas Watson Junior, ancien président
d’IBM, 1963[25] [26].
« « La castration de la spontanéité est l’une
des caractéristiques des civilisations occidentales. On apprend à ne pas faire montre de ses sentiments, à bloquer les
pulsions de sympathie et d’antipathie, à contrôler exagérément sourires et
gestes, dans le mauvais sens du terme, au nom d’un qu’en dira-t-on possible,
d’une absurde respectabilité de maintien et autres fariboles qui vont à l’encontre
de véritables relations qu’on peut avoir avec soi-même et avec les autres. On
aboutit ainsi ou bien à la raideur
intérieure ou extérieure et à tous les refoulements d’émotions que cela
suppose ; ou bien à la révolte contre les systèmes fermés qui sont les
résultats de la non-spontanéité, avec les attitudes laxistes, débraillées,
grossières qui en découlent ». Le but est d’éviter les deux extrêmes.
Contrairement à ce que vous promet la Watchtower,
vous n’êtes pas condamnés à la perdition et à la dégénérescence. L’homme
naturel, en paix avec lui-même, trouve le chemin de l’équilibre. Équilibre
entre la spiritualité et la rationalité, entre la dynamique créatrice
extérieure (expression des potentialités) et la sensibilité intérieure, entre
son intuition et sa capacité d’analyse et surtout ce trésor si souvent agressé : l’auto-détermination et la pensée
personnelle ! »[27].
Pourquoi ne
pourrait-on pas envisager un monde plein d’esprits libres, imaginatifs, ayant
chacun des milliers d’idées par secondes, des personnes qui se remettent en
cause et se renouvellent chaque jour, qui évitent les comportements stéréotypés
et standards, contribuant à ce que l’intelligence soient promue, sans cesse.
Un monde, si possible, aussi sans préjugés
sur les noirs, les hommes de couleurs, les croyants, les non-croyants, les
homosexuels, les transsexuels, les employés, les patrons, les nationalités, les
religions …
Si je dois m’intéresser et traiter d’un sujet, je dois
ne pas hésiter à lire intégralement plusieurs livres, au moins six livres ou
plus, sur ce domaine. Et ne pas me contenter d’un livre ou de ce que les autres
vous affirment sur ce sujet.
Donc un hommage vibrant ici aux vilains petits
canards, aux canards sauvages, aux esprits libres et non-conformistes.
Louons tous les possibles grands hommes, en
devenir. Et que ce texte soit un plaidoyer pour leur protection.
Note : être non-conformisme et/ou rebelle
n’empêche nullement de respecter la démarche scientifique (pour laquelle
j’ai le plus grand respect).
[1] R. Nadia, psychologue
clinicienne, au Soir d’Algérie : « Le
‘‘vilain petit canard’’ est envahi par un sentiment de honte », par Nouredine Guergour, https://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/03/29/article.php?sid=154486&cid=52
[2] Oussama ben Laden avait 53 demi-frères et
demi-sœurs, son père polygame s'étant marié avec 22 femmes différentes. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oussama_ben_Laden#Jeunesse
[3] Osama bin Laden: the tale of a Saudi-born heir to a construction
company who founded al-Qaeda, Steven Swinford, 02 May
2011, https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/pakistan/8488396/Osama-bin-Laden-the-tale-of-a-Saudi-born-heir-to-a-construction-company-who-founded-al-Qaeda.html
[4] The making of the world's most wanted man: Part 1, https://www.theguardian.com/news/2001/oct/28/world.terrorism
[5] Autre citation de lui « La
croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise
foi. La première se corrige, la seconde se combat ».
[6] « Il
n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah
et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans
leur façon d’agir » (Coran S33:36).
[7] « 5.101. Ô
les croyants ! Ne posez pas de questions sur des choses qui, si elles
vous étaient divulguées, vous mécontenteraient. Et si vous posez des
questions à leur sujet, pendant que le Coran est révélé, elles vous seront
divulguées. Allah vous a pardonné cela. Et Allah est Pardonneur et Indulgent (Coran
Sourate 5 la table servie :101).
5.102. Un peuple avant vous avait posé des questions (pareilles)
puis, devinrent de leur fait mécréants ».
[8] « …Quiconque
y introduit une innovation [en religion], que la malédiction d’Allâh,
des Anges et de tous les gens soit sur lui. Allâh
n’acceptera de lui le Jour de la Résurrection ni échappatoire ni compensation. »
Il dit : « Ainsi Ibn Anas dit : ‘‘ ...ou quiconque ayant
hébergé un innovateur [en religion] ’’. » [Rapporté par Al-Boukhârî (7306), et Mouslim (1366),
d’après le hadith rapporté par Anas رضي
الله عنه.].
[9] Avec beaucoup de musulmans et de chrétiens, l’on
ne pourra souvent pas discuter du fait que, a) le voyage nocturne de Mahomet
sur le dos du cheval Bouraq jusqu’à Jérusalem et b)
la marche sur les eaux de Jésus, puissent être des légende dorées, forgées
longtemps après (ou bien des visions ou des rêves), et alors que ces épisodes
violent pourtant les lois physiques communes (et alors leur violation n’ont, par
ailleurs, jamais été observée scientifiquement, jusqu’à maintenant, depuis que
la démarche scientifique existe, depuis le 17° siècle) etc.
[10] Comme le procureur nazi Roland Freisler, stalinien convaincu, puis nazi convaincu.
[11] Dans l’intimité de J. Edgar Hoover, Joël Morio,
31.10.2014, https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2014/10/31/dans-l-intimite-de-j-edgar-hoover_4516315_1655027.html
[12] Under-age lovers, transvestite tendencies and a porn stash - featuring Joan Crawford: New book exposes secret world of J. Edgar Hoover, Daniel BATES, 9 February 2012, http://www.dailymail.co.uk/news/article-2098423/J-Edgar-Hoover-New-book-exposes-secret-world-FBI-Director.html
[13] L'homophobie est un « mécanisme de défense
psychique » et une « stratégie pour éviter la reconnaissance d'une part
inacceptable de soi », parce que l'homosexuel prend conscience que ses propres
caractéristiques peuvent être considérées comme des signes de faiblesse, par la
société. Et il refoule ses tendances par la peur panique qu'il puisse être
reconnu, méprisés et persécuté. Ce mécanisme peut le conduire à l’intérioriser,
à être dans le déni, jusqu’à devenir plus royaliste que le roi, et le pire
menteur.
[14] N’ayant aucune préoccupation ou questionnement sur le fait qu’ils peuvent gâcher
ou pourrir la vie d’autrui.
[15] Licencié pour cause de bermuda,
Philippe Baverel, 08 août 2001, http://www.leparisien.fr/societe/licencie-pour-cause-de-bermuda-08-08-2001-2002354171.php
[16] Where are the Bermuda shorts worn as a formal
wear? https://globalquiz.org/en/question/where-are-bermuda-shorts-worn-together-with-shirt/
[17] Avec les réseaux à haut débit (fibre optique),
les outils vidéo de dialogues à distance (Messenger, Skype, MS-Live …), les
écrans 22’, les partages Cloud, les outils collaboratifs type SharePoint, et
des outils de suivi du travail de l’employé etc.
[18] L'Homme
au travail les relations humaines dans l'entreprise, Paul Albou, Dunod,
1978. Paul Albou était Professeur à l'Université René
Descartes, à Paris, et directeur du Laboratoire de psychologie économique (en
1991).
[20] Controverse sur la paternité de la relativité, https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_sur_la_paternit%C3%A9_de_la_relativit%C3%A9
[22] Cf. le projet "Libellule" in "Page
des Inventions de Benjamin LISAN", http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsScientifiques/Inventions/pageInventions.htm
[23] Solution déjà mise en œuvre chez COAX HELICOPTER,
http://www.coaxhelicopters.com/
[24] Flyboard Air de Franky
Zapata, https://zapata.com/air-products/flyboardair?___store=French_EUR
[25] On Wild Ducks, http://www.mbiconcepts.com/watson-sr-and-wild-ducks.html
About IBM wild ducks, https://www.ibm.com/thought-leadership/wild-ducks-podcast/about.html
[26] Une entreprise et sa doctrine. Les idées qui ont
contribué au succès d'IBM, Thomas Watson Jr, Paris, Éditions Hommes et
Techniques, 1968.
[27] Pierre Daco, psychologue, les prodigieuses
victoires de la psychologie, Marabout.