Témoignage d’Amina, sur les graves injustices qu’elle a subies de la part de son ex-mari et de la justice algérienne, en Algérie

 

Par Benjamin LISAN, le 16/08/2019

 

Une kabyle, vivant en Algérie, que nous appellerons Amina, m'écrivait hier pour m'exposer l'injustice qu'elle a subi :

 

Amina : « Depuis votre séjour en Algérie, dans les années 70, les mentalités ont drôlement changées. La vie est devenue pratiquement impossible [pour les femmes, les Algériens évolués et cultivés ...].

 

Nous [les personnes cultivées, éduquées et évoluées] avons essayé de changer les choses, avec cette nouvelle génération.

 

Mais je ne sais quoi penser, moi-même, car nous n'avons rien obtenu et je suis victime d'injustice. 

 

Les salafistes, c'est la nouvelle mode, chez nous. On a peur, d'ailleurs, d'eux. 

Ce qu'ils appellent la "foi", ça leurs appartient ... Mais l'imposer à d'autres, c'est ça la "mal-vie".

Les femmes ne sont pas protégées, d'eux [par l'état]. 

 

Mon histoire est en contradiction par rapport aux belles déclarations religieuses, à la religion qui règne ici et qui est exigée, dans notre pays.

 

Je suis d'origine kabyle, et je vis à l'est d'Alger. 

Notre justice est basée sur ce qu'ils appellent, eux, la charia. 

 

Cette justice ne les empêche pas d'expulser des femmes, avec leurs enfants, en dehors du domicile conjugal, à la demande du conjoint.

 

Je vis un mal-être terrible. Je me suis adressé à tous les secteurs [de l'administration], j'ai dû me battre corps et âme, mais je n'ai rien gagné.

Car notre état est sexiste et misogyne.

 

Une femme ne peut pas habiter toute seule. Il nous faut toujours quelqu'un [un homme qui la "protège"]. 

 

Je suis obligée de raser les murs, le temps de trouver une solution.

 

J'ai vécu avec un homme. Du moins, j'ai été marié à un homme. J'ai eu deux enfants. Nous avons construit une maison ensembles. Après 22ans, il a décidé de divorcer et c'est moi qu'on met dehors.

 

J'ai été battue et quand j'allais me plaindre, le médecin légiste me disait "que lui avez-vous fait ??".

[Car l'Algérie est un état de non-droit, où, sans cesse, on fait porter tous les torts, la faute, dans tout conflit de couple, sur la femme, sans aucune preuve].

 

Mon mari était quelqu'un qui consomme beaucoup d'alcool. Mais quand il m'a attaqué en justice, il a utilisé la religion, prétendant que je ne lui demandais pas son avis, quand je sors dehors ....

 

Je suis née dans ce pays, mais je souhaite ne pas mourir ici.

 

J'ai beaucoup souffert et je souffre encore. 

 

J'ai fait la connaissance d'un petit écrivain Algérien, lors d'un café littéraire, je lui ai parlé de mon histoire et surtout de cette contradiction religieuse entre l'affirmation que l'islam est juste et cette injustice [en raison du code algérien de la famille, inspiré de l'islam, qui maintient la femme dans un état de minorité juridique perpétuelle, par rapport aux hommes]. 

 

En même temps, je voulais faire passer ce message.

 

J'ai un diplôme de professeur de musique, solfège et initiation, au collège, et de piano.

Je vis en donnant des cours de solfège à domicile ....

Pour payer mon loyer, je donne aussi des cours de français, dans le primaire, dans une école privée.

 

Déjà, je me suis battue, pour être indépendante, pendant les années noires du terrorisme [dans les années 90].

Les islamistes ont égorgé toutes mes amies. Je suis une rescapée [une survivante]. 

 

Or, je me suis retrouvée dehors, du jour au lendemain [parce que je suis indépendante et que je me bats pour l'égalité des hommes et des femmes].

 

Il y a un militant des droits de l'homme, Kamel Eddine Fekkar, un mozabite, qui vient de mourir, à la suite d’une grève de la faim (qui soutenait aussi la cause de la liberté et des droits des femmes). 

 

Il n'y a aucun mensonge dans ce que je raconte.

 

Cette injustice je l'ai vécue et je la vis encore. 

 

Je ne porte pas le voile, parce que je considère que je suis un être humain à part entière. Je n'ai rien à cacher et je suis professeur de musique et de français. 

Donc tout le hic est là : je dérange les intégristes et je ne veux pas leurs ressembler.

 

J'estime avoir un travail et je paye mes impôts. Je suis une femme active.

 

J'espère ne pas vous avoir embêté avec mes problèmes ».

 

Compléments concernant le témoignage d’Amina :

 

Après ce témoignage, Amina a rajouté les précisions suivantes :

 

Moi : « Votre témoignage, que j'ai mis sur Internet et Facebook, a provoqué plusieurs réactions, dont celle-ci :

De Afifa : "Témoignage terrible ... qui nous plonge dans la réalité et de l’emprise de ce « religieux » obscurantiste, à caractère nettement fasciste et de la double peine pour la Femme. Quand ce cauchemar va-t-il prendre fin et comment ?" ».

 

Amina : « Oui le dernier commentaire est le meilleur. Ce commentaire est resté dans le contexte.

 

Moi : « Il faudrait que les femmes victimes comme toi et les féministes algériennes se réunissent, s'unissent en association, pour faire changer les lois et le code de la famille, comme actuellement en Tunisie, car l'union fait la force ».

 

Amina : « On a essayé à maintes reprises mais en vain !

 

J'ai envoyé un petit récit de mon histoire, à ces associations, puis à plusieurs groupes féministes, sur Facebook, mais il n'y a pas eu de réponse.

Je me suis adressée au CIDDEF (Centre d’Information et de Documentation sur les Droits de l’Enfant et de la Femme [en Algérie]), chez madame Nadia Aït Zaï[1], qui est fondatrice du CIDDEF[2], une avocate qui milite pour le droit des enfants et des femmes, mais elle m'a fait comprendre qu'il n'y a rien à faire.

Je peux vous envoyer les jugements en ce qui concerne mon divorce. C'est un divorce abusif, parce qu’il n'y a pas de motifs valables.

Concernant le jugement [du divorce], il y est indiqué que : "Pour l'expulsion de la maison, aussi, [soi-disant] le plaignant ne jouit pas librement de ses biens et, ensuite, il n'y a aucune preuve que cette femme a collaboré à la construction de la maison". C'est en arabe. Si vous voulez Je vous les envoie.

[Pour l'achat de cette maison, mon mari] m'a utilisé. Il était déjà divorcé. Il avait un gosse de 5ans et demi que j'ai élevé.

J'ai construit [cette maison] avec lui. Et pour celle-ci, j'ai même vendu mon or, des bijoux, que j'avais ramenés de chez mes parents.

Comme il était (macho), ce n'était pas moi qui achetait [pour la maison]. C'était lui, avec mon argent et le sien, bien sûr.

Je n'ai pas de reçu de ces ventes, car quand nous vendons notre or à un bijoutier, il nous donne que de l'argent mais pas de reçu.

A contrario, quand on achète de l'or, on reçoit un reçu.

J'étais confronté à ce problème, juste après mon mariage, mais ma famille et la société m'empêchaient de réagir [à cet accaparement de mes biens par mon mari], étant donné mon âge [23 ans].

 

[Concernant les maltraitances que j'ai subies de la part de mon mari], mes voisines ont témoigné, en ma faveur, mais leur témoignage n'a été pris en considération.

Elles ont même témoigné que j'ai collaboré à la construction de la maison. Encore une fois, rien ! Leur témoignage n'a pas été pris en considération.

 

Je lui indique : « Il faut des témoignages manuscrits sur papier, signée par ces témoins, accompagnés de la photocopie de leur papier d'identité ».

 

Amina : « Ces papiers sont à la justice. La justice m'a demandé 2 témoignages. Elle a dit que deux suffisaient.

La justice ne les a même pas appelés à la barre. Celle-ci m'a, juste, demandé une attestation sur l'honneur signée et légalisée à la mairie.

Même s'il y a la corruption [au sein de la justice algérienne, ] j'ai dû faire appel plusieurs fois. Ce n'est normal !!

 

[Concernant mon mariage, ] je vous ai dit j'ai été cloisonnée [coincée, piégée], entre deux feux, celui de mes parents, le "qu'en-dira-t-on !"et ma jeunesse.

 

Mes parents ne m'ont pas vraiment poussé [à ce mariage, ] mais ils n'étaient contre. Car c'était quelqu'un d'instruit, donc il faisait l'affaire.

Mais lui s'est révélé être un pervers narcissique, violent (violence verbale et physique).

Et il a voulu me faire passer pour quelqu'un que je ne suis pas (femme légère, pas fidèle, pas obéissante).

Et dieu m'est témoin que je ne l'ai jamais trompé.

 

Quand il a voulu me faire passer pour une femme légère, aux yeux de la justice, il faut préciser que mon mari avait dit "Elle part à des endroits que j'ignore", alors qu’il savait pertinemment que j'ai toujours travaillé dehors _ je suis professeurs de français, de solfège, de piano, et aussi, par exemple, je donne des cours de français et de musique, à domicile, en conséquence je dois me déplacer _, donc, ce n'était pas, à chaque fois, quand je sortais, que je devais lui demander sa permission.

 

Je me disais si, un jour, je dois vivre avec un homme, un véritable, je dois d'abord être libre et divorcé [avant, ] pas à son insu.

Il n'avait aucune preuve [que je l'ai trompé], parce que je n'ai jamais rien fait. Il m'a mis sur écoute téléphonique, pour avoir des preuves.

Or qu'il n'y avait aucune hormis, juste, le fait que j'ai parlé avec ma mère et que je me plaignais de lui, auprès de ma mère. C'est tout.

Je vais vous faire rire : Le juge _ parait-il [selon mon avocat] _ a ricané, parce que dans leur religion, l'homme à le droit de divorcer quand il veut.

Parce que mon mari a donné comme preuve que j'avais parlé à ma mère au téléphone, de lui, quand je me plaignais de lui.

Le mari a le droit de divorcer quand il veut, même si la femme ne veut pas. Il divorce quand même, même s'il n'y a aucune raison valable.

C'était mon cas. Voilà je n'ai pas à avoir honte quand je parlais à ma mère. Il m'a surveillé des mois durant.

C'est pour ça que le juge a ricane parce qu'il savait que [le prétexte avancé par mon mari] était bidon.

Mais malgré ça, le/mon mari peut obtenir le divorce gratuitement.

[Le fait d'obtenir le divorce, quasiment sans aucune contrepartie à me donner] ce n'était pas ça le plus important. J'ai galéré. J'ai pleuré. Je me suis dirigée vers beaucoup d'associations.

Après le divorce, je ne suis pas sortie tout de suite de la maison.

Je suis resté à la maison, quand il a commencé une autre procédure pour m'expulser de la maison.

J'y suis resté 2 ans et demi.

Il m'en a fait voir de toutes les couleurs.

J'ai obtenu une somme de deux cent soixante mille dinars (1950€). Ça ce sont les frais de divorce abusif.

C'est tout. En ce qui concerne la maison, rien. Ce sont deux affaires différentes.

J'avais même des certificats médicaux [eux, sont en français. Ils sont entre les mains de mon avocat].

Mais les certificats avaient dépassés un certain délai. Quel délai ? Je n'en avais aucune idée.

Quand ces certificats médicaux dépassent une année, [il semblerait qu'] ils ne sont plus valables.

Mon père était vieux et malade. Je ne voulais pas le mettre au courant. D'ailleurs il est décédé en 2015, juste après mon divorce.

Et mes parents n'ont pas de grands moyens.

[Ne pas déposer plainte contre mon mari] c'était ça l'erreur, croyez-moi.

Je suis partie, plusieurs fois, du domicile. Mais il venait pleurnicher, parlant de nos enfants, pour ceci et cela et mes parents m'obligeaient à revenir auprès de lui.

 

[Le poids des traditions, de la religion, du regard social, au lieu de préoccuper des intérêts et du bonheur de leur enfant ... tout cela contribue que] toujours la femme est [reste] faible. C'est une tare. C'est elle qui va souffrir et c'est elle qui [suscite] la honte de la famille.

Donc les parents sont hypocrites. Ils ne voient plus ce qui est bien pour leur fille ... mais [uniquement ce qui est bien] pour eux et la société ».

 

Mon diagnostic : « Bref, une société hypocrite, (faussement vertueuse) et peu compassionnelle.

Bref diagnostic et résumé du problème : poids de la société, des traditions arriérées, et des erreurs (trop attendre pour déposer plainte, ne pas avoir eu le réflexe immédiat de vous renseigner sur vos droits, pour anticiper votre avenir ...)

Vous avez été partiellement dans le déni concernant l'égoïsme et la perversité de votre mari.

Les femmes sont piégées socialement [dans votre pays] ».

 

Amina : « Tout à fait et je pense, par moment, que j'ai collaboré à ce mal-être, du moins, j'ai nourri cela.

Mais mon être intérieur ne le veut plus, ne le supporte plus.

Maintenant, je n'ai aucune intention de rester les bras croisés. Je vais me battre de nouveau et mettre, à la surface [à la lumière], tout ce que je redoutais avant. Je suis consciente que j'ai été piétinée, utilisée, froissée, dans mon amour propre, battue.

Mais le soleil de l'indépendance est là. Je me battrais jusqu'à la fin de ma vie ».

 

Ma réponse : « C'est une bonne chose que vous gardez le cap, la boussole de la combativité (et que vous ne sombrez pas dans le piège et puits dangereux, sans fond, de la dépression). Il y a toujours une lumière au bout du tunnel, si l'on se bat et qu'on n'est pas démissionnaire ou fataliste ».

 

Amina : « Exact ».

 

Moi : « Son témoignage a provoqué un certain nombre de réactions :

Abdallah : "La réalité [en Algérie], au jour le jour, est encore plus effroyable, d'année en année. Même en pays kabyle".

Ibti : "Hada le code de l'infamie, houwa aussi yetna7a et en urgence" ».

 

Amina : « Houma =eux. Yetna7a =ils doivent quitter leurs postes, comme le gouvernement. Ce que demande le peuple, c'est "yetna7a ga3", c'est à dire "ils partent tous" ».

 

Moi : « Maria : "Plan machiavélique de la part des politiciens ; pour avoir le maximum de voix. Alors qu'on aurait pu mettre un terme à ce fléau il y a longtemps" ».

 

Amina : « Pas rien que les policiers ».

 

Amina : « Mes enfants, ce sont eux, qui m'ont poussé à [tout] supporter.

Enfin [en vérité, ] ils n'ont rien demandé, mais je suis responsable. Du moins, j'étais responsable. J'ai une fille de 25 ans, qui est médecin. Elle a fini cette année et un garçon de 24 ans qui finira, l'année prochaine, un master 2 en mathématique et informatique.

J'avais peur pour la déperdition scolaire, les mauvaises fréquentations, la drogue ....

Je voulais qu'ils passent le cap de l'adolescence, malgré tous les problèmes à la maison. Maintenant c'est presque la fin. Ils doivent se prendre en charge et commencer leurs vies.

Je les vois souvent. Mais je n'ai jamais voulu les faire témoigner contre leur père.

Ils connaissent la vérité, ils l'ont vécu. Mais j'ai préféré subir.

 

Vous savez comment j'ai décidé de sortir bien que la justice ne m'a rien donné ?

Je voulais rester et me battre. Mais un jour, mon mari arrive et décide de me casser ma voiture.

Or mon fils venait d'arriver de l'université. On était au premier jour du mois de carême 2016. Quand mon fils a vu cela, il lui a cassé la sienne.

 

Mon mari est parti et a ramené la police. Entre temps, mon mari a raconté des mensonges, comme quoi son fils l'avait frappé.

En fait, mon mari allait me frappait et mon fils l'a empêché. Or, encore une fois, la religion punie fortement les enfants qui frappent leurs parents et donc mon mari a attaqué mon fils, en justice et ce dernier a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.

J'avais déjà vécu une dure épreuve et j'avais imaginé tous les scénarios [qu'aurait pu imaginer mon mari].

J'avais peur pour l'avenir de mon fils, donc j'ai abandonné et donc, là j'ai commencé à chercher une location.

J'habite maintenant un tout petit studio, mais je ne n'y arrive pas vraiment financièrement.

 

Eh bien ! le juge a dit à mon fils, ce qui arrive à tes parents, ce n'est pas à toi de le régler. Il le lui a dit méchamment.

Je n'ai pas pu contrôler les choses [avec mon mari]. J'étais prise au dépourvu. En revanche, lui avait tout planifié.

D'ailleurs, mon fils était hors de lui. Il lui disait "regarde-moi en face et dis que je t'ai frappé, espèce de menteur !".

Alors là, mon mari a dit à mes enfants : "dites-lui de sortir [de la maison] et je retire ma plainte. Vous voyez Benjamin !!!!

Mais je n'ai pas pu ni l'enregistrer [quand il a dit cela], ni témoigner contre lui, car c'était sa parole contre la mienne.

Mais le procureur avait compris quel genre e personne il était. Il faut voir ce qu'il lui a dit sur lui. J'avais honte à sa place [de mon mari].

 

Je ne vous cache pas que ma bourse ne me permet pas d'avoir un grand avocat. C'est pour cela que je me suis adressé à cette avocate au CIDEF.

 

Vous venez de déterrer certaines souvenirs. Quand j'ai accouché de ma fille _ c'était le début du terrorisme _, j'ai dû accoucher dans une clinique privé.

A ma sortie, mon mari m'a réclamé l'argent, qu'il a donné à la clinique. J'ai dû lui donner, parce qu'il n'allait pas s'arrêter.

Autre chose. Comme je suis asthmatique, un jour, j'ai fait une crise. Je n'arrivais pas à respirer?

Il m'a accompagné chez mon médecin qui m'a placé sous aérosol. Mon mari m'avait acheté ces médicaments.

Et le lendemain, je lui ai donné l'argent pour son achat.

À aucun moment, il l'a payé pour moi, me payer des vacances etc. Rien !

Cela a toujours été moi qui me paye mes habits, mon médecin, tous les meubles de la maison et quand mes enfants ont besoin de cours particuliers, pour une quelconque matière, c'était toujours moi ».

 

Moi : « Vous avez fait preuve d'une soumission terrifiante 😟😕

C'est votre éducation qui vous a poussé à accepter tout cela ? ».

 

Amina : « Effectivement. Il y a un mélange de tout, la société, l'éducation, la peur pour mes enfants. En aucun cas, j'ai pensé à moi autant que Amina ».

 

 

Moi : « En juillet 2002, un grand lama Tibétain, Taï Situ Rinpoché, m'a dit que "pour aimer les autres, il est important de s'aimer, de se faire respecter" ».

 

Amina : « Justement ».

 

Amina : « Je ne vous ai pas raconté la pression que j'avais subie à l'école, pendant le terrorisme.

Du jour au lendemain, les collègues femmes se voilaient, l'une après l'autre. Et puis on avaient les enfants des terroristes qui étaient élèves dans mon école.

Dès que le cœur de musique commençait, l'élève se levait et sortait. Son père lui avait dit qu'il ne fallait pas assister aux cours de musique et de français et, je pense, de sport aussi.

 

J'ai demandé à voir le directeur, pour lui exposer le problème. Il a refusé de me parler de ce problème. Il m'a crié dessus et il m'a dit "ne m'en parlez plus de ça". J'ai passé des nuits blanches à attendre qu'on vienne m'égorger et je priais dieu qu'on ne fasse pas de mal à mes enfants et surtout qu'on ne me viole pas avant parce qu'il parait qu'ils faisaient ça, avant d'éliminer les femmes. L'horreur quoi !😱

L'argent c'est la dernière chose à laquelle je pense. Je souhaiterai écrire et tenir un livre-témoignage, en main, et faire plusieurs stations, télévisions, radios, en témoignant pour les idées, qui changeront la loi pour les autres.

 

Pour votre info, j'ai écrit deux livres sur l'art culinaire kabyle où j'ai rassemblé certaines recettes à base de plantes et d'huile d'olive ».

 

Moi : « Vous avez des compétences et des talents cachés. Ces livres sont une façon de vous vendre aussi ».

 

Amina : « Tellement que je manquais de tout, tellement, j'étais malheureuse, donc j'ai excellée un peu dans d'autres domaines.

C'est une amie qui m'a donné l'idée [du premier livre]. Elle m'avait dit que tes recettes sont magnifiques, pourquoi ne pas les mettre dans un Seul livre ?

Et je l'ai fait ».

 

Amina : « Je reprends la suite de mon témoignage. Je vous raconterai ce que j'ai vécu, au fur et à mesure :

 

Un jour d'hiver, c'était au mois de février, il pleuvait en fin de soirée. Mon mari arrive saoul, comme d'habitude. Le ton s'élève entre nous, puis il me frappe.

Je perds connaissance. Il m'a transporté à l'hôpital, qui est à 3km, et il me laisse, là-bas, habillée juste en jupe léger, sans pull, ni veste, ni écharpe. L'infirmier m'avais dit "madame, vous pouvez partir, ça y est maintenant". J'ai dû faire le chemin à pieds. La pluie était au rendez-vous, avant d'arriver chez moi. Il y avait une falaise. J'ai failli me jeter, tellement j'avais mal au cœur. Les voitures klaxonnaient, pensant que j'étais là en train d'attendre des rendez-vous 😪😪

 

Un autre épisode : 

Une année et demie, après notre mariage, deux mois après la naissance de ma fille, pour un rien du tout, il me traite toujours de conne, d'abrutie. J'allaitais ma fille. Mon mari m'avait demandé de me lever du canapé, qui était dans le salon. Je lui ai demandé d'attendre, un moment, le temps que notre bébé dorme. Elle avait mon sein dans sa bouche. Mon mari m'a alors prise par les cheveux et me donnait des coup de pieds. Et moi, je criais "attention la petite". Mais sa colère dominait et donc il m'a tirée tout le long du couloir. J'ai dû le supplier pour qu'il me lâche. Et la petite hurlait 😪

Cet incident, je l'ai raconté à ma fille, je ne pouvais pas le garder pour moi.

En les racontant, je revis ces événements qui ce sont des plaies profondes en moi".

 

Moi : « Je ne comprends pas, que votre instinct de survie ou conservation n'ai pas joué, alors que votre vie était en danger. Que vous n'ayez pas, porté plainte, avec certificat médical, à l'appui, que vous n'ayez pas changé de domicile et que vous n'ayez pas demandé le divorce, immédiatement (et chaque fois, qu'il vous appelait et vous menaçait sur votre portable, vous auriez dû l'enregistrer).

Quand sa vie est en danger, on ne peut plus se laisser faire. Et en plus, même si vos parents disent de rester, vous devez résister à vos parents !!! Hier, j'ai exposé votre cas à une marocaine, qui a été dure, avec vous, disant que "vous étiez responsable de votre malheur".

Elle m'a dit que : "Les gens là-bas ne font que se plaindre. Mais ne sont pas dans l'action" ».

 

Amina : « peut-être. Mais tout le monde n'a pas le courage. Il m'a fallu beaucoup pour en réunir.

J'ai supporté et j'ai enduré, mais je me bat maintenant. Non ! je n'avais pas peur du divorce. J'avais peur de mes parents et de la société, surtout ».

 

Moi : « 22 ans d'attente, et vous vous battez, seulement, quand c'est votre mari qui a pris l'initiative du divorce (c'est à dire quand il est trop tard).

Cette ami marocaine m'a dit que son amie battue lui aurait déclaré "Tu ne sais pas à quelle point après qu'il m'a battu, il y a jouissance sexuelle entre nous, ça devient très intense" (bref elle témoigne d'une forme de masochisme dans sa relation de couple) ».

 

Amina : « D'ailleurs, vous croyez que, maintenant, je ne subis pas ? Tout le monde m'a tourné le dos, mais maintenant je me sens forte, ça c'est une autre histoire, croyez-moi. C'est ainsi que j'ai appris à connaître ma famille et mes amis après l'âge de 45 ans ».

 

Moi : « Quand votre vie est en danger et que vous perdez connaissance sous les coups, la peur de ses parents et de la société ne joue plus !!!!! Elle ne peut plus entrer en compte ».

 

Amina : « Non. Moi, ce n'était pas le cas. Je restais blasée [impuissante ?], dans mon coin, le cœur déchiré, pendant combien de temps. Et quand je pensais au rapport sexuel, j'appréhendais parce que je ne le désirais pas ».

 

Moi : « Cela me tue que vous accepteriez quasiment l'éventualité de mourir, de vous faire tuer, sans réagir ? Mektoub ? ».

 

Amina : « J'ai échappé à la mort parce que je n'avais pas le choix.

Actuellement personne ne vient chez moi, parce qu'ils ont peur de m'aider où que je leur demande de l'aide.

Seul un de mes frère, qui est en France, m'a aidé. C'est maintenant, uniquement, parce qu'à un certain moment, il construisait sa vie et il n'avait pas le temps de m'aider. Et en plus, c'est normal [, pour ma famille, de ne pas m'aider] ».

 

Moi : « J'aurais été ferme face à mes parents : vous préférez donc que votre fille meure, sous les coups de mon mari ?!! Alors vous êtes des parents indignes !!!

Vous n'êtes pas digne de votre fille.

Je pense que vous avez échappé à la mort uniquement, par un coup de "chance", par le hasard des circonstances. Visiblement, vous n'avez jamais pris connaissance ou conscience du nombre d'Algériennes qui ont succombé sous les coups de leur époux ».

 

Amina : « Oui ils [ma famille] ont préféré que je sois morte, au lieu que je retourne chez eux, avec mes deux enfants.

Mon père me l'a dit carrément : "Je ne veux pas de tes enfants chez moi".

Même quand j'allais faire un certificat médical, j'ai été humiliée, à plusieurs reprises [par le médecin légiste].

Il faut vivre ici, en tant que femme, pour le croire. Jeune, belle et grande, une femme est la proie de tous.

Ma mère est incapable de m'aider. Je ne lui en veux pas, car elle n'a pas de revenus. Mon père n'a rien voulu savoir ».

 

Moi : « Il faudrait comprendre les mécanismes de déni, de paralysie morale, qui a conduit à cette descente en enfer.

Il faudrait que ce témoignage puisse servir à d'autres victimes, pour leur faire comprendre les erreurs que vous avez faites et que surtout elles ne doivent pas reproduire. J'ai l'impression que cette société perverti la notion d'amour ... en tout cas, celle des parents envers leurs enfants ».

 

Amina : « si je voulais m'en sortir et venir en France ou dans un autre pays, j'utiliserai d'autres moyens [qu'un témoignage des atrocités vécues]. Mais, mon objectif est de faire part [publiquement] de mon histoire, pour empêcher d'autres pervers narcissiques de faire du mal aux femmes et pour que les autres prennent conscience et aussi pour dénoncer les contradictions de cette justice, basé sur la charia, leur charia sexiste.

Sinon, je vous ai dit que je souhaite mourir ailleurs ».

 

Moi : « Cette amie marocaine m'a dit que dans votre société les hommes se serrent les coudes pour expliquer l'attitude du juge qui n'a pas voulu prendre en compte les certificats médicaux qui sont tout de même de vraies preuves !!!

Elle dit "Là-bas, les hommes se liguent contre les femmes" ».

 

Amina : « Que [je vis] dans un pays qui m'a piétiné, qui m'a tué, à petit feu, qui m'a étranglé, étouffé ...

Oui ils se serrent les coudes quand ils s'agit d'un homme contre une femme

 

Vous vous rappelez l'histoire de mon fils, avec la police, quand il a cassé la voiture de son père ?

Le policier, quand il est arrivé à la maison, m'a regardé et m'a posé cette question "qui y-a-t-il ?".

Je lui ai répondu que "Mon mari m'avait cassé ma voiture et que son (mon) fils lui avait cassé la sienne".

Il m'avait demandé de venir déposer plainte, non contre mon ex-mari, mais contre mon fils !

Je suis partie. C'est alors qu'un autre policier est venu vers moi en me disant : "madame comment se fait-il que vous soyez divorcée et que vous habitez sous le même toit ?"

Parce que mon mari avait raconté une autre version comme quoi moi et mon fils s'étions légué contre lui et que mon fils lui avait cassé sa voiture, alors que lui n'a rien fait.

Alors que c'était lui mon ex-mari qui avait cassé ma voiture, en premier.

Après ma fille avait répondu rudement au policier : "On n’est pas là pour cette affaire [de divorce], on est là parce que lui (son père) nous cassé notre voiture".

Et c'est vrai il [ce policier] n'avait pas à se mêler de ça [de ce divorce].

Juste après ma fille, je lui ai répondu qu'on est en justice et quand la justice décidera on verra.

 

Mais je n'ai jamais pensé que mon propre mari allait attaquer son propre fils en justice ?!?!?

Votre Amie marocaine, il faut lui dire que chaque cas est un cas, et qu'ils ne se ressemblent pas.

 

Il m'ont à fallu du temps pour comprendre tout cela [que mon mari est un psychopathe]. Je ne suis pas psychologue. Il m'a fallu beaucoup de temps.

Peut-être à cause mon ignorance, peut-être, à cause de mon jeune âge. N'oubliez pas qu'il y a une différence d'âge de 13 ans entre lui (plus âgé) et moi ».

 

Moi : Mon amie marocaine m'écrivait hier : "Mais une fois majeure j'ai pris les rênes de ma vie. Je me suis battue jusqu'au bout [...] Je me suis défendu par tous les moyens".

 

Amina : « C'est ce que j'ai fait. Mais, pas une fois, quand j'étais majeure. J'ai dépassé l'âge de la majorité, mais seulement quand j'ai pu surmonter ma peur.

C'est seulement à ce moment que j'ai réunis mon courage et que j'ai foncé sans me retourner [sur ma famille] ».

 

Moi : « "Je suis dure parce qu'elles m'ont fait vivre l'invivable. Je suis dure avec elles [les femmes marocaines] parce qu'elle n'ont pas eu de cœur avec moi". Elle s'est battue pour faire changer une loi pour les femmes au Maroc. Et ce sont ces mêmes femmes, qui par bêtise et méchanceté, qui lui ont fait le plus de mal (qui l'ont trahi, planté des couteaux dans le dos). Elle a réussi à faire changer cette loi ».

 

Amina : « Ah ! C'est compréhensif. Bravo !

A ma connaissance, aucune femme [en Algérie] n'a osé écrire un livre pour dénoncer cette contradiction religieuse, chez nous, vis à vis de la femme face à la justice. Algérienne non, Marocaine si ».

 

Moi : « Il existe ce livre : ''Au-delà de toute pudeur'' de Soumaya Naamane Guessous ».

 

Amina : « Mais les algériennes racontent leur misère, mais je n'en connais pas qui touchent à la religion [à la charia].

D'ailleurs, ici c'est presque impossible. Je vous ai parlé de l'écrivain qui allait le faire, mais quand il a réfléchi, il n'a pas donné suite.

Il m'avait dit il faut raconter quelques choses qui sort de l'ordinaire, pas uniquement un divorce, ce qui est banal.

Je lui ai dit que je ne veux pas raconter mon divorce. Je veux raconter une injustice et une contradiction religieuse [concernant la justice rendue] vis à vis de la femme ».

 

Moi : « je comprends toute la difficulté du problème. Quand Hela Ouardi a écrit "Les derniers jours de Muhammad", elle a pris un gros risque.

Puis, elle a récidivé avec le livre "Les califes maudits" (sur les 4 premier califes), paru en 2019. Depuis, des oulémas la détestent.

Je viens de recevoir ce commentaire, en réaction avec votre témoignage :

De Safi : "et celui qui vous a frappé il n'est pas kabyle, il faut préciser aussi son identité comme vous l'avez fait pour vous "je suis kabyle". Je n'ai pas compris ce que ça veut dire, on voit et on entend ça qu'en Algérie. L'essentiel, tant qu'on a cette mentalité de ségrégation (kabyle, mozabite ...) , on ne trouvera pas de solution pour tout le monde, c'est à dire pour tous les algériens et algériennes" ».

 

Amina : « Être kabyle ou français ou juif, ne change pas les choses. J'ai donné ce témoignage, par apport à ce que j'ai vécu, et je voulais aussi dénoncer cette contradiction (avec ?) de la religion musulmane, qui imprègne tout en Algérie, quand il s'agit de justice, et qu'il y a, en son sein, du sexisme et de l'injustice.

 

Voici la réponse que j'ai obtenue d'une association féministe que j'ai contactée :

"Bonjour madame. J'ai discuté dans la journée avec une amie juriste. Elle me demandait si vous avez des enfants et quels âges ils ont. Concernant votre appartement, avez-vous participer à l'achat de ce dernier, et si oui, est-il possible de le prouver. Elle m'a dit que si l'appartement est entièrement à votre ex-mari (payé également par lui), et si vos enfants sont majeurs, alors c'est sans doute pour ça que la justice vous refuse cet appartement.

Voilà, j'essaye de vous aider au mieux, et désolé pour les questions personnelles".

 

C'est vrai que mes enfants sont adultes, mais j'ai construit cette maison avec mon ex-mari je l'ai même conditionné à la CNEP (Caisse nationale d'épargne et de prévoyance - une Banque en Algérie), mais la justice n'a pris ce fait en considération.

C'est toujours la même réponse. Cous voyez on ne peut se battre contre une société où une loi islamique est tordue ».

 

Moi : « Je dirais "inique" ».

 

Amina : « J'ai encore autres chose à raconter :

 

Pendant les années du terrorisme, il avait un barrage de police, fixé à quelques mètres de la maison. Ce jour-là, il y avait un ratissage dans une maison, où se réfugiaient les soi-disant terroristes, à 700m de là où j'habitais. Donc, à cause des bombardements, nous pouvions dormir, tout cette nuit, au point que nous avions des bourdonnements dans les oreilles. Au moment, où j'allais partir à l'école, en sortant de la maison, je constatais que tous les militaires encerclaient le quartier. Donc j'avais peur, tout en les regardant, avec un regard attristé (et vide), me disant qu’ils étaient tous très (trop) jeunes pour mourir. Et soudainement, je reçois une grande gifle de la part de mon conjoint, qui me traite de tous les noms, en me reprochant « tu étais en train de draguer le militaire ». Or j'étais enceinte, j'avais très mal dormi et je devais aller travailler 😥. Arrivée à l'école avec les traces de ses mains encore visibles sur mon visage, les collègues me demandaient ce qu’il s'était passé (??). J'ai dû camoufler cette histoire, parce que j'avais honte de moi 😓, en raison du fait que j’avais été battue.

 

Encore un autre événement douloureux :

Là, cela concerne le jour, où j'étais invitée à des fiançailles de la fille de notre voisine, qui se déroulaient dans un lieu éloigné de la maison. A mon retour, j'ai rencontré mon mari, en plein rue. Il a commencé à me donner de coups de poings en me disant "où tu étais espèce de pute ?". A ce moment, j’ai ressentie la honte de ma vie, car tous les voisins et passants me regardaient et spéculaient, dans mon dos, supposant que mon mari m'avait trouvé avec un homme [ou dans ses bras]. A cause de la honte ressentie, je ne suis pas sortie de la maison pendant une semaine. Mais, je ne suis pas reste les bras croisés. J'avais des témoins, sur place lors des fiançailles, qui ont attesté que j'étais bien aux fiançailles. De plus, je n’étais pas partie seule. J'étais accompagnées par deux voisines. Mais même avec ces témoignages, il est parti se plaindre auprès de mon père, qui lui a automatiquement donné raison.

J'avais tout fait pour convaincre mon père, que j'étais bien aux fiançailles et nulle part ailleurs. Sans résultat. Mon père préférait croire mon mari plutôt que de croire en sa fille ».

 

Moi : « J'ai beaucoup du mal à admettre ou à comprendre cette peur terrifiante que vous ressentez pour le « qu'en dira-t-on » et le regard social. Pour moi, vous n'auriez pas dû ressentir de la honte, même en étant battue par votre mari, si, du moins, vous n'aviez rien à vous reprocher à son égard. Au contraire, vous auriez dû avoir de la pitié pour lui.  Au contraire, c'est lui qui aurait dû ressentir de la honte, pour les injustices qu'il vous faisais subir ».

 

Amina : « Je croyais que le mariage était sacré. Du moins, c'est ce que prétend la religion et puis, en général, on se marie pour le meilleur et pour le pire. Mais, dans mon foyer, il n'y a jamais eu de réciprocité. Je faisais des crises, suite à une vésicule biliaire malade. D'ailleurs j'ai fini à l'hôpital. On m'a opéré. Pendant les crises, souvent il me laissait toute seule, avec les enfants. Malgré mes douleurs, il me disait « j'ai un rendez-vous, avec un gars, je ne peux pas annuler » Et la majorité du temps, il ne me donnait même pas d'explications. J'ai dû me faire opérer d'une fissure anale, suite au stress. Et quelques temps après, pour un canapé que j'avais déplacé, il m'avait violenté. La cicatrice de mon opération a failli se recouvrir. D'ailleurs, celle-ci était très douloureuse ».

 

Moi : Certaines maladies dont vous souffrez ont une composante psychosomatique et s'aggravent avec le stress, comme l' asthme ».

 

Amina : « Tout à fait. Vous parlez beaucoup de vérité, Benjamin. « J'aime la vérité, même amère », dit un proverbe. Mais mon conjoint me rabaissait toujours en me traitant de menteuse. Il m'a fallu des années pour comprendre que le véritable menteur manipulateur c'était lui 😔 ».

 

Moi : « Je pense que votre ex-mari était en même temps un grand narcissique et un grand paranoïaque. Certains paranoïaques sont enfermés dans le mensonge pathologique, jusqu'à finir à croire à leur propre mensonge. C'est une maladie grave. Et vous auriez dû vous enfuir (en profitant d'un voyage à l'étranger, en France etc.). D'un autre côté, il y avait vos enfants et donc je comprends que votre situation n'était pas facile à résoudre (d'autant que vos enfants étaient, pour lui, un excellent moyen de pression sur vous) ».

 

Amina : « J'ai oublié de préciser quelque chose de très important en Septembre 2009. J'ai fait appel à la justice, car je voulais divorcer. Or la justice a refusé ma demande, pour absence de motifs valables, y compris pour coups et blessures, violences verbales et physiques, incompatibilité d'humeur. La justice a refusé ces motifs et même de prendre en compte mes certificats médicaux 😔😔😔 J'ai encore tous les documents. Je vais les réunir dans un Seul dossier, pour prouver ce que j'avance.

Tous ces documents, qui sont chez mon avocat, prouvent mes propos.

Quand la femme demande le divorce,  on appelle ça "el khol" [ou el khul'][3].

J'ai oublié, autre chose très importante, pendant l'année scolaire, je vivais l'enfer et, pendant les vacances, je vivais un double enfer !! ».

 

Moi : « De Jean-Claude : "Vu ce que vous écrivez ici, vous aimerez certainement mon livre "Les oranges amères de petite Kabylie" qui n'est pas encore publié, mais qui va l'être très bientôt. L'histoire parle de la période des années 80, qui a précédé les émeutes de 88 et la décennie noire qui a suivi. Si vous êtes intéressées, envoyez-moi un message, pour en savoir plus (synopsis, extraits, avis de lecteurs du tapuscrit, etc. ...)" ».

 

Amina : « J'ai atteints les 100kg. J'ai presque fais une dépression, puis je me suis prise en charge et j'ai consulté ... pour me garder, au minimum, en santé, parce que ce n'était plus un problème d'esthétique, c'était un vrai problème de santé, dû au fait que j’étais devenue une « porte ouverte » à toutes les pathologies.

Je n'ai jamais trouvé la bonne personne, qui puisse m'écouter et qui m'épaule, surtout parce que j'avais très peur.

Et puis, je vous ai dit : le courage n'est pas donné à n'importe qui.

Il m'a fallu me battre, pas mal, pour survivre dans cette vie de violences verbales et physiques, dans laquelle je vivais. Il fallait que je me batte face à la société et la famille et cette contradiction présente dans la religion [sur laquelle tout le monde reste aveugle] 😨😨 Ça n'a pas été facile.

Chez nous [en Algérie, ] il n'y a même de sanction, ni de poursuite judiciaire. Bien, au contraire, on est marginalisé, quand on dépose plainte [contre son mari]. Ensuite, il n'y a rien [aucune suite], alors le mari est tout fier de te rigoler au nez 😞😞😞.

Tout cela m'a coûté 22 ans de ma vie, c'est peut-être peu ou c'est beaucoup. Je ne sais pas.

Le décès, c'est quelques secondes, mais la souffrance est très longue ».

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Note : Un article en relation avec ce récit :

 

COUP DE GUEULE

Les obscurantistes et les femmes au siècle XXI

Par Kamel Bencheikh

 

"Il est significatif que le statut de la femme demeure à peu près inchangé là où les religions sont encore très puissantes. Partout ailleurs, il est remis en question." "Ce que je crois" - Hervé Bazin.

 

Il y a ceux qui n’acceptent pas que les beaux cheveux des femmes flottent au vent et ceux qui ne veulent pas voir les belles jambes, nues et à l’air, des jeunes filles. Il y a ceux qui ne supportent pas que jeunes filles et jeunes hommes flânent ensemble le long des quais de Seine en se tenant par la main et ceux qui s’accommodent mal de voir des femmes qui savourent un verre de petit Chablis bien frais aux terrasses des cafés. Il y a ceux qui n’adoptent pas le mode de vie occidental et qui gardent gandoura, pantalon bouffant et qui s’affublent de barbes hirsutes.

 

https://www.lematindalgerie.com/les-obscurantistes-et-les-femmes-au-siecle-xxi



[1] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadia_A%C3%AFt_Za%C3%AF

[2] Cf.https://www.ciddef-dz.com

[3] khul' (ou khol') : forme de dissolution du mariage musulman qui intervient à l'initiative de la femme. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Khul%27