Sur l'apogée et le déclin du monde arabo-musulman
Dans le monde arabo-musulman, il y a
eu 2 périodes fécondes intellectuellement, mais qui se sont éteintes vers le
12° siècle [moment où au contraire l'occident décollait lentement], à
l'instigation et à la volonté [par le haut] de quelques rares califes "éclairés"
:
a) Celle d'Al-Andalus, grâce à deux califes :
1) Abd al-Rahman III (891-961).
Et 2) surtout Al-Hakam II (915-976) qui a fondé 27 écoles publiques où les
"savants" assuraient une instruction publique gratuite aux pauvres et
orphelins en échange de salaires attrayants. On y décréta l'enseignement
obligatoire pour tous les enfants.
Sous son règne, l'université de
Cordoue attirait des savants de tous les coins du monde. Al-Hakam II créa une
bibliothèque, symbole de cette culture andalouse, pluraliste, tolérante et
universaliste, avec plus de 400.000 volumes qui comprenaient toutes les
branches du savoir. Elle avait en annexe un atelier de greffe avec des
copistes, miniaturistes et des relieurs. Sous le règne d'al-Hakam II à partir
de 961, le califat est à son apogée.
Toute cette "ouverture"
s'arrêta sous les « pressions politiques » exercées par le « parti de ceux qui
craignaient Dieu » (les oulémas, des théologiens malikites) sur le calife
Al-Mansur, vers 1190.
b) Celles des califes abbassides à Bagdad :
Le califat abbasside sunnite
gouverna le monde musulman de 750 à 1258. Sous cette dynastie, l'économie était
prospère ; les villes se développaient ; l’industrie, les arts et les lettres
atteignaient leur apogée.
La tolérance des Abbassides envers
les populations non arabes permit l'expression des arts.
La dynastie abbasside donna
naissance à d’illustres califes comme Al-Mânsur (14-775), Al-Ma’mūn (786-833) ou Harun
ar-Rachid (765-809, le calife des Mille et une
Nuits).
Son le règne de ces dynasties se
sont développés, à Bagdad, Cordoue, Le Caire, Fez, Tunis, des "maisons de
la sagesse", une association de bibliothèques, de centres de traduction et
de lieux de réunion, vraisemblablement en vue de traduire les ouvrages de
cosmologie, d'astrologie, de mathématique, de philosophie de poésie et
d'histoire.
Le Bayt
al-Hikma de Bagdad est la bibliothèque personnelle du calife abbasside Haroun ar-Rachid de Bagdad qui s'ouvre aux savants en 832, sous le
règne d'Al-Mamun. Astronomes, mathématiciens, penseurs,
lettrés, traducteurs, la fréquentent, et parmi eux, al-Khwarizmi,
Al Jahiz, al Kindi, Al-Hajjaj
ibn Yusuf ibn Matar et Thābit
ibn Qurra.
Les révoltes internes et
l'invasion mongol mirent fin à cet "âge d'or".
Entre ces deux califats et ces
maisons, il y a eu des astronomes aux travaux astronomiques importants. Comme
ceux d'Alhacen, Alhazen ou Ibn al-Haytham
(965 – 1039) qui fut l'un des premier à énoncer les lois de la démarche
scientifique (source émission Cosmos avec Neil deGrasse
Tyson.) : Alhazen inventa un moyen de corriger ses erreurs, une méthode
systématique et implacable pour débarrasser son raisonnement de tout préjugés :
« La recherche de la vérité est ardue, la route qui conduit est semée
d’embûches, pour trouver la vérité, il convient de laisser de côté ses opinions
et de ne pas faire confiance aux écrits des anciens. Vous devez les mettre en
doutes et soumettre chacune de leur affirmations à
votre esprit critique. Ne vous fiez qu'à la logique et l’expérimentation,
jamais à l'affirmation des un et des autres, car
chaque être humain et sujet à toutes sortes d'imperfections;
dans notre quête de la vérité, nous devons aussi remettre en questions nos
propres théories, à chaque de nos recherches pour éviter de succomber aux
préjugés et la paresse intellectuelle. Agissez de la sorte et la vérité vous
serra révélée.».
Aux limites de cet empire, dans un
observatoire construit, à Maragha,
au nord-ouest de l'Iran, l'astronome Nasr Eddin Tusi réalisa des tables
extrêmement précises du mouvement des planètes.
Ses travaux auraient influencé
Copernic.
Citons encore :
a) Ibn Sînâ
(Avicenne), philosophe, écrivain, médecin et scientifique, connu pour son «
livre des lois médicales », composé de 5 livres, vers 1020, qui est son œuvre
médicale majeure.
b) Al-Khwârizmi,
mathématicien, géographe, astrologue et astronome perse, membre de la Maison de
la sagesse de Bagdad, qui a rédigé ce qui est considéré comme le premier manuel
d'algèbre.
c) Al-Bîrûnî,
Mathématicien, astronome, physicien, encyclopédiste, philosophe, astrologue,
voyageur, historien, pharmacologue et précepteur, est connu pour avoir étudié
la thèse de la rotation de la Terre autour de son axe et sa révolution autour
du Soleil.
Curieusement, aucun de ces
astronomes, qui avaient mis en évidence les défauts du modèle géocentrique de
Ptolémée, n'osa finalement le remettre en cause et adopter le modèle
héliocentrique.
Le recul intellectuel de la civilisation musulman après le 12° siècle
A cause de la prééminence de la
religion (du dogme) sur la science, tout cette éclosion intellectuelle pris fin
vers le 12° siècle.
Ibn Khaldoun (1332-1406), historien,
philosophe, diplomate et homme politique, d'origine andalouse, malgré ses deux
ouvrages :
_ a) Introduction à l'histoire
universelle,
et b) Le Livre des exemples ou Livre des
considérations sur l'histoire des Arabes, des Persans et des Berbères _
=> n'aura pas d'influence sur le
déclin de la civilisation musulmane.
Ibn Khaldoun y insiste dès le début
sur l'importance des sources, de leur authenticité et de leur vérification à
l'aune de critères purement rationnels.
Il est redécouvert par les
occidentaux au 18° siècle.
On le considère comme l'inventeur de
la sociologie moderne.
Il a été beaucoup plus lu en
Occident que dans le monde arabo-musulman.
Le plus terrible, dans son déclin,
est le monde arabo-musulman ou ottoman n'a jamais adopté l'imprimerie, qui fut
seulement introduite discrètement au Liban, au 19° siècle, par une congrégation
chrétienne.