Hypothèses sur les mécanismes psychologiques en jeu dans les religions

 

Benjamin LISAN, 18/04/2018

 

Ma conviction est que la croyance ou conviction religieuses est avant un conditionnement (pavlovien).

 

Par exemple, pour augmenter la conviction du croyant chrétien, on lui montre le caractère exceptionnel des miracles de Jésus, dont le plus important est la résurrection d'entre les morts et le fait que c'est la dernière religion, puisque Jésus a dit que tous les prophètes qui viendront après Jésus seront de faux prophètes [Matthieu 24:24 Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront ...] (donc cela inclus Mahomet qui serait un faux prophète du point de vue chrétien).

En plus, pour le chrétien, Jésus est le Messie, annoncé par les textes de la Torah.

Ensuite, Jésus reviendra en gloire à côté de Dieu à la fin des temps (Apocalypse de Saint-Jean).

Cela sera la généalogie des nombreux prophètes de l’ancien testament.

 

Pour convaincre le musulman que l'islam est la seule vraie religion, voici la façon de procéder :

On dit que l'islam est la dernière religion et que Mahomet est dernier et le sceau des prophètes.

Comme c'est la dernière, c'est donc elle qui détient la vérité.

En plus, l'on affirme qu'elle a réalisé le syncrétisme de toutes les religions précédentes, en corrigeant les révélations précédentes en disant ce qui est vrai et faux en elles.

Comme si, de fait, elle détenait la vérité ultime.

 

On rajoute le miracle du voyage nocturne de Mahomet à Jérusalem sur le cheval Bouraq.

Puis on rajoute une couche de "concordisme islamique" _ c'est à dire "les miracles scientifiques du Coran" [qui sont une imposture scientifique, mais les adeptes ne sont pas censés le savoir].

Enfin, le succès de toutes ses expéditions militaires et du djihad guerrier, est LA PREUVE que s'il n'était pas protégé par Allah, il n'aurait pu autant réussir TOUTES ses conquêtes et exploits guerriers.

 

Pour le judaïsme, cela par exemple :

Les nombreux miracles spectaculaires liés à la vie de Moïse (les sept plaies d’Egypte, l’ouverture de la mer rouge, le miracle de la manne céleste tombant tous les jours du ciel (Exode), la réception des tables de la loi sur le mont Sinaï …), liés à la vie du roi Josué (l’arrêt de la course du sol, à la demande du roi Josué …) …

Cela sera aussi la généalogie des nombreux prophètes de la torah.

Le fait que Dieu a particulièrement choisi et élu le Peuple Juif.

 

C'est ainsi qu'on conditionne les fidèles d'une religion, par la révélation de choses extraordinaires et enthousiasmantes (conditionnement positif).

 

Un autre mécanisme psychologique qui permet de maintenir le croyant dans la religion, c'est de le maintenir dans la peur, peur de l'enfer, du diable, des entités malfaisantes (djinns, revenants ...), du blasphème, de l'apostasie, de l'apocalypse, de la fin des temps... (Conditionnement traumatique).

 

Certaines religions utilisent aussi un mécanisme puissant pour resserrer les liens entre les fidèles de la religion et entre le fidèle et son gourou, l’invention du bouc émissaire et de l’ennemie extérieur à la secte, qui serait supposé vouloir du mal aux fidèles, à la secte et à son gourou. Par exemple, cela sera les juifs _ ceux qui encourent la colère de Dieu _, les chrétiens _ les égarés …

La paranoïa du gourou, de ses écrits, de ses déclarations, peut contaminer ses adeptes, les poussant à être hostiles, malveillants pour la "bonne cause".

 

C’est aussi donner l’impression, aux fidèles, que la secte et ses adeptes ont été élus par Dieu (« Vous êtes la meilleure communauté au monde »).

 

La secte peut aussi faire accéder aux adeptes, en son sein, à des rituels et des connaissances secrètes, qui ne sont réservées qu'aux adeptes, qui leur donnent un sentiment de supériorité par rapport aux communs des mortels.

 

Note : Si j'étais un gourou qui a un énorme besoin de reconnaissance, c'est ainsi que je procèderais pour avoir de nombreux fidèles sous mon contrôle, afin d'accroître mon pouvoir.

 

Pour moi, les prophètes sont des personnes qui souffrent de troubles de la personnalité narcissique, qui ont un énorme besoin de reconnaissance, qui souffrent de diveres psychopathologies plus ou moins graves (psychoses, épilepsie du lobe temporal, mythomanie...).

 

Le leader et l’adepte ont besoin l’un de l’autre pour survivre. L'adepte ressent le besoin de s'associer à un être qu'il voit comme grand afin de mieux l'admirer et d'entretenir la quête d'un idéal.

Quant au gourou, il souffre d’un déficit de reconnaissance. Or l’admiration qu’il arrive à susciter chez les adeptes et le contrôle qu’il a sur eux lui permettent de satisfaire son besoin de reconnaissance et d’éviter les critiques qui seraient d’autant de causes de blessures narcissiques.

 

Pour sa part le leader ressent un besoin constant d'être rassuré quant à son rôle dominant et à sa grandeur. Il se doit de préserver la ferveur de ses membres.

Il arrive que le gourou dépende également de plus en plus de la gratification narcissique que lui apporte l'existence et la présence de ses adeptes. L’intensification de cette dynamique relationnelle peut conduire à des comportements extrêmes (menaces, violences physiques...), dès qu’il craint que son besoin narcissique de reconnaissance n’est pas satisfait.

 

Poussés par nos désirs, nous sommes tentés de croire à des paroles, à des idées, à des dogmes et à des personnes qui mettent en jeu ces désirs.

Les croyances permettent d’échapper au réel, surtout quand ce dernier nous apparaît trop dur et insoutenable. C’est une sorte de mécanisme de défense, qui dans certains cas peut être contreproductif et nous pousser un déni suicidaire de la réalité crue (dure) du monde extérieur.

 

L’Homo sapiens serait prédisposé à croire ce que lui disent ses congénères. Certes, avec l’expérience, il apprend que ses semblables peuvent se tromper et peuvent lui mentir, mais fondamentalement, il ne raisonne guère selon la logique cartésienne, qui est normalement la démarche de recevoir des informations, les mettre méthodiquement en doute et, finalement, juger de leur vérité en toute indépendance.

 

Un philosophe allemand : Novalis disait : « Ma conviction gagne infiniment en force dès qu’une seconde personne l’a adoptée ». À la lumière des recherches de la psychologie on peut le dire autrement : notre conviction a tendance à se maintenir ou à se renforcer quand nous la partageons avec un groupe et quand nous parvenons à augmenter le nombre de ceux qui y adhèrent. Nos croyances sont davantage une question d’échanges sociaux que d’observation et de raison.

 

Note : Beaucoup de personnes commettent le biais cognitif [erreur de raisonnement] que plus une croyance est partagée par un nombre important de personnes, plus alors elle doit être vraie (Argumentum ad populum). Ce qui est, en fait, faux. Pendant 13 siècle, tous les « savants » occidentaux ont cru que la cosmologie de Ptolémée était exacte. Et donc, c’était la vérité jusqu’à au 16° siècle, jusqu’à ce que des scientifiques découvre.

 

Je pense aussi que dans le cas de certains rois bibliques "mégalomanes" (et probablement "paranoïaques"), comme les rois Josué et David, ces derniers ont certainement engagé des chroniqueurs ou scribes pour rédiger leur légende (dorée), afin de s'auto-diviniser. En tout cas, l'étude de l'archéologue Israël Finkelstein et de l'historien et archéologue Neil Asher Silberman, dans leur ouvrage "la Bible dévoilée", montre que les données archéologiques ne corroborent pas les récits bibliques des conquêtes du roi Josué.

En plus l'histoire est le plus souvent écrite par les vainqueurs.

 

Pour répondre à quelqu'un qui me disait que Jésus n'était pas un gourou (au sens négatif du terme), qu'il n'aurait pas recherché le pouvoir et les richesses, disons que parmi les prophètes, Jésus est celui qui me paraît le plus sympathique. Un article psychiatrique américain expliquerait peut-être la psychopathologique de Jésus : The Role of Psychotic Disorders in Religious History Considered [Le rôle des troubles psychotiques dans l'histoire religieuse considérée], Evan D. Murray ,MARYLAND, Miles G. Cunningham ,MD, Ph.D.Et Bruce H. Price ,MARYLAND, http://neuro.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/appi.neuropsych.11090214

 

Mon interprétation de certaines psychopathologies est que la puissance subjuguante du "sentiment prophétique" donne l'impression d'être missionné par Dieu... et ce sentiment [cette puissante illusion] n'est pas toujours le signe de santé mentale.

D'ailleurs, comme disait le psychiatre Thomas Szasz "Si vous parlez à Dieu, vous êtes en train de prier ; si Dieu vous parle, vous êtes schizophrène."

 

Ce ne sont que des idées simplistes qu'il faudrait analyser, étayer, valider ou réfuter.

 

Merci à Gérard Vignaux, pour certains des idées reprises dans ce texte.