Retour sur l'affaire du livre « Aristote au Mont Saint-Michel » de Sylvain Gouguenheim

 

Par Benjamin LISAN, le 19/09/2019, mis à jour le 30/01/2020

1         Introduction

 

Sylvain Gouguenheim est agrégé d’histoire, docteur ès-lettres, professeur d’histoire médiévale à l’École Normale Supérieure de Lyon (ex-Saint-Cloud), rattaché au laboratoire CIHAM de Lyon. Il est auteur de plusieurs ouvrages : sur Hildegarde de Bingen, sur les « terreurs de l’an Mil », sur les chevaliers teutoniques.

En mars 2008, il publie un livre « Aristote au Mont Saint-Michel » (aux Ed. Seuil), dont le thème général est la transmission de l’héritage intellectuel de la Grèce à l’Europe médiévale.  

 

La thèse est que l’essentiel de cette transmission s’est effectué directement, ce qui tend à réduire le rôle de la médiation arabe[1]. Son ouvrage souligne la précocité d'une transmission directe du savoir grec par les monastères chrétiens et le fait que l’héritage grec s’est transmis à l'Europe occidentale directement par Constantinople. Et donc il remet en cause l'idée répandue que la diffusion de la philosophie, de la mathématique et de la physique au Moyen Âge serait due exclusivement à l'Espagne musulmane[2].

 

L'auteur soutient que l'abbaye du Mont Saint-Michel, dès le XIIe siècle, a été le théâtre d'un important travail de traduction[3], directement du grec en latin, de la plupart des œuvres disponibles d'Aristote. Si l'on sait peu de choses de l'équipe de traducteurs (dont Jacques de Venise qui vécut à Constantinople et fit un long travail de traduction de 1127 à 1150 aurait fait partie), on sait que la diffusion de ces traductions fut considérable :

 

·         Une centaine de manuscrits de la Physique, dispersés à travers toute l'Europe ;

·         Des Seconds Analytiques dont on recense 289 exemplaires du Vatican à Toulouse ;

·         Les Métaphysiques utilisées par saint Thomas d'Aquin et par Albert le Grand.

 

L'auteur note ensuite que Averroès et Avicenne ne connaissaient pas le grec, que les traductions arabes d'Aristote dont ils disposaient avaient été faites par des arabes chrétiens (syriaques), que le savoir a régulièrement circulé entre Byzance et l'Occident, bien mieux qu'entre la civilisation islamique et l'Occident.

 

« Le premier chapitre de l’ouvrage entend démontrer l’existence dans l’Occident médiéval d’une « filière grecque » endogène et par là même réfuter l’idée d’un « intermédiaire arabe » entre la culture antique et l’Occident moderne. Pour ce faire, S. Gouguenheim commence, en s’appuyant sur les travaux d’Hervé Inglebert, par relativiser la coupure avec le monde antique qu’auraient constitué les « invasions barbares ». Puis il insiste sur la permanence des liens entre l’Occident et le monde grec au Haut Moyen Age, notamment par le biais des flux de réfugiés byzantins fuyant les persécutions religieuses des empereurs ou, par la suite, l’avancée des troupes musulmanes (ce qui lui fait dire que « paradoxalement, l’Islam a d’abord transmis la culture grecque à l’Occident en provoquant l’exil de ceux qui refusaient sa domination » ; p. 34). […] »[4].

« Au premier rang de ces traducteurs [qui ont transmis le savoir grec], S. Gouguenheim place Jacques de Venise et « les moines pionniers du Mont-Saint-Michel » -dont on ne sait si Jacques de Venise fit partie - auxquels il consacre son troisième chapitre. En effet, le scriptorium de l’abbaye du Mont-Saint-Michel fut au XIIe siècle le lieu d’une vaste entreprise de traduction et de commentaire de l’œuvre d’Aristote du grec au latin qui, à en croire S. Gouguenheim, connut dès ses débuts une importante diffusion, ce qui lui permet d’affirmer que « la place du Mont-Saint-Michel apparaît essentielle dans le processus de diffusion de la pensée d’Aristote » dans l’Occident médiéval (p. 120) »[5].

« […] il entreprend en contrepoint de montrer que le monde musulman en fut [...] dépourvu [des ferments d’hellénité], ou plus précisément qu’il ne put, ne sut ou ne voulut les faire fructifier [... Pour lui] si des Arabes furent bien impliqués dans la traduction des auteurs grecs au Moyen Age, ceux-ci furent quasiment toujours des chrétiens arabisés -nestoriens, syriaques, jacobites- et jamais des Arabes musulmans. L’attrait oriental pour la culture grecque ne serait donc pas le fait de la religion musulmane mais des seuls chrétiens orientaux qui, au demeurant, « usaient communément de deux langues, le grec, langue de culture et de l’administration impériale byzantine, et le syriaque » alors que « jamais les Arabes musulmans n’apprirent le grec » (p. 85). Les traductions arabes d’auteurs grecs se firent par l’intermédiaire du syriaque si bien que selon l’auteur, « l’Orient musulman doit presque tout à l’Orient chrétien » (p. 101). [...] le cœur de ce qui a fait polémique, [est que] la religion musulmane serait [...] ontologiquement incompatible avec les valeurs de la culture grecque [...] si les élites musulmanes ne parlaient pas le grec, c’est parce qu’elles n’en éprouvaient ni l’envie ni le besoin : « l’indifférence l’emporta souvent mais il y eut aussi de nombreux rejets radicaux » (p. 127). Pour expliquer cette supposée indifférence du monde musulman à l’égard de la culture grecque, S. Gouguenheim en vient finalement à avancer la thèse d’une incompatibilité linguistique entre les deux civilisations, l’arabe -langue sémitique- étant qualifié de « langue de religion » propice à la poésie alors que le grec -langue indo-européenne- serait lui plus propice à la philosophie : « en somme, les différences entre les deux systèmes linguistiques sont telles qu'elles défient presque toute traduction, tant le signifié risque de changer de sens en passant d'une langue à l'autre » (p. 137). Il y a donc à proprement parler, à en croire l’auteur, une incompatibilité linguistique entre les deux civilisations, à laquelle viendrait s’ajouter le poids des dogmes religieux : c’est le thème du « crible », du « filtre » ou encore du « tamis » musulman auquel aurait été soumis l’héritage grec en terre d’Islam. « L’héritage grec fut donc soigneusement trié et la part acceptée infléchie dans une direction religieuse, réorientée en fonction des exigences du Coran. Les deux civilisations, celle de la Grèce antique et celle de l’Islam classique ne se sont pas mélangées » (p. 164) pour la simple raison que, selon l’auteur, elles ne le pouvaient pas » [6].

 

2         Le cœur de la polémique

 

« [affirmer] que la translatio studiorum théorisée par les médiévistes était a priori impossible du fait d’une prétendue incompatibilité entre hellénité et islamité est beaucoup plus aventureux et ne pouvait manquer, quoique l’auteur s’en défende, d’entrer en résonnance avec les débats politiques les plus contemporains. C’est précisément ce qui va vite nourrir les soupçons : était-il besoin pour établir les filiations culturelles endogènes à l’Europe d’en passer par une essentialisation outrancière du monde islamique ? » [7].

 

Gouguenheim  écrit aussi « La curiosité envers l’autre [l’altérité] est une attitude typiquement européenne, rare hors d’Europe, et exceptionnelle en Islam » (citation empruntée à l’universitaire Rémi Brague, p. 167) et « On ne peut à la fois suivre Jésus et Mahomet (…) L’altérité conflictuelle entre chrétiens et musulmans pose le problème des identités respectives des deux civilisations » (p .168).

 

3         L’emballement médiatico-critique

 

3.1        Des chroniqueurs emballés

 

« Roger Pol-Droit est le premier à faire écho de la nouvelle parution, dans les colonnes du Monde des Livres en date du 4 avril. Il y donne une recension élogieuse de l’ouvrage qu’il qualifie de « fort courageux » car n’hésitant pas, sur un sujet pour lequel « les enjeux idéologiques et politiques pèsent lourd », à aller à l’encontre des « préjugés de l’heure ». Tout en faisant siennes ses conclusions, il prédit que le livre «va susciter débats et polémiques » ».

 

Stéphane Boiron, professeur à l'université de Rouen et spécialiste du droit canonique, lui emboîte le pas dans Le Figaro Littéraire, du 17 avril, qui va jusqu’à féliciter l’auteur « de n'avoir pas craint de rappeler qu'il y eut bien un creuset chrétien médiéval, fruit des héritages d'Athènes et de Jérusalem »[8]. Allant encore plus loin, il fait du livre de S. Gouguenheim une illustration de la justesse du diagnostic porté par Benoît XVI quant au rapport entre Islam et raison dans la conférence controversée prononcée à Ratisbonne le 12 septembre 2006.

 

« Plus que la démonstration de l’auteur, ce sont donc ses conclusions perçues comme politiquement incorrectes et particulièrement salutaires qui séduisent les deux journalistes. On voit là comment d’emblée, l’ouvrage est tiré hors du champ des études médiévales pour servir à des débats d’une toute autre nature : il est vrai cependant que bien qu’il s’en défende, il prêtait le flanc à de telles récupérations ».

 

L’article de Pol-droit se termine par un franc coup de chapeau (voir ci-dessous) :

 

« Somme toute, contrairement à ce qu’on répète crescendo depuis les années 1960, la culture européenne, dans son histoire et son développement, ne devrait pas grand-chose à l’islam. En tout cas rien d’essentiel. Précis, argumenté, ce livre qui remet l’histoire à l’heure est aussi fort courageux. ».

 

Le Figaro Littéraire publie le 17 avril 2008 une autre critique dithyrambique qui se termine par ces mots :

 

« Félicitons M. Gouguenheim de n’avoir pas craint de rappeler qu’il y eut bien un creuset chrétien médiéval, fruit des héritages d’Athènes et de Jérusalem. Alors que l’islam ne devait guère proposer son savoir aux Occidentaux, c’est bien cette rencontre, à laquelle on doit ajouter le legs romain, qui ’a créé, nous dit Benoît XVI, l’Europe et reste le fondement de ce que, à juste titre, on appelle l’Europe’. ».

 

Invité par Alain Finkielkraut à débattre sur France Culture, Rémi Brague explique que le mérite de ce livre est « d'avoir braqué les projecteurs du grand public sur des questions réservées aux spécialistes ».

 

La promotion du livre dans la presse, notamment par les critiques approbatrices de Roger-Pol Droit dans Le Monde (18 avril 2008) puis par Jean-Yves Grenier dans Libération, provoque une polémique[9].

 

3.2        Le ballet des critiques

 

L’ouvrage a provoqué une flambée d’articles dans la presse (Le Monde, l’Express, le Figaro, Libération…), de vives réactions chez les historiens (appel de 200 enseignants, chercheurs, personnels, auditeurs de l’ENS de Lyon, articles de Jacques Verger, Max Lejbowicz, entre autres…).

 

« La polémique a dérapé vers des procédés inhabituels entre universitaires, pour lesquels l’arme absolue ne va pas plus loin, à l’accoutumée, que l’éreintement dans une revue spécialisée. En l’occurrence, des manifestes furent publiés dans la presse et l’on fit circuler des pétitions »[10].

 

Cet ouvrage historique, passé relativement inaperçu à sa sortie, a donné lieu à une polémique dont l’ampleur et le retentissement médiatique sont assez rares dans le champ de l’histoire médiévale. Puis, la polémique s’est transformée en un dialogue de sourd entre les différents protagonistes.

 

Pour certains médiévistes, la thèse de Gouguenheim  s’apparente à du « révisionnisme » [d’extrême-droite]. Le 24 avril 2008, dans le Monde : deux historiens, Gabriel Martinez-Gros (Paris-VIII) et Julien Loiseau (Montpellier-III) tirent à boulet rouge :

 

« Dans sa révision de l’histoire intellectuelle de l’Europe chrétienne, Sylvain Gouguenheim passe pratiquement sous silence le rôle joué par la péninsule Ibérique, où on a traduit de l’arabe au latin les principaux textes mathématiques, astronomiques et astrologiques dont la réception allait préparer en Europe la révolution scientifique moderne ».

 

Ils vont plus loin, puisqu’ils accusent l’auteur de sympathies suspectes (voir ci-dessous) :

 

« Dans ces troubles parages, l’auteur n’est pas seul. D’autres l’ont précédé, sur lesquels il s’appuie volontiers. Ainsi René Marchand est-il régulièrement cité, après avoir été remercié au seuil de l’ouvrage pour ses ’relectures attentives’ et ses ’suggestions’ ».

« Son livre, Mahomet. Contre-enquête’, figure dans la bibliographie. Un ouvrage dont le sous-titre est : ‘Un despote contemporain, une biographie officielle truquée, quatorze siècles de désinformation’. Or René Marchand a été plébiscité par le site Internet de l’association Occidentalis, auquel il a accordé un entretien et qui vante les mérites de son ouvrage ».

« ‘Un site dont ’l’islamovigilance’ veille à ce que ’la France ne devienne jamais une terre d’islam’. [...] Les fréquentations intellectuelles de Sylvain Gouguenheim sont pour le moins douteuses. Elles n’ont pas leur place dans un ouvrage prétendument sérieux, dans les collections d’une grande maison d’édition. ».

 

Le 25 avril, Le Monde publie une lettre envoyée par l'historienne des mathématiques grecques et arabes Hélène Bellosta et signée par quarante chercheurs, dont Alain Boureau. Gabriel Martinez-Gros, arabisant et historien de l'Espagne musulmane, et Alain de Libera, historien de la philosophie médiévale, lui reprochent de nier, à des fins idéologiques, le rôle joué au Moyen Âge par les intellectuels arabes dans la transmission du savoir grec à l'Europe, ce qui l'amène à écrire des « inepties »[11], et lui reprochent de développer une thèse nourrissant celle du prétendu choc des civilisations.

 

Dans le Télérama du 5 mai, Gouguenheim est accusé de couver un « répugnant dessein » : celui de « réduire à néant la notion même d'arabité ».

 

On lui reproche d'avoir accepté les contributions d'un essayiste arabisant, René Marchand, se réclamant du gaullisme et ne faisant pas mystère de sa hantise de la progression de l'islam en Europe[12].

 

Patrick Boucheron, qui dirige une collection dans la maison d'édition du Seuil, mais n'a pas hésité à signer la lettre de Libération, reprochant à Gouguenheim d'avoir fait un « travail d'amateur fondé sur la compilation et l'a priori ».

 

Pour les médiévistes Gabriel Martinez-Gros et Julien Loiseau, ce livre « nie obstinément ce qu’un siècle et demi de recherche a patiemment établi »[13].

 

Pour Alain de Libera « L’hypothèse du Mont-saint-Michel, chaînon manquant dans l’histoire du passage de la philosophie aristotélicienne du monde grec au monde latin hâtivement célébrée par l’islamophobie ordinaire, a autant d’importance que la réévaluation du rôle de l’authentique Mère Poulard dans l’histoire de l’omelette ». Et de conclure : « Cette Europe-là n’est pas la mienne. Je la laisse au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale et aux caves du Vatican. » »[14].

 

À Lyon, après la tempête, l'institution universitaire semble vouloir calmer le jeu. Réuni le 19 juin 2018, le conseil scientifique de l'École normale supérieure de Lyon « regrette que les thèses présentées dans l'ouvrage n'aient pas fait l'objet d'une présentation au sein de l'École et appelle à rétablir un climat de confiance au sein de la section histoire médiévale ».

 

De leur côté, les élèves de Sylvain Gouguenheim ont signé une pétition de soutien de leur professeur[15].

4         Les différents avis

 

4.1        Contre et polémiques

 

Selon Max Lejbowicz, au sujet du travail de Sylvain Gouguenheim, il parle de « impostures gouguenheimiennes » et de son « ignorance [qui] fait tache d’huile ». « Il méconnaît les expressions les plus élaborées de la culture européenne médiévale et, parce qu’il les méconnaît, il n’est pas en état de connaître la culture arabo-musulmane de cette période. Gouguenheim est tout entier au service d’un seul objectif : faire l’apologie de l’Europe chrétienne, quoiqu’il en coûte à la déontologie de l’historien ». « Gouguenheim commet une série d’erreurs d’interprétation, qui [...] tendent à minorer le rôle du souverain, en l’occurrence d’al-Ma’mūn, et celui des lettrés abbassides »

 

Concernant Roger-Pol Droit, Max Lejbowicz écrit « il faut en conclure que Roger-Pol Droit a « tout simplement » confondu Duns Scot (1265 à 1308) avec Jean Scot (v. 800-876) » […] « au nom de quoi l’auteur d’une confusion entre le maître de l’école palatine Jean Scot et l’universitaire Duns Scot est-il autorisé à parler de philosophie médiévale ?

À l’inverse d’Averroès, Avicenne n’a pas commenté Aristote ; il l’a réexposé dans des ensembles originaux par le fond et par la forme ».

 

Il écrit encore « Aujourd’hui encore, la société française ne s’est toujours pas remise des aventures coloniales de ses aïeux, comme si la meilleure preuve des racines grecques de l’Europe chrétienne était ce pur mirage : en signant en 1962 les accords d’Évian, la France a gagné la guerre d’Algérie … ».

 

Selon Sylvain Piron, « Ces approximations [de Gouguenheim] reflètent pour une part les ignorances d’un néophyte qui n’avait publié auparavant aucun article scientifique sur les questions d’histoire des savoirs dont il traite ici »

Il ignore « Ces échanges [entre chrétiens et musulmans] ont permis à l’Europe de retrouver la philosophie grecque et de découvrir la science et les technologies arabes[16]. ».

S’il parle de « Hunayn Ibn Ishaq », il ignore « Al Kindi, son exact contemporain, qui fut à Bagdad l’animateur d’un autre cercle de traducteurs tout aussi important. L’un des textes les plus influents du XIIIe siècle latin, connu sous le nom de Liber de causis, fut composé au IXe siècle à Bagdad dans le cercle d’Al Kindi (un texte apparenté, la Théologie d’Aristote, connut son heure de gloire en Occident aux XVIe et XVIIe siècles). Par cet intermédiaire, et d’autres sources, Thomas d’Aquin fut autant marqué par les courants néoplatoniciens que l’avait été Avicenne. Traiter le premier de rationaliste et le second de mystique est une absurdité difficilement justifiable. ».

« Ce dernier se réfère uniquement aux travaux d’auteurs français tels que Dominique Urvoy, Rémi Brague, René Marchand (davantage utilisé qu’il n’est explicitement cité) ou Anne-Marie Delcambre, tous marqués par une vision très négative de l’islam, en ignorant ceux de spécialistes internationalement reconnus tels que Dimitri Gutas, Gerhard Endress ou Cristina D’Ancona ou des Dominicains de l’Institut d’études orientales, de Georges Anawati à Régis Morelon. Plusieurs sensibilités s’expriment dans l’étude de l’islam médiéval ; il préférable de s’informer le plus largement de ces différentes approches, plutôt que de s’enfermer dans un seul sillon étroit, d’autant plus lorsqu’on n’est capable d’accéder directement aux sources »

« L’abbaye du Mont Saint-Michel a pour caractère remarquable d’avoir conservé, les unes après les autres, les strates successives de la traduction latine d’Aristote, de Boèce à Robert Grosseteste, y compris dans ses versions arabo latines. En revanche, contrairement à ce qu’annonce la quatrième de couverture, elle n’a jamais été « le centre d’un actif travail de traduction » et Jacques de Venise lui-même n’y a certainement pas mis les pieds. Là encore, les louanges adressées à ce personnage obscur sont totalement disproportionnées »

« Parmi les autres traducteurs de grec en latin au XIIe siècle, l’activité de Burgondion de Pise est bien plus riche et variée [que celle de Jacques de Venise] et la seule probité historique appelait à mentionner, en contrepoint, les traductions réalisées sur l’arabe par Gérard de Crémone. »[17].

 

Selon Jacques Verger, l'auteur, s'il connaît le grec classique, ignore cependant l'arabe et n'est pas un spécialiste du monde musulman ni des Chrétiens orientaux ; son livre est fondé sur une lecture de la littérature secondaire et non sur un travail des sources[18].

 

Thomas Ricklin, professeur à l'Université Ludwig Maximilian à Munich et historien de la philosophie médiévale, estime en mai 2011 dans la revue franco-allemande en ligne Trivium que « la grande majorité de la communauté scientifique » considère Aristote au Mont-Saint-Michel « tel qu'il est, c'est-à-dire comme un ouvrage scientifiquement malhonnête ». Th. Ricklin souligne aussi que « rarement un historien contemporain a si peu respecté les règles élémentaires de notre métier »[19].

 

Dans une présentation de l'ouvrage collectif Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante[20]Aurélien Robert, spécialiste des théories de la connaissance et la philosophie naturelle à la fin du Moyen Âge, juge que ce livre montre « la fausseté historique avérée de nombreuses thèses centrales » de l'ouvrage de Gouguenheim , dans lequel on peut voir « le reflet d’enjeux qui dépassent largement la querelle d'érudits ». Il estime que l'ouvrage de Gouguenheim adopte un point de vue islamophobe et « entend prendre le contre-pied d'un savoir déjà constitué par des spécialistes, tout en ne s'adressant pas à ces derniers »[21]. Toujours selon lui :

 

« Non seulement, on trouve dans n'importe quelle bonne (et même mauvaise) encyclopédie une notice sur Jacques de Venise, mais les critiques ont négligé la fin du livre dans laquelle apparaissent les thèses essentialistes sur l'Islam (civilisation incapable d'assimiler le savoir grec et de s'ouvrir aux autres cultures) et sur la langue arabe (inapte à traduire le grec et à rendre un discours philosophique). Les médias ont ainsi pris position en faveur de l'historien isolé et victimisé, reconduisant ainsi les clichés sur les représentants de la doxa universitaire et ses mandarins. »

 

Pour les spécialistes de philosophie médiévale (Alain de Libera, Marwan Rashed, Rudi Imbach), d’anthropologie historique (Alain Boureau), d’histoire des sciences (Hellène Bellosta), du judaïsme (Jean-Christophe Attias), ou encore de linguistique (Djamel Eddine Kouloughli, Irène Rosier-Catach), et d’histoire (Annliese Nef), 1) nous ne savons rien ou presque du « fameux » Jacques de Venise, et rien ne prouve l’existence d’une véritable Ecole de traducteurs au Mont-Saint-Michel, 2) on doute même de l'existance de « l'Ecole de Tolède », 3) Gouguenheim  n’est ni helléniste, ni hébraïsant ni arabisant, 4) il exagère l’importance du rôle des syriaques (chrétiens), dans la transmission des œuvres d’Euclide, de Platon et d’Aristote en arabe, 5) il n'y a pas eu incompatibilité de l’islam et de la science : la rationalité ne fut pas le fait que du seul Occident grec, puis chrétien[22].

 

Spécialiste du judaïsme, Jean-Christophe Attias reproche au livre de Gouguenheim  de n'avoir pas ou quasiment abordé la contribution intellectuelle et philosophique de Maïmonide, de Abraham ibn Ezra (1089-1164)[23], de Salomon ibn Gabirol (~1021-1022-~1054-1058)[24], les juifs de la péninsule ibérique, les Juifs de Byzance, ceux de France du Nord et d’Allemagne, de Narbonne, de Manosque et de Marseille, de Grecs de Byzance, et notamment de Chrysoloras à Florence, puis à Pavie, Milan, et enfin Rome, dans les années 1397-1413[25].

 

Selon Jean-Claude Zancarini, professeur à l'ENS, spécialiste de Machiavel, « Gouguenheim n'a pas les compétences requises, ni en grec ni en arabe, il est sorti de son domaine pour des raisons idéologiques évidentes »[26].

 

L’article « Avicenne à Ratisbonne » de Philippe Büttgen signale la naissance d’une nouvelle science : la « théologie comparée négative », que l’on trouve à la fois du côté du philhellénisme de Gouguenheim et du discours de Ratisbonne  de Benoît XVI (12 septembre 2006), la pensée de ce dernier relevant « d’un univers pré-scientifique et, pour tout dire, infra-rationnel » . Tous deux se croient philhéllènes, ils sont en réalité islamophobes[27].

 

« Annliese Nef soulève le délicat problème de l’enseignement de l’Islam médiéval au collège et au lycée (elle donne d’ailleurs en annexe le texte édifiant des programmes des classes de cinquième et de seconde de 1995 et 1997, et de 2009-2010). Outre la difficulté non résolue de l’enseignement des religions en général, son article montre bien que lorsqu’il s’agit de l’islam, les enseignants se trouvent aux prises avec les plus grands dilemmes : demande sociale, exigences scientifiques, représentations contradictoires. Il n’y a jamais eu un Islam médiéval unique, mais un Islam polycentrique, multipolaire, et qui n’a cessé d’évoluer » [28].

 

« Deux regrets [...] : l’absence, ici, de l’Espagne et de la Sicile, mais aussi de la médecine médiévale. Bien sûr, il y eut jusqu’à la Renaissance au moins Hippocrate et Galien, mais aussi Arnaud de Villeneuve ! Comment la médecine grecque fut elle traduite ? Par qui ? Où ? Le livre fait l’impasse sur ce sujet »[29].

 

Selon Louis-Jacques Bataillon, médiéviste dominicain, Sylvain Gouguenheim commet un certain nombre de fautes, comme faire des affirmations « arbitraires » (voire des pétitions de principe), sans les étayer avec des preuves. A la fin des ses commentaires sur le livre de Gouguenheim, il écrit :

 

« Dans sa Chronique, après son élection comme abbé du Mont-Saint-Michel, Robert de Torigny a rajouté une note entre les années 1228 et 1229 :

 

« Iacobus clericus de Venetia transtulit de Greco in Latinum quosdam libros Aristotilis et commentatus est scilicet Topica, Analiticos Priores et Posteriores, et Elencos, quamvis antiquior translatio super eosdem libros haberetur »[30].

 

Cette mention montre l’intérêt de Robert [de Torigny] pour Aristote et renseigne sur les années où il pensait que Jacques de Venise avait fait ses traductions, mais ne donne aucune indication de lieu. Si Robert avait pensé que le travail avait été effectué dans son abbaye, il est invraisemblable qu’il ne l’ait pas spécifié. Aucune des traductions attribuées à Jacques par cette note ne se retrouve au Mont.

 

Le fait que le Mont ait possédé des manuscrits des œuvres d’Aristote traduites par Burgundio sur des manuscrits grecs n’ayant jamais quitté l’Italie, suffit à montrer qu’il n’y a aucune raison de postuler une équipe de traducteurs travaillant au Mont, mais qu’il a existé entre l’Italie et le Nord-Ouest de l’Europe divers relais dont le détail nous échappe.

En 1967 a paru, sous le même titre que l’ouvrage de S. G., un remarquable article de Coloman Viola[31], « Aristote au Mont Saint-Michel », dans Raymonde …[32], précis, intelligent, admirablement documenté à cette date, qui montre à la fois l’importance et les limites de la contribution du Mont à la diffusion de l’aristotélisme[33] »[34].

 

Dans une conversation privée, le 25/09/2019, Adrien Candiard[35] m’a exposé le fait qu’une des erreurs principale de S. G. _ spécialiste des ordres miliaires médiévaux _, en voulant traiter d’un sujet, sortant de son domaine de spécialisation _ alors qu’il ne connait pas l’arabe _, est de n’avoir pas faire relire et critiquer son ouvrage par des médiévistes spécialistes de la transmission du savoir grec au moyen-âge.

 

4.2        Pour / Soutiens

 

Il reçoit les appuis de Claude Gauvard et de Jacques Le Goff, ce dernier se déclarant « outré par [l]es attaques » portées contre Gouguenheim et notant que « peu des principaux médiévistes » ont signé la pétition anti-Gouguenheim[36].

 

Jacques Heers : Concernant l'apport arabe dans la redécouverte de la pensée grecque en Europe, Jacques Heers pensait qu’on surestime largement la contribution des Arabes dans la redécouverte de la philosophie d’Aristote en Occident. Selon lui, « l’enseignement [de la pensée grecque en Occident], celui de la Logique notamment, n'a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités. L’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les clercs et les érudits de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue généralement à Avicenne et à Averroès sont apparues relativement tard, alors que tous les enseignements étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la Logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept « arts libéraux » du cursus universitaire »[37].

 

Serafín Fanjul : « Le livre de Gouguenheim est excellent, bien structuré, magnifiquement documenté, et c’est ça qui fait mal. Comme il est difficile de le contredire, avec des arguments historiques, on a recours à l’attaque personnelle. Une vieille méthode ! Il fait preuve d’un grand courage (d’ailleurs indispensable à l’heure actuelle) en remettant en cause des tabous et des routines sacralisées. L’étude et la pensée doivent être libres ; elles ne sauraient être soumis à la tyrannie du politiquement correct, ce complexe qui nous est venu de l’Université nord-américaine, et qui asphyxie jusqu’à la liberté d’expression. C’est un comble ! »[38].

 

Rémi Brague affirme que si « l’Occident a contracté envers le monde arabe une dette culturelle énorme », ces « Arabes » étaient, pour l’essentiel, des chrétiens syriaques, qui traduisaient du grec en syriaque puis du syriaque en arabe, l’arabe étant la langue imposée par les califes.

 

4.3        Les pétitions contre Sylvain Gouguenheim

 

La médiatisation (excessive) de sa thèse a pris la forme de pétitions hostiles, ad hominem, ce qui ne semble pas relever du mode normal et habituel de la discussion scientifique.

 

Trois textes ont circulé pour protester contre les thèses de Sylvain Gouguenheim :

 

·         Le texte signé par Hélène Bellosta et 35 universitaires dans Le Monde : 25 avril 2008[39].

·         L'appel de plus de 200 enseignants, chercheurs, personnels, auditeurs, élèves et anciens élèves de l’ENS LSH (École normale supérieure, Lettres et sciences humaines) : 28 avril 2008[40].

·         Le texte de 56 chercheurs en histoire et philosophie du Moyen Âge, dans Libération : 30 avril 2008[41].

 

4.4        Réactions de Sylvain Gouguenheim

 

S. Gouguenheim juge que les réactions critiques concernant son livre ont été démesurées ; il les attribue aux enjeux idéologiques de sa théorie dans le contexte actuel de tensions autour de l'Islam.

 

« Au Seuil, mon livre était passé sans difficulté ni opposition, mais il n'est pas impossible que l'émoi suscité ait provoqué un branle-bas de combat. ».

 

À propos de la polémique sur son travail, l'auteur ne cache pas que son livre visait à intervenir dans le contexte contemporain :

 

« Sous l'influence de l'actualité, le sujet a pris une dimension politique. Les enjeux, on le devine, ne sont pas minces en ce début du XXIe siècle. Ils s'inscrivent dans le long face à face entre l'Islam et l'Occident [...] C'est pourquoi, à l'heure où l'on se propose de rectifier les manuels scolaires afin de rappeler la place de l'Islam dans le patrimoine européen comme y invite un rapport récent (2002) de l'Union européenne, une tentative de clarification est apparue nécessaire ».

 

Face à une pétition commençant à circuler contre la thèse de Gouguenheim et l’idée de ‘choc des civilisation’ qu’elle est accusée de véhiculer, Gouguenheim est obligé de se défendre. Il se déclare ‘bouleversé’ par ces attaques :

 

« ‘on me prête des intentions que je n’ai pas’ clame-t-il, toujours dans le Monde :

‘Mon enquête porte sur un point précis : les différents canaux par lesquels le savoir grec a été conservé et retrouvé par les gens du Moyen Age. Je ne nie pas du tout l’existence de la transmission arabe, mais je souligne à côté d’elle l’existence d’une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel a été le centre au début du XIIème siècle, grâce à Jacques de Venise.’

Plusieurs mois avant la parution du livre, des extraits avaient été publiés sur le site d’extrême droite Occidentalis. Interrogé sur le sujet, Gouguenheim écarte l’argument :

‘J’ai donné depuis cinq ans - époque où j’ai ’découvert’ Jacques de Venise - des extraits de mon livre à de multiples personnes. Je suis totalement ignorant de ce que les unes et les autres ont pu ensuite en faire.

Je suis choqué qu’on fasse de moi un homme d’extrême droite alors que j’appartiens à une famille de résistants : depuis l’enfance, je n’ai pas cessé d’être fidèle à leurs valeurs’ »[42].

 

4.5        Réactions de Laurence Devillairs, directrice de collection aux éditions du Seuil

 

« Je n’ai pas à me justifier ! On n’est pas au temps de l’inquisition ! ». Elle s’insurge contre les universitaires pétitionnaires dont certains « ont eu le culot de signer sans lire le livre… pour ensuite me demander l’ouvrage ! ». L’éditrice défend ce « livre pamphlétaire » dont elle savait bien « qu’il allait faire débat » : « Je ne suis pas allée chercher un inconnu. Sylvain Gouguenheim est un médiéviste reconnu. Je souhaitais ouvrir le débat sur cette intéressante question des racines grecques de l’Europe. Les universitaires nous répondent aujourd’hui par l’anathème, évoquent la récupération du livre par des sites islamophobes, au lieu d’engager le débat sur le fond. Je ne dis pas que ce livre est parfait – quel ouvrage peut l’être ? – et je ne suis pas là pour imposer je ne sais quelle école de pensée. Si demain, on me présente un autre manuscrit intéressant, un livre avançant des thèses tout à fait différentes, je suis toute disposée à le publier … »

5         Les intervenants dans l’affaire

 

Pour / contre

Nom

Références, diplômes, livres de références

Pour

Rémi Brague

Professeur de philosophie médiévale à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich, enseignant la philosophie grecque, romaine et arabe.

La voie romaine (1992), Rémi Brague, éd. Critérion, 1999, p. 106-112

Pour

Jacques Le Goff

(U 2014)

Historien médiéviste français, ancien directeur de l’École des hautes études en science sociale (EHESS). Direction des Annales avec Emmanuel Le Roy Ladurie et Marc Ferro. Il est l’auteur, entre-autres, de :

1) Pour un autre Moyen Age, Paris, Gallimard, 1977.

2) Au moyen du Moyen Âge. Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, Éditions de la Transparence, 2006

Pour

Claude Gauvard

Historienne médiéviste française, professeur émérite à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Présidente de Société de l'histoire de France (2009) et de Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (1995-2001). Elle est l’auteur de 22 ouvrages sur le moyen-âge.

Pour

Roger-Pol Droit

Philosophe et journaliste français. Normalien, agrégé de philosophie, docteur en philosophie, chercheur au CNRS, habilité à diriger des recherches pour avoir soutenu à l’EHESS une thèse "Représentations, altérité, identité. Discours européens et philosophies des autres", enseignant et écrivain, il est par ailleurs chroniqueur au Monde des livres, aux Échos, au Point, à Clés.

Auteur de Philosophies d'ailleurs (sous la direction de Roger-Pol Droit), volume 1 : Les pensées indiennes, chinoises et tibétaines, volume 2 : Les pensées hébraïques, arabes, persanes et égyptiennesHermanncoll. « Hermann Philosophie », 2009.

Pour

Jacques Heers

(U 2013)

Historien français, spécialiste de l’histoire du Moyen Âge, professeur à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre, puis directeur des études médiévales à Paris IV. Auteur de 1) Esclaves et domestiques au Moyen Âge dans le monde méditerranéen, Paris, Fayard, 1981.

2) Le Moyen Âge, une imposture, Paris, Perrin, 1992, 3) L'Islam cet inconnu, Éditions de Paris, 2010.

Pour

Serafín Fanjul

Universitaire, islamologue et arabisant espagnol, spécialiste de la philologie sémitique. Professeur à l'Université autonome de Madrid, il fut également directeur du Centre culturel hispanique du Caire et membre de l'Académie royale d'histoire.

Pour

Laurence Devillairs

Docteur en philosophie, enseigne au Centre Sèvres et à l'Institut catholique de Paris. Ses travaux portent sur l'Âge classique et le cartésianisme. Directrice de collection « L’univers historique », à la maison d’édition Le Seuil.

Neutre

Florian Louis

Historien, agrégé d'histoire, enseignant l'histoire, la géographie et la géopolitique en classes préparatoires aux grandes écoles (Centre de Recherches Historiques de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). 1) Il est l'auteur, avec T. Josseran et F. Pichon d'une Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Puf, 2012).  2) Il est aussi l’auteur de Les grands théoriciens de la géopolitiqueParis, Puf, 2014 (3e édition, Belin, 2018)

Neutre

Annliese Nef

Maître de conférences, université Panthéon-Sorbonne (Paris 1), membre du Conseil Scientifique de l’IFPO, directrice de recherche UMR8167 Orient & Méditerranée, Islam médiéval. Auteur de 1) Conquérir et gouverner la Sicile islamique aux XIe et XIIe siècles (B.E.F.A.R.), Rome, 2011. Nef Annliese et Prigent V. (éd.), 2) La Sicile de Byzance à l'Islam, Paris, 2010.

Neutre

Pierre Riché

(U 2019)

Historien français spécialiste du haut Moyen Âge et de la période de l'an mille. Auteur de 1) Éducation et culture dans l'Occident barbare : VIe et VIIIe siècles, Seuil, coll. « Points Histoire », 1995, 2) Gerbert d'Aurillac : Le Pape de l'an mil, Fayard, 1987, 3) Des nains sur des épaules de géants : maître et élèves au Moyen Âge, Tallandier, 2006.

Contre

Père Louis-Jacques Bataillon

(U 2009)

Historien médiéviste dominicain, docteur en droit, travaillant à l’Institut d’études orientales du Caire[43]. Coauteur de (avec Bertrand Georges Guyot & Richard R. Rouse), dir., La production du livre au Moyen Âge. Exemplar et pecia. Actes du symposium tenu au Collegio San Bonaventura de Grottaferrata en mai 1983, Paris, Éd. du CNRS, 1988.

Contre

Sylvain Piron

Centre de recherches historiques - CRH / Groupe d'anthropologie scolastique - GAS, Directeur d'études de l'EHESS, Responsable du parcours de spécialisation « Etudes médiévales » du Master de l’EHESS. Rédacteur en chef de la micro-revue électronique Oliviana. Membre du conseil scientifique du CLEO. Recherche sur l'histoire intellectuelle des sociétés médiévales, du XIIe au XIVe siècle, et plus particulièrement sur l’histoire de la pensée économique et politique, les débats philosophiques de la fin du XIIIe siècle. Auteur de l’Occupation du monde.

Contre

Philippe Büttgen

Professeur de philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8103 - ISJPS : Institut des Sciences Juridique et Philosophique de la Sorbonne.

Contre

Aurélien Robert

Chargé de recherche (CR1) au CNRS, philosophie médiévale et renaissante, Chargé de conférence à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Ve section. Coauteur, avec Joel Chandelier, de Frontières des savoirs en Italie à l’époque des premières universités (XIIIe-XVe siècles), Ecole française de Rome, 2015, 568 p.

Contre

Irène Rosier-Catach

Linguiste et philosophe française, s'intéressant essentiellement à la philosophie du langage du Moyen Âge. Coauteur avec Gilbert Dahan de La Rhétorique d’Aristote. Traditions et commentaires de l’Antiquité au dix-septième siècle, Vrin, coll. « Tradition de la pensée classique ».

Contre

Philippe Büttgen

Professeur de philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8103 - ISJPS : Institut des Sciences Juridique et Philosophique de la Sorbonne.

Contre

Gabriel Martinez-Gros

Professeur d'histoire médiévale du monde musulman à l'Université de Paris-X, spécialiste de l’histoire politique et culturelle d'al-Andalus. Il a également codirigé avec Lucette Valensi l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman jusqu'en 2002. Auteur de L’idéologie omeyyade, Madrid, Casa de Velazquez, 1992.

Contre

Alain Boureau

Historien médiéviste français, directeur d'études à l'EHESS. Auteur de : 1) L’Empire du livre. Pour une histoire du savoir scolastique (1200-1380), Paris, Les Belles-Lettres, 2007. 2) Satan hérétique : naissance de la démonologie dans l'Occident médiéval (1280-1330), Paris, Odile Jacob, 2004.

Contre

Alain de Libera

Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Professeur ordinaire à l’université de Genève, Vice-président de la Société internationale pour l’étude de la philosophie médiévale, Directeur de la collection Des Travaux aux Éditions du Seuil.

Auteur de Penser au Moyen Âge, Le Seuil, 1993.

Contre

Max Lejbowicz

(U 2015)

Professeur d'histoire à l'université de Nantes, Université Lille 3 - UMR 8163 "Savoirs, textes, langage", Docteur UMR STL – CNRS. Directeur de recherches au CNRS. Conservateur des manuscrits arabes à la Bibliothèque nationale de France. Auteur de L'islam médiéval en terres chrétiennes : Science et idéologie.

Contre

Jacques Verger

Médiéviste français, spécialiste de l'histoire des universités au Moyen Âge, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Professeur émérite d'histoire médiévale à l'université de Paris IV et directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section). Auteur de L'essor des universités au xiiie siècleCerf, Paris, coll. « Initiations au Moyen Âge », 1997.

Contre

Thomas Ricklin

(U 2016)

Professeur de Philosophie à l'Université Ludwig Maximilian à Munich. Ses travaux portaient principalement sur l'anthropologie philosophique du XIIe siècle, la réception en latin de la philosophie naturelle d' Aristote etc. Auteur de Die Physica und der Liber de Causis im 12. Jahrhundert. Zwei Studien, mit einer Vorrede von Ruedi Imbach, Freiburg: Universitätsverlag 1995 (= Dokimion 17).

Contre

Abdellali Hajjat

Sociologue et politiste. Depuis 2010, maître de conférences en science politique, Université Paris-Ouest Nanterre. Chercheur à l'Institut des sciences sociales du politique (ISP, UMR 7220, Université Paris-Ouest Nanterre). Auteur de 1) Les frontières de l'« identité nationale »; L'injonction à l'assimilation en France métropolitaine et coloniale ; La Découverte, 2012, 2) Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman, Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat, La Découverte, 2013, 3) La Marche pour l'égalité et contre le racisme, Éditions Amsterdam, 2013.

Contre

Marwan Mohammed

Sociologue, chargé de recherche au CNRS (Centre Maurice Halbwachs-Eris). ENS (Ecole Normale Sup). Coauteur de Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman.

Auteur de La Formation des bandes. Entre la famille, l'école et la rue (PUF, 2011) et dirigé avec Laurent Mucchielli Les Bandes de jeunes. Des blousons noirs à nos jours (La Découverte, 2007). Il est également l'auteur du documentaire "La tentation de l'émeute" (Morgan Production, 2010).

 

Il y en a eu encore d’autres d’intervenants dans cette affaire.

 

6         Traducteurs médiévaux des ouvrages grecs entre 11° et 13° siècles

 

L'élan des traductions observé au 12° siècle est dû à deux foyers principaux, l'Italie et l'Espagne. Une classe de lettrés spécialisés dans l'activité de traduction émerge à cette occasion. Elle survient à la « renaissance du 12° siècle », une période majeure de renouveau du monde culturel au Moyen Âge, mise en évidence par les travaux des historiens Charles H. Haskins, Jacques Le Goff ou encore Jacques Verger.

 

Au 12° siècle, en Méditerranée, les échanges commerciaux sont principalement contrôlés par les républiques maritimes italiennes (Venise, Gêne …), dont l'activité commerciale facilite aussi les contacts culturels avec les aires islamique et byzantine, l'importation de manuscrits et d'innovations techniques.

 

Les traducteurs restent en général spécialisés et n'étudient pas véritablement la matière première qu'ils participent à importer (Gérard de Crémone faisait des traductions littérales). On peut également mentionner des traducteurs itinérants se rattachant moins précisément à un foyer, en particulier Adélard de Bath. Ce dernier est d'ailleurs l'un des rares traducteurs, avec Dominique Gundissalvi, à avoir réellement complété son travail de traduction d'un effort d'assimilation par des commentaires et des ouvrages originaux.

 

Il y a au moins 31 traducteurs connus, participant à ce mouvement de traduction. Ce qui ont traduit le plus semblent être : 1) Gérard de Crémone (arabe => latin), 2) Dominique Gundissalvi (arabe => latin). Il y a certainement eu d’autres que nous ne connaissons pas.

 

Nous avons au moins 7 traducteurs du grec au latin (Henri Aristippe, Jacques de Venise, Simon de Gênes, Burgundio de Pise (ou Burgundion de Pise), Moïse de Bergame, Léon Tuscus, Manuel Chrysoloras), soit environ 20%, et au moins 4 traducteurs de l’arabe à l’hébreu ou de l’hébreu au Latin. Peut-être y en a-t-il encore d’inconnus ?

Nous ne savons pas si les centre supposés de traduction (école de Tolède, Mont Saint-Michel) ont réellement existé, mais il est certain que beaucoup de traducteurs étaient en relation avec d’autres ou ont travaillé ensembles.

 

Centres de traduction :

Espagne / Italie / Sicile / Byzance / France / Tolède / Venise, Rome /

Sens de la traduction

Arabe > latin

Grec => latin

Nom du traducteur

Ouvrages traduits

1/ Sicile

Grec => latin

Henri Aristippe

(1105-1162)

+ étudiant anonyme.

Almageste de Ptolémée, Ménon et Phédon de Platon, plusieurs œuvres d’Euclide, le livre IV des Météorologiques d'Aristote

(Note : autre nom Henricus Aristippus).

2/ Sicile

Arabe > latin

Grec => latin

Eugène de Sicile (~1130 – 1202)

Optique de Ptolémée.

(Il serait d’origine grec, aurait été amiral, poète et mauvais traducteur).

3/ Italie (Venise).

Constantinople[44].

Mont St Michel ? (Atelier de traduction ?)

Grec => latin

Jacques de Venise

(~1050-~1147)

Clerc et canoniste vénitien surtout connu pour ses traductions d'Aristote. Robert de Torigni, abbé du Mont Saint-Michel, parle de lui comme de « Jacques clerc de Venise ».

Rien n’indique qu’il se soit rendu au Mont Saint-Michel[45]. Voir Burgondio de Pise.

4/ Sicile

Arabe > latin

Grec => latin

Accursius de Pistoia

(12° siècle ?)

Travaux de Galien (267n, 270n, 608n),

Travaux de Hunayn ibn Ishaq (à vérifier).

5/ Sicile, Italie

Crémone

Arabe > latin

 

Gérard de Sabbioneta

(13° siècle)

Canon de la médecine d’Avicenne,

Almansor ? d’al-Razi (Rhazès). (à vérifier)

Astrologue, astronome. Autre nom : Gérardus de Sabioneta, Gerhardo da Sabbioneta, Sabbionetta.

6/ Sicile, Italie

Arabe > latin

Anonyme (fin 11°)

Aphorismi de Masawaiyh (Mesue)

7/ Padoue, Italie

Arabe > latin

Bonacosa

(13° siècle)

Traité de médecine d’Averroès (Colliget), de Kitab al-Kulliyyat. Médecin juif de Padoue.

8/ Padoue, Italie

Arabe > latin

Arabe > Hébreux

Jean de Capoue

Juif italien converti au christianisme

(13° siècle)

Kitab al-Taysir d’Ibn Zuhr (Avenzoar) ( ?).

Il a traduit en latin la version en hébreu, de Rabbi Joël, des fables du Kalîla wa Dimna sous le titre Directorium Vitae Humanae.

9/ Sicile

Arabe > latin

Hébreu => Latin

Faraj Ben Salem

(1230- ?)

(13° siècle)

Plusieurs traités de médecine, dont le Liber continens, Al Hawi, en arabe, une encyclopédie médicale écrite par le célèbre Al Razi (Rhazès), Tacuinum Sanitatis d’Ibn Butlan

Médecin personnel et le traducteur officiel du roi de Sicile, Charles Ier d’Anjou.

10/ Sicile

Rouen

Arabe > latin

Grec > latin ?

Hébreu => Latin

Simon de Gênes

(13° siècle)

 

Al-Tasrif d’Abulcasis, Congregatio sive liber de oculis d’Alcoati, Liber de simplicibus medicini de Serapion le jeune. A traduit du grec, de l'arabe et de l'hébreu en latin. Médecin et chapelain de la Curie romaine. - Fut chanoine à Rouen. - Voyageur. - Linguiste.

11/ Sicile

Arabe > latin

Grec > latin ?

Hébreu => Latin ?

Abraham Tortosa ("Tortuensis")

(13° siècle)

Il a travaillé avec Simon de Gênes sur la traduction de al- Zahrawi en Latin, peut-être à partir de l'hébreu.

12/ Pise

Constantinople

Grec > latin 

Burgundio de Pise

Burgondion de Pise

(~1100-1193)

Traité de la génération. Éthique à Nicomaque d'Aristote. Il est aussi le traducteur de plusieurs commentaires scripturaires de saint Jean Chrysostome, de l'"Exposition de la Foi orthodoxe" de Jean Damascène et du traité de Némésius d'Emèse sur la "Nature de l'homme".

Il est ainsi un agent de la redécouverte de la patristique grecque en Occident, dont bénéficiera en particulier Thomas d'Aquin.

Juriste (avocat, juge) et traducteur italien.

13/ Italie

Constantinople

Grec > latin 

Moïse de Bergame

(12° siècle)

Poète et traducteur italien du grec. Il passe beaucoup de temps à Constantinople d'où il ramène des manuscrits grecs. On le connaît aussi pour son Liber Pergamensis, description latine de Bergame.

14/ Byzance, Constantinople,

Italie, Toscane.

Grec > latin 

Léon Tuscus

(12° siècle)

(Léon le Toscan ou Léon Éthérien).

Traité d'oniromancie d'Achmet.

Après 1166, secrétaire et interprète de l'empereur byzantin Manuel Comnène, auteur d'importantes traductions depuis le grec vers le latin.

15/ Aragon

France

Arabe > latin

 

Pierre Alphonse

Pedro Alfonso

Petrus Alfonsi

(~1062-~1140)

Recueil de nouvelles, intitulé Disciplina Clericalis où il a traduit et adapté des fables morales depuis l’arabe, l’ancien perse et l’hindî.

Médecin espagnol, grand connaisseur de l’islam et auteur de plusieurs textes. Juif converti, né sous le nom de Moïse Sephardi.

16/ Espagne, Aragon

Arabe > latin

 

Hugues de Santalla

Hugo Sanctallensis, Hugo Strellensis,

Hugo de Santalia (mozarabe)

(12° siècle).

De secretum secretorum (Kitâb sirr al-Khalîqa) du Pseudo-Apollonios de Tyane (Balinous Touani), Ars geomancie[46].

Prêtre espagnol, traducteur depuis l'arabe du début du xiie siècle, qui produisit des versions latines de traités d'alchimie, d'astronomie, d'astrologie et de géomancie.

17/ Séville, Tolède

Arabe > latin

Jean de Séville Hispalensis et Limiensis (Ioannes de Sevilla Hispalensis)

(~1090-~1150)

Mathématicien espagnol, traducteur de l'arabe d'ouvrages de philosophie, mathématiques, astronomie, astrologie et médicaux.

Autre nom : Giovanni da Siviglia

18/ Séville, Tolède

Arabe > latin

Jean de Séville Hispanus (Ioannes de Sevilla Hispanus) (~1150-1215)

Evêque de Segorbe, collaborateur de Dominique Gundisalvi, avec lequel il a traduit l'Incohérence des philosophes de Algazel (Al-Ghazâlî), la Source de vie de Avicébron (Ibn Gabirol), le Livre de la pratique de l'arithmétique de Al-Khawarizmi. Il participa avec Michel Scot au IVe concile de Latran, en 1215.

19/ Aragon

Ségovie, Tolède.

Arabe > latin

Dominique Gundissalvi

(~1105/10-1181)

Archevêque de Ségovie, peut-être d'origine juive, et traducteur d'ouvrages[47], à Tolède, probablement sous Jean (1151-1166), archevêque de Tolède en 1152. Il traduit AvicebronAvicenne et Al-Ghazâlî, et il est possible qu'il ait participé à la première traduction du Livre des Causes.

20/ Italie, Tivoli, Barcelone, Tolède.

Arabe > latin

Platon de Tivoli[48]

Platon Tiburtinus

(1110-1145)

Astrologie (le Tetrabiblos) de Ptolémée, Livre de l'astrolabe. Il participa au centre de traduction de Tolède avec le mathématicien Abraham bar Hiyya (auteur d'un Traité de géométrie[49]). Traducteur, astronome et mathématicien.

22/ Espagne, Barcelone

Provence

Arabe > latin

(Hébreux => latin ?)

Abraham bar Hiyya Hanassi ou Savasorda (1070-1136)

Traité de géométrie.

Rabbin, mathématicien, astronome, philosophe, traducteur, géographe.

23/ Italie, Tolède (atelier de traduction ?)

Arabe > latin

Gérard de Crémone[50]

Gerardo da Cremona

(~1114-1187)

écrivain et traducteur, auteur d’un minimum de 15 traductions de l'arabe classique au latin médiéval.

A/ Tolède (atelier de traduction ?)

Arabe > latin

Archevêque Raymond de Tolède (1125-1152)

Les historiens du 19° siècle ont suggéré que l'archevêque Raymond de Tolède (1125-1152) avait créé une école officielle de traduction, mais aucun élément concret ne vient étayer l'hypothèse de l'« école de Tolède ».

24/ Angleterre, Chester, Tolède ? France, Paris.

Arabe > latin

Robert de Chester

Robert de Ketton

Robertus Ketenensis

(12° siècle)

Coran, parrainée par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny. Traités d'algèbre de al-Khuwārizmī. Liber Morieni (traité d’alchimie). Théologien, astronome, traducteur.

B/ Bagdad, Constantinople, Damas, Espagne, Tolède.

Arabe > latin

Pierre le Vénérable, 9° abbé de Cluny[51]

(~1192-1156)

Il fait traduire le Coran en latinLex Mahumet pseudoprophete. Connu comme polémiste, il rédigera ensuite des traités pour réfuter les doctrines israélites et musulmanes. Il recommande d'établir des débats argumentés avec les théologiens des autres religions, plutôt que des croisades.

25/ Tolède

Arabe > latin

Pierre de Tolède

Pietro di Toledo

(Supposé mozarabe de Tolède) (12° siècle)

Coran : Idem. Participe à la traduction du Coran sous la direction de Pierre le Vénérable (Lex Mahumet pseudoprophete). Apologie d’al-Kindi (Excuses d’Al-Kindi).

26/ Poitiers, Espagne, Tolède ?

Arabe > latin

Pierre de Poitiers

(12° siècle)

 

(Il aurait été le secrétaire de Pierre le Vénérable).

Coran : Idem. Moine clunisien et traducteur. Il fit partie de l'équipe qui traduisit pour la première fois le Coran en latin, en Espagne, sous la direction de l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable (Lex Mahumet pseudoprophete). Il a aussi révisé la traduction que Pierre de Tolède a fait de l'apologie d'Al-Kindi.

27/ Dalmatie / Istrie (Croatie), Paris, Chartres, Bagdad, Constantinople, Damas, Espagne, Tolède, Toulouse, Bézier (où vit une communauté arabe).

Arabe > latin

Herman de Carinthie

Herman le Dalmate

Herman Dalmatin

Sclavus Dalmata

Sclavus Secundus

Ermanno di Carinzia

(~1110-~1154).

Coran : Idem. Traités "De generatione Muhamet et nutritura eius" et le" Doctrina Muhamet". Traduction d’une vingtaine d'œuvres : Introduction générale à l'astronomie d'Albumasar, Éléments d'Euclide, Planisphaerium de Ptolémée. + commentaires de Maslama ibn Ahmad al-Majriti (10° s.), Canon des rois de Claude Ptolémée.

Philosophe, philologue, astronome, astrologue, mathématicien, traducteur.

28/ Espagne, Tolède ?

Arabe > latin

Mohammed X ?

Coran : Idem

29/ Angleterre

Ecosse

Arabe > latin

Michael Scot

Michaelus Scotus

(~1175-1232)

Philosophe scolastique médiéval, médecin, alchimiste et astrologue, traducteur des commentaires d'Averroès sur les ouvrages d'Aristote (vers 1220).

30/ Angleterre, France, Italie

Arabe > latin

Adélard de Bath

(~1080-~1152)

Savant et enseignant anglais, arabophile (voire traducteur de l'arabe), philosophe, mathématicien et naturaliste, moine bénédictin. Il est célèbre pour ses versions latines des Éléments d'Euclide et pour son éloge de la raison de l'érudition arabe contre l'autorité des maîtres latins de son temps.

C/ Mont Saint-Michel (atelier de traduction ?)

Grec => latin

 

Arabe > latin ?

Robert de Torigni dit « Robert du Mont » (1154 - 1186).

16° abbé du Mont Saint-Michel, de 1154 à 1186, grand bâtisseur, diplomate, historien et conseiller privé d'Henri II d'Angleterre, chroniqueur normand. Il parle des traductions de Jacques de Venise dans une addition sur un exemplaire de sa Chronique, entre les dates de 1128 et 1129[52].

La collection de la bibliothèque du mont Saint-Michel (aujourd'hui au Scriptorial d'Avranches) possède les plus anciennes copies connues de la plupart des traductions identifiées de Jacques de Venise[53] dans deux manuscrits qui contiennent aussi d'autres textes. L'un des deux manuscrits (ms. 221) a été recopié au scriptorium du mont Saint-Michel, l'autre dans le nord de la France (ms. 232), et ils datent tous les deux de la seconde moitié du xiie siècle, donc de l'époque de Robert de Torigni qui semble donc avoir joué « un rôle de pionnier dans la diffusion de la nouvelle littérature aristotélicienne ».

31/ Constantinople, Crète, Venise, Florence, Padoue, Milan, Paris, Londres, Bologne, Lugano, Constance.

Grec => latin

 

Manuel Chrysoloras (~1355-1415)

Traduction de l'Odyssée et la République de Platon en latin.

Humaniste byzantin, philosophe, traducteur, écrivain, né à Constantinople, mort à Constance, l'un des introducteurs de la culture grecque en Italie au début de la Renaissance. Il initia à la littérature grecque toute une génération d'humanistes italiens.

 

A contrario, l’on observe aucun mouvement (massif) de traductions de l’Occident vers le monde musulman (la Somme théologique de Thomas d’Aquin n’a jamais été traduite, en arabe, par exemple).

Nous voyons que certains de ces traducteurs, commanditaires de ces traductions et penseurs étaient de grands voyageurs, tels Jacques de Venise, Burgondion de Pise, Léon Tuscus, Robert de Chester (de Kitton), Pierre le Vénérable, Herman de Carinthie, Manuel Chrysoloras, Gerbert d'Aurillac ... Donc, on peut supposer qu’ils ont aussi contribué à la diffusion des idées, par leurs rencontres d’autres acteurs, dans d’autres pays, que leur pays d’origine, le transports d’ouvrages dans leurs bagages etc.

 

7         Y-a-t-il eu une conservation de la pensée d’Aristote par les monastères au haut moyen-âge ?

 

« Rémi Brague, dans La voie romaine (2005), rappelait que l’Église romaine, surtout en ses monastères, a fonctionné historiquement comme un conservatoire du paganisme dans la culture européenne, et il en donnait quelques exemples : Cassiodore (~485-580) [homme politique et écrivain latin] fondant vers 540 le couvent de Vivarium, avec pour tâche de sauvegarder les textes classiques ; le pape Grégoire le Grand (540-604) suivant son exemple, une quarantaine d’années plus tard, quand il accueille les moines chassés du Mont Cassin et leur confie la même tâche, dont ils devaient s’acquitter pendant près d’un millénaire »[54].

« Gouguenheim rappelle que le Moyen Âge « obscurantiste » a été traversé par plusieurs renaissances : Boèce (477-524)[55] [philosophe et homme politique latin] déjà traducteur d’Aristote au VI° siècle, et inventeur de la définition de la personne, « substance individuelle d’une nature raisonnable » ; Grecs réfugiés de l’Empire byzantin ou fuyant la conquête arabe, qui assurent la permanence et la diffusion de la culture grecque dans l’Europe latine. Renaissance carolingienne qui voit Charlemagne, ascendants et descendants, fascinés par l’hellénisme; renaissance ottonienne où les souverains allemands demandent aux clercs qu’ils « leur révèlent la finesse hellénique qui est en nous ». Jusqu’aux XII° et XIII° siècles, où s’élabore la ratio médiévale, quêtant la vérité, adaequatio rei et intellectus (adéquation, accord de l’esprit avec le réel) et tournée vers le monde de la nature, objet de la science naissante. « Fides quaerens intellectum », dit Saint Anselme »[56].

 

Etant donné que Boèce a déjà traducteur d’Aristote au VI° siècle et que les monastères ont été le conservateurs d’ouvrages ancien, on peut supposer qu’un fond aristotélicien, a dû subsister dans le haut moyen-âge occidentale, mais dans quel mesure a-t-il été utilisé dans les monastères ?

 

Mais l’on sait aussi que « plusieurs arts libéraux (en particulier le quadrivium et la dialectique) n'étaient plus ou presque plus enseignés dans les monastères, comme le rapporte le chanoine Jean Leflon, biographe moderne de Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac), premier pape français, de 999 à 1003.

Or, un peu avant l'An mil, Sylvestre II remit à l'honneur la dialectique en Europe. Il fut, dit-on, le premier à introduire Aristote en Occident (Platon était déjà lu et connu, notamment à la cour de Charlemagne, via le néoplatonisme). Après son séjour en Catalogne, Gerbert d'Aurillac introduisit la dialectique et le quadrivium à l'école cathédrale de Reims, où il enseigna ces disciplines »[57].

 

Et l’on sait que « dans sa quête du savoir, Gerbert prit le chemin du monde arabo-musulman, très proche géographiquement de l'Occident, voire frontalier. Ainsi, il fréquenta l'université Al Quaraouiyine à Fès au Maroc, où il découvrit des mathématiques utilisant les chiffres arabes[58] et la base décimale si pratique pour réaliser des calculs[59] ».

 

Donc on constate que, dans sa quête de savoir, Gerbert lui aussi a été « s’abreuver » aux sources islamiques.

 

8         Le rôle des échanges maritimes et terrestres (caravanes …) dans les échanges d’idées

 

D’après les travaux de Jacques Heers, le blé, le sel et d'autres produits tenaient bien plus de place que le commerce de l’épice (en termes de volume et de valeur dans les échanges), au la république de Moyen-âge[60].

 

Nous savons qu’il y a eu des échanges économiques et intellectuels entre Venise et Constantinople, du haut moyen-âge (9° siècle) jusqu’à 1171[61] (et peut-être jusqu’à la chute de cette dernière en 1453). Puis entre la république de Gênes et Constantinople.

Nous savons que sans ces échanges, l’occident n’aurait pas reçu certaines inventions chinoises (la boussole, le papier, la poudre à canon _ connue en Occident à partir du 13° siècle _, le gouvernail d'étambot _ connue en Occident à partir du 12° siècle[62] _, peut-être aussi l’imprimerie à caractères mobiles …)[63].

 

La prise de Constantinople par les Turcs ottomans (1453) vit l’arrivée en Italie de nombreux exilés qui enseignèrent principalement dans les universités de Florence et de Padoue (alors partie de la République de Venise), comme dans le cas de Manuel Chrysoloras.

 

Et il y eu aussi des échanges intellectuels (malgré les rivalités militaires et religieuses) entre les comtés de la Marche d'Espagne (Ve siècle-XIIe siècle) et al-Andalus[64]. C'est dans cette Marche (future Catalogne) que le philosophe et mathématicien Gerbert d'Aurillac[65] (946-1003) (futur pape sous le nom de Sylvestre II, et premier pape français, de 999 à 1003) est formé et apprend, entre autres, le maniement du système de numération décimal (sans le zéro) indo-arabe. Un peu avant l'An mil, Sylvestre II remit à l'honneur la dialectique en Europe. Gerbert fut, dit-on, le premier à introduire Aristote en Occident (Platon était déjà lu et connu, notamment à la cour de Charlemagne, via le néoplatonisme). Après son séjour en Catalogne, Gerbert d'Aurillac introduisit la dialectique et le quadrivium à l'école cathédrale de Reims, où il enseigna ces disciplines.

 

9         L’évolution du « conflit » entre foi et raison, dans le haut moyen-âge chrétien

 

En Occident, une nouvelle période de traduction des œuvres d'Aristote commence au xie siècle, qui voit s'affronter dialecticiens et anti-dialecticiens. Les premiers pensent que, par le recours à la logique d'Aristote, une explication rationnelle des mystères chrétiens est possible, tandis que les seconds estiment que la dialectique risque de dissoudre les mystères de la religion, et sont partisans de l'autorité des Pères de l'Église et des Conciles. Cette époque de tâtonnement sur les rapports entre la foi et la raison est dominée par l'œuvre imposante d'Anselme de Cantorbéry.

 

Le xiie siècle poursuit et amplifie le développement de la dialectique, notamment par l'étude de la logique et de la grammaire spéculative, qui deviennent les instruments de la théologie (par exemple chez Alain de Lille). C'est à cette époque que prend corps la querelle des universaux, autour de l'opposition entre les réalistes et les nominalistes, parmi lesquels figurent Roscelin de Compiègne et Guillaume de Champeaux, les maîtres du plus grand dialecticien de l'époque, Pierre Abélard (1079-1142). Outre la logique, dans les écoles monastiques, une nouvelle philosophie naturelle (École de Chartres) et la mystique spéculative se partagent alors les fruits de la dialectique.

C'est aussi le siècle où s'amorce un vaste mouvement, parti de Tolède et d'Italie, de traductions latines nouvelles (Gérard de CrémoneHenri Aristippe[66]Dominique Gundissalvi), en particulier des œuvres d'Aristote ou des commentateurs d'Aristote (Alexandre d'AphrodiseProclus[67]), ces derniers comptant aussi pour une grande part les représentants de l'aristotélisme arabe (Al-KindiAl-FarabiAvicenne), qui pénètre ainsi en Occident.

 

Au xiiie siècle, la diffusion de la philosophie d'Aristote fait apparaître une nouvelle méthode philosophique : la scolastique, qui tente d'incorporer l'aristotélisme au christianisme. Les œuvres d'Aristote ayant été progressivement regroupées, classées et diffusées dans les universités nouvellement créées (notamment par Albert le Grand à l'Université de Paris), c'est vers le milieu du siècle que Thomas d'Aquin réalise une vaste synthèse entre l'aristotélisme et le christianisme, principalement dans sa Somme théologique, tâche qui apparaissait pourtant bien improbable, mais qui aura une influence considérable et donnera naissance au courant scolastique. Les dominicains adoptent rapidement cette synthèse thomiste, mais un fort courant franciscain la rejette et reste fidèle à saint Augustin, tandis que d'autres se tournent vers Avicenne ou Averroès[68]. De cette opposition au thomisme surgiront de nouvelles écoles au début du xive siècle, issues des maîtres franciscains Duns Scot et Guillaume d'Occam.

 

Thomas d'Aquin (~1224-1274), un religieux de l'ordre dominicain, a proposé, au xiiie siècle, une œuvre théologique [la « somme théologique[69] »] qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu'il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie d'Aristote, redécouvert par les scolastiques à la suite des traductions latines du xiie siècle. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiæ) afin d'exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière « subalternée » à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude[70].

 

Étienne Tempier, évêque de Paris, le 7 mars 1277[71], condamne 219 propositions de la somme. Une quinzaine de propositions concernaient l’aristotélisme de Thomas d'Aquin amalgamé à l’averroïsme ; la condamnation portait donc sur le sens averroïste, et la formulation n'était pas toujours celle de saint Thomas qui se tenait à l'abri de l'averroïsme ; elles portaient sur l’éternité du monde, l’individuation et la localisation des substances séparées, la nature des opérations volontaires[72].

Parallèlement, l'œuvre de Thomas d'Aquin fut condamnée le 18 mars 1277 par l'archevêque anglais Robert KilwarbyGuillaume de La Mare, franciscain, publia vers 1279 un correctorium de frère Thomas, recensant 117 propositions trop audacieuses.

Réhabilité par la suite, notamment par l'influence grandissante de l'ordre dominicain, il est canonisé en 1323 par le pape Jean XXII. Néanmoins ses idées continuent à faire débat, y compris à l'intérieur de l'ordre dominicain où les chapitres généraux doivent maintes fois réitérer l'obligation de ne pas critiquer les thèses de Thomas d'Aquin.

 

La dialectique fut enrichie au Moyen Âge par la logique aristotélicienne [causale], qui fournissait des fondements et des concepts solides et utiles aux raisonnements. Elle constitue ainsi la méthode de réflexion et de discussion privilégiée dans la théologie médiévale (« la raison au service de la foi », ou « la philosophie servante de la théologie »[73]). Elle permettait en effet non seulement à la religion chrétienne d'éclairer certains de ses articles par une exposition rationnelle, mais aussi à des positions et à des théories concurrentes ou contradictoires de se mettre à dialoguer les unes avec les autres, et éventuellement de se réconcilier.

 

C’est peut-être à cette période que la dialectique commence à être identifiée à ses trois moments (ou thèses) : thèse, antithèse, synthèse ou encore position, opposition, composition ou décomposition[74] (?). Mais, plus exactement, l’on peut penser qu’au 12° siècle, était surtout et plutôt pratiqué la disputatio, l'art de la controverse[75].

 

10    Incompatibilité de l’islam avec la science et la rationalité ?

 

Hélène Bellosta oppose les nombreuses traductions de traités mathématiques, philosophiques, médicaux, et l’œuvre de Thâbit ibn Qurr, des Banû Musa, d’Al Khwârizmi. Elle conclure :  « sans les mathématiques arabes, l’œuvre de Fibonacci, plus tard celle des grands italiens (Cardan, Tartaglia, Bombelli), plus tard encore de Viète et de Fermat n’auraient pas vu le jour. » . La démonstration peut s’étendre à la médecine, avec les travaux des historiens américains, de Danièle Jacquard et Françoise Micheau[76].

 

Concernant la supposée hétérogénéité fondamentale entre grec et arabe, de la soi-disant incapacité fondamentale de l’arabe à l’abstraction, Marwan Rashed montre bien que, non seulement ils ont traduit Platon (le Timée surtout) et Aristote, mais qu’il y a bien eu, en milieu arabophone, débats, réélaborations, commentaires, sur ces problèmes « mineurs » qu’étaient l’infini, le libre arbitre, la substance et l’attribut, etc.[77].

 

10.1    Le Mutazilisme

 

Le mutazilisme, ou mu‘tazilisme mais aussi Al mu'tazila, est une importante école de théologie musulmane ('Aqîda) apparue au viiie siècle[78]. Elle s'oppose aux écoles de théologie aujourd'hui dominantes comme l'asharisme, le maturidisme ainsi que d'autres écoles plus littéralistes comme l'école de théologie du hanbalisme. Vivement critiqué par les courants salafiste et wahhabite, le mutazilisme fut autrefois un courant majoritaire, notamment durant une période du califat des fatimides.

Il réfute l'aspect incréé du coran, jugeant cette considération comme irrationnelle. Il met en avant le libre arbitre, place l'amour et l'ascétisme au centre de la recherche spirituelle de l'être humain, et rejette tout dogmatisme religieux. La recherche scientifique et la philosophie y ont une place prépondérante.

Il fournit un cadre intellectuel, dont la place de la raison reconnue capable d'un certain savoir théologique, sans le recours de la révélation[79].

 

La théologie mutazilite se développe sur la logique et le rationalisme, inspirés de la philosophie grecque et de la raison (logos), que Wassil Ibn Ata combine harmonieusement avec les doctrines de la foi islamique.
Cette démarche, reprise sous différentes formes par les autres courants musulmans, parfois avec réticence, régressa nettement à partir du 
xiiie siècle (sous l'impulsion ottomane) chez les sunnites, ceux-ci considérant que la révélation divine n'a pas à être soumise à la critique humaine. Ainsi, après Averroès, on constate « la perte d'audience de la philosophie musulmane au profit de la mystique »[80].

 

Très rapidement, encouragée par le calife perse Al-Ma'mun (le fameux calife de Bagdad, encore appelé Hârûn ar-Rachîd, 786-833) qui fit du mutazilisme la doctrine ou croyance officielle en 827, à la cour du califat abbasside, et créera la Maison de la sagesse en 832. Il restera la doctrine officielle sous ses deux successeurs.

 

La philosophie grecque fut introduite dans les milieux intellectuels persans et arabes. L'École péripatétique commença à avoir des représentants parmi eux, qui cherchaient par une démonstration philosophique à conforter et démontrer le bien-fondé de leur foi religieuse et pour ce faire utilisaient une méthodologie fondée sur la dialectique grecque furent appelés mutakallamin (« ceux qui utilisent le kalâm doublement »).

 

Une persécution (la Miḥna) sera même organisée entre 833 et 848 contre les érudits qui n'adhèrent pas au mutazilisme. La Miḥna force les non-adhérents à renoncer ouvertement à la doctrine affirmant que le Coran est éternel et à accepter que celui-ci ait été créé, assimilant cette doctrine à la doctrine chrétienne selon laquelle la Parole de Dieu par laquelle il se manifeste au monde (qui est le Christ selon les chrétiens) serait incréée et co-éternelle avec Dieu lui-même. Cette doctrine serait donc ouverte aux mêmes reproches de polythéisme que le trinitarisme chrétien, et ne serait donc pas monothéiste. Le zèle des motazilistes alla jusqu'au refus de faire libérer les prisonniers musulmans aux mains des Byzantins s'ils affirmaient la non-création du Coran.

 

Une nette résistance de l'opinion à ces persécutions est rapportée par les chroniqueurs. De fait, la Mihna est sans doute en partie la cause du déclin du mutazilisme de l'époque.

 

« […] le pouvoir califal, au début du lx' siècle, désireux de donner à l'empire une doctrine cohérente, chercha à imposer l'approche mutazilite à tous les musulmans de l'empire, par la force au besoin : il créa une force de police, chargée de s'assurer que tous les imams acceptaient de reconnaître le credo mutazilite, en affirmant publiquement que le Coran était créé et non éternel. Pendant quinze ans (833-848), la répression s'abattit sur les croyants traditionnels, obligés de se cacher pour conserver le credo transmis.

Cet épisode de répression brutale a laissé des traces profondes dans la mémoire musulmane. L'intolérance et la violence ne sont pas associées à l'obscurantisme traditionaliste, mais au rationalisme à prétention universelle, qui, parce qu'il est rationnel, doit s'imposer à tous et ne laisse pas de place à la diversité. Dans l'histoire musulmane, l'Inquisition a été rationaliste.

il faut faire cet effort contre la tendance à croire que l'histoire intellectuelle de l'islam est une lutte entre un courant rationaliste ouvert, progressiste et tolérant, et un courant rétrograde et violent. C'est infiniment plus compliqué, évidemment ; et dans cette complexité, il faut retenir, comme clef d'explication de certains réflexes, que l'islam a fait l'expérience du potentiel violent de la prétention universelle du rationalisme[81]. » (Adrien Candiard, Comprendre l’islam).

 

Bien que son rationalisme fût séduisant auprès des classes éduquées de l'époque, le mutazilisme ne se répandit guère parmi les masses, probablement du fait de sa nature élitiste. Après son adoption par les dirigeants et face à la persécution qui s'ensuivit, son impopularité grandit dans le peuple.

 

Le calife al-Mutawakkil (~821-861, qui devint calife en 847) abandonna le mutazilisme et revint à la doctrine dit "traditionnelle", qui était en train de donner naissance au sunnisme.

 

Le mutazilisme retrouvera un certain lustre sous le protectorat des émirs chiites buyides, aux xe et xie siècles, où il sera de nouveau enseigné.

 

Le mutazilisme sera de nouveau écarté à l'arrivée des Turcs seldjoukides. « À partir du milieu du xie siècle, la théologie sunnite, plus orthodoxe, l'avait définitivement emporté. »2 Le mutazilisme déclina entre le xie et le xiiie siècle.

 

Le mutazilisme a été interdit, ses livres brûlés, et on ne connaissait plus sa doctrine que par les textes des théologiens traditionalistes qui l'avaient attaqué[82].

 

Les motazilites affirment que le Coran ne peut pas être éternel, mais a été créé par Dieu, sinon l'unicité de celui-ci serait impossible. Devant le problème de l'existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, ils mettent en avant le libre arbitre des êtres humains et présentent le mal comme généré par les erreurs de ceux-ci. Si les actes maléfiques d'un homme provenait de la volonté de Dieu, alors la notion de punition perdrait son sens car l'homme suivrait la volonté divine quels que soient ses actes. Le mutazilisme s'oppose donc à la prédestination.

 

Le principe du « degré intermédiaire », qui a été le premier à distinguer les mutazilites, affirme que le musulman qui commet un grand péché (meurtre, vol, fornication, fausse accusation de fornication, etc.) ne doit être considéré, dans la vie d'ici-bas, ni comme croyant ou musulman (comme pensent les sunnites), ni comme mécréant (kâfir, comme pensent les khâridjites), mais plutôt dans un degré intermédiaire entre les deux. Si le pécheur se repent avant sa mort, il sera considéré à nouveau comme croyant. S'il ne se repent pas, il sera considéré comme mécréant et méritera l'enfer.

Le principe "Ordonner le bien et blâmer le blâmable" permet la rébellion contre l'autorité, si celle-ci est injuste, comme un moyen d'empêcher le mal (contrairement aux autres courants qui incitent les musulmans à obéir aux autorités, même si elles sont injustes).

 

10.2    La fin de la transmission de la « rationalité » grecque dans le monde musulman au moyen-âge

 

10.2.1    Al-Ghazâlî

 

Al-Ghazâlî (1058-1111), connu en Occident sous le nom d'Algazel, est un soufi d'origine persane, représentant la mystique dogmatique. Il a une formation philosophique très poussée ; il écrit un essai tentant de résumer la pensée de philosophes musulmans déjà célèbres (Al-KindiRhazèsAl-FârâbîAvicenne et d'autres). Déçu dans sa recherche d'une vérité philosophique finale[83], il s'oriente vers un mysticisme profond refusant toute vérité aux philosophes et les accusant d'infidélité. Dans son ouvrage Tahâfut al-Falâsifa (L'Incohérence des philosophes) (~1093)[84], il entend montrer par la méthode même des philosophes — qu'il maîtrise du fait de ses études — que les philosophes n'aboutissent qu'à des erreurs, condamnables selon lui puisque contredisant la Révélation. Sa critique vise particulièrement Avicenne (Ibn Sina) _ et son aristotélisme _ et le philosophe Al-Fârâbî (tous les deux commentateurs d'Aristote et du néoplatonisme). Sa pensée est totalement opposée au mutazilisme.

 

Dans la théologie d'Al-Ghazâlî, les actes des hommes, sont soumis à la forte emprise d’Allah et à son intervention directe et constante, et les concepts propres à la justice des hommes ne sauraient lui être appliqués.

Al-Ghazali distingue deux mondes, celui-ci, qui est éphémère, et l'autre qui est éternel. Le premier, le monde de l'existence matérielle, est une existence provisoire, soumise à la volonté de Dieu ; il n'est pas régi par un ensemble de lois scientifiques, qui sont selon lui une partie de ce monde, mais dominé, régi et dirigé par l'intervention directe et constante de Dieu (refus de la causalité). Il pense que Dieu n'est pas seulement le créateur de l'univers, de ses caractéristiques et de ses lois (ou cause de l'existence), il est aussi la cause de tout événement qui y survient, insignifiant ou important, passé, présent ou à venir[85].

 

1) La théorie d'un monde pré-éternel, 2) le fait que seules les âmes humaines seront ressuscitées (et pas le corps) dans l'au-delà[86], sont des points hérétiques pour lui.

 

Al-Ghazali met l'accent, dans ses ouvrages sur la préservation de l'ordre établi, et il tend à prendre le parti de la société (la umma ou communauté des croyants) face à l'individu, de l'élite face au commun et du souverain face au peuple, allant même jusqu'à dénier aux sujets d'un prince injuste le droit de se rebeller (question qui a beaucoup occupé les jurisconsultes musulmans) et à ne laisser aux victimes de l'arbitraire d'autre issue que l'émigration[87].

 

L’idéologie d'Al-Ghazâlî est idéale pour les princes, califes, autorités religieuses[88] …, quand elle incite le peuple à être obéissant et docile, par rapport au pouvoir en place (et donc à leur pouvoir), quel qu’il soit.

 

10.2.2    Le refus et la défense du principe de causalité

 

Selon Fethi H. « El Ghazali était contre la pensé aristotélicienne des philosophes. Selon el Ghazali, la route vers la foi commence par le doute[89] ». Qu’en est-il, en fait ?

 

Le principe de causalité est essentiel pour la démarche scientifique. Décoder les mystères de la nature, en particulier par la recherche de lois de causes à effets, lui est essentielle.

Laissons donc ici la physicienne tunisienne Faouzia Charfi[90] nous exposer le sujet du blocage de la pensée philosophique et théologique, concernant ce principe, dans le monde musulman :

 

« Elle [la loi de causalité] est rejetée par la thèse asharite[91] qui représente l'ortho­doxie sunnite. Pour les asharites, « il n'existe dans l'univers ni principe de causalité entre les phénomènes, ni loi natu­relle. Tout procède de la volonté infiniment libre et créatrice de Dieu ». Dans le Kitâb al-Ibâna [« Livre de la distinction »], Ashari (874-936) affirme que « notre volonté est conditionnée par Dieu et ne peut être que par sa volonté. Pas une feuille, pas une graine ne tombe au fond des sillons, pas une action n'est accomplie, sans que Dieu ne le sache à l'avance, de science certaine[92] ». Toute idée même d'une norme intérieure à un être, d'une nécessité interne, est exclue[93], thèse défendue fortement par le théologien sunnite Ghazali (1058-1111) qui « sacrifiera la causalité à l'autel du volontarisme divin[94] ». Pour lui, « la rencontre d'une flamme et d'un morceau de coton ne provoque le feu que par probabilité et non par nécessité. La certitude découlant du principe de causalité n'existe pas[95] ». C'est le dogme de l'absolue liberté de la volonté divine qui est affirmé en opposition au principe d’une nature, qui serait régie par des lois. Tous les processus naturels représentent un ordre fixé par la volonté divine, que celle-ci peut rompre à tout moment. « Le principe des sciences naturelles est de reconnaître que la nature est au service du Tout-Puissant : elle n'agit pas par elle-même, elle est utilisée au service de son Créateur. C'est ainsi que le soleil, la lune, les astres, les éléments sont soumis aux ordres divins : rien en eux ne saurait agir spontanément[96] ».

 

Un siècle plus tard, le philosophe Ibn Ruchd répond à Ghazali, dans son fameux ouvrage Tahafut al-Tahafut (« Autodestruction de l'autodes­truction ») : « Ceux qui récusaient la causalité craignaient, en reconnaissant les causes naturelles, d'admettre qu'elles fussent à l'origine du monde [..]. Dieu n'est que cause pre­mière, il n'est pas cause unique. Ce sont bien les causes secondes qui gouvernent le monde [...][97] ». Pour Ibn Ruchd, découvrir ces dernières, c'est connaître la chose elle-même, la connaissance n'étant rien d'autre que la connaissance des causes. Et c'est alors qu'intervient la raison, qui n'est rien de plus que la connaissance des étants et de leurs causes [voir page suivante] :

 

Rien ne prouve mieux la sagesse divine que l'ordre du cosmos. L'ordre du cosmos peut être prouvé par la raison. Nier la causalité, c'est nier la sagesse divine, car la causalité est une relation nécessaire. La seule fonction de la raison est de découvrir la causalité, et celui qui nie la causalité, nie la raison et méconnaît la science et la connaissance[98]. ».

 

10.2.3    Averroès (Ibn Rochd de Cordoue)

 

Averroès (1126-1198) est un philosophe, théologien, juriste et médecin musulman andalou.

Il exerce les fonctions de grand cadi (juge suprême) à Séville et à Cordoue, et de médecin privé des sultans almohades, à Marrakech à une époque charnière où le pouvoir passe des Almoravides aux Almohades.

 

Averroès riposte un siècle après, au Tahafut al-falasifa par un ouvrage intitulé Incohérence de l'Incohérence (Tahafut al-Tahafut), écrit en 1179[99].

 

Dans son œuvre, Averroès a mis l'accent sur la nécessité pour les savants de pratiquer la philosophie et d'étudier la nature créée par Dieu. De ce fait, il pratique et recommande les sciences profanes, notamment la logique et la physique, en plus de la médecine. Averroès est un défenseur de la séparation entre le spirituel et le temporel.

 

Lecteur critique d'Al-FârâbîAl-Ghazâlî et Avicenne, il est considéré comme l'un des plus grands philosophes de la civilisation islamique même s'il a été accusé d'hérésie à la fin de sa vie et s'il n'a pas eu de postérité immédiate dans le monde musulman. Il en est de même de la philosophie (falsafa) dans sa branche rationaliste.

 

 Mohammed Arkoun écrit « […] Ibn Ruchd donnait de nouvelles possibilités de développement à un réalisme critique de type aristotélicien — apport qui fructifia uniquement en Occident chrétien […] ».

 

Arkoun explique que la falsafa a toujours eu une existence précaire en terre d'Islam, spécialement au Moyen Âge, même si elle était objectivement bien représentée par des auteurs comme Al-Kindi (801-873) et Al-Fârâbî (872-950) avant Averroès. En effet, il lui est reproché de vouloir substituer la raison à la révélation et l'étude de la nature à l'étude des sciences religieuses.

 

Si la fin de sa vie est intellectuellement intense — il rédige alors les Grands Commentaires d'Aristote, et son traité sur le bonheur, intitulé Sur la béatitude de l'âme[100] — néanmoins il doit affronter des attaques contre sa philosophie et contre la philosophie en général.

 

En 1188-1189, les Almohades doivent faire face à des rébellions dans le Maghreb central et, en Espagne, à la reprise de la guerre contre les royaumes chrétiens. Le calife Abu Yusuf Yaqub al-Mansur fait alors interdire la philosophie, les études et les livres, tout comme il proscrit la vente du vin ainsi que les métiers de chanteur et de musicien[101]. À partir de 1195, Averroès, que le simple fait d'être philosophe rend suspect, est victime d'une campagne de diffamation qui vise à briser son prestige de grand cadiKurt Flasch, spécialiste d'Averroès, explique que des « pressions politiques » ont été exercées par le « parti de ceux qui craignaient Dieu » (les oulémas, des théologiens malikites) sur le calife Al-Mansur, afin que celui-ci abandonne son protégé[102].

 

Averroès est exposé et humilié dans la mosquée de Cordoue, avant d'être forcé de partir de sa ville natale. Il est exilé en 1197 à Lucena, une petite ville andalouse peuplée surtout de Juifs qui décline depuis que les Almohades ont interdit toute religion autre que l'islam[103]. Ses livres sont brûlés et lui-même est accusé d'hérésie, notent les spécialistes[104]. Le poète Ibn Jubair est chargé d'écrire des épigrammes pour le discréditer pendant l'exil[105]. Il écrit, s'adressant à Averroès : « Tu as été traître à la religion »[106].

Selon Kurt Flasch, la conséquence du traitement subi par Averroès fut grave sur le monde arabe : ce dernier « perdit dès lors tout contact avec le progrès scientifique »[107].

 

Il n'a été redécouvert en Islam que lors de la Nahda au xixe siècle, la Renaissance arabe, durant laquelle il inspire les courants rationalistes, réformateurs et émancipateurs.

 

De son vivant, Averroès a été souvent critique envers l’ignorance, le fanatisme, voire la religion (voire sceptique envers elle !), comme le montrent certaines de ses citations (voir ci-dessous) :

 

« Si tu veux contrôler un ignorant, tu dois envelopper chaque calomnie d'une couverture religieuse, et elle apparaîtra comme une vérité ».

 

10.3    Postérité de la pensée d’Averroès en Occident

 

A contrario, selon Alain de Libera, Averroès est par ses commentaires d'Aristote « un des pères spirituels » de la pensée occidentale[108].

 

Par sa capacité à concilier la philosophie aristotélicienne et la foi musulmane, Averroès est considéré comme l'un des grands penseurs du monde islamique. Ses commentaires de l'œuvre d'Aristote, traduits en latin vers 1230 (Michael Scot) (~1175-~1232) entre autres, ont par ailleurs eu une influence majeure sur les penseurs du monde chrétien médiéval, auprès duquel il a fortement contribué à la diffusion des cultures grecque et arabe. Averroès ne s'accordait pas toujours dans ses commentaires avec Alexandre d'Aphrodise (~150-~198), ce qui divisa toute l'école péripatétique en deux courants, celle des averroïstes et celle des alexandristes[109]. Les alexandristes notamment ne nient pas le caractère individuel de la pensée.

La pensée d'Ibn Rushd (Averroès) (1126-1198) est bien accueillie en Occident (dès 1225), car elle est fondée sur les idées d'Aristote qui y sont déjà connues, notamment depuis les centres de diffusion culturelle d'Angleterre et de Tolède. Si elle ne crée pas de transfert de connaissances, sa pensée participe à cette diffusion philosophique en Occident. Ses disciples les plus illustres ont été Boèce de Dacie (~1240-~1284)Siger de Brabant (~1235-1284)Jean de Jandun (1280-1328) et Marsile de Padoue (1275-1342).

 

Vers 1250, de façon générale par Albert le Grand[110] (1205-1280), puis en 1252, de façon précise par Robert Kilwardby (1212-1279) et saint Bonaventure[111] (1221-1274), Averroès est accusé d'avoir dit qu'il n'existe qu'une seule âme pour tous les hommes : c'est la controverse sur l'intellect agent, le monopsychisme soutenu par l'averroïsme latin[112]. Bonaventure écrit vers 1260 que l'erreur averroïste consiste à dire qu'« il n'y a qu'une seule âme intellectuelle pour tous les hommes, et cela tant pour l'intellect agent que pour l'intellect potentiel »[113]Thomas d'Aquin (1225-1274) attaque violemment les averroïstes, et à travers eux, Averroès lui-même, le « depravator » des péripatéticiens, pour les mêmes raisons[114]. L'évêque de Paris de l'époque, Étienne Tempier (1210-1279), condamne en décembre 1270, puis en mars 1277, ce que Renan appellera l'averroïsme latin, avec ces thèses : éternité du monde, négation de la providence universelle de Dieu, unicité de l'âme intellective pour tous les hommes, déterminisme (négation du libre arbitre), et croyance en la double vérité[115].

Foi et raison furent les principaux enjeux des débats de la scolastique, qui culminèrent avec l'opposition de saint Bonaventure de Bagnoregio (un franciscain, poussant la raison humaine à l'humilité) et de saint Thomas d'Aquin (un dominicain, proclamant la philosophie servante de la théologie et lui donnant ainsi une place élevée)[116].

 

David Piché écrit qu'« il est désormais établi qu'il n'y a jamais eu de courant de pensée spécifiquement averroïste au xiiie siècle »[117]. Le terme d'« averroïste » a été inventé et utilisé par Thomas d'AquinÉtienne Tempier et Raymond Lulle (1232-1316) pour désigner ceux qui adhéraient à la thèse du monopsychisme[118].

 

10.4    La théorie de la connaissance et « l’intellect séparé » d’Averroès

 

Dans son Grand Commentaire du De anima d'Aristote, Averroès allie aux doctrines d'Aristote celles de l'École d'Alexandrie sur l'émanatisme[119], et il enseigne qu'il existe une intelligence universelle à laquelle tous les hommes participent, que cette intelligence est immortelle, et que les âmes particulières sont périssables[120]. Le sujet n'est pas maître de sa propre pensée, il y a quelque chose d'autre qui le fait penser. C'est l'« intellect unique et séparé, commun à tous les hommes qui pense en moi quand je pense »[121]. Selon Alain de Libera, pour Averroès, « ce n'est pas l'homme qui pense, mais l'intellect, ou ce n'est pas « moi » qui pense, mais l'agrégat constitué par mon corps (objet de l'intellect) et l'intellect séparé (sujet agent de la pensée)[122]. ».

 

L'intellect agent séparé illumine mon corps qui serait sinon incapable de parvenir à se faire une idée des formes intelligibles (les quiddités des chosesj). Elle a été critiquée par Albert le Grand et Thomas d'Aquin qui voulaient sauvegarder le caractère individuel de la pensée[123]. Ils accusaient la thèse averroïste de conduire à l'irresponsabilité d'un point de vue moral : si je ne suis pas maître de mes pensées, on ne peut pas me reprocher les actions dont mes pensées sont les motifs. Il n'y aurait pas de place pour le libre arbitre.

 

Selon Lucien-Samir Arezki Oulahbib « « Averroès [...] n'a fait que s'insurger contre le libre arbitre comme l'a démontré Thomas d'Aquin dans son « Contre Averroès » [...]. En effet, pour Averroès, « l'homme ne pense pas, il est pensé »[124]... »[125].

 

10.5    L’averroïsme latin, la doctrine de la double vérité, une fausse compréhension d’Averroès, en Occident

 

La doctrine de la double vérité consiste à affirmer que ce qui est vrai pour la raison peut être faux pour la foi, que ce qui est vrai pour la foi peut être faux pour la raison, et pourtant que la raison et la foi disent toutes deux la vérité.

 

Deux assertions d'ordre différent pourraient être simultanément vraies, et contradictoires entre elles à la fois. Averroès n'a jamais soutenu une telle doctrine : celle-ci a été inventée par ses contradicteurs pour démontrer que sa philosophie, et celle de ses successeurs les averroïstes, est contraire à la religion et relève de l'incroyance. Ali Benmakhlouf[126] rappelle que pour Averroès, « la vérité ne saurait contredire la vérité, elle s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur ». En tant qu'aristotélicien, Averroès ne remet pas en cause le principe de non-contradiction qui serait violé par une telle doctrine de double vérité.

 

La théorie de la double vérité a également été attribuée aux partisans latins d'Averroès [averroïsme latin], les « averroïstes », qui ont été accusés de jouer double jeu par rapport à l'Église catholique et à la doctrine officielle. Les averroïstes, tels Siger de Brabant (~1235-1284) et Boèce de Dacie (~1240-1284), étaient persuadés que les commentaires d'Averroès portant sur l'œuvre d'Aristote dévoilaient tout ce qu'il y avait à savoir dans le domaine des sciences naturelles, de la logique et de la psychologie

 

 La théorie de la double vérité aurait eu pour but de sauver la science aristotélicienne tout en prétendant acquiescer dans le même temps aux vérités de la foi. Mais l'« expression « double vérité » ne se trouve nulle part dans les écrits averroïstes publiés jusqu'à présent » (en 1931)[127]. Selon Luca Bianchi, cette théorie n'est qu'une « légende »[128].

 

C'est la condamnation de 1277 par Étienne Tempier d'un certain nombre de thèses d'origine aristotélicienne et averroïste qui emploie cette expression, pour discréditer ces courants philosophiques[129]. Les averroïstes sont accusés de manquer de sincérité, et de n'avoir admis la vérité de la Révélation que du bout des lèvres, pour échapper à l'Inquisition. Cette accusation est reprise par l’historien Pierre Mandonnet, mais contestée par l’historien Étienne Gilson[130]. D'où la réputation sulfureuse de leur inspirateur, Averroès lui-même. Déjà Thomas d'Aquin, en 1270, avait qualifié de « faux maîtres » et de « faux prophètes » Siger et les averroïstes, leur reprochant de n'avoir pas fait l'effort de résoudre la contradiction apparente entre la vérité philosophique et la vérité révélée[131]. Cependant, Thomas ne nie pas la sincérité de Siger et des averroïstes quand ils affirment que la raison doit se soumettre à la Révélation en cas de désaccord ou d'insuffisance[132].

 

L'averroïsme latin défend l'éternitisme (le monde est éternel, l'humanité aussi), le monopsychisme (il n'y a qu'un seul intellect pour l'humanité), il nie l'immortalité personnelle, il rejette la Providence, il prône une morale profane, il paraît soutenir une double vérité (l'autonomie de la raison par rapport à la croyance religieuse). L'aristotélisme radical (Siger de Brabant, Boèce de Dacie, Bernier de Nivelle)[133] recoupe en partie ces thèses, puisqu'il croit en l'éternité du monde, en la divinité de l'intellect actif, au monopsychisme[134].

 

A cause de leurs idées, Boèce de Dacie fut momentanément détenu à la curie pontificale, à Orvieto, Siger aurait échappé aux foudres de l'Inquisition en se réfugiant auprès du pape à Orvieto (mais il aurait été poignardé, dit-on, par son secrétaire « devenu fou[135] »).

Bernier de Nivelles fut suspecté d'hérésie comme Siger de Brabant, et Gossuin de la Chapelle[136], mais il fut traité avec plus d'indulgence. Bonaventure stigmatisa sa position (comme Siger, Bernier plaidait qu'il pouvait y avoir une vérité théologique et une vérité philosophique contradictoires, une position qui est née de la difficulté du xiiie siècle face au choc que représenta l'arrivée des œuvres d'Aristote dans le monde chrétien[137]. Thomas d'Aquin s'attaqua aussi à cette position et la combattit avec les armes de sa philosophie, synthèse entre le platonisme et l'aristotélisme.

 

10.6    Conflit entre raison et foi (providentialisme ( ?)) dans le monde musulman

 

(Le texte de ce chapitre est essentiellement tiré du livre Comprendre l’islam, Adrien Candiard, Flammarion, 2015).

 

De grands noms — Farabi, Avicenne, Averroès, pour ne citer que les plus connus — ont cherché à développer cet héritage [rationnel grec] dans un cadre profondément musulman. Leur conception de Dieu en est différente. Sans surprise, elle ne fait pas de l'ordre divin un arbitraire : Dieu est en cohérence avec le monde qu'il a créé, et qu'il a créé rationnellement.

 

Pour le théologien musulman du Moyen Âge, Ibn Hazm (994-1064)[138], Dieu n'est pas obligé d'être rationnel.

 

Ghazali, dans un petit livre, traduit en français sous le titre « Le Critère de distinction entre l'islam et l'incroyance »[139], là où une chose se traite généralement par l'alternative entre vrai et faux,  distingue cinq niveaux différents de réalité et avait présenté différentes méthodes légitimes d'interprétation du Coran. Mais Ghazali, dans le même ouvrage, exclut de sa large tolérance une école théologique de l'islam et non des moindres, celle des « philosophes » qui, de Farabi à Avicenne, avaient cherché à concilier la révélation coranique avec les doctrines grecques, essentiellement néoplatoniciennes.

 

L'ijtihad renvoie, en droit musulman, à l'effort d'interprétation des sources du droit (à commencer par le Coran et les hadiths) par un savant en dehors des solutions établies par l'école juridique à laquelle il appartient — en particulier quand il se trouve confronté à des situations nouvelles que le droit antérieur n'avait pas prévues. Il s'agit donc d'innovation juridique, accomplie par des savants habilités, limitée à certains cas, pas d'une totale créativité normative. Si le rigoriste Ibn Taymiyya[140] (1263-1328) _ adversaire résolu de la philosophie et de la logique grecques _ réclame, au XIII siècle, une plus grande place pour l'ijtihad, c'est au contraire pour redonner toutes leurs forces aux prescriptions coraniques et prophétiques.

 

Dans le monde sunnite, dont l'islam nous importe en général davantage, l'islam de la falsafa [de la philosophie, de la recherche de la vérité] a perdu, depuis des siècles, de son influence et que, pour la vie concrète de la plupart des croyants sunnites d'aujourd'hui, il ne pèse guère.

 

« Cela signifie que la raison ne peut pas fonder notre approche de la vérité : la raison seule, constate Ibn Taymiyya, conduit à des contradictions sans fin, et il suffit pour s'en convaincre de regarder l'incapacité de ceux qui s'en réclament à se mettre d'accord. Dieu ne nous dit pas n'importe quoi, ni ce qui lui passe par la tête, en appelant ça le bien parce que telle est sa fantaisie, mais simplement, nous n'avons pas d'étalon rationnel auquel nous pourrions mesurer l'action de Dieu. Nous ne pouvons pas juger de la rationalité de Dieu, mais cela ne veut pas dire qu'elle est inexistante. De même, nous ne pouvons pas fonder notre certitude sur la raison : au fondement, il faut nécessairement un acte de foi, qui se fonde non sur la raison, mais sur la révélation, parce que la révélation semble un moyen plus adapté d'arriver à la certitude. La question est davantage, en effet, celle de la certitude que celle de la vérité. De ce fait, poursuivra Ibn Taymiyya, en cas de conflit apparent entre le texte révélé — Coran ou hadith — et le raisonnement logique, il faut corriger la logique à la lumière de la révélation, c'est-à-dire apprendre l'art du raisonnement juste à l'imitation des sources islamiques plutôt que par la lecture d'Aristote. Il s'oppose en cela à la tradition musulmane largement dominante de son temps, mais son succès moderne est incontestable. On y trouvera sans doute un certain danger, mais il ne s'agit pas d'une interdiction de raisonner ; au contraire, Ibn Taymiyya, comme avant lui Ibn Hazm, ne cesse de raisonner, en particulier en faisant un usage polémique de la raison. Mais il considère que le fondement de la pensée ne petit être rationnel […] Même chez les auteurs apparemment les plus sceptiques à l'égard de la raison, donc, nous ne sommes pas face à une simple étroitesse d'esprit, mais à un raisonnement construit, passablement dépaysant pour un esprit occidental » (Adrien Candiard, Comprendre l’islam).

 

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Siger de Brabant, en rouge en haut à droite, illustration du Paradiso de Dante. Le poète, écrivain, penseur florentin Dante (1265-1321), prenant le contre-pied d'Étienne Tempier, place Siger de Brabant au Paradis dans la Divine Comédie (chant X, v. 133-138), aux côtés d'Albert le Grand et de Thomas d'Aquin.


 

 

10.7    La fin de l’esclavage en Occident en 11° siècle et sa persistance dans le monde musulman

 

Selon le livre « Histoire des techniques »[141], l’abandon de l’esclavage en occident, vers le 11° siècle[142], pour des raisons éthiques religieuses, aurait provoquer un important essors  des « arts mécaniques[143] » et des techniques _ dont l’invention d’un grand nombre de machines (moulins à l’eau, à vent, martinets de forge _ de gros marteaux servant de marteaux pilons …_, soufflets et scies hydrauliques, pompes aspirantes-refoulantes, horloges, tours dont tours à tailler et à polir, laminoirs, amélioration des systèmes d’engrenage (jusqu’au joint de Cardan, le système bielle-manivelle), bas fourneaux, hauts fourneaux, machines à traiter les textiles, à filer et métiers à tisser devenant de plus en plus perfectionnés jusqu’à être automatiques …), les grues de levage, les pilons à enfoncer les pieux, régulateurs (dont celui de Watt …), les automates …), conduisant à un monde culturellement en pleine évolution comparativement à beaucoup de civilisations plus ou moins bloqués sur le plan des techniques (mondes maya, inca, musulman …).

 

Maîtriser ces machines conduisaient à établir des abaques, des calculs mathématiques … Ce qui a conduit à améliorer les « techniques de l’ingénieur », puis à la rigueur de mathématique des sciences et techniques.

L’extraordinaire inventivité du moyen-âge occidental contredit l’idée d’un « temps obscur » (Cf. Jacques Heers, Rémi Brague).

 

Cet inventivité pratique a conduit à l’invention de l’imprimerie (1450), qui a grandement facilité la diffusion des connaissances techniques, scientifique, les nouvelles idées (le protestantisme, l’humanisme, la pensée grecque …).

 

Tout ce mouvement a conduit à des expérimentations pratiques, dont celles de Tycho Brahe (1546-1601), puis de Galilée (1564-1642), même si, à l’époque, risquer de sortir des clous du dogme religieux n’était pas sans conséquence …

 

A contrario, le maintien de l’esclavage dans le monde musulman[144], jusqu’à son abolition par le colonisateur occidental, dans les territoires musulmans colonisés, au 19° siècle, a pu être au contraire un frein au développement du machinisme _ même l’astrolabe, des horloges (à eau …), des moulins … ont été inventées ou ont existé, dans le monde musulman.

 

10.8    L’importance de l’imprimerie et un mouvement antiscience dans le monde musulman

 

10.8.1    Histoire de l’imprimerie dans le monde musulman

 

Le développement de l’imprimerie [~1454[145]] et la création de caractères d'imprimerie grecs permirent, grâce aux presses d’Aldo Manuzio, la diffusion de la presque totalité du corpus grec classique et des textes des Pères de l’Église orthodoxe (en Occident).

 

Des édits des sultans ottomans Bajazed II (1447-1512)[146], en 1485, et Selim Ier (~1460-1520)[147], en 1515, en interdirent l'usage pour les textes en caractères arabes.

 

Au 17° siècle, un seul livre fut imprimé : un traité sur les remèdes de la Syphilis.

 

En 1726, une imprimerie fut fondée à Constantinople même par un musulman : il s'agit de Zaïd Aga, fils de Mehmet Effendi, ambassadeur ottoman en France en 1720/21, qui avait accompagné son père lors de sa légation ; il se fit charger par le sultan Ahmed III d'établir un atelier typographique dans le Sérail. Le premier ouvrage qui sortit de cet atelier, en 1728, est le dictionnaire arabe-turc d'un lexicographe du nom de Van-Kouli, en deux volumes in-folio (tiré à plus de huit cents exemplaires). Ensuite il y eut un ouvrage historiographique intitulé Tārīḥ Agvānian ou Mīrveis (l'histoire récente de l'Afghan Mirwais Khan Hotak), et ensuite une Géographie de l'Empire ottoman, avec des cartes (1729)[148].

 

Mais l'imprimerie d'İbrahim Müteferrika fut abandonnée au bout de quelques années sous la pression des milieux conservateurs.

 

Ce n'est qu'en 1795 que le sultan Sélim III, dans un souci de modernisation, ordonna la création d'une nouvelle imprimerie pour publier des ouvrages techniques et des textes de loi en turc.

 

L’imprimerie n’a commencé à se diffuser, en terre d’islam, qu’à partir du début du 20° siècle, souvent amenée par le colonisateur, lors de la colonisation de certains pays musulmans ou comme au Liban, au 19° siècle, par les religieux chrétiens.

 

10.8.2    Le triste sort des observatoires astronomiques du monde musulman

 

Vers 1429, le roi astronome Ulugh Beg (1394-1449) inaugura à Samarcande un observatoire astronomique, aboutissant à la publication des tables sultaniennes (zij-e soltâni en persan), dont la précision resta inégalée pendant deux siècles (avant les tables rudolphines). Après son assassinat (1449), des intégristes eurent une occasion de raser l'observatoire[149]

 

L'observatoire d'Istanbul, créé par Taqi Al-Din (1526-1585), subi le même sort, en 1580, toujours à cause des intégristes (eux-mêmes ayant été aussi à l’origine de l’interdiction de l’imprimerie, jusqu’à la fin du 19° siècle, dans l’empire ottoman)[150] [151].

 

10.8.3    La persécution des savants et des idées neuves au nom de la religion

 

Un florilège de savants et de penseurs, ont eu à endurer, à travers l’histoire, des fatwas, excommunications, persécutions, procès ou autres opprobres, à cause des autorités religieuses :

 

Ibn al-Muqaffa (littérateur), Al-Fârâbî (philosophe), Ibn Sina (Avicennes) (philosophe et médecin médiéval), Abbas ibn Firnas (Afarnas) (inventeur, médecin, chimiste, ingénieur, musicien et poète), Ibn Rochd (Averroès) (philosophe, théologien, juriste et médecin), ibn Al Haytham (Alhazen) (mathématicien, philosophe, physiologiste et physicien), Ar-Razi (Rhazès), Al Kindi, Al-Khwârizmî (mathématicien, géographe, astrologue et astronome), Al Jahid, Jaber Ibn Hayan (Geber) (chimiste et alchimiste, astronome et astrologue, ingénieur, géographe, philosophe, physicien, et pharmacien et médecin), Abu-l-Ala al-Maari (poète), Omar Al Khayyam (écrivain et savant), Ibn Tofaïl al-Kéisi (philosophe), Ibn Battûta (explorateur), Thâbit ibn Qurra (astronome, mathématicien, philosophe et musicologue), a al-Yaqubi (historien et géographe), Al-Mas'ûdî (encyclopédiste), Miskawayh (homme d'État, philosophe, historien, savant et bibliothécaire), Al-Biruni (Mathématicien, astronome, physicien, encyclopédiste, philosophe, astrologue, voyageur, historien, pharmacologue), Nasir al-Din al-Tusi (philosophe, mathématicien, astronome et théologien), Ibn al-Nadim (bibliographe), Ulugh Beg (prince-astronome, assassiné) et, plus proches de nous, Taha Hussein (universitaire, romancier, essayiste et critique littéraire égyptien), Naguib Mahfouz (écrivain et intellectuel égyptien), Farag Fouda (écrivain égyptien, assassiné)[152] ...

 

A cette liste, on peut rajouter 1) le mystique persan du soufisme et sunnite, Mansur al-Hallaj (858-922)[153], condamné à mort, pour blasphème, et crucifié à Bagdad, le 27 mars 922, Mahmoud Mohamed Taha (1909-1985)[154], homme politique soudanais et un théologien musulman, exécuté le 18 janvier 1985 par le président Gaafar Nimeiry pour apostasie.

 

Autant en Occident, l’on peut critiquer et rire du Christianisme, du Judaïsme, de Jésus, des prophètes, autant la critique de l’islam[155], de Mahomet, en terre musulmane, où le délit de blasphème est généralisé, est très difficile et peut vous attirer beaucoup d’ennuis _ amendes, condamnation à de peines de prison, voire à la peine de mort.

 

10.8.4    Constat accablant

 

Le monde musulman a loupé la révolution de l’imprimerie à caractères mobiles.

 

Il a, par exemple, loupé la révolution de la science de la balistique, en 18° siècle, pourtant utile à l’art de la guerre[156].

 

Il n’a pas participé à des révolutions intellectuelles et scientifiques aussi importantes que :

 

1)      La révolution scientifique du 17° siècle et de son considérable prolongement qui a suivi _ avec Copernic, Tycho Brahe, Galilée, Newton, Maxwell, Einstein …

2)      La révolution du transport (voiture, camions, navires, avions …).

3)      La révolution de l’information (informatique, réseaux sociaux …).

4)      L’éveil de la tolérance religieuse, surtout à partir du 19° siècle, en Occident[157] puis la mise en place du dialogue interreligieux après 1945 (entre catholiques, protestants, juifs),

5)      La mise en place de démocraties parlementaires (certaines datant de plusieurs siècles, dont la démocratie américaine).

6)      L’élaboration de la déclaration universelle des droits de l’homme, entre les USA (constitution américaine en 1776), la France (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789), puis son adoption, sous la forme de la « déclaration universelle des droits de l’homme » par l’ONU en 1948.

 

Dans beaucoup de domaines, le monde musulman est resté figé, bloqué, intellectuellement.

Souvent ce monde n’a évolué, des mœurs ou au niveau avancées sociales, que sous la pression de l’occident ou à cause de son exemple (c’est, par exemple, sous la pression de la colonisation que l’esclavage a été abandonné, qu’il y a eu une amélioration du statut des femmes dans certains pays et voire le droit de vote ...).

 

Les grandes découvertes actuelles de savants « musulmans » se font, en général, dans les laboratoires occidentaux.

 

Le déficit en musées scientifiques dans le monde musulman

 

Dans presque tous ces pays, vous ne trouverez ni un musée des sciences et techniques, ni même un muséum d’histoire naturelle, comparables à ceux existants dans tous les pays occidentaux (comme aux USA, Japon, Angleterre, Japon, Allemagne, France, Israël …).

 

Seul le Liban, un des rares pays démocratiques de la région (avec Israël) en possède deux : 1) La Planète de la découverte (Planet Discovery) [réalisé en partenariat du “Cité des sciences et de l'industrie” de la Villette] et b) le Musée des sciences pour enfants, à Beyrouth [1][2]. Il y a même un musée de minéralogie, à l'Université Saint-Joseph, à Beyrouth.

 

Note : comparativement, vous trouvez un minimum de 5 musées des sciences en Israël : 1) le "Musée national des sciences, technologies et de l’espace" à Haifa, 2) le "Bloomfield Science Museum" à Jérusalem, 3) le "Clore Garden of Science" à Rehovot, 4) le "Science Park at Technoda" à Hadera, 5) le "Planetanya Netanya Israel" à Netanya, 6) le "Vidor Center - A window to Arava agriculture" à Hazeva, 7) le "Givatayim Observatory and Garden" à Giv'atayim [158].

 

La plupart des pays musulmans vivent dans le souvenir de la gloire scientifique passé de la civilisation musulmane _ à l’exemple du « Istanbul Museum of the History of Science and Technology in Islam » dédié à la gloire de la « science en Islam » _, qui correspond à deux périodes assez courtes, totalisant 2 à 3 siècles, dans l’histoire de l’humanité :

 

1) celle d'Al-Andalus (avec Abd al-Rahman III (891-961) et Al-Hakam II (915-976).

2) Celle des califes abbassides à Bagdad, avec Al-Mânsur (714-775)[159] Harun ar-Rachid (765-809, le calife des Mille et une Nuits[160]) et Al-Ma’mūn (786-833)[161], qui se sont achevée après le 12° siècle.

 

10.9    L’interdiction du doute et du questionnement en Islam et dans le Coran ?

 

Via le Coran, on constate que Mahomet interdit tout questionnement et critique de sa personne, du Coran et de l’islam (un des versets emblématique étant le verset 5.101-102) :

 

Mahomet laisse entendre que le Coran est parfait (4.82), interdit qu’on puisse le modifier et menace ceux qui le critiquent du feu de l’enfer (2.2, 5.101-102, 6.28, 6.115 _ ce verset interdit tout questionnement _, 40.70-72, 4.56, Bukhari Volume 3, Livre 49 Hadith numéro 861, Bukhari Volume 3, Livre 41, Hadith Numéro 591, Bukhari Volume 2, Livre 24, Hadith Numéro 555, Bukhari (7306), et Mouslim (1366), Bukhari 2697 et Mouslim 1718, Mouslim 1718, Abou Dawoud 4067 …). On ne peut en douter (2.2, 40.70-72). Tout est écrit dans le Coran (6.28).

 

Mahomet a toujours interdit toute critique, tout questionnement sur lui et sa religion, sous peine de mort ou d’une terrible punition. Voici d’ailleurs une liste de versets semblant s’opposer à toute idée de réforme (de l’islam) :

 

2.2. C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux[162].

 

4.56. Certes, ceux qui ne croient pas à Nos Versets (le Coran), Nous les brûlerons bientôt dans le Feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, Nous leur donnerons d'autres peaux en échange afin qu'ils goûtent au châtiment. Allah est certes Puissant et Sage !

 

4.82. Ne méditent-ils donc pas sur le Coran? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions!

 

Note : Pourtant, il existe des contradictions dans le Coran.

Cf. Contradictions et incohérences du Coran. Le problème des versets abrogeants et abrogés, B. LISAN, http://benjamin.lisan.free.fr/jardin.secret/EcritsPolitiquesetPhilosophiques/SurIslam/contradictions-et-incoherences-du-coran.htm 

 

5.101-102. « 101. Ô les croyants ! Ne posez pas de questions sur des choses qui, si elles vous étaient divulguées, vous mécontenteraient. Et si vous posez des questions à leur sujet, pendant que le Coran est révélé, elles vous seront divulguées. Allah vous a pardonné cela. Et Allah est Pardonneur et Indulgent.

102. Un peuple avant vous avait posé des questions (pareilles) puis, devinrent de leur fait mécréants[163] ».

 

6.38. Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront ramenés.

 

Note : c’est pourquoi certains musulmans croient que toutes les connaissances de l’univers se trouvent dans le Coran.

 

6.115. Et la parole de ton Seigneur s’est accomplie en toute vérité et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles. Il est l’Audient, l’Omniscient.

 

33.36. Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir[164].

 

Note : Mahomet veut des fidèles obéissants et ne se posant pas de question.

 

40.70-72. « 70. Ceux qui traitent de mensonge le Livre (le Coran) et ce avec quoi Nous avons envoyé Nos Messagers; ils sauront bientôt,

71. quand, des carcans à leurs cous et avec des chaînes ils seront traînés

72. dans l’eau bouillante; et qu’ensuite ils brûleront dans le Feu ».

 

Mahomet a interdit la critique du Coran, sous peine de mort (7.72 …) :

 

7.72. Or, Nous l’avons sauvé, (lui) et ceux qui étaient avec lui par miséricorde, de Notre part, et Nous avons exterminé ceux qui traitaient de mensonges Nos enseignements et qui n’étaient pas croyants.

 

Un certain nombre de Hadiths interdisent aussi tout questionnement et innovation en islam :

 

Bukhari Volume 3, Livre 49 Hadith numéro 861 « Aisha a raconté : « L'apôtre d'Allah a déclaré : "Si quelqu'un innove, ce qui n'est pas en harmonie avec les principes de notre religion, cet objet est rejeté." » »[165].

 

Bukhari Volume 3, Livre 41, Hadith Numéro 591 « Relaté par Al-Mughira bin Shu'ba : Le Prophète a dit : « Allah vous a interdit (1) d’être désobéissant à vos mères, (2) d’enterrer vos filles vivantes, (3) de ne pas payer les droits pour les autres (par exemple la charité, etc.) et (4) de mendier (mendicité) et Allah a haïs pour vous (1) les vains parlers inutiles, ou que vous parlez trop sur les autres, (2) de poser trop de nombreuses questions, (en matière de questions religieuses contestées) et (3) de gaspiller la richesse (par l'extravagance) » ».

 

Bukhari Volume 2, Livre 24, Hadith Numéro 555 « Relaté par le greffier (clerc) Al-Mughira bin Shu'ba : « Muawiya a écrit à Al-Mughira bin Shu'ba : Écrivez-moi quelque chose que vous avez entendu parler du Prophète (p.b.u.h)." Donc, Al-Mughira a écrit : J'entendu le Prophète dire : « Allah a détesté pour vous trois choses :

1. Les vains entretiens, (les parlers inutiles) ou que vous parlez trop ou sur les autres.

2. Gaspiller la richesse (par l'extravagance)

3. Et vous poser trop de questions (en matière religieuse contestées) ou en demandant à d'autres pour quelque chose (sauf en cas de grand besoin) » » (Voir aussi le Hadith n ° 591, Vol. III).

 

·         Boukhârî (7306), et Mouslim (1366), d’après le hadith rapporté par Anas « …Quiconque y introduit une innovation, que la malédiction d’Allâh, des Anges et de tous les gens soit sur lui. Allâh n’acceptera de lui le Jour de la Résurrection ni échappatoire ni compensation. » Il dit : « Ainsi Ibn Anas dit : ‘‘ ...ou quiconque ayant hébergé un innovateur [en religion] ’’. ».

·         Boukhari 2697 et Mouslim 1718 « Tout acte accomplit contrairement à notre ordre est rejeté ».

·         Mouslim 1718 « Sera rejeté tout élément étranger introduit dans notre affaire ».

 

Nous citons, ci-après, quelques hadiths considérés comme faibles, mais que nous citons malgré tout, car allant dans le sens des versets et hadiths, ci-avant (déclarés sahih / authentiques) _ voir ci-dessous _ :

 

Abou Hourayra[166] (rad) dit : « J’ai entendu le Messager de Dieu (saws) dire : « Ce que je vous ai interdit évitez-le, et ce que je vous ai ordonné de faire, accomplissez-le selon votre capacité. Car, ce qui entraina la perte de ceux qui vous ont précédés ce fut bien leurs questions excessives et leurs désaccords avec leurs prophètes » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim)[167].

 

« Le prophète (psl) a déconseillé les musulmans de polémiquer sur ce sujet [du destin, du libre arbitre etc.] qui a causé, leur dit-il, la perte de ceux avant vous ». Hadith rapporté par Tirmidhi et Ibn Mâja[168].

 

« Et qu’Allâh maudisse celui qui héberge un innovateur [en religion]. » [Déjà extrait, voir la marge 6, d’après le hadith rapporté par ‘Alî Ibn Abî Tâlib].

 

« Quiconque accomplit un acte ne faisant pas partie de notre religion, son acte est rejeté » (Mouslim).

 « Quiconque ajoute à notre affaire - c’est-à-dire à notre religion - ce qui n’en fait pas partie, verra son ajout rejeté » (Boukhari et Mouslim).

Abou Dawoud 4067 « Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) dit : « Méfiez-vous des choses inventées car toute chose inventée est une innovation, et toute innovation est une aberration. » » (Hadith d'Irbadh ibn Sariah).

« […] Les inventions sont les pires des choses. Toute invention est une innovation. Toute innovation est une aberration, et toute aberration conduit à l'enfer. » (Cité sous cette version par an-Nassi' dans ses Sunan,3/188. Et Rapporté par Nasai dans ses Sounan n°1578 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Nasai).

 

Mahomet veut des fidèles obéissants (voir ci-dessous) :

 

Bukhari volume 9, livre 89, n°251 : « L’apôtre d’Allah a dit : « quiconque m’obéit obéit à Allah, et quiconque me désobéit, désobéit à Allah, et quiconque obéit au Chef que j’ai nommé, m’obéit, et celui qui Lui désobéit, me désobéit ».

 

Le prophète préfère des fidèles obéissants, que ceux qui combattent les gouverneurs ou les imams injustes. Il incite à tuer tous ceux qui innovent en religions (c'est à dire les réformateurs, les khariji, les dissidents et toutes les personnes qui se révoltent contre le dirigeant [musulman] autour duquel sont réunis les musulmans) :

 

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah - rahimaoullah - a dit : « Et les imams de l'innovation sont plus nuisible à la communauté que les gens des péchés. C'est pour cela que le Prophète a ordonné de tuer les khawarij et a interdit de combattre les gouverneurs injustes. », Majmon 3 fatawa 7/284.

Ailleurs il a dit : « Le Prophète a ordonné de combattre ceux qui combattent sur une religion corrompue parmi les gens de l'innovation comme les khawarij, et il a ordonné de patienter face à l'injustice des gouverneurs. Il a interdit de les combattre et de sortir contre eux. », Majmon 3 fatawa 4/269.

Et aussi : « Les gens de l'innovation sont pire que les gens qui pêchent par désirs de par la Sounnah et le consensus ; car le Prophète - salallahu alayhi wu salam - a ordonné de combattre les Khawarij et a interdit le combat des imams de l'injustice. », Majmon 3 fatawa 20/104.

 

Selon Nafi', lorsque les médinois décidèrent de destituer Yezid ibn Mu'awiya, 'AbdAllah ibn Umar rassembla ses proches et ses enfants et leur dit : « J'ai entendu le Prophète, sallallahu 'alayhi wa sallam, dire ((Le jour de la Résurrection, on dressera un étendard à tout traître)). Nous avons prêté serment d'allégeance à cet homme, suivant l'allégeance d'Allah et de Son Messager. Or, je ne connais pas de traitrise plus immense que de prêter allégeance, suivant celle d'Allah et de Son Messager, puis de le combattre. Si je venais à savoir que l'un de vous a trahi ou a prêté serment (à un autre) dans cette affaire, alors cela marquerait la fin de toute relation entre lui et moi. », Al-Bukhari 4/322.

 

Notes : Donc, tous ces versets et hadiths condamnent catégoriquement toute réforme ou innovation en islam. Bien que je connaisse aussi beaucoup de musulmans acceptant de relativiser et contextualiser l’application de tel ou tel verset, décidant d’appliquer un moratoire, pour eux [169], en les rendant « suspendus », à défaut d’être abrogés.

 

Selon Kamel H. « Malheureusement, l'islam n'est idéologiquement pas réformable puisqu’il réfute de manière totalement absolue toute modification (6.115, Bukhari 3.49.861 etc. ...) ».

 

Selon Razika Adnani « La réforme de l’islam est une réforme de l’islam tout court et elle ne se fera pas indépendamment des autres pays musulmans. Croire qu’on peut réformer l’islam en France pour créer en France un islam spécifique à la France qui serait républicain et moderne, alors que dans les autres pays musulmans il continuerait d’être figé et pratiqué dans sa version traditionnelle, est une utopie ».

 

Cette piste de l’interdiction du doute et de l’innovation en islam peut-elle expliquer que la pensée d’ibn Taymiyya et celle de Ghazali se soient plus imposées qu’Averroès et le courant rationaliste ?

 

11    Sylvain Gouguenheim a-t-il été victime d'une « police de la pensée » ?

 

Nous avons pu démontrer la faiblesse de la thèse de Gouguenheim , souvent spéculative, insuffisamment prouvée (avec des preuves certaines). Il y a effectivement une transmission directe de l’héritage de la pensée grecque, de Byzance, à l’Occident latin et chrétien (via Venise, Gênes …), via des traductions du grec au latin.

 

Mais il y aussi transmission de cet héritage, au niveau de Marche d'Espagne (et Al Andalus) et la Sicile, via des traductions de l’arabe au latin.

Et d’après ce que l’on a pu établir, ce second flux de traductions semble 4 à 5 fois plus important que le premier flux.

 

La transmission de cet héritage, en provenance d’Al Andalus, a vraiment boosté la pensée philosophique médiévale occidentale. Sans cette voie, cette transmission aurait probablement aussi eu lieu, mais, à ce qu’il nous semble, elle aurait pris nettement plus de temps.

 

La thèse de Gouguenheim n’est pas totalement fausse mais elle est tendancieuse (A-t-il été victime de ses convictions, du mécanisme de la dissonance cognitive, d’une « tâche aveugle » intellectuelle ?). Ou a-t-il simplement voulu être provocateur pour faire bouger les lignes.

 

Reste plusieurs problèmes :

 

Si un médiéviste critique le travail d’un autre médiéviste, voire l’accuse d’imposture, son arme polémique ne va pas plus loin, à l’accoutumée, que l’éreintement dans une revue spécialisée.

 

Or la médiatisation (excessive) de sa thèse a pris la forme de pétitions hostiles, ad hominem, ce qui ne semble pas relever du mode normal et habituel de la discussion scientifique.

 

Annliese Nef, médiéviste, soulève le délicat problème de l’enseignement de l’Islam médiéval, à cause a) de la difficulté non résolue de l’enseignement des religions en général [d'une manière rationnelle, où l'on fait la distinction entre le mythe et le fait historique et scientifique], b) "exigences scientifiques" et représentations contradictoires, prenant un tour polémique. Car dès qu'on « touche à l'islam », l’apport de la civilisation islamique et de sa connaissance des sciences à l’occident (dont l’auteur de cette étude reconnait pourtant l’importance et qu’il ne remet pas en cause), l'analyse n'est plus sereine et les esprits s'échauffent, comme nous avons pu l’observer dans cette affaire.

 

Ces pétitions faisant des procès d’intention a priori contre Sylvain Gouguenheim sortent du cadre de la science et n’auraient pas eu lieu d’être. Cette affaire aurait dû se régler entre spécialistes, entre médiévistes et uniquement entre médiéviste. Sinon, ce n’est pas au grand public (voire aux religieux) de dirent ce qu’est la science (ou la vérité officielle) dans ces domaines très spécialisés de la transmission des savoirs (de la connaissance) et de l’histoire des sciences et de la philosophie au moyen-âge.

 

Y a-t-il une volonté consciente de censure d’une pensée dissidente (sortant du « politiquement correct ») et de lynchage d’une personne, je le ne pense pas, même si ces pétitions et cet emballement médiatique donnent l’impression du contraire. Je pense que les méthodes employées pour critiquer et dénoncer le travail de Gouguenheim n’étaient pas bonnes (et feront passer Sylvain Gouguenheim pour une victime ou martyr du politiquement correct, auprès des « ignorants », qui critiquent l’islam et qui, d’ailleurs, ont le droit de le faire en France, où la liberté d’expression, si elle reste dans les limites de la loi (si elle ne diffame pas et ne stigmatise pas), est garantie).

 

On peut reprocher à Sylvain Gouguenheim de n’avoir pas faire relire son ouvrage par des médiévistes spécialistes de la transmission des savoirs grecs au moyen-âge.

 

12    Postface

 

On peut se demander si ce n’est pas la personnalité, leur influence (politique, intellectuelle …), respectives, à l’époque, et la puissance de travail 1) de Al Ghazali et d’Ibn Taymiyya, 2) de Thomas d’Aquin, n’auraient pas pu faire basculer l’une des civilisations vers la promotion de la raison, et l’autre vers son rejet ( ?) Mais dans les faits, affirmer cela n’est pas si simple. Car il est possible, aussi, que l’intolérance du mutazilisme, voulant forcer les musulmans à adhérer à cette doctrine, a pu provoquer son rejet par ces derniers etc. On peut se demander si l’évolution divergentes de la civilisation chrétienne et de celle musulmane (islamique) n’a pas un caractère contingent (imprévisible), en fonction de l’existence ou non de 1) Al Ghazali, 2) de Thomas d’Aquin etc., qui auraient pu être comme ne pas être ( ?).

 

Autre idée : Le fait de pouvoir se réfugier dans plusieurs pays a pu aussi permettre à certains penseurs rebelles de fuir les persécutions. Fuites et refuges ayant pu permettre la préservation de certaines idées (préservation plus difficile à réaliser, dans une grand empire monolithique _ musulman, chinois …) (?)[170].

 

Comment est-on passé de la conciliation de la foi et de la raison, du 12° siècle, à la pensée scientifique du 17° siècle :

 

André Simha, professeur chargé de cours à l'U.E.R. de philosophie d'Aix-en-Provence, me posait cette excellente question : « n’est-ce pas par la rupture des cartésiens, issus du courant platonicien et anti-aristotélicien, que s’est construite en Europe la science mathématisée moderne, la véritable physique démonstrative et expérimentale, loin de toutes les spéculations qui ont mêlé théologie, métaphysique et pseudosciences[171] ? ».

 

Au 12° et 13° siècle, nous étions encore cantonnés dans le domaine des pseudosciences (et dans la croyance en toutes sortes d’idées, issues de l’imagination humaine, non prouvées, mais considérées comme des certitudes, qu’il est souvent interdit de contester : la sorcellerie, le diable, les anges, la possession par le diable, les pouvoirs surnaturels …).

 

La pensée scientifique est, elle-même, non évidente, le plus souvent, contre-intuitive.

 

Entre le 12° siècle et le 17° siècle, d’autres penseurs ont, chacun apporter leur brique à l’édifice, avec Pierre Abélard (1079-1142)[172], dialecticien et théologien chrétien, père de la scolastique,  condamné pour hérésie au concile de Sens, en 1140, Guillaume d'Ockham ou Guillaume d'Occam (~1285-1347), dit le « Docteur invincible » et le « Vénérable initiateur » (Venerabilis inceptor),  philosophe, logicien et théologien anglais, franciscain, auteur du principe de parcimonie ou d’économie de la pensée, appelé « rasoir d'Ockham[173] », toujours utilisé dans la démarche scientifique, Roger Bacon (1214-1294), surnommé Doctor mirabilis (« Docteur admirable ») en raison de sa science prodigieusephilosophe, savant et alchimiste anglais, considéré comme l'un des pères de la méthode scientifique grâce à sa reprise des travaux d'Alhazen[174] _ pour Bacon« aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l'expérience »[175], expérience scientifique ou religieuse. Il est le premier dans le monde occidental à mettre en question des enseignements d'Aristote, observations à l'appui _, Jean Buridan (1300-1358), philosophe, docteur scolastique, l'instigateur du scepticisme religieux, redécouvreur de la théorie de l'impetus, vers 1340, en Europe etc.

 

« La critique de l'interrelation permanente de la religion avec la spéculation philosophique durant la période précédant la Renaissance, s’est développée au XVIe siècle, et surtout au XVIIe siècle, lorsqu'il devint évident que la méthode scolastique plaçait ses protagonistes en retrait par rapport aux nouvelles observations expérimentales des réalités physiques [grâce à l’amélioration des mesures, des systèmes de mesure (horloges …), et les observations précises d’expérimentateurs brillants et rigoureux tels que Tycho Brahe (1546-1601), Galilée (1564-1642) …]. En particulier l'affaire Galilée discrédita la scolastique, de sorte que Descartes (1596-1650) n'eut de cesse de critiquer ses anciens maîtres et la philosophie d'Aristote. Descartes produisit son célèbre cogito, et proposa une classification de la connaissance mélangeant philosophie et sciences dans les Principes de la philosophie (1644) » [176].

 

Je rajoutais, à l’attention d’André, que « il est certain que cette publication avec les Méditations métaphysiques[177] (1641) _ expression du rationalisme classique _ et le Discours de la méthode (1637) _ discours marque une rupture avec la traditioscolastique, jugée trop « spéculative » par Descartes _ sont, pour moi, un point de basculement très important, voire irréversible, de la pensée occidentale, introduisant le concept du doute systématique et constructif[178].

 

Descartes a ainsi créé une philosophie rationaliste et métaphysique, le cartésianisme, qui aura une profonde influence en occident. Les dates variant selon les nombreuses régions, la chasse aux sorcières a pris principalement fin dans les années 1680[179]. Et je me demande donc si le cartésianisme et le mouvement de pensée rationaliste qu’il a induit n’est pas directement ou indirectement à l’origine de la fin de cette chasse ».

 

13    Annexe : Comparaison avec la polémique concernant l’ouvrage de Claude Hagège « L’imposture climatique » ?

 

Dans L'Imposture climatique ou la fausse écologie, Claude Allègre, ancien directeur de l’Institut de Physique du Globe de Paris - IPGP, formule de graves accusations contre les climatologues, et tout particulièrement le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), évoque à son sujet un « système mafieux » ayant conspiré pour faire passer aux yeux de l'ensemble du monde un « mythe » pour un fait scientifique.

 

Le livre trouve un large écho dans les médias mais des articles de presse sont critiques, comme celui du journaliste du quotidien Le Monde Stéphane Foucart qui l'accuse de contenir « de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public »[180]Jean-Louis Fellous, ancien responsable des programmes d'observation de la Terre du CNES et ancien directeur des recherches océaniques de l'Ifremer, considère que le livre contient des « mensonges »[181]. Le paléo-climatologue Håkan Grudd accuse également Claude Allègre d'avoir falsifié dans son ouvrage l'une de ses courbes de reconstitution de la température[182] : il aurait utilisé une courbe très locale en la légendant sans précision de lieu, laissant croire qu'il s'agissait d'une courbe globale.

 

Le mercredi 7 avril 2010, 600 chercheurs en sciences du climat publient un courrier de protestation contre, entre autres, l'ouvrage de Claude Allègre[183], dans lequel ils relèvent de nombreuses erreurs factuelles[184] et des dénigrements[185]. La communauté scientifique française publie un rectificatif relevant plus d'une centaine d'erreurs scientifiques graves[186].

 

Vincent Courtillot, géologue, proche de Claude Allègre et successeur de ce dernier à la direction de l'IPGP, estime que L'Imposture climatique est « exacte »[187] et, le 20 octobre 2010, le philosophe et ancien ministre Luc Ferry apporte également son soutien à Claude Allègre[188]. Le grand prix de la Société de géographie lui est attribué en 2010 pour L’Imposture climatique[189]. Claude Allègre reconnaît que son livre contient des « inexactitudes » et des « exagérations » qu'il justifie par un « choix éditorial » et la volonté d'écrire « un livre politique avant tout »[190].

 

Sylvain Gouguenheim, lui, s’il a soutenu une thèse qu’on peut estimer tendancieuse, n’a jamais accusé ses collègues médiévistes de mentir ou d’être une mafia. Dans son livre, il a critiqué l’islam mais n’pas essentialisé un groupe de personnes (médiévistes, musulmans), sinon il aurait déjà eu un procès sur le dos.

 

A la place ses scientifiques du GIEC, on pourrait être très remonté contre Claude Allègre, à juste titre … d’autant que d’après Valérie Masson-Delmotte _ paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et co-présidente du groupe nᵒ 1 du GIEC depuis 2015 _ Claude Allègre n’a pas su répondre aux 60 pages de réfutations de son livre, qu’elle lui a envoyées.

 

14    Bibliographie

 

[1] Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne, Sylvain Gouguenheim, Le Seuil, 2008.

[2] Le fonds grec de la Bibliothèque vaticane des origines à Paul V, R. Devreesse, Città del Vaticano, Bibliotheca Apostolica Vaticana (« Studi e Testi », 244), 1965.

[3] Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Age, Paris, Seuil 1977.

[4] Jacques Le Goff, Pour un autre Moyen Age, Paris, Gallimard, 1977.

[5] Jews, Medicine, and Medieval Society, Joseph Shatzmiller, University of California Press. The hebrew medical library.

[6] Le traducteur, l'Église et le Roi : Espagne, XIIe et XIIIe siècle, Clara Foz, Ottawa, 1998.

[7] Gabriel Martinez, Traductions, traducteurs : de l'arabe au latin, dans Dictionaire encyclopédique de Moyen Âge, vol. 2, dir. André Vauchez, Paris, 1997.

[8] Dans l'Espagne du XIIe siècle, les traductions de l'arabe au latin, Richard Lemay, Annales, Année 1963, 18-4, pp. 639-665, https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1963_num_18_4_421033  & https://www.persee.fr/docAsPDF/ahess_0395-2649_1963_num_18_4_421033.pdf

[9] Acteurs des transferts culturels en Méditerranée médiévale, Rania Abdellatif, ‎Yassir Benhima, ‎Daniel König, Oldenbourg Verlag, München, 2012.

[10] Le rôle des Juifs dans la transmission de l'héritage d'Averroès, Paul B. Fenton, Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, Année 1999, 40, pp. 33-42, https://www.persee.fr/doc/horma_0984-2616_1999_num_40_1_1793 & https://www.persee.fr/docAsPDF/horma_0984-2616_1999_num_40_1_1793.pdf

[11] Kurt Flasch (trad. Janine de Bourgknecht), Introduction à la philosophie médiévale, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1998, 240 p.

[12] Histoire intellectuelle de l'Occident médiéval, Jacques Paul, Armand Colin, 1998.

[13] The Concept of Knowledge in Medieval Islam, Franz Rosenthal (Leyde, 1970).

[14] Comprendre l'islam : ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien, Adrien Candiard, Flammarion, coll. "champs actuel", 2016, 128 pages.

 

Traducteurs médiévaux :

 

[15] Adélard de Bath, https://www.universalis.fr/encyclopedie/adelard-de-bath/

[16] Simon de Gênes, https://data.bnf.fr/fr/12546607/simon_de_genes/

[17] Léon Tuscus, https://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1091666

[18] Gérard de Crémone, https://www.universalis.fr/encyclopedie/gerard-de-cremone/

 

14.1    Articles et livres critiques sur cette affaire

 

[21] Retour sur l'affaire Gouguenheim, Max Lejbowicz, Méthodos savoirs et textes‎ : Pratiques de l'interprétation, 13, 2013, https://journals.openedition.org/methodos/3048

[22] L'islam médiéval en terres chrétiennes : Science et idéologie, de Max Lejbowicz  (Dir.), Collectif, Jean Celeyrette (Préface), Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

[23] Sociologie : L'islamophobie en France : enjeux théoriques et méthodologiques, Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, 29/09/2011, https://calenda.org/205383 & https://calenda.org/217187?file=1 

=> Max Lejbowicz (Université Paris I) : « Interrogations sur l’affaire Gouguenheim », 7 mars 2012.

[24] Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman, Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat, La Découverte, 2013.

[25] Polémique autour d'un essai sur les racines de l'Europe, Thierry Leclère, 27/04/2008, https://www.telerama.fr/idees/polemique-autour-d-un-essai-sur-les-racines-de-l-europe,28265.php

[26] Sylvain Gouguenheim : Aristote au mont Saint-Michel. Les idées et les livres, Commentaire 2008/4 (Numéro 124), pages 1181 à 1204 [Article payant], https://www.cairn.info/revue-commentaire-2008-4-page-1181.htm

[27] Oui, l'Occident chrétien est redevable au monde islamique, collectif international de 56 chercheurs en histoire et philosophie du Moyen-Age, 30 avril 2008, https://www.liberation.fr/tribune/2008/04/30/oui-l-occident-chretien-est-redevable-au-monde-islamique_70708

[29] Jacques Verger, « Sylvain Gouguenheim, Aristote au mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne », dans Cahiers de civilisation médiévale, vol. 51, 2008, p. 182–184.

[30] Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante. Alain de Libera, Philippe Büttgen, Irène Rosier-Catach, Fayard, 2009.

[31] Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? Jean G. Thiellay, Professeur honoraire de Première supérieure au Lycée Thiers, Marseille, 04 décembre 2009, https://www.nonfiction.fr/article-2950-affaire-gouguenheim-un-an-apres-le-calme-apres-la-tempete.htm

[32] Thomas Ricklin, Le cas Gouguenheim, Trivium. Revue franco-allemande de sciences sociales et humaines, 2011, http://trivium.revues.org/3974

[33] Sur une falsification historiographique. Sylvain Piron, Revue de Synthèse, 129-4, 2008, p. 617-623, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00366476/file/Sur_une_falsification.pdf

[34] Sur Aristote et le Mont-Saint-Michel. Notes de lecture. Louis-Jacques Bataillon. Dans Revue des sciences philosophiques et théologiques 2008/2 (Tome 92), pages 329 à 334, https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2008-2-page-329.htm

 

14.2    Articles défendant Sylvain Gouguenheim

 

[41] Rémi Brague, « Grec, arabe, européen : à propos d'une polémique récente », Commentaire, vol. 31, no 124,‎ 2008-2009, p. 1181–1190, http://constitutiolibertatis.hautetfort.com/media/01/00/410529995.pdf

[42] Rémi Brague, « Pour une hygiène de la polémique », La Nef, no 194,‎ juin 2008, http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/a-tout-un-chacun/item/112-pour-une-hygi-de-la-polque

[43] Serafín Fanjul, Entretien, « Le « mythe d'Al-Ándalus », La Nouvelle Revue d'histoire , no 62, septembre-octobre 2012, p. 34, http://archives.polemia.com/article.php?id=5036

[44] Aristote au mont Saint-Michel par Sylvain Gouguenheim, Danièle Masson (écrivaine et agrégée de lettres classiques), 3 pages, https://www.psychaanalyse.com/pdf/ARISTOTE_AU_MONT_SAINT_MICHEL_SYLVAIN_GOUGUENHEIM_3_Pages205_Ko.pdf

[44] Les Racines de l’Europe 1/2, Danièle Masson, 8 pages, http://www.reseau-regain.net/CivilisationPDF_file/CivilisationPDF_files/2D21-LesRacinesEurope1-2.pdf

 

14.3    Articles neutres

 

[51] L'affaire Aristote: retour sur un emballement historiographico-médiatique, Florian Louis, Acta Fabula, vol. 9, no 5,‎ 22 mai 2008, http://fabula.org/revue/document4195.php

[52] Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam, Pascal Riché, 02 mai 2008, https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20080502.RUE4056/baston-chez-les-medievistes-autour-de-l-apport-de-l-islam.html

 

15    Articles sur Wikipedia

 

 [101] Aristote au mont Saint-Michel, https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote_au_mont_Saint-Michel

 

Historiens, médiévistes et philosophe

 

[111] Rémi Brague, https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9mi_Brague

[112] Roger-Pol Droit, https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger-Pol_Droit

[113] Jacques Le Goff, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Le_Goff

[114] Sylvain Gouguenheim , https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvain_Gouguenheim

[115] Jacques Heers, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Heers

[116] Thomas Ricklin, https://de.wikipedia.org/wiki/Thomas_Ricklin

[117] Serafin Fanjul, https://fr.wikipedia.org/wiki/Seraf%C3%ADn_Fanjul

[118] Jacques Verger, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Verger

[119] Alain Boureau, https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Boureau

[120] Gabriel Martinez-Gros, https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Martinez-Gros

[121] Irène Rosier-Catach, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ir%C3%A8ne_Rosier-Catach

[122] Pierre Riché, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rich%C3%A9

 

La traduction, centres de traduction et prieurs médiévaux

 

[131] Traductions latines du XIIe siècle, https://fr.wikipedia.org/wiki/Traductions_latines_du_XIIe_si%C3%A8cle

[132] Liste des abbés du Mont-Saint-Michel, https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_abb%C3%A9s_du_Mont-Saint-Michel

[133] L’abbaye du Mont Saint-Michel. Un centre de traduction au 12° siècle, https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_du_Mont-Saint-Michel#Un_centre_de_traduction_au_XIIe_si%C3%A8cle

[134] Robert de Torigni, https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Torigni

[135] Renaissance du XIIe siècle, https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance_du_XIIe_si%C3%A8cle

a) La reprise des échanges, https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance_du_XIIe_si%C3%A8cle#La_reprise_des_%C3%A9changes

b) Les traductions, https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance_du_XIIe_si%C3%A8cle#Les_traductions

[135] Corpus de Tolède (Corpus toledanum ou Collectio toledana), https://fr.wikipedia.org/wiki/Corpus_de_Tol%C3%A8de

[136] Colliget d’Averroès (traité de médecine), https://fr.wikipedia.org/wiki/Colliget

[137] Apports byzantins à la Renaissance italienne, https://fr.wikipedia.org/wiki/Apports_byzantins_%C3%A0_la_Renaissance_italienne

 

Traducteurs médiévaux

 

[141] Eugène de Sicile, https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_de_Sicile

[142] Jacques de Venise, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_de_Venise

[143] Gérard de Crémone, https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_de_Cr%C3%A9mone

[144] Henri Aristippe (en latin : Henricus Aristippus), https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Aristippe

[145] Hugues Falcan (bibliographe du 12° siècle), https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugues_Falcand

[146] Léon Tuscus, https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Tuscus

[147] Burgondio de Pise, https://fr.wikipedia.org/wiki/Burgondio_de_Pise

[148] Gérard de Sabbioneta,

[149] Jean de Séville, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_S%C3%A9ville

b) https://de.wikipedia.org/wiki/Johannes_Hispalensis

c) https://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_da_Siviglia

[150] Michael Scot (Michaelus Scotus), https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Scot

[151] Adélard de Bath, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A9lard_de_Bath

[152] Jean de Capouehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Capoue

[153] Faraj Ben Salem, https://fr.wikipedia.org/wiki/Faraj_ben_Salim

[154] Moïse de Bergame, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C3%AFse_de_Bergame

[155] Pierre Alphone, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Alphonse

[156] Hugues de Santalla, https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugues_de_Santalla

[157] Dominique Gundissalvi, https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Gundissalvi

[158] Platon de Tivoli, a) https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon_de_Tivoli

b) https://es.wikipedia.org/wiki/Plat%C3%B3n_de_T%C3%ADvoli

[159] a) Robert de Chester (Robert de Ketton), https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Chester

b) https://es.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Chester

c) https://it.wikipedia.org/wiki/Roberto_di_Ketton

[160] Pierre de Tolède, a) https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Tol%C3%A8de

b) https://it.wikipedia.org/wiki/Pietro_di_Toledo_(traduttore)

[161] Abraham bar Hiyya Hanassi (Savasorda), https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_bar_Hiyya_Hanassi

[162] Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_le_V%C3%A9n%C3%A9rable

[163] Herman le Dalmate (Herman de Carinthie, Herman le Dalmate Albanois, Sclavus Dalmata, Sclavus Secundus, Herman Dalmatin Albanois, Ermanno di Carinzia), a) https://fr.wikipedia.org/wiki/Herman_le_Dalmate

b) https://it.wikipedia.org/wiki/Ermanno_di_Carinzia

[164] Pierre de Poitiers (traducteur), https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Poitiers_(traducteur)

 

 

 

Philosophes médiévaux et philosophies médiévales

 

[181] Salomon ibn Gabirol, https://fr.wikipedia.org/wiki/Salomon_ibn_Gabirol

[182] Abraham ibn Ezra, https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_ibn_Ezra

[183] Mutazilisme, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mutazilisme

[184] Abbon de Fleury, https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbon_de_Fleury

[185] Siger de Brabant, https://fr.wikipedia.org/wiki/Siger_de_Brabant

[186] Foi et raison, https://fr.wikipedia.org/wiki/Foi_et_raison

 

Sociologue

 

[190] Marwan Mohammed (sociologue), https://fr.wikipedia.org/wiki/Marwan_Mohammed

 

Table des matières

1       Introduction. 1

2       Le cœur de la polémique. 2

3       L’emballement médiatico-critique. 2

3.1         Des chroniqueurs emballés. 2

3.2         Le ballet des critiques. 3

4       Les différents avis. 5

4.1         Contre et polémiques. 5

4.2         Pour / Soutiens. 8

4.3         Les pétitions contre Sylvain Gouguenheim.. 8

4.4         Réactions de Sylvain Gouguenheim.. 9

4.5         Réactions de Laurence Devillairs, directrice de collection aux éditions du Seuil 9

5       Les intervenants dans l’affaire. 10

6       Traducteurs médiévaux des ouvrages grecs entre 11° et 13° siècles. 12

7       Y-a-t-il eu une conservation de la pensée d’Aristote par les monastères au haut moyen-âge ?. 18

8       Le rôle des échanges maritimes et terrestres (caravanes …) dans les échanges d’idées. 19

9       L’évolution du « conflit » entre foi et raison, dans le haut moyen-âge chrétien. 20

10          Incompatibilité de l’islam avec la science et la rationalité ?. 22

10.1      Le Mutazilisme. 22

10.2      La fin de la transmission de la « rationalité » grecque dans le monde musulman au moyen-âge. 24

10.2.1        Al-Ghazâlî 24

10.2.2        Le refus et la défense du principe de causalité. 25

10.2.3        Averroès (Ibn Rochd de Cordoue). 26

10.3      Postérité de la pensée d’Averroès en Occident. 27

10.4      La théorie de la connaissance et « l’intellect séparé » d’Averroès. 28

10.5      L’averroïsme latin, la doctrine de la double vérité, une fausse compréhension d’Averroès, en Occident. 29

10.6      Conflit entre raison et foi (providentialisme ( ?)) dans le monde musulman. 30

10.7      La fin de l’esclavage en Occident en 11° siècle et sa persistance dans le monde musulman. 32

10.8      L’importance de l’imprimerie et un mouvement antiscience dans le monde musulman. 33

10.8.1        Histoire de l’imprimerie dans le monde musulman. 33

10.8.2        Le triste sort des observatoires astronomiques du monde musulman. 33

10.8.3        La persécution des savants et des idées neuves au nom de la religion. 34

10.8.4        Constat accablant. 35

10.9      L’interdiction du doute et du questionnement en Islam et dans le Coran ?. 36

11          Sylvain Gouguenheim a-t-il été victime d'une « police de la pensée » ?. 39

12          Postface. 40

13          Annexe : Comparaison avec la polémique concernant l’ouvrage de Claude Hagège « L’imposture climatique » ?. 41

14          Bibliographie. 42

14.1      Articles et livres critiques sur cette affaire. 43

14.2      Articles défendant Sylvain Gouguenheim.. 44

14.3      Articles neutres. 44

15          Articles sur Wikipedia. 44

 

 



[1] Rémi Brague, « Grec, arabe, européen : à propos d'une polémique récente », Commentaire, vol. 31, no 124,‎ 2008-2009, p. 1181–1190, http://constitutiolibertatis.hautetfort.com/media/01/00/410529995.pdf

[2] a) Marc Riglet, « Gouguenheim s'explique », 1 juillet 2008, https://www.lexpress.fr/culture/livre/gouguenheim-s-explique_814791.html

b) Marc Riglet, « Sylvain Gouguenheim, Le Moyen Age en questions », 1 mai 2012, https://www.lexpress.fr/culture/livre/sylvain-gouguenheim-le-moyen-age-en-questions_1116862.html

[3] Sous la direction de Robert de Torigni dit « Robert du Mont » (1154 - 1186), 16° abbé du Mont Saint-Michel.

[4] L'affaire Aristote: retour sur un emballement historiographico-médiatique, Florian Louis, https://www.fabula.org/revue/document4195.php

[5] L'affaire Aristote: retour sur un emballement historiographico-médiatique, ibid.

[6] L'affaire Aristote: retour sur un emballement historiographico-médiatique, ibid.

[7] L'affaire Aristote: retour sur un emballement historiographico-médiatique, ibid.

[8] Stéphane Boiron, « Les tribulations des auteurs grecs dans le monde chrétien », Le Figaro littéraire,‎ 17 avril 2008, http://www.lefigaro.fr/livres/2008/04/17/03005-20080417ARTFIG00491-les-tribulations-des-auteurs-grecs-dans-le-monde-chretien-.php

[9] a) « Un historien au service de l’islamophobie », Alain Gresh, 07/05/2008, http://blog.mondediplo.net/2008-05-07-Un-historien-au-service-de-l-islamophobie

b) « Landerneau terre d'Islam », Alain de Libera, 27/04/2008, http://www.telerama.fr/idees/landerneau-terre-d-islam-par-alain-de-libera,28252.php

[10] Sylvain Gouguenheim : Aristote au mont Saint-Michel. Les idées et les livres, Commentaire 2008/4 (Numéro 124), pages 1181 à 1204 [Article payant], https://www.cairn.info/revue-commentaire-2008-4-page-1181.htm

[11] Thierry Leclère, « Polémique autour d'un essai sur les racines de l'Europe », Télérama,‎ 2 mai 2008, http://www.telerama.fr/idees/polemique-autour-d-un-essai-sur-les-racines-de-l-europe,28265.php

[12] a) Auteur de "Mahomet : Contre-enquête", René Marchand, 2006.

b) Il collabore à La Nouvelle Revue d'histoire et à Riposte laïque.

c) René Marchand, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Marchand

[13] « Polémique autour d'un essai sur les racines de l'Europe », ibid.

[14] « Polémique autour d'un essai sur les racines de l'Europe », ibid.

[15] L'historien à abattre, Paul-François Paoli, 15/07/2008, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/07/08/01016-20080708ARTFIG00553-l-historien-a-abattre-.php

[16] Lluís Maria de Puig, « Coopération culturelle entre l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée », Commission de la culture, de la science et de l’éducation, doc. 9626, 8 novembre 2002.

[17] Sur une falsification historiographique. Sylvain Piron, Revue de Synthèse, 129-4, 2008, p. 617-623, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00366476/file/Sur_une_falsification.pdf

[18] Jacques Verger, « Sylvain Gouguenheim, Aristote au mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne », dans Cahiers de civilisation médiévale, vol. 51, 2008, p. 182–184.

[19] Thomas Ricklin, Le cas Gouguenheim, Trivium. Revue franco-allemande de sciences sociales et humaines, 2011, http://trivium.revues.org/3974

[20] Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante. Alain de Libera, Philippe Büttgen, Irène Rosier-Catach, Fayard, 2009.

[21] L'islamophobie déconstruite, Aurélien Robert, 16 avril 2010, http://www.laviedesidees.fr/L-islamophobie-deconstruite.html

[22] a) Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? Jean G. THIELLAY, 04 décembre 2009, https://www.nonfiction.fr/article-2950-affaire-gouguenheim-un-an-apres-le-calme-apres-la-tempete.htm

b) Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante. Alain de Libera, Philippe Büttgen, Irène Rosier-Catach, Fayard, 2009.

[23] Rabbin andalou, grammairien, traducteur, poète, exégète, philosophe, mathématicien et astronome, il est considéré comme l’une des plus éminentes autorités rabbiniques médiévales. Ses prises de position allant parfois à l'encontre de la tradition rabbinique ont souvent été dénoncées, notamment par des auteurs plus « orthodoxes, » comme Nahmanide ou Isaac Abravanel. Cf. Abraham ibn Ezra, https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_ibn_Ezra

[24] Rabbin, poète, théologien et philosophe, andalous, attaché au néoplatonisme. Ses contemporains andalous lui ont reproché, entre autres, d'avoir philosophé sans avoir tenu compte du moindre point de vue religieux. Cf. Salomon ibn Gabirol,

https://fr.wikipedia.org/wiki/Salomon_ibn_Gabirol

[25] Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? ibid.

[26] L'historien à abattre, Paul-François Paoli, 15/07/2008, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/07/08/01016-20080708ARTFIG00553-l-historien-a-abattre-.php

[27] Avicenne à Ratisbonne. Introduction à la theologie comparative, Philippe Büttgen . p. 235-258, in Les Grecs, les Arabes et nous: enquête sur l'islamophobie savante, Philippe Büttgen et al., Paris, 2009.

[28] Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? Ibid.

[29] Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? Ibid.

[30] a) Traduction approximative : « Le clerc Jacques de Venise a traduit du Grec au Latin certains livres d'Aristote et a composé des sujet de cours, des analyses premières et suivantes, des appendices de livres, et avait la main sur des traductions anciennes ».

b) Cité par Lorenzo Minio-Paluello, Opuscula. The Latin Aristotle, Amsterdam, Hakkert, 1972, p. 191.

[31] Coloman Viola, « Aristote au Mont Saint-Michel », dans Raymonde Foreville (dir.), Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. II : Vie montoise et rayonnement intellectuel, Paris, Lethielleux, 1967, p. 289-312.

[32] Raymonde Foreville, Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, ibid.

[33] Je remercie Madame Gudrun Vuillemin-Diem pour ses observations.

[34] Sur Aristote et le Mont-Saint-Michel. Notes de lecture. Louis-Jacques Bataillon. Dans Revue des sciences philosophiques et théologiques 2008/2 (Tome 92), pages 329 à 334, https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2008-2-page-329.htm

[35]  dominicain français, vivant au couvent du Caire et membre de l'Institut dominicain d'études orientales (Idéo), diplômé de l'École normale supérieure et à Sciences Po Paris. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_Candiard

[36] Le Goff défend Gouguenheim, 15 mai 2008, https://www.lexpress.fr/informations/le-goff-defend-gouguenheim_723012.html

[37] Entretien de Jacques Heers dans La Nouvelle Revue d'histoireno 29, mars-avril 2007, p. 13.

[38] Le mythe de l'Espagne musulmane : entretien avec Serafín Fanjul, 2012, http://archives.polemia.com/article.php?id=5036

[39] "Prendre de vieilles lunes pour des étoiles nouvelles, ou comment refaire aujourd’hui l’histoire des savoirs", 5 mai 2008, http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=82&t=16841&start=45

[40] a) "La pétition de l'École Normale supérieure Lettres et sciences humaines", 29 avril 2008, http://www.telerama.fr/idees/petition-de-l-ecole-normale-superieure-lettres-et-sciences-humaines,28371.php

b) Sur les deux cents signataires, on ne compte que 27 historiens !

[41] "Oui, l'Occident chrétien est redevable au monde islamique", Libération, 30 avril 2008, http://www.liberation.fr/tribune/2008/04/30/oui-l-occident-chretien-est-redevable-au-monde-islamique_70708

[42] Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam, Pascal Riché, 02 mai 2008, https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20080502.RUE4056/baston-chez-les-medievistes-autour-de-l-apport-de-l-islam.html

[43] Cf. Bibliographie de Louis-Jacques Bataillon, https://journals.openedition.org/oliviana/341

[44] Il est cité, avec le juriste et traducteur Burgondio de Pise et le poète et philologue Moïse de Bergame, parmi les lettrés latins qui assistèrent à un débat théologique public qui eut lieu le 3 avril 1136 à Constantinople dans le quartier des Pisans, entre l'évêque Anselme de Havelberg et l'archevêque orthodoxe Nicétas de Nicomédie. Cf. Anselme de Havelberg Dialogue II, 1, cité par Minio-Paluello 1952p. 272-274 : « On April 3rd, 1136 he heard Bishop Anselm of Havelberg debating the question of the procession of the Holy Ghost with the orthodox archbishop of Nicomedia, Nicetas, in the Pisan quarter of Constantinople; he may have met there the jurist and translator of legal, theological, philosophical and medical works, Burgundio of Pisa, and the Bergamask poet and philologist Moses de Brolo, who, at some time, held office at the Byzantine court » (« Le 3 avril 1336, il écouta l'évêque Anselme de Havelberg débattre de la question de la procession de l'Esprit Saint avec l'archevêque orthodoxe de Nicomédie, Nicétas, dans le quartier pisan de Constantinople. Il rencontra peut-être à cette occasion Burgondio de Pise, juriste et traducteur d'ouvrages de droit, de théologie, de philosophie et de médecine, ainsi que le poète et philologue Moïse de Bergame) » ibidp. 269.

[45] Jean-Luc Leservoisier, conservateur de la bibliothèque d'Avranches a déclaré : « C'est du pur roman ! … On sait trois fois rien sur Jacques de Venise. Son nom est cité seulement dans deux lignes de la chronique latine de l'abbé Robert de Torigni entre les années 1128 et 1129, où il est dit que celui-ci a traduit les œuvres d'Aristote. Mais en aucun cas il n'a pu venir au mont Saint-Michel à la fin des années 1120, période de troubles extrêmes qui culminèrent avec l'incendie de l'abbaye par les habitants d'Avranches en 1138. » (« Les mystères du Mont-Saint-Michel » dans Le Pointno 1872, 31 juillet 2008, p. 44.)

[46] Le premier traité latin de géomancie.

[47] Traductions de l'arabe au latin par Dominique Gundissalvi :

·         Al-Fârâbî, De ortu scientiarum

·         Al-Fârâbî, De intellectu

·         Al-Ghazâlî (Algazel), Métaphysique (traduction en collaboration avec Jean de Séville Hispanus).

·         Al-Ghazâlî, Les intentions des philosophes sous le titre Logica et philosophia Algazalis Arabis (1145) Il manque l'introduction et la conclusion du texte original.

·         Avicenne, Métaphysique.

·         Al-Ghazâlî, L'incohérence des philosophes (Tahafut al-Falasifa, 1095)(traduction en collaboration avec Jean de Séville Hispanus)

·         Al-Khwârizmî, Livre de la pratique de l'arithmétique (traduction en collaboration avec Jean de Séville Hispanus) : Liber de pratica arismetice

·         Avicenne (Ibn Sînâ), Anaytica posteriora (extraits de son commentaire sur les Seconds analytiques d'Aristote)

·         Avicenne, Physique

·         Avicenne, De anima (Traité de l'âme) (traduction en collaboration avec Jean Avendauth, c'est-à-dire Abraham ibn Dawd Halevi).

·         Avicenne [attribution], De Cælo (Traité du ciel)

·         Ibn Gabirol le Juif (Avicebron), Fons vitæ (Mekor Haim) (traduction en collaboration avec Jean de Séville Hispanus).

[48] Comme Gérard de Crémone (un autre traducteur célèbre, mais plus tardif), il a traduit en latin de nombreux ouvrages arabes et hébraïques saisis lors de la Reconquista du califat omeyyade de Cordoue. Il a ainsi contribué à la connaissance par l'Occident médiéval de l'héritage scientifique de l'Antiquité classique, mais aussi de la Perse et de l'Inde, rassemblé et enrichi par l'Islam à Bagdad aux viiie et ixe siècles.

[49] Clara Foz, Le traducteur, l'Église et le Roi : Espagne, XIIe et XIIIe siècle, Ottawa, 1998, p. 52.

[50] Pour s'instruire auprès des Maures d'Espagne, alors dépositaires et interprètes des trésors scientifiques de l'Antiquité, il vint à Tolède apprendre l'arabe et traduisit soixante et onze ouvrages scientifiques1 arabes en latin :

·         de Claude Ptolémée : l’Almageste

·         d'Apollonius : les Coniques

·         d'Aristote : Seconds analytiques (Analytica posteriora), Météorologiques (3 premiers livres), PhysiqueTraité du ciel (De caelo), De la génération et de la corruption

·         du Pseudo-Aristote : le Livre des CausesDe proprietatibus elementatumDe lapidibus

·         d'Avicenne : le Canon

·         d'Aboulcassis : le livre sur la chirurgie du Kitab al-Tasrif (14972)

·         de Geber (Jâbir ibn Hayyân), Liber divinitatis de LXX

·         d'Al-Kindi : Des degrés (Quia primos. De Gradibus)

·         de Thabit ibn Qurra : Liber de motu

·         de Rhazès : De aluminibus et salis

·         d'Al-Khwârizmî : Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison

·         d'Abou Ma'shar : La Grande Introduction à l'astronomie

·         d'Hippocrate : Régime des maladies aiguës

·         en alchimie : Lumen luminumDe aluminibus et salisSeptuaginta.

Sa technique est très littérale : il calque les termes scientifiques ou les conserve tels quels.

Il a permis de retrouver beaucoup de « trésors scientifiques » de l'Antiquité, alors intégrés à la civilisation musulmane mais perdus en Occident chrétien. Certaines de ses traductions sont aussi attribuées à Dominique Gundissalvi ou à Jean de Séville Hispalensis et Limiensis et à Jean de Séville Hispanus.

[51] Le Corpus toledanum ou Collectio toledana (1re éd. 1543) est une collection de traductions en latin de textes islamiques par une commission de traducteurs réunie par Pierre le Vénérable en 1142 ou 1141.

La commission comprend Herman le Dalmate, Robert de Chester (de Ketton), Pierre de Tolède, Pierre de Poitiers (secrétaire de Pierre le Vénérable), un musulman nommé Mahomet.

La collection comprend :

·         le Coran, intitulé Lex Sarracenorum (Loi des Sarrasins), et, selon bien des sources, ce fut Robert de Chester le principal traducteur, en latin ;

·         Fabulæ Sarracenorum, trad. par Robert de Chester : la Création, Mahomet, les patriarches et prophètes musulmans, les sept califes ;

·         Liber generationis Mahumet (Kitab nasab Rasul Allah, de Sa'id ibn 'Umar), trad. par Herman le Dalmate : la « lumière prophétique », d'Adam jusqu'à Mahomet ;

·         Doctrina Mahumet (de Mas'il 'Abdallah ibn-Salam), trad. par Herman le Dalmate : rencontre de Mahomet avec quatre juifs posant cent questions sur le judaïsme ;

·         Epistola Sarraceni et Rescriptum christiani, trad. du Risala de al-Kindi, par Pierre de Tolède et Pierre de Poitiers.

[52] « Jacobus clericus de venecia transtulit de greco in latinum quosdam libros aristotilis et commentatus. est. scilicet topica. analyticos priores et posteriores, et elencos, quamvis antiquior translatio super eosdem libros haberetur » in Chronique de Robert de Torigni, abbé du Mont Saint-Michel, Éd. Léopold Delisle, Rouen, Le Brument, 1872-3, p. 114.

[53] De Anima, ms. Avranches 221, fol. 2-21 v° (A.L., 401.1) ; Metaphysica vetustissima, ms. Avranches 232, fol. 201-225 v° (A.L., 408.14)'; De Memoria, ms. Avranches 221, fol. 21 v°-24 (A.L., 401.2) ; Physica (Translatio vetus), ms. Avranches 221, fol. 25-86 v° (A.L., 401.3)

[54] Aristote au mont Saint-Michel par Sylvain Gouguenheim, Danièle Masson (écrivaine et agrégée de lettres classiques), 3 pages, https://www.psychaanalyse.com/pdf/ARISTOTE_AU_MONT_SAINT_MICHEL_SYLVAIN_GOUGUENHEIM_3_Pages205_Ko.pdf

[55] Il fut à la fois chrétien et adepte de la doctrine d'Aristote dont il commente les écrits, ses traités de théologie, de philosophie, de mathématique et de musique ont été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le xiiie siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprenait entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès. Il est l'auteur des Apices, système de chiffres décimaux qui est à l'origine de l'introduction de la numération de position par Gerbert d'Aurillac, et de Consolation de Philosophie, œuvre néoplatonicienne dans laquelle la poursuite de la sagesse et l'amour de Dieu sont décrits comme les véritables sources du bonheur.

[56] Aristote au mont Saint-Michel par Sylvain Gouguenheim, ibid.

[57] Dialectique (au haut moyen-âge), https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialectique#Le_haut_Moyen_%C3%82ge

[58] Attilio Gaudio, Fès : joyau de la civilisation islamique, Nouvelles Editions Latines, 1982, https://books.google.com/books?id=yczpWGhXj2kC&pg=PA20

[59] a) La province d'El Jadida, 25/06/2011, http://mourignet.blogspot.com/

b) L'Université Quaraouiyine, http://www.tourismorocco.com/guide/fes-hotel-riad/avoir-a-que-visiter/universite-quaraouiyine

[60] Fernand Braudel, qui a toujours évoqué l’importance de l’épice dans les échanges, reconnaît le sérieux scientifique des travaux de Jacques Heers.

[61] Venise, https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Venise#La_capitale_d'un_empire_maritime

[62] a) Au 12-13° siècle, les croisades ont familiarisé l'occident avec le monde arabe, ce dernier ayant lui-même emprunté cette technique à la Chine.

b) Lawrence V. Mott, The Development of the Rudder, A.D. 100-1600: A Technological Tale, Thesis May 1991, Texas A&M University(p. 83-84), http://nautarch.tamu.edu/pdf-files/Mott-MA1991.pdf

[63] a) Quatre grandes inventions de la Chine antique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_grandes_inventions_de_la_Chine_antique

b) Top 10 des inventions que l'on doit au génie chinois, https://www.etaletaculture.fr/culture-generale/top-10-des-inventions-que-lon-doit-au-genie-chinois/

c) Histoire de la poudre à canon, https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_poudre_%C3%A0_canon#Utilisation_en_Occident

d) Il y aurait des attestations historiques, que le vénitien Marco Polo (1254-1324) l'avait rapportée de son voyage en Extrême-Orient, peut-être probablement du fait qu’il et sa famille s’était mise au service de Kubilai Khan, l'empereur mongol, qui utilisait déjà la poudre à canon (Cf. 1) Histoire de la poudre à canon, ibid, 2) Marco Polo, https://fr.wikipedia.org/wiki/Marco_Polo).

e) Le feu grégeois, à base de soufre ou de salpêtre, était déjà connu des Byzantins. Cf. Feu grégeois, https://fr.wikipedia.org/wiki/Feu_gr%C3%A9geois

[64] L'ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et certains du sud de la France1,Note 1 qui furent, à un moment ou un autre, sous domination musulmane entre 711 (premier débarquement) et 1492 (chute de Grenade). Cf. Al-Andalus, https://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Andalus

[65] En Occident, Gerbert remet à l'honneur la culture antique, dont il connaît essentiellement la forme latine, faute de savoir le grec. Il pratique VirgileCicéron et les apices de Boèce ; il étudie les traductions latines de Porphyre de Tyr, mais aussi d'Aristote. C'est ainsi qu'il est le premier à introduire en Occident Aristote [Mais il y a eu tout de même Boèce].

[66] À la fin du XIIe siècle, Henri Aristippe traduit notamment du grec le Livre IV des Météorologiques d’Aristote, dont Gérard de Crémone avait traduit les Livres I à II de l’arabe en latin.

[67] Gérard de Crémone traduit ainsi le Liber de causis, une compilation de Proclus attribuée par les Arabes à Aristote.

[68] Les luttes intellectuelles âpres qui s'ensuivent aboutissent à la condamnation, en 1277, de 219 propositions aristotéliciennes et averroïstes par l'évêque de Paris, et l'enseignement thomiste est suspendu jusqu'en 1285, tandis qu'une opposition vigoureuse au thomisme s'organise.

[69] a) http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/sommes/1sommetheologique1apars.htm

b) Somme théologique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Somme_th%C3%A9ologique

[70] Thomas d'Aquin, https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d%27Aquin

[71] Voir le livre de D. Piché, ou une version en ligne des propositions condamnées sur En lengua romance en Antimodernism y de mis caminaciones : Index in stephani tempier condempnationes, http://enfrancaissurantimodernism.blogspot.com/2012/01/index-in-stephani-tempier.html

[72] Bernard Plongeron (dir.), Histoire du diocèse de Paris, vol. 1.

[73] C'est Thomas d'Aquin qui rendra célèbre l'adage « la philosophie est la servante de la théologie » (Philosophia ancilla theologiae), qu'on trouve déjà chez Anselme de Cantorbéry.

[74] a) Dialectique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialectique#Le_bas_Moyen_%C3%82ge

b) Ce que l’on appelle encore le « plan dialectique », basé sur la construction thèse-antithèse-synthèse, se composant tout d'abord d'une partie qui exprime une thèse, puis d'une seconde partie qui expose une antithèse, et enfin d'une troisième et dernière partie qui décrit une synthèse, souvent résumé par cet énoncé : je suppose (hypothèse), je pose (thèse), j'oppose (antithèse), je compose (synthèse). Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_dialectique

c) Dès l’âge de 15 ans et la classe de seconde, dans les cours de français et de rédaction de dissertations, l’on apprend la méthode dialectique, thèse, antithèse, synthèse. Alors que dans presque tous les pays musulmans (qui, en général, ne sont pas des démocratie et sont des régimes autoritaire), l’on apprends à rédiger des apologies de l’islam, du régime, de l’histoire musulmane.

L’histoire des sciences, dans le monde musulman, reste, actuellement, le plus souvent, « confite » (figée) dans le passé glorieux de la science musulmane d’avant le 13° siècle.

[75]Disputatio : Dans les facultés de théologie du Moyen Âge, débat sur un thème.

[76] a) Deux historiens français que critique Gouguenheim.

b) Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? ibid.

[77] Affaire Gouguenheim, un an après : le calme après la tempête ? ibid.

[78] a) « Nous rejetons la foi comme seule voie vers la religion si elle rejette la raison. » (adage mutazilite).

« La primauté pour nous est la raison qui est l’outil ultime de la Révélation. La raison nous mène à poser la question du pourquoi et du comment. Elle nous pousse à rejeter les arguments d’autorité et les imitations stériles et vaines ».

Source : http://mutazilisme.fr & http://mutazilisme.fr/presentation-generale-credo/

b) « au nom de la même rationalité, ils rejettent des discours traditionnels sur le Coran : il est la Parole de Dieu créée, et non éternelle, affirment-ils, provoquant la colère de nombreux croyants, dont les formules traditionnelles sont bousculées ou niées » (Adrien Candiard, Comprendre l’islam).

[79] Roger Arnaldez (professeur à la Sorbonne, auteur de L'homme selon le Coran) dans son article sur « le mutazilisme, théologie de la liberté », paru dans Les textes fondamentaux de la pensée en Islam, numéro spécial du Point, novembre-décembre 2005, p. 35.

[80] Dominique Urvoy, « La philosophie, entre raison et révélation », dans Les textes fondamentaux de la pensée en Islam, numéro spécial du Point, novembre-décembre 2005, p. 59.

[81] C’est nous-mêmes qui mettons en gras les passages nous paraissant importants dans Comprendre l’islam d’Adrien Candiard.

[82] Au xixe siècle, la découverte des volumineux ouvrages d'al-Jabbâr ont permis de mieux comprendre l'importance de ce courant de pensée, dans le passé.

[83] Vers 1095, Algazel, alors âgé de trente-huit ans et doutant de ses dires précédents, traverse une crise spirituelle qui dure plus de six mois et que l'on peut résumer en un affrontement violent entre la raison et l'âme, entre le monde d'ici-bas et celui de l'au-delà. Il commence par douter des doctrines et clans existants (c'est-à-dire de la connaissance), puis se met à douter des instruments de la connaissance religieuse. Cette crise l'affecte physiquement au point qu'il perd l'usage de la parole et devient donc incapable psychologiquement d'enseigner ; elle ne prend fin que lorsqu'il renonce à ses fonctions, à sa fortune et à sa célébrité.

[84] a) Tahafut al-Falasifa, https://fr.wikipedia.org/wiki/Tahafut_al-Falasifa

b) The Incoherence of the Philosophers, https://en.wikipedia.org/wiki/The_Incoherence_of_the_Philosophers

c) « L'incohérence des philosophes », 1er janvier 1884, https://www.wdl.org/fr/item/7456/

[85] Voir en particulier Tahâfut al-Falâsifa, p. 237 et pages suivantes.

[86] Ghazali a écrit que Dieu a créé le monde à temps et que, comme tout dans ce monde, le temps cessera d'exister également, mais que Dieu continuera d'exister.

[87] Voir à ce sujet Al-Mustasfa fi ` Ilm al-Usul (vol. 1, p. 111 et suiv.), Ihya'`Ulum al-Din (vol. 1, p. 50 et suiv.) et Al-Iqtisad fil-I'tiqad (p. 118 et suiv.).

[88] Et certainement, l’ont-ils adoptée.

[89] [En fait] « Le savant est même tenu de taire les vérités qui, si elles sont divulguées, risquent de nuire à autrui ou de jeter des doutes sur sa propre foi ou sa raison. Al-Ghazali a effectivement appliqué ces préceptes, qu'il évoque dans bon nombre de ses ouvrages, en particulier dans l'ouvrage intitulé Ihya' `Ulum al-Din [ Vivification des sciences de la foi]. Cette position s'explique peut-être aussi par l'oppression et le terrorisme intellectuel qui sévissaient à cette époque, conduisant à tuer certains penseurs et à brûler leurs écrits […] Al-Ghazali revient souvent sur ce point et affirme que certaines de ses idées ne peuvent être divulguées, ni par la parole ni par l'écrit  ; voir à ce sujet, par exemple, Ihya' `Ulum al-Din, vol. 1, p. 50-51, 104-105, et vol. 3, p. 18, 23, 26.  ».

Source : Al-Ghazali (2) 1058-1111 - La vie et l'œuvre d'al-Ghazali, Mohamed Nabil Nofal, (Égypte). Coordinateur de l'Unité régionale d'innovation éducative dans les États arabes (EIPDAS/UNESCO), https://www.musicologie.org/Biographies/g/al_ghazali_2.html

[90] La Science Voilée, Faouzia Charfi, Ed. Odile Jacob, 2013, pages 160-162.

[91] Du nom de son fondateur Abu al-Hassan al-Ashari.

[92] Voir Yadh Ben Achour, Aux fondements de l'orthodoxie sunnite, Paris, PUF, 2008 et Tunis, Cérès Éditions, 2009, p. 199-200.

[93] Henri Corbin, Histoire de la philosophie islamique, op. cit., p. 260.

[94] Slim Laghmani, Éléments d'histoire de la philosophie du droit, tome 1 : La Nature, la Révélation et le Droit. Le discours fondateur du droit, p. 202, Tunis, Cérès Production, Fondation nationale de la recherche scientifique, 1993.

[95] Voir Yadh Ben Achour, Aux fondements de l'orthodoxie sunnite, op. cit., p. 200.

[96] Ghazali, Al-Munqid min adalalErreur et délivrance »), traduction française par Farid Jabre, Beyrouth, Commission libanaise pour la traduction des chefs-d'œuvre, 1969, p. 78.

[97] Ibn Ruchd, citations dans l'ouvrage de A. Mezghani, L'État inachevé. Les questions du droit dans les pays arabes, Gallimard, 2011, Paris, p. 124-125.

[98] Voir M. Charfi et A. Mezghani, Introduction à l'étude du droit, Tunis, CNP, 1993 (en arabe), § 395, p. 228.

[99] a) Averroès, Incohérence de l'Incohérence (Tahafut al-Tahafut) Le Caire, Al-Matbaa Al-Ilamiya, et Traité décisif et exposition de la convergence qui existe entre la loi religieuse et la philosophie (Fasl al-Maqal fima bayn al Shari'a wa-l-Hikma min Ittisal) Le Caire, Al Maktaba Al-Mahmadiyya.

b) Fernand Van Steenberghe, « Averroès et son "Tahâfut al-Tahâfut" (L'incohérence de l'incohérence), http://www.lescahiersdelislam.fr/Averroes-et-son-Tahafut-al-Tahafut-L-incoherence-de-l-incoherence_a1148.html

c) « Averroès et al-Ghazâlî, une controverse entre philosophie et théologie - Les clés du Moyen-Orient », http://www.lesclesdumoyenorient.com/Averroes-et-al-Ghazali-une.html

d) Incohérence de l'Incohérence, https://fr.wikipedia.org/wiki/Incoh%C3%A9rence_de_l%27Incoh%C3%A9rence

[100] Dominique UrvoyAverroès : Les ambitions d'un intellectuel musulman, Paris, Flammarion, coll. « Champs biographie », 1998 (réimpr. 2008), 256 p (p. 156-157)

[101] Averroès : Les ambitions d'un intellectuel musulman, ibid, p. 154 et 175.

[102] Kurt Flasch (trad. Janine de Bourgknecht), Introduction à la philosophie médiévale, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1998, 240 p. (page 125).

[103] Averroès : Les ambitions d'un intellectuel musulman, ibid, page 180.

[104] a) Roger ArnaldezAverroès : Un rationaliste en Islam, Paris, Balland, 1998, 233 p. (p. 28).

b) Jean-François Mattéi« Averroès ou l'Intelligence », dans Averroès et AristoteL'Intelligence et la pensée : Grand Commentaire sur le livre III du De anima d'Aristote, suivi de De l'âme, Paris, Flammarion/Le Monde de la philosophie, 2008, p. IX.

[105] Averroès : Les ambitions d'un intellectuel musulman, ibid, p. 183.

[106] Averroès : Les ambitions d'un intellectuel musulman, ibid, p. 184.

[107] Introduction à la philosophie médiévale, ibid. page 125.

[108] Alain de Libera et Maurice-Ruben Hayoun, Averroès et l'averroïsme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1991, p. 121 et 127.

[109] a) Ernst Bloch (trad. Pierre Kamnitzer), La Philosophie de la Renaissance, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2007, 218 p. (p. 28-29).

b) Averroès (trad. Alain de Libera), L'intelligence et la pensée : Sur le De anima, Paris, Flammarion, coll. « GF », 1998, 413 p. (p. 40-41.) (Sharh kitâb al-nafs, 1186).

[110] Frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste.

[111] Bonaventure de Bagnoregio.

[112] Averroïsme latin, https://fr.wikipedia.org/wiki/Averro%C3%AFsme#Averro%C3%AFsme_latin

[113] Saint BonaventureCommentaire aux Sentences de Pierre LombardII, d. 18 a 2, qu. 1, in Opera, t. IIp. 446-447.

[114] Alain de Libera, L'Unité de l'intellect de Thomas d'Aquin, Paris, Vrin, 2004.

[115] David Piché, La Condamnation parisienne de 1277, Paris, Vrin, coll. « Sic et non », 1999, 352 p. (p. 165-168).

[116] Foi et raison, https://fr.wikipedia.org/wiki/Foi_et_raison#Dans_la_philosophie_m%C3%A9di%C3%A9vale

[117] David Piché, La Condamnation parisienne de 1277, ibid, p. 166.

[118] Le monopsychisme (théorie de l'unicité de l'intellect) est une thèse selon laquelle l'intellect de tous les hommes est unique et numériquement identique pour tous. Ainsi, l'intellect serait séparé de l'individu, et penserait en lui. Le mot a été inventé par Leibniz et faussement utilisé pour qualifier la psychologie averroïste (d'Averroès). Cf. Monopsychisme, https://fr.wikipedia.org/wiki/Monopsychisme

[119] L’émanatisme, ou doctrine de l’émanation, est une conception philosophique selon laquelle toute chose du monde, y compris les âmes humaines, découle, émane (selon l'étymologie latine emanare), d'un principe ou d'une réalité première, « l'Un », d'une manière médiate ou non. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89manatisme

[120] Roger ArnaldezAverroès : Un rationaliste en Islam, Paris, Balland, 1998, 233 p.

[121] « Thomas d’Aquin en l’occurrence, dans les années 1270, ont posée aux averroïstes, censés répondre (à leurs risques et périls) que… ce n’est pas l’homme qui pense, mais l’intellect, ou que ce n’est pas « moi » qui pense, mais l’agrégat constitué par mon corps (objet de l’intellect) et l’intellect séparé (sujet agent de la pensée). ». in Henri de Monvallier, « Entretien avec Alain de Libera : autour de l'Archéologie du sujet », sur Actu Philosophia, 4 janvier 2009, http://www.actu-philosophia.com/Entretien-avec-Alain-de-Libera-autour-de-l/

[122] Entretien avec Alain de Libera : autour de l'Archéologie du sujet, ibid.

[123] Entretien avec Alain de Libera : autour de l'Archéologie du sujet, ibid.

[124] Pour Lucien-Samir Arezki Oulahbib, il n’existe pas de libre arbitre dans l’islam. Par exemple, Averroès n’a fait que s’insurger contre le libre arbitre comme l’a démontré Thomas d’Aquin dans son " Contre Averroès" (traduction de Libéra, Garnier-Flammarion). En effet, pour Averroès, " l’homme ne pense pas, il est pensé"... Cf. Lucien-Samir Arezki Oulahbib, « Pourquoi l'islam n'a pas détruit les statues de Bouddha durant quatorze siècles ? », sur AgoraVox, 8 mars 2007, https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/pourquoi-l-islam-n-a-pas-detruit-20245

[125] Cf. Averroès, https://fr.wikipedia.org/wiki/Averroès

[126] Ali Benmakhlouf, « Averroès. La cohérence de la vérité », Sciences Humaines,‎ mai-juin 2010.

[127] Ferdinand Sassen, « Siger de Brabant et la doctrine de la double vérité », Revue néo-scolastique de philosophie, no 30,‎ 1931, p. 170-179, http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1931_num_33_30_2612 (page 172).

[128] Luca Bianchi, Pour une histoire de la « double vérité », Paris, Vrin, coll. « Conférences Pierre Abélard », 2008, 192 p.

[129] David Piché, La Condamnation parisienne de 1277, Paris, Vrin, coll. « Sic et non », 1999, 352 p

[130] Ferdinand Sassen, « Siger de Brabant et la doctrine de la double vérité », ibid, p. 177.

[131] Ferdinand Sassen, « Siger de Brabant et la doctrine de la double vérité », ibid, p. 175.

[132] https://fr.wikipedia.org/wiki/Averro%C3%A8s#La_pr%C3%A9tendue_%C2%AB_double_v%C3%A9rit%C3%A9_%C2%BB

[133] Fernand van Steenberghen, Siger de Brabant d'après ses œuvres inédites, Louvain, 1931, t. I, p. 467.

[134] A) Averroïsme latin, https://fr.wikipedia.org/wiki/Averro%C3%AFsme#Averro%C3%AFsme_latin

b) Siger de Brabant, https://fr.wikipedia.org/wiki/Siger_de_Brabant

[135] Victime du fanatisme religieux ?

[136] Gossuin de la Chapelle (13° siècle), https://fr.wikipedia.org/wiki/Gossuin_de_la_Chapelle

[137] Bernier de Nivelles, https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernier_de_Nivelles

[138] Ibn Hazm, https://en.wikipedia.org/wiki/Ibn_Hazm

[139] Traduit et présenté par Mustapha Hogga, Paris, Viin, 2010.

[140] a) Taqî ad-Dîn Ahmad ibn Taymiyya, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Taymiyya

b) Il refuse tout ce qu'il considère comme innovation dans la pratique religieuse, rejetant tant Al-Ghazâlî qu'Ibn Arabî tout comme l'ensemble des philosophes (les falasifa). Il défendra toute sa vie la méthodologie des salafs (al manhaj).

[141] Histoire des techniques, sous la direction de Bertrand Gille, La Pléade, 1978.

[142] a) Certains ecclésiastiques, au nom des valeurs chrétiennes, tels l’archevêque Agobard de Lyon, l'abbé Smaragde de Saint-Michel … ont réclamé la suppression de toute distinction juridique entre libres et esclaves. En Occident, l’institution de l’esclavage (sur le modèle de l’esclavage antique ...) a été remplacé par celle du servage féodal, à la fin du 11° siècle. Or Il y avait une différence nette entre esclavage (antique ...) et servage féodal. Cf. Survie et extinction du régime esclavagiste dans l'Occident du haut moyen âge (IVe-XIe s.) [article], Pierre Bonnassie, Cahiers de Civilisation Médiévale, Année 1985, 28-112, pp. 307-343, https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1985_num_28_112_2302 & https://www.persee.fr/docAsPDF/ccmed_0007-9731_1985_num_28_112_2302.pdf

b) Mais En fait, l’institution _ l’église catholique _ a connu plusieurs revirements sur l’esclavage au Moyen-âge et après :

Deux ans après la chute de Constantinople en 1453, le Pape Nicolas V autorisa officiellement le roi du Portugal, non seulement à faire de tous les sarrasins "noirs" (donc "païens") des esclaves et à saisir leur terre, mais aussi à faire subir le même traitement à tous les ennemis du Christ ! Nicolas V donne au roi Alfonso du Portugal : « La libre et ample faculté d’envahir, chercher, capturer, déporter et soumettre tous les Sarrasins [Sarrasins = noirs], et autres ennemis du Christ n'importe où, [...] de réduire leur personne à l’esclavage perpétuel [...] » (Bulle Romanus Pontifex page 23).

Puis vint la controverse de Valladolid, un débat politique et religieux, organisé en 1550 et 1551, par Charles Quint, qui opposa essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda en deux séances d'un mois chacune. Il avait pour but de définir officiellement la légitimité ou l'illégitimité de l'esclavage des peuples amérindiens. A la fin de ce procès, on officialise que les Amérindiens ont un statut égal à celui des Blancs. Cette décision ne s'appliquait pas aux Noirs d'Afrique dont l'esclavage n'était pas contesté.

Sources : a) L'Eglise, la chrétienté et l' esclavagisme, http://www.chretien.at/L%27Eglise,%20la%20chr%E9tient%E9%20et%20l%27%20esclavagisme.htm

b) Controverse de Valladolid, https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_de_Valladolid

[143] Les arts mécaniques, en latin artes mechanicæ, représentent les branches de la science pratique, à l'imitation de la nature selon la tradition antique. Il s'agit d'abord concrètement d'un ensemble d'applications techniques mises en œuvre sur les chantiers, par ailleurs surveillées par les autorités religieuses et temporelles, mais surtout pour le monde des clercs ou savants lettrés, de disciplines techniques admises progressivement et enseignées sous leur contrôle, au Moyen Âge, de façon à pouvoir surveiller leurs évolutions. Les 7 arts mécaniques étaient : la fabrication de la laine, l'armement de navire, la navigation, l'agriculture, la chasse, la médecine et le théâtre (!). Cf. Arts mécaniques, https://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_m%C3%A9caniques

[144] Esclavage dans le monde arabo-musulman, https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_dans_le_monde_arabo-musulman

[145] Grâce à Gutenberg, l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobile, vers 1450.

[146] a) Huitième sultan ottoman, de 1481 lorsqu'il succéda à son père Mehmed II, à 1512 lorsqu'il fut destitué par son fils Sélim Ier.

b) Bajazet II, https://fr.wikipedia.org/wiki/Bajazet_II

[147] a) Sélim 1er, https://www.universalis.fr/encyclopedie/selim-ier/

b) En 1515, Sélim 1er, menace de mort ceux qui développent l’imprimerie.

c) 9e sultan de l'Empire ottoman (1512) et le premier à porter le titre de calife.

[148] a) Débuts de l'imprimerie en caractères arabes, https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9buts_de_l%27imprimerie_en_caract%C3%A8res_arabes

b) Henri Omont, « Documents sur l'imprimerie à Constantinople au XVIIIe siècle », Revue des bibliothèques, vol. 5, 1895, p. 185-200 et 228-236.

[149] Ulugh Beg, prince-astronome, gouverneur de Samarcande, a fait édifier un observatoire astronomique, au début du XVe siècle, dans cette ville. Il y travailla et enseigna avec quelque 70 mathématiciens et astronomes, dont Qadi-zadeh Roumi, al-Kachi et Ali Quchtchi, aboutissant à la publication des tables sultaniennes. Mais il s'était fait des inimitiés en donnant plus de poids à l'observation qu'au témoignage d'Aristote. Il avait fait scandale avec une fête, à l'occasion de la circoncision de son fils, où il y avait du vin. Mais ce n'est qu'après son assassinat (1449) que des intégristes eurent une occasion de raser l'observatoire. Source : Observatoire astronomique d'Ulugh Beg, https://fr.wikipedia.org/wiki/Observatoire_astronomique_d'Ulugh_Beg

[150] 1) Al-Din, l'astronome officiel de l'empire, à l'initiative de construction d'un observatoire astronomique, voit une comète depuis son observatoire, le 11/09/1577, il pense que c'est un présage qui annonce une prochaine victoire militaire de l'Empire ottoman. Cependant, cette prévision était fausse, l'Empire ottoman perd cette bataille, et sous la pression de son entourage, le sultan Murad III décide la destruction de l'observatoire en 1580. Cet observatoire ne sera en fonction que durant 2 à 3 ans de 1577 à 1580. Source : Observatoire de Constantinople (d’Istanbul), https://fr.wikipedia.org/wiki/Observatoire_de_Constantinople

Ce dernier aurait créé une horloge astronomique, elle aussi détruite (?).

[151] Une hypothèse personnelle est que comme il n’y a jamais eu séparation du pouvoir religieux du pouvoir politique (temporel), en Islam, cela alors encore accrut le pouvoir religieux (sur les consciences, sur toutes les décisions politiques …).

[152] On peut faire le pendant avec : Socrate (philosophe, condamné à mort), Pierre Abélard (théologien et philosophe, condamné), Giordano Bruno (philosophe, condamné à mort), Galilée (mathématicien, géomètre, physicien et astronome, placé en résidence surveillé ...), Baruch Spinoza (philosophe) ...

[153] Mansur al-Hallaj, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mansur_al-Hallaj

[154]Mahmoud Mohamed Taha, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Mohamed_Taha

[155] a) Critique de l'islam, https://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_de_l%27islam

b) Le premier penseur à avoir procédé à la critique philosophique des traditions religieuses et de l'idée même de révélation divine fut Abou Bakr ibn Tufayl, médecin-philosophe et protecteur du jeune Averroès à la cour du calife. Il écrit Hayy ibn Yaqdhan (littéralement : « Vivant fils du conscient »), comme une réponse à "l'Incohérence des philosophes" d'Al-Ghazâlî.

Cf. a) Au Moyen-Age, un philosophe arabo-andalou expliquait l'islam libéral, Maurice-Ruben Hayoun, Spécialiste de la philosophie médiévale, allemande et de littérature biblique, https://www.huffingtonpost.fr/mauriceruben-hayoun/au-moyen-age-un-philosophe-arabo-andalou-expliquait-lislam-liberal_b_6333400.html

b) Ibn Tufayl (1105-1185), https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Tufayl

[156] Alors que Frédéric II, roi de Prusse, en a vu tout de suite son intérêt.

[157] L'éveil de la tolérance, Henry Kamen, Hachette, 1967.

[158] Musées des sciences à Israël‎, https://www.tripadvisor.fr/Attractions-g293977-Activities-c49-t35-Israel.html

[159] Al-Mansur (Abbasside), https://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Mansur_(Abbasside)

[160] Hâroun ar-Rachîd ben Muhammad ben al-Mansûr ou Hâroun ar-Rachîd (765-809), https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A2roun_ar-Rach%C3%AEd

[161] Abû al-`Abbâs al-Ma'mûn `Abd Allah ben Hârûn ar-Rachîd1 surnommé al-Mamûn ou Almamon (786-833), https://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Ma%E2%80%99m%C5%ABn

[162] Pieux : le mot (Muttaqi) en arabe vient du mot (taqwa) qui signifie piété, c’est-à-dire la crainte de la punition d’Allah si on s’écarte de Ses injonctions et l’espoir en Sa Miséricorde quand on s’y conforme.

Guide (Hudan) : ce mot qui reviendra souvent, n’a pas d’équivalent en français. Il désigne l’action de guider, le fait d’être guidé ou le guide.

[163] Il est interdit se douter ou de se poser de questions sur la légitimité de Mahomet et de ses actions, en Islam.

[164] C’est un verset vraiment totalitaire, prouvant que les musulmans ne sont pas du tout libres.

[165] Cf. https://muflihun.com/bukhari/49/861

[166] Mais Abou Hourayra serait probablement l’un des plus grands inventeurs de hadiths. Source : https://islamlab.com/abou-hourayra-avoue-inventer-un-hadith/

[167] Eviter les questions non-concrètes, https://www.havredesavoir.fr/eviter-les-questions-non-concretes/

[168] 4 - Comment concilier destin et libre arbitre, http://droitmusulman.typepad.com/blog/page/855/

[169] Suspension des actions en justice, des obligations de paiement.

[170] Bien que cette préservation ne semble pas avoir eu lieu pour les écrits cathares.

[171] Pseudoscience : Raisonnement qui prend l'apparence de la science sans en respecter les principes.

[172] Avant René Descartes, Abailard pratique le doute méthodique : « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant nous trouvons la vérité. ». Cf. Pierre Abélard, Sic et Non (1122), édi. Boyer et McKeon, 1976, p. 103.

[173] Rasoir d’Ockham, https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Ockham

[174] Lindberg, David C. (1996), Roger Bacon and the Origins of Perspectiva in the Middle Ages, Clarendon Press.

[175] a) « nullus sermo in his potest certificare, totum enim dependet ab experientia »

b) Roger Bacon, Opus majus (1266), VI, p. 201.

b) Alhazen ou Ibn al-Haytham ou Abu Ali al-Hasan ibn al-Hasan ibn al-Haytham (965-1040), mathématicien, philosophe, physiologiste et physicien du monde médiéval arabo-musulman. Alhazen est l'un des premiers promoteurs de la méthode scientifique expérimentale, mais aussi l'un des premiers physiciens théoriciens à utiliser les mathématiques. Certains, pour ces raisons, l’ont décrit comme le premier véritable scientifique, héritier des scientifiques grecs et indiens. Il insistait sur la remise en cause de l’autorité des anciens. La pensée « rationaliste » d’Alhazen n’eut pas de descendance, dans le monde musulman, alors qu’elle eut une postérité dans le monde chrétien, grâce à Roger Bacon. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alhazen

[176] Philosophie médiévale. Critique de la philosophie médiévale, https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_m%C3%A9di%C3%A9vale#Critique_de_la_philosophie_m%C3%A9di%C3%A9vale

[177] Méditations métaphysiques, https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9ditations_m%C3%A9taphysiques

[178] Le scepticisme antique, aussi appelé pyrrhonisme, comparant et opposant toute chose, dit que nous ne pouvons trouver aucune réponse aux questions qui se rapportent aux affaires humaines, ni aucune certitude en ce qui concerne les réponses aux questions philosophiques et énigmes de la nature et de l'univers, de la pensée, de Dieu et de l'âme, et ce même supposant leur existence. Lorsqu'un sceptique s'exprime sur quelque chose, c'est selon ses impressions sensorielles (ou affects): le sceptique dit peut-être que rien n'existe, car il semble qu'il ne comprend rien et ne peut rien définir avec certitude jusqu'à présent. [...] Du fait que les sens n'ont pas le même objet de traitement, comme l'oreille ne voit pas et les yeux n'entendent pas, ou du fait que les théories dogmatiques se contredisent d'elles-mêmes, et que les définitions que les dogmatiques donnent à leurs propres concepts se contredisent elles aussi, alors il n'existe pas de moyen objectif de définir un quelconque critère de vérité. Ce scepticisme exprimerait un certain défaitisme face à la connaissance.

C'est sur le doute qu'est bâti son Discours de la méthode, mais il ne faut pas perdre de vue que son objectif principal est de renverser le scepticisme ambiant, en montrant qu'il est possible d'avoir des connaissances. Montaigne doute pour douter (Les Essais), alors que Descartes doute pour ne plus douter. Chez lui le scepticisme est le premier pas vers la connaissance.

Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Scepticisme_(philosophie)

[179] Une autre explication est avancée : l'essor de la médecine et la stabilisation de la société font que peur et maladies s'estompent, rendant le besoin d'un bouc-émissaire surnaturel caduc (?).

Cf. Chasses aux sorcières, https://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res#La_fin_des_s%C3%A9vices

[180] Stéphane Foucart, « Le cent-fautes de Claude Allègre », LeMonde.fr, 27 février 2010, http://perso.univ-rennes1.fr/jean-luc.le-garrec/zfiles/50.pdf

[181] Jean-Louis Fellous, « Claude Allègre : en finir avec l'imposture », LeMonde.fr, 1er mars 2010, https://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/01/claude-allegre-en-finir-avec-l-imposture-par-jean-louis-fellous_1312676_3232.html

[182] Voir Sylvestre Huet, « Climat : Allègre part en courbes », Libération, 23 mars 2010, http://www.liberation.fr/terre/0109626128-climat-allegre-part-en-courbes

[183] « Plus de 600 scientifiques, s'estimant dénigrés, réclament l'organisation d'un vrai débat sur le climat », Le Monde, 9 avril 2010, https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/04/09/plus-de-600-scientifiques-s-estimant-denigres-reclament-l-organisation-d-un-vrai-debat-sur-le-climat_1331142_3244.html

[184] a) « Commentaires sur le livre de Claude Allègre et Dominique de Montvalon, L'Imposture climatique ou la fausse écologie, Plon, 2010 », Le Monde, 9 avril 2010, https://www.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20100409/1331505_4cf6_allegre9avril.pdf

b) http://www.doc-developpement-durable.org/climat/Commentaires_sur_L-imposture_climatique_de_Claude_Allegre_&_al.pdf

[185] « Quelques exemples de dénigrement relevés dans le livre de Claude Allègre, l’Imposture climatique », Le Monde, 9 avril 2010, http://medias.lemonde.fr//mmpub/edt/doc/20100409/1331157_14d4_allegredenigrement.pdf

[186] Commentaires sur la page de l'Appel des scientifiques du climat aux instances références de la recherche scientifique française [archive], avril 2010, https://sites.google.com/site/appelclimat/

[187] « Portrait de Vincent Courtillot », Libération, 13 mai 2010, http://www.1001portails.com/vincent-courtillot-f-41722-7554422-portrait-de-vincent-courtillot-par-lib%C3%A9ration.html

[188] « Pour une écologie scientifique », La Revue critique des idées et des livres, 1er janvier 2011, http://www.larevuecritique.fr/article-pour-une-ecologie-scientifique-64114079.html

[189] « Grand prix de la société de géographie », sur Société de géographie, https://socgeo.com/les-grands-prix-de-la-societe

[190] Stéphane Foucart, L'avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques, Éditions Gallimard, coll. « Folio », 2015 (1re éd. 2010), 432 p., chap. VIII (« L'incroyable imposture de L'imposture climatique »), p. 165-166.