Le « vrai courage »
ou
mes raisons profondes concernant les marches
Transhimalayennes pour le Tibet
J’ai
toujours eu une profonde admiration pour des personnes commettant des actes de
courage et d’abnégation exceptionnelles pour les autres.
Ma
très sincère admiration a été, en
particulier, pour Sir Ernest Henry Shackleton (+) et d’autres hommes admirables.
Des hommes Shackleton, Scott qui ont organisés les
expéditions les plus dures du monde dans l’Antarctique … Ils ont dépassé, pour
moi, les limites de la spiritualité humaine et de la résistance à la
souffrance, et celle du corps physique.
En particulier, Shackleton a toujours fait passer le
salut de ses équipiers avant ses intérêts personnels.
D’autres
hommes et femmes sont l’objet de toute mon admiration, comme Jésus Christ, Jean
Moulin, Pierre de Coubertin … le père Martin Kolbe, et plus récemment des
résistants tibétains, comme Ngawang Sandrol, Palden Gyatso … luttant
pacifiquement pour la liberté de leur pays. Certains de ces derniers ont été torturés
pendant des dizaines d’années sans perdre leur capacité de pardon face à leur
tortionnaires.
J’ai beaucoup d’admiration pour des
personnes qui se sont battues, chaque instant, pour de grands idéaux
comme la Démocratie, les Droits de l’Homme, pour la dignité et l’honneur de
leur pays ou de leur peuple, pour le respect des autres, la compassion, comme
Churchill, De Gaule, Nelson Mandela, le pasteur Martin Luther King, le Mahatma
Gandhi, Léon Tolstoï, le Dalaï-lama, le Bouddha Gautama, Mahavira le fondateur du jaïnisme, Henri Dunant,
Aristide Briand, Albert Schweitzer, Victor Schoelcher, l’Abbé Pierre, sœur
Emmanuelle du Caire, sœur Thérésa de Calcutta …
Souvent dans la vie politique
française ou européenne, je recherche des hommes droits, sincères et honnête,
qui ne cherchent ni gloire, ni argent. Je pense parfois à Jean-François Deniaud
… En particulier, j’aime beaucoup Olivier Dupuis, député européen, qui n’hésite
à faire actuellement la grève de la faim pour la Tchéchénie.
Des personnalités comme Bernard
Kouchner ont aussi mes suffrages.
De tout temps des personnes d’une
haute moralité se sont battus pour de hauts idéaux de droiture, de loyauté, de
dignité, d’équité, d’honnêteté, d’abnégation, de générosité …
Je les aime d’autant plus qu’elles
peuvent avoir leur faiblesses.
Je
les aime car, même au plus profond de l’adversité et du doute, n’ayant jamais
perdu leur courage et l’espoir, elles se battent jusqu’au bout pour le triomphe
de leurs très beaux idéaux, du Bien, du Beau, du Vrai …
Pourtant, ils existent d’autres
exemples d’êtres courageux, qui pourtant ne sont pas des héros à mes yeux.
Tout
simplement parce que leur abnégation ou leur générosité ne va pas jusqu’à
sauver la vie des autres ou à donner leur propre vie pour les autres et parce
que tout tourne autour de leur orgueil et vanité.
Malgré leurs idées novatrices, leur
génie, leur ingéniosité, leur capacité de destruction, en particulier de ce
qu’ils avaient construit de positif, et leur manque de scrupule détruit tout ce
qu’il y avait de positif en eux.
J’ai aussi de l’admiration pour des
maisons d’éditions comme Transboréal favorisant l’édition « de travaux […]
d’auteurs ayant fait preuve d’abnégation et de courage, lors d’études et de
voyages au long cours marqués par une réelle connivence avec le milieu humain
et le monde naturel ».
Face à des personnes comme celles-ci,
je me sens vraiment très petit.
Je suis très touché par les valeurs de
courage et d’abnégation, l’esprit sportif ou de chevalerie.
Pourtant ces valeurs semblent pas faire recette ou
toucher une partie des membres de notre société. Au contraire, dans les
entreprises capitalistes, les hiérarchies professionnelles vous poussent à
accepter les situations humaines moralement inacceptables et l’horreur économique,
telle que les licenciements « économiques » alors que la société
engrange de très importants bénéfices, le non respect des règles sociales, le
harcèlement moral …
Seulement les valeurs de réussite
sociale et d’enrichissement matériel et financiers, de bien-être matériel,
semblent être les valeurs dominantes de notre société occidentale. La loi de la
jungle semble aussi attirer beaucoup de gens.
Ceux qui croient à des valeurs
humanistes seraient-ils les derniers des Mohicans ?
Je me suis demandé quel était le
secret de ces hommes d’exception qui refusent ces valeurs non humanistes.
Qu’est ce qui faisait qu’ils étaient des héros et que
je ne l’était pas, pourquoi ils pouvaient eux arriver à vaincre leur peur, leur
égoïsme et pas bon nombre d’autres personnes ?
C’était une raison de ma quête par
deux marches transhimalayennes. Le scénario du film devait percer ce secret.
Qu’est ce qui pousse certains, comme les Tibétains
qui ont marché par 2 fois avec nous, à un comportement
« naturellement » éthique, digne, gentleman, fair-play, noble,
droit ?
Lamartine disait, je crois,
« l ‘homme est un ange déchu qui se souviens des cieux ».
Ou bien sommes nous un produit de la
matière qui voit les limites de la matière et aspire à les dépasser ?
Le comportement des anciens
prisonniers politiques qui ont marché avec nous a été exemplaire.
Qui pourrait oublier le dévouement et
de la gentillesse de Namdol et Kunsang ou le comportement exemplaire de
Leshé redescendant d’un haut col, pour aider certains marcheurs occidentaux,
qui peinaient et souffrait, en emportant leur sac vers le col, ou en leur
apportant de l’eau.
Ils ont été des modèles pour nous.
Jamais ils ne sont « engueulés » devant nous.
Leur comportement semble lié à leur
philosophie, leur « bonne » éducation.
Il y avait aussi ma révolte contre
l’injustice qui m’a poussé à organiser ces marches.
Benjamin
(+) En 1914,
le célèbre explorateur polaire Sir Ernest Shackleton prend la mer à bord de
L'Endurance avec un équipage de 27 hommes. Il considère que le but de
l'expédition - la traversée du continent antarctique à pieds - constitue le
dernier grand défi polaire de l'âge héroïque de l'exploration. Mais très
rapidement, le bateau rencontre des problèmes inattendus. L'explorateur se
retrouve prisonnier des glaces, puis privé de son bateau pendant plusieurs
mois. Commence alors la plus grande histoire de survie de tous les temps.
Doué d'une volonté hors du commun, dans les pires
conditions, durant son expédition antarctique de 1914 à 1917, Shackleton
fera toujours passer le salut de ses équipiers avant ses intérêts personnels.
Devant leur trois-mâts, l'Endurance, prisonnier des glaces à trois mille kilomètres des mers libres, puis broyé en 1914, sous leurs yeux après des mois de dérive sur la banquise, il promet à ses vingt-sept compagnons de les ramener sains et saufs.
Après plus d'un an d'effroyables aventures vécues
suite au naufrage de l'Endurance, Shackleton et 5 de ses hommes mettront presque un an pour
y parvenir, en accostant
sur le littoral de la Géorgie du Sud le 9 mai 1916, sans cesser d'y croire
grâce à l’optimisme et à l’abnégation de leur chef.
Les 28 hommes resteront en tout 15 mois ainsi captifs
avant d’embarquer, tenaillés par la faim, à bord de trois canots de sauvetage,
le 21 novembre 1915. Défiant les mers du plus haut, sec, froid et venteux
continent du monde, durant 4 mois, ils parviendront à accoster sur l’île
Éléphant, le 18 avril 1916.
Le 24 avril, Shackleton embarque avec 5 hommes à bord
d'un canot, le "James Caird". Ils rament pendant 1.300 km
jusqu'en Géorgie du Sud pour aller chercher des secours auprès des baleiniers.
Ils y accostent dix-sept jours plus tard, mais du mauvais côté de l'île
et il faut en entreprendre la traversée à pied. Shackleton et deux équipiers,
munis d'une simple corde et de quelques jours de vivres traversent les
montagnes en trente-six heures et atteignent les secours le 20 mai 1916.
Le 25 août 1916, après quatre tentatives échouées, un
remorqueur chilien, le "Yelcho", récupère les membres de l'équipage
restés sur l'île Elephant, tous sains et saufs alors qu'il ne leur reste plus
que deux jours de vivres. Plusieurs ouvrages ont été consacrés à cette
fantastique aventure humaine.