Raisons morales de se battre pour le Tibet
Par B. LISAN, le 3/10/04
On peut se dire, face aux manque d’avancées de la cause Tibétaine (semblant sans cesse reculer), à quoi bon encore se battre pour le Tibet.
Alors je réponds à cela, en présentant 3 raisons de se battre pour :
1) une peuple qui souffre,
2) la défense d’une culture estimable
3) des questions de principes moraux (combattre toute démission morale, égoïsme et esprit munichois),
Le fait que les Tibétains ont été opprimés par les Chinois ne peut être contesté. Les Chinois ont fait mourir 1,2 millions de Tibétaines [1], ils ont détruit ou volé la plupart de leur œuvres d’arts et joyaux architecturaux (6259 monastères détruits), détruit la plupart de leur grandes bibliothèques. Imaginez-vous que les nazis aient détruit Notre-Dame, la cathédrale de Chartres, la bibliothèque nationale, le château de Chambord.
Quand j’ai organisé la marche Transhimalayenne 2002, j’ai rencontré plusieurs personnes âgées qui pleurant et étreignant mes mains, me disaient en tibétain : « qu’est ce qu’on a souffert, monsieur, si vous saviez. On avait l’impression que le monde entier nous avais oublié. Merci. Merci ». Ces rencontres étaient poignantes et j’avais du mal à douter de leur parole … c’était trop fort. Et quand on a du cœur, on ne peut être indifférent.
Rolf STEIN, grand Tibétologue disparu,
auteur de la « civilisation Tibétaine », affirmait que la
littérature Tibétaine était la 4° par son importance, pour ce qui est de la
littérature asiatique _ après celles chinoises, japonaises,
indiens, et bien avant celle thaï, indonésienne … La langue Tibétaine est une
langue hautement évoluée et élaborée, très riche au niveau de son vocabulaire …
Si cette culture disparaît nous
le regretterons un jour. La disparition d’une culture, c’est comme si de
nombreuses bibliothèques brûlaient.
C’est se battre contre la loi du plus fort et le fait accompli, ne pas admettre un second Munich et c’est agir contre une politique à courte vue. On paye toujours à terme, notre démission morale (voir l’histoire des accords de Munich avec Hitler).
Si on ne se bat pas pour lui, le Tibet se mourra de notre silence.
Se battre
pour la cause tibétaine, c’est se battre :
Ø
pour la diversité culturelle (source d’enrichissement pour
l’humanité),
Ø
pour sa langue et ses 200 dialectes, ses nombreuses cultures,
Ø
sa riche littérature,
Ø
pour la philosophie pacifique de ce peuple, lié à sa religion
bouddhiste,
Ø
contre les tortures et pour les droits de l’homme.
Ø
contre un ethnocide programmé, lié au raz de marée de colons
chinois,
Ø
contre la disparition de la biodiversité, de la faune et la
forêt du Tibet …
François 1er,
après être capturé, au soir de la bataille de Pavie, avait dit "Tout est
perdu, fors l'honneur" (+). Je pense, pour le paraphraser, que même si
"Tout était perdu", pour la cause du Tibet, "il faudrait malgré
tout se battre pour l'honneur". Ne serait que pour garder l’honneur.
La cause du Tibet
n’est pas encore perdu _ tout dépend de nous _, battons-nous pour elle.
(+)
En fait il a écrit exactement de sa prison, à sa mère Louise de Savoie :
"Madame, pour vous avertir comme se porte le reste de mon infortune, de
toute chose ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui m'est sauve." Et
la postérité n'a retenu que "tout est perdu, fors l'honneur".
[1] Tibet : Human Rights
and the Rule of Law, International Commission of Jurists, Décembre 1997, ICJ,
P.O. Box 216, 81 A, avenue de Châtelaine, CH-1219, Châtelaine/Geneva,
Switzerland, Te : (41 22) 979 38 00 – fax (41 22) 979 38 01, email :
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