Les avions, passionnément

 

Depuis tout petit, j’aime les avions.

J’ai la fibre écologiste, et pourtant j’aime ces moyens de transports bruyants et polluants que sont les avions. Pourquoi ? Mystère.

J’aime le bruit du moteur d’un avion, son ronronnement régulier et rassurant.

Un avion est, pour moi, un ami, comme un vieux cheval de labour. C’est un être vivant, qui comme lui peut être fidèle ou avoir ses humeurs.

J’ai de plus un faible pour les vieux avions à hélice, comme ces vieux DC3 des pays pauvres, volant toujours malgré plus de 30 ans de bons et loyaux services (et fiables si l’on s’en occupe avec soin).

 

S’envoler vers le ciel, c’est pour moi, aspirer à l’immensité, à l’immanence, à quelque chose de beau, pur, vers un absolu. Un avion voltigeant dans le ciel est un de mes symboles de la liberté.

L’avion semble le moyen idéal pour abolir toutes les frontières et réunir les hommes.

Dans un avion de tourisme, je m’imagine libre, me dirigeant où bon me semble.

 

Les racines de cette passion remonte loin, à ma prime enfance.

A trois ans, j’avais déjà pris un DC3 à Madagascar.

Vers l’âge de 11 ans, je prenais une Caravelle pour la Suisse.

Adolescent, par les échanges linguistiques, je connus un père ancien pilote de la RAF. Il me fit visiter le musée de l’air de sa base aérienne. Puis suprême récompense, il me confia pour un instant les commandes de son petit avion de tourisme. J’avais 13 ans.

               Adolescent, je pris encore souvent l’avion pour rejoindre mes parents résidant à l’étranger _ en Algérie, Côte d’Ivoire, Maroc ...

               En côte d’Ivoire, mes parents me firent faire un tour dans un avion de tourisme. Le pilote survolait en rase motte les buffles et les éléphants au-dessus d’une réserve africaine marécageuse. Là encore le pilote me confia les commandes, mais le repris quand je voulu, moi aussi, raser les troupeaux.

               Je pris encore l’avion pour des déplacements professionnels à Toulouse. Et j’ai encore le souvenir, lors d’un violent orage sur Orly, du comportement d’un Mercure, piquant rapidement comme un chasseur, à travers les nuages, vers la piste, montrant par là ses remarquables qualités de manoeuvrabilité.

 

Dans le droit chemin des sports de l’air, je goûtais au parapente dans les Ardennes belges, puis dans les Alpes, durant de nombreuses années. Je fis aussi une semaine, une incursion dans le monde du deltaplane, lors d’un stage UCPA en Provence.

L’ULM pendulaire, pratiqué près de Bruxelles, fut une autre de mes passions, obtenant le « lâché » en 91, c’est à dire la possibilité de voler seul, sans  l’aide du moniteur, dans un rayon de 30 km maximum autour du terrain d’envol.

Je me lançais dans le paramoteur et j’achetais la voilure et la motorisation. Le survol du Lion de Waterloo du haut de mon étrange engin fut un moment fort.

               J’eus plusieurs fois le droit à des baptêmes ULM gratuits sur les bases ULM, en particulier celle proche de la maison de campagne de mes parents. Je m’en offrait comme d’autres s’offrent une place de ciné le W.E.

 

               Je fus souvent ébloui par les brillantes démonstrations de pilote montrant leur remarquable maîtrise de leur appareil, lors de meetings aériens, comme au meeting belge de Cookseede, au Bourget ou celui de la Ferté-Allais.

               A Cookseede, j’eu la chance de m’entretenir avec Catherine MAUNOURY, championne du monde de voltige, se reposant sous son CAP 310.

Gamin, les gros ARBUS, 747, Galaxy, Antonov, Hercule C130 m’impressionnaient, au meeting du Bourget.

Au meeting international d’ULM de Blois, je pus voler dans un Mistral, un Ran Coyote S et  un Albatros .

               Chez le pétrolier TOTAL, où j’ai travaillé trois ans, grâce aux sympathiques responsables du club aviation, je pus participer, en tant que copilote, à de nombreuses sorties : Normandie, Châteaux de la Loire, pont canal de Briare, pont de Normandie, Côte d’Opale, Etretat, baie de Somme ...

Souvent, à l’aérodrome d’arrivée, nous allions nous offrir un bon repas ou une consommation avec les habitués du bar de l’aviation. Une belle période révolue.

 

               Cet été en 98, dans l’arctique canadien, j’eus encore le plaisir de voler dans un vieux coucou, un vieux bimoteur Twin-Oter, à la belle peinture jaune d’or. La cabine de pilotage pleins de cadrans, la tenue de ses jeunes pilote et copilote, en costume bleu marine, la casquette assortie, me donnait l’impression d’être plongé à nouveau dans une aventure de Tintin, style Tintin au Tibet ou Coke en Stock.

               Lors d’un vol de Chambéry vers Paris à bord d’un ATR 80, j’eus le privilège de rester dans la cabine de pilotage avec les pilotes. J’y aimais le tableau de bord, en même temps moderne et traditionnel, comportant encore de nombreux instruments visibles _ radios VHF, VOR, ... _ et ses nombreuses manettes diverses _ pour les turbopropulseurs, volets .... Je fus initié à la check-list et aux manettes.

               Allant récemment au Meeting de la Ferté-Alais, je me rendis compte que le virus ne m’avait pas quitté. J’étais toujours amoureux et passionné de ces vieux coucous de collections pétaradants.

 

               Et il m’est même arrivé de faire de l’ « avion stop » !

               Sur l’aérodrome du Breuil à Blois, ressentant un coup de cœur pour un petit avion tout terrain, d’origine américaine, à la belle couleur jaune d’or, un Avid Flyer, dont il existe une version ULM et une autre en avion de tourisme, je fis part de mon sentiment à son propriétaire, ajoutant « et vous m’emmeneriez en stop ?... ».. Le pilote me prenant immédiatement au mot, me fit bénéficier d’un tour gracieux au-dessus des plaines de Beauce.

               Je rêve souvent que ce genre d’épisode se reproduise, un avion m’emmenant alors au loin, vers des destinations lointaines et inconnues.

 

Benjamin LISAN