Les 12 étapes indispensables pour la réalisation d’un business plan

 

 

par François AYACHE et Muriel BORCA consultants associés de Gestion, Conseil & Développement Sarl à Paris.

Il est indispensable pour convaincre les partenaires de votre future entreprise,

mais aussi pour la conduite de votre activité. Le business plan est un élément incontournable de votre projet.

> Un business plan,

pour quoi faire ?

Peut-on faire l'économie de la

réalisation de son business plan

dans le cadre d'un projet de

création d'entreprise ? Impossible.

Car le business plan, c'est à la fois

le support de votre projet, le roman

crédible de votre entreprise sur

les années à venir, le moyen de

communiquer avec les tiers, mais

également l'outil permettant d'en

suivre la réalisation. C'est à travers

ce document que vous allez devoir

asseoir votre crédibilité et

convaincre. Convaincre qui ?

D'abord vous-même, puis vos

associés, votre banquier, vos

fournisseurs, peut-être même vos

cliente ! Il s'agit bien de convaincre !

De vendre votre passé, votre

expérience, de montrer à vos parte-

naires (famille, amis, investisseurs,

banquiers...) ce qui vous prédispo-

se au succès. Afin qu'ils ne se

trompent pas - et vous non plus -

en investissant dans votre projet.

Mais ne vous y trompez pas.

L'élément le plus important, c'est

l'Homme. Le Business Plan sera

l'expression de sa crédibilité et

de son professionnalisme.

>• Quel contenu pour

votre business plan ?

Cinq parties sont généralement

requises.

• L'homme et la genèse de son projet

• L'étude de marché

• L'outil de production

• Les moyens humains

et l'organisation

• Le plan de développement

  pluriannuel

 

 

Initiatives Magazine n°48 - octobre/novembre 2003 – page 32

> L' homme et la genèse du projet...

L'homme : son état civil, sa situation de famille,

sa formation, son expérience

professionnelle...

Son équipe : sa composition,

le profil de chacun, les valeurs communes, les circonstances de la rencontre, la répartition des tâches et la complémentarité

La nature du projet : l'objet, la localisation, la société projetée, son régime juridique, la répartition du capital, la date probable de début d'activité.

La motivation des hommes :

pourquoi ce projet ?

Les objectifs poursuivis,

l'entreprise dans 10 ans.

> L'étude de marché

Le marché et les produits :

quels types de produits et/ou de services à vendre et à qui ?

Quelle est l'importance de ce marché ? Est-il en progression ?

La demande : quelle est la nature de la demande ?

Quels sont les clients concernés ?

L'offre existante : Quelle est

l'offre de produits sur ce marché ?

En quoi le projet est-il différent ?

Quels sont les concurrents ?

Leur localisation, leur taille, leur

volume d'activité ? Quels sont

les prix pratiqués ?

• Quel positionnement commercial allez-vous adopter ?

Quels sont vos objectifs sur ce marché et leur évolution sur 3 à 5 ans ? Quelle sera votre clientèle ? Le type de clients visés ? La part de chacun dans les ventes prévues ? Quels types de produits allez-vous

vendre ? A quel prix ? Pourquoi ?

>• L'outil de production du projet

• Les investissements

- Les investissements de départ

(immobiliers, mobiliers, incorporels,

financiers)

- Les investissements de

renouvellement

- Le mode de financement envisagé

 : emprunt, leasing, location.

 

• Le plan d'amortissement

 

> Les moyens humain et l'organisation

 

L'équipe de créateurs

Les collaborateurs

- Les compétences requises,

les tâches dévolues

- Les coûts, les normes

du secteur, la productivité requise

- Le système de motivation

 

L'organisation interne

- L'informatique

- Qui traite quoi ?

- La sous-traitance, le coût

> Le plan de

développement

pluriannuel

C'est ce que nous allons dévelop-

per ci-après.

 

1 Définir les objectifs commerciaux

• Tout d'abord, il faut définir

les segments d'activité, c'est

à dire définir chacune des catégo-

ries de produits et de services

que vous allez commercialiser.

• Ensuite, il convient de définir

les prix moyens unitaires HT

de chacun de ces produits et

services (prix de vente des produits,

prix de l'heure de conseil, prix de

la prestation moyenne,...)

• Puis définir le  de marge

brute dégagée sur chacune

de ces activités. Si dans le cadre

d'une activité de négoce, vous

achetez une marchandise 60 € HT

que vous revendez 100 € HT, vous

dégagez une marge commerciale

de 40 € HT, qui correspond à 40

de votre vente HT. Si vous réalisez

une prestation de service que

vous faites sous-traiter, il se

dégagera également une marge

sur opération. Si vous réalisez

une mission de conseil que vous

effectuez vous-même, la marge

brute sera de 100, car il n'y a

pas d'opération de revente.

• Réaliser ensuite le budget

des ventes et marges sur

3 ans (c'est le minimum pour

un business plan), en multipliant

prix unitaires par quantités, afin

d'obtenir le chiffre d'affaires hors

taxes puis la Marge Brute en

multipliant les ventes par le taux

de marge commerciale.

 

2 Etablir le budget des investissements et des dotations aux amortissements

Il convient d'abord de matérialiser

le budget des investissements

nécessaires au fonctionnement

de l'entreprise. Trois types d'inves-

tissements sont à considérer :

• Les immobilisations

incorporelles : les frais de consti-

tution, les frais de 1" établisse-

ment (frais de démarches

avant la constitution formelle de

la société), les frais d'acquisition

de fonds de commerce ou

de droit au bail, les honoraires

de conseil, d'agence immobilière,

les droits d'enregistrements,

les frais d'acquisition de logiciels,

la protection INPI...

• Les immobilisations

corporelles : terrains, construc-

tions, agencements, matériels

industriels, matériels de transport,

mobilier, matériel informatique,

matériel de bureau...

• Les immobilisations

financières : dépôts et

cautionnements, loyers d'avance.

Bien sûr, il y a les investisse-

ments initiaux, mais également

les investissements de

renouvellement ou de montée

en puissance qu'il faut envisager

sur la durée du plan.

Il convient ensuite d'élaborer

le plan d'amortissement des

immobilisations sur la période

concernée, c'est-à-dire la

constatation comptable de

l'obsolescence des investisse-

ments dans le compte de résultat.

 

3 Définir les moyens humains et budgétiser les charges de personnel

Compte tenu des objectifs com-

merciaux précédemment définis

et de l'outil de travail dont on vient

de se doter, nous allons nous

poser la question de l'effectif

nécessaire pour que l'entreprise

« tourne » correctement.

• Quelles sont les normes du

secteur, en matière de productivité

(ÇA par personne), d'exploitation

(Charges de personnel / CAHT) ?

Quand recruter, quel profil, quel

salaire ? Sur combien de mois

rémunère-t-on les salariés ?

Y a-t-il une partie fixe et une

partie variable au salaire ?

• Quelles sont les charges

sur salaires à budgéter ?

Même si l'on espère obtenir une

exonération de charges sociales

pendant un an (ou une subvention

et une prime...), il est souvent

prudent de ne pas en tenir

compte afin que le projet soit

économiquement viable, sans

cette contribution exceptionnelle.

• Projeter la masse salariale

(salaires bruts + charges

sociales patronales d'environ

40  du brut) sur la période

concernée. Ne pas oublier

les éventuels remplacements

pendant les périodes de congés

si l'entreprise ne ferme pas...

Il existe des charges variables

qui évoluent proportionnellement

à l'activité de l'entreprise.

Il existe des charges fixes qui

auront leur évolution propre, mais

seront indépendantes de l'activité.

Le plus simple pour établir le budget.


 

4 Déterminer les charges d’exploitation de votre entreprise

des charges est de prendre les

rubriques du plan comptable une

à une, pour être sûr de ne pas

en oublier. Pour un démarrage

d'activité, il n'y aura à prévoir ni

charge ni produit exceptionnel.

 

5 Calculer le besoin en fond de roulement (BFR)

Rappelons que le BFR, c'est

le besoin de trésorerie lié au

cycle d'activité de l'entreprise,

car toute entreprise connaît un

cycle d'exploitation. Disons

pour simplifier que l'entreprise

devra avoir en permanence un

certain stock pour fonctionner

normalement, qu'il lui faudra

financer le décalage entre le

moment où elle facture et celui

où elle encaisse cette créance

de la part de ses clients, et

qu'elle bénéficiera - peut-être -

de la part de ses fournisseurs

d'un délai de paiement. En matière

de création d'entreprise, le BFR

simplifié consistera dans l'égalité

suivante : BFR = Stocks +

Clients - Fournisseurs. Si les

conditions de l'exploitation ne

changent pas, le BFR va évoluer

proportionnellement au CAHT,

ce que le créateur (et d'autres...)

a souvent tendance à oublier...

 

6 Réaliser dès maintenant son bilan de départ

Nous connaissons le montant

des investissements à réaliser

ainsi que le BFR nécessaire

à l'entreprise pour tourner.

Ajoutons une petite marge

de sécurité de trésorerie et

nous connaissons le montant

de l'Actif du Bilan à financer.

Nous connaissons, dès lors,

le montant des ressources

nécessaires que nous allons

devoir apporter au Passif

pour équilibrer l'Actif du Bilan

(Actif = Passif)

• D'abord des Fonds Propres :

- le Capital Social, bien sûr

- mais également des Comptes

Courants - argent frais complé-

mentaire - que les associés

pourront récupérer quand la

trésorerie de l'entreprise

le permettra.

• Si vous êtes « éligible »

aux minima sociaux (RMI,

Nos conseils

La réalisation de votre business plan est

un acte professionnel qui doit emporter la conviction du lecteur, lequel doit se

prononcer sur votre projet.

Il ne peut - il ne doit - laisser apparaître

ni le dilettantisme ni l'a peu près.

C'est une tâche fondamentale que vous ne pourrez déléguer à personne. On ne peut pas réaliser un business plan à la place de quelqu'un.

Par contre, il est plus que recommandé au moins pour la partie financière - de se faire accompagner par un vrai professionnel de la création / reprise d'entreprise pour vous aider à réaliser les différentes étapes de la planification financière, vous inculquer les bases fondamentales de la finance d'entreprise, vous aider à formaliser vos idées pour aboutir à tous les équilibres requis.

L'essentiel ne sera pas de rentrer des données dans un logiciel du marché pré-formaté, même si vous devrez aboutir à la réalisation de tableaux nécessaires à la communication

financière auprès de professionnels de la finance (banquiers, partenaires, investisseurs), mais de vous aider à vous approprier votre projet.

Puis d'obtenir un dossier financier « nickel » et reconnu par tous, pour que vous n'ayez plus qu'une seule chose en tête : vous vendre vous, persuader vos interlocuteurs que vous êtes l'Homme de la situation, et emporter leur conviction...

François AYACHE et Muriel BORCA. Contact : 01 45 08 15 52

 

 

Initiatives Magazine n°48 - octobre/novembre 2003 – page 33

ASS, etc...) vous pourrez bénéficier

de l'EDEN, prime maximum de

6 000 euros pour un créateur

seul, pour contribuer à financer

votre projet.

• Peut-être pourrez-vous bénéficier

d'un Prêt d'Honneur, pour

renforcer tes Fonds Propres

de l'entreprise, afin de pouvoir

lever un emprunt bancaire plus

important

• Pourquoi pas un PCE

(prêt à la création d'entreprise)

sous certaines conditions,

si l'Actif à financer n'excède

pas 45 000 €

• Enfin un prêt bancaire,

pour financer une partie (environ

80 ) des investissements.

Mais attention aux critères

financiers et bancaires !

Pas beaucoup plus d'emprunt

que de fonds propres. Pas d'em-

prunt classique pour financer le

BFR. Attention à la capacité de

remboursement (CAF / annuité

de remboursement en capital...) !

 

7 Elaborer le budget des charges financières.

8 Elaborer les comptes des résultats prévisionnels

 

Tout a été calculé :

budget des ventes et marges,

budget des charges d'exploita-

tion, budget des charges de

personnel, budget des

dotations aux amortissements,

budget des charges financières.

Nous disposons de tous les

éléments jusqu'au Résultat

Courant Avant Impôt.

Si celui-ci est bénéficiaire,

nous calculons l'Impôt sur le

Sociétés (dans le cas, par

exemple, d'une SARL fiscalisée

à l'IS), et obtenons le Résultat

Net. Puis la CAF

(Capacité d'Autofinancement)

en ajoutant au Résultat Net,

les dotations aux amortissements.

Calculer le point mort, ou seuil

de rentabilité, c'est-à-dire le

niveau d'activité (de CAHT) à

partir duquel on couvre la totalité

des charges en dégageant

un résultat au moins nul.

9 Elaborer le plan de financement de l’entreprise

 

Il s'agit de matérialiser l'équilibre

de votre projet sur la durée du

plan. Le plan de financement,

c'est le document de synthèse

qui - pour chacune des années

du plan - fait le point de l'équi-

libre entre toutes les res-

sources financières durables de

l'entreprise et tous les besoins

financiers supplémentaires

(ou emplois) de l'entreprise.

Comment se lit ce tableau ?

 

1 L'entreprise a besoin de financer :

- ses investissements année

par année

- l'accroissement de son BFR

1 Quelles ressources l'entreprise

met-elle en face ?

- du capital social ou

l'augmentation de ce capital

- un emprunt initial ou

de nouveaux emprunts

- des comptes courants

d'associés

- la CAF qu'elle dégage année

après année...

Si l'entreprise emprunte elle

doit rembourser ses emprunts.

Si elle dispose de comptes

courants, les associés

vont souhaiter récupérer

cette mise de fonds.

Ceux-d vont générer des

besoins complémentaires

aux précédents.

 


 

Au total, l'équilibre entre

ressources et emplois doit être

assuré année après année,

et le solde cumulé ne sera rien

d'autre que le niveau du compte

en banque de votre société !

 

10 Elaborer le planning des ventes puis des encaissements de

l’année 1 du plan

 

Voilà.

Vous avez la certitude que

l'équilibre financier de votre

société est assuré sur la durée

du plan. Par contre, il n'est pas

du tout sûr que l'entreprise

connaisse l'équilibre au mois

le mois, pendant la première

année. Et ce pour 2 raisons.

D'abord, parce que la montée

en puissance peut n'être que

très progressive

Ensuite du fait de la

saisonnalité des ventes

et de l'activité.

Il convient donc d'élaborer

le planning des ventes TTC

pour chacun des segments au

mois le mois pour l'année I.

Ensuite de faire la même opéra-

tion pour les encaissements TTC

au mois le mois, compte tenu des

délais de crédit clients convenus.

 

11 Elaborer le plan TVA de l’année 1

 

Le but est ensuite de savoir à quel

moment et combien la société

va payer de TVA pendant l'exercice.

Si la société est au « réel simpli-

fié », elle s'acquittera de la TVA

au trimestre (TVA sur les

encaissements pour les

sociétés de services ; TVA sur

les débits pour les autres).

Il convient donc de faire le point

au mois le mois entre les ventes

(ou les encaissements) et les

achats (débit ou décaissement,

selon le cas), et de déterminer

ainsi le budget de TVA dont

va devoir s'acquitter la société

(dates et montants)

 

12 Elaborer le plan de trésorerie de l’année 1

De manière simple, nous devons

considérer les encaissements au

mois te mois des ventes TTC

et les décaissements TTC (quand

c'est le cas) de toutes les charges

d'exploitation, sociales (salaires et

cotisations), et fiscales (taxe

professionnelle,...) ainsi que la

TVA à payer. Nous obtenons un

solde d'exploitation. Ensuite nous

faisons te point au mois le mois

pour les éléments hors exploitation

(décaissements tels que ;

investissements et remboursements

d'emprunts ; encaissements tels

que : capital social, emprunt souscrit,

comptes courants), pour obtenir

un solde hors exploitation.

Le but est - bien sûr - qu'au mois

le mois, pendant l'année I,

tes soldes d'exploitation et hors

exploitation génèrent ensemble

un solde de trésorerie systématique-

ment positif pour chaque mois,

auquel cas l'entreprise ne devrait

pas (si tous les éléments sont

respectés) connaître de souci

de trésorerie...

 

 

 

Plan de financement

Année 1

Année II

Année IIII

1. Besoins

 

 

 

 

 

 

 

• Investissements

122 006

-

-

• Remboursement d'emprunt

7958

8324

8706

• Accroissement du BFR

889

41

53

TOTAL DES BESOINS (A)

130 853

8365

8759

2. Ressources

 

 

 

• Capacité d'autofinancement

17441

15469

18113

 

 

 

 

• Augmentation de capital

25000

-

-

• Compte courant d'associé

29900

-

-

 

 

 

 

• Emprunt nouveau

64000

-

-

• Subvention d'investissement

-

-

-

• Diminution du BFR

 

 

 

TOTAL RESSOURCES (B)

142 411

15469

18113

SOLDE ANNUEL (C) = (A) - (B)

11 558

7104

9354

SOLDE CUMULÉ (TRÉSORERIE NETTE)

11 558

18662

28016

 

                Les tableaux chiffrés figurent parmi les documents économiques et financiers du business plan.

 

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