La difficulté des relations interculturelles

 

Un exemple personnel au Zanskar (Inde)

Par B. LISAN (1/9/04)

 

1        Introduction  1

2      Un exemple personnel avec les Tibétains du Zanskar 2

3      Une 1ère explication partielle à cet épisode. 2

4        Conclusions et explications partielles. 3

5      Solutions. 4

6      En conclusion partielle. 4

7        Formations aux relations interculturelles. 4

8        Bibliographie  5

 

1       Introduction

 

On connaît des centaines « d’erreurs culturelles et ethnologiques » pouvant :

·       Conduire ou ayant conduit à l’assassinat (ou au vol) de voyageurs, par les populations autochtones qu’ils avaient rencontrées

·       Conduire à des conflits interculturels ou de fortes incompréhensions.

 

On connaît l’exemple, de l’assassinat du Capitaine Cook dans la baie de Kealakakua à Hawaï 17 janvier 1779. Suite au fait, que le Capitaine Cook avait, après le vol d’un de ses canots, tenter de prendre en otage le roi, afin que l’on restitue le canot.

 

(Cela a été aussi probablement le cas du Capitaine Lapérouse et ses 220 compagnons d’équipage, après son échouage sur l’île de Vanikoro an avril mai 1788).

 

Des missionnaires furent mangés en Papouasie Nouvelle Guinée, aux îles Fidji …  tel le britannique Révérent Thomas Baker mangé par les villageois de Nabu-Tautau au centre de l'île principale de Viti Levu le 21 juillet 1867 aux îles Fidji.

Selon les descendants du chef, le missionnaire britannique aurait tenté de retirer un peigne de la tête du chef (alors qu'il est interdit, dans la tradition fidjienne, de toucher la tête d'un chef). D'autres évoquent des rivalités au sein du village, après qu'une faction ait décidé de suivre les préceptes du christianisme.

Dans les années 50, un autre missionnaire fut mangé, parce qu’il avait promis de ramener au village  des coquillages et qu’il avait oublié sa promesse en revenant.

(Il y a la disparition d’un fils Rockefeller, en Papouasie Nouvelle Guinée, dont les restes découverts récemment sembleraient indiquer qu’il a été mangé).

 

Dans un registre moins dramatique, on voit souvent les bonnes intentions humanitaires se « déliter » au contact de la réalité (manque de soin et de préoccupation des populations pour les biens, objets, apportés par l’ONG etc …). Et nous allons en donner un exemple ici.


 

2       Un exemple personnel avec les Tibétains du Zanskar

 

Pour aider des populations Tibétaines au Zanskar (Inde) à se protéger du froid avec un film plastique technique très spécial, totalement transparent et très résistant, d’une durée de vie supérieure à 12 ans (et coûteux) destiné à recouvrir les fenêtres, on est allé dans l’Himalaya à leur rencontre, leur remettre ce fameux film.

Par la suite, ils nous ont dit qu’il avait posé ce film pour l’hiver, qu’ils avaient chaud (trop chaud) grâce au film dans « l’habitation test ». Mais l’été suivant, ils arrachaient ce film si coûteux ! (espérant dans leur esprit, le remplacer par du verre à vitre).

 

3       Une 1ère explication partielle à cet épisode

 

Voici comment j’expliquais, à l’instant, cet épisode :

 

Dans la plupart des villages du Zanskar, concernés par le projet, les villageois vraiment au moyen-âge, les enjeux technologiques leur étant le souvent incompréhensibles. Ils vivent dans la pensée magique, avec l'impression que tout ce qui vient d'occident est magique, tombé du ciel, bardés de vertus ou d’influences magiques, et que toute la manne des occidentaux se renouvellera sans fin, comme une pluie abondante, éternelle, tombant du ciel.

 

            Ces villageois ne savent pas du tout, d'où ces produits technologiques viennent, comme ils sont produits (et ce qu'est une usine). Ils ne se rendent pas compte de l'énorme quantité de travail d'une centaine d'ouvriers, derrière tout produit manufacturé (et le fait que nous, membres des ONG, nous donnons notre argent _ donc notre temps de travail, nos efforts _, sans contrepartie, pour les aider à se développer).

 

Il ne faut pas oublier qu'ils n'ont jamais vu autre choses que leurs montagnes, qu'ils vivent dans un pays éloigné de tout régions développées, au niveau technologique, accessibles seulement que par des sentiers muletiers (il n’y a pas encore de route et de voitures. Et donc, le transport d’un seul de ces produits manufacturés dans cette région est toujours difficile, car par chevaux ou à dos d’homme).

 

Un occidental considérera logiquement qu'avoir 20% de moines, dans la population d'un village, c'est trop et que cela parasite financièrement la vie des autres villageois. Mais, chez eux, donner aux moines, c'est l'assurance de s'assurer un bon karma au ciel.

 

« Pour le reste, c’est le règne de la débrouille [dans le village ou la région]. Tout le monde y fait un peu de tout et de n’importe quoi, pourvu que cela rapporte quelques roupies ».

 

C'est le problème des relations inter-culturelles : on a tendance à croire que les personnes de ces régions pensent comme nous, et ont la même structure mentale.


 

4       Conclusions et explications partielles

 

Un ami et moi avons essayer d’expliquer et conclure par un échange de courrier.

 

« Souvent le don n’est pas apprécié à sa juste valeur (surtout s’ils n’ont pas demandé cette aide) ».

 

Voici ce que me disait, à ce sujet, un ami « Pour ma part, je ne pense pas que ce don n’a pas été apprécié. Ils ont simplement un autre regard sur les biens matériels dont ils ne savent pas apprécier la valeur puisqu’ils n’ont pas dû les acquérir contre argent laborieusement gagné. C’est un peu comme si tu avais donné une Ferrari à un gosse de 18 ans… » et voici ma réponse « ils n'ont pas (pu) apprécier la valeur des choses, puisqu'ils n'ont pas fait d'effort pour les obtenir (!). … ». Cet ami me répond « Nous avons peut-être trop tendance à considérer que nous savons mieux qu’eux ce qui est bon pour eux. L’ingérence me semble indispensable lorsqu’il y va de la vie de quelqu’un. Ici, ils sont tellement habitués à vivre dans l’inconfort qu’ils n’ont sans doute pas mesuré ce que cette technique pouvait leur apporter. Cela lié à l’impermanence des choses. Ce qui n’excuse pas tout, bien sûr.  … ni toi ni moi ne pourrons plus rien y changer. Et certainement pas leur mentalité (Bouddha merci, sans doute…). Nous sommes des cartésiens et nous attendons d’eux qu’ils se comportent comme nous. Depuis 15 ans que je pratique les Tibétains, je peux t’affirmer que c’est peine perdue. Comme c’est peine perdue d’envisager la signature de quelque contrat que ce soit. C’est le monde du « tope là », comme à la foire aux bestiaux.

Il n’y avait pas de demande de leur côté. Et, dans le cas qui nous (pré)occupe, il faut se dire qu’ils n’ont pas vu l’intérêt de ce que tu voulais leur apporter en matière de confort (résistance au changement ???).

Il reste la satisfaction d’avoir essayé quelque chose. Et d’avoir reçu une leçon dont nous devons tenter de tirer humblement les conséquences. … ».

Ce à quoi je luis répondais « JE SUIS FAUTIF, de n'être pas resté longtemps sur place pour expliquer l'intérêt de cette solution technique pour un village (et je n'ai pas rester pour différentes raisons, dont un retard, de 2 jours sur notre itinéraire).  …. C'est vrais qu'ils ne sont pas cartésiens (et je ne comprends pas comment, en 1 an, j'ai déjà oublié tout cela.

Je me demande comment, j'ai pu dire qu'on pourrait leur faire signer un contrat,

alors que ce n'est pas dans leur mentalité et presque impossible. C'est vrai, seuls bcp de discussions sont nécessaires dans tous les cas (et auraient dues être nécessaires pour annoncer puis sur place).

Ce n'est que partie remise. (Je connais quand même des Tibétains  qui _ ayant vécu un certain temps en occident _ arriver à se rationaliser). »

Sa réponse « Je partage ton point de vue. Mais, comme tu dis, ils ont vécu en Occident ».

Voici ce que j’écrivais à une autre personne sur ce sujet « Je crains malheureusement que c'est plus par immaturité,  voire inconscience, en tout cas inconscience de la valeur des choses  (moi-même, j'avais observé que lorsqu'on avait donné des lunettes de soleil très bonne qualité (une Vuarney) à nos 2 guides, en 2002, chacun, à leur tour, avaient perdu ou cassé leurs lunettes. Et cette perte des lunettes _ dans un torrent pour l'un d'eux ... _, cela les faisait plutôt rigoler (comme des enfants). Tout cela leur paraissait normal  (comme si c'était la fatalité, le destin, l'ordre des choses). Ou bien on leur donne des chaussures, ils ne les entretiennent pas et elles ne durent qu'une saison ... ».

Et il est qu’on leur donne trop … sans trop réfléchir lors des treks (par compassion, bonne conscience ( ?)). Ce sont des personnes vivant totalement dans la mystique et la magie.

5       Solutions

 

En fait ce sont plutôt des interrogations sur les solutions que je livre ici dans ce paragraphe.

Voici ce que j’écrivais à l’un de mes amis :  « Pour prévenir et anticiper, tout problème de gâchis des dons reçus de nous, du fait des villageois, nous leur ferons à l’avance de "sévères" mises en garde, les informant que tout gâchis, mauvaise utilisation, détournement menacerait complètement n'importe quelle nouvelle coopération. Nous en leur ferons plusieurs fois le rappel (au cas où il aurait la « tête dure »), afin qu'il devienne plus conscient et plus consciencieux (car ils sont parfois, comme des enfants et ce n'est pas nécessairement de la filouterie, comme on pourrait l'imaginer ici en occident). Nous leur rappellerons que ce qui est écrit ci-avant (dureté du travail ici en occident, pas de miracles …).

   Si par contre, nous sentons que la leçon est retenue par ces villageois, nous leur ferons la prochaine livraison de film. Après qu’ils l’aient reçu, nous ferons une visite aux destinataires, l’été suivant, pour vérifier que le film a été bien et correctement utilisé. ».

Ce que j’ai encore écrit :  « En sermonant le M. Sonam Dorjee (qui d'après Jean-Paul serait pourtant plein de bonne volonté et honnête _ donc pas de détournement du film), j'espère lui faire prendre conscience progressivement de la valeur des choses, de l'importance du travail et de se battre pour conserver ses biens et améliorer son existence (mais c'est un changement de mentalité qui ne sera pas facile à obtenir même à la longue. Et je ne suis pas sûr qu'on peut vraiment y arriver. Certains Tibétains sont comme des enfants, et seule reste, pour eux, la solution de les gronder comme des enfants). »

 

6       En conclusion partielle

 

En fait, on est parfois dérouté par les réactions des personnes vers lesquelles on a été.

Et il faudrait une longue immersion dans la culture locale pour comprendre leur logique et le pourquoi d’un épisode donnée qui ne s’est pas déroulé comme on l’attendait (ce qui n’est pas facile, par manque de temps, à cause de nos emplois). Tout au plus peut-on se faire conseiller par les personnes ayant l’habitude de ce genre de relation inter-culturelle.

C’est avec le temps qu’on pourra mieux comprendre ces problèmes et phénomènes.

 

7       Formations aux relations interculturelles

 

1) Formation au DCC « délégation catholique pour la coopération », sur les problèmes de relations multi-culturels :

 

Formation à l’Interculturel, 249 Avenue Jean Jaurès, 69007 LYON.

 

Formations avec CILO, FIL et SEC, à la réflexion aux incidences Nord-Sud dans la rencontre interculturelle, durant un temps de volontariat.

 

Note : je n’ai pu vérifier la valeur et la qualité de ces enseignements.

 

Adresse du DCC : à l’attention de Jérôme MUSSEAU, Service de l’Episcopat Français pour la Coopération, 11 rue Guyton de Mrveau, BP 303,  75625 PARIS CEDEX 13, Tél. : 01.45.65.96.65 Fax : 01.45.81.30.81  émail : dcc@ladcc.org  site : www.ladcc.org

 

8       Bibliographie

 

[1] sur la disparition de Lapérouse : http://www.planetethalassa.com/dossiers/archive_laperouse/

www.cosmovisions.com/LaPerouse.htm

www.netmarine.net/bat/hydro/laperous/celebre.htm

www.grand-voilier.com/club/video/vanikoro.htm

www.archivesnationales.culture.gouv.fr/

http://chan/chan/fonds/xml_inv/EtatsdesfondsAP/489AP.html

 

[2] Mort du Capitaine Cook :

http://www.interet-general.info/archives/retenez-moi.com/articles/51/cook.html

http://www.collectionscanada.ca/explorateurs/jeunesse/h3-1715-f.html

 

 

[3] Formation à l’interculturel :

 

A compléter ….