Voyage à Madagascar de Maurice & Benjamin, septembre 2009

 

Avant l’arrivée à Madagascar

 

Le beau temps à Paris était au rendez-vous à mon départ sur un Vol Air Alizée pour l’île de la Réunion.

Le voyage était confortable, agréable. Et j’ai apprécié cette compagnie attentionnée envers ses passagers. Parmi les petites attentions, une couverture et un oreiller fournis, mais aussi une petite pochette en nylon contenant un masque pour dormir, des boules style boules Quiès, une brosse à dent et son dentifrice.

Quelques turbulences durant le vol faisaient s’agiter les réacteurs (heureusement, ils sont attachés aux ailes par de solides boulons !). Difficulté à dormir à cause d’un proche nourrisson hurleur et sonore durant tout le voyage.

 A l’arrivé à l’aéroport Roland-Garros de Saint-Denis de la Réunion, où je devais attendre dans l’espace de transit international durant 7 heure, un douanier « zélé » m’empêcha, durant tout ce temps, de pouvoir sortir sur le territoire de la réunion (alors que j’avais pourtant la citoyenneté française ( !)).

Je ne pouvais sortir avec la bouteille de vin acheté, en produit détaxé à l’aéroport Charles de Gaulle de Paris et pourtant placée dans un sac plastique scellé. Et je ne pouvais la confier à un passager en transit.

Je ne sais pas si ces précautions étaient liées aux mesures anti-terroristes (peut-être sans ces mesures, un terroriste aurait pu peut-être remplir la bouteille d’explosif liquide et l’introduire en douce, lors qu’il reviendrait à l’intérieur de l’aéroport en provenant du territoire de la réunion, qui sait ? Mais ce que je sais que toutes ces mesures nécessaires sont quand même pénibles à supporter pour le voyageur international).

Je regrette le temps où les terroristes ne s’en prenaient pas encore aux avions et à leurs passagers, où l’on pouvait encore tout emmener en cabine (couteau suisse etc.) et où il n’y avait aucun contrôle corporel lorsqu’on présentait son passeport au guichet de la douane.

 

Donc, comme je n’avais strictement rien à faire, après avoir visité les quelques boutiques free taxes, souvent fermées lorsqu’aucun vol n’est à l’arrivée ou en partance, j’en profitais pour lire l’ouvrage « la maladie de l’Islam ». En fait, je l’ai dévoré, tellement cet essai me paraissait lumineux et éclairant sur les problèmes abordés par lui, et je l’avais déjà terminé avant de réembarquer pour mon prochain vol.

 

J’étais aussi fasciné par le mystère des moineaux domestiques (Passer domesticus) présents et picorant les miettes laissées par les voyageurs, dans l’aéroport principal de  l’île de la Réunion. Comment ces oiseaux européens étaient arrivés [avaient été introduits] ici sous les tropiques (alors qu’ils n’existent pas à Madagascar, une île située à seulement 1000 km de là) ? A quelle date ? Et comment étaient-ils arrivés ?). Selon un site Web sur l’île de la Réunion (www.iledelareunion.net/oiseaux.htm), ils auraient été introduits vers 1845 provenant probablement d’Asie. Donc, leur peuplement, sur l’île, était ancien.

Peut-être une personne, arrivant sur un navire venant de Chine, au 19° siècle, les y a introduits volontairement ( ?).

 

Voyage à Madagascar de Maurice & Benjamin 2009, Tana - arrivée

5 septembre, 2009 par voyagemada

Arrivée à Madagascar le 1 septembre 2009

Je reprends pieds de nouveau sur la grande île rouge, après d’un an d’absence. J’appréhendais un peu l’état dans lequel je retrouverais le pays, après la révolution sanglante de cet hiver 2009.

Et pour vous faire comprendre mon appréhension, vous me pardonnerez un très long préambule pour tenter de vous exposer la situation actuelle du pays.

En effet, le peuple malgache avait assisté ou participé à la lutte entre les 2 challengers à la présidence, Marc Ravalomanana, le président sortant et Andry Rajolina, l’outsider, venu de nulle part,  âgé de 34 ou 35 ans, peut-être le plus jeune candidat à la présidence du monde d’un pays, candidat ambitieux qui n’a jamais caché sa volonté de conquérir le pouvoir suprême à Madagascar …

Il y a quelques années de cela, le président Didier Ratsiraka, un ancien capitaine de l’armée malgache, régnait sans partage, à coup de démagogie populiste _ malgachisation de l’éducation et de l’administration qui jusque là utilisaient le français, accusation de l’ancienne puissance coloniale, la France, de tous les maux actuels du pays, dont son retard économique etc. _ et de répression, accablant un pays qu’il  avait contribué à appauvrir par l’application d’une politique économique socialiste stricte et dogmatique. Application totalement aveugle avait eu de graves conséquences sur l’autosuffisance alimentaire du pays (de pays exportateur de riz _ la principale nourriture des malgaches _, il était devenu importateur de riz. Depuis, jusqu’à maintenant, il continue à être importateur,  avec par exemple, 70.000 tonnes de riz importés en 2008).

 Marc Ravalomanana alors jeune entrepreneur dynamique avait promis la démocratie au peuple et de ce fait avait suscité de grands espoirs chez ce dernier. Après un combat acharné, face à un adversaire probablement retord (i.e. le président sortant Didier Ratsiraka), il avait gagné le suffrage des urnes, ce qui avait conduit l’ancien capitaine (Ratsiraka) à l’exil. Et pendant plusieurs années, la lune de miel perdurera entre le peuple et ce jeune et beau président, d’autant que Marc Ravalomanana, par une politique libérale intelligente ou osée, en particulier en faisant appel à l’entreprenariat et aux capitaux étrangers, y compris français, était en train de redresser l’économie d’un des pays les plus pauvres du monde.

Jeune, il avait commencé comme représentant en produit laitiers, puis il se lança dans l’aventure entreprenariale en  créant sa propre chaîne de produits laitiers à Madagascar, Tiko. Arrivé au pouvoir, il s’arrangea à ce que Tiko ait un véritable monopole laitier à Madagascar, empêchant, à ce qu’il semble ( ?), que même des grands groupes _ comme Danone… _ puissent pénétrer le marché malgache.

 A chaque fois qu’un nouveau créneau économique semblait juteux, il s’arrangeait pour s’en attribuer le monopole, ou faire qu’une nouvelle entreprise sur un créneau prometteur  tombe dans l’escarcelle de son « conglomérat » d’entreprise. Le libéralisme, jouant  sur la concurrence, qu’il prônait avait, quant même, ses limites, dès qu’on touchait à la chasse gardée des entreprises du président.

Par exemple, lorsqu’a été découverte la plus grande mine de saphirs du monde à Ilakaka (au sud du pays), le président s’attribua (sinon, s’arrogea) les plus belles concessions,  gardées des militaires (payés par l’armée donc le peuple). En peu de temps, il est devenu l’homme le plus riche du pays, multipliant l’érection d’usines, comme par exemple la très grande usine Tiko à Antsirabé.

Il commença à verrouiller de plus en  plus le régime, faisant du parlement une simple chambre d’enregistrement (certains opposants comme le maire de Fianarantsoa, un de ses anciens soutiens, partant alors dans une prison perdue du nord du pays).

Observant tout cela, le peuple malgache semblait demeurer dans sa « léthargie » habituelle (« si notre situation quotidienne s’est améliorée, avec le nouveau président, c’est déjà ça », devait penser peut-être ce peuple, en son for intérieur).

Andry Rajolina, lui, avait débuté sa carrière comme disc-jockey dans un grand hôtel 5 étoiles de Tananarive. Il s’y était fait remarqué par son charisme. Il y avait bien gagné sa vie et avec l’argent gagné, il avait fondé une radio FM, à l’esprit jeune très appréciée des malgaches, puis il avait fondé  une chaîne de télévision. En peu de temps, son ascension avait été fulgurante, et il était maintenant à la tête du groupe de communication, peut-être, le plus important de Madagascar. Il disposait donc d’un outil important de communication et de campagne pour accéder au pouvoir. Grâce à lui, il conquit la mairie  de la capitale du pays, Tananarive. En tant que Maire, il fut apprécié des « tananariviens » pour son  dynamisme et sa rapidité d’action. En raison de son dynamisme, ses partisans le surnommaient TGV (Andry le TGV).

 Voyant le danger que constituait le candidat Andry pour son propre pouvoir, Marc Ravalomanana multiplia les mesures destinées à faire barrage à l’ascension fulgurante de son  jeune outsider, en particulier en supprimant les allocations financières habituellement versées par l’état à la ville de Tananarive (son université ne pouvait même plus payer son électricité) (information à vérifier).

Puis Andry fit peut-être une erreur politique en invitant sur sa chaîne de télévision, lors d’une interview, l’ancien président Didier Ratsiraka (réfugié en France), ce dernier n’hésitant pas à appeler au renversement de Marc Ravalomanana. A cause de cet appel à la « révolution », tous les médias d’Andry (radio, TV…) sont alors interdits, par la présidence, jusqu’une date indéterminée (peut-être à jamais). Sinon, une règle des élections faisait que seuls les candidats âgés de plus de 40 ans pouvaient se présenter à la présidence, ce qui éliminait d’office Andry.

L’étau semblait se refermer de plus en plus sur Andry.

Parallèlement à cela, Marc Ravalomanana, devenu une sorte d’autocrate, multipliait les mesures de prestiges ou qui renforcent sa richesse (ou son pouvoir), le rendant impopulaire (ou pouvant le rendre), tels la préparation d’un prochain sommet de l’OUA, en 2010 ( ?), à Tananarive, avec construction d’un hôtel prestigieux de 15 étages, pour recevoir tous les chefs d’état de l’OUA, l’intention ( ?) d’achat d’un Boing 777 présidentiel à 70 millions de dollars, attribution unilatérale  de 1 million d’hectares de terre, sur le plateau d'Orombe, au centre de l’île, pour de la culture de maïs à la société coréenne Daewoo (pour la suffisance alimentaire des sud-coréens, … alors que dans le sud de Madagascar et ailleurs, les malgaches ne mangent pas toujours à leur faim),  sans avoir consulté les propriétaires et éleveurs de ces lieux . Ce président n’hésitait pas à vendre le bois précieux (bois de rose …) des réserves de la biodiversité (forêts primaires) pourtant intégralement protégées[1] [2].

En fait, toutes ces mesures tombaient au mauvais moment alors que Madagascar, à l’économie très fragile,  subissait de plein fouet la crise économique mondiale (celle des sub-primes) qui avait débutée en septembre 2008. Depuis des années, la classe moyenne _ en particulier celle des fonctionnaires _ ne cessait d’avoir son pouvoir d’achat se réduire.

Rappelons que Madagascar est l’un des 10 pays les plus pauvres du monde, avec une démographie galopantes (il n’est pas rare de voir 7 enfants par famille), avec moins de 10% de la population ayant accès à l’eau courante et l’électricité.

Andry, réunissant les mécontents autour de lui, y compris une partie des députés, organisa de grandes manifestations, dans la capitale, pour exiger le retour à la démocratie (et la réouverture de ses chaînes de radio et TV) et le départ du président du pays, Marc Ravalomanana. La situation devenait très tendue. Le débordement de cette agitation en province fut réprimé durement par Marc Ravalomanana.

Marc Ravalomanana avait encerclé Tananarive avec l’armée. On aura pu penser que c’était les derniers jours de liberté ou même de la vie d’Andry (les jeux semblaient faits pour lui). La foule faisait sans cesse barrage humain autour d’Andry. Par peur d’un attentat projeté par la présidence, Andry changeait sans cesse de lieu de résidence.

Andry ou la foule se dirigea ou organisa une manifestation devant le siège de la télévision malgache. Marc Ravalomanana craignant une tentative de coup de d’état (avec un assaut possible du siège de la TV nationale) fit tirer sur la foule. On ne saura jamais le nombre de tués à ce moment, probablement 50à 80 ( ?). La foule pour se venger, fit l’assaut du siège de la radio et télé malgache et y mis le feu.

C’est un comme le 14 juillet 1789, lorsque le chef de la compagnie des gardes de la Bastille fit tirer sur la foule et qu’il fut tué ensuite par la foule ivre de vengeance (une « révolution française » mais sans les idées philosophiques des lumières. Une réaction brutale sans réflexion, due au manque d’éducation ou/et peut-être due à l’extrême pauvreté du peuple).

Ce qui est dommage est qu’à cause de cette réaction de vengeance aveugle de la foule, plus de 50 d’archives télévisuelles de Madagascar (toute une mémoire d’un pays) disparurent à jamais dans les flammes. Déjà lors des évènements précédents de 1972, la foule ivre de vengeance avait mis le feu au palais de  la reine, un joyau du patrimoine de Madagascar. Malheureux et dommageable !

On a l’impression qu’il a une fatalité chez les malgaches _ un peuple en apparence plutôt doux ( ?) et qui peut avoir « étrangement » des accès subits de violence _ à détruire ce qu’ils construisent et à grever sans cesse leur avenir. Alors que l’avenir semblait enfin progresser positivement (avec Marc Ravalomanana).

Le 7 février 2009, eu lieu une manifestation pacifique et bon-enfant, devant le palais de la présidence, gardée par la garde prétorienne du président, entièrement dévoué à ce dernier.

Le chef de la garde présidentielle annonça aux manifestants que s’ils ne  reculaient pas, il fera tirer sur la foule. La foule dansant, chantant, cet avertissement ne fut pas entendu.

Et la garde tira sur la foule, lors d’un tir horizontal, sans aucun coup de semonce préalable, faisant une trentaine de morts.

 « Pour rattraper le coup », Marc Ravalomanana affirma que le complot était téléguidé par Didier Ratsiraka et qu’Andry n’était que sa marionnette et il organisa une grande manifestation de ses « partisans », une grande partie d’entre eux étant des fonctionnaires réquisitionnés pour la claque, dans le stade de Tananarive. Mais le mal était fait.

Qu’Andry ait été débordé par ses supporters les plus excités ou qu’il ait réellement appelé clandestinement à l’insurrection, ces évènements sanglant furent funestes à l’image du président Marc Ravalomanana, d’autant qu’il avait été le dirigeant, en second, d’une grande église protestante malgache et donc en tant que chrétien (mais était-il sincèrement chrétien ?), il aurait du tout faire (négocier, démissionner etc.), tout, tout, sauf de faire couler le sang. Or faisant tirer sur le peuple désarmé, il s’était déconsidéré aux yeux du peuple.

Pendant la crise économique de 2009, le prix du riz fit aussi plus que doubler, ce qui contribua aussi à mettre le feu aux poudres, dans ce pays où le riz est l’aliment de base du peuple, sa nourriture principale à plus de 90%.

A force de vouloir devenir sans cesse de plus en plus riche, très vite (trop vite), à la manière d’un écureuil qui ne cesse d’accumuler de plus en plus richesses, Marc Ravalomanana s’était progressivement coupé du peuple, ayant perdu le sens de réalité sur le niveau de vie réel de son peuple.

Espérons qu’un jour les témoignages des acteurs de ces évènements seront récoltés pour faire la part du vrai et du faux dans ces évènements.

En tout cas, pendant toute cette période brûlante, Andry avait multiplié les contacts, activé ses réseaux, fait basculer une grande partie des députés et des militaires (d’une armée plutôt légaliste) en sa faveur, vers son camp.

Finalement, l’armée déposa en  douceur Marc Ravalomanana (qui s’exila en Afrique du sud), au profit d’Andry, avec comme raison arguée qu’Andry ne ferait que diriger un gouvernement de transition jusqu’à de prochaines élections dans 2 ans, fin 2010.

On ne saura jamais … quels arguments ou quel ait été son charisme pour réussir à retourner l’armée en sa faveur…

Ce qui est dommage c’est qu’au départ de Marc Ravalomanana, le peuple ( ?) fit le pillage toutes ses entreprises. Les machines et les camions de l’entreprise Tiko furent volées (certains camions furent vendues en pièces détachées). Aucune mesure gouvernementale ou l’armée n’empêchèrent le pillage de Tiko, ce qui laissa plus de 1400 employés de Tiko définitivement au chômage. On ne confia pas la gestion de Tiko, à d’autres gestionnaires ou repreneurs. Les entreprises de Marc Ravalomanana ont été définitivement fermées (sauf celles gérant des eaux de source). Au niveau laitages, on ne trouve plus dans les magasins malgaches que les produits Socolait (un concurrent local de Tiko) et des laitages venant de l’île Maurice.

Et les malheurs du pays ne sont pas terminés. Marc Ravalomanana avait bonne presse à l’étranger, d’autant  qu’il avait été élu légalement (ce qui n’est pas le cas d’Andry), il représentait donc la « légitimité démocratique » à leurs yeux. Donc, les pays développés et l’OUA n’acceptaient pas ce renversement de régime (qui ne disait pas son nom) et donc mettait quasiment au banc des nations, Andry, et, de plus, réclamaient le retour au pouvoir de Marc Ravalomanana ( ?). Il n’y avait pas encore réellement un embargo, mais un risque réel de la survenue de cette éventualité ne pouvant que faire souffrir encore plus le peuple malgache.

A cause des évènements, la réunion de l’OUA n’eu jamais lieu à Tananarive.

Mais à Maputo (Mozambique) a eu lieu récemment une réunion organisée par l’OUA pour tenter de trouver un accord pour les élections ou le partage du pouvoir entre l’ancien et le nouveau président, réunion qui s’est soldée par un échec, à cause de l’intransigeance d’Andry et de Marc Ravalomanana.

La plus grave conséquence négative de cet échec est que les Usa et l’Union européenne veulent « retirer leurs billes » de Madagascar (l’UE ne voulant plus soutenir certains programmes). Et cela arrivait cela serait peut-être 300000 emplois que Madagascar pourraient perdre à l’avenir.

En fait, en suspendant certains programmes d’aides internationaux, les bailleurs de fond internationaux asphyxient le pays et décrètent en fait un embargo déguisé contre le président actuel et malheureusement, contre le peuple.

Il y a encore actuellement un clivage profond ici entre ceux qui continuent à soutenir l’ancien président, regrettant le bon vieux temps de Marc _ et qui fustigent le nouveau président, considéré comme un président trop jeune, un dangereux joueur (comme s’il pouvait gouverner seul le pays en se passant de l’aide du monde entier _ dont les USA et l’UE _), un populiste, un fou, un « Hitler » qui commence ou commencerait à faire régner la terreur au sein de son propre pays _ et les partisans d’Andry qui pensent qu’il faut donner ses chances au nouveau président _ qui veut sincèrement lutter contre la pauvreté des plus pauvres (ce que n’a jamais fait l’ancien président) _ et que les USA et l’UE sabotent ses chances et celles de Madagascar.

Pour l’instant 3 corps d’armée soutiennent Andry. Des membres de l’opposition ont approché les militaires pour qu’ils retirent le pouvoir à Andry (considéré comme « fou » par ses opposants), mais l’armée ne veut pas prendre le pouvoir. Voici donc la triste situation de Madagascar _ celle d’une grave crise économique et politique, renforcée par le fait que les opérateurs touristiques ont déserté l’île _, au moment où j’arrive dans le pays.   

 Après un très long voyage sur Air Austral (plus de 20 heures), après une longue escale de plus de 6 heures, enfermé (sans pouvoir en sortir à cause de la fermeture d’esprit d’un fonctionnaire des douanes très « zélé ») dans la zone de transit de l’esthétique aéroport de Rolland Garos de Saint-Denis de la Réunion, puis arrivé à Tananarive, je ne m’attardais pas dans la capitale de Madagascar, et après une nuit à l’hôtel du « cheval blanc » situé à côté de l’aéroport de Tananarive (Ivato), je pris, tôt le matin, un taxi-bé (taxi-brousse de ville), puis un taxi pour me rendre à la gare routière du sud de la capitale, où je trouverais un autre taxi-brousse qui m’emmènerait à ma prochaine destination, Antsirabé, 2ème ville du pays, ville d’eau, la Vichy malgache.

Les malgaches me disaient que la situation s’était calmée, mais me recommandaient de faire attention à mon argent et mes affaires (en raison d’une certaine insécurité liée au banditisme). Mais l’insécurité n’existe que vraiment que dans la capitale, la nuit, et surtout dans certains quartiers comme celui populaire de « 67 hectares ». Or on m’avait déjà tenu le même discours en  2008.

C’est la peur des évènements politiques récents (et celle de l’insécurité) qui ont fait fuir, comme volées de moineaux, les touristes, cette année 2009.

Je trouvais sur la RN7 les mêmes check-points policiers qu’en 2008. Le voyage en taxi-brousse qui aurait du durer 3 heures, a en fait duré 4 h, ayant été bloqués durant une heure, par des travaux sur la route, le temps que des ouvriers soulèvent à la main, un portique de limitation de hauteur, en acier, placé à 100 m, d’un pont de chemin de fer surplombant la route.

 Lors de cet arrêt, ayant provoqué un embouteillage colossal,  je constatais que des arbustes de mimosas (acacia dealbata), introduit il y a quelques dizaines ou vingtaines d’années dans le pays, avaient envahi la région, en particulier celle d’Antsirabé (pouvant probablement faire concurrence aux espèces de mimosas endémiques malgaches _ mimosas delicatura, latispinosa …). Peut-être, s’il y a en a trop, faudrait-il les couper, et en faire du bois de chauffage ?

C’est toujours le risque d’introduire de nouvelles espèces végétales, pouvant devenir invasives ou des pestes végétales, sur cette arche de Noé biologique qu’est cette grande île (qui a été pendant longtemps préservée des invasions végétales, du fait de son insularité).

Tous les malgaches consomment du charbon de bois, pour  la cuisson de leurs aliments. L’utilisation du bois comme énergie contribuent à la déforestation rapide actuellement de Madagacar, en plus de la désastreuse culture sur brûlis (le « Tavy ») dont nous reparlerons (voire à des incendies liés à des vengeances ou des intérêts égoïstes). On estime à 300.000 hectares de forêts qui disparaîtraient chaque année  à Madagascar (selon un rapport de la FAO publié le mardi 15 janvier 2008[3]).

Pour lutter contre la déforestation, les français, au temps des colonies, ont créé de grandes forêts d’arbres  à pousse rapide _ pins et d’eucalyptus (qui se sont très bien acclimatées au climat des hauts plateaux de l’île). Ces nouvelles forêts artificielles, exploitée en « mono-sylviculture », remplaçant les fragiles forêts primaires disparues, sont malheureusement pauvres en biodiversité. Certaines bien gérées fournissent du « bois-énergie » (du bois de chauffage), sous la forme de charbon de bois _ une forme de combustible pratique pour les braséros en tôle qu’on trouve partout dans toutes les cuisines malgaches _, permettant d’alimenter la capitale ou de fournir des poutres pour la construction ou du bois pour la menuiserie … Ces forêts permettraient donc d’éviter la déforestation des forêts primaires plus riches en biodiversité. L’introduction d’arbres à pousse rapide, pouvant être invasif (envahissants) est probablement le prix à payer pour pouvoir préserver les plus belles forêts originelles (primaires) de l’île, qu’elles soient humides dans l’est ou sèches dans l’ouest ou le sud. Mais dans les faits, il arrive que les forêts artificielles brûlent aussi (et ici, il n’y a pas de Canadair, pour limiter l’ampleur des dégâts des feux de forêts) et les forêts primaires continuent de reculer inexorablement (elles n’occupent plus que 1,9% du territoire de l’île, selon la FAO).

Ces forêts bien gérées sont malheureusement en trop petit nombre. Et le combat contre la déforestation est loin d’être gagné sur l’île. Seulement, quand des forêts bien gérées pourront alimenter toute la population de l’île en « bois-énergie » (en bois de chauffage), on pourra alors envisager de pouvoir étendre de nouveau la superficie des forêts primaires originelles (et leur faire reconquérir l’espace qu’elles ont perdu).

Le problème est que le degré de conscience écologique, de 95% ou plus de malgaches, est nulle, comme dans tous les pays pauvres. L’immense majorité des malgaches ne vivent que pour leur intérêt immédiat, au jour le jour, et n’envisagent pas le futur à long terme. De plus les malgaches sont conditionnés par des traditions puissantes et le culte des esprits et des morts, qui ne l’incitent pas à évoluer, à vouloir changer de condition, et qui le poussent plutôt vers un certain fatalisme (à vérifier). Autant donc de freins au développement de l’île, alors que l’île regorge d’atouts économiques et devrait être riche ( !). Elle devrait être même plus riche que l’Islande, au climat froid subarctique, aux terres pauvres, qui ne devrait avoir que la pêche et le mouton pour vivre.

Un des très importants problèmes de l’île est la culture sur brûlis qui contribue autant ou plus que la coupe illégale des arbres pour le bois de chauffages, à la déforestation galopante de l’île, cette technique agricole désastreuse (comme d’autres pour la culture du riz) étant liée et maintenue par  la « Tradition ». Difficile de la changer et de changer les mentalités, quand celle-ci a déjà perdurée des siècles. Il existe des techniques agricoles (d’amélioration de la fertilité du sol …) bien plus performantes, moins nocives  (pour le sol et les forêts) que le tavy, comme les techniques du semis-direct (peu coûteuses) et du bois raméal fragmenté (ou BRF, plus coûteuse car nécessitant un broyeur), évitant l’utilisation d’engrais artificiels coûteux (de plus, en général venant de l’étranger).

 Mais la promotion de ces techniques n’a pas dépassé le périmètre de quelques régions aux contours limités, avec des succès très partiels, sinon limités (seuls les agriculteurs compétents et intelligents basculent (prennent le risque de basculer) vers ces nouvelles techniques).

Je pense rencontrer sur la route, un de ces agriculteurs évolués, Roselin, qui utilise le BRF et qui est intéressé par l’arbre robinier pseudo-acacia à la pousse rapide en sol pauvre et la purée d’ortie, utilisée comme engrais et répulsif à insectes (il a déjà commencé à en faire pousser).

 Tous ces programmes ne sont pas assez soutenus par le gouvernement, par les écoles, l’éducation, la télévision (il faudrait des programmes de télévision  scolaire, sur les chaînes nationales, qui fassent la promotion et l’enseignement de ces techniques, ainsi que la sensibilisation à la préservation de l’environnement).

Le dernier des grands fléaux du pays, comme dans tous les pays pauvres,  est la corruption … qui a tendance à saigner les entreprises et à tuer la poule aux œufs d’or.

Sur la route RN7 _ qui traverse l’île du nord au sud _, de nombreux marchants. Je trouvais d’énormes quantités de carottes au bout de la route, des fraises vendues en  seaux entiers, … A Madagascar, on peut trouver tous les fruits et légumes d’Europe (pommes, pêchers _ les pêchers étaient actuellement en fleurs dans la région d’Antsirabé _, abricots etc. … à l’exception  des cerises).

Le voyage en avion de plus 18 heures et le voyage en taxi-brousse de 4heures m’ayant fatigué, je me reposais dans cette ville calme d’Antsirabé, dans la pension de famille Sulby.

J’ai le plaisir de retrouver cette petite pension de famille, propre et soignée, et ses gérants Jean-Yves et Odile, qui nous avaient déjà gentiment accueillis, Maurice et moi, l’année dernière.

Antsirabé, la Vichy malgache, seconde ville du pays, une ville calme, au charme colonial surannée, avec son vaste et vieil hôtel des thermes, aux clochetons en bois, et ses thermes, un vieux bâtiment tout en longueur, surmontées d’une tour lanterne en forme de pagode octogonale, et ses rues calmes bordées de maisons en briques.

La source thermale, de la cité, riche en sels minéraux sort bouillonnante, éructant, crachant réellement, comme un geyser, à 54 °C.

Précisons, quand même, que cette charmante ville d’Antsirabé, qui habituellement semble si calme, avait été, cet hiver, l’objet de graves évènements et manifestations, avec affrontement des partisans des 2 camps, ceux de Ravalomanana et Rajoelina, ayant conduits à la mort accidentelle de 5 pillards lors de l’incendie du supermarché ou entrepôt local du président sortant _ entrepôt devenu actuellement une coquille vide, servant maintenant à des réunions_ au pillage et au démantèlement de la magnifique et ultramoderne usine laitière Tiko, située à l’entrée nord de la ville _ elle aussi n’est plus qu’une coquille vide, ce qui a mis au chômage 1400 ouvriers (on voit d’ailleurs, de la route, que la grande pancarte Tiko, située à l’entrée de l’usine a été repeinte en blanc). La plupart des camions de la flotte Tiko ont été vendus en pièces détachés.

 

Peut-être était le retour de la pièce de la politique d’accaparement, tout azimut, de Marc Ravalomanana. Par exemple, il avait saisi (en tant que« fait du prince ») la très grande ferme à autruches, située à la sortie de la ville d’Antsirabé (direction Bétafo), pour la reconvertir en exploitation de maïs.

 

Bref, rien n’est jamais acquis, finalement, dans ce bas monde.

 

 Le supermarché Shoprite (magasin d’un groupe Sud-africain), pillé, lui aussi n’a été ré-ouvert que récemment. Tous ces faits bien dommageables, car l’entreprise Tiko aurait  du être protégée durant les évènements de cet hiver, par l’armée, et confiée ensuite à d’autres gestionnaires ou repreneurs. En ne protégeant pas son capital, c’est ainsi qu’un  pays s’appauvri et retourne à l’état « sauvage ».

 

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Voyage à Mada de Benjamin & Maurice, Antsirabé -5 au 8 septembre 2009

15 septembre, 2009 par voyagemada

Antsirabé -5 au 8 septembre 2009 Je suis désolé du long délai avant la nouvelle mise à jour du blog, l’Internet étant peu répandu sur l’île.

J’oubliais de préciser, lors de ma vacation Internet précédente, qu’avec les évènements politiques précédents, la situation économique malgache s’était fortement dégradée, l’inflation et le chômage ont augmenté tandis que les salaires et le niveau de vie baissaient. Selon les statistiques officielles du gouvernement malgache, le taux de chômage y serait que de 3,2 %. Mais en fait, il est certainement beaucoup plus élevé, certainement supérieur à 20%, car on rencontre beaucoup d’adultes désœuvrés   surtout dans les villes.

Officiellement, la population serait de 17 millions d’habitants, mais en fait on pense qu’au moins 2 millions de malgaches n’ont pas été recensé. Le taux annuel d'accroissement démographique (ou taux de natalité) (%), pour 1990-2006, est officiellement de : 2,9 (Ce chiffre me paraît faible au regard ce que j’ai observé sur place : on voit de nombreux enfants partout dans le pays). Mais on pourrait supposer que ce chiffre est d’au moins 4 ( ?), étant donné la jeunesse de la population. Ce qui pourrait encore sauver un temps Madagascar, est que le taux d’occupation humaine (la densité de population) n’est, pour l’instant, que de 29 à 30 hab/km² (certaines régions étant encore peu peuplées, dont l’ouest et le sud), mais ce dernier ne cesse malheureusement d’augmenter. Il n’y a pas vraiment de planning familial (il y en a bien un, mais tout l’argent qui lui est consacré est détourné. Le taux de corruption étant très fort sur l’île, certains chefs d’entreprises locaux, que j’ai rencontrés dans des bars ou hôtels, durant ce voyage, affirment que « l’île est corrompue à 100% »).

Pour revenir à catastrophe écologique permanente _ la déforestation galopante _ persistante, à Madagascar, depuis l’an 600, depuis qu’elle a commencée par un gigantesque incendie qui a anéantit l’immense forêt originelle (qui couvrait plus de 70% de l’île), incendie ayant laissé une épaisse couche de charbon, datée au carbone 14, vers l’an 600 après JC. Depuis, Madagascar a subi un déboisement massif continuel, la forêt primaire originelle s’est « envolée » en fumée avec sa diversité floristique et ses animaux. Elle de subsiste plus que dans quelques régions inaccessibles (montagneuses …) et incultes.

Les carottages effectués par le professeur Herbert Straka (palynologue allemand, spécialiste de l’étude des sols) ont démontré qu’on ne trouve le pollen de riz (correspondant à l’arrivée de l’homme) qu’après ce gigantesque incendie[4].

A noter que l’arrivée de l’homme sur des îles (ou comme sur des îles continents, comme l’Australie) a toujours coïncidé avec l’arrivée de la déforestation ou d’autres catastrophes écologiques sur ces territoires vierges, à l’exemple de la disparition de la méga-faune australienne, morte de faim, suite à un gigantesque incendie survenant en Australie, provoquée par l’arrivée de l’homme, sur l’île-continent, il y a 40000 ans.

Madagascar est un pays où l’on met le feu sans cesse partout, où l’on déforeste sans cesse, en permanence, depuis l’an 600. Sa forêt originelle de 70% du territoire est passée à moins de 10%, ne subsistant qu’à l’état de forêts reliques, dans les endroits inaccessibles ou peu peuplées. On surnomme souvent Madagascar l’île rouge, à cause de sa terre latéritique rouge, mais on devrait plutôt la nommer « terre de feu » à cause de ses nombreux feux de brousses déclenchés par les paysans, qu’on observe partout dans le pays.

Si j’étais critique envers des personnes que j’aime bien, je dirais que les malgaches aiment bien brûler, les forêts, les savanes, les parcs nationaux (l’année dernière 2008, une partie du parc d’Isalo, partait en flamme, malgré les panneaux, en malgache, plantés tout autour du parc menaçant de sanctions, les incendiaires ou pyromanes), le palais de la Reine, en 1972, la télévision malgache, en février 2009… Et nous verrons plus loin les raisons de cette déforestation massive et de ces nombreux feux de brousse, qu’aucune politique malgache n’a pu arrêter jusqu’à maintenant (300000 hectares de forêts disparaîtrait chaque année).

Alors que Madagascar a des atouts, il est le 4ème pays le plus pauvre du monde, à cause de sa corruption ancrée fermement dans les mœurs _ qui freine toute création d’entreprise pérenne _, mais aussi à cause de sa déforestation massive, sa technique peu efficace de culture sur brûlis, appelé tavy ici, qui appauvrissent les sols de l’île et augmente son érosion et son ravinement.

Heureusement, l’île est grande _ plus grande que la France et la Belgique réunies_ et il reste encore quelques forêts primaires intactes, comme nous le constaterons durant notre voyage.

Mais à terme, elle finira comme Haïti, probablement le pays le plus pauvre du monde, qui a subi une déforestation dramatique, au 20° siècle, qui a réduit son couvert forestier de 40% à 4% actuellement (accroissant l’appauvrissement de ses sols, son érosion, les crues catastrophiques lors de cyclones, tout comme à Madagascar). A cause de la forte érosion permanente sur l’île, toutes ses rivières sont de couleur rouge.

Après cet important préambule revenons à notre voyage. J’arrive quatre jours, avant Maurice, mon compagnon de voyage. Ensembles, nous avons organisé déjà deux autres voyages (un précédent à Madagascar, en 2008, et un en Inde).

Je profite de l’absence de Maurice, pour visiter le volcanisme très récent de la région d’Antsirabé, avec une savoyarde sportive, Isabelle, amatrice de sports de montagne engagés (ski de rando, parapente …).

Ce volcanisme ressemble étrangement à celui de l’Auvergne, hormis la couleur des pâtures plus jaunies et plus pelées, le long des flancs de volcans, en cette saison sèche.

L’édifice volcanique le plus remarquable visité, situé à 20 km d’Antsirabé : le volcan Tritiva, au cratère égueulé, occupé, en son centre, par un lac de cratère ovale, aux belles eaux émeraudes, entourées de falaises, reste d’une cheminée volcanique profonde créé par une gigantesque explosion magmato-phréatique. Ce type de lac occupant la cavité formée par cette explosion liée à la rencontre de l’eau avec la lave, est appelé en volcanologie, lac de maar. Il y a en a plusieurs dans la région (dont celui d’Andraikiba, à 7 km d’Antsirabé, proche d’Antskirabé). Selon les avis « autorisés », la dernière éruption, dans la région remonterait à 30.000 ans.

Selon un guide, la dernière remonterait à 12 siècles (mais, je ne sais pas sur quelles preuves se base-t-il pour avancer ce chiffre). Le lieu, avec ce lac mystérieux, profond, est beau et magique, a été tout de suite considéré comme sacré par les malgaches, et tabou (fady). Sur les bords du lac, aux eaux froides, qui ne recèle pas de poisson, des malgaches pratiquent encore des sacrifices de poulets. Sa profondeur, mesurée par l’équipe du commandant Cousteau ( ?), est de 146 mètres. Une affirmation (supposée validée scientifiquement ?) prétend que, pendant la saison des pluies, le lac diminuerait de niveau et que pendant la saison sèche, il augmenterait de nouveau de niveau (mais personne ne sait à quoi est du cet effet retard ou « tampon »). Proche d’Antsirabé, se trouve le massif volcanique d’Ankaratra, avec un ou plusieurs sommets à plus de 2000 mètres de haut. On a observé cette année, sur quelques sommets (sur le Tsjafazajoana ?), de la neige, ce qui reste exceptionnel dans ce pays. Ensuite, je me suis dirigé, avec mon taxi R4L, vers le lac de barrage volcanique Alakamisy, au pied d’un volcan égueulé voire éventré et ouvert. Le lieu, avec son lac, est bucolique, sauvage, mais difficile d’accès, par une mauvaise piste (j’ai du négocier longuement avec mon chauffeur, pour le convaincre de s’y rendre, grâce à des arguments sonnants et trébuchants, et surtout une rallonge de 10.000 ariary (moins de 4 euros)).

 Nous avons aussi visité une source thermale légèrement sulfureuse, comportant quelques cabines de bains en béton sommairement aménagés, à 3 km à l’ouest du village royal de Betafo (20 km d’Antsirabé, accessible par une bonne route goudronnée). Son eau sourd à 34 °C.

Le 4 septembre, avec un étudiant, Antoine, venu en mission humanitaire dans le cadre de ses études à Sciences Po, et notre guide local Michel, ancien professeur, un malgache cultivé, passionné de lecture et de littérature française, nous avons fait une telle belle randonnée dans les rizières et champs d’orges en terrasse de la région belle par les points de vues sur les volcans environnants.

J’oubliais de préciser la veille, le 3 septembre, qu’avec ce même guide, nous avions assisté à la cérémonie typiquement malgache du « retournement des morts », en fait une exhumation rituelle des défunts, pour festoyer avec eux et pour changer leur linceul, une cérémonie païenne, que le christianisme n’a pas réussi à extirper des consciences malgaches, malgré ses efforts. C’est une fête plutôt joyeuse, l’occasion aux familles étendues et à tous les villageois aussi de se retrouver et de s’échanger des nouvelles.

Il n’y a pas vraiment d’ordre dans l’organisation de l’évènement, l’ouverture du tombeau, dont l’entrée est très bien protégée, par des pierres très lourdes, puis par 2 portes rectangulaires en pierre très lourde. Cette ouverture a duré 3 heures, l’exhumation avec le changement du linceul d’une vingtaine de squelettes de personnes de la famille décédées, plus rapide, a duré 2 heures, dans un « joyeux bordel ». Nous nous sommes éclipsées, dès que le rhum coulant à flot a transformé les personnes présentes en trublions éméchées incontrôlables. Ce genre de cérémonie peut durer plusieurs jours. Elle est souvent présidée au micro, par le « doyen ».

Maurice est enfin arrivé vers 14h, par le taxi-brousse de Tana, parti à 9h. Après une journée de repos, nous partons pour une expédition de 3 jours en Pirogue, avec des piroguiers locaux, une étudiante en ethnologie, Anita, et un couple dans l’audiovisuel à Mayotte, Emilie et Geoffroy, sur la plus grande rivière de Madagascar, la Tsiribihina, au travers de ses gorges à la faune et flore plus ou moins encore « préservé », dans une région vraiment perdue. Puis nous visiterons les Tsinguys de Bemaraha.

 La suite à la prochaine vacation Internet … Quand cela possible ! Inch Allah ! Si Dieu le veut !

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Voyage à Madagascar de Benjamin & Maurice, du 9 au 16 septembre 2009 (suite)

1 octobre, 2009 par voyagemada

 

Voyage à Madagascar du 9 au 16 septembre 2009

 

Désolé de ne pas vous avoir écrit pendant 15 jours, les cybercafés (y compris les villages ayant l’électricité) étant peu fréquents sur notre route et ayant choisi un itinéraire passant par les endroits les plus reculés ou sauvages de l’île.

 

De plus, Je n’ai plus rien posté sur mon blog depuis le 8 septembre, car à Madagascar, l’Internet est impossible ( !) _  C’est vraiment le mot.

 

A cause de lenteurs insupportables _ parfois plus d’une demi-heure pour me connecter au blog pour être déconnecté intempestivement après _, puis surtout à cause de virus trouvés dans les cybercafés malgaches (en particulier dans un cybercafé de Morondava, qui a infecté ma clé USB sur laquelle je dépose les textes du blog que je prépare sur un pocket PC, emmené dans mes bagages), j’ai finalement préféré continuer à mettre à jour le blog à mon retour en France (je le ferais ce WE prochain, le samedi 3 octobre).

 

Notre itinéraire durant ces 15 jours est passé par la descente en pirogue de la rivière Tsiribihina, la visite du parc national des Tsinguys, l’allée des baobabs, la descente de la côte sud-ouest de l’île en pirogue de mer à voile et à balancier, allant de Morondava, passant par Belo-sur-mer et allant à Morombé, un long trajet en camion-brousse de 16h (épuisant) jusqu’à la station balnéaire d’Ifaty, la remontée progressive et le retour vers Tana, par taxi-brousse, en passant par Tuléar, Fianarantsoa, Antsirabé. Un trajet vraiment «  totale aventure ».

 

Après négociations avec l’agence de tourisme malgache « Red Island tour », (dont le siège est au restaurant chez « Gaëlle », l’adresse actuelle de l’agence) nous avons signé un contrat comprenant :

 

a) la descente de la rivière Tsiribihina _ la rivière Tsiribihina est peut-être la plus grande et la plus longue de Madagascar _,

b) la visite du parc national des Tsinguy (aux aiguilles calcaires acérées caractéristiques),

c) l’allée des baobabs,

d) d’autres prestations (repas + hôtels), le tout pour 200 euros.

 

En fait, nous avions consulté d’autres contacts (certains proposaient la prestation à 300 euros). Ceux qui n’avaient pas été retenus, sont restés, semble-t-il, beaux joueurs à notre égard.

 

Nous quittons les verdoyantes collines de la région d’Antsirabé, en taxi-brousse, pour un long trajet de 300 km, vers une région plus chaude et sèche et la commune de Miandravazo, la 2ème ville la plus chaude de Madagascar. Il y fait effectivement bien plus chaud qu’Antsirabé, la ville la plus froide de Madagascar. Nous sommes logés dans le gîte de la Tsiribihina, un vieil hôtel décati, au confort minimum, mais dont la grande salle de restaurant, par ses nombreux masques sur les murs, est caractéristique. Nous y mangeons bien.

 

Nos compagnons de route sont Anita, étudiante en ethnologie, Joeffroy, producteur indépendant et Emilie, infirmière, sa compagne, tous les deux vivant à Mayotte. Un couple franco-anglais  fait bande à part et ne se joint pas au groupe. Dommage. Ils seraient en voyage de Noce. Ce couple a obtenu, après maintes protestations, dans cet hôtel, d’avoir une pirogue, un piroguier et un cuisinier à part. Personnellement, arrivé au-delà d’un certain niveau (de réduction) de prix, je ressens une certaine gêne (dans mon esprit, il y a des limites).

 

J’oubliais de rajouter que le code de la route est très différent à Madagascar : on peut rouler sans ceinture, on peut traverser les villages à plus de 50 km/h (les taxi-brousses souvent clacksonnant à tout va tout en fonçant comme des fous dans les villages à la rue principale surpeuplée). Les policiers n’arrêtent jamais les chauffards fonçant à fond, et frôlant les passants, dans les villages qu’ils traversent (on se demande à quoi servent, en ce qui concerne le respect du code de la route, les policiers présents aux nombreux contrôles en général financiers, placés aux bords de routes et signalés par un panneau et une herse à moitié déployée en travers de la roue _ ces derniers policiers effectuant des vérifications tels que celle de la régularité des papiers des taxi-brousses et des camions ou du paiement de certaines taxes _).

Les Fangio du volant _ surtout ceux au volant de puissants 4×4, symbole de la richesse ou de la classe privilégiée _ sont légions et ne sont pas inquiétés.

 

Enfin, tout le monde peut fumer dans les lieux publics y compris dans les taxi-brousses surpeuplés et surchargés.

 

(La suite de nos aventures … lors d’une prochaine vacation  Internet _ nous vous relaterons alors notre visite de la région ouest de l’île : descente de la rivière Tsiribihina en pirogue, visite du parc national Tsinguys, balade le long de la côte ouest en pirogue de mer à balancier et à voile).

 

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Le problème de la culture sur brûlis à Madagascar

 

La culture sur abattis-brûlis, employée dans beaucoup de pays pauvres, provoque un effondrement dramatique des rendements agricoles, après cinq à six années de son utilisation, à cause de l'appauvrissement des sols et de l'invasion des mauvaises herbes qu'elle provoque.

L'agriculteur se trouve contraint d'abandonner sa parcelle au profit d'une nouvelle défriche (souvent en zone forestière) et ainsi de suite, provoquant petit à petit l’appauvrissement de toutes les surfaces des terres cultivables et la déforestation.

La persistance de cette pratique néfaste, pour le pays, est culturelle, se transmettant de génération en génération.

On pourrait l’éradiquer par un travail d’éducation et  surtout par l’exemple édifiant de récoltes abondantes obtenues avec les nouvelles techniques. …

 

Le problème de la déforestation à Madagascar

 

Le phénomène de déforestation se produit partout dans le monde, en particuliers dans les pays pauvres (Madagascar, Argentine, Paraguay, Haïti, Côte d’Ivoire …) et/ou dans les pays où manque une certaine transparence (où l’intérêt particulier prime toujours sur le bien public ou l’intérêt général).

La forêt occupe 15 % environ (ou moins) du territoire de Madagascar,  en 2004. Quand à la forêt primaire originelle (qui occupait 70% du territoire), elle ne subsiste que dans l’est et quelques régions inaccessibles ou incultes.

 

Note : Les carottages effectués le professeur et palynologue (spécialiste de l’étude des sol) allemand Herbert Straka _ du Botanisehes Institut der Universitut de Kiel (Allemagne) _  ont démontré qu‘on ne trouve le pollen du riz (arrivée de l‘homme) qu’après un immense incendie qui anéantit la forêt (originelle) et laissa une épaisse couche de charbon, datée au carbone 14, vers l‘an 600 après JC. (Source : Straka H., 1996, Histoire de la végétation de Madagascar orientale dans les cent derniers millénaires, p. 37-47, in Biogéographie de Madagascar, W.R. Lourenço (éd.), Colloque et séminaires, ORSTOM, Paris. France).

Sur le million d’ha du plateau de l’Horombe & environs (centre-sud de Madagascar) ne pousse plus qu’une savane sèche, alors que la forêt originelle ne subsiste plus que dans des ilots reliques comme les parcs d’Isalo et Zombitse (moins de 150.000 ha entre ces deux parcs, eux-mêmes plus ou moins attaqués par la déforestation).

 

La forêt sèche primaire a depuis longtemps disparue le long de la N6 entre Morombe et Tuléar. Pourtant la vente de charbon de bois se fait toujours le long de celle-ci. Cette forêt est remplacée par une savane à jujubiers & à petits palmiers à feuilles en éventail _ le "Satrana" (Hyphaene coriacea, Arecacées) _ ces 2 espèces étant résistantes aux feux.

 

Les principaux moteurs actuel de la déforestation à Madagascar et dans le monde :

 

Fournir du bois (de chauffage, de rapport, d’œuvre) et des terres cultivables (pour des cultures vivrières ou industrielles rentables _ sojas …), pour l’exploitation minière.

 La corruption et l’absence de volonté politique (mauvaise gouvernance),

 Les logiques financières indifférentes aux conséquences environnementales (dont le réchauffement climatique et la perte de biodiversité) et sociales de la déforestation.

 

Echec des politiques de lutte contre la déforestation à Madagascar :

 

Les causes de la déforestation : 1) Culture sur brûlis, é) charbonnage (production de charbon de bois)…

 

A) 80 à 85% de l’énergie utilisée pour chauffage, cuisson, éclairage & électrification étant fournies par bois => charbonnage contribue à déforestation, le long des routes, près des villes…

B) dans esprit des paysans pauvres, le problème de déforestation aurait été « inventé » par le colonisateur occidental pour justifier sa politique forestière répressive que continue gouvernement actuel => donc négation générale de l’ampleur du phénomène bien réel et une désobéissance civile des paysans : 1) pour éviter les arrestations, il mettent alors le feu aux forêts, la nuit, 2) pour être entendu sur leurs conditions de vie, ils occupent des terres dans les forêts (dans forêts de l’est …), 3) coupes pour le charbonnage en pleine forêt, pour ne pas être vus, 4) feux dans les forêts, par les voleurs de zébus, pour les y cacher et avoir de l’herbe jeune.

 

C) feux de savanes (qui se propage aux forêts), en fin de saison sèche, a) pour avoir de jeunes pousses d’herbes vertes tendres plus appréciée par les zébus que l’herbe sèche, b) pour tuer les tiques (tapak’ahitsy) du zébu (vecteur d’une bactérie mortelle, la cowdriose) car pas de solution alternative proposée ou enseignée par le gouvernement (il existe bien des solutions biologiques (°) et médicamenteuses _ antibiotiques telles que tétracyclines notamment l'oxytétracycline injectable _, mais pas d’argent. Par contre, il n’existe pas de vaccin. Quand à la solution de prairies cultivées avec pesticides, elle demande de l’argent, plus de travail, est moins écologique et demande un certain niveau d’éducation ...).

(°) telle que la lutte contre les tiques : lutte chimique, lutte agronomique (destruction des refuges, plantes répulsives), lutte biologique (prédateurs des vecteurs : oiseaux, fourmis), détiquage manuel régulier des bêtes.

 

D) A cause de l’aide internationale, les discours officiels empruntent les points de vue occidentaux sur la déforestation mais, dans les faits, pas de vraie volonté politique sincère (pas de formations dans les écoles ou au niveau de la télévision nationale ou d’une télévision scolaire, pas d’agronomes « au pieds » nus pour enseigner nouvelles techniques aux paysans).

 

E)  Les politiques détournent plus de la moitié de l’aide internationale aux paysans destinée à la protection de la biodiversité malgache. Les autorités sont complices de la déforestation, en particulier pour la coupe illégale des bois précieux dans les réserves protégées (Source : Courrier international, 5 Nov. 2009, http://www.courrierinternational.com/article/2009/11/05/les-autorites-complices-de-la-deforestation).

 

F) La culture sur brûlis ne demande pas d’effort ou d’éducation (la moitié des malgaches étant analphabètes) _ dès qu’une parcelle est épuisée, il suffit de brûler celle d’à côté & l’île est vaste _, contrairement aux techniques alternatives, même les plus simples comme le semis-direct.

Donc, l’éducation à la protection de l’environnement reste très importante et devait être commencée dès le plus jeune âge à l’école.

 

=> Ces explications sont présentées ici pour faire comprendre, aux lecteurs, la complexité du problème sur l’île. En fait, les solutions existent. L’argent peut se trouver. Mais il manque une véritable volonté politique. D’autant que certaines questions très sensibles (le passé colonial, la corruption), oblige toute « bonne volonté » à avancer lentement _ en « marchant sur des œufs » _, pour gagner la confiance progressivement des villageois bénéficiaires de tel ou tel projet(s).

 

Quelques réussites de préservation de la forêt primaire à Madagascar :

 

Il existe quelques petites réussites comme celles: a) des « écolodges » protégeant des forêts privées (http://www.madagascar-authentique.com/ecolodges-madagascar.htm ), b) de la protection, par les habitants locaux, de leur propre forêt, liée à la production, par leurs soins, d’huiles essentielles (suite à des actions de sensibilisation d’ONG comme l'Association l'homme et l'environnement : www.madagascar-environnement.com).

 

Il existe quelques petites réussites comme celles:

 

des « écolodges » protégeant des forêts privées (http://www.madagascar-authentique.com/ecolodges-madagascar.htm ),

de la protection, par les habitants locaux, de leur propre forêt, liée à la production, par leurs soins, d’huiles essentielles (suite à des actions de sensibilisation d’ONG comme l'Association l'homme et l'environnement : www.madagascar-environnement.com).

 

La biodiversité exceptionnelle de Madagascar pourrait être un des atouts touristiques de l’île.

 

Mais la situation et la crise politiques et économique de Madagascar (surtout depuis 2008) freinent ce genre d’initiative & son développement touristique.

 

Les chiffres

 

Selon un rapport de la FAO, publié le mardi 15 janvier 2008, Madagascar perdrait 300.000 hectares de forêts naturelles par an et les zones de biodiversité protégée (forêts primaires) ne représenterait que 1,9% de l’ensemble du territoire. Selon ce rapport, 16% du territoire serait couvert de forêts (cultivées et primaires).

 

Or bien des forêts surtout les forêts sèches du sud sont déjà « grignotés » de l’intérieur par les charbonniers pratiquant des clairières. De plus, 2 chercheurs de la NASA utilisant les données satellites AVHRR-LAC & Landsat-MSS ont montré que montrent que 11 pour cent de l'île sont couverts par la forêt, en 1991 (Source : AVHRR-LAC estimates of forest area in Madagascar, 1990, NELSON R. & HORNING N., International journal of remote sensing, 1993, vol. 14, no8, pp. 1463-1475 (1 p.1/2).

 

La surface de la forêt primaire pluviale de l'Est est estimée à l'origine à 12,2 millions ha, puis mesuré à 7,6 millions ha en 1950 et à 3,8 millions ha en 1985. Source : Deforestation history of the eastern rain forest of Madagascar from satellite images. Glen M. Green & Robert W. Sussman, Science, New Series, Vol. 248, N° 4952, Apr. 13, 1990, p. 212-215).

 

Une solution :

=> L’aide de la photographie satellite _ avec les satellites SPOT, les 3 satellites d'observation des ressources terrestres  CBERS permettant d’observer la déforestation de la forêt amazonienne, les satellites AVHRR-LAC & Landsat-MSS etc. _ permettrait, peut-être, de mieux mesurer la déforestation de Madagascar. Car le Brésil a déjà réussi en deux ans à réduire de 52% la déforestation en Amazonie, grâce au système CBERS. Source : http://news.deforestation-amazonie.org/actu.php?id=208).

 

 

Sur l’accueil des Malgaches

 

Un ami m’écrit : « une de ses amies, qui a visité l’île en 2004, n’a pas trop aimée les habitants, qu'elle a côtoyé en 'pure' touriste, donc qui ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour, peut-être ».

 

Je lui ai fait alors la réponse suivante :

« Je pense que le problème à Madagascar est le passif ou le traumatisme colonial. Quand la France a envahi Madagascar (lors d'une conquête militaire, qui a été atroce, en faisant peut-être 80.000 morts, et qui a duré 5 ans), cela s'est fait au mépris du droit international de l'époque, car il y avait un gouvernement malgache reconnu par plusieurs états de l'époque (qui avait une armée et des armes moderne).

Cela a été un coup de Jarnac pour Madagascar.

Ensuite le général Gallieni a éliminé toute la noblesse et toutes les élites malgaches, en général protestantes, pour éviter qu'elle puisse devenir ultérieurement une force d'opposition.

La reine de l'époque avait proposé le protectorat, et la France a fait fi de sa proposition et l'a destituée (en l'exilant en France).

Puis par la suite, les colons n'ont cessé de conditionner les malgaches à la soumission face aux colons (majoritairement racistes et imbus de leur "rang").

Et puis il y a une l'insurrection du 29 mars 1947 et sa répression sanglante (qui a fait 100.000 morts). Autre traumatisme.

Ensuite, jusqu'en 1972, la France a continué à tirer les ficelles.

 

Les rapports coloniaux passés semblent encore empoisonner les rapports actuels entre malgaches et nous, nous-mêmes étant perçus comme les descendants des anciens colons.

 

Alors les malgaches ont l'air gentil et soumis, mais en fait, il reste dans leur tête, l'esprit de résistance discrète face au colon.

Par leur culture (qui les pousse à une certaine pudeur de sentiments), ils ne disent jamais non, mais cela ne veut pas dire qu'ils acceptent. Au début, ce n'est pas facile à comprendre. Et cela peut rendre nerveux les touristes (ils disent oui ou ne disent pas non, mais finalement ne tiennent pas ce que l’on a pris pour une promesse de leur part).

 

Il est donc il est vrai que les malgaches ne sont pas liants (surtout avec les étrangers, en particulier avec les représentants de l'ancienne puissance coloniale, les français).

Mais il ne faut pas généraliser non plus car personnellement, j’ai eu des bonnes relations avec des malgaches, en particulier avec un collègue de bureau (qui est un de mes amis proches).  ».

 

Je pense aussi que comme dans tous les pays très pauvres, les personnes pauvres voyant des touristes débordant de signes de richesses cherchent souvent alors à leur soutirer le maximum d’argent (façon probablement à leur yeux « de rétablir une certaine justice, équilibre ou équité, dans les rapports nord-sud » ( ?)). C’est de bonne guerre. Mais il est vrai aussi que c’est fort désagréable pour les touristes harcelés sans cesse par les marchands et solliciteurs en tous genres, qui venait avec de bons a priori ou de bonnes intentions.

 

Note : ce compte-rendu de voyage est aussi diffusé sur ce blog : http://voyagemada.unblog.fr/



[1] Sources : Les autorités complices de la déforestation, 05.11.2009, Courrier international : « C’est l’autorisation exceptionnelle d’exportation accordée [par le régime de Marc Ravalomanana] à treize opérateurs à la fin du mois de janvier qui déclenche l’hémorragie [officiellement, il n’était question que de commercialiser les arbres déracinés par les cyclones]. Face à la demande importante des exportateurs pour remplir leurs quotas, des milliers de paysans commencent à envahir les forêts et ne se contentent plus de ramasser les arbres abattus. Les coupes deviennent alors incontrôlables. Ce n’est qu’au mois d’avril que le régime de transition [d’Andry Rajoelina] décide de geler les exportations, même celles autorisées par le précédent régime [tombé le 17 mars] ».

[2] Lire aussi « Alerte au trafic d’ébène et de palissandre, L’instabilité politique de la Grande Ile favorise les activités illégales nuisibles à l’environnement. Des espèces rares sont menacées d’extinction », Catherine Brahic, Courrier international du 05.11.2009. L’ébène, le palissandre et le bois de rose sont menacés.

[3] Selon 2 chercheurs de la NASA, les données satellites AVHRR-LAC, acquises en septembre 1990 et janvier 1991, couplées avec les photos satellites de Landsat-MSS prises entre 1984-1988, montrent que  11 pour cent de l'île sont couverts par la forêt. Source : AVHRR-LAC estimates of forest area in Madagascar, 1990, NELSON R. & HORNING N., International journal of remote sensing, 1993, vol. 14, no8, pp. 1463-1475 (1 p.1/2).

[4] Source : plantes de Madagascar, Lucile Alorge, introduction, Ed. Ramsey