VOYAGE EN HAUTE-VOLTA EN VOITURE

 

AVRIL 1979. Par Eliane Lisan

 

Hommage à ma mère, par ce récit de voyage dont elle était l’auteur, disparue trop tôt en 1995.

 

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Ce voyage fait suite à un cours séjour de 4 jours à Goiessesso, charmant village de montagne, en pays Yacouba.

 

Le jeudi 19 avril 1979, nous quittions la maison d’Abidjan vers 6h30 direction Nord.

 

A la sortie d’Abidjan, nous avons trouvé les encombrements habituels sur près de 50 km, dus à une route étroite et sinueuse, surchargée de poids lourds. Une autoroute est en construction jusqu’à Yamoussoukro, mais en attendant son achèvement le parcours est assez difficile.

 

C’est l’époque où les flamboyants sont en fleurs et ces arbres étaient nombreux sur le parcours, leurs rouges vifs étant une explosion de couleurs au milieu de la verdure.

 

Nous étions à Yamoussoukro vers 10h30 et de suite nous sommes dirigés vers l’hôtel Président – très célèbre en Côte-d’Ivoire – pour retenir des chambres pour le retour. Ne sachant si nous pourrions respecter le programme envisagé, il était plus sage d’assurer une réservation pour les nuits des mardi et mercredi suivants.

 

Après le plein de carburant et après avoir bu un thé réconfortant, nous avons repris la route direction Bouaké.

 

Au fur et à mesure que l’on monte, la forêt s’éclairci et perd son aspect forêt vierge. Les arbres y sont moins hauts, la végétation moins dense. Le ciel est plus bleu, la température plus élevée mais l’atmosphère moins humide. La route offre des lignes droites, un bon revêtement et son trafic réduit permet une vitesse assez élevée.

 

Nous sommes arrivés à Bouaké un peu avant midi. Cette ville est la seconde de Côte-d’Ivoire ; la végétation y est assez abondante et là encore beaucoup de flamboyants l’agrémentent. C’est une ville plate et ses rues sont dessinées à angles droits.

 

Nous avons fait halte à l’hôtel Harmattan, très bel établissement d’une chaîne internationale, pour y déjeuner. Nous avons pu déguster une délicieuse grillade. Partout en Côte-d’Ivoire, on peut trouver de bons hôtels, c’est une particularité du pays et tous offrent de belles piscines à leur clientèle.

 

Reprendre la route aussitôt la dernière bouchée avalée, n’a rien de très agréable par près de 40°, mais il n’y a pas le choix, si l’on veut respecter le programme.

 

 

De nouveau, nous empruntons une magnifique route à 2 voies, mais avec de larges dégagements goudronnés sur les côtés, et très droite. Elle est de construction très récente, avant c’était une piste.

 

Noua arrivons à Ferkéssédougou vers 15h30. Là, s’arrête le goudron. Nous avisons une jolie petite auberge aux rideaux à petits carreaux rouges et blancs ( elle n’aurait pas déparée en Normandie!), où nous nous arrêtons.

 

En effectuant le parcours, nous nous rendons compte que nous ne pourrons sûrement pas avoir rejoint Yamoussoukro le mardi en ayant quitté Ouaga ce jour-là. Il nous paraît plus sage de réserver une chambre dans cet établissement pour le retour, d’autant que l’hôtel est récent et les chambres sont climatisées.

 

Toujours après notre indispensable thé, et avoir fait le plein de la voiture, nous reprenons la route pour Khorogo, but de l’étape de ce soir. Cette ville est à 66 km et Max calcule qu’avec notre avance, il pourra peut-être contacter son ami ce soir, ce qui nous permettrait de partir plus tôt le lendemain matin[1].

La piste commence, de suite nous sommes dans l’ambiance. Des moutons errent de-ci, de-là, traversant quand bon leur semble. Malgré un coup de frein et un braquage à gauche au maximum, l’un deux vient se jeter bêtement contre une roue… Il ne reste plus à son propriétaire qu’à le saigner et en faire un méchoui !…

 

Très vite, c’est la tôle ondulée, les trous. Il faut conduire à « l’estime », ce qui est très éprouvant pour les nerfs. A quelques centaine de mètres, une magnifique route est en construction, alors on n’entretient plus la piste… A chaque instant, on craint de tout casser. Max se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère ?… La végétation s’est encore clairsemée et l’on aperçoit de temps en temps des baobabs, si caractéristique.

Au loin, l’horizon est tout noir, strié d’éclairs : nous allons vers la pluie ce qui ne va rien arranger. Très vite, celle-ci est sur nous : le ciel déverse des torrents d’eau, il y en a partout, de véritables rivières traversent la piste et l’on se demande si l’on ne va pas être emporté…

 

Malgré le déluge, Max, vieux conducteur africain, continue cependant. Tout à coup la pancarte Khorogo, et la pluie qui ne ralentit pas. Aucune route goudronnée n’apparaît, nous allons au hasard sans savoir où se trouve le centre de la ville. Quel accueil ! Personne ne se hasarde dehors, sauf des enfants qui courent tout nus sous l’averse, heureux de ce rafraîchissement. Il n’y a ni trottoir, ni égouts et des torrents d’eau traversent les rues et l’on craint que le moteur finisse par être submergé par instant. Enfin nous finissons par trouver la route principale et notre ami.

 

Fort heureusement, j’avais songé à l’éventualité du mauvais temps et nous avons prévu des bottes et des parapluies. Max peut donc, ainsi paré, descendre de la voiture et parcourir les quelques mètres qui le séparent du bâtiment.

 

Nous sommes devant un magasin, tout à fait vieux comptoir colonial où l’on vend de tout. Les bureaux sont à côté. Environ ¾ d’heure plus tard, Gaël vient me chercher, notre ami M. MUNSUC, voulant que je descende. Il me faut à mon tour me harnacher pour affronter la pluie qui, après s’être calmée, a repris de vigueur.

 

Après avoir pu confirmer par téléphone la chambre d’hôtel, notre ami nous invite à venir chez lui nous rafraîchir. Il occupe une agréable maison dans cette ville très Far-West et son épouse nous réserve un accueil très aimable. Je me demande ce qu’on peut bien faire dans un bled pareil… à part travailler. Je fais remarquer à M. MUNSUC qu’il doit être regrettable que la chasse soit interdite en Côte-d’Ivoire, parce que je crois que ce doit être le seul passe-temps qu’il pourrait y avoir,

 

Ayant aperçu pas mal de perdrix, il me dit qu’il bénéficie d’une dérogation (il est en effet Agent Consulaire), ce qui lui permet de chasser la perdrix et l’antilope. Il nous avoue avoir autrefois chassé l’éléphant et regrette de ne plus le pouvoir. Je lui dit combien je trouve dommage de tirer sur de si nobles animaux et que cette mesure va peut-être permettre leur repeuplement.

 

Il me répond que non, hélas ! Autrefois la chasse était permise, mais les réserves étaient étroitement surveillées par des gardes et les chasseurs ne tuaient que les vieux mâles. Maintenant, plus aucune surveillance n’est assurée et les braqueurs s’en donnent à cœur-joie, tuant n’importe quoi. C’est ce qui nous sera confirmé par ailleurs par un noir, en Haute-Volta.

 

Vers 20h, nous regagnons l’hôtel du Mont Khorogo, récent, mais très soigné. Le repas est médiocre, mais ce que nous apprécions le plus, c’est le lit.

 

Au matin, il faut reprendre de nouveau la piste de la veille, mais il fait soleil, l’eau a disparu et nous sommes frais : alors tout va mieux.

 

Retour à Ferkéssédougou où nous rejoignons la route pour la Haute-Volta. La frontière n’est pas très loin. La piste est mieux entretenue, mais bombée et ce n’est pas très facile de croiser des camions et plus difficile encore de les doubler avec le nuage de poussière qu’ils soulèvent.

Nous rencontrons peu de voiture.

 

Premières formalités de frontière côté ivoirien : plusieurs fiches à remplir . Ensuite, environ 40 km,  poste frontière voltaïque. Nous présentons nos passeports que l’on nous tamponne, mais ce n’est pas trop long. Vient après la visite à la gendarmerie qui prend les caractéristiques de la voiture, puis c’est au tour de la douane de visiter les cartons d’échantillons de glace. Il y’a de la glace bronze, créole, verte, grise, cela brille : comme c’est tentant ! Partout les douaniers disposent de lits en rotin sous les vérandas et parfois ils nous accueillent pratiquement couchés. Il fait si chaud…

 

J’ai beaucoup de succès avec ma visière au rebord en rhodoïd. On s’étonne de cette casquette sans fond… où l’ai-je achetée ?

 

Nous bavardons quelques instants avec des Français de retour de Niamey : quelle expédition ! Ils nous préviennent que la piste va être assez difficile jusqu’à Ouaga.

 

La prochaine petite ville, c’est Banfora où l’on nous a indiqué un bon restaurant. En effet, dans ce bled, la Canne à Sucre est un établissement très correct, appartenant à un voltaïque, et géré par une Française. Pour un prix modique nous faisons un repas très correct .

 

Une immense plantation de canne à sucre s’étend tout au Nord-Est de la ville. Cela étonne dans ce pays desséché. Inlassablement des tourniquets arrosent ces champs. D’où l’eau vient-elle, de nappes phréatiques ou d’une rivière ? Il s’agit d’une plantation d’Etat dont l’encadrement est assuré par des Français. Nous apprendrons ceci au retour. C’est la seule culture que nous rencontrerons jusqu’à Ouaga.

 

A la sortie de la ville, la route est en construction, par moment on l’emprunte, à d’autre on doit reprendre la piste. Comme nous nous sommes aventurés plus loin que les panneaux l’indiquaient, nous devons faire demi-tour pour prendre la piste. Puis, nous nous retrouvons à nouveau à proximité du goudron et essayons d’y « remonter » et pour ce faire, Max s’élance sur le talus qui la borde :  la voiture penche dangereusement, mais s’arrache jusqu’au sommet : j’ai tout de même une sacrée émotion. Mais après la tôle ondulée, les trous et la poussière, le macadam c’est si tentant ! Nous roulons de nouveau agréablement jusqu’à ce que des travaux barrent la route au passage d’un pont et rien n’indique la déviation. Des ouvriers nous donnent de vagues indications. On descend sur le bas côté dans la poussière et dans la gadoue vers le pont, puis le chemin est barré par de gros tuyaux, il faut faire demi-tour… On nous fait signe de passer sous le pont en nous mettant en garde contre l’enlisement et il faut en effet de l’habilité et de l’expérience pour s’en tirer. Heureusement qu’il ne pleut pas !

500 mètres plus loin, nous retrouvons la grande route où nous ne rencontrerons plus de difficultés jusqu'à la piste. La tôle ondulée – et de quelle taille ! – et les trous recommencent, le passage des ponts, tout défoncés et bombés est particulièrement malaisé et il y a intérêt à ralentir si on les a vu à temps.

 

On navigue dans la poussière, et une chaleur qui donne soif. Nous voyageons heureusement enfermés grâce à la climatisation. Depuis la frontière, les villages sont très typés : des paillotes rondes aux toits de chaume et leurs greniers à mil, qui sont des paillotes miniatures placées à côté d’elles. A part les grands villages, la plupart du temps, ce que l’on rencontre, ces sont des paillotes en cercle et réunies entre elles par des murets de terre séchée : il n’y a qu’une ouverture et toutes les cases donnent sur la cour fermée… des mini-châteaux forts en quelque sorte.

 

On est loin de l’opulente Côte-d’Ivoire. Les gens sont maigres, poussiéreux, les animaux de même. On ne rencontre pratiquement pas de voiture, pas de taxis brousse non plus, qui sont les transports en commun de l’Afrique (des 1.000 kg Renault). Les quelques voyageurs que l’on rencontre sont entassés dans des camions avec leurs bagages. Je ne peux m’empêcher de les regarder ainsi tassés, de leur trouver une ressemblance avec les wagons de déportés durant la guerre. Le moyen de transport le plus utilisé en Haute-Volta est en premier la bicyclette puis en second le vélomoteur. Nous verrons des milliers de bicyclettes pendant ces quelques jours.

 

Bien entendu, partout des moutons ou des chèvres traversent la chaussée, il faut être sur ses gardes sans cesse.

 

A 60 km de Bobo-Dioulasso, nous retrouvons l’asphalte avec le plus grand plaisir. Max ne sent plus ses poignets qui sont douloureux à serrer le volant et du fait des trépidations infernales provoquées par la tôle ondulée.  

 

Bien que nous arrivions dans la soirée, la chaleur est très élevée. L’hôtel de la RAN (Rail Abidjan-Niger) est récent et le confort des chambres excellent ; mais dans le hall et les couloirs, la climatisation n’existe pas ou est en panne, et on a l’impression d’étouffer. D’ailleurs le climatiseur individuel que le garçon a mis en marche dès notre arrivée dans la chambre a du mal à refroidir l’atmosphère.

Notre première pensée après toute cette poussière, c’est la douche. La salle de bain très confortable nous invite et en un tour de main, je suis prête à recevoir l’eau bienvenue. Hélas, pas une goutte n’arrive !… Je dois me contenter d’une toilette avec coton et lait démaquillant. Max lui va se plonger dans la piscine. C’est l’Afrique ! Une canalisation a craqué et nous apprendrons que l’on ne rétablira l’eau que de 22h à 5h du matin.

 

Nous rencontrons ce soir-là un responsable d’une société avec qui nous travaillons. Dans le jardin, les enfants s’ébattent dans une piscine : elles sont omniprésentes partout. Ces personnes précisent que cette panne est exceptionnelle et que depuis leur arrivée en janvier, ils n’ont pas manqué d’eau.

 

A 22h effectivement celle-ci revient et c’est une bonne détente que de se rafraîchir avant la nuit.

 

Comme nous nous sommes levés aux aurores, nous pouvons de nouveau bénéficier des bienfaits de l’eau au réveil.

 

Après une partie goudronnée, nous retrouvons la piste infernale où nous fonçons au maximum, pressés d’en finir. Nous nous arrêtons cependant de temps en temps pour récupérer, boire… Invités par une pancarte, nous allons visiter la mare aux caïmans sacrés ; Pour ce faire, nous traversons le village et la trouvons à 400 m de là. On dirait un étang à son niveau le plus bas, où il y a plus de vase que d’eau. Très vite nous discernons les silhouettes grisâtres qui émergent par endroit. Comme les berges sont sèches, nous allons jusqu’aux bords avec la voiture, bientôt rejoint par des groupes d’enfants. Ceux-ci nous proposent si nous payons un poulet de faire sortir les caïmans ce que nous acceptons.

Un grand de 14/15 ans arrive de l’autre côté et traverse tranquillement le marécage avec un poulet à moitié mangé au bout d’une corde et se dirige vers un crocodile. Il l’appâte tout bonnement comme on tend un os à un chien et celui-ci suit le poulet qui se balade au-dessus de son museau. Le jeune garçon le fait sortir complètement sur la plage et commence à lui donner le poulet sur lequel il se jette, mais bien vite le lui retire pour faire durer le plaisir. Le crocodile reste la gueule ouverte sans doute encore en appétit. Un autre garçon en profite pour courir l’attraper la queue, ce que réprouve le groupe, mais lui est très fier de son exploit que nous avons photographié. On nous propose d’essayer de faire sortir le plus gros des caïmans de la même manière, mais hélas nous n’avons pas le temps.

 

Nous supposons que ces caïmans, jamais chassés, ont dû associer les enfants avec l’arrivée de la nourriture – tout comme les gardiens des zoos doivent être connus par des animaux qu’ils nourrissent – et c’est la raison pour laquelle ils ne les attaquent pas. Quand on voit la taille des dents, on n’est guère tenté de leur caresser le menton…

 

Cet intermède passé, nous reprenons le chemin et 15 km plus loin environ, c’est le goudron toujours bienvenu sur lequel nous fonçons, toutefois freinés par la circulation de vélos et cyclomoteurs de plus en plus dense.

 

Vers 11h30 nous sommes chez notre ami VILLON.

 

Cet homme, nouvellement arrivé en Afrique, nous invite prendre un pot chez lui en fin d’après-midi. Sa femme est encore plus récemment arrivée et il serait content que je lui parle un peu de la vie sur ce continent.

 

Il fait encore plus chaud qu’à Bobo-Dioulasso. J’interroge pour demander la température : actuellement le thermomètre oscille entre 44 et 46° !

 

A l’hôtel de l’Indépendance où nous nous rendons après, Marc insiste pour avoir une chambre bien climatisée car la dernière fois il avait souffert de la chaleur. Celle qu’on nous donne est fraîche et, comparée à l’extérieur, même froide au premier contact et l’on a la chair de poule en prenant la douche ; mais très vite ensuite on se sent bien.

 

Après une longue sieste réparatrice, nous nous sentons de nouveau en forme . Vers les 17h30, nous nous rendons à l’invitation qui nous a été faite par M. VILLON.

 

Nous tournons bien une heure avant de pouvoir trouver la maison. Comme à Abidjan, la plupart des rues n’ont pas de nom et il n’est pas facile de repérer dans ces conditions.

 

Nous trouvons le quartier « résidentiel » bien lamentable comparé à ceux d’Abidjan : végétation maigre, pelouse desséchée, poussière. Pour habiter ici, il ne faut pas avoir connu la Côte-d’Ivoire avant, pensons-nous.

 

Nous faisons la connaissance de Mme VILLON qui est arrivée le week-end précédent. Elle a profité du congé de Pâques pour venir « voir ». C’est son premier séjour en Afrique, tout comme son mari d’ailleurs. Je sens bien qu’elle n’est pas enthousiasmée ; institutrice aux environs de St Etienne, c’est évidemment un énorme changement. Elle viendra en juillet avec ses 3 enfants rejoindre son mari. La pauvre devait rêver sans doute d’un peu plus d’exotisme. Elle est décidée à chercher un emploi pour s’occuper pendant son séjour en Haute-Volta. Nous croyons savoir que son mari allait être privé d’emploi, alors il a préféré s’expatrier plutôt que d’être au chômage.

 

Avant son retour en France, son mari veut la sortir un peu et nous parle d’une visite qu’ils vont rendre le lendemain à une réserve où il y a des éléphants.

 

Je tends aussitôt l’oreille. J’interroge : pourrions-nous venir aussi ? et je me tourne vers Max. Il a rêvé d’une journée de repos et voulait travailler à son exposé, mais il est tenté aussi. Pour ma part, c’est peut-être la seule occasion qui m’est donnée de visiter une réserve, je ne voudrais pas laisser passer cette chance.

 

Rendez-vous pris pour le lendemain dimanche 9h, ce n’est que vers 9h30 que nos compagnons se pointent, escortés d’un ami. Leur climatisation ne marche pas, aussi leur proposons-nous de monter dans notre voiture, assez vaste pour cinq.

 

Il fait déjà bien chaud. On nous a parlé d‘environ 100 km, en fait, il y a 147 km, mais sur une route goudronnée et peu encombrée. A un moment, je remarque non loin de la route des cases aux toits de chaume, mais à l’aspect européen : heureusement, car la pancarte qui indique que c’est là qu’on doit prendre les autorisations pour la réserve, ne se voit guère.

 

Nous nous dirigeons donc vers une case qui doit être le bureau. Il y a des cartes et des tampons, mais personne à l’intérieur. Nous interrogeons un enfant : « il est parti au village... » Nous attendons. Enfin un vélomoteur arrive et c’est notre homme qui est dessus. Il nous invite à nous asseoir, nous distribue à chacun une carte que nous devons remplir et qu’il tamponne ensuite (les cachets ont beaucoup d’importance en Afrique !) et nous fait payer 2.000 Fr. CFA par personne.

 

Nous l’interrogeons sur nos chances d’apercevoir des éléphants : nous en verrons, nous assure-t-il. Il nous recommande de ne pas descendre de voiture, car certains qui ont pu être blessés par des chasseurs sont dangereux et chargent. Comment on braconne ? Eh oui, nous dit-il. Nous n’avions qu’un seul véhicule continue-t-il et il est en panne et lorsqu’il marchait, nous n’avions pas d’essence... que voulez-vous que nous fassions contre les braconniers qui, eux, ont des Land-Rovers ?

 

Ainsi, on chasse impunément les éléphants et autre faune : bientôt ces animaux finiront par disparaître de la plupart des réserves et les dirigeants de ce pays ne prennent guère des mesures énergétiques pour enrayer ce genre de chose.

 

Nous regagnons la grand route et à quelques kilomètres nous trouvons l’entrée de la réserve indiquée par une pancarte. Il y a une barrière et une cabane destinée au gardien, mais il n’ y a personne. Nous pénétrons par une brèche sur le côté qui doit être le plus souvent emprunté vu les traces de roues qu’on peut y voir. Peut-être le gardien lui-même est – il part à la chasse...

 

Nous empruntons la seule piste qui subsiste et qui très vite sera difficile parce que très souvent traversée de ruisseaux, heureusement à sec pendant cette saison. De toute façon, entre juin et octobre, il est impossible d’y pénétrer nous a-t-on prévenu et nous le comprenons aisément.

 

Nous roulons doucement, scrutant attentivement à droite et à gauche. Il est environ onze heures et j’imagine qu’à ces heures chaudes les bêtes sont au frais sous le couvert des arbres, et que nous aurons du mal à en voir. Nous avons beau ouvrir nos yeux tout grand, rien, même pas un oiseau. Nous nous arrêtons pour boire un moment, et Max et l’autre invité grimpent dans un arbre pour voir plus au loin, mais comme sœur Anne, ils ne voient rien venir. Nous apercevons quelques oiseaux, mais qu’on pourrait voir n’importe où ailleurs. Personne ne dit rien, mais chacun est anxieux.

 

Nous redémarrons et tout à coup j’aperçois des antilopes. Aussitôt Max stoppe et caméras et appareils de photo entrent en action, mitraillant au plus vite le troupeau de bubales qui traversent le chemin et bientôt s’éloignent au galop, quelques-uns restant cependant en arrière à nous regarder.

C’est là que nous regrettons le plus de ne pas avoir pris notre appareil qui est muni d’un télé-objectif . N’ayant pas prévu de tourisme, nous ne l’avons pas emporté, nous contentant donc du petit qui n’est valable que pour les clichés pris de près et qui ne contient qu’un ou deux négatifs. Ce seront nos yeux qui auront enregistré la vision de ces magnifiques bêtes, qui sont plus hautes que des buffles.

 

Nous verrons un peu plus loin des gazelles, si gracieuses mais si rapides qu’on a peine à croire qu’il ne s’agisse de mirage. Elles bondissent à des vitesses incroyables, vite cachées par des arbustes ou des herbes.

 

Dans les hautes herbes, dites à éléphant, nous voyons bien des traces de passage de grands animaux, mais c’est tout.

 

La chaleur est intense et la voiture qui roule au ralenti, plus la climatisation qui tire sur le moteur, commence à chauffer. Il est midi et demi, heure raisonnable pour déjeuner et reposer le moteur. Nous nous arrêtons à l’ombre très approximative d’un arbre pour déjeuner debout sandwichs et surtout essayer d’abreuver notre soif inextinguible. Nous sommes assaillis par des centaines de mouches qui nous tournent autour du visage, malgré d’incessants moulinets de nos bras et des déplacements. Elles ne nous lâchent pas, pénétrant dans nos oreilles, nos trous de narines, c’est énervant au plus haut point.

 

Bien que reposés, nous repartons cependant afin d’échapper à ces insectes insupportables. Il fait vraiment chaud et, glaces ouvertes, à petite vitesse, c’est accablant.

 

Nous verrons encore quelques fugitives gazelles, puis à un moment, Mme VILLON assise à l’arrière nous signale de grands oiseaux. Nous nous arrêtons pour les découvrir : ils sont deux au sol, assez loin, tout noirs, extrêmement grands, et se déplacent avec onction, tels de vieux notaires de province au siècle dernier. Ils paraissent mesurer près d’un mètre de haut et disparaissent cachés par des taillis. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agit de marabouts.   

 

Nous pensions voir des cynocéphales signalés nombreux, et que nous redoutions car ils attaquent volontiers les voitures, mais nous n’en apercevions pas un seul.

 

Nous continuons notre cheminement et notre recherche en tout sens. La première, je les aperçois : les éléphants tant attendus. Ils sont tels que je les avais imaginés à cette heure chaude : blottis, serrés les uns contre les autres sous le couvert de grands arbres, à une centaine de mètres de la voiture. Chacun les photographie et pour notre part nous prenons la dernière image contenue dans notre chargeur… Nous essayons de les dénombrer, nous en comptons 5, puis 6 et constatons qu’il y en a encore 2 petits au milieu. Ils forment comme les légions romaines, une protection en carapace autour des jeunes. Notre présence se prolongeant, ils agitent leurs oreilles, lèvent leurs trompes en tout sens. Notre caméraman descend de voiture pour les filmer de plus près et ne sommes guère rassurés pour lui, car ils s’agitent un peu, ils ne chargent pas pour autant et nous pouvons repartir sans qu’ils aient quitté leur abri.

 

Après tant d’heures, nous sommes récompensés par la vue de ces splendides animaux.

Peu après, nous en apercevons 2 autres, mais très loin et , tout près de la piste deux mères avec leurs petits mais qui s‘éloignent à notre vue., assez lentement pour être photographiés tout de même.

 

Nous n‘en rencontrons plus d’autre jusqu’à la sortie de la réserve.

 

Nous allons jusqu’à la route de Po, située à 7 ou 8 km de là et qui n’offre aucun intérêt sinon que nous y voyons de beaux flamboyants et de splendides baobabs aux troncs énormes.

 

Nous faisons demi-tour vers Ouaga et cette fois longeons la réserve de la grand route. 

 

Une voiture arrêtée au bord de chemin nous fait penser qu’il y a quelque chose à voir et nous traversons vite la chaussée pour nous immobiliser à notre tour : il y a là en contre-bas de la route, un groupe d’éléphants qui s’apprêtait sans doute à traverser. Notre présence les fait s’arrêter et ils mangent toutes les branches atteignables. Nous pouvons les regarder à loisir, à quelques mètres de nous, ils semblent décidés à attendre notre départ pour continuer d’avancer.

 

De l’autre côté de la route, à peut-être 50 m de là, de nouveau une dizaine d’éléphants est occupée à manger. Il y a en particulier 2 grands mâles absolument magnifiques et impressionnants. Ce sont des familles entières avec mères et petits. Nous verrons le plus petit éléphant que nous ayons jamais vu et qui ne devait pas avoir beaucoup de jours. Comme nous ne descendons pas de voiture, notre présence ne semble pas du tout les gêner – nous sommes à environ 25 / 30 m d’eux – et ils continuent paisiblement à se restaurer sans s‘éloigner. C’est nous qui partons les premiers.

 

Nous en verrons encore par groupe de 7 ou 8 plus loin.

 

Nous sommes vraiment comblés d’avoir vu tant d’éléphants en une seule fois, ce qui est tout à fait exceptionnel, pensons-nous !

 

Le lendemain, Max le racontera à de vieux habitués qui lui confirmerons qu’en effet nous avions eu beaucoup de chance : c’est la grande sécheresse qui régnait dans la réserve qui faisait sortir les troupeaux jusqu’au bord de la route (heureusement peu fréquentée) pour rechercher de la verdure.

 

Nous garderons un souvenir inoubliable de la vision de ces majestueux animaux dans leur cadre naturel.

 

Nous revoyons sur la route quelques très jolis oiseaux d’un bleu métallique, à peu près de la taille d’un pigeon – pareils à ceux que nous avions déjà aperçus le matin ; nous regrettons de ne pas savoir de quoi il s’agit.

 

C’est fatigués et assoiffés, mais, tous, enchantés, que nous regagnons Ouaga.

 

Le soir, nous décidons d’aller dîner en ville pour changer. On nous a parlé d’un restaurant : « L’eau vive » tenu par des bonnes sœurs et très bon. Nous nous y rendons. Les tables sont dressées dans le jardin sous les arbres, avec de petites lampes sur chacune, c’est charmant. Il fait un peu chaud, mais avec la nuit, on peut espérer un peu de fraîcheur. Il y a une petite fontaine surmontée d’une statuette de la vierge, qui bruisse doucement. La carte ponctuée de phrases de l’Evangile, ce qui est très inattendu, mais ne l’empêche pas d’être variée.

 

Très vite, toutes les tables se remplissent, l’établissement jouissant d’une grande notoriété, semble-t-il.

 

Nous faisons en effet un repas succulent : un gaspacho, un filet flambé au cognac et poivre vert pour moi et des filets de canards aux mangues pour Max, accompagnés de pommes duchesse, du fromage et des tartelettes aux pêches, le tout arrosé d’un bon vin rouge et l ‘ensemble pour un prix raisonnable pour l’Afrique.

 

Nous avons compris le but de cette communauté : dans ce pays où l’eau est le problème crucial, ces religieuses « pour que jaillisse l’eau vive » ont trouvé un moyen – bien français – de se faire de l’argent.

 

Partout en Afrique, nous constaterons que les œuvres religieuses (quelles qu’elles soient) apportent énormément à ces pays. Elles n’essaient plus comme autrefois de convertir mais s’efforcent d’apprendre des métiers aux gens et les soignent dans les coins les plus reculés , palliant aux insuffisances médicales fréquentes sur ce continent. C’est certainement la meilleure image qui puisse être donnée de la religion.

 

Rencontré à l’hôtel, un ami, directeur d’une représentation commerciale d’une société française venue faire une conférence dans le pays rentre à Abidjan à moitié satisfait : ses interlocuteurs africains ( architectes pour la plupart) ne sont pas des spectateurs très attentifs. En Algérie déjà, au cours des films, nous avions remarqué que les gens sortaient sans cesse, espérons tout de même qu’ils conserveront quelques notions des produits de notre ami.

 

Nous déjeunons hâtivement et en pleine chaleur reprenons le chemin du retour : goudron, piste harassante.

 

Au bout de quelques heures, Max est fatigué, excédé, et je lui conseille de s’arrêter, mais il s’entête à poursuivre. Finalement il consent à s’arrêter et pour ce faire, veut se serrer sur le côté et c’est l‘enlisement dans le sable. Nous arrachons des herbes sèches et des brindilles pour mettre sous les roues, mais il n’ y a rien à faire pour nous dégager. Des enfants accourent d’un village proche et un cyclomotoriste – ayant sa femme en selle et elle-même le bébé sur le dos - s’arrête. Tout ce monde nous aide à pousser, mais la voiture s’enlise davantage. Nous demandons au plus grand d‘aller chercher une pelle au village, ce qu’il fait. Avec cet instrument, notre cyclomotoriste se charge de dégager le sable et nous sommes tous noyés dans la poussière… Mais c’est efficace et nous pouvons sortir la voiture. Nous remercions nos aides en remettant 1.000 Fcfa au principal artisan de l’effort, ce qu’il semble apprécier et

500 Fcfa au plus jeune qui a prêté sa pelle : il regarde ce billet en tout sens, peut-être n’en a t-il jamais possédé un pareil.

 

Nous roulons un moment sur la piste, puis enfin retrouvons le goudron et c’est l’arrivée à la nuit tombante à Bobo-Dioulasso au même hôtel qu’à l’aller. Cette fois l’eau ne manque pas et elle est la bienvenue.

 

Départ mardi matin pour être – pensons-nous – dans la soirée à Ferkéssédougou . Nous croisons à un moment sur la route un très joli oiseau échassier qui traverse la chaussée sans souci des véhicules et en prenant son temps.

 

Nous sommes vers les 10h à Banfora : trop tôt pour déjeuner, aussi achètons-nous des sandwiches pour midi ? Nous faisons halte pour cela à la Canne à sucre que nous retrouvons avec plaisir.

 

Au départ de Ouaga, nous avions remarqué un homme chargeant des bagages dans une camionnette et l’avions dépassé en route. Nous le retrouvons en même temps que nous à cet hôtel. Il travaille à la plantation de canne à sucre et vient d’aller chercher sa femme venue le rejoindre. C’est une créole à la peau brune : Mauritienne ou Réunionnaise et pensons au beau pays qu‘elle vient de quitter pour venir s’installer dans un bled pareil, la pauvre !

 

Les formalités aux frontières sont rapides, nous n’avons aucun imprimé à remplir. A ma grande déconvenue en Côte-d’Ivoire on ne met pas de cachet sur mon passeport et dire que j ‘avais fait ce voyage pratiquement pour cela ! On me dit qu’on me le mettra en sortant de Côte-d’Ivoire à l’aéroport : n’ayant pas de permis de résident, j’ai déclarer que j’étais touriste.

 

Nous déjeunons à l’ombre d’un arbre, regrettant l’achat des sandwiches car nous sommes finalement en avance et aurions pu déjeuner à Ferkéssédougou où un repas assis aurait été une meilleure détente.

 

Nous terminons les derniers km de piste et sommes vite arrivés au petit hôtel où nous devions coucher. Il est beaucoup trop tôt pour s’arrêter. Nous annulons la chambre et après un moment de repos, repartons, décidant de coucher à Bouaké.

 

Nous notons au passage que c’est de Ferkéssédougou que l’on se rend à Bouna, la réserve la plus importante de Côte-d’Ivoire. On nous apprend que la piste qui y conduit est excellente et comme la route depuis Abidjan est facile, nous envisageons d’y venir un jour.

 

C’est à mon tour de prendre le volant pour permettre enfin à Max de se reposer un peu. On est maintenant en Côte-d’Ivoire et l’on peut rouler vite sur ce bon revêtement.

 

La végétation revient et les forêts s’épaississent. J’aperçois au loin un animal qui traverse et m’interroge sur son identité : une biche ? Curieuse silhouette. A ce moment, un autre plus proche traverse : il s’agit de cynocéphales, ces grands singes que nous pensions rencontrer dans la réserve. Beaucoup d’oiseaux de proie, genre aigles, tournoient dans le ciel ; deux sont posés au sol sur la route en train de dévorer un quelconque animal écrasé par un véhicule. Je ne ralentis pas, persuadée qu’ils vont s’envoler à mon approche, ce qu’ils font en effet, mais l’un d’eux ne s’élève pas assez vite et vient percuter le pare-brise : c’est assez impressionnant cette masse déployée qui vous arrive en pleine figure et instinctivement j’ai fermé les yeux. Heureusement , la glace a résisté mais Gaël qui était à demi-allongé a sursauté, lui aussi surpris. L’oiseau est retombé au sol, mort sans doute.

 

Nous sommes à Bouaké vers 17 h. Après l’absorption d’un thé (on ne fait que boire dans ces pays, heureusement pas de l’alcool), nous décidons vu l’heure, de poursuivre jusqu’à Yamoussoukro où une chambre nous est réservée.

 

C’est au tour de Max de conduire. Malgré la facilité de la route, la fatigue se fait sentir et nous serons contents d’arriver vers 18h30 à l’hôtel Président.

Entre-temps, nous avons retrouvé la végétation luxuriante … et la moiteur.

 

Nous apprécions le confort de ce palace, un des fleurons de la Côte-d’Ivoire où le Président de la République loge la suite de ses hôtes de marque. La région des Baoulé est son fief, tribu dont il est issu. Yamoussoukro es la future capitale administrative du pays : il y a d’immenses avenues désertes bordées de lampadaires, quelques magnifiques monuments, de grandes cités de petites maisons d’habitations inhabitées encore et qui commencent à être envahies par la végétation. Pour éviter l’édification de bidonvilles à la périphérie, on a d’abord construit ces cités mais elles sont vides pour le moment : manque d’emploi ou désintérêt des gens pour ce type de maison ? Les quartiers neufs habités sont déjà enlaidis par l’adjonction d’appentis en tôle, de baraques en planches… cela ressemble à des gourbis alors que chaque maison avec son jardinet pourrait être plaisante.

 

Pour en revenir à l’hôtel, nous constatons avec regret que les belles banquettes ont des tâches, ainsi que les luxueuses moquettes. On ne passe pas si vite de la terre battue au grand raffinement … Nous dînons dans une immense salle à manger assez pompeuse, mais à peu près seuls.

 

Le lit est immense (on pourrait y tenir à quatre) et confortable mais la climatisation trop faible, nous aurons trop chaud toute la nuit. Est-ce par économie qu’on l’a baissé ?

 

Nous visitons un peu la ville. La cathédrale est belle dans sa grande simplicité, toute dépouillée. Les arabesques qui ornent les ouvertures n’ont pas de vitrail et nous avons la surprise de découvrir à l’intérieur de l’édifice des multitudes de papillons noirs accrochés un peu partout en grappes. La mosquée est grande et située sur une colline surplombe la ville de ses deux minarets. Nous allons jeter un coup d’œil aux crocodiles du président. A cette heure, on n’en aperçoit que quelques-uns qui prennent le soleil. Il sortent nombreux le soir lorsque le gardien vient leur jeter de la nourriture. L’ensemble de la ville est grandiose mais manque encore de vie.

Après toute cette chaleur et la fatigue, notre foie commence à donner des signes de ralentissement : il rechigne à la tâche !… Max est encore plus éprouvé que moi, aussi notre déjeuner est-il des plus sommaires.

 

Pour le retour final, je reprends le volant. La route étroite et sinueuse nécessite une conduite plus lente et prudente. Nous retrouvons la moiteur et quelques pluies d’orage sur le parc. Nous croisons 2 camions qui se sont heurtés de plein front (dont un transporteur d’agrumes) et le résultat est plutôt impressionnant ; la collision est récente et la police encore là. Il n’a pas dû rester grand chose des malheureux conducteurs si l’on juge ce qui reste des cabines. Sur cette route, à tous les virages un peu marqués il est courant de découvrir des véhicules dans le fossé, surtout des poids lourds. La Côte-d’Ivoire détient le triste privilège du record du monde des accidents de la circulation….

 

Pour les derniers kilomètres, je repasse le volant à Gaël et nous regagnons la maison vers 18h fourbus mais la tête pleine d’images de toute sorte et de souvenirs que nous pourrons remémorer. Nous venons de parcourir 3.000 km.

 

 

 

 



[1] La famille des amis qui m’ont reçu se compose de Eliane et Max NISAL.