COMPTE – RENDU DE VOYAGE EN EGYPTE du 27/5/84 au 3/6/84

 

Par Benjamin LISAN – Ma seule participation à voyage organisé de toute ma vie.

 

Un voyage en EGYPTE fut proposé par le Comité d'Entreprise de la SODETEG-TAI,  au début de 1984.

 

Nous partîmes d'Orly, le 27 mai 1984.

 

        Au décollage un petit incident survint. Notre départ fut retardé en raison d'un problème de fonctionnement de l'ordinateur de bord de l'Airbus qui devait nous transporter: incident technique ... symbole de notre époque ( !) .

Le service à bord fut assuré par un équipage très aimable et les hôtesses de l'air étaient fort jolies. Les jeunes Egyptiennes, à l’égale de leurs modèles de l’Antiquité semble-t-il, c'est à dire les princesses et riches jeunes filles de l'ère pharaonique ou romaine, savaient fort bien s'apprêter et se rendre jolies.

 

En EGYPTE, les femmes vont nues-têtes si elles sont célibataires, ou couvertes d'un voile noir si elles sont mariées, mais restent toujours coquettes. Nous le constaterons tout au long du voyage ...mais j'anticipe.

 

A l'arrivée au Caire, une surprise nous attendait au passage de la douane : pas de contrôle pour la déclaration d'entrée de devises (d'ordinaire obligatoire dans ce pays) et pas de fouille.

Le journal égyptien de langue française "Le Progrès du Dimanche", distribué dans l'avion indiquait que des élections générales, les premières comprenant plusieurs partis, s'étaient déroulées ce dimanche 27 Mai, jour de notre arrivée, et ceci donc expliquait peut-être cela .

 

Concernant la politique actuelle, voici .ce que nous avons pu apprendre : Cinq partis étaient en présence et pour que chacun d’eux puisse avoir la chance d'être représenté à la Chambre des Députes, il fallait qu'il récolte au moins 8 des voix. Ce genre d'élections libres, est assez rare dans un pays musulman.

 

Etaient opposés au P.N.D. (Parti National Démocratique), actuellement au Pouvoir, auparavant parti unique :

 

1/ Le Néo-Wafd, un parti ayant existé vers les années 30, encore puissant, regroupant actuellement des tendances contradictoires : socialisants, frères musulmans, coptes.

2/ Le parti travailliste, de tendance socialisante.

3/ Le parti libéral, fondé par un homme d'affaires, sans aucune chance de réussir, n'ayant aucune assise populaire dans ce pays où la majorité de la population est assez pauvre.

4/ et un dernier parti dont j'ai oublié le nom.

 

En regardant les visages des Egyptiens, allant de toutes es teintes, du blanc rosé au bistre, jusqu'au marron havane, en tenues souvent sales, agglutinés et pressés sur les rambardes de sécurité bordant le couloir de sortie, je ne pus m'empêcher de me faire la réflexion suivante : "Dans quelle mesure ce peuple pouvait-il faire preuve d'esprit démocratique ? Ne redeviendrait-il pas de nouveau fanatique comme tant d'autres peuples musulmans, dès lors qu'il serait de nouveau dirigé par un guide messianique dans la lignée de NASSER ?"

 

Mais peut-être est-ce faire preuve des préjugés classiques dus à la culture occidentale concernant l'Islam que de juger sans vraiment bien connaître.

 

Notre guide du Caire (une musulmane évoluée, mais obèse - comme beaucoup d'Egyptiennes aimant les pâtisseries orientales, loukoums … - (au visage fatigué) nous présenta les élections comme une libéralité du P.N.D. accordée à l'opposition Néo-Wafd. Elle ne semblait cependant pas se faire trop d'illusion quant aux résultats qui donneraient une large avance au P.N.D.

 

Ensuite, après ce tour d'horizon sur ces élections, elle nous a décrit le président SADATE comme un homme bien et honnête, ayant rétabli la prospérité économique après l'ère nassérienne. D'après elle, sous le président MOUBARACK, la situation économique semble stagner ou être moins brillante.

 

Elle nous dit qu'il y avait énormément d'Egyptiens pauvres, mais que tous mangent à leur faim, malgré l'énorme problème démographique du Pays et l'inertie des mentalités à l'égard de la contraception : un million de nouveaux-nés tous les 8 mois !

Le planning familial ne pénètre que dans les villes et dans les classes évoluées (moyenne bourgeoisie).

 

Dans le reste de la population, surtout chez les paysans qui constituent 65% de la population, les enfants sont considérés comme une richesse. En effet, ce sont les enfants qui, jusqu'à maintenant, par leur travail et les soins filiaux prodigués, assuraient les vieux jours de leurs parents. On cherche donc à avoir le maximum de garçons, c'est à dire des "bras" pour l'exploitation agricole, les femmes étant plutôt reléguées aux tâches ménagères.

 

Et l'un des aspects de cette mentalité, probablement dû à l'Islam est que « l'homme étant considéré comme supérieur à la femme » ... et « l'enfant mâle comme une fierté », une mère n'ayant eu que des filles, continuera à procréer jusqu'à ce qu’elle obtienne le (ou les) fils désiré (s)...

 

D'après le guide, cette idée d'une assurance vieillesse, dont le rôle est rempli par les enfants, est combattue par le Gouvernement qui, depuis le président SADATE, incite les gens à cotiser à des caisses de retraite.

 

La ville du Caire, de plus de 10 millions d'habitants, où quartiers riches et quartiers d'une pauvreté et saleté Indicibles se côtoient, traversée la nuit de part en part, en 1 heure, est gigantesque.

Une caractéristique de ce pays, poussiéreux, que nous allions découvrir, est qu'il est difficile de rester propre longtemps. Mais dans la nuit la saleté ne se voyait pas.

 

Nous traversâmes le riche quartier d'Héliopolis (où habite d'ailleurs le président MOUBABACK), constitué d'habitations ou de petits immeubles de deux ou trois étages maximum, entourés de vastes jardins.

 

A cette heure - 22 h - la circulation était assez fluide grâce à de nombreux toboggans construits un peu partout dans la ville. Dans les rues, les voitures aux phares blancs roulaient à droite.

 

Durant la journée, au Caire, aux heures de pointe, il n'est pas rare de rester 5 heures dans les embouteillages... La ville envisage de construire un métro et déjà une partie est en cours de réalisation (par un consortium franco-allemand) qui permettra de renforcer le réseau public existant : bus, tramway, trains de banlieue. Il n'y a pas d'arrêt de bus proprement dit : on hèle, on monte, on descend suivant les circonstances qui permettent aux bus de vous remarquer ou de s'arrêter.

 

Les feux-rouges ne sont guère respectés et à n'importe quelle heure de la journée les policiers réglant la circulation risquent à tout instant de se faire écraser (scènes que nous avons vues à de nombreuses reprises au cours de notre voyage). Comme en d'autres pays maghrébins d'ailleurs...

 

Les accidents, cependant, seraient assez rares, du fait de l'adresse des conducteurs égyptiens.

 

Nous avons tout de même vu le lendemain 2 camions renversés.

 

Des Immeubles se construisent partout, mais cela n'évite pas la crise du logement dont se plaignait notre guide, qui elle-même, en recherchait un.

 

Pour renforcer son affirmation, elle nous montre un bel ensemble d'immeubles de 15 étages et nous déclare que ces appartements sont réservés aux fonctionnaires de l'Armée. (Peut-être veut-elle nous indiquer par là que ce sont les privilégiés du Pays ?)

Sur les façades des immeubles du centre ville un grand nombre de réclames, peintes sur panneaux de bois noirs, signalent la présence des professions libérales.

 

L'Holiday Inn, l'hôtel où nous descendons est d'un grand luxe. Afin de développer son industrie touristique, 1'Egypte s'est ainsi dotée de nombreux hôtels très luxueux, par rapport au niveau de vie du pays.

 

Le lendemain, notre groupe réparti dans 2 bus, se dirigea vers l'ensemble des pyramides de Gizeh, situé sur la bordure ouest du Caire, comprenant la pyramide de Chéops (ou de Kufu), celle de Mykérinos, celle de Khephren et le Sphinx.

 

La visite de l'Antique EGYPTE, commença enfin.

Descendus devant les monuments, nous sommes assaillis par les marchands, les changeurs de devises au noir, sous le regard indifférent de la "police touristique" (police, destinée, semble-t-il à régler les différents pouvant survenir entre touriste et marchand).

 

La guide nous avait Indiqué dans le bus que, si le change à l'hôtel est de 100 FF pour 11 livres égyptiennes (L.E.), par contre, au noir, nous devions exiger le change à 14 LE.

L'éventail et le choix des objets proposés aux touristes allaient des colliers en céramique bleue, en pierre dure (style cornaline), en graines, certaines ressemblent à de l'ambre, en passant par des jouets en forme de chameaux – cartes postales, feuilles de papyrus peintes imitant des peintures antiques têtes sculptées dans du calcaire, jusqu'aux cotonnades représentant des motifs antiques, mais aux couleurs criardes...

 

Le court temps qui nous est imparti nous permet seulement d'admirer le groupe de Gizeh, sans pouvoir le visiter de façon approfondie.

 

Nous nous dirigeons ensuite vers Saqqarah, le Complexe funéraire de Djéser et les ruines de la ville antique de Memphis, situés à 20 km au Sud du Caire.

Nous avons roulé dans la grande plaine fertile du Nil, couverte de champs, irrigués, coupée de grands canaux d'Irrigation Nord-Sud, rectilignes jusqu'à l'horizon et des haies de filaos, genre de conifères aux longues aiguilles fines, et parsemée de palmiers.

 

Sur ces plantations, on vit peu de tracteurs, mais encore beaucoup de paysans labourant à la houe tirée par un ou deux bœufs.

 

Pas de moissonneuses non plus, seulement quelques faucheuses. Le battage semble partout traditionnel : des bœufs traînent une masse en bois qui écrase la paille sur le sol et ensuite le mélange graine-paille est séparé en étant projeté dans le sillage du vent.

Quant au système de pompage de l'eau, il est rudimentaire, une roue métallique, plus aplatie qu'un camembert, disposée verticalement dans un trou rempli d'eau et comportant des aubes semblables aux cloisons des nautiles, est actionné par l'énergie des animaux. Souvent ces bêtes ont les yeux couverts.

Le pompage mécanique existe également. Il est répandu car l'essence ne coûte pas chère dans le pays : 1,50 FF le litre.

 

L'EGYPTE est un producteur, mais petit exportateur de pétrole (pétrole de la Mer Rouge et du Sinaï). Le faible coût de l'essence peut expliquer la prolifération des voitures dans ce pays. Par ordre d'Importance numérique, semblent arriver en tête : les 504 ; suivent les Mercedes et les voitures japonaises.          

 

La publicité est très présente dans les villes et sur les routes. Depuis SADATE le pays est retourné vers une certaine économie libérale. Beaucoup de publicités pour des produits américains : Coca-Cola, Pepsi, Seven-Up, Caterpillar, etc...

Il est à signaler un fait frappant, surtout dans les villes, c'est la présence de grandes affiches de cinéma, souvent peintes dans le style un peu naïf des affiches Indiennes.

 

D'après la guide, les Egyptiens sont grands amateurs de cinéma, malgré le prix élevé des entrées, relativement au niveau de vie. L'EGYPTE est même exportatrice de films. Le nombre de magnétoscopes par habitant, est le plus élevé du Moyen-Orient.

 

Les paysages champêtres de la campagne traversée donnaient souvent l'occasion de faire des photos pittoresques et pleines de charme : femme ou jeune enfant, en costume traditionnel, portant une cruche sur la tête, paysans au battage, bœufs actionnant une roue à aubes, cavalières montées sur leur âne, etc...

Les villages traversés, conservatoires du passé, pérennisent l'immuable. Seuls la mosquée et ses hauts-parleurs, les voitures et les inscriptions arabes, détonnent sur le fond de brique crue et de pauvreté biblique

 

Arrivés à Memphis, nous fûmes déçus, car 11 ne reste pratiquement aucun vestige de l'ancienne capitale, construite en brique crue. Elle a disparu progressivement, en raison de la construction d'Alexandrie dont le rayonnement éclipsa l'ancienne cité.

 

L'incurie de l'administration des Mamelouks favorisa, par leur mauvais entretien, la destruction des digues qui protégeaient la plaine, et Memphis des crues du Nil.

 

Un petit musée local a recueilli le plus grand sphinx d'albâtre monolithique d'EGYPTE et une statue encore plus colossale, en calcaire, de Ramsès II (entière elle mesurait 10 mètres de haut).

 

En repartant de Memphis, engloutie Sous les tonnes de terre charriées par les crues successives du Nil, nous avançâmes vers le désert. Au loin se détachait la pyramide rhomboïdale de Dahchour.

Arrivés à Saqqarah, nous découvrîmes le plus remarquable ensemble funéraire d'EGYPTE, restauré par un archéologue français J.P. LAUER. La pyramide à degré au centre, est très impressionnante par sa taille.

 

On entre dans l'enceinte de la nécropole, enceinte formée par un mur à bastions et à redans, par une belle rangée de 40 colonnes fasciculées. Dans l'enceinte, se déroulait la fête du jubilée, le Heb-Sed, sorte de justification nécessaire de la charge du Roi.

 

Cette nécropole avait été fondée par le roi légendaire Ménès, qui aurait réuni les couronnes de Haute et Basse EGYPTE en une seule, aidé de son vizir et architecte INNOTEP, Inventeur de la colonne en pierre. Le style très dépouillé des constructions donne un aspect très moderne à l'ensemble.

 

Nous pénétrâmes dans la mastaba - tombeau plat typique à l'EGYPTE - du souverain Mere-Rouka (5.000 ans avant J.C.).

 

Ce tombeau ne comporte pas moins de 50 salles, certaines étant sans ouvertures (portes, etc. ...), l'âme du défunt occupant les lieux étant supposée traverser les murs. Remarquablement restauré, il est le plus grand d'EGYPTE.

 

Nous ne pûmes visiter les souterrains complexes de la pyramide à degrés, à cause d'un risque actuel d'éboulement dans le couloir d'accès, mais nous visitâmes la pyramide d'Ounas dont la superstructure - une butte de terre couverte, d'après mes souvenirs, d'un parement de calcaire, a presque complètement disparu.

 

II n'y a pas beaucoup d'aération dans la salle du sarcophage, mais cela ne nous empêcha pas d'admirer les murs couverts d'inscriptions hiéroglyphiques sculptées et le toit en V de la salle du tombeau, constitué d'énormes blocs de calcaire.

 

Sorti de la pyramide, je pris encore une photo de l'ensemble de la nécropole et un Egyptien qui se trouvait là, feignant de tailler une pierre, me réclama un bakchich !

Après Saqqarah, nous nous rendîmes dans un restaurant ombragé et frais, en plein air, en bordure d'un canal d'irrigation, entouré de roseaux et d'arbres.

Nous mangeâmes plusieurs plats aux goûts européens, et des spécialités locales : fromages frais épicés...

 

A noter qu'en EGYPTE, le fromage ne semble pas se servir avant le dessert, seulement occasionnellement, quoiqu'il existe de nombreux fromages "Vache qui Rit" (sous licence), fromages de chameau, de chèvre, etc...

 

Comme dans ce voyage touristique les boissons étaient en sus, il fallait être très prudent avant de choisir, par exemple, du vin égyptien, très alcoolisé mais au demeurant très correct, qui coûte plus de 60 FF la bouteille de 75 cl au restaurant.

 

On peut toujours se rabattre sur les eaux minérales (toutes produites sous licence française) à 75 piastres la bouteille de 1,5 litre (l livre égyptienne : 100 piastres). Chez l'épicier elle vaut 50 piastres. Ou encore sur la bière à 2 à 5 L.E. la bouteille de 75 cl.

 

Au bord du canal, on pouvait contempler une scène pastorale sur la rive opposée : une famille, 2 femmes, plusieurs hommes, 2 petites filles vaquaient à leurs occupations sous un grand arbre couvrant de son ombre une cabane ressemblant à une étable, autour de laquelle un âne, une vache et une chèvre se reposaient. Cette scène évoquait à mon âme un tableau de peintres du 18ème siècle, tel que Claude Gelée le Lorrain en a peint ou encore la scène de nativité.

 

Surprise : les toilettes du restaurant étalent payantes ! Tout est bon pour alléger la bourse du touriste.

 

Nous repartîmes vers la grande pyramide de Chéops que nous visitâmes.

Je ne dirai pas grand chose de ce monument tellement connu, "visité mille fois", simplement que la "grande galerie", sorte de rampe d'accès conduisant à la "chambre du roi" est très longue et la hauteur de son plafond élevé.

 

Comme je l'avais entendu dire par d'autres visiteurs, j'ai pu constater qu'il fait lourd et chaud dans la pyramide, et cela se comprend si l'on sait que malgré l'intense circulation des visiteurs, l'aération est toujours assurée par 2 conduits de ventilation naturelle, traversant d'Est en Ouest la pyramide. Ces conduits, de section carrée, font une centaine de mètres de long et une trentaine de cm de large !

 

Il n'y a aucune inscription dans la pyramide, sauf le nom de Kufu (nom égyptien du roi, dont la déformation grecque est Kheops) peint sur des blocs situés dans 5 compartiments, séparés en empilement, au dessus de la chambre du roi. Compartiments prévus par les constructeurs pour servir de protection contre d'éventuels éboulements et non accessibles aux touristes.

 

J'ai appris du guide - et ce n'est un secret pour personne - que l'ordre Rose-Croix réserve à une certaine période de l'année la pyramide pour ses rituels d'initiation.

 

L'ordre Rose-Croix fait une large place dans ses enseignements à la contribution philosophique, scientifique, médicale (médecine "naturelle") de 1'EGYPTE antique.

 

Certaines sociétés d'enseignement traditionnel et initiatique affirment que la pyramide ne fut pas un tombeau, mais un temple initiatique. Elles avancent pour cela l'existence de proportions géométriques - preuves de connaissances mathématiques étendues, possédées par son (ses) architecte (s) - et d'un positionnement des axes de l'édifice par rapport aux étoiles (cf "Le Secret de la grande pyramide", Editions rosicruciennes, Villeneuve-St-Georges), se justifiant plus pour un usage solaire, symbolique et mystérieux, que pour un simple usage mortuaire, d'autant qu'on n'a trouvé aucune inscriptions usuelles concernant le mort et aucun couvercle de tombeau.

 

L'archéologue Jean-Pierre ADAMS, dans on livre "L'archéologie devant l'imposture" réfute tous ces arguments en démontrant que tous les tombeaux étalent construits suivant des règles précises égyptiennes et que les prétendus mystères sont explicables.

 

L'idée qui nous vint à l'esprit, est que la pyramide fut d'abord un tombeau et fut utilisée par la suite, depuis Thoutmosis IV (1425-1408 avant JC), comme la tradition initiatique l'indique, en tant que temple d'initiation, alors que la pyramide était depuis longtemps abandonnée et pillée, (il faut savoir que le pillage était parfois organisé par les pharaons suivant et prêtres eux-mêmes).

 

Une autre idée m'était, par ailleurs, venue concernant la première pyramide construite en EGYPTE, celle à degré de Saqqarah.

 

Une des raisons de sa construction fut peut-être le besoin de se prémunir contre le pillage, en construisant une première mastaba (tombeau plat) fictive, sous laquelle est enterrée très profondément la chambre funéraire , puis une autre plus réduite au-dessus (2ème degré de la pyramide) ...et c'est ainsi que, peut-être, l’idée de la pyramide dû naître. Mais tout ceci n'est qu'élucubration, difficilement prouvable scientifiquement.

 

Le soir, nous visitâmes un magasin de reproductions de papyrus anciens. Une jeune femme du magasin, parlant français, nous a montré la technique artisanale encore employée pour la fabrication du papier. Sur les 5 faces de la tige triangulaire du papyrus, sont découpées trois longues lamelles, écrasées ensuite au marteau, et "dégorgées" de leur sève, en étant trempées dans l'eau, cette opération est renouvelée pendant une dizaine de jours. Ensuite, les tiges sont entrecroisées afin de former la feuille qui sera pressée et séchée.

 

Cette jeune Egyptienne, qui parlait si bien le français, portait un voile blanc, très esthétique, qui lui couvrait le cou et la tête. Je demandai à notre guide si c'était une signe d'intégrisme, mais il semblerait que ce ne soit que l'expression de la recherche d'une pureté spirituelle. Cette jeune fille, dont la beauté et l'intelligence énigmatique m'intriguent, avait appris le français au Caire, sans aucun séjour linguistique en FRANCE.

 

Le groupe, à qui l'on avait servi gracieusement du thé et des sodas, s'est précipité pour acheter ces papyrus, malgré leurs prix élevés.

 

Le soir, nous prîmes le train-couchette en partance de la gare surpeuplée du Caire. Hommes et chèvres n'hésitent pas à traverser les voies entre deux quais...

Le train moderne, de construction allemande, datant de 76 ou 78, est parti à l'heure, mais a pris 4 h de retard au cours du trajet.

 

Au départ du Caire, la voie longeait un quartier de bidonville (et de miséreux), un des plus laids rencontrés au cours des mes voyages. Des personnes du groupe se demandaient comment pouvait-on vivre dans de tels logements, entourés de ferraille et de dépôts d'ordures ? Certains prirent même des photos.

 

Par contraste, le train était d'une propreté étonnante (le gérant étant la Compagnie des wagons-lits). Le dîner, en barquette, était correct.

Tout le long du Nil , à la sortie du Caire, sont construits des fours à briques artisanaux, avec leurs grandes cheminées d'usine XIXe siècle.

 

Le lendemain, au lever du jour, les paysages qui se découvraient à nos yeux, étaient ceux du Nil sur la droite, avec quelques felouques (1) ou longues péniches à moteur, et à gauche les éternelles scènes de paysans travaillant sans machine.

 

Nous aperçûmes, avant d'arriver à Assouan, une petite ville dont l'étrange caractéristique était la forme des toits en dômes, ou tétons, en brique crue. Cette forme d'architecture se rencontre aussi à El Oued, en Algérie, une ville de la région du Souf, au Sahara.

 

Certaines maisons étaient décorées de fresques naïves, peintes, représentant soit un moyen de transport - avion, bateau, chameau - soit un lieu saint de la Mecque - Kouba - Grande Mosquée -. Cette fresque, ancêtre de la bande dessinée, est en fait le compte-rendu du voyage d'un pèlerin à la Mecque.

 

Débarqués à la gare d'Assouan sous un soleil aveuglant et par une chaleur torride, nous fûmes conduits au Kalabsha, froid hôtel, de style socialiste, mais ne fonctionnant pas pour autant de manière trop "socialiste"... L'eau chaude et froide,  la climatisation (bruyante) et même les ascenseurs (qui nécessitent un liftier car ne s'arrêtant pas en face d'une porte), fonctionnent...

 

Au repas, nous découvrîmes une délicieuse boisson au goût de grenadine : Infusion rouge, préparée à partir de gousses d'églantier carcadet.

 

L'après-midi débuta par une promenade en felouque. Notre embarquement s'effectua sur le quai de l'hôtel voisin, le "Cataract Hotel". Cet hôtel, véritable palais du siècle dernier, témoignage d'un mode de vie révolu, s'harmonise, par ses couleurs chaudes et sombres, merveilleusement avec son jardin aux essences exotiques, et le paysage chaotique environnant.

 

Les 5 felouques[1] ayant pris notre groupe firent la course, profitant des courants sur Nil et des variations de la brise à la plus grande joie des passagers. J'eus le temps d'apercevoir un ibis, le seul que j'aie vue sur le Nil, ou du moins je le crus car les ibis de l’antiquité ont disparu du pays.         

Nous accostâmes en dessous du mausolée de l'Agha Khan, vaste tombeau au forme de mosquée, de style fatimide.

 

En montant vers le monument, nous fûmes encore assaillis par de nombreux marchands de babioles et souvenirs divers. Sur les marches surchauffées par le soleil, déchaussés selon la coutume avant d'entrer dans le monument, nous exécutâmes une danse sautillante, qui aurait put faire fureur un samedi soir ... Ce qui caractérise l'édifice, c'est son austérité, excepté le tombeau lui-même, en marbre de Carrare, ciselé d'arabesques délicates et subtiles.

 

Une rose était déposée sur le tombeau. Nous apprîmes de la guide l'histoire de cette rose.

Il y a de nombreuses années, l'Agha Khan - Chef spirituel de la secte musulmane des Ismaéliens, homme immensément riche, à qui l'on verse (ou versait) son poids d'or chaque année – tomba amoureux d'une jeune française.  Ancienne couturière, devenue

 

Miss France et mannequin. Intelligente, .elle sut plaire de façon durable à ce prince. Il l'épousa et elle se convertit à l'Islam.

 

À la mort de son mari, la Bégum (nom de la femme de l'Agha Khan), avec l'Immense fortune qu'elle possède, fit construire ce grand mausolée dont l'édification en pierre de taille dura 2 ans. Cela pour accomplir le souhait de son mari de rester dans cet endroit qu'il avait le plus aimé, proche de sa villa d'Assouan, dans ce site lunaire, coupé par les cataractes aux eaux bleues du Nil.

 

Selon une autre source, il serait enterré dans un cimetière, tel un pauvre, suivant la coutume musulmane.

 

Toujours en vie, la Bégum fait mettre chaque jour cette rose.

 

Ensuite, eut lieu une visite rapide du parc botanique Lord KISHNER. La guide d'Assouan - une Copte, à la peau très foncée, professorale, mais néanmoins convaincante - nous expliqua toutes les différences entre les variétés de palmiers (25 espèces dans le Parc) et nous fit une présentation morphologique de certains arbres (kapokier, cacao, eucalyptus...).

Dans ceux qui bordaient le Nil, nichait une importante colonie de hérons pics-bœufs que nous eûmes le privilège de photographier de près.

 

Après la visite, un certain nombre d'entre nous, choisîmes la proposition de notre pilote de felouque d'aller voir un village nubien plutôt que de retourner à l'hôtel.

 

Ce que nous vîmes, fut un ensemble de maisons assez pauvres, recouvertes de chaux (certaines comportant des fresques racontant le voyage à la Mecque), puis une école dont une peinture murale, propagande à la gloire de l'armée m'avait frappé, et un bâtiment bariolé de peintures criardes, vertes, jaunes et rouges, qui s'est révélé être une mosquée !

 

Nous découvrîmes aussi, une rue avec une fresque étrange, représentant une sorte d'ange ailé, à moitié centaure, inspiré peut-être de la cosmogonie islamique iranienne.

 

Un petit garçon qui nous accompagnait nous fit voir sa maison. Nous pénétrâmes à l'intérieur. Nous aperçûmes une grande cour carrée, fermée, en terre battue, servant de basse-cour, de dépôts de détritus et d'incinérateur en son centre, et traversée de fils pour étendre le linge et les voiles noirs, lavés, des femmes.

 

La chambre des parents était occupée par un grand lit à baldaquin en fer noir et cuivre jaune. Au plafond voûté, était suspendu un système de rangement constitué par des bassines, maintenues par des courroies.

Après avoir eu droit à un verre de thé, nous retournâmes vers la felouque qui nous attendait.

Nous assistâmes à un combat entre un bélier et son propriétaire qui nous fit bien rire : l'animal, d'après le guide, ne voulait pas être emmené pouf être mangé à la fête de l'Aïd-el-Kebir qui devait avoir lieu dans deux jours…

 

Voguant lentement vers l'hôtel avec le groupe, je discutai avec le guide et le pilote, un Nubien à peau très sombre, qui se révéla être intelligent et assez cultivé. Il connaissait assez bien l'Anglais et le Français et même l'Italien. Sa culture sur les pays développés devait s'être développée au contact des touristes.

 

Il était très curieux et me posa des questions sur des tournures de notre langue afin d'améliorer son Français, sur le prix de notre voyage au départ de FRANCE et sur le niveau du SMIC là-bas ...

 

J'appris que son bateau, en sycomore, tout rafistolé, dont les mâts brisés et réparés à l'endroit de la brisure, en étant entourés par des bandelettes de cuir clouées, appartenait à un autre propriétaire, lequel le lui louait forfaitairement à la journée environ 100 FF. Ses gains étaient très aléatoires suivant la saison.

 

Le vent du soir étant tombé, la felouque ne faisait plus que du sur place. Le guide nous proposa de descendre à un endroit situé à 20 ou 30 minutes de l'hôtel, ceci pour deux raisons : l'une pour nous faire gagner du temps, l'autre étant qu'il est interdit à ce genre d'embarcation de circuler sur le fleuve après la nuit tombée.

 

Notre groupe refusa alors de payer les 20 FF convenus pour le tour.

 

Le batelier proposa alors - semble-t-il, par bonne foi - de demander à un bateau à moteur de nous conduire à l'hôtel, ce qu'il fit.

 

Cet esclandre, où l'on accusait le batelier de vouloir nous gruger, me mit mal à l'aise. Etant étranger au pays, il me semblait inconvenant d'accuser un Egyptien d'un délit, somme toute, peut-être imaginaire. Il faut toujours éviter ce qui peut ressembler à du racisme, surtout connaissant la susceptibilité des musulmans. Par ailleurs, il est assez gênant d'avoir un comportement mesquin dans un pays pauvre.

 

Le soir, à la tombée de la nuit, quelques uns d'entre nous convîmes de visiter le Souk d'Assouan.

J'avais décidé de tout photographier en lumière naturelle, avec un pied. Je me débrouillai tant bien que mal avec les commerçants pour obtenir d'eux l'autorisation de prendre leur échoppe.

 

Comme à la Samaritaine à Paris, à Assouan, ville perdue au Sud de 1'EGYPTE, on trouve de tout, même des orgues électroniques, des pistolets d'alarme, des magnétoscopes, des machines domestiques de toutes sortes, des photo-copieuses libre-service (!), une crosse déclencheur d'appareil photo... Mais ce n'était pas le thème de mes prises de vue.

 

Dans les magasins de souvenirs, on trouvait des pierres fines mais je n'ai pas su, en particulier, si les alexandrites taillées étaient authentiques...

 

Je fis des photos pittoresques de rues la nuit, d'une patrouille de police en jeep soviétique, de magasins aux dimensions de ceux du marché aux Puces. Un tenancier d'une herboristerie m'a demandé expressément de le photographier.

 

Chez un marchand de papyrus pour touristes, j'assistai à une scène pénible. Après que j'eusses pris la photo, le petit frère du marchand me demanda un bakchich. Le grand frère , qui m'avait invité avec une amabilité excessive à prendre en photo, sa boutique, voyant cela se mit en colère et à bourrer littéralement des côtes de son petit frère.

 

Le lendemain, attendant dans un magasin un hypothétique déclencheur qui ne vint jamais, j'observais les marques franches, viriles, mais brutales, d'amitiés entre le fils du commerçant et son copain. Les témoignages d'affection comme se tenir par les épaules, ne sont pas exempts de coups de poing dans les côtes à la grande joie de tout le monde...

 

J'avais eu un autre exemple d'agressivité dans le village nubien. Un garçon, d'un petit groupe de 2 ou 3 enfants de 14-15 ans, avait ramassé une pierre d'au moins 10 à 15 kg et l'avait jeté en direction d'un chien (style "dingo" jaune) qui, heureusement ne dormait que d'un oeil et avait eu le temps de fuir de justesse. Il avait bondi en menaçant les enfants de ses crocs et cela les faisait rire.

 

Dans un pays bouddhiste[2], jamais on n'aurait assisté à pareil spectacle car ils ont le respect des vies animales. Il est triste de constater qu'au contraire, dans les pays musulmans, on fait peu cas de la vie des animaux, surtout des chiens[3].

 

Nous partîmes vers l'obélisque inachevé, gigantesque monument à la patience des bâtisseurs antiques.

 

Avant d'y arriver, nous passâmes à côté de tombeaux de marabouts (ou bien de chapelles coptes désaffectées), certains très anciens et n'ayant pas, hélas, résisté aux ravages du temps.

Ici, les habitante, soit par manque d'argent, soit par manque d'intérêt pour leurs monuments, ne se sont guère préoccupés d'entretenir les témoignages du passé.

 

Au pied de l'obélisque, nous nous prîmes collectivement en photo, histoire de nous donner une échelle du monument.

Ce dernier, semble avoir été inachevé pour des raisons techniques : défaut ou fissure étant apparu dans la masse du granit.

 

Après, nous avons été contempler et traverser le "Bas-Barrage" d'Assouan, construit par les Anglais en 1902 et surélevé plusieurs fois par la suite.

Il est très esthétique, tout en bloc de pierres calcaires taillées. C'est le seul d deux barrages, dont la production électrique se soit maintenue au niveau normal prévu. Actuellement, une société franco-allemande est entrain, par la construction d'un tunnel dans le rocher sur le bord ouest, d'adjoindre une ou plusieurs turbines supplémentaires.

 

Le second barrage d'Assouan, le Haut-Barrage, prochain lieu de visite, fut construit par les Soviétiques entre 1962 et 1964.

 

C'est un ouvrage impressionnant par ses milliards de tonnes de blocs granitiques, posés les uns sur les autres, et renouant avec la tradition du gigantisme de l'EGYPTE antique.

 

A sa base, l'ouvrage fait 900 mètres de large. A l'une de ses extrémité, un grand monument représente, par ses trois colonnes élancées dans le ciel, une fleur de lotus éclose. Il symbolise l'amitié indéfectible soviéto-égyptienne qui dura jusqu'au départ de tous les conseiller soviétiques en 1972, sous la présidence de SADATE... (il semblerait qu'actuellement, des démarches soient entreprises par le président MOUBARACK pour rétablir les relations entre les deux pays).

 

Nous apprîmes que le barrage, ayant permis d'irriguer environ 500.000 hectares de terre, est utilisé en dessous de ses capacités normales de production électrique. Les Soviétiques ayant refusé de remplacer les turbines défectueuses, 2 sur 10 (?), sont en état de fonctionnement et le barrage se dégrade. Un projet américain étudie la possibilité de remplacer les turbines soviétiques par des turbines américaines.

 

La guide nous indique que l'électricité n'est pas chère en EGYPTE, environ 10 centimes français / Kw. Pratiquement tous les Egyptiens auraient l'eau courante et l'électricité.

(Note particulière du guide : les Egyptiens – fanatiques du football - préfèrent acheter un téléviseur en premier équipement domestique électrique, plutôt qu'un réfrigérateur !).

 

Actuellement, il y aurait une télévision pour 5 maisons, ce qui est possible, vu le nombre d'antennes vues dans les villages traversés.

 

Il existe 2 chaînes de télévision qui diffusent parfois, pour un court moment, des programmes en Anglais et Français, ce que j'ai pu constater à l'hôtel.

 

Pour revenir au barrage, depuis sa mise en eau, de nombreuses espèces de poissons ont été introduites, permettant une exploitation industrielle de la pêche. Le poisson coûte en moyenne

2 L.E. le kilo. Par comparaison, la viande coûte 5 livres et le poisson de mer 5 livres (si l'on en trouve...). Pour se faire une idée de ce que cela peut représenter pour un Egyptien, nous indiquerons que le SMIC est ici de 1.500 FF environ, et le salaire d'un ingénieur de 5.000 FF (ce qui expliquerait, toujours d'après la guide, le fuite des cerveaux à l'étranger).

 

Après ces visites, un petit voyage en bateau nous conduisit à l'île de Philae, située entre les 2 barrages.

 

Ce magnifique temple, d'époque ptolémaïque - période de domination de 1'EGYPTE par la famille PTOLEME, souverains d'origine grecque, avant le domination romaine - a fait l'objet d'un sauvetage exemplaire par l'ITALIE, avec l'aide financière de 1'UNESCO.

 

Le site, chaos de gros rochers granitiques ronds, archipels d'îles, est exceptionnel. Le temple est un des plus gracieux que l'on puisse voir en EGYPTE (le style égyptien étant en général colossal).

 

Notre guide copte, qui, en 2 jours confirmait sa qualité d'enseignante, nous donna beaucoup de renseignements, mais dont je n'ai pu tous me souvenir. Elle nous montra une grosse pierre encastrée dans un pylône du temple, contrairement aux habitudes d'égalisation de terrain des constructions égyptiennes. Cette bizarrerie avait en fait une raison. D'après une légende égyptienne, l'une des larmes de la déesse de la fertilité - Isis -, se serait solidifiée ici, cette solidification aurait donné ce gros rocher.

 

Le temple, depuis l'origine,  était consacré à la déesse Isis. Puis un amalgame étrange - favorisé par l'ignorance du peuple et la force des traditions - exista entre le 2ème et le 4ème siècle entre Isis et Marie, mère de Jésus, jusqu'à ce que l'Eglise, au nom de St Athanase (295 - 575), qui luttait pour la reconnaissance de la divinité de la Vierge, par l'Eglise, fasse disparaître toute trace du culte d'Isis.

 

Le lendemain, nous sommes repartis de bonne heure visiter successivement les sites de Kom Ombo et Edfou.

 

Qu'il était agréable de quitter Assouan où pendant 5 jours nous avions vécu dans une atmosphère de four du Sud, au mois de juin, et où tout effort et sommeil étaient pénibles.

 

Comme Yannick, un collègue de bureau, globe-trotter sympathique, ayant visité presque tous les pays et ne redoutant pas les climats tropicaux, ne voulait pas mettre la climatisation dans notre chambre commune, la transpiration mouillait littéralement nos draps. La climatisation du bus semblait un véritable paradis à côté de l'atmosphère étouffante de la chambre.

 

Après 100 km, nous arrivâmes vers 8 h du matin au temple de Kom Ombo, ayant plus subi les outrages du temps que celui de Philae. Malgré tout, on peut encore y deviner la succession de salles : salles hypostyle, Pronaos, Naos, Sanctuaire, participant au schéma classique des temples égyptiens.

 

Les seuls souvenirs que mon esprit ait conservés, sont le Nilomètre, et une fresque représentant les instruments chirurgicaux de l'époque : forceps, scie, pince, balance, aiguilles, cuvettes et une scène d'accouchement. Ce que nous appris la guide concernant la médecine égyptienne, c'est son caractère immuable, très imprégné de pensée magique. L'existence de forceps m'étonna.

L'accouchement sur une chaise percée, visible sur la fresque, est encore pratiqué dans le sud de l’EGYPTE.

 

Le Nilomètre, quant à lui, est un vaste puits dans lequel on descend par un escalier en colimaçon. Cet édifice avait pour rôle de mesurer les crues du Nil et donc de permettre aux prêtres de calculer les Impôts (ou dîmes) que devaient payer les paysans au Temple.

 

Le soleil du petit matin emplissait le temple d’ombres allongées, mystérieuses, et l’auréolait d’une lumière rosée.

 

Après cette visite, sur la route, nous croisâmes un camion chargé de chameaux qui semblaient poser fièrement pour la photo que je pris dans leur direction.

 

Arrivés au temple d'Edfou, en consultant nos guides Bleu, Hachette, Nagel   , Jeune Afrique, etc. ... nous apprîmes que celui-ci, par la conservation parfaite de ses toitures et colonnes, était le plus complet d'EGYPTE.

 

Mais, comme partout ailleurs, la plupart de ses stèles avaient été martelées par le zèle iconoclaste des chrétiens d'EGYPTE, lorsque leur religion réussit à s'imposer au IVe siècle.

 

Ainsi voit-on souvent, au cours de l'histoire, les persécutés se transformer à leur tour en persécuteurs, au moment où ils deviennent majoritaires.

 

L'intérieur du temple d'Edfou est très sombre, surtout le fond, - le sanctuaire - encore appelé le "saint des saints", et les gardiens par un jeu habile de miroirs amènent la lumière éclatante de l'extérieur vers les salles où deux ou trois objets : statue d'Horus, bateau en bois, niche à statue, sont exposés.

 

L'après-midi, après être descendus à l'hôtel Isis, nous eûmes quartier libre à Louxor.

 

Nous nous promenâmes dans la ville. Comme nous avions déjà épuisé notre argent de poche, la ténacité des marchands rencontrés le soir, n'eut pas raison de nos refus d'acheter. Les changeurs allèrent jusqu'à nous proposer 17 L.E. pour 100 FF !

 

Nous pûmes, à son ouverture vers 16 h, visiter le musée archéologique de la ville : un grand bâtiment rectangulaire moderne, en brique sans fenêtre, dans un jardin bien entretenu. Celui-ci est conçu dans le style actuel des musées : semi-obscurité, pièces exposées choisies parmi les plus belles, éclairage mettant en valeur les détails ou objets dignes d'intérêt. L'effet obtenu est une réussite.

 

Mon attention avait surtout été retenue par une tête colossale d'Aménophis IV où la sculpture des traits donne au visage un aspect étonnement expressif. Une statue de Thoutmosis III enfant a le visage illuminé par un sourire, un des plus parfaits que l'on puisse voir dans les oeuvres égyptiennes.

Devant une tête d'Akhenaton, au visage maigre et mystique, j'ai rendu hommage à ce souverain, premier fondateur du monothéisme.

 

Ensuite, je visitai deux églises coptes qui, comme celle visitée le soir dans le souk d'Assouan, sont décorées de peintures récentes de style réaliste et naïf, représentant des scène bibliques.

 

Aucune de ces églises ne semble receler d’œuvres très anciennes (sauf une, visitée plus tard, possédait une icône de la vierge placée à côté de l'iconostase, partie fermée des églises orthodoxes). Peut-être ont-elles été détruites ou pillées dans les siècles passés.

 

J'aurais bien aimé connaître cette communauté copte qui s'est maintenue, surtout dans le Sud de 1'EGYPTE, et qui a bénéficié, malgré quelques périodes de persécution, d'une relative tolérance de l'Islam. Nos deux guides d'Assouan et Louxor étaient coptes.

 

D’après des personnes les connaissant, ce sont des gens très accueillants.

 

Des dizaines de calèches sillonnent la ville, certaines recouvertes de cuivre jaune clinquant. Tout comme les pilotes de felouque, les cochets ne sont pas propriétaires de leur véhicule.

 

Nous fîmes connaissance d'une nouvelle guide, habillée de façon voyante et nous sifflant comme un homme pour nous appeler, amusante et gentille.

 

Avec elle, nous visitâmes successivement les temples de Karnak et Louxor.

 

Celui de Karnak m'a vraiment impressionné par sa salle hypostyle, forêt de 154 colonnes, dont certaines s'élèvent jusqu'à 20 mètres de haut et mesurent à la base 5 mètres de diamètre.

Par sa superficie, Karnak est le plus grand temple du monde. C'était le pôle spirituel le plus Important du pays. Au 4ème siècle, le temple servit de monastère chrétien.

 

Au début de la visite, nous eûmes l'amusement de nous voir accompagnés par une chèvre qui avait apprécié nos gâteries.

 

Ce fut notre symbole de Karnak. Une allée aux mille "Sphinx", à tête de bélier, nous conduisit au temple. Cette allée reliait auparavant Karnak au temple de Louxor.

 

Un gardien me permit de monter sur les monuments pour faire des photos, et m'affirmant ensuite l'interdiction de cet acte et le risque encouru par lui, en profita pour me demander un bakchich (!).

 

La guide nous décrivit surtout les différences de style entre les corps successifs de bâtiments, nous montrant le réalisme plus affiné et gracieux des sculptures ptolémaïques par rapport aux précédentes. Des sculptures en creux de cette époque, à la place de sculptures en plein, évitèrent l'usurpation par les successeurs des monuments construits avant eux.

La guide nous expliqua la fonction du lac sacré, un grand lac artificiel, construit pour les festivités d'Amon-Râ, le Dieu soleil. Il servait souvent pour des cérémonies nocturnes concernant le voyage du défunt dans l'au-delà.

 

Après Karnak, nous finîmes la journée par la visite du temple de Louxor. Celui-ci avait aussi son rôle à jouer dans le rite de Karnak, et de grandes processions pouvaient aller d'un temple à l'autre, par l'allée décrite plus haut.

 

Quelque chose choque au premier abord : c'est la présence d'une mosquée au milieu du temple. L'UNESCO et la population n'ont pu, depuis des années, réussir à se mettre d'accord pour le déplacement de cette mosquée du IIe siècle après J.C.

 

Le lendemain, nous nous sommes levés trop tôt, en raison du décalage horaire, dû à la fête du Ramadan qui commençait.

 

Après le petit déjeuner, un bateau nous conduisit à la rive opposée du Nil. Nous trouvâmes évidemment les marchands, véritable "sangsues" avides de nos derniers sous...

 

Aucun site ne m'a plus frappé (à part la ville de San Francisco, les parcs nationaux américains, Anduze et St Guilhem-le-Désert dans les Cévennes) que ceux du temple de Deir El-Bahari et la vallée des rois égyptiens.

 

Le temple de la reine Hatchepsout, aux lignes linéaires et très modernes, contraste avec la falaise verticale à laquelle il est adossé. Cette souveraine et Cléopâtre, furent les 2 seules grandes reines d'EGYPTE.

Hatchepsout usurpa pendant 20 ans le pouvoir à son neveu qui se vengea à la mort de sa tante, en martelant toutes ses cartouches sur ses monuments. Une seule cartouche subsiste dans le temple de Deir El Bahri.

 

La vallée des Rois ressemble à un sentier magique, montant vers une haute montagne.

Dans cette Vallée, il était possible de photographier dans les tombeaux en bakchichant.

 

Après la visite de ces sites, nous virent un atelier de confection de pots en calcite. Les pots, réalisés avec un outillage très rudimentaire - marteaux, burins (pour l'ébauche), chignole à main avec "cuillères" adaptables, de différentes dimensions (pour le perçage de la cavité intérieure du pot), papiers de verre (pour le polissage), sont ravissants. Certains pourraient être utilisés comme pieds de lampe.

 

A la fin du séjour à Louxor, je relevais quelques prix dans la rue :  1 piastre (environ 10 centimes français) pour le pain, 1,50 FF pour la bouteille de Coca-Cola petit modèle (à l'hôtel, elle était à 10 FF environ).

 

Le soir, nous embarquâmes dans le train-couchette en direction du Caire.

Dans le wagon-bar restaurant les membres du groupe dansèrent. A ce moment, un serveur se joignit à eux. Il exécuta une danse du ventre, avec un sens inné du rythme. Sa plus grande prouesse, fut de danser pendant de longues périodes avec un objet - bouteille, verre plein d'un liquide - en équilibre sur sa tête, au son du disco occidental. L'atmosphère était "délirante" et tout le monde applaudissait ou claquait des mains au rythme de la musique.

 

Inutile de dire que les boissons coulaient à flot, encouragées par les serveurs et le danseur, qui poussaient à la consommation !

 

Seul un serveur ne participait pas à sa réjouissance et semblait réprouver ce spectacle. Sans doute était-il musulman et était affligé par ces libations en période de Ramadan qui prône jeune et abstinence pour ses fidèles...

 

Le lendemain, à la descente du train, nous fûmes directement conduits au Musée égyptien du Caire, vieux musée vétusté du début du siècle, possédant des trésors fabuleux, dont celui de Toutânkhamon.

 

Les pièces exposées sont très belles, mais mal présentées.

Beaucoup de momies, de sarcophages même des meubles, des papyrus, des fresques, des statues, des chars d'apparat, des bijoux sont présentés. Le guide Bleu décrit en détail tous ces trésors.

 

L"après midi se termina par la visite du Caire. Nous vîmes le "bidonville des chiffonniers"où une nouvelle Thérèse de Calcutta - sœur Emmanuelle - s'évertue de sortir de la pauvreté ses habitants, le quartier copte, très oriental avec ses jardins clos de hauts murs, la plus vieille église copte d'EGYPTE, en partie en bois, en mauvais état, construite au-dessus d'une grotte où se serait réfugiée la Sainte-Famille, la Citadelle, vieille forteresse turque sur la-quelle est construite la mosquée d'Albâtre, un joyaux de l'Egypte, datant du règne du Calife Méhémet Ali.

 

Deux cadeaux furent remis par le roi Louis-Philippe à Méhémet Ali et furent placés dans le monument : une pendule qui n'a jamais marché et un lustre d'une dimension lui permettant d'occuper toute la coupole centrale de L'Edifice.

 

Enfin, nous fîmes du lèche-vitrine dans le bazar (souk) de Khan El Khalili.

 

J'y trouvai une alexandrite (fausse) de 4 grammes pour 12 L.E. Le soir, nous couchâmes à l'Hôtel Holiday Inn.

 

Le lendemain fut jour du retour qui s'effectua en avion sans incident.

 

Les souvenirs que je garde de l'EGYPTE sont sa beauté, le fort contraste désert, Vallée du Nil, qui modèle toute la physionomie du paysage, le côté attachant et très accueillant de ses habitants.

 

Nous pouvons penser que le retard économique (sous-développement) a du mal à être vaincu, sans doute en raison du problème démographique et de l'inertie des mentalités, malgré les qualités d'intelligence de son peuple.

 

L'influence du côté dogmatique et fanatique de l'Islam et du réveil de son courant "intégriste" contribua aussi à ce retard.

 

Mais des potentialités existent, le changement démocratique noté plus haut, une croissance industrielle et une classe intellectuelle importante (?) qui font put-être espérer dans l'avenir du pays.

 

 


Annexe : Au sujet de la violence et de l’intolérance intrinsèque à la religion musulmane

 

(Dans ses versets …).

L’exemple de la vie guerrière et intolérante de Mahomet, aussi que les nombreuses exhortations à la violence et les nombreuses menaces de punitions du Coran, ont eu et ont toujours une influence profonde sur les cœurs musulmans.

 

Voici quelques exemples de cette intolérance, dans les versets du Coran, contre ceux qui ne croient pas à sa doctrine, c’est à dire les « infidèles » et « associateurs » _ intolérance, elle même inspirée par l’intolérance juive de l’ancien testament (Bible hébraïque) :

 

1.     Appels à la Guerre Sainte                                                                   : 4.71-84.

2.     Invitations à faire mourir les infidèles                                            : 4.91, 33.61

3.     Incitation à couper les mains aux voleurs                                     : 5.42.

4.     A considérer les femmes comme inférieures à l’homme       : 2.228, 4.34.

5.     Incitation à ne pas prendre pour ami des non-musulmans : 3.118-120, 5.51, 9.23, 9.113, 11.113, 58.22, 60.1, 60.13.

6.     Déclaration disant que les mécréants iront en enfer               : 2.39, 2.161-162, 6.12, 8.13-14, 98.6.

 

Dans le Coran, les non-musulmans sont traités d'hypocrites (33 fois), de répugnants et de najassèt (saletés, salissures, ou impuretés (1 fois)) (9.28), de pervers (55 fois), perdants (41 fois), menteurs (81 fois), criminels (50 fois), injustes (205 fois), réprouvés ou damnés, égarés (46 fois), faibles d’esprit (1 fois. 2.13), bétail (1 fois. 2.171), pires (des) bêtes (2 fois. 8.22, 8.55), bestiaux (22 fois), singes (3 fois), porcs (1 fois), aveugles (34 fois) et sourds (17 fois), encourant la colère de Dieu (1 fois. 1.7) ...... Par exemple, ces versets accusent les non-musulmans (mécréants) d’être :

 

- d’hypocrites (3.167, 4.61, 4.88, 4.138,

- des « faibles d’esprit » (2:13),

- du « bétail » (2:171),

- des « pervers » (5:47, 5:59, 5:81, 6:49, 7:102, 9:8, 9:84, 24:55, 59:19…),

- de l' « impureté » (9:28),

- des « injustes » (5 :45, 32 :22, 29:68, 39:32, 6:21, 24:50, 29:49, 2:140…),

- des « menteurs » (6:28, 25:4),

- « les pires bêtes » (8:22, 8:55),

- « les pires de la création » (98:6),

- des « singes abjects » (2:60)

- des « porcs et des singes » (5:60) … etc. etc.

 

Bien des versets appellent à la haine des mécréants _ Coran 8:55, 48:29, 9:30, 8:12, 9:123, 5:33, 95:5-6, 98:6, 2:171, 3:110, 3:10, 58:22, 4:144, 5:51, 4:101, 66:9, 9:73, 8:39, 25:52 (, 2.105) _, à ne pas prendre les mécréants pour amis et alliés et à couper tout lien avec la famille, si elle ne veut pas se convertir à l’islam _ Coran 3.118-120, 5.51, 9.23, 9.113, 11.113, 29.8, 31.15, 58.22, 60.1, 60.13-15.

 

Mais, pour être honnête, il faut aussi signaler qu’il existe aussi des versets prônant le dévouement aux autres (mais petite précision, … uniquement envers les musulmans mais pas envers les non-musulmans) : II-172-186-211-217-257, III-194, IV-9-60, V-3-11 …



[1] Style d'embarcation à voile latine.

[2] Bien que j’ai pu constater une certaine dureté des adultes, pour les animaux de bas dans l’Himalaya tibétain.

[3] Cet aspect de la mentalité musulmane ne m’étonnait pas outre mesure, pour avoir eu l’occasion de voir aussi en Algérie, une certaine agressivité, voire cruauté latente entre les gens et les animaux.