COMPTE – RENDU DU 2ème VOYAGE EN COTE D'IVOIRE

Du 29-3-80 au 11-4-80

 

Ce voyage avait pour but de rejoindre mes amis installés momentanément en Côte d'Ivoire et, en profitant de ce voyage, de visiter le pays.

 

Le départ de l'aéroport de Roissy était fixé à Minuit. J’avais effectué la vérification de tous mes papiers et de tous mes bagages avant de quitter mon domicile.

 

J’ai la mauvaise surprise de m’apercevoir de l'oubli de mon billet d'avion.

 

Je décidais, en escomptant sur un trajet aller-retour de 2h, d'héler un taxi pour aller chercher chez moi, cette pièce indispensable pour mon voyage.

 

Le chauffeur, en allant de Roissy à Orsay puis en retournant à Roissy, a tenu son engagement d'effectuer ce trajet de 120 km en une heure et demie. Au retour, avant de descendre de la voiture, il me fit comprendre que les contrôles radars étaient fréquents sur le périphérique de Paris et la police assez sévère avec les excès de vitesse des chauffeurs de taxi.

 

Au cours du trajet, j'ai appris qu'une licence de taxi coûte 80.000 F. Sans compter les multiples accrochages normaux, il faut parfois prévoir l'accident grave comme celui du 24 décembre 78 qui lui avait coûté

 

10.000 F. Son salaire oscillait entre 3 000 F et 5 000 F. Sa femme et lui n'avaient d'enfants, car leur budget familial n'était pas encore suffisant pour les élever. II travaille depuis 15 ans et a acheté sa licence depuis un an et demi. L'aller-retour a coûté 400 F.

 

En me dirigeant vers le satellite d'embarquement, j'aidais des Ivoiriens en leur prenant un excès de bagage a main non autorisé, II est d'ailleurs courant que des Ivoiriens, revenant dans leur pays, s'encombrent de tous les produits divers qu'ils ont pu découvrir en France.

 

L'avion D.C. 10 d'Air Afrique, était à moitié rempli. Le service était convenable mais le film projeté vers une heure du matin – comme souvent sur ces vols longues distance _ ne nécessitait pas la location des écouteurs (l5 F).

 

A l’Aéroport Houphouet Boigny _ très bel aéroport pour un pays en voie de développement _ , les douaniers Ivoiriens refusèrent ma fiche de déclaration en douane dont un volet était détaché -, Je rempli donc une nouvelle déclaration sans prendre cette fois ci l'initiative de détacher un volet.

 

Les douaniers, ne s'intéressant qu'aux valises et provisions des Ivoiriens, ne me fouillèrent pas. Dans la queue beaucoup de visages blancs étaient discernables - la grande majorité était des Français vivant dans le pays.

 

Quelques militaires français galonnés en tenue militaire ivoirienne vert-sombre se détachaient de la foule. Finalement, mes amis sont venus m’accueillir après les douanes.

 

A la sortie de l'aéroport des chauffeurs de taxis autochtones se sont précipités vers nous pour essayer d'arracher de nos mains mos valises afin de les porter dans leurs voitures (l).

 

(l) Les voitures des taxis sont de couleurs rouge-oranger, en général des Toyota ou Ponny appartenant à des compagnies de taxis de riches Ivoiriens.

 

Sur l'autoroute de l'aéroport menant à. la ville d'Abidjan, une de tel ou tel produits.

 

Un camp militaire le B.I.M - Base Inter Mer - constitué de petites maisons basses dissimulées dans la verdure, est installé près d'un carrefour sur la route reliant l'aéroport à la ville et, à côté de deux bâtiments verts et blancs avec balcons, résidences universitaires de l'université d'Abidjan.

Tout près, se réunit un marché au bétail de moutons, de chèvres, de zébus blancs. (2)

 

Nous avons emprunte la grande avenue Giscard d'Estaing traversait une petite zone industrielle et commerciale (maroquinerie, chocolaterie, savonnerie, magasins de voitures et de meubles) (1) puis une zone de petits H.L.M. blancs avec le linge aux balcons. Nous avons longé de grands travaux d’ assainissement, signalés par de grands panneaux d'informations, puis une grande lagune ou une dragueuse aspirait le sable du fond.

 

Nous avons atteint le quartier résidentiel Marcory situé sur une presqu'île ou vivent mes parents.

 

La circulation dans la capitale était dense (3) et peu disciplinée. Nous avons vu sur une camionnette 404 les inscriptions suivantes " M..., guérisseur, dépossession, canaris (4) en tous genres", détail normal dans ce pays, mais provoquant un léger étonnement chez nous européens.

 

(1) Nous avons vu ici une usine de maroquinerie (traitant la peau de crocodile et du cuir de zébu) , une chocolaterie, une usine de savon, des grossistes en meubles et voitures.

(2) En Côte d'Ivoire on trouve des bœufs sans "bosses de race Baoulé et N'dama et avec bosses, des zébus peuls.

(3) Plus de 65 % des voitures semblent être japonaises -Toyota, Datsun, Daihatsu, Mazda … Ensuite 20 a 10 des voitures sont françaises - Peugeot (surtout

504) daté d'une bonne réputation ici, Renault (H4,H6,jeep R4 Bandama fabriquée en Cote d'Ivoire, Simca. Ensuite viennent Pony (Corée du Sud), Mercedes - qui a fait un gros effort pour percer le marché, pour gagner le rallye ivoirien du Bandama par le nombre de voitures participantes et quelques luxueuses voitures américaines de grand luxe - Cadillac, Oldsmobile etc. …

 

Les maisons à toit plat du quartier de Marcory, sont dissimulées dans des jardins à la végétation luxuriante. Le quartier est occupé par des Français et des Libanais[1]. Les habitants de ce quartier sont souvent servis par un boy et la plupart des maisons, aux fenêtres protégées par des barreaux en fer forgé, sont gardées la nuit par un gardien. Les vols étant fréquents les précautions s’imposent.

 

Le gardien de la maison était prévenu de notre arrivé et nous attendait. Dès que notre voiture arriva, il nous ouvrit le portail.

 

La maison, louée à une riche ivoirienne, comporte une véranda éclairée le soir par des boules japonaises en papier se balançant au vent et un jardin vert très fourni avec cocotiers, bougainvilliers, orgueils de chines, filao - sorte de sapin filamenteux -, ibiscus rosés et rouges – aux fleurs en forme de pétunia et au pistil jaune allongé -, un petit bananier, des plantes grimpantes sur la façade de la maison.

 

Le gazon poussant, dans la terre sablonneuse de cette presqu'île, est constitué de feuilles courtes et larges.

 

Les jardins avoisinants sont égayés par des arbres du voyageurs - sortes de palmiers aux grandes feuilles disposées en éventail -, des caoutchoucs - mesurant ici 5 mètres de haut avec de nombreuses racines aériennes.

 

Le boy Mahama et le gardien Ahma nous reçurent avec des marques de considérations et de respects semblables à ceux qu'on donnerait à un grand chef[2]. J'appris par la suite que le français jouit encore d'une bonne image de marque auprès des Ivoiriens. Moi-même

 

Au début considération était étonnante pour moi (même provoquait en moi une certaine gêne),

Mais j’ai essayé de ne jamais décevoir l'attente de ceux qui me la décernaient.

 

Je fus confronté aussi à la grande différence culturelle existant entre nous et la majorité des africains du pays et dont je ne pouvais strictement pas avoir conscience en France.

 

Elle s'exprime d'abord par une ignorance totale de toutes sortes de domaines connus des blancs. Une personne du peuple aura du mal à suivre une conversation entre européens.

Ici la rigueur et la précision sont différentes de celles pratiquées en Europe.

 

Un européen, fraîchement débarqué dans le pays, aura du mal à admettre les retards à un rendez-vous, une transmission peu précise d'un message verbal.

 

Ce qui peut sembler la marque d'une certaine paresse, n'est en fait qu'une méconnaissance par les Ivoiriens d'un comportement appris par les européens au cours des siècles, dont ils n'ont plus conscience.

 

L'africain ici est en général plus lent dans les raisonnements et les gestes que les européens. Par exemple, notre boy voltaïque pour nous servir un plat de pâtes arrosé de sauce tomate, ne sait pas toujours s'il faut apporter de la cuisine, d'abord la sauce ou bien les pâtes ou encore, changer les assiettes. Par ailleurs, il marque toujours un temps d'arrêt, après qu'un ordre lui ai été donné.

 

D’autre part, il est si gentil et serviable qu'on pardonne tout.

Mon amie lui apprend à lire et à écrire. On s'imagine mal les énormes efforts qu'il faut accomplir pour effectuer une chose si simple, passé 25 ans[3].

 

II lit tous les jours Fraternité, Matin, le grand quotidien de la Côte d'Ivoire qui est un des journaux les mieux composés de l'Afrique de l'Ouest sur le plan des informations et analyses internationales[4].

 

Dans le cas d'information plus détaillées dans des journaux Occidentaux, nous avons la possibilité d'acheter ici n'importe lequel des journaux français[5]. "Le Monde" est très lu par les intellectuels Ivoiriens.

 

Le soir, les gardiens du quartier se réunissent ensemble avec leurs postes de radio japonais clinquants – en général, les africains adorent les postes de radio jusqu'à les emmener dans leurs moindres déplacements. Ils discutent tout en riant bruyamment d'une grosse voix portant loin. En général à chaque éclat de rire le quartier rit.

 

Mes amis payent le boy 43.000 CFA / mois = 860 F français et payent la location de la maison 350.000 CFA = 7000 F français. Ce qui constitue des montants courants ici.

Avec un coût de la vie double de celui de la France, un salaire est vite dépensé.

 

Un coopérant français peut gagner ici jusqu'à 4 500 000 CFA et un professeur d'université jusqu'à 5 500 000 CFA (même plus, en brousse, on cite 8 000 000 CFA).

 

Le lendemain, nous sommes partis sur la grande route allant vers l'Est en direction d'Aboisso et longeant la côte.

 

Un village de pêcheur, assez peuplé, réunissait sous les cocotiers, des cases, serrées les unes contre les autres, couvertes de tôles ou de feuilles de palmiers. Devant la case de chaque artisan, une enseigne au style naïf signale la profession de celui-ci. Les appellations sont parfois d'une grande imagination : " A l'ange polyvalent, fabricant de meubles ", " M... le tout puissant, guérisseur ", " Infirmerie libre..." etc...

 

Certaines cases vendaient de la cuisine africaine[6] préparée par de plantureuses femmes noires dans leurs costumes traditionnels : le Boubou. Souvent les femmes portent le fichu artistiquement disposé sur la tête. Cela s’appelle un madras.

Les étoffes employées sont en général éclatantes de couleurs. J'ai aperçu sur la poitrine de certaines et certains, des tee-shirts portant le portrait d'Anne-Aymone et Valéry Giscard d'Estaing.

 

Sur le bord des routes est vendu une grande diversité de marchandises : des nattes en feuilles de palmier tressées, des bûches de bois pour le feu - coupées à la hache dans des grumes perdues en mer et échouées sur les plages —, des meubles en rotin, des fougères saprophytes poussant sur les palmiers, des noix de coco, des sculptures africaines, des broméliacées à feuilles en forme de corne de cerf etc...

 

Nous avons traversé de grandes plantations de cocotiers[7].

 

Nous avons contourné, par un périphérique, la ville de Grand Bassam, ancienne capitale de la Côte d'Ivoire du temps de la colonisation.

 

Nous avons franchi, par un pont au ras de l'eau, un bras de la lagune Ebrée qui longe la mer, sur la majeure partie du pays. A cet endroit la lagune, d'habitude verte, était boueuse.

 

Ensuite, peu de temps après ce pont, nous avons emprunté une piste en latérite rouge[8] sur une trentaine de kilomètres jusqu'à notre lieu de destination Assinie.

 

Assinie nous avons pris un pont moderne privé et gardé pour rejoindre le lotissement privé ue paillettes au bord de la mer, louées par des Européens et des Libanais, situées sous les cocotiers[9].

 

Notre lieu d'habitation bercé par le ressac de la mer, se composait d'une jolie paillote au bord de la mer ouverte à tout vent – sans fenêtres, avec des lits surélevés sans drap, protégés par des moustiquaires -, d'une autre maison servant de cuisine - équipée d'un évier, et de grandes glacières dans lesquelles on place un gros pain de glace de 20 Kg acheté à Abidjan - d'une douche alimentée par un château d'eau constitué par de gros réservoirs montés sur un échafaudage de bois, d'une cabane abritant le groupe électrogène, d'un puit d'eau potable à 100 mètres du bord de la mer et d'une pompe électrique aspirant l'eau du puit vers les réservoirs.

 

La chaleur extérieure était supportable, malgré le ciel plombé et lourd en permanence, en raison de l'alizé soufflant de l'océan.

 

Des objets, des détritus et des dépôts de toutes sortes jonchaient la plage de sable beige : emballages perdus de notre société de consommation, coquillages, rostres de seiches, coquilles d'oursins[10], poissons morts, troncs d'arbres gigantesques rejetés par la mer, morceaux de planches, et goudrons salissant nos plantes de pieds[11].

 

Ici dans la cocoteraie, des noix de coco tombent de temps en temps, mais provoquent toutefois rarement des accidents.

 

Nous avons mangé avec le propriétaire de la paillote, un Français employé dans un comptoir, particulièrement raciste et fier de l'être. Il nous décrivit, comme si cela fut un haut fait de gloire, une altercation avec Philippe Yacé[12], en raison de l'accrochage entre la voiture de ce haut dirigeant et celle de sa femme.

 

La dispute s'est terminée par la mise en prison de ce blanc à l'humeur acariâtre[13].

 

Il nous aussi relaté l’attaque de sa paillote au coupe-coupe, par les villageois voisin.

Quant à sa femme, elle ne s’intéresse qu’aux produits de beauté et régimes amaigrissants.

 

Un invité du propriétaire de la paillote — ancien professeur d'économie à l'université d'Aix en Provence - s'occupe de rétablir la situation financière d'une entreprise nationale déficitaire.

 

II ne cache pas le rôle peu prépondérant des chefs Ivoiriens en titres d'entreprises nationales, touchant de gros salaires, mais secondé par un conseiller européen qui effectue une grande partie du travail de direction.

 

Nous avons goûté à la chaleur de l'océan bleu-vert, en nous baignant mais sans franchir une énorme vague d'un ou deux mètres de haut - la barre - qui déferle en permanence, entraînant au large, sans espoir de retour, tout nageur imprudent. Et au delà, les requins abondent …

 

A la tombée de la nuit des oiseaux échassiers au bec fin recourbé se rassemblent sur la plage (des avocettes ?) et des petits crabes minuscules se déplacent à une allure prodigieuse dès la sortie de leur terrier.

 

La nuit, sous la cocoteraie, les yeux de gros crabes scintillent sous le faisceau des lampes torches.

 

Le spectacle de la lune entourée d'un halo éclairant la mer accentue l'impression de dépaysement.

 

Le matin nous prenions le petit déjeuné, face à la mer, servi par un boy habitant le village voisin et gardien pour toute l'année de la paillote où nous vivions. Nous prenions aussi chaque fois un comprimé de Nivaquine destinée à prévenir le paludisme.

 

Le boy préfère ramasser les noix de coco plutôt que de les couper dans l'arbre à cause des petits serpents venimeux qui l'infestent. Il dégrossit la noix en enlevant la gangue fibreuse ou coupe-coupe. Lorsqu'il ne reste plus que le noyau dur, en ayant enlevé la gangue, ce dernier est coupé tandis que le jus est versé dans un broc, et que la pulpe est décortiquée à la cuillère.

 

Nous avons eu un certain nombre de conversations avec les Européens avec lesquels nous étions.

 

D'après nos hôtes, les Ivoiriens seraient de caractère naïf et gentil. Ils n'ont pas toujours conscience des plaisanteries subtiles que peuvent leur faire certains blancs profitant de leur crédulité, une des plus courante étant celle de « Va me chercher de la baguette à souder du bois » dans le comptoir d’à côté.

 

Par ailleurs, les tabous sexuels, à part ceux classiques de l'inceste, n'existent pratiquement pas ici.

 

Dans certains villages, quelques indigènes plutôt jeunes se promènent tout nus sans aucune dissimulation. Il est très courant de voir les gens uriner dans les villages sans se cacher.

 

Les contraceptifs végétaux — souvent inconnus des médecins européens — et d'autres recettes traditionnelles ordonnées par les sorciers, sont encore très souvent employés.

 

Les blancs racontent souvent, tout en y croient, des histoires effrayantes sur les empoisonnements, possessions et rites magiques du pays[14]. II est arrivé souvent qu'un blanc faisant l'erreur de prendre une maîtresse africaine, pour une durée temporaire, soit malade dès qu'il veut quitter celle-ci[15].

 

Les fils des amis du propriétaire de la paillote, quant à eux, emploient des expressions typiques au pays ; "Quitte de là" à la place de déplace toi, "fait pas margouillat" à la place de ne reste pas a, paresser, "c'est gâté complet" à la place de c'est cassé. Les jeunes font beaucoup de sport — en général, de la natation, à cause du climat -. En suivant l'école ivoirienne dont le niveau des études est inférieur à celui de la France, ils ont un niveau culturel moins élevé comparativement à celui des étudiants français du même âge. Les retards scolaires ne sont pas rares.

 

Les missions religieuses appartenant à de multiples confessions prolifèrent dans le pays.

 

Les Africains, d'après nos Européens se convertissent facilement tout en recourant à l'amulette quand la prière ne suffit pas.

 

Le lendemain de cette discussion, je suis parti sur la plage en direction du club Méditerranée situé à 5 Km de notre lieu de vacances, pour y trouver des cartes postales et y envoyer des lettres pour la France.

 

La plage était bordée par la cocoteraie jusqu'à l'horizon. Entre les cocotiers étaient installées un grand nombre de paillotes loués à des Français et Libanais, et la plupart inoccupées en semaine.

 

Ne le sont qu’au week-ends.

 

En ayant parcouru 2 km, j'ai d'abord découvert un village de pêcheurs Ivoiriens, puis le luxueux hôtel " Des Palétuviers ", grand édifice en bois peint en noir, recouvert de chaume et d'ardoises artificielles noires, entouré d'un très beau jardin.

 

A 3 kilomètres de cet hôtel, j'ai découvert le club Méditerranée ensemble de petits bungalow beiges au toits plats recouverts d'ardoises rouges. Une partie de la plage était réservé au nudistes. Le village était très calme.

 

Au retour, passant devant un village de pêcheurs Ivoiriens, j'ai été assailli par une nuée de petits enfants qui désiraient me dire bonjour et me réclamer une pièce. Cette habitude en Afrique, est générale dans les zones pauvres ou bien touristiques comme ici.

 

Toutes les énormes pirogues de haute mer du village[16] étaient décorées par des dessins et sculptures naïves de couleurs voyantes. Certaines de ces grosses pirogues étaient équipées de gros moteurs hors-bord, d'autres de pagaies. Des pêcheurs à la musculature impressionnante tiraient sur la plage une de ces lourdes pirogues. Ils déchargèrent les filets tissés à la main et le poisson qu'emportèrent les femmes du village.

 

L'un des pêcheurs souleva un gros moteur hors-bord sur son épaule et parti faire une cinquantaine de mètres avec ce fardeau.

 

Un enfant de 7 ans me proposa deux gros coquillages exotiques couleur abricot pour 1500 CFA les deux après marchandage. Voyant que je n'avais pas assez d'argent, il décida de m'accompagner afin que je n'eusse pas à revenir au village pour emporter les deux coquillages.

 

En chemin, il m'appris qu'il était très fier d'aller en classe de 10ème.

 

Il m'appris qu'il y avait douze maîtres d'écoles, douze classes dans le village et un missionnaire catholique. Il m'indiqua, que certaines nuits de l'année, les jeunes étaient initiés à la pêche et au rôle d'adulte par les vieux.

 

Par exemple, on boit un verre d'eau de mer pour se fortifier, puis on doit rester toute une nuit à recevoir les vagues sur la poitrine sans bouger. Par ailleurs on ne doit rien dire au missionnaire.

 

Il m'expliqua le travail des femmes du village assises par terre autour d'une bassine : elles sont en train de pétrir la pâte du gari-gari, une galette de manioc cuite au four sans levain, assez dure.

 

Le jour suivant, je me promenais le long de la lagune bordée à certains endroits par une forêt épaisse de palétuviers de plusieurs mètres de haut, aux feuilles dentelées, épaisses et coupantes. On peut d'ailleurs s'y baigner sans risque. Les crocodiles peu nombreux fuient les bruits de moteur et sortent surtout la nuit. La seule précaution à prendre est de ne pas boire son eau tiède et verte, véritable bouillon de culture biologique[17].

 

Près du pont gardé du lotissement, un grand nombre de garages à bateaux sont occupés par de magnifiques hors-bords. On voit sur la lagune de temps en temps, des européens faire du ski nautique.

Près du village africain vendant des objets pour touristes, aux bords du club Méditerranée, un parterre naturel de fleurs dressait ses corolles blanches. Plus loin, j'ai cueilli une fleur bleu poussant sur une plante à tige rampante[18], sans espoir de la voir vivre longtemps, car comme toutes celles poussant ici dans ce pays, elles ne durent que le temps d'un matin.

 

Le soir, les fils de mes amis, mes amis et moi, avons tenté sans résultat de pénétrer dans le club pour assister à un spectacle organisé par les "gentils organisateurs". Nous avons été refoulés par les gardes noirs armés de coupe-coupe qui suivaient avec zèle la consigne du directeur.

 

Après ce court séjour, nous sommes rentrés à Abidjan où le boy nous a accueilli avec joie. Cette fois-ci, il nous a coupé 10 morceaux de pains au dessert.

 

La nuit de notre retour, un énorme orage a éclaté et les crapauds buffles ont commencé à croasser. Le matin, le jardin fumait et la rue, sans dispositif d’écoulement d'eau, avait pris l'apparence d'un canal vénitien.

 

Je me suis rendu chez un marchand libanais bien achalandé pour différents achats. A l'extérieur de la rue j'ai marchandé avec des Africaines en boubou assises avec leurs étals sur le trottoir, pour avoir des légumes frais.

 

Après mes courses, je me suis promené a, la pointe de la presqu'île de Marcory. Des maisons d'une taille et d'un luxe remarquable, comparables à celles du quartier de Cocody[19]. Certaines appartiennent à de riches commerçants libanais et français ou à la bourgeoisie d'état du pays.

 

D'après certains, une maison rosé entourée de grands murs de la même couleur appartiendrait à l'ancienne maîtresse du président[20].

 

J'ai constaté que le boy dépense peu pour se nourrir afin d'économiser son argent pour sa famille en Haute-Volta. Un jour, je l'ai d'ailleurs trouvé en cours de rédaction d'une lettre pour acheter un âne, animal constituant une richesse en Haute-Volta.

 

Le gardien, lui aussi, économise et cherche à acheter une voiture symbole de la richesse en Côte d'Ivoire. Vu son coût, il ne désire pas se marier (beaucoup d’Ivoiriens sont endettés à ce sujet).

Je me suis rendu à pied au quartier le plus africain d'Abidjan : Treichville. C'est là que vivent une partie des basses couches sociales de la ville. C'est aussi le repère des boîtes de nuit, des prostituées et des gangs[21].

 

On peut y découvrir, des maisons basses sales, à un seul étage, en parpaing blanchi à la chaux, au toit plat en béton ou en tôle (pour les plus petites), certaines comprenant une courette intérieure fermée. Il n'est pas rare d'y trouver des chèvres ou des poules. Des immeubles libanais assez fragiles et laids, se détachent du reste des maisons, comprenant pour la plupart des magasins assez désordonnés, sans décors, mais bien fournis.

 

Autour de la mosquée de Treichville, des Ivoiriens en djellaba blanche se promènent ou sont assis sur le sol. Des marchands vendent sur des nattes, posées sur le trottoir, du khôl, de l'encens, des livres dont le coran et les enseignements coraniques en arabe.

 

La plupart des rues du quartier sont en terre. De nombreux nids de poules remplis d'eau ralentissent la progression des voitures.

 

Près du marché de Treichville - le plus grand d'Abidjan, ouvert toute la semaine le matin - la densité de piétons augmente considérablement. Le marché se divise en deux parties : un marché couvert – édifice très vaste en béton à deux étages - et une zone d'étalages ambulants sur le bord des rues contournant le marché.

 

Il est recommandé en se promenant dans la foule du marché, de porter une attention particulière à sa montre et à son porte feuille.

 

Ici, j'ai acheté un bel oeuf en malachite de 500 g pour 7 000 CFA[22]. Les oeufs sont polis à la main par des jeunes qui emploient de l'huile mélangée avec une poudre abrasive, très fine, déposée sur du tissus.

 

A côté du marché se situe le siège de la milice contre-pouvoir à l'armée dans le pays.

 

Pendant la semaine où je suis resté dans la capitale de la Côte d'Ivoire, nous avons eu souvent l'occasion de nous rendre à Abidjan. C'est une ville étendue aux multiples contrastes. Entre les quartiers pauvres de Treichville et d’Adjamé ou de Poto-poto, le quartier des affaires du Plateau composé de tours en verre ultra modernes, et les quartiers résidentiels de Cocody et de Marcory, la différence entre les niveaux de vie des habitants est grande.

 

Le quartier des affaires comprend des bureaux administratifs des principaux organismes d'états - caisse de stabilisation agricole (l)... - et des sièges des principales compagnies nationales et étrangères installées dans le pays (2).

En haut des tours, des enseignes indiquent les sociétés qui y sont installées : Datsun, BICICI - Banque Intérieure de Côte d'Ivoire - SGBCI - Société Générale de Banque de Côte d'Ivoire -...

 

Au centre de ces tours, se trouve le marché du Plateau à moitié enterré, protégé par une véranda de béton, non visible des rues qui l'entourent. C'est encore un marché typique africain avec les vendeuses en boubou, les marchands de souvenirs -papillons, ivoires, bijoux en malachite, poteries etc. ... Ici après marchandage, le prix des souvenirs est plus cher qu'à Treichville.

Celui qui ne marchanderait pas gâterait le plaisir du vendeur et se dévaloriserait à ses yeux. Tout près se trouve le super-marché SCORE, avec son kangourou mascotte, comme annonce publicitaire. L'intérieur du magasin ne présente pratiquement aucune différence avec un super-marché français.

 

Simplement au change les prix pratiqués sont le double de ceux de la France (3).

 

Devant le magasin des mendiants jouent des instruments de musiques traditionnelles.

 

Tous les manguiers du centre de la ville sont couverts par des chauves-souries frugivores : les roussettes. Ce sont, par leur envergure, les plus grandes du monde. Le soir on les voit s'envoler par milliers vers la lagune.

 

(1) Elle permet de maintenir le revenu moyen des agriculteurs cotisants ; quelque soient les fluctuations du cours mondial des principales productions agricoles du pays - café, cacao, ananas etc...

(2) Les principales sont françaises, japonaises, américaines, allemandes, brésiliennes et israélienne.

(3) II existe deux chaînes de magasins en Côte d'Ivoire, le chaînes SCORE et AVION, appartenant à deux groupes français. La chaîne PAC avait été crée par le président de Côte d'Ivoire, pour faire baisser les prix des magasins privés, mais elle a été déficitaire à cause d'une mauvaise gestion et a été dénationalisée.

Toute une partie du quartier du Plateau est encore construite dans le style colonial beige, maisons avec de grands toits, en fibrociments, et de grands balcons couverts par la toiture entourant toute la maison.

 

Dans ce style est bâtie la poste du Plateau, différents centres administratifs, la bibliothèque française et le musée africain des masques.

 

Ce musée comprend une jolie collection de masques et de sculptures africaines des différentes ethnies du pays (l). Des explications fort détaillées expliquent les croyances du pays toutefois rédigées dans une langue incompréhensible de l'ivoirien moyen.

 

En descendant du Plateau, on découvre la place circulaire de l'indépendance bordée par deux grands bâtiments en arc de cercle : la poste centrale d'Abidjan et le bâtiment de l’Energie Electrique de Cote d'Ivoire", puis au loin le pont Houphouet Boigny à six voies et à deux ni-

veaux - le niveau inférieur étant réservé pour le train.

 

Le Plateau comporte une grande profusion de libraires - on trouve tous les livres disponibles en france, des magasins de luxe (Christofle etc...) et un cinéma permanent Gaumont avec projections de quatres films en même temps (2). Devant le cinéma, des jeunes cirent les chaussures et des mendiants occupent depuis des années la place qu'ils se sont réservée.

 

Un nouveau venu est parfois mal vu des mendiants. Un jour ma mère, ayant questionné un lépreux sur l’usage qu’il allait faire de son argent, ce dernier en toute innocence lui répondit que c'était pour l'achat d'une voiture.

 

Une petite fille mendiante, peut-être de 12 ans, se déplaçait, le soir, entre les tables des bars bordant le grand square du Plateau en prenant des contorsions du corps assez effrayantes. J'avais peur, qu'en jouant à ce jeu, elle ne prenne définitivement la déformation.

 

(1) Agnis, Ktous, Maliriké, Ebrié, Abbeys, Alladian, Attié, Gagou, Bété, Dioula, Bitifor etc...

(2) Les salles du pays sont assez pauvres en films d'art et d'essais. Par contre les films commerciaux sont nombreux et les exclusivités en France arrivent en Côte d'Ivoire peu de temps après. Des salles dans les villes se consacrent uniquement aux films pornographiques.

 

La nuit, le Plateau avec ses tours éclairées ressemble à un petit Manhattan (l).

 

Nous nous sommes rendus chez un ami habitant un bel immeuble, dans un grand appartement duplex, avec terrasse dominant le quartier, à côté de l'immeuble pyramidal doré Datzung (2).

 

Cet ami marié à une chinoise, a vécu pratiquement toute sa vie en Afrique. Il est resté à Madagascar, jusqu'à la révolution progressiste de Didier Ratsiraka qui a supprimé son emploi de programmeur à Tananarive.

 

Pendant sa jeunesse, il fut chasseur de crocodiles. Il nous a raconté ses aventures à ce sujet. A part le fait d'avoir eu son canot pneumatique renversé par une femelle de cinq mètres de long, il fut piqué par une araignée à derrière rouge, la Ménawoudi - seul animal venimeux de l'île. Se trouvant paralysé au bord d'une rivière, il fut découvert et emmené par des Malgaches jusqu'à la case d'un sorcier isolée, perdue dans un marécage. Le sorcier lui fit boire une décoction très amère de cendres de plantes dans l'eau. La paralysie et la fièvre, d'après ce chasseur, disparurent en quelques heures. A l'époque vers les années 1950, il n'existait pas de remède contre cette piqûre et beaucoup de gens en mourraient.

 

Après cette soirée de récits d'aventure en Afrique, nous sommes rentrés par le second grand pont de la lagune, le pont Charles de Gaulle.

 

On pouvait voir de loin les projecteurs du stade de football ultra moderne Houphouet Boigny. Les Ivoiriens ont d'ailleurs fait d'énormes progrès dans leur sport national.

 

Cette semaine, comme beaucoup de jeunes blancs, je me suis souvent rendu à la piscine d’eau de mer de l'hôtel Palm Beach située au bord de la plage d'Abidjan. D'autres préfèrent la piscine de l'Aquarium - un restaurant chic d'Abidjan sur la lagune -, celle de l'Hôtel Ivoire aux multiples

 

(1) Les économies d'énergies ne sont pas très appliquées ici. Par ailleurs, le pays a des ressources en pétrole.

(2) Ce bel immeuble comporte des volets métalliques dorés s'avançant au-dessus des fenêtres pour la protection solaire.

 

bassins, ou encore celle de l'hôtel du Golf avec ses cascades et toboggans aquatiques.

 

Le reste du temps de cette vie de privilégie, je restais à la maison à écouter les ondes courtes - par exemple en écoutant Radio France international, Radio Moscou, la voix de l'Amérique, Radio Pékin ou l'Afrique du Sud... Beaucoup d'européens possèdent aussi leur poste de radio

amateur en particulier dans la brousse. Je lisais aussi tout en observant à la dérobée les margouilats - grand lézard gris (les mâles ayant une tête orange) aux réflexes foudroyants - occupés la plupart du temps à se bronzer ou à se quereller entre mâles. Des oiseaux gris de la taille du moineau abondent dans le jardin.

 

A la fin de la semaine, nous sommes partis pour un grand voyage vers le nord du pays. Nous avons emprunté une route goudronnée mal entretenue qui se dirige vers San Pédro et Yamoussoukro, à la sortie de la ville.

 

Là se trouve à l'est de la ville, les quartiers les plus pauvres et miséreux de la banlieue d’Abidjan constitués de petites maisons en parpaing recouvertes de tôles sur des collines. La plupart des gens jettent leurs ordures directement sur les pentes, accroissant la laideur de l'ensemble.

 

Nous avons longé l'autoroute de ceinture de la ville alors en construction par la Société Française Jean Lefebvre. L'ouvrage est magnifique perçant les collines de latérites rouges, remarquablement bien protégé contre l'écoulement des eaux par de grandes canalisations en béton longeant l'autoroute. Le revêtement est constitué d'une couche de goudron

assez épaisse sur des plaques de béton.

 

Dans un virage de notre route, surplombant un bras de lagune, un camion grumier s'était renversé. Il faut dire que ces derniers conduits

par des chauffeurs inconscients transportant parfois des billes de bois d'un diamètre de plus de 2 m, roulent sur les routes ivoiriennes à des vitesses souvent supérieures à la centaine de kilomètre heure dans les descentes.

 

Les accidents de la circulation sont très fréquents en Côte d'Ivoire, même sur les routes droites, et souvent spectaculaires (un des taux les plus élevés d'Afrique avec le Nigeria).

 

J'ai pu voir une voiture coincé verticalement entre un arbre et un lampadaire à Abidjan et un camion qui s'était renversé en bas d'un échangeur routier - parce que le chauffeur avait essayer de prendre au dernier moment la bretelle de déboîtement. Mes parents on vu, quant à eux, une voiture dressée sur le capot arrière au milieu d'un pont à Abidjan.

 

La circulation dans ce pays est assez désordonnée et l'ivoirien, lui, explique les accidents, par le fatalisme « Dieu l'a voulu ainsi, Inch Allah ! ». Une des causes est la trop grande facilité avec laquelle les permis de conduire sont accordés.

 

L'habitude dans les familles riches comme pauvre - et dans beau- coup de pays africains - c'est de changer de voiture si elle est cassée, plutôt que de la réparer. C'est en particulier le cas pour les voitures japonaises dont les concessionnaires sont dépourvus de pièces détachées. Il

existe des garages bien tenus par des Européens et très surchargés en demandes. Quand aux garages Ivoiriens c’est la débrouille, parfois au risque et péril du client. Peugeot et Renault sont les mieux achalandés en pièces détachées.

 

Nous avons emprunté la magnifique autoroute qui conduit à Yamoussouko, la future capitale politique de la Côte d'Ivoire.

 

C'est à ma connaissance la seule autoroute, où circulent des piétons, des femmes africaines en boubou portant bassines sur la tête et des moutons.

 

De grandes étendues de forêt vierge, dévastées par l'exploitation intensive des bois précieux -accajou, ébène - et du bois de placage - teck,

 

(1) la principale cause étant la corruption dans les auto-écoles. Il suffit de verser 50 000 F CFA si l’on sait un peu conduire, 100 000 F CFA sinon, pour avoir le permis.

 

sipo, contre plaqué- semblent impénétrables, par prolifération de lianes, de grands et petits arbres.

 

La taille élevée des fromager aux grands troncs droits et aux racines en forme d'ailettes de torpille, semble disproportionnée par rapport au maigre branchage situé au sommet de l'arbre.

 

Des papayers sauvages -petits palmiers aux troncs ornés d'écussons naturels s'emboîtent les uns dans les autres- offrent leurs juteux fruits verts. Des pistes débouchent de chaque côté de l'autoroute. La forêt s'éclaircit à l'approche des villages que nous traversions ensembles de maisons carrées en parpaing blanchies à la chaux- certaines en style colonial - entourées par des cultures vivrières disposées sans aucun plan (l).

- arbustes de manioc; petits bananiers aux grandes feuilles quasiment rectangulaires, petits arbustes aux feuilles rondes et vertes produisant les graines de café... -. Les noms des hameaux traversés se termine par "KRO", qui signifie en langue Baoulé (2) - ethnie de laquelle le président descend.

 

Enfin la ville de Yamoussoukro (3) s'est offerte à notre contemplation. Elle est sortie de terre il y a juste 10 ans. Nous avons traversé une large avenue déserte dont le gazon central était en cours d'aménagement et des quartiers de jolies maisons individuelles pour la plupart inoccupée. Le centre de la ville est aménagée avec des immenses jardins à l'anglaise et des lacs; les petites maisons occupées sont souvent africanisées, par la présence de terre battue et de moutons dans la cour et d'appentis en tôles.

Nous nous sommes dirigé vers l'hôtel Président (5 étoiles) magnifique, ultra moderne dont l'entrée à l'extérieur est recouverte de mosaïques dorées. A 1'intérieur règnent la propreté et le luxe.

 

(1) Tout pousse en Côte d'Ivoire, à cause du climat. Pour cultiver, il suffit de désherber, c'est tout.

(2) II y a dix-huit tribus ou ethnies en Cote d'Ivoire parlant parfois des langues très différentes : Baoulé, Ebré, Senoufo...

(3) Centre géographique de la Côte d'Ivoire, village natal du président.

 

Le prix des chambres et des bibelots en ivoire vendus dans les magasins intérieurs sont en rapport avec le niveau de l’établissement. Au 20ème étage, se trouve un restaurant

panoramique en forme de vaisseau spatial de l'avenir. Tout autour de l'hôtel, ce ne sont que parcs floraux à perte de vue.

 

Dans ce cadre paradisiaque, scintille au soleil un bâtiment ultra moderne la "maison du parti du peuple" couvert de plaques métalliques dorées.

 

Plus loin est ouvert maintenant la seconde extension de l'hôtel Président comparable au premier hôtel, à l'intérieur décoré de marbre rouge.

 

Le golf de Yamoussoukro, parsemé de lac, complète cette description. C'est l'un des plus beau/et étendu golf du monde -le parcours fait 10 Km- (l). A l'époque, le golf club, petit bâtiment blanc en forme de disque, n'était pas encore fini au niveau des aménagements intérieurs, bien qu'il fut ouvert auparavant à l'occasion d'un championnat mondial de

golf où participait le champion Gary Player et où s'était rendu le Président Richard Nixon.

 

Au centre de la ville se dresse une mosquée blanche et bleu ciel aux façades ouvragées et une église catholique, sobre à l'intérieur et recouverte à l'extérieur comme à l'intérieur de marbre blanc.

 

Tout proche, se trouve le palais du Président, grand ensemble blanc au bord de deux lacs dans lesquels vivent des crocodiles et des tortues aquatiques carnivores nourris tous les soirs par les gardiens.

 

Ce bâtiment est à l'entrée d'un immense parc gardé et obstrué par un grand mur blanc haut de trois mètres et épais de un mètre.

 

Des immenses portes blindées tous les 500 mètres jalonnent ce mur. Elles se relèvent automatiquement par un dispositif électrique.

 

(l) Voir la revue Golf Européen.

 

Le prix des chambres et des bibelots en ivoire vendus dans les magasins intérieurs sont en rapport avec le niveau de l’établissement. Au 20ème étage, se trouve un restaurant

panoramique en forme de vaisseau spatial de l'avenir. Tout autour de l'hôtel, ce ne sont que parcs floraux à perte de vue.

 

Dans ce cadre paradisiaque, scintille au soleil un bâtiment ultra moderne la "maison du parti du peuple" couvert de plaques métalliques dorées.

 

Plus loin est ouvert maintenant la seconde extension de l'hôtel Président comparable au premier hôtel, à l'intérieur décoré de marbre rouge.

 

Le golf de Yamoussoukro, parsemé de lac, complète cette description. C'est l'un des plus beau/et étendu golf du monde -le parcours fait 10 Km- (l). A l'époque, le golf club, petit bâtiment blanc en forme de disque, n'était pas encore fini au niveau des aménagements intérieurs, bien qu'il fut ouvert auparavant à l'occasion d'un championnat mondial de

golf où participait le champion Gary Player et où s'était rendu le Président Richard Nixon.

 

Au centre de la ville se dresse une mosquée blanche et bleu ciel aux façades ouvragées et une église catholique, sobre à l'intérieur et recouverte à l'extérieur comme à l'intérieur de marbre blanc.

 

Tout proche, se trouve le palais du Président, grand ensemble blanc au bord de deux lacs dans lesquels vivent des crocodiles et des tortues aquatiques carnivores nourris tous les soirs par les gardiens.

 

Ce bâtiment est à l'entrée d'un immense parc gardé et obstrué par un grand mur blanc haut de trois mètres et épais de un mètre.

 

Des immenses portes blindées tous les 500 mètres jalonnent ce mur. Elles se relèvent automatiquement par un dispositif électrique.

 

(l) Voir la revue Golf Européen.

 

Au centre de ce parc se trouve un petit Versailles ultra moderne - dans le style du parlement de Brasilia, avec fontaines et jardins - appelé "Palais des hôtes étrangers". Ce dernier a été construit par des français. Une magnifique salle de réception comporte un magnifique plafond ouvragé avec des motifs arabisants et un très beau lustre de taille imposante (l). Dans un coin du palais le Président peut se rendre, s'il le désire, à une chapelle catholique.

 

Notre voiture a longé un instant L'immense mur de ce palais, en s'engageant sur une route goudronnée droite à perte de vue, devenant le grand axe routier nord du pays.

 

D'après information personnelle, cette route bien goudronnée, au revêtement épais (2) a été construite par les israéliens (Israël d'ailleurs coopère aussi avec le Kenya). Les israéliens ne sont nombreux ici et sont considérés par ceux qui les connaissent comme travailleurs et orientaux sur le plan du goût, de l'ordre ou du désordre.

 

Une coopération originale est à signaler, celle de la Chine nationaliste pour les rizières. Maintenant la Côte d'Ivoire est autosuffisante en riz.

 

Par contre, malgré ses cheptels de zébus, la Côte d'Ivoire n'est pas auto-suffisante en viande et en importe du Bostwana. D'après certains, beaucoup de produits venant du Bostwana, viendraient d'Afrique du Sud. Un nombre important de pays africains anti-apartheid, commercent avec l'Afrique du Sud (3).

 

Nous avons souvent croisé sur la route des camionnettes vitrées SAVIEM blanches ou des 504 breaks pour les transports de voyageurs entre villages. Ce sont les fameux taxis-brousses, bondés de monde, et pas

 

(1) Sur les détails du palais lire la revue Architecture.

(2) A cause des précipitations qui abîment les routes.

(3) Ce qui n'est pas illogique car l'Afrique du Sud est le plus grande puissance économique d'Afrique.

climatisés. Ils roulent sur les pistes à grande allure, franchissant sans ralentir des ponts étroits à une seule voie sans balustrades. Les risques que prennent les chauffeurs Ivoiriens expliquent le taux élevé de morts en taxi-brousse. Parfois des gens sont assis à côté des bagages sur le toit.

 

Les poteaux télégraphiques longeant la forêt, étaient souvent recouverts de lianes et de grandes toiles d'araignées cotonneuses.

 

Sur la route des contrôles de police arrêtaient les poids lourds provenant de Haute Volta. Ces contrôles ont pour but de refouler les nombreux travailleur immigrés voltaïques, ghanéens, béninois, maliens, biafrais, mauritaniens qui chaque jour franchissent clandestinement la frontière. Les habitants de ces pays très pauvres subissent souvent aussi une répression politique très forte (l).

 

La végétation de la forêt dense s'est progressivement éclaircie, remplacée par des prairies de hautes herbes dans lesquelles sont disposés des palmiers au tronc lisse qui s'élargit souvent vers le haut et terminé par un groupe de grandes palmes en forme de chasse mouches.

 

Bouaké, notre prochaine étape, seconde ville du pays, très étendue, rassemble des milliers de petites maisons basses à toit plat. Au centre, à côté de la grande poste et de l'immense cathédrale catholique, se dresse la plus haute tour de télécommunication du pays servant pour la télévision et le téléphone.

 

Nous avons logé à l'hôtel (4 étoiles) de la R.A.N., une compagnie d'hôtel en relation avec le chemin de fer ivoirien. La chambre coûtait presque 300 FF.

 

Sur un mur à côté de l'hôtel, on pouvait lire « Défense d'uriner, amende 5 F ».

 

(l) II y a 700 000 voltaïques et 200 000 africains composés de Maliens, Togolais, Ghanéens et Guinéens en Côte d’Ivoire.

 

L’après midi, notre dieu de destination était un monastère de Bénédictins. Nous avons d'abord visité le monastère de Bénédictines, très bien soigné, calme et rempli de fleurs. Les soeurs étaient habillées avec le boubou traditionnel.

 

Le monastère de bénédictins, situé à un kilomètre de là, se composait de jolis bungalows blancs entre les arbres et de jardin bien tenus.

Nous avons appris d'un prêtre noir très serviable et paisible, à la face marquée de cicatrices rituelles animistes, que l'endroit était aussi un séminaire et un lieu de retraite de silence.

 

Il y a quelques années, il accueillait les voyageurs car il n’y avait pas suffisamment d’hôtel à Bouaké (1).

 

A Katiola, petite ville en expansion comme la plupart des villes du pays des quartiers neufs, de petites villas à toits plats de toutes les couleurs claires se construisaient dans les faubourg de la ville. Les stations services sont rare dans la région. L'essence coûte ici 3.60 F, lorsqu'elle coûte à Abidjan 3.20 F (en France à la même époque, le prix était de 3.35 F) (1).  (Depuis elle est passé à 4 F 54 le litre).

 

Nous avons quitté la route nationale, pour s'engager à droite sur une piste longue de 120 Km.

 

Malgré le passage régulier des bulldozers pour aplanir la piste, la pluie avait formée quelques nids de poules et des rigoles parallèles entre elles et perpendiculaires à la route.

 

Ces ondulations sont nommées ici "tôle ondulée". Pour ne pas ressentir les effets des vibrations dus à celles-ci, nous roulions en moyenne à 60 Km/h tout en soulevant un énorme nuage de poussière rouge.

 

(1) Les hôtel Ivoiriens sont asez « approximatifs ».

(2) En Côte d'Ivoire beaucoup de marques d'essence européennes et américaines sont représentées : Agip, Total, Esso, Shell et Gulf, Texaco.

 

Par mesure d'économie, nous avions ferme la climatisation et ouvert les vitres, que nous refermions à chaque croisement de voiture pour ne pas suffoquer.

 

En traversant les villages; nous étions obligé de ralentir notre allure pour éviter les moutons et chèvres qui traversent nonchalamment la route. Ici, les cases d'habitations sont rondes en boue séchée et couverte de chaume. Parfois le matériau est remplacé par le parpaing.

 

S'arrêtant pour prendre des photographies, j'ai été assailli par des petits enfants plein de joie qui voulaient tous être cadrés dans le viseur de mon appareil.

 

Une petite fille aguichante qui n'avait pas 10 ans, portait un petit enfant sur son dos, et une autre du même âge par des clins d'oeil ou des balancements affectés, tentait de me séduire.

 

Chaque village dans la région possède son puit et sa pompe mécanique, mais les cultures vivrières semblent plus pauvres que dans le Sud.

 

Peu de temps avant d'atteindre la réserve de la Comoé, nous avons franchi le fleuve COMOE par un bac gratuit. Ce bac fonctionne de la manière suivante : deux fonctionnaires Ivoiriens aux bras musclés tournent une manivelle entraînant une poulie entourée par un câble relié aux deux berges. Pour empêcher que le bac ait une traction trop forte sur le câble, à cause du courant du fleuve, le bac est attaché par deux poulies à un second câble suspendu.

 

Un camion citerne gisait à moitié englouti dans le fleuve. D'après ce que nous avons appris, le conducteur a pu en réchapper mais le mécanicien s'est noyé. Le camion devait livrer l'essence à la station de la réserve. La dernière goutte d'essence de la station a servi au corbillard

venant chercher le mort.

 

Au bord de l'étendue d'eau calme, presque à sec en cette saison, des pirogues étaient amarrées remplies de filets de pêcheurs. Des femmes

 

portant des bassines sur la tête attendaient le bac. Nous avons franchit le péage de la réserve dont l'entrée coûtait 20 FF.

 

Dans la réserve presque aussi grande qu'un département français, nous avons observé des milliers de cobes de Buffon (sorte de gazelles rousses aux cornes en forme de lyre), un bubale (grosse antilope de la taille d'un cheval), un calao terrestre d'Abyssinie - au jabot rouge proéminent, aux plumes noires et à l'énorme bec courbé (l) -, un serpentaire à la démarche digne, des phacochères qui se sont enfuis à notre approche avec la queue levée, et des singes cynocéphales réputés pour leur férocité.

 

Quelques oiseaux bleus brillants étaient perchés sur les branches des nombreux petits arbres espacés par une savane remarquablement verte en ce mois. De fortes précipitations étaient tombées cette année et le plus grand barrage de Côte d'Ivoire – Kousou - jamais rempli totale-

ment depuis plusieurs années était enfin plein.

 

Des rapaces planaient dans le ciel et dans l'air voltigeaient des papillons exotiques multicolores.

 

Nous nous sommes embourbés dans un trou d'eau d'une piste non entretenue. Au bout d'une demi-heure, en disposant des branchages sous les roues nous avons pu nous en sortir. Le temps était très chaud ; le soleil, dans un ciel bleu gris, très lumineux, dardait ses rayons sur les voitures des touristes qui visitaient la réserve.

 

Nous avons croisé une camionnette Volkswagen, venant du Sahara, lourdement chargée en plaque anti embourbement et en réservoir. Les allemands qui conduisaient le véhicule utilisaient de lourdes caméras de cinéastes. Avec eux, avons pris en photographie des éléphantes avec leurs petits à moins de 50mètres de distance, couchés dans l'herbe. Nous ayant repérés,

 

(1) Détail intéressant, les os de ce gros oiseau sont creux pour lui permettre de voler.

 

elles sont parties au petit trot en levant la trompe. Nous devons signaler ici qu'il existe dans l'Afrique de l'ouest, actuellement, un réseau international de braconnage des éléphants pour les défenses d'ivoire (1).

 

Malgré les gardes de la réserve, les trafiquants continuent. En Haute-Volta où les réserves sont moins entretenues, l'hécatombe des éléphants est plus grande.

 

Nous n'avons pas vu de lions, malgré leur existence dans ce parc.

 

Sur les plages du fleuve COMOE, nous avons observé des centaines de papillons aux ailes bleu métallisées à l'intérieur et vertes à l'extérieur.

 

Une gazelle a bondit d'une façon prodigieuse devant notre capot.

 

Au retour de notre expédition, nous nous sommes arrêtés dans un village pour acheter du pain (2). J'en ai profité pour visiter le comptoir d'un libanais bien fourni : chaises d'écoliers, lampes tempêtes, camping gaz, valises - il y a ici une marque Samsonite, une contre-façon des valises Samsonites -, ustensiles de cuisines, huile de graissage de véhicules, outils en tout genre, produit de beauté, pharmacie etc...

 

A Kakiola, nous nous sommes arrêtés pour acheter des petites bananes vendues par des gamins 0,40 FF les trois.

 

A Bouaké, nous avons logé dans un grand hôtel tenu par des français. La chambre était à 160 FF par personne. Il existe une unique chaîne de télévision couleur ivoirienne où un nombre considérable de téléfilms ou émissions françaises y sont diffusés.

 

Les publicités jouées par des acteurs du pays, avec l'accent du pays et dans un français déformé qu'on appelle Langue de Moussa, sont très amusantes par leur naïveté et leur candeur enfantine.

 

 (1) En général le pain est assez dense à cause du peu de levure qui est mis dedans.

(2) sur la faune et la flore de Côte d’Ivoire et sur les dangers de déforestation et de braconnage du pays :  http://www.refer.ci/ivoir_ct/eco/ent/coconet/pages/ci/anim001.htm

J'ai rencontré ici un ancien collègue de promotion de mon école qui effectuait sa coopération depuis un an dans le pays. Il semblait très maigre (peut-être lié au paludisme ou d’autres maladies contractées sur place ( ?)).

 

Ce dernier, au début de son séjour ici, avait été logé pendant 5 mois dans le bel hôtel de la ville (l’Harmattan, 4 étoiles). Puis au bout de cette période d'oisiveté forcée, on lui a fourni une belle villa avec un domestique-cuisinier, dans une petite ville sur le grand axe nord

entre Kakiola et Ferké Sedougou.

 

II travaillait 22 h, par semaine, pour des classes de première et de seconde et passait le reste du temps à lire, à écrire en France, à jouer aux cartes avec d'autres coopérants ou à voyager dans le pays avec la voiture qu'il avait acheté ici. Il se rendait souvent à Abidjan pour faire ses courses et rarement dans l'unique boite de nuit de Kakiola.

 

Il supporte mal le climat ou la cuisine africaine lorsqu'il a l'occasion d'en manger.

 

Ses élèves sont très gentils mais peu éveillés. Il n'a que très peu de redoublants et le niveau des études diffère de celui de la France.

 

Sur l'autoroute Abidjan — Yamoussoukro, nous nous sommes arrêté pour acheter à des enfants des champignons géants dont le goût rappelle celui du calmar.

 

A Abidjan, le temps était très chaud ; les climatiseurs fonctionnaient en permanence. Il vaut mieux que les réfrigérateurs ne tombent pas en panne dans ces conditions.

 

En me baignant seul un jour sur la plage, j'eu la surprise de découvrir que la case on j'avais posé mes affaires avait été visitée. Le groupe de petits enfants qui l'avaient visitée avaient eu la gentillesse de me laisser le slip et le pantalon. C’est ainsi que je suis revenu (et pieds nus) en stop à la maison.

 

Nous avons reçu à la maison, un polytechnicien, qui menait une enquête d'inspection auprès de la télévision ivoirienne. Sa conclusion personnelle était qu'il ne faut pas mettre des outils très sophistiqués technologiquement entre les mains des gens qui n'ont pas connaissances suffisantes pour les utiliser. Il donnait en exemple l'intérieur non entretenu des émetteurs Ivoiriens, la présence de moisissures, de toiles d'araignées et même de chauve-souris dans les circuits électroniques, la panne de deux groupes électrogènes sur trois dans une même station depuis des mois et le recyclage de l'huile du carter renversée dans le moteur du groupe, sans jamais la changer (l).

 

D'après lui le téléphone ivoirien n'est pas entretenu, il suffit de voir les lianes sur les fils télégraphiques pour s'en rendre compte.

 

Le jour suivant j'ai pris un taxi pour m'occuper d'un billet d'avion dont la date de retour ne convenait pas.

 

La discussion avec le chauffeur m'a révélé que les taxis rouge-orangé appartiennent à des libanais. Ces derniers demandent aux chauffeurs une commission variant entre 150 et 200 CFA par jour. A cause de cela, les taximen sont obligés de rouler à très grande allure dans Abidjan ou de se précipiter sans retenue sur le client. Leur temps de travail dépasse 10 h par jour. Ils rentrent chez eux parfois a minuit. Pour tenir leur moyenne, ils ne prennent souvent pas de casse-croûte et se soutienne à la noix de colas, un excitant.

 

J'ai appris pendant mon séjour en Côte d'Ivoire que la corruption (2) existe même à haut niveau.

 

(1) Cet état de fait existe dans toute l'Afrique. Par exemple, la centrale alimentant la capitale du Rwanda tourne la nuit sans surveillance. Dans celle-ci on change les pièces en se servant dans le magasin de la centrale, sans jamais penser à en recommander en France.

 

(2) Par exemple la femme du Président aurait été impliquée dans une affaire de non paiement de taxe sur les alcools entrant dans le pays.

Elle avait ouvert un magasin et grâce à la complicité des douaniers, avait pu vendre des alcools détaxés à des prix inférieurs à la concurrence. L’affaire aurait cessé et été etouffée lorsque le Président aurait été prévenu par un policier intègre.

Malgré cette corruption serait moins développée que celle d'autres états africains.

 

Un ministre serait partie en Guinée avec plusieurs milliards, mais serait revenu avec le pardon du Président.

 

On parlait aussi de détournements, dans le scandale des sucreries ivoiriennes.

(Une compagnie française aurait vendu des sucreries clé en main, 4 fois plus cher qu’au Cameroun, grâce à des  complicités locales ivoiriennes.

 

Il est aussi vrai que beaucoup de bruits non vérifiés courent fréquemment ici (chez les Européens, chez les Ivoiriens …).

 

Mon frère, peu de temps avant mon départ, s'est rendu à un dispensaire du quartier. Les lieux était surpeuplés et vétustés. La saleté y régnait.

 

Mon hôte a conduit le gardien a un autre dispensaire à cause d'une tumeur bénigne à l'aine. Un médecin disait qu'il n'avait pas le temps de le soigner, le second pensait que c'était cancéreux, le troisième donna une ordonnance.

L'humoriste du journal Fraternité Matin caricature souvent la médecine ivoirienne.

 

La majorité des français sont abonnés à des assurances d'assistances internationales.

 

Malgré cela, malgré certains problèmes du pays - par exemple le sous-développement industriel du reste du pays par rapport à Abidjan -, on reconnaît ici que :

 

- les soins médicaux sont gratuits.

- les hôpitaux existent maintenant partout.

- la télévision scolaire est bien implantée dans tous les villages.

- la scolarisation est implantée même dans les villages les plus reculés.

- l'industrialisation de la Côte d'Ivoire est rapide.

- les maisons individuelles s'accroissent.

- les coopératives agricoles sont maintenant puissantes.

- l'installation des pompes et des puits dans les villages se sont généralisées.

 



[1] II y aurait 44.000 français, 20.000 libanais, en majeure partie dans le commerce, en Côte d'Ivoire sur une population totale de 7 millions d'habitants. Superficie du pays 322 000 km².

[2] Pour témoigner son respect devant un interlocuteur, un africain baisse toujours les yeux. Etant un ami de l’employeur, j’avais le droit à l’appellation, de « P’at’on » (patron) encore très courante ici.

[3] La majeure partie des habitants de la Haute Volta -un des pays les plus pauvres du monde- sont illettrés. Les Ivoiriens par contre sont en quasi majorité alphabétisés (70 %).

Notre gardien voltaïque, lui aussi, sait lire et écrire. Il a une certaine culture et est assez agile d'esprit. Mais il reste très déférent devant mes amis.

[4] "Le Soleil" de Dakar (Sénégal) est assez bien fait aussi.

[5] Tous les journaux français - de Charlie-Hebdo, l'Humanité, en passant par les magazines comme Lui, Play-boy, jusqu'à Minute - sont présent en Côte d'Ivoire. Le courrier n'est jamais ouvert.

[6] Des jantes de roues ou de camions, percées, montés sur des pieds soudés servent de réchaud. Elle reçoit une bassine sur le dessus et est chauffée par dessous par un feu de bois.

[7] La Côte d'Ivoire serait le 2° producteur de coprah du monde.

[8] La terre rouge argileuse, riche en bauxite qui couvre tout le pays provenant de l'altération tropicale de la roche sous-jacente, est appelée Latérite.

[9] Le chef du village voisin détient la possession des terrains sur lesquels sont bâtis les paillotes.

[10] Certaines sont plates et vertes et sont appelées par les Européens des "Dollars".

[11] En raison du peu de garde-côtes au large des côtes du pays africain, les pétroliers par économie ou paresse, en profite pour délester leurs soutes.

[12] Président de l'Assemblée Nationale. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Yac%C3%A9

[13] On trouve encore en Afrique, une population d'aventuriers, d'instables, de gens en mal de se refaire une vie qui ne contribue pas à améliorer l'opinion des africains sur les blancs. En général, les blancs bénéficient d'un préjugé favorable tant que l'essort du pays qui dépend d'eux, se maintient.

[14] Les blancs, ayant vécu longtemps en Afrique, se laissent souvent pénétrer par l'atmosphère de superstition, de surnaturel et de magie des pays d'Afrique Noire.

[15] Malgré l'exagération ou imprécision des blancs ici - prenant certains aspects de la mentalité africaine - on peut malgré tout trouver un fond de sérieux dans ces récits. Il existe, par exemple, des drogues confectionnées par un sorcier (par exemple à base de yohimbine produit partir de l’écorce de yohimbe, mais cela peut être de la cocaïne …), qui diluée dans une boisson servie à l'amant par la personne qui désire le conquérir, provoque d'accoutumance et le manque dès l'arrêt de l'ingurgitation du produit.

Les Européens ayant vécu longtemps ici ont un niveau culturel différent de la moyenne française. Leur rythme de travail se ralentit. Et certains parlent de dégénérescence dans le parler du français, qu'ils emploient.

[16] A noter que les gens ici font leurs besoins dans la mer, ce qui salit la plage par les rejets de la mer.

[17] Si dans un village on vous offre à boire, ayez sur vous des comprimés de permanganate pour aseptiser l'eau contre les amibes et contre les risques de dysenteries.

[18] De la famille des cucurbitacées.

[19] Cocody est le quartier des ambassades et de la résidence du président, à Abidjan.

[20] Je m'exprime ici au conditionnel, le goût du ragot et du "bruit qui court" étant très répandu chez les européens ici. Il suffit que des coopérants gauchistes distribuent des tracts à l'université d'Abidjan, appelant à la révolte, pour qu'aucun Européen ne se montre sur les plages pendant 2 à 3 jours. 3 pages de Fraternité Matin-Matin, suite à cet événement, avait été réservés par le Président pour juger durement certains européens.

[21] Lire à ce sujet "Dossier M. comme Milieu", Alain Moreau Editeur. La nuit, des bandes parfois écument le quartier. Des prostitués de luxe offrent leur service devant l’Hôtel Ivoire, le plus luxueux de la ville (hygiène non garantie. Selon une statistique informelle, plus de 90 % d’entre elles seraient porteur d’une maladie vénérienne).

Voici ce que l'on peut y découvrir : des montres de toutes marques - certaines de provenance inconnue - des postes de radio japonais, des étoffes, des vêtements (chemises bariolées, boubou...), des oeuvres sur papier réalisées avec des ailes de papillons recouvert d'une plaque en verre, des bijoux, des sculptures en ivoire et malachite (l), des masques africains en ébènes ou en d'autres matériaux, des tapis, des sabres africains aux manches ou fourreaux en cuir rouge, des ustensiles de cuisines, des fruits et légumes en tout genre - ignames, manioc, papayes, goyaves, bananes, énormes avocats, ananas, piments, tous les légumes existant en Europe, graines noix de cola... - des réchauds à bois faits à partir de jantes de voitures, des lampes tempêtes etc...

[22] Les marchands sénégalais font souvent l'aller-retour clandestin au Zaïre pour chercher la précieuse malachite.