Compte-rendu de mon voyage à Madagascar en 2011.

 

Par Benjamin LISAN.

Le 30/03/2012.

 

Dès notre arrivée à Antananarivo, Maurice, mon compagnon de tous mes voyages, depuis 2002, et moi-même, décidons de ne pas nous attarder dans la capitale.

Et après un court repos, à l’hôtel Niaouli, situé dans les hauts de la ville, à proximité du Palais de la Reine,  nous partons immédiatement, en taxi-brousse, vers Tamatave ou Toamasina (en Malgache), grande ville côtière à Est de l’île.

 

Sur la RN2, très « tournicotante » mais au revêtement en bon état (sauf pour quelques trous, par endroits), nous traversons de grandes réserves nationales et forêts vierges de MANDRAKA et d’ANDASBE, parmi les grandes forêts malgaches encore préservées, alors que partout sur toute l’île, toutes les autres sont très menacées. Au niveau de cette forêt, j’aperçois de très beaux arbres à feuilles d’étable, dont j’ignore le nom.

 

                Ces forêts préservées côtoient de grandes plantations ou  monocultures d’eucalyptus et on peut se demander dans quelle mesure si ces plantations ne vont progressivement grignoter ces forêts vierges[1].  

Partout, j’observe l’invasion de la vigne marronne _ (Rubus alceifolius) une grande ronce, originaire du Sud-Est asiatique, dont les feuilles et le fruit ressemblent beaucoup à ceux du framboisier et surtout un fléau végétal, très invasif.

 

Nous apercevons, à un moment donné, le grand barrage hydro-électrique de MANDRAKA, construit dans les années 1920 ou 1930, duquel partent des lignes à hautes tension portées par des pylônes en bois.

L’île de Madagascar est riche en fleuves. Sa géographie rend l'hydro énergie idéale comme moyen de génération de l’électricité. Malheureusement, Madagascar ne possède que très d’ouvrages hydroélectrique[2] [3] [4], probablement par manque de moyens et donc continue de dépend pour ses approvisionnements en énergie de l’extérieur, en particulier du pétrole importé.

 

Sur une grande partie du trajet, pluie, grain et vent.

 

Le long de la route, beaucoup de panneaux vantant des projets de développements, souvent financés par la Communauté européenne. Mais comme j’ai pu m’en rendre compte sur place, beaucoup de panneaux annoncent des projets sans suite … Derrière ces projets financés par la C.E., il a ou il y aurait beaucoup de détournements d’argents (à vérifier).

 

Nous sommes régulièrement bloqués derrières les camions, dont nous pouvons en apprécier la bonne odeur … de gasoil.

La RN2 est vitale pour Madagascar et sa capitale, car c’est par cette route nationale que transite par camions, la plupart des produits de consommation et les carburants importés de l’étranger, en provenance du port de Tamatave[5], poumon et capitale économique de l’île. D’où la noria permanente de camions, en particulier de camion-citerne sur la RN2 (je suppose que cette noria s’explique par le fait qu’il n’existe pas de pipeline reliant Tamatave à Tananarive).

Une longue file de camions s’étirant sur plusieurs km avant le port de Tamatave _ zone sous douane hermétiquement close _, attend, parfois plusieurs jours, avant de pouvoir y pénétrer.

 

D’Antananarivo à Tamatave, il y a 370 km. Nous sommes parti vers 8h40 et nous sommes arrivés vers 17h, soit environ 8h de route, sur une route en bon état (quoique ralentie par les nombreux camions).

 

Par ma fenêtre, j’entraperçois une enseigne « Mimoz’art, boutique de fleurs ». Je suis toujours impressionné par la grande imagination et la poésie des malgaches pour les noms de leur magasin.

La ville comme le port de Tamatave, où nous sommes arrivés le soir, restent éclairés toute la nuit (contrairement à d’autres villes du pays).

 

Dans le taxi-brousse, je repense à un drôle de personnage nous ayant « pris à parti » au restaurant de l’hôtel Niaouli, à Tananarive. C’est un français retraité nous ayant relaté ses soucis avec la directrice, Michèle M., d’un orphelinat de l’île Sainte-Marie, qu’il finance. Il nous décrit, en d’assez mauvais termes, cette responsable … Il nous dit l’avoir soutenu, jusqu’à ce qu’il découvre, sur internet, que cette « bonne dame » avait été condamné à de la prison, pour la spoliation d’un vieux monsieur vulnérable de 80 ans vivant à Auch (Gers), dont elle avait détourné la fortune, alors qu’elle avait la charge, en tant qu’une sorte de gouvernante ou de gestionnaire de la fortune de cette personne (depuis et suite à sa condamnation, elle s’était réfugiée d’abord à la Réunion, puis à Madagascar).

 

Il nous affirmé que, s’étant rendu sur place pour participer à l’activité de l’orphelinat, il aurait constaté que cette directrice vivait maritalement avec un imam, ce dernier cherchant à convertir, à l’Islam, les jeunes orphelins, de cet orphelinat, ce qui le contrarie fort. Selon lui, les jeunes orphelines seraient déjà toutes voilées depuis le plus jeune âge.  Sachant que nous nous rendons sur place sur l’île de Sainte-Marie, il nous demande de  nous rendre, sur place, et de constater ces faits, à notre tour.

 

Dans les taxi-brousse, nous discutons souvent de tout avec nos voisins, quand ils parlent français. C’est un bon moyen d’aller à la rencontre et de connaître le peuple malgache. Il ne semble pas qu’il y ait de sujet tabous … sauf peut-être la mort. On peut discuter de la politique, de la corruption, des malgaches. Dans le bus, un « vazaha »[6], me disait, lui, que le prix de la « passe » avec une prostituée est, en moyenne, de 20.000 Ariary (soit ~8 euros)[7] [8].

 

A Tamatave, ciel gris bas, lourd. Pluie. Des taxi-pousses partout. Comme je le constaterais ensuite sur place, il y a trop de pousse-pousse à Tamatave[9]. A la gare routière la concurrence est féroce entre les cyclo-pousses  (ou vélo-pousse), sorte de rickshaw à pédales.  Les plus combatifs gagnent. Les moins combatifs ne mangeront pas à leur faim aujourd’hui. Partout des mendiants. Nous négocions le prix à 10.000 Ariary (~4 euros) avec un cycliste, afin qu’il nous amène à l’hôtel TSIK'HOTEL[10], que nous avons choisi, dans un des quartiers pas vraiment résidentiels de la ville.

 

A l’arrivée, on nous annonce que l’hôtel est complet. Finalement, on nous libère rapidement une chambre, où nous dormirons dans le même lit (en fait, beaucoup de chambre étaient fermées parce que leurs équipements fuient).

Le cyclo-pousse nous réclame un supplément, lié au fait que nous avons visité deux hôtels et non un seul. Nous payons finalement  14.000 Ariary (soit ~5,6 euros). Le fait de  renégocier sans cesse tout est courant ici dans ce pays (où les contrats papiers, en bon et du forme, sont difficiles à obtenir). Mais ici c’est aussi normal, car on leur, quant même, fait faire un travail supplémentaire.

 

Dans la salle de restaurant, je sympathise avec Freddy, un solide et beau jeune homme noir guadeloupéen, marié à une jolie et frêle malgache, Raïssa (qui parle mal le français). J’apprends qu’il est géomètre (qu’il utilise Autocad, Mark III[11]), a travaillé pour la SNCF, le stade de France et a construit sa maison de vacances en Guadeloupe, selon les dernières normes anticycloniques (toiture fixée avec des vis galvanisées, le tout fixé dans le béton etc. …). Il fourmille d’idées pour le développement et la lutte contre la pauvreté sur l’île.

 

Par exemple, me dit-il « le tubercule de certaines variétés de Colocasia[12], une plante d’eau aux feuilles géantes, des zones marécageuses de l’île _ encore appelée « oreille d’éléphant », « madère noir », « dachine », en Guadeloupe, parfois appelée aussi taro géant_ est comestible. Sa racine prend une couleur violette quand elle est cuite. Une autre variété est le « madère blanc ». Or il semblerait que les malgaches ne les mangent pas ( ?). Ses feuilles coupées très fin (sans fibre) servent aussi à préparer un certain colombo en Guadeloupe » [Mais, après vérification, il semble bien que le taro ou le dachine sont déjà consommés à Madagascar].

 

« Certaines plantes médicinales devraient être diffusées ici, comme le « bois carré »[13] _ un arbre de taille moyenne _ qui posé en emplâtre, permet de lutter contre les douleurs. Le « genou cassé »[14], une herbe posée en emplâtre, permet, lui, de « réparer » les genoux cassés[15] ».

 

Pour lui l’ananas le plus délicieux est l’ananas bouteille et il pense que sa culture devrait être généralisée  ici.

 

Toujours selon lui, « les zébus malgaches sont peu productifs en viande et en lait. Par leur sélection et amélioration génétiques, les croisements _ par exemple, a) pour le lait, avec la « Frisonne-Holstein »[16], qui produit 24 litres de lait par jour, b) avec la Charolaise pour sa viande (la Limousine étant trop fragile) _ et l’insémination artificielle, on obtiendrait, ici, des races bien plus productrices ».

 

« Les crevettes rouges de Madagascar sont mal gérées » et il y a un risque pour cette ressource, selon lui[17].

 

« La plupart des filets employés par les Malgaches ont des mailles trop petites, il faudrait des mailles plus grosses. Les prises sont trop petites, les tilapias sont trop petits. Avec les moustiquaires (employées ici pour la pêche)[18], les fonds sont raclés, « nettoyés » définitivement en 10 ans ! ». « Auparavant, nous avons fait la même erreur en Guadeloupe et nous la payons : maintenant, nous sommes obligés de pêcher, à 80 km des côtes, du côté d’Antigua ».

 

« Le pays a un potentiel énorme. Beaucoup de choses pourraient y être entreprises. Mais malheureusement, les Malgaches sont paresseux ». Malgré tout, il pense s’installer ici, s’il trouve la bonne opportunité.

 

« Que ne fait-on pas par amour ! », pensais-je à cet instant[19]. 

 

Ce soir, nous sommes allés manger au restaurant « La Terrasse »[20], le restaurant des Français de Tamatave, où l’on y mange bien. Son gérant, Floréal, marié à une Malgache et présent dans le pays depuis 1995, l’a ouvert depuis 3 ans.

 

S’y tenait une réunion des résidents français de l’île, afin de trouver de l’argent pour l’enterrement et la sépulture de l’un des leurs, qui s’est retrouvé en situation désargentée.

 

Beaucoup de gros 4x4 devant « La Terrasse ».

Beaucoup de jeunes et jolies filles malgaches attendant dehors aussi. Certainement pour faire « boutique mon c. »…

Certaines sont déjà attablées avec un Vazaha (c’est-à-dire avec un européen ou un blanc). Une, au physique un peu masculin et assez maquillée, boit seule son coca, à sa propre table. Maurice, en la regardant, est persuadé que c’est un travesti et m’en fait la réflexion, m’affirmant qu’il en a déjà rencontré à Madagascar. C’est le genre de conversation que l’on peut avoir à table, quand on n’a rien à dire … manière de relancer la conversation.

 

J’ai décrit à Floréal notre intention de marcher une semaine, en coupant à travers une forêt vierge, pour relier Maroantsetra à Antalaha, sur la côte Est. Lui, sceptique, ne croit pas qu’on dépassera Maroantsetra. Il nous décrit l’état du sentier boueux, le poids de nos bagages, la faible confiance qu’on peut accorder aux porteurs trouvés sur place. Durant le repas, il fait tout pour nous faire renoncer à notre projet.

Puis sentant qu’on est attristé ou bien inquiet par ses mises en garde (provenant certainement de son bon sens et son expérience), Floréal nous offre un punch vanille, probablement pour compenser la déception qu’il a fait naître dans notre esprit.

 

Ce soir-là fatigué par le taxi-brousse, je me couche comme les malgaches, à la nuit tombée (vers 20 h). Eux-mêmes, se lèvent comme les poules, vers 6 du matin ou avant … peut-être à cause du fait qu’ils ne disposent souvent pas de moyens d’éclairage, la nuit. 

 

Le mardi 13 septembre 2011 :

 

Le lendemain, je prends en photo un vendeur de DVD … DVD « piratés », comme, d’ailleurs, tous les DVD diffusés dans ce pays. N’arrivant pas à me donner une adresse email valide, je comprends qu’il n’a aucune notion de ce qu’est une adresse email. Et il n’a pas non plus d’adresse postale. Idem pour les jeunes d’une mosquée, que j’avais pris aussi en photo.

Beaucoup de malgaches souhaitent être pris en photo et pouvoir la recevoir ensuite. Mais l’adresse postale ou email qu’ils fournissent n’étant souvent pas valides, … il y a alors peu de chance qu’il reçoive leur photo[21]. Dommage.

 

Tamatave, que je visite à pieds ce matin, semble plus dynamique, à cause de ses nombreuses entreprises et de sa zone industrielle _ dont sa zone franche _ (cette ville semble plus dynamique que la plupart des autres villes malgaches) … Elle semble être très francophone, du fait de ses enseignes et ses plaques de rue, … toutes sont en français. Certains portent même le nom de représentants de l’ordre colonial français, comme Augagneur[22], Joffre[23] ( !) … Peu rancunier par rapport à l’époque coloniale ? En fait, le sentiment des malgaches face aux français, les anciens colonisateurs, est ambivalent, très variable d’un malgache à l’autre[24]. Certains, parmi les vieux, ressentent encore une blessure dans leur cœur d’avoir été colonisé et/ou au souvenir de l’insurrection de 1947 matée, et de la forte répression qui s’en est suivie. D’autres ne seraient pas contre le retour des français (y compris des anciens colons) dans l’économie malgache, pour la faire décoller, à condition qu’ils s’intègrent au pays réel, sans esprit colonialiste ou dominateur face aux Malgaches[25] [26]

 

Arrivé devant la gare de train de Tamatave, je suis attristé à la découverte de son état de délabrement actuel.

Une partie de ses locaux est occupée par une administration.

Durant un court instant, je l’imagine toujours pimpante et ayant fière allure, comme à l’époque coloniale. Si j’en crois une source locale, pourtant, Madarail, la société de train malgache, aurait acquis récemment des wagons équipés d’attelages type TGV ( ?)[27]. Si elle les moyens d’acheter des wagons moderne, pourquoi ne peut-elle pas rénover cette gare ?

J’en arrive même à envisager qu’il faudrait que les Suisses, aux gares si propres, reprennent la gestion du chemin de fer malgache. Car face à la décrépitude de beaucoup d’équipements à Madagascar, je me demande si parfois je n’arrive pas à souhaiter inconsciemment le retour de la colonisation française[28] ou plutôt d’une forme de départementalisation de Madagascar, au sein de la France, à l’image de Mayotte. Sujet ô combien délicat et sensible, tabou (« déplacé » …) et politiquement incorrect. … De toute façon, ce genre de solution coûterait très cher à la France, alors que cette dernière n’en a plus, maintenant, les moyens, en raison de sa dette étatique abyssale[29].

 

Mais est-ce vraiment la solution ? La solution ne résiderait-elle pas surtout dans l’éducation, un domaine insuffisamment développé à Madagascar (et dont les gouvernements successifs se sont insuffisamment préoccupés).

 

Si au moins une petite partie de l’argent destiné à la lutte contre les clandestins eu Europe (comme les dispositifs FRONTEX et autres) pouvait être consacré 1) aux financements d’ONG « assermentés[30] », formant localement au développement durable et/ou 2) à la création de micro-entreprises innovantes sur place et à toute solution permettant d’assurer une source de revenus suffisants à tous les Malgaches, sur place[31] ( !).

 

Visite du micro-musée ethnologique (probablement une annexe de l’Université de Toamasina, tenue par ses étudiants) _ je constate que ce musée souffre cruellement aussi du manque de finance et que ses collections ethnographiques n’ont pas évolué, depuis les années 60.

 

Je cherche à pénétrer dans le port de Tamatave[32] _ dans la zone portuaire sous douane,  entourée d’une haute clôture et/ou de hauts murs, qui semble assez vaste et active _, mais des vigiles m’en refusent l’accès.

A défaut, je me rabats sur le musée gratuit du port, attenant à ce dernier (où l’on y découvre des vieilles photos de ce port prises à différentes époques, de ses débuts jusqu’à récemment et dont  j’en fais un tour assez rapide). Photos plutôt intéressantes. On y découvre toute l’évolution d’un petit port, au début du siècle, jusqu’au grand port actuel. Certaines photos montrent les dégâts qu’ont causés, au port, plusieurs cyclones mémorables.

 

Toutes les exportations et les importations de Madagascar aux niveaux maritimes passent en général par le port de Toamasina (exportation de Vanille, importation de Blé[33], Riz[34], Sucre, Huiles,  ...)[35].

 

Sur une place bordée de gigantesques banyans, au centre de la ville, des malgaches jouent à la pétanque.

J’ai constaté que ce peuple aime bien cette activité, correspondant à son esprit à et à celui du « Mora-mora » (du doucement-doucement).

 

Visite, ensuite, du très joli centre culturel de l’Alliance Française, hébergé dans une très belle demeure de style créole en bois peint (en blanc et vert), au toit couvert de tuiles en bois [encore appelées bardeaux].

J’y apprends que l’informaticien du centre, un malgache, donne de cours gratuits d’informatique et de logiciels libres, dans l’amphithéâtre du centre. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de m’entretenir avec lui.

 

Cette année, j’apporté avec moi, environ 100 DVD-ROM sur le développement durable à destination de Madagascar, et aussi 50 CD sur les plantes médicinales malgaches, offerts par Madame Lucile Allorge, une grande botaniste spécialiste des plantes malgaches, afin que je les diffuse à Madagascar. Je compte les distribuer aux ONG et auprès de toutes les Alliances Françaises, sur ma route.

 

Cette année, je me suis trop chargé, en particulier, avec 4 ou 5 livres _ dont plusieurs exemplaires du remarquable « Guide des innovations pour lutter contre la pauvreté »[36] _, que je dois remettre à certaines personnes, sur mon parcours, et les 150 CD[37].  J’ai aussi trop d’électronique. Tout cela alourdit d’autant mon sac. Et j’ai oublié de m’en délester d’une partie, à l’hôtel Niaouli, à mon départ de Tana, alors que nous devrons repasser par Antananarivo, qui a une position centrale dans le pays (pour les déplacements au long court en taxi-brousse).

 

Par une chance extraordinaire, je rencontre le nouveau Consul de France, qui était de visite à Tamatave et à qui je remets une dizaine d’exemplaires de mon CD[38]. J’espère qu’il ne les remisera pas, ensuite, dans un tiroir.

 

A la sortie du centre, je suis talonné par un pousse-pousse qui ne cesse de me faire la réclame sur ses prestations et  son tour de ville. Il m’accompagne au moins, durant 500 m et ne me lâche pas d’une semelle. Je n’arrête pas de lui répéter que si je marche à pieds, c’est parce que je n’ai pas d’argent, que tous les Vazahas ne sont pas riches etc. J’ai voulu être sympathique avec lui.  En fait, j’aurais mieux fait de me taire. Car quand on commence à discuter avec un commerçant malgache ou avec toute personne proposant une prestation, ici, ce désir de discuter juste avec lui est perçu … à ses yeux (du moins), comme le signe (évident pour lui) de mon intérêt pour ses marchandises ou sa prestation et à un désir de marchander avec lui.

 

Après ce grand tour de ville,  je reviens chez Floréal, à « La Terrasse », où je retrouve un Français, désirant se rendre à l’île Sainte-Marie (tout comme nous), mais coincé depuis 3 jours, à cause de l’état de la mer _ mauvaise _, qui interdit la traversée, en bateau, vers l’île.

 

J’apprends de sa bouche, sa version de la mort récente du ministre malgache de la Population et des Affaires sociales et de l’aménagement du territoire, Madame Nadine Ramaroson, survenu le dimanche 28 août 2011, dans le naufrage de la vedette Black Shark[1],[2] au large de l’île Sainte-Marie[3].

 

Mme Ramaroson  et son mari venait de terminer une courte visite sur l’île de Sainte-Marie. Cet après-midi là, l’heure était déjà avancée. Une heure où quand la mer est forte, les capitaines de navettes ne veulent plus sortir en mer, surtout à cause du passage dangereux de la barre à l’embouchure d’une rivière à l’entrée du port de Soanierana Ivongo, située sur la rive d’en face (sur « l’île-continent » de Madagascar). Mme  Ramaroson, pressée, aurait insisté pour que le navire parte au plus tôt, malgré les risques. Au moment du passage critique, l’embarcation aurait pris une forte vague par le travers et, à cause de la peur, tous les passagers se seraient « rués » du côté opposé à l’arrivée de la vague, contribuant à déséquilibrer encore plus l’embarcation. Ce qui aurait provoqué son retournement, à seulement 200 m de la côté.

Puis ensuite, les secouristes seraient venus. Et cela serait en tentant de retourner le navire, qu’un appel d’air aurait provoqué l’accélération explosive d’un feu, provoqué par l’essence renversée et l’électricité de la batterie ( !), d’où l’explosion qui aurait tué Mme Ramaroson  et d’autres passagers (il y aurait eu au moins 13 passagers tués !).

 

Selon lui, depuis, les autorités _  devenues tatillonnes sur les sorties en mer _ les interdisent, dès qu’il y a une forte houle (à Soanierana Ivongo, du moins).

Au moment où j’ai été informé par ce français, la thèse de l’accident était encore retenue par les autorités malgaches, le lieu étant connu pour être dangereux à la navigation.

Par la suite, j’ai entendu d’autres sons de cloches, oscillant tantôt entre la thèse d’une erreur d’un de ses gardes du corps qui aurait dégoupillé malencontreusement sa grenade et celle de l’assassinat[39].

 

Maurice continue à chercher un moyen pour se rendre à Maroantsetra, soit en bus, soit en 4x4. Mais les 4x4 sont chers. Et d’après les renseignements collectés à Tamatave, il n’y a pas de taxi-brousse direct de Soanierana Ivongo  à Maroantsetra ou qui s’y arrêterait. Et après avoir séjourné sur l’île Sainte-Marie, il nous faudra retourner de Soanierana Ivongo à Tamatave. Puis prendre ce fameux taxi-brousse direct, partant les mardis, jeudis et samedis, de la gare routière de Tamatave.

Finalement, malgré les prophéties de malheur du français (celui rencontré à la terrasse) et malgré des bulletins météos contradictoires, nous décidons de prendre, tôt le matin, le taxi-brousse de la gare routière de Tamatave et qui se rend à  Soanierana Ivongo. 

Avant, on nous avait prévenu que la traversée en bateau navette jusqu’à Sainte-Marie serait longue (plus de 2 h) et qu’elle passe par un passage dangereux où il y a risque de retournement  même pour de grosses navettes.

 

La route que nous empruntons est goudronnée et relativement bonne (avec peu de nids de poules, sauf sur une petite portion avant la ville populeuse de Fénérive-Est[40]). Elle a dit être certainement refaite, il y a moins de 2 ans[41].

 

A Soanierana Ivongo, nous apprenons que les navettes passent quand même, malgré la houle, et qu’il y en a une dans moins d’une heure … Donc, mieux vaut s’inscrire dès maintenant (il y en a même plusieurs, telles celles de Melissa Express etc.).

 

A Ivongo, certains affirment connaître les tenants et aboutissants sur la mort de la ministre : « Celle-ci aurait poussé à la prise de risque alors que la mer était mauvaise ». 

Sinon tous la regrettent parce qu’elle était considérée, dans le pays, comme une femme énergique, efficace et intègre, dans le nouveau gouvernement de la Haute Autorité de Transition.

 

Sinon, j’apprends d’un policier local qu’en fait, le taxi-brousse direct de Tamtave  à Maroantsetra s’arrêterait devant la gendarmerie (ou le bac), si l’on lui fait signe … à condition qu’il ne soit pas plein.

Ce poste de gendarmerie, comme tous ceux que j’ai vu à Madagascar, n’est équipé que de vieilles machines à écrire.

 

Tout comme dans le minibus emprunté ce matin, on sent une odeur de gasoil, dans navette maritime qui nous conduit à Sainte-Marie. Cette odeur qui n’est pas fait pour nous rassurer.  La traversée est longue plus de 2 h.

Au départ, nous franchissons la même passe _ située à la confluence du cours d’eau, à son estuaire et de la barre formée par la houle du large_, à l’endroit même où la navette de la ministre s’était retournée.

A un moment donné, le capitaine place le bateau parallèle à la ligne de vagues, ce provoque un fort roulis latéral. Là nous comprenons tous pourquoi un retournement peut se produire, à tout instant, même dans le cas d’une grosse navette.

Tous les passagers portent un gilet de sauvetage, mais la plupart de ces gilets ne comportent plus de lanières.

 

A notre arrivée au port de Sainte-Marie, nous sommes attendu par Séraphine, une jeune et belle malgache, au teint café au lait, qui nous transporte avec son joli et antique petit 4X4 blanc décapoté jusqu’à notre futur hôtel ou maison d’hôte, les « Palmiers »[42] (et effectivement bordé de palmiers bouteille).

 

Nous y rencontrons le mari de Séraphine, un vieux Vazaha, de 72 ans, que tout le monde appelle Popaul. Ils ont eu un fils, Thomas, maintenant âgé de 11 ans, assez éveillé.  Ce dernier est passionné de cuisine et veut devenir cuisinier.

 

Je discute avec Popaul en sirotant un rhum arrangé maison. Celui-ci m’apprend que cet hôtel aurait pu ne jamais voir le jour. Car il y a 13 ans, il n’y avait rien. Popaul a tout construit de ses propres mains. Mais  il a failli abandonner tellement, il y avait de jalousies de la part d’autres vazahas et aussi de malgaches et tellement il était harcelé par la « corruption » (« c’était très dur » précise-t-il). Maintenant, depuis qu’ils sont « rentré dans le moule », celui de Sainte-Marie et qu’ils sont acceptés, il n’y a plus de problème.

 

Je me rends à l’Alliance Française locale, pour y apporter mes CD et ma bonne parole pour le développement durable.

J’y apprends que le centre manque de tout, y compris de livres récents. Souvent la bibliothécaire doit répondre, aux lecteurs venus emprunter, le sempiternel « Tsiki » (« il n’y a pas » …). 

 

La bibliothécaire et un de ses bénévoles profite de mon passage pour que je lance un appel aux dons de livres, en France, sur Internet, auprès de tous les touristes qui se rendraient à Sainte-Marie, pour qu’ils apportent des livres pour le centre culturel français loin de tout. Bref, je relaie donc, ici, leur demande, dans ce compte-rendu.

 

A part deux salariés, la directrice et la bibliothécaire, ce sont essentiellement des bénévoles _ majoritairement des retraités _ qui s’en occupent.

 

Jacques, un des bénévoles retraités du centre, m’offre une bière, sur la terrasse de l’Alliance. J’apprends de lui qu’il a été forestier au cirque de Mafate, à la Réunion. Selon lui, une de ses plus belles réussite, est une grande plantation de filao, avec une densité de 1600 à 1800 arbre par hectares (selon la raideur de la pente), un planté tous les 4 m, avec entre, des cultures intercalaires de haricots rouges, pour fixer l’azote  (le filao étant lui-même déjà un bon fixateur d’azote). Il est très sceptique sur la volonté des iliens de Sainte-Marie de développer leur île.

Il me cite par exemple, le projet d’éco-village et d’écotourisme, sur l’île, lancé à l’initiative des Volontaires du Progrès. Un volontaire de cette ONG est resté pendant un an sur place. Mais dès son départ, tout est tombé à l’eau.

« Je ne pourrais jamais lancer ici, ce que j’ai lancé à la Réunion  […] ici tout le monde se fout de la déforestation de l’île, qui est ici dramatique ». « Comme tout pousse, les gens se laissent vivre et ne font pas d’efforts ».

 

Nous abordons ensemble par l’invasion, qui touche aussi l’île Sainte Marie et que j’avais observé sur toute la côte Est de Madagascar en 2010, d’une espèce d’arbre       assez joli, le Grevilleas (Grevillea banksii)[43], un petit arbre invasif _ aux jolies et fines feuilles et fleurs, très esthétiques, créant des décors  à la Corot ou Sisley. Selon lui, cette invasion est liée à une erreur d’évaluation d’impact lors de son introduction sur l’île, par les autorités coloniales, l’arbre ayant été planté au départ à Madagascar pour stabiliser le déplacement des dunes au bord de la mer[44]. Ma           is « on ne peut rien en faire [avec le grevillea]… à part d’en faire du charbon de bois[45] [46] ».

 

Personnellement, j’avais moi-même observé l’invasion de fourrés denses de cette plantes, sur toute la côte est de Madagascar, depuis Fort-Dauphin jusqu’à Vohipeno. Et maintenant, comme je le constate ici aussi, sur toute la côte autour de Tamatave et sur l’île Sainte-Marie, cette invasion est certainement favorisée par la culture itinérante sur brûlis _ appelé le Tavy, à Madagascar _, qui ravagent les terres de l’île, la transformant en une suite de collines, de plaines et de paysages pelés, désolés, voire désertiques, sensibles à l’érosion et s’étendant à perte de vue sur toute l’île.

 

En sortant de l’Alliance Française, je suis surpris par une pluie courte, drue et forte.

 

J’observe, partout, que tout le soubassement de l’île est constitué d’un granite noir solide, au grain fin, certainement très ancien (dont on fait des pavés ici, … mais pas de maisons). Certainement le socle granitique de l’île est lié à celui de Madagascar, avant sa séparation de l’Afrique (rifting indo-malgache), il a 100 millions d’années (vers la fin de l’ère secondaire). Cette île longue et étroite, de plus de 50 kg de long, parallèle à la côte Est de Madagascar, a dû certainement se séparer d’elle, à la même époque ( ?).

 

Sainte-Marie bénéficie d’un climat chaud et humide. Comme le disait Jacques : « tout y pousse,  à cause de la forte humidité et de la chaleur. Mais tout peut y  moisir, aussi ». 

On entend partout la stridulation des crapauds-buffles ou bien de grenouilles au cri apparenté. 

 

Je déjeune au restaurant le ZAPETIT. Encore le charme des noms des établissements malgaches, sonnant toujours agréablement aux oreilles des vahazas.

 Ici sur cette petite île, toutes les femmes ont aussi, d’ailleurs, des noms originaux et poétiques : Séraphine, Armance, Rozina etc.

 

Je rencontre ensuite, un couple de français, Dominique et Bruno, gérants d’un restaurant haut de gamme, l’Idylle Beach, au décor raffiné, de bon goût et où la musique d’ambiance est toujours choisie avec soin (au moment de mon passage, une musique d’Eric Clapton était diffusée). Ils possèdent le WIFI et leur connexion semble rapide.

 

Avec eux, autre son de cloche et version, en particulier sur la mort de la ministre et sur leur installation sur cette île paradisiaque, il y a 4 ans.

 

Selon eux, concernant la mort de la ministre « le capitaine de la navette avait déjà fait 5 tours et il était fatigué » [et il a commis, alors, une faute].  Quant à son garde du corps, « il aurait peut-être dégoupillé l’une des grenades, qu’il avait avec lui, … par inadvertance »[47].

 

Pour lancer l’Idylle Beach ce couple semble avoir réuni beaucoup plus de moyens financier que Popaul. Par ailleurs, ils sont restés quatre ans sur l’île en tant que serveurs dans d’autres restaurants, afin d’observer les règles du jeu de l’île et pour se faire accepter ici. Et donc d’après eux, quand ils ont lancé leur propre restaurant, ils n’ont pas eu de soucis ….

 

Jeudi 15/09/2011

 

Maurice avait l’intention de louer une moto tout terrain pour nous rendre à l’île aux Nattes, la partie couverte d’hôtels et située à la pointe sud de l’île Sainte-Marie.  Mais l’unique station-service de l’île _ une station TOTAL _ est en rupture de stock, depuis ce matin[48] … L’idée semble donc « kaput ». Sinon, en « bakchichant » un peu, on pourrait en obtenir. Mais Maurice refuse les bakchichs. Et il a du mal à trouver du carburant. Finalement, il en « dégote » dans une petite boutique de bricolage (sorte de comptoir), chez Chankan, en face de la superette et à côté de la boulangerie « Choco-pain ».

 

L’artisanat offert aux touristes semble grossier et ne m’enthousiasme pas. Il ne semble pas avoir d’artistes compétents et talentueux à Sainte-Marie.

 

En chemin, Maurice est arrêté par des policiers situés au bout d’une digue.  Maurice ayant oublié son permis à l’hôtel, il devra « écoper » d’une grosse amende. Finalement, un bakchich de 10.000 Ariary (~ 4 euros) suffit à résoudre le problème. Maurice propose, de nouveau, d’aller chercher son permis à l’hôtel, mais le policier lui déclare que ce n’est plus la peine, puisqu’il a versé son « amende ».

 

Après un court arrêt, devant l’isthme étroit séparant les 2 îles _ reliés par un service de piroguiers, avec leurs petites pirogues _, nous faisons un rapide tour du joli aéroport international, à la belle et longue piste goudronnée, plane comme un billard, mais déserte, sans aucun avion sur le tarmac. Seul, un camion pompier neuf y circulait, à notre arrivée. Au moment de notre passage, l’aéroport était sans électricité … « Cela ne fait pas bon effet » me dis-je.  

Le personnel de l’aéroport est composé de 2 administratifs, de 2 bagagistes magasiniers, d’un pompier, d’un contrôleur (d’un agent de la tour), pour juste une seule rotation d’un avion d’AIR MADAGASCAR, par jour.

Nous y apprenons qu’une seule personne possède son avion privé ici, le gérant de l’hôtel « Princesse Bora Lodge », sur l’île aux Nattes. Sinon, il existerait un petit aérodrome, au Nord de l’île Sainte-Marie, qui serait difficile d’accès.

 

Finalement, nous roulons sur une route défoncée, assez « casse-gueule », entre Ambodiforaha et Saint-Joseph.

Cette petite balade nous ouvert l’appétit et nous allons ensuite manger, au restaurant à soupes, « chez Rosina ».

A proximité, à côté de la gargote « Chez Josiane »,  un panneau indiquant « Paris, 7925 km » me fait sourire.

 

Maurice discute avec  une jeune Malgache, dont l’activité est d’offrir des massages aux touristes (en plus d’être coiffeuse). Il apprend, d’elle, que le gérant du plus grand hôtel de Sainte-Marie, sur l’île aux Nattes, vend, aux touristes, les prestations des masseuses  (celles se rendant à l’hôtel) 50.000 Ar.  Puis  il prélève, au passage, sur cette somme la moitié, soit 25.000 Ariary (ou  ~ 10 euros) et ne donne, aux filles, que 25.000 Ar, au prétexte qu’il leur apporte du travail. Même si ce gérant a des frais et doit donc se rembourser, ces 50% de prélèvements sur les revenus des masseuses me semblent un peu beaucoup (d’autant qu’elles ne gagnent pas énormément).

 

Le soir, je retrouve Paupol, qui confirme les dires de Jacques de l’Alliance Française sur les Saint-mariens.

Lui-même avait financé la reconstruction du château d’eau, du lavoir et des toilettes publiques. Les malgaches îliens les ont entretenus 2 à 3 mois. Puis, tout s’est recassé, progressivement. Maintenant, les femmes retournent, de nouveau, laver leur linge à la rivière.

 

Il voulait aussi financer la coopérative de clous de girofles (une des principales productions de l’île). Mais la « sous-préfète » lui a raconté que celle-ci avait déjà été financée et que ses responsables ont déjà tout « bouffés ».

 

Paupol avait aussi voulu amener l’adduction d’eau au village. Il voulait payer les canalisations. Mais les villageois ne voulait creuser les tranchées, qui si on les payait ( !), alors que c’était pourtant eux les bénéficiaires de ces travaux.

 

« Ici règne la paresse, la nonchalance … Ici, tout le monde a une mentalité d’assisté […] Il y a toujours une raison si les peuples sont colonisés […] Tout ce qui a été construit du temps de la colonisation _ lavoir, château d’eau … _ s’est dégradé. C’est très décourageant ! ».

Selon Paupol « un entrepreneur rencontre beaucoup de problèmes pour obtenir une propriété, ici, car tout le monde dit être propriétaire et veut de l’argent »[49].

« Les Japonais avait construit un beau centre de sante et fournit du beau matériel … mais tout s’est dégradé  […] Un chirurgien, opérant dans ce centre, s’est révélé ne pas être un chirurgien. Sur 4 opérations, il y a eu deux morts […]. Si l’on est très mal [très malade], il n’y a rien, sur place »[50].

« Il a peu d’amitié et de solidarité entre les Vazahas  [i.e. les « blancs », sur l’île] ».

« L’Alliance Française a beaucoup de mal à déplacer les malgaches pour des cours et des apprentissages ».

« Un jeune malgache avait donné des cours d’informatique, mais personne ne venait. Il a tenu 6 mois, puis son matériel s’est dégradé. Enfin, la salle de cours a fermé ».

 « Dans la rue, il y a des trous remplis d’eau … personne ne pense à les empierrer et à les boucher. On préfère juste en faire le tour … ».

« Il y a beaucoup de jalousies, ici ».

« Derrière la carte postale paradisiaque, il y a une toute autre réalité … ».

 

Après cette description un peu déprimante ou peu encourageante du développement de l’île, il m’est alors intellectuellement difficile de comprendre le choix de Dominique et Bruno qui eux ont décidé de rénover (de quasiment reconstruire) le restaurant l’Idylle Beach (en ruine). Ils sont certainement plus adroits que d’autres.

 

La nuit est tombée et les lucioles sont de sortie, telles des illuminations clignotantes que j’avais pris, au début, pour les clignotements d’appareils électroniques au niveau des cases et des jardins de notre hôtel. Ces lucioles émettent des petites lueurs intermittentes fortes, blanchâtres à verdâtres, à l’image des flashs réguliers des avions dans le ciel. Elles sont plus lumineuses que nos lucioles françaises.   

 

Avec elles, je retrouve la féérie de mon enfance, le souvenir de centaine ou de milliers de lucioles, entourant notre bungalow d’un hôtel situé sur une longue plage du côté de Tamatave, observés lors d’un séjour, avec mes parents, dans les années 50.  Dans mon souvenir, les lucioles (qui seraient appelés « mouches de feux » [51]  ou localement « kirendriry ») étaient très nombreuses, alors que maintenant, elles ne sont peut-être qu’une trentaine, dans cette rue, d’une centaine de mètres de long. Par suite, j’observerais qu’elles semblent plus nombreuses, juste après une pluie, quand la végétation est très humide.

 

Thomas se propose de m’attraper une luciole, dans la rue, afin que je puisse la photographier. Aussi tôt dit, aussi tôt fait. La luciole attrapée et posée sur la table de la cuisine de l’hôtel, ne ressemble ni à un ver, ni à une mouche, plutôt à un tout petit coléoptère couleur beige, de 5 mm de long, étroit.  Il ressemble plutôt à un Pteroptyx valida (une luciole de Malaisie).  J’essaye de la photographier au moment où il émet son flash lumineux légèrement vert. Mais à chaque fois, le déclenchement de mon appareil ne se synchronise pas avec le « flash » de l’insecte.

 

 

A gauche l’espèce malgache de Pteroptyx, probablement endémique, que j’ai photographiée.

A droite l’espèce malaysienne Pteroptyx valida .

 

Thomas la pousse et lui donne des petits coups régulièrement avec son doigt, pour tenter de la faire émettre son flash. Mais en voulant l’immobiliser pour ma photo, cet animal, petit et très fragile, meurt.  La mort de cet insecte me rend malade (je suis triste). Thomas propose de m’en chercher un autre. Je décline son offre. J’ai trop de respect pour la vie, pour risquer d’en tuer un autre (même involontairement)  … surtout si j’ai l’impression que cette espèce, comme toutes les espèces des forêts humides malgaches, est en déclin et pourrait disparaître.

 

Dans la rue certains lampadaires étant en panne, j’ai amené ma lampe torche. La rue est noire et des Malgaches y circulent. Parfois, je pointe ma lampe en leur direction. Mais Thomas me met en garde : « Il ne faut pas pointer la lumière de ta lampe vers une personne ou à l’intérieur d’un jardin ou vers un pousse-pousse, c’est mal poli ici ».

 

 

Samedi 17/09/2011 :

 

Ce matin, coupure générale d’électricité. La pénurie cette fois-ci s’étend à la centrale électrique de la JIRAMA _ un gros groupe électrogène alimentant toute l’île. « Plus de sou, donc plus d’essence » nous dit-on.

 

Je rencontre un malgache informaticien, qui me donne sa carte de visite où l’on peut lire « M. COPERTINOT, service assistance informatique ». Comme il n’y a pas d’électricité et que son ordinateur ne peut pas fonctionner, il a décidé de dormir toute la journée (en attendant, il me louera son scooter pour le lendemain). « La Vita è bella » [La vie est belle] me dis-je. Visiblement, on ne se bouscule pas, ici, pour trouver du travail ou s’occuper [quand il n’y a rien à faire].

 

Avant mon départ en moto, il me montre une plante médicinale, qu’il cultive et qu’il appelle « plante-guérit-vite », pour les plaies (que je photographie, mais dont il ne connaît pas le nom).

 

Son frigo est vide et il ne fonctionne plus depuis longtemps.

 

Un ancien professeur, Martial _ reconverti à l’activité de guide touristique, plus rémunératrice _, de passage chez Copertinot, me cite d’autres plantes utilisées ou cultivées ici : Nahabibo (Anacardier pour la noix de cajou), Makoba (Jambosier rouge ou Pommier d'eau), Fleria ( ?), Vapaka (Uapaca thouarsii), Boa rouge, Menalozona ( ?), Boa de benne[52] …

 

 Finalement, Maurice et moi décidons de partir vers le Nord de l’île, avec notre moto, afin de découvrir les piscines naturelles.

La route, bonne et goudronnée au début, durant 10 km, se transforme vite en une très mauvaise piste (tantôt une piste sableuse, tantôt une piste défoncée, pleine de cailloux et de pierres), qui nous fait chuter par deux fois.

A moment donnée, sur notre droite, nous voyons des carriers tailler des pavés et des moellons, avec un marteau et un burin, à partir de blocs de granites noirs, extraits  à la barre à mine, de petites carrières improvisées.

Pourquoi ne leur vienne-il pas à l’esprit de paver cette route si mauvaise ? Comme l’a fait le père Pedro et ses carriers dans chaque villages de l’association AKAMASOA, disposant d’une carrière de pierres. Car au moins une route pavée dure des siècles et elle demande moins d’entretien qu’une route goudronnée, surtout dans cette région si pluvieuse ( !).

 

A un croisement de route, nous cherchons notre chemin. Y est planté un panneau du Missouri Botanic Garden (MBOT)[53], sur lequel sont peints à la main les images de trois plantes de la forêt primaire d'Ambohidena, de l’île Sainte-Marie, toutes en grands danger d’extinction : Dypsis sanctaemariae (un petit palmier), Sakonanala madagascariensis et Dalbergia normandii[54] (ces deux dernières étant des Fabacées ou Légumineuses).  

 

Dypsis sanctaemariae (MBOT)

Sakonanala madagascariensis (MBOT)

Dalbergia normandii (MBOT)

 

Un autre panneau, à côté, annonce : « Travaux de construction en route bitumée entre PK8+500 et PK9+75 de la RNS21 [...] Bretelle nord entre Ambodifotatra et Ankirihiry. Financement : Fonds Européens de développement (FED).   Début des travaux : 12 Juillet 2010, Fin des travaux : 12 Mai 2011 ». Après renseignement auprès des habitants, j’apprends que pas le moindre début de travaux n’a été constaté (peut-être est-ce l’effet de l’embargo de C.E. contre le H.A.T. ?).

 

Puis, nous visitons l’orphelinat associatif de brousse ZAZALELY ANIVORANO, d'Angnivorano, situé au Nord de l’île. Ce centre s’est installé, selon les dispositions d’un bail locatif de 99 ans, en 2003, sur le site d'une ancienne menuiserie désaffectée, comportant une dizaine de bâtiments, qui étaient au départ sans toit, en très mauvais état.  L’association ZAZALELY[55] (signifiant « petit enfant » en Malgache) vit des dons qu’elle collecte. Ses structures en falafa (feuilles de l’arbre voyageur) avaient été détruites à 90% par le cyclone Ivan[56]. Mais depuis, elles ont été reconstruites en dur _ ses toitures demeurant toujours en falafa, posées sur des poutres de bambous _, grâce aux dons de l’association réunionnaise « Les Enfants du Soleil » et l’aide du docteur Guillermet de la Ciotat (en France).

 

Sinon, les membres de l’ « Association Colore le Monde » sont venus dispenser, à ZAZAKELY, des cours de français et d'initiation aux arts plastiques, en ayant distribué leurs fameux kits scolaires composés d'une ardoise, de crayons, de cahiers….  Et actuellement, une jeune bénévole, présente sur place, continue à aider les orphelins.

 

L’association possède deux groupes électrogènes. Le centre accueille actuellement 30 enfants, 15 actuellement, pendant les vacances scolaires.  Nous sommes ici, dans un endroit perdu. Mais le lieu est joli, en bord de mer et, comme le centre et son jardin, tout y est propre et soigné.

 

Sa directrice Michèle Martres, dite « Marelle » (ou « Armelle » ?) nous dit qu’elle est passée à la télévision française dans l’émission « Les séniors qui réalisent leurs rêves » (le 14 novembre 2010). Selon, elle le niveau des enfants scolarisé ici est très bas (car si les enfants logent à l’orphelinat, ils se rendent chaque jour à l’école publique malgache, toute proche, … l’orphelinat lui-même ne dispensant pas de cours).

 

Elle nous vante ensuite sa maison d’hôte, qu’elle nous fait visiter _ composée de deux bungalows assez esthétiques et confortables, à des prix raisonnables[57] _ déjà en activité et devant apporter un revenu complémentaire à ZAZAKELY.

 

 On sent que cette « Marelle » a une forte personnalité et qu’elle dirige tout d’une main de fer, que cela soit l’orphelinat, ses enfants et son personnel.

 

J’assiste au repas simple, distribué aux 15 orphelins par une plantureuse cuisinière utilisant des foyers à feux de bois. Je ne vois pas, ici, de jeunes filles portant le voile (de plus, nous sommes arrivés à l’improviste à l’orphelinat, sans nous faire annoncer. Et donc s’il y en avait eu, je les aurais vus).  Les scènes observées ici apparaissent rassurantes.

 

Après avoir quitté Zazakely, nous traversons des paysages couverts de Grevillea Banksii. Un phare, se détache au loin, nous guidant sur notre route. A proximité, nous constatons que ce phare, en tôle, est totalement rouillé et qu’une partie de sa balustrade est déjà effondrée. Je me demande bien s’il est encore en état de fonctionner.

 

Puis nous atteignons un village au bout de l’île, au bout du monde : ici pas taxi-brousse (son plus proche arrêt est à 7 km), pas de JIRAMA, pas de groupe électrogène. Nous y laissons notre moto, sous la bonne garde de deux jeunes, moyennant une petite indemnité.

 

Tout le long du chemin nous conduisant aux piscines naturelles, nous sommes sans cesse importunés par des jeunes tantôt nous proposant tantôt d’être notre guide, tantôt de nous préparer notre repas etc.

 

Un groupe touristique, venu avec un 4X4 Land-rover flambant neuf, déjeune sur la terrasse d’un ancien restaurant abandonné. 

 

Les piscines naturelles sont formées de concrétions de coraux, protégeant, des puissants assauts des vagues venues du large et de l’océan indien, des bassins d’eau de mer fermés.

 

Nous sommes totalement seuls pour nous baigner. L’endroit est sauvage. Au début, sont présents une couple de Néo-zélandais, qui nous quitte rapidement, et aussi un malgache « solliciteur assidu », dont nous nous « débarrassons » en lui commandant un poulet coco.

Il a fait beau durant notre périple vers les piscines naturelles. Nous avons eu beaucoup de chance, sur cette île où il pleut beaucoup.

 

Notre « solliciteur » nous annonce que le poulet coco est prêt. Mais il est froid, gras et pratiquement immangeable. Les frites _ faites à base de patates douces _, qui l’accompagnent, sont bizarres. J’ai la forte impression de « m’être fait avoir ». Pendant la durée du repas, nous avons le droit à sa complainte sur ses difficultés, le fait qu’il n’y a pas d’électricité au village, qu’il y a un taxi-brousse aux phares cassés, en mauvais état, tous les deux jours à 4 heures du matin, que le coût du carburant à transporter est élevé etc. Je sens qu’il veut nous réclamer de l’argent.

 

Sur le chemin du retour, peu après le village, une jeune femme me vend environ 850 gr de gousses de vanilles, du plus bel aspect, pour environ 16 euros[58] (20.000 Ariary). Alors qu’en ville, la vanille de 1ère qualité, était à 70.000 Ariary / kg.

 

Le soir, je vois que le temps est en train de changer et ce qui ressemble à un front froid en train d’arriver, matérialisé par une belle ligne rectiligne de cirrus.

Il a fait très chaud durant cette journée et j’ai hâte de me désaltérer. Sur le bord de la route, je vois une fontaine publique déversant, en abondance, une eau fraiche cristalline, bien  tentante. Je commence à en boire quand une femme me dit que cette eau ne provient pas d’une source, mais qu’elle est détournée d’une rivière. Je crains la dysenterie, mais finalement, il ne m’arrivera rien. Ici il faut être prudent et j’ai eu de la chance[59].

 

Le soir, je retrouve à la maison d’hôte, ses hôtes, qui se sont déjà rendus à plusieurs reprises sur l’île rouge, et Paupol. Tous conviennent du niveau éducationnel très bas ici et de la faillite du système éducationnel malgache. Car selon eux, il est fréquent de voir 80 élèves par classes !

« Les malgaches ne s’intéressent à rien, ne sont curieux de rien ! 

Les liens de famille sont très forts. Dès qu’un malgache réussit, sa famille devient sa sangsue, son parasite.

C’est un pays africain … vraiment ! ».

 

Ont-ils tous une piètre opinion des Malgaches ? Au contraire, je pense que Paupol, Jacques et d’autres aiment réellement les malgaches ; c’est la raison pour laquelle ils se désolent encore plus. 

Sinon, je n’oublie jamais que le retard éducationnel énorme des Malgaches y est pour quelque chose. Comme Jane Goodall, la célèbre primatologue, je pense qu’il faut toujours garder espoir, qu’il faut persévérer sans cesse, pour faire décoller l’île, qu’il faut être tenace, ne pas abandonner, ne pas se décourager … En fait, il faut beaucoup de  ténacité pour Madagascar[60].

 

Plus tard, quelqu’un me dira que « c’est Popaul qui gère les comptes de l’hôtel, car Séraphine ne comprend rien aux chiffres. Elle ne pourrait jamais gérer l’établissement. Or Popaul a déjà 72 ans, alors que Thomas n’en a que 11 ans. Cela nous inquiète ». Cette personne espère que Popaul vivra suffisamment longtemps pour qu’il puisse passer le relais ou le flambeau, en temps, à son fils.

 

Ce soir, je choisi un livre mise à la disposition des hôtes de maison d’hôte : « La schizophrénie de l'islam »[61], au contenu plutôt sérieux. J’y lis : « L’Ayatollah Hossein Noori Hamedani, a déclaré, le 4 avril 2005 : « Il faut combattre les juifs, pour hâter la venue de l’Imam caché ! […] Les idées folles comme la lucidité, le libéralisme, l’humiliation font part des plans de nos ennemis pour semer la division. La trinité du mal, c’est l’hérésie, la division et le sionisme ! […] L’histoire montre que les peuples qui ont perdu la culture du Jihad et du martyr ont été vaincus ! » ».   Cela fait froid dans le dos.

 

Dimanche 18 septembre 2011 :

 

Ce matin, je décide d’aller visiter la petite forêt primaire,  la plus proche de la principale agglomération de l’île, Ambodifotatra, où se trouve notre maison d’hôte.

 

Note : La coupure de courant de la veille se prolonge ce matin.

 

Ce matin, Copertinot veut conduire le scooter qu’il m’a loué. On convient de 17.000 Ariary pour sa location, durant une demi-journée. Finalement, je le conduis, lui restant sur le porte-bagage. Au moment de démarrer, je constate que le pneu arrière est à plat.

Copertinot, n’ayant pas de pompe, se rend dans un petit garage. Il revient 30 mn après, le pneu regonflé.

 

10 km après, peu avant d’arriver à maison du guide nature malgache, qui nous conduira dans la forêt (que j’ai rencontré la veille),  Copertinot se rend compte qu’il a oublié de mettre de l’huile dans son scooter (un 55 cc, 2 temps). Il veut retourner à Ambodifotatra. Finalement, nous choisissons de rouler lentement et de descendre, ensemble, du scooter, à chaque montée, de le pousser, pour éviter de le faire trop chauffer.

Son pneu est de nouveau sous gonflé et heureusement, nous trouvons dans le village le propriétaire de la pompe qui nous la prête, moyennant une petite indemnité.

Je retrouve le guide nature malgache, Fréjus, a qui je remets les 30.000 Ariary convenus avec lui, hier.

 

Vue de la route, la forêt semble intacte, mais on ne voit qu’un rideau d’arbres, ceux des grands manguiers du village voisin. Mais dès le rideau franchi, nous débouchons sur un paysage désolé, couvert de graminées et de plantes pionnières (tels que Grevillea banksii, aux jolies fleurs en grappes aux inflorescences couleur jaune pâle, dressées comme des luminaires en bout de rameaux, puis une sorte de fougère spongieuse, très envahissante, ressemblant à une Lycopode, dont je ne connais pas le nom _ voir sa photo ci-dessous _, puis une petite plante herbacée médicinale aux baies d’un bleu spectaculaire intense, l'œil de zébu (Dianella ensifolia)  etc.) _ une étendue « collineuse », parsemée, de temps à autre, de petits lopins de cultures vivrières. A un moment donné, nous rencontrons une grande couleuvre entièrement noire, légèrement piquetée de petites tâches plus claires[62] _ voir photo ci-dessous.

 

Fougère « spongieuse » peut-être un Lycopodium zanclophyllum ( ?)  

Couleuvre noire

(un Leioheterodon madagascariensis ?)

Photos © Benjamin LISAN

Dianella ensifolia (ou Dianella ensiflora) ou œil de zébu

 

La vraie forêt primaire se trouve, en fait, à plus de 4 km du village. La marche d’approche est longue, interminable.

 Plus je m’approche plus de cette forêt, plus je me rends compte de la catastrophe. C’est même un désastre. La forêt primaire est réduite à un moignon  de forêt primaire, à quelques dizaine d’hectares seulement et elle continue d’être grignotée : un pan entier de la forêt vient d’être coupé récemment, pour les cultures _ voir photo ci-dessous.

Pourtant … les agriculteurs locaux savent que la forêt est protégée et que son abattage est illégal (comme me le confirme mon guide). Probablement, si rien n’est fait, cette forêt aura disparue en 2015 voire en 2020. Je suis atterré. Son état de dégradation me rend malade.

 

Mon guide, lui-même, me dit être inquiet. Et de fait, il récolte des graines d’arbres, en espérant les refaire repousser chez lui[63]. Il ne connaît ni les noms français, ni les noms latins des plantes et il ne parle pas bien français, mais il semble bien connaître les plantes et arbres de cette forêt.

 

 

Déforestation d’une des deux dernières forêts primaires de l’île Sainte-Marie, située à 10 km au Nord d’Ambodifotatra, Madagascar. Septembre 2011.  Photos ©Benjamin LISAN.

 

Dès que l’on pénètre dans cette forêt primaire, pourtant petite, nous sommes dans un autre monde. Il y fait frais et sombre (alors qu’il faisait très chaud dans savane herbeuse que nous venons de quitter). Tous les chemins, empruntés par les coupeurs de bois illégaux dans la forêt, sont boueux. Cette forêt retient l’humidité.

 

Dans la savane, nous entendions surtout la stridulation de crapauds-buffles. Dans la forêt, nous entendons la crécelle d’un autre type de batraciens, probablement une grenouille. De temps en temps, sous l’effet du vent, les hautes frondaisons des arbres s’agitent, sifflent et craquent. Je me sens bien dans cette vénérable forêt, dont je ressens le caractère vivant et le potentiel (médicinal et autre). Quand on reste immobile, les oiseaux se remettent à chanter. On parvient même à en entrapercevoir.  

 

Mon guide me monte des arbres rares (tendant à disparaître) dont certaines espèces de palmiers que je sais rares.

Par exemple, il me montre un palmier au tronc bicolore marron rouge et blanc, que je n’arriverais pas à identifier à mon retour.

Au milieu de la forêt, des troncs d’arbres coupés. Des coupeurs de bois passent rapidement devant nous, sans s’arrêter, leur butin ligneux sur la tête.

 

      

A gauche palmier bicolore (inconnu).   A droite, inflorescence et fruit d’un autre palmier (peut-être le Dypsis sanctaemariae ?).

Photo ©Benjamin Lisan.

 

A la sortie de la forêt, de nouveau le choc chaleur et soleil. Cette marche m’a fourbu.

Retour au village. En général, il y a beaucoup de bruits dans les villages malgaches : vers 3h ou 6h du matin, chant du coq, puis quelqu’un qui tape un clou, ou encore une sono bruyant, voire les couinements déchirants des cochons.

 

Bonne nouvelle ! Séraphine m’apprend que le responsable de MELISSA EXPRESS, « un collectionneur local de smartphones », me rachète le mien (j’ai apporté 2 téléphones à Madagascar. Cette vente concerne le second téléphone portable que j’ai apporté ici). Impécunieux, c’est, pour moi, une petite bouffé d’oxygène pour l’achat du billet de la navette bateau du retour, à 70.000 Ariary / personne[64], puis pour les 10.000 Ariary de taxi-brousse pour le retour à Tamatave, demain, voire pour le taxi-brousse pour Maroantsetra, dans les jours qui suivent.

 

Je rencontre Martial[65], un guide fin connaisseur des plantes malgaches, parlant bien français _ que j’aurais aimé prendre pour ma balade dans la forêt, mais qui n’était pas disponible aujourd’hui _, et à qui je fais pars de ma désolation et de mes craintes quant à l’avenir de cette forêt primaire.

 

Auparavant, j’ai appris de Jacques que Martial était un professeur très cultivé, mais qui était si mal payé _ et souvent même pas payé du tout, durant 6 mois _ qu’il a quitté l’enseignement pour devenir guide.

Sinon dépendant de l’alcool, il s’était converti à l’Islam, pour tenter de ne plus l’être. Mais, malgré tout, il continue de boire. J’ai l’impression que l’alcool est un fléau sur cette île, peut-être justement à cause du désœuvrement et de l’ennui ( ?). (Il semble que sur l’île, on travaille peu).

 

En repensant à son histoire, je remarque incidemment qu’il a beaucoup de musulmans et de mosquées sur l’île.

 

Puis je rencontre Séraphine, dont le visage semble douloureux et qui pleure : elle me dit avoir été piquée par le poisson marguerite et que sa piqûre est très douloureuse.

 

J’apprendrai d’elle, plus tard, que ses employés (il y en a trois) sont payés 90.000 Ariary / mois (~36 euros) et qu’ils bénéficient tous d’un logement avec toilette et douche. Mais je sais que l’on leur prélève, sur cette somme, les frais de logement. Donc, je suppose que leur revenu final doit être faible.

 

Ce soir là, je revois Jacques, à l’alliance Française, à qui je décris l’état de la forêt primaire de Sainte-Marie. Il m’affirme qu’il a lui-même tenté de sensibiliser les habitants de Sainte-Marie, à la déforestation de l’île … sans résultat : « Personne ne fait rien. Personne n’est au courant de rien » [chacun reste sur son quant-à-soi, personne ne voulant se mêler des affaires des autres, y compris celles de la forêt primaires et de ceux qui en « profitent »].

 

Je l’interroge de nouveau sur ses plantations à la Réunion et sur celles qu’il imaginerait à Madagascar.

Il me dit avoir utilisé, à la Réunion, du filao et du grevillaire (le Grevillea robusta) _ deux espèces exogènes (étrangères) _, en plantation par bouquets d’arbres, pour la production de bois de feux. En général, avec une densité de 4 x 4 m, soit 1250 plants à l’hectare.

 

Et il plante aussi, entre les bandes d’arbres, des cultures intercalaires de plantes fixatrices d’azotes (haricots …).

Et il plante, aussi, des plantations, par bouquets,  des espèces endémiques, en général plus fragiles, qui sont, le plus souvent, elles, des essences d’ombre (ombrophiles ou sciaphiles).

 

Il me dit que la mangrove de Sainte-Marie est protégée, mais qu’il n’y a pas de programme de replantation. Pour cela, on devrait s’inspirer du projet de protection de forêts primaire de Manompana, village côtier, situé sur une pointe, en face de Sainte-Marie, à côté de Soanierana Ivongo. Car des ONG[66] [67] (dont le WWF) sont en train de « transformer » les forêts primaires de ce village _ d’une biodiversité exceptionnelle _  en une réserve intégrale.

 

Selon lui, « Ici, il faudrait du « relationnel », des micro-réseaux. On pourrait développer l’écotourisme, comme à Manompana, organiser des balades ou des randonnées de 50 km sur l’île. Mais il ne faut pas être dupe. On peut rendre les gens plus « clever » [plus intelligents], mais ils seront toujours intéressés. Quand aux Vazahas à Sainte-Marie, ils sont peu cultivés, peu intéressés par la protection de l’environnement. Ici, c’est « business is business ». Reste la solidarité familiale chez les Malgaches ».

Autre anecdote sur l’esprit des malgaches : « Une jeune fille a prêté son scooter à son amie. Celle-ci l’a cassé dans un accident. Il y avait 800.000 Ariary de réparation.  La propriétaire n’a pas réclamée pas la réparation, car elle sait que son ami n’a pas d’argent pour le réparer. Sa propriétaire n’a pas d’argent, non plus. Elle risque donc de le revendre cassé ». 

 

Il trouve que le rôle du principal semencier de la grande île, le Silo National des Graines Forestières (SNGF), est très important, mais que ses statuts sont trop rigides, ne lui permettant pas tous types d’essais d’essences intéressantes (selon lui).

 

Je lui suggère alors la plantation de cryptoméria[68], dont j’avais vu les belles forêts de plantation, à la Réunion.

Mais il me la déconseille, estimant que, dans des conditions chaudes et humides, l’espèce peut devenir envahissante[69] et remplacer les espèces indigènes de l’île.

 

Jacques me fait rencontrer Jean-Claude Scant, l’historien local, qui est en train d’écrire une histoire de Sainte-Marie, qui est membre de l’Alliance Française, saint-marien,  et pêcheur-cueilleur de son état (selon ses dires).

Il attaque : « Les Malgaches ne connaissent pas leur histoire, et encore moins les Saint-mariens. Mais ils aiment bien les légendes. Par exemple, [selon eux] un poisson aurait apporté le 1er pêcheur sur l’île de Sainte-Marie.

Les Saint-mariens aiment bien la légende de la Reine saint-marienne Betty, qui serait tombée follement amoureuse de l’Amiral La Bigorne, et qui par amour aurait cédé son île à la France, vers 1750. Certains Saint-mariens se disent même descendants de la Bigorne.

Mais, j’ai montré que La Bigorne était en France à la même époque. En fait, il semblerait que la Reine Betty craignait une invasion de son île par les Merinas (l’ethnie conquérante du centre de Madagascar), alliés à l’époque aux Anglais, raison pour laquelle la Reine se serait alors alliée aux Français.

Sainte-Marie a été une île de passage pour les pirates, les marins, sur la route des Indes. Il y a eu beaucoup de mélanges, de métis. C’est la raison pour laquelle il y a des personnes à la peau claire, ici. Il y a eu aussi de l’esclavage, ici (Voir le roman historique « Chasseur de Noirs » del’ historien réunionnais Daniel Vaxelaire).

Les Saint-mariens répugnent à tout travail difficile de la terre. Ils ne connaissent pas la culture d'engrangement. Ils cultivent juste le manioc, le riz, les patates douces. Quand on leur propose de diversifier leurs cultures, ils vous répondent « nos ancêtres faisait comme cela, on fait comme eux ». Ils ne connaissent que l’angady _ une sorte de bêche [qu’on prononce « angane »]  ou, l’antsy _ le coupe-coupe local _, mais ne connaissent pas la pioche ».

 

« On voudrait les pousser à ramasser les détritus, mais ils jettent alors les plastiques ailleurs.

Il y a eu des projets agricoles, mais ils ont été victimes de la corruption.  Il y a eu aussi, ici, des ambulances, fournis par un pays étranger. Elles étaient stationnées à l’emplacement actuel de la « Case à Nono ».

Ce sont les bagnards qui, ici, ont construit la route et la digue.

Malgré tout, on tente de tirer vers le mieux, pour le bien public, l’île. ».

 

Ce soir, conseil d’administration extraordinaire à l’Alliance Française, en l’absence de sa directrice. Celle-ci s’est absentée, et son absence dure depuis plusieurs jours, sans qu’on ait des nouvelles d’elle, et personne ne peut émettre des chèques pour l’Alliance, sans sa signature ( !).

 

De nouveau pas d’essence : « Tsi Tsi », « Y’a pas ». « Tsi Tsi  réseau, crédit » (les DAB ne fonctionnent pas). Dans le cas contraire, on aurait entendu « Hya » « Y’a », …

 

Le groupe des habitués[70] _ comme Robert etc. _, réunis dans la salle à manger de l’hôtel, aborde la grave récession touchant Madagascar, liée aux sanctions imposées contre le pays, en raison du manque d’élections démocratiques, après l’arrivée de le la Haute Autorité de Transition (H.A.T.) et du Président Andry Rajolina, à la tête de l’état malgache : « Ce qui est injuste avec ces sanctions, c’est que tout le peuple malgache est touché et non pas uniquement les politiciens ! ».

 

« La Colas [une entreprise de BTP très bien implantée à Madagascar] a de gros moyens pour construire une route goudronnée jusqu’au Nord de l’île. Mais les routes, ici, sont remplies de trous, au bout de 2 ans. Et il n’y a pas d’argent pour réparer, du fait du manque de retombées locales. Or ici, il y a beaucoup de carrières de granite noir, où des casseurs de pierres taillent des pavés. S’ils étaient seulement bien rémunérés, on pourrait construire des routes pavées inusables, adaptées à l’économie locale, comme l’a fait le père Pedro ».

« Les missions régaliennes de l’Etat Malgache sont en faillite complète. Toutes les Universités Malgaches sont en grève _  les professeurs ne sont pas payés depuis des années. Idem pour les fonctionnaires de la Justice. Souvent, les cours sont donnés sous des tentes, fournis par l’UNICEF, car personne n’a reconstruit les collèges  ».

 

Comme il n’y a toujours pas d’électricité à la nuit tombée, la salle à manger est de nouveau éclairée aux bougies. Pas de télé, par d’ordinateur. Cela a son charme. On est revenu au temps des veillées. Mais, le réseau GSM ne fonctionne pas non plus aussi (depuis 1 ou 2 jours). Sans électricité et téléphone, ni essence, je me demande comment l’économie de l’île peut supporter une situation de coupure et de pénurie aussi longue. Si cela se répète souvent, son économie _ essentiellement basée sur le tourisme _ ne peut qu’être entravée ou bloquée puis vivoter. Quelqu’un se met à chanter le refrain « JIRAMA[71] – MA – MARRE, MARRE », pour faire sourire l’auditoire … 

 

Dans la nuit sonorisée par les crapauds et rafraichie par une courte pluie de fin de journée, j’écoute discrètement les échanges « d’impressions » _ « surréalistes », à mes yeux, du moins _ entre deux « esthètes » et amateurs de jeunes femmes malgaches, sous la véranda du bungalow de l’un deux … Ils évaluent la beauté, le caractère … des femmes locales, d’Aurélie, d’Angélique etc. … comme d’autres le feraient avec les œuvres d’art.  Parlant d’habitués vazahas de l’île, un des interlocuteurs affirme : « Y. préfère les traits négroïdes, tandis que Z préfère les traits clairs, asiatiques ». L’autre ajoute : « Elles ne sont pas des putes ; elles ont seulement des mœurs libres ».

 

Sachant que beaucoup de touristes reviennent d’une année à l’autre, pour cette forme particulière de tourisme, à Madagascar, je ne suis pas convaincu de leurs vues et m’interroge en mon for intérieur : « N’y a-t-il pas un marché de dupe, entre les Vazahas et ces jeunes femme très pauvres, qui offrent leur charme, pour obtenir des avantages matériels et de l’argent ? N’espèrent-elles pas finalement, inconsciemment, quoi qu’elles disent et fassent, le prince charmant, qu’elles épouseront et qui les sauveront de la pauvreté ? ». Il me vient en pensée que les arguments de ces Vazahas, qui dialoguent sur leur terrasse, sont certainement destinés à se dédouaner à leurs propres yeux.

 

Mardi 20 septembre 2011 :

 

Lever à 4h du matin, pour un départ de la navette à 6h. Séraphine nous raccompagne avec son petit véhicule.

La navette partira finalement vers 6h30, sur une mer d’huile.

Au débarcadère de Soanierana Ivongo, le taxi-brousse GASIKAR nous attendait. Dès qu’il nous a chargés, il part sur les chapeaux de roue.

 

Vers 8 heures du matin, le taxi-brousse s’arrête pour la pause petit déjeuner au Club Perroquet – hôtel Seareina, à Fénérive-Est, tenu par un Slovène nommé Ivran Sédéj. Je discute avec lui. Je lui dis que j’ai déjà rencontré son compatriote slovène, le Père Pedro. Il me dit qu’il rêve depuis longtemps de le rencontrer et surtout a le souhait qu’il soit son hôte un jour.

Je découvre que ce Slovène possède un système d’osmose inverse, pouvant filtrer 46.000 L par jour (mais coûtant 350 US$ l’unité  … mais c’est un coût peut-être nécessaire pour garantir la sécurité bactériologique de l’eau de ses clients).

A l’écoute de ses précautions en matière d’hygiène, je me demande quel peut être le taux de coliformes (en millions de germes par 100 ml) dans l’eau du robinet à Madagascar (5.000.000 germes ou plus ?).

 

Sur le menu de son établissement, je découvre le mot choucroute _ un plat que je n’ai jamais vu à Madagascar.

Comme je sais que je n’en goûterais pas avant longtemps, je lui commande une … bien que cela soit l’heure du petit déjeuner  ( !)). Mais au moment de l’entamer, le chauffeur du bus nous presse, nous disant qu’on doit repartir sans délai. Pas temps pour tout le monde, de prendre son thé, son café … Notre pause n’aura pas duré 5 mn, quelle mouche donc le pique ?  Le gérant de l’établissement, que je quitte à regret, ne veut pas que je paye ma choucroute et même me l’emballe  pour la route.

Finalement, le chauffeur nous conduit 500 m plus loin dans une gargote, bien moins joli ou présentable que le club Perroquet …  Probablement, une histoire de bakchich non payé par le gérant de l’hôtel Seareina au chauffeur de taxi-brousse.

 

Dans ce taxi-brousse, je suis assis à côté de la directrice de l’école privé de Sainte-Marie « L’excellence ». Elle me dit que Sainte-Marie souffre de 3 fléaux : la prostitution, la drogue et l’alcool.

D’après elle, certains des parents poussent leur fille à la prostitution. Elle me parle d’une de ses élèves qui souffre d’une addiction au sexe. Ce témoignage me confirme encore que la prostitution est vraiment un fléau à Madagascar.

 

J’apprendrais plus tard qu’il y a au moins 40 jeunes prostituées, le long du boulevard Joffre le soir, à Tamatave.

 

Sinon, que je vois de jeune femme malgache attablée avec des Vazahas à « La Terrasse ».

Je me demande souvent quel est taux de contamination pour le HIV des prostituées malgaches, étant donné le faible taux d’instruction ici ?

Dans le taxi-brousse, un malgache me parle d’une plante prometteuse, le « bakoly » (un  maïs ?)[72], qui ne pousserait que dans la région de Tsiroanomandidy (à 225 km à l’ouest d’Antananarivo), et qui pourrait fournir une huile pouvant faire voler les avions [malheureusement, après vérification, je ne trouverais aucune confirmation ultérieure de l’existence de cette plante].

 

Maurice a pour principe de ne pas prendre de pousse-pousse, même si l’on est fatigué, que l’on est lourdement chargé (ce qui est mon cas), d’autant plus si les pousse-poussiers deviennent très lourdement insistants auprès de nous. Or l’hôtel  « Le Lionel » que nous avons choisi _ situé à côté de l’office du tourisme (vers le 83 bd Joffre) _, est assez éloigné de la gare routière. De plus, il fait très chaud.  Maurice part immédiatement, bille en tête, direction plein Nord[73]. Je me rends compte immédiatement que nous faisons fausse route, ce qui donne lieu à une dispute entre nous sur le chemin à prendre et sur le recours ou non à l’aide des pousse-poussiers[74] pour transporter nos lourds bagages. Finalement, je prends un pousse-pousse qui m’amènera très rapidement à l’hôtel. Or 10 mn après, je verrais Maurice arriver … lui aussi en pousse-pousse à l’hôtel. Nous en rions.

 

Je fais une visite rapide de Librairie G.M. Fakra, la seule vraiment bien achalandée de Tamatave, où j’y découvrirais un livre, vraiment intéressant, sur les caméléons malgaches, édité à Madagascar.

 

Nous retrouvons, le midi, au restaurant la Terrasse. Son gérant Floréal, toujours aux petits soins avec nous, nous offre cette fois-ci la glace, en fin de repas. Je me suis dit qu’il faudrait vraiment que je le signale dans le Routard et le Lonely Planet.

 

L’après-midi, j’erre dans la ville. Sur un mur blanc, une grande chauve-souris noire y est peinte : c’est le sigle de la société GUANOMAD, et non celui de Batman. Son local est spartiate, meublé juste d’une chaise et d’un bureau. J’y apprends que le Guano de Madagascar, un engrais, est tiré des déjections de chauve-souris extraites de grottes du côté de Morondava et Tuléar. Le sac de 50 kg guano y est vendu 46.000 ariary (~ 17 euros).

 

Mercredi 21/09/2011

 

A 3h30 matin, nous sommes réveillés par des clients quittant l’hôtel bruyamment et ne respectant pas la nuit des autres.

 

Nous reprenons le taxi-brousse vers Tana. A 60 km environ avant d’arriver à Moramanga, le moteur commence à émettre un bruit bizarre de cliquetis, tandis que nous sentons une odeur de brûlé ou plutôt de chaud.

Le chauffeur tente de reposer le moteur puis rajoute de l’eau et de l’huile.  Mais le moteur refuse de démarrer. Le chauffeur nous rassure que sa coopérative de transport VATSY garantit un véhicule de remplacement si un de ceux de sa flotte tombe en panne. Nous l’attendrons désespérément, assis au bord de la route, entre 14h et 17h.

 

Les passagers me rassurent en m’affirmant que VATSY et KOFMAD sont parmi les meilleures compagnies de taxi-brousse de Madagascar. Ces trois heures me laisse le temps de discuter avec les passagers.

 

Un vieux malgache, qui a été, toute sa vie, un conseiller en gestion financière d’entreprises, se plaint de son métier (en particulier, en raison du poids de la corruption). Il m’affirme que même si l’on lui donne un pont d’or pour réaliser un nouvel audit [des prestations de conseil], durant sa retraite, il refusera immédiatement (et il confirme qu’il vient récemment de refuser récemment une mission pourtant très bien rémunérée). Il reproche aussi à son pays, Madagascar, d’être trop centralisée au niveau de sa capitale, Antananarivo.

 

Dans ces taxi-brousses, on rencontre des personnes de toutes conditions, qu’elles soient riches ou pauvres, de toutes les religions et ethnies, qu’elles soient Karanas ou karany (indiens musulmans), protestants, catholiques, anglicans etc. … Heureusement, j’y trouve toujours des malgaches parlant français.

Un Malgache me parle d’un nouveau parc, nommé Garafante, où le WWF aurait fait installer des bungalows [mais, après vérification, je ne trouverais aucun parc ou réserve géré par le WWF, portant ce nom. Encore une fausse information].

Un autre me parle du Roi Andrianampoinimerina[75] (v. 1745 - 1810), souverain du royaume Merina du centre de Madagascar puis de toute l'île, qui a été l’unificateur de l’île, un grand roi, et qu’il me dit admirer.

 

Une employée de maison, Mounia, qui travaillait récemment dans un hôtel de Sainte-Marie, m’indique qu’elle touche 90.000 Ariary / mois … mais que son patron lui retenait sur sa paye, l’eau et l’électricité de son logement (soit ~ 3000 Ariary ou ~1 euros / jour ( !)). Elle me confirme alors que dans ces conditions, elle ne s’en sort pas financièrement. Raison pour laquelle elle cherche fortune ailleurs.

Et je sais que ces frais exorbitant est un moyen d’attacher les employés à leur établissement, tout comme les serfs à leur domaine, il y a quelques siècles, au moyen-âge, en France …

Maurice, qui a discuté avec de nombreuses employées malgaches, au cours de nos quatre voyages sur l’île, commente les propos de Mounia : « les patrons d’hôtel, ici, veulent se faire un max de rentabilité, en sous-payant au maximum, leurs employés ».

 

Finalement, un beau minibus Mercédès rouge, plus gros que l’ISUZU en panne, nous récupère.

Plus tard, nous apprendrons, par le mécanicien dépêché sur place, par VATSY, qu’il y aurait eu plus de peur que de mal : « il n’y avait pas de panne grave, en fait, mais juste une cosse de batterie qui était débranchée ! ».

 

J’avais espéré que le Mercédès rouge rattraperait notre retard, mais il s’arrête tout le temps, le long de la route, pour prendre des passagers. Nous arrivons à la gare routière sur la N2, avant Tana, vers 21h30, avec plus de 5h de retard. A Madagascar, il faut être philosophe, la ponctualité est une exigence occidentale, qui n’est pas dans les mœurs locales.

 

Le jeudi 22/09/2012 :

 

Je me suis aperçu que je me suis fait voler mes chaussures de randonnée. Elles étaient sous le rabat fermant le dessus de mon sac à dos. Le vol a dû être réalisé avec beaucoup d’adresse (comme c’est souvent le cas à Madagascar). Le seul moment mon sac aurait pu être fouillé, c’est au moment de son transfert du bas vers le haut du taxi-brousse (lorsqu’il est placé  sur le toit pour son transport).

Maurice s’est lui-même fait voler son portable, d’une des poches de son pantalon, alors qu’il était entouré par des entraîneuses dans une boîte de nuit (lui aussi ne s’est aperçu de rien).

Souvent les malgaches vous volent tout en gardant le sourire. Si vous prenez l’un d’entre eux sur le fait, ne vous énervez pas, récupérez votre objet en souriant (si vous le pouvez).  

 

Aujourd’hui quartier libre à Madagascar. Je garderais mon taxi, toute la matinée, afin de me déplacer aussi rapidement que possible à Tana. Je me rendrais à l’Institut géographique national, dont je constaterais le triste état (« poussiéreux »), pour y récupérer les cartes géologiques électroniques de l’île. A proximité, le Musée géologique possède une très belle collection de pierres et minéraux.

Puis, j’irais rencontrer le père Pedro, à midi, pour lui remettre des docs utiles. Encore une fois, j’ai eu de la chance de pouvoir le voir, sans avoir pris de rendez-vous. Je retrouverais le Père Pedro et cela sera toujours un grand plaisir, pour moi, de pouvoir discuter avec lui. D’autant que c’est un homme ouvert, toujours à l’écoute des autres.

 

Pendant, tout le long du trajet, mon taxi ne cesse de se plaindre du président actuel de Madagascar, Andry Rajolina.

Il me dit qu’ils a souvent des manifestations contre le président, en général contenues par les policiers et dispersés par des gaz lacrymogènes. Selon lui, un jour les manifestations ne seront plus contenues et que cela explorera alors.

Il dit qu’on lit souvent que les Malgaches vivent avec un Euro par jour. Mais qu’en fait, on ne peut pas vivre avec un euros par jour. Qu’il faut au minimum 4 euros par jour pour vivre à Madagascar.

 

Selon lui, il y aurait eu, il y a quelques jours, une attaque de nuit, de deux camions de la Colas, à Anbondromany, au croisement de la route de Mahajanga et de celle de Diego-Suarez. Cela m’inquiète car c’est justement par ce croisement, que Maurice et moi passeront, de nuit, pour nous rendre à Mahajanga puis à Diego-Suarez, nos deux prochaines destinations.

 

Mon chauffeur me parle aussi d’une tentative d’enlèvement, par les forces spéciales malgaches, de Marc Ravalomanana, l’ancien président, en Afrique du Sud (où il est réfugié). Ce qui le met très en colère. « C’est comme si l’on voulait enlever mon propre père ! ». Le quotidien « Midi Madagascar » relatera les faits autrement : les policiers malgaches seraient venus en Afrique du Sud demander officiellement aux autorités sud-africaines l’extradition de Marc Ravalomanana, pour les faits que la justice malgache lui reproche[76].  Extradition qui a été refusée.

 

Je me rends ensuite à l’Alliance française ou je rencontre sa documentaliste et à qui je remettrais des exemplaires de mon CD sur le développement durable ainsi que celui sur les plantes médicinales malgaches de Madame Allorge.

Puis je me rendrais à différents ministères, dont celui du tourisme et de l’écologie auquel je remettrais mes CD.

 

Le soir, je rejoins Maurice à l’établissement connu « Au Glacier », situé juste au début de l’avenue de l’Indépendance.

Juste avant d’y pénétrer, sur cette avenue, je suis constamment sollicité par les vendeurs à la sauvette.  L’un d’entre eux baisse tellement le prix de ses petites maisons à épice (fabriquées en raphia) _ jusqu’à 20.000 Ariary (~8 euros) _, que lui achète ses 6 maisons. 

Au Glacier, partout des jeunes filles (des « entraineuses »). Nous sommes tout le temps sollicité par elles. L’une d’entre elle se « colle » littéralement à moi, pendant 15 à 20 mn. Finalement, elle finit par se lasser. Elle aura quand même obtenu de moi un café.  Maurice m’apprends que les « passes » à Tana sont « facturées » en moyenne 50.000 ariary (~ 20 euros). Je fuis littéralement ce genre d’endroit.

 

Lila, une amie de Maurice, nous rejoint au Glacier. Elle nous raconte ses déboires : elle tenait une petite échoppe ambulante de vente de boissons. Elle n’a pas voulu payer la patente. La Mairie de Tana lui a saisi alors tous son matériel, y compris le parasol. Elle est « donc » retournée à la prostitution. Elle s’attache à Maurice. Mais Maurice, lui, ne le veut pas ( !).  Elle a les yeux tristes. Je ressens toute l’ambiguïté de la situation.

Ellen nous dit ne pas faire de politique, ne croire à rien et encore moins dans les politiques du pays : « tous pareils ! », ajoute-t-elle. 

Une fois, je la rencontrerais devant l’hôtel Niaouly attendant désespérément Maurice.

Quand une Malgache a mis son dévolu sur un homme, elle ne lâche plus, m’avait-on dit.

 

Le soir, je rentre à l’hôtel Niaouli. Laurent, son gérant, me relate sa vie. Jeune loup de la finance, il était parti faire fortune à Madagascar, ayant entendu parler de la découverte d’une roche diamantifère, la Kimberlite, à Madagascar. Selon lui, il y aurait un arc de cercle de cheminées à Kimberlite, allant de Manakara à Tuléar, plus exactement dans une zone allant de Farafangane à Tuléar, dont une à Ceno ( ?), de 2,5 km de diamètre visible sur les photos satellite LANDSAT[77].

Finalement, son aventure diamantifère a fait un flop, se retrouvant ruiné et à la rue ( !) (Selon ses dires).

 

Heureusement, fort de ses nombreuses relations, il rachète l’hôtel Niaouli, à Jeune Afrique, avec l’aide de capitaux privé et d’investisseurs amis. Au départ de son aventure hôtelière, il me dit avoir « viré » un bon nombre de personne de l’ancienne équipe qui ne « foutait rien » et mis du temps à former une bonne équipe compétente.

Il a quand même régulièrement des galères. Par exemple actuellement, il est occupé à retrouver de multiples papiers comptables, parce qu’il s’est aperçu que son comptable malgache n’avait pas fait de déclaration aux impôts depuis 2 ans !

 

Plus tard, je discuterais avec un employé de l’hôtel et celui-ci me dit qu’il trouve son patron dur. Il retient sur les salaires, toute chose cassée. Par exemple, si l’employé casse un verre …  le prix du verre est retenu sur son salaire … « alors que mon salaire est faible ». Ses horaires sont longs.

 

Laurent me dit que son affaire actuelle marche bien, qu’elle est maintenant amortie et qu’il a les moyens d’acheter l’hôtel Le Jean Laborde, actuellement en vente. Mais il préfère ne pas investir, car il pense que va se produire une grande récession mondiale en 2012.

 

Un vahaza me soutient la théorie de la « décorporation » : « quand les femmes se prostituent, elles oublieraient leur corps ».

 

Lors de mon premier voyage à Madagascar, en 2008, il y a 4 ans, j’ai mis presque 15 jours à percevoir cette prostitution discrète, mais finalement je la constate omniprésente partout. A la longue, il me faudrait être aveugle pour ne pas la voir. Ce soir, je repense aux scènes de filles racolant au Glacier.

 

Car dans la prostitution, j’y vois, sans cesse :

 

-         Le problème de l’image de soi, de sa propre dignité personnelle (pour la femme prostituée),

-         Le fait que les relations sans cesse tarifiées poussent au mercantilisme (à un esprit mercantile certain).

-         Avec la prostitution, l’argent est facile (et il « pousse au crime », à la facilité …).

-         Il n’y pas d’amour, pas de poésie … Le sexe n’est plus qu’une mécanique plaquée sur du vivant (pouvant entrainer une addiction et une profonde insatisfaction spirituelle perpétuelle). Je ne sais plus qu’elle écrivain ou poète écrivait « la chaire est triste, Hélas ! »[78]. 

-         La femme est vue comme une marchandise … « On tâte la marchandise ».

 

En plus, toute cette prostitution n’améliore pas la condition, déjà mauvaise, de la femme à Madagascar.

J’essaye de me convaincre que  l’extrême pauvreté  serait le facteur principal poussant les jeunes malgaches à se prostituer.

 

Malheureusement, j’ai tendance à croire que le problème  du sous-développement du pays est aussi lié à un problème de mentalité profonde, qu’il faudrait changer chez les malgaches. 

 

Car l’honnêteté ou la solidarité ne sont pas le fort des malgaches : ici tout le monde triche, « roule » autrui, tout le monde vole tout le monde, y compris au sein de sa propre cellule familiale. Le vol semble être un sport national.

Le malgache est souvent secret, ne communiquant pas. Souvent, je soupçonne beaucoup de malgaches d’être très intéressés, hypocrites et très égoïstes, malgré leur gentillesse apparente (souvent désarmante).

J’ai souvent l’impression que les malgaches, par leurs comportements, se tirent souvent une balle dans le pied.

 

Par exemple, combien de fois, j’ai pu me rendre compte que des malgaches, qui m’avaient promis de diffuser des informations très utiles autour d’eux et pour leur communauté, ne la partageaient pas (surtout si elle pouvait leur faire gagner de l’argent), malgré leurs promesses. La rétention d’information est très fréquente chez eux etc.

 

Sinon, tout contrat « moral » reste, ici, le plus souvent, oral, car il est toujours très difficile, ici, d’obtenir, d’un malgache, un contrat signé, une reconnaissance de dette écrite[79] ...

 

Pour illustrer mon propos, on m’a par exemple relaté le cas des problèmes régulièrement rencontrés par une société de vente de produits de la ferme « La Hutte canadienne », implantée à Madagascar. En effet, celle-ci délègue à des éleveurs le soin d’élever des poulets. Pour cela, elle leur fournit : 1) telle quantité de poussins, 2) telle quantité de nourriture, etc. Et normalement, l’éleveur doit fournir en retour telle quantité de poulets, au bout de X temps (correspondant au nombre de poussins fournis, moins un certain pourcentage de perte), chacun des poulets devant un certain poids moyen fixé. Mais la majorité des éleveurs malgaches, sous-traitant de « La Hutte canadienne » ne peuvent s’empêcher de détourner une partie de la nourriture aviaire pour son propre élevage privé de poules. Ce qui fait que le poids des poulets fournis à « La Hutte canadienne » n’ont pas le poids convenu par contrat. Et donc, « La Hutte canadienne » est souvent obligée de rompre le contrat qui la liait à la plupart de ses fournisseurs. Ce qui fait qu’elle a toujours beaucoup de mal à trouver le nombre suffisant de fournisseurs honnêtes dont elle a besoin.

 

Lorsqu’un entrepreneur fait appel à un artisan malgache pour construire une maison, il doit sans cesse tout suivre, tout vérifier, chaque jour, sur le chantier de la maison, pour être sûr que le travail sera bien fait, qu’une partie des matériaux (les sacs de ciments …) et des outils (les marteaux …) ne seront pas volés.

Les entrepreneurs locaux ne disent souvent qu’il est très difficile de faire confiance à Madagascar.

 

Vendredi 23/09/2012 :

 

Dans la rue, un grand panneau « école d’ingénieur INSA » … je ne savais pas que l’INSA avait une filiale à Tana. Il me saute, d’autant plus, aux yeux, que je suis un ancien élève de l’INSA de Lyon.

On trouve aussi des écoles privées Jules Ferry, à Madagascar, même des rues à son nom, comme à Mahajanga. Si les Malgaches ont retenu que Jules Ferry est l’instigateur de l’école gratuite et obligatoire, savent-ils qu’il était aussi un partisan convaincu de la politique coloniale de la France ?

 

Dans le taxi-brousse pour Mahajanga, je discute avec le mari français, d’un un couple franco-malgache âgé, vivant depuis longtemps sur l’île.  Cet homme est un partisan convaincu de l’ancien président, M. Marc Ravalomanana, et un opposant farouche au président actuel, M. Andry Rajolina.

Selon lui, Marc Ravalomanana était en train d’apporter la prospérité à l’île et avait beaucoup d’idées.

Par exemple, il avait importé des vaches pour les croiser avec des zébus, pour en améliorer la race.

Il avait un projet d’implanter la culture du blé à Antsirabe. A la demande du président, des tests de culture du blé, sur place, réalisés par le groupe agro-alimentaire international Seaboard (qui détient les Moulins de Madagascar), avaient été un succès. Mais les paysans malgaches, à cause de la force de la tradition et de l’inertie, n’ont pas adhéré au projet et ce dernier est tombé à l’eau. Car pour les paysans malgaches, il faut que cela rapporte tout de suite.

Pourtant, ses propos sont contradictoires avec le soutien qu’il témoigne à l’ancien président.

Car il reconnaît que Marc Ravalomanana a fossé la concurrence, en détruisant toute concurrence qui pourraient faire de l’ombre à ses propres entreprises.

Par exemple, dans la partie portuaire du port de Tamatave, il a construit ses propres silos à grain, avec sa propre chaîne transporteur. En parallèle, il contribuait à multiplier les actions administratives contre le silo concurrent, le « Silo rouge » géré par une entreprise américaine _ par exemples, par la multiplication de contrôles etc. _ afin de le faire fermer. Et finalement, il y est parvenu.

Quand il avait besoin d’importer du matériel pour ses usines, il faisait baisser momentanément les droits de douane, pour ce matériel précis, puis les faisait relever juste après leur importation.

Selon lui, ce sont les anciens policiers ( ?) évincés par Marc Ravalomanana qui auraient organisé le « coup d’état », en choisissant Andry Rajolina. Ces policiers auraient payés l’armée pour renverser Marc Ravalomanana. Il n’a que du mépris pour Andry Rajolina « c’est un jeune prétentieux qui n’a même pas son brevet [BEPC] ! Tout a été monté de toute pièce. Il n’y a pas eu 30 morts. Il fallait trouver un martyr. Plus tard, il a été révélé que le martyr n’était qu’un voleur. Les troupes de la présidence, en tirant, n’a fait que répliquer à des tirs adverses. Les tirs provenaient des deux côtés … Les Karanas [les commerçants musulmans] tirent les ficelles de la Haute Autorité de Transition[80]  etc. etc. ».

J’ai l’impression qu’il mélange tout.

 

J’ai beau lui dire que ce qui a mis le feu aux poudres, au départ, c’est l’interdiction de diffusion, en décembre 2008, de la télévision Viva TV, la voix de l’opposition, appartenant son principal concurrent politique,  Andry Rajolina[81]. Et qu’une prise de vue de la fusillade, enregistrée par un reporter d’ARTE, montre bien que les tirs provenaient, au départ, des hommes de troupes de l’ancien président, devant son palais. Mais, il n’en démord pas. Je le laisse à ses certitudes. Je constate, encore une fois, que Madagascar est vraiment le pays de la désinformation. Ce je ne comprends pas est comment un Français puisse, à son tour, s’y laisser prendre. Mais il est vrai que ce Français ne semble pas faire preuve d’une grande vivacité intellectuelle. Je le laisse alors à ses certitudes.

 

J’ai souvent entendu des discours semblables, en provenance des opposants d’Andry Rajolina, affirmant qu’il ne serait qu’une marionnette entre les mains de militaires, d’anciens politiciens et de certains hommes d’affaires malgaches corrompus, éliminés par l’ancien président , qu’il n’aurait que le niveau d’éducation d’une personne qui n’aurait pas son brevet et qu’il n’était, à  l’origine, qu’un DJ organisant des soirées LIVE dans de grands hôtels de Tana … Ou qu’il ne serait qu’une créature de la femme d'affaires et mère de son épouse, Madame Nicole Razakandisa.

Pourtant, quand on a entendu ses discours devant ses partisans et la mairie d’Antananarivo, après la crise politique qui a suivi l’interdiction de VIVA TV, début 2009, on peut percevoir, à travers ses discours, que c’est pourtant une personne qui a de la personnalité. Bref, c’est loin d’être une potiche.

 

En tout cas, les deux clans se rejettent la responsabilité a) du coup d’état, b) puis de la non application des accords de Maputo, censés réconcilier les 2 présidents ennemis, c) du refus d’atterrissage de l’avion de Marc Ravalomanana à Madagascar et, depuis 2009, d) de l’accentuation de la crise économique à Madagascar etc.

Andry affirme que les problèmes économiques, que traverse actuellement Madagascar, sont causés par Marc Ravalomanana et ses manœuvres.  Tandis que Marc affirme le contraire.

 

Pour moi le peuple malgache reste très manipulable (influençable). Les malgaches sont souvent dans l’acte de foi (pour Andry, Marc, pour tel camp, lui-même soutenu par une radio qui matraque ses slogans …). Il est dans l’affectif et  non dans le rationnel, d’autant que la religion et à la politique sont souvent mêlés ici.

Ce qui est certain est que l’insécurité et le pauvreté n’arrête pas d’augmenter dans le pays.

 

Un voisin malgache m’affirme que les politiciens malgaches veulent maintenir le peuple, dans un bas niveau d’éducation et dans l’ignorance, afin de mieux de le manipuler. Il y a déjà le fait que l’instruction civique n’est pas enseignée à l’école publique malgache.

L’école est très chère pour les Malgaches, d’autant qu’ils ont souvent plus de trois enfants.  Ici le SMIC est à 60.000 ariary / mois (soit moins de 30 euros par mois). Or le seul coût des affaires scolaires s’élève à 50.000  ariary, soit la moitié d’un salaire à 100.000 ariary / mois.

 

La majorité des malgaches sont pauvres. Mais pourtant tous ont un portable (la plupart sans presqu’aucun crédit téléphonique). « Un malgache sans portable n’est pas un malgache ».

Quant au symbole de réussite d’un malgache, c’est de posséder un gros 4x4 (le malgache est souvent « m’as-tu vu »). Il semblerait que les malgaches aiment bien les apparences. Gentillesse apparente …

 

Sinon, toujours selon ce Français, « le peuple malgache est un peuple doux et craintif ». Je ne puis m’empêcher, en mon for intérieur, de rectifier ses propos : « … du moins, quand il ne se révolte pas, comme en 2002, en 2009 etc. Ou quand il n’a pas massacré de plus de cinq cent Comoriens en décembre 1976 à Mahajanga … »[82].

 

Sur la route, on franchit régulièrement des ponts Bailey, ces ponts métalliques, conçus durant la seconde guerre mondiale et se montant comme des Lego. Certains sont assez rouillés, parfois ils leur manquent des plaques de chaussée _ peut-être datent-ils de l’indépendance ? _, mais ils sont encore debout, preuve de leur solidité. Il y en a beaucoup à Madagascar.

 

A midi, nous nous arrêtons dans un relais routier tenu par des musulmans. A moment donné, Maurice a failli se « fritter » avec le serveur pour un « poisson - frites ». En fait, ici, quand on commande un « « poisson – frites », cela veut dire pour le serveur un « poisson frit » (et non un « poisson - pommes frites »). Et le serveur lui apporte un poisson froid et dur … et pas de frites. 

 

Nous ferons le trajet Tana – Mahajanga à une moyenne de 50 km/h, ce qui est assez rapide ici. Nous sommes partis vers 8h30 et nous sommes arrivés à Mahajanga vers 20h (en ayant franchi une distance de 580 km).

 

Nous logeons au « Mev’ Hôtel », un hôtel entièrement « gazy », occupé que par des Malgaches. Une chambre avec 2 lits et eau froide coûte 20.000 Ariary (~ 8 euros, au total, pour nous deux). Sa gérante est sympathique et fort honnête. Le prix des services de l’hôtel (de blanchisserie et de retouche) défit toute concurrence (une employée me coudra un « « scratch » à chacune des 8 poches de mon pantalon, pour seulement 5000 Ar ~2 euros).

Quand Maurice est fatigué, il passe son temps à ne pas se souvenir où il a bien pu ranger ses affaires dans son sac (ce qui l’oblige à les sortir toutes du sac, à chaque fois). Ce qui a le don de m’amuser. 

 

 

Samedi 24/09/2011 :

 

Le lendemain, à un moment donné, j’assiste à la manifestation politique des troupes (ou partisans) de Marc Ravalomanana, réunis dans les anciens entrepôts Olympico, désormais brûlés et dévastés (Olympico était l’eau minérale qui était distribuée dans tout le pays par le groupe agro-alimentaire de Marc Ravalomanana, avant sa disparition). Beaucoup de militants portent un tee-shirt à l’effigie de Marc  Ravalomanana.

 

Le matin, visite avec Maurice du « Port aux boutres », remplie de goélettes malgaches, aux formes identiques à leurs homologues bretonnes. J’ai l’impression d’être revenu au début du XX° siècle au port de Concarneau.

 

Lors de nos longues promenades dans Mahajanga, une lourde chaleur moite nous contribue fortement à nous déshydrater. La nuit, elle nous empêche de dormir. Nous sommes pourtant censés être dans la période de l’hiver austral. Je ne sais pas si ce sont la chaleur et soleil intenses et la prise d’une bière, mais ils provoquent chez nous un véritable « coup de barre » ou « coup de pompe » permanent (i.e. une fatigue énorme). Qu’est-ce que cela doit être en saison chaude, ici ? Sûrement pire encore !

 

Le soir, sur le front de Mer _ que j’appellerais la « Croisette locale » _ et autour d’un énorme baobab millénaire et célèbre, beaucoup de couples. Il est vrai que ce front de mer, romantique, doit les inspirer.

 

L’opérateur téléphonique malgache TELMA y organise une sorte de Loto. Une foule dense se presse autour du stand illuminé.

J’ai su incidemment que l’opérateur ZEN, dont on voyait les publicités partout à Madagascar jusqu’en 2010, a été remplacé par le nouvel opérateur AIRTEL (en 2011).

 

Dimanche 25/09/2011 :

 

A la station-service GALANA, proche de l’hôtel, je prends un café avec un jeune malgache, vendeur de peinture et de matériaux de construction. Il me déclare que son chiffre d’affaire ne fait que baisser. Selon lui, la crise politique et la crise économique mondiale ont des répercussions sur l’économie malgache.   Toujours, d’après lui, a situation politique à Madagascar ne se rétablira pas avant fin 2012 (dans un an), à cause de difficultés à trouver un accord et de l’égoïsme des trois candidats à la présidence (« Les trois candidats sont aussi égoïstes les uns que les autres »).

 

Il y a beaucoup de mosquée à Mahajanga et j’y rencontre beaucoup de musulmans en djellaba (souvent blanche).

Beaucoup de chauffeurs consomment ici du « kat », cette herbe euphorisante, venue du Yémen, et maintenant produite à Madagascar.

 

Le soir nous attend une dure route de nuit, de taxi-brousse, qui doit durer presque 24 heures, jusqu’à Diego-Suarez. J’appréhende les attaques de taxi-brousse, qui se déroulent toujours nuit, et parce que l’on va repasser de nuit par le carrefour de Anbondromany, où avait été attaqués deux camions de la Colas. Nous partirons vers 17h.

 

Finalement, nous arriverons vers 6 h du matin, à Anbondromany, sans encombre.

 

Jusque-là la route était bonne. Après la petite ville d’Ambilobe, la route devient franchement mauvaise, défoncée, et notre moyenne horaire ralentit fortement. Au petit matin, après Ambilobe, on voit se découper dans le paysage la silhouette de cônes volcaniques, surtout autour de l’important massif de la Montagne d’Ambre qu’on voit à l’horizon sur notre gauche.  Finalement, nous arriveront à Diego-Suarez vers midi, sous un soleil éclatant et par un fort vent.

Nous logeons à l’hôtel Concorde, rue Colbert, tenu par un Karanas. Je ne sais pas comment Maurice a fait, mais à forte de discussion, nous avons pris la plus belle et il a fait baisser son prix de plus de 1/3.

La rue Colbert est la rue centrale et la plus jolie de Diego. Elle est bordée par de vieilles maisons à fines colonnades en fontes (souvent cannelées), un peu dans le style colonial antillais. J’ai l’impression de me retrouver dans l’ambiance des albums de bandes dessinées du dessinateur Hugo Prat et de son héros Corto Maltese.

Ces maisons à colonnades font le charme de Diego-Suarez. Je me demande si cette ville et sa baie sont classées au patrimoine de l’Humanité [ce n’est pas encore le cas].

En tout cas, le centre-ville a été restauré et mis en valeur, en particulier à l’aide de panneaux explicatifs trilingues. On m’explique que le maire actuel de la ville est très dynamique et est à l’origine de la rénovation de la ville. 

 

Le veilleur de nuit de l’hôtel, Guy Giono, est un jeune étudiant terminant sa thèse en physique nucléaire, à l’Institut des Sciences et Techniques Nucléaires d’Antananarivo et à la Faculté des Sciences de Diego-Suarez (la ville étant encore appelée Antsiranana). Il finit un Master II de métrologie nucléaire et environnementale, dont le but est l’analyse des eaux sur les rivages de la baie de Diego-Suarez, par les techniques d’analyse spectrométrique d’absorption atomique et chromatographique.

Ce que je comprends des résultats de sa thèse est que cette baie _ l’une des plus belles du monde _, est fortement polluée, alors que les touristes, s’y baignant, n’en savent rien.

Il passe son temps à consulter l’Internet gratuit de l’hôtel. Il est vrai que l’Internet fonctionne mieux la nuit. C’est peut-être pour cela qu’il a pris cette place de veilleur (peut-être pour terminer plus facilement sa thèse grâce à l’Internet). Sinon, il « touche » vraiment en Informatique. Je sympathiserais avec lui durant mon séjour.

 

Guy Giono a le projet de convaincre les habitants de son village natal (proche de la Montagne d’Ambre) d’utiliser l’ eau potable d’un lac sacré que les villageois ne veulent pas boire à cause d’un tabou (Fady) et d’une légende.

 

Mardi 27/09/2011 :

 

La brise permanente soufflant sur Diego rend la chaleur supportable.

 

Ce matin, je discute avec Ricardo, un italien propriétaire d’un grand magasin de vente de pierres, de fossiles et de minéraux, rue Colbert. Selon lui, toute la région est riche en mines et minéraux.

Par exemple, sur la route d’Ambilobe, à 30 km, on trouve Voheman, puis les thermes de Ranomafana. A côté, on trouve un tunnel  et des mines aurifères. L’or y serait extrait sans aucun cadre légal.

A 30 km après Dsangua, en direction de Tana, on trouve Amranja et sa mine de saphir bleu-vert. Là-bas, c’est le « Far-West ». Mieux vaut ne pas y déambuler avec de l’argent sur soi.

Ricardo explique que les Thaïlandais importent, à la mine d’Ilakaka  _ la plus grande mine de saphir du monde, située au Sud-ouest de Madagascar _ des saphirs artificiels, pour gruger les touristes.

Ici, on fabrique aussi, pour les touristes, de fausses tourmalines avec du verre coloré ou même avec du verre de pare-brise de voiture ou avec du verre bleu.

 

Ce matin, j’ai un programme chargé. Je visite d’abord une filiale locale de l’ONG française « Jardin du Monde », spécialisée dans la promotion auprès des populations du monde de la médecine par les plantes (et à qui je remettrais mes CD et j’achèterais un remarquable ouvrage sur la médecine par les plantes au Nord de Madagascar).

 

Je leur demande comment l’ONG fait la promotion de la médecine par les plantes dans les villages de la région.

L’ONG m’indiquera qu’elle se rend dans les villages, avec un 4x4, et qu’elle effectue un long travail de discussion avec les villageois. Elle leur présente ses images dessinées sur des draps, montés sur des poteaux[83]. Elle retourne souvent dans les mêmes villages, puis elle leur apprend à cultiver, sécher, conserver et utiliser les plantes médicinales locales.

 

Puis dans le joli lycée français de Diego, j’irais rendre visite à sa documentaliste _ une amie de Mme Allorge _, à qui remettrais aussi mes CD, dont celui de Madame Allorge sur les plantes médicinales malgaches.

Ce lycée fonctionne en autosuffisance. Seul, son personnel serait payé par l’éducation nationale française[84].

 

J’apprends par ses enseignants que ce lycée, non rentable, est menacé de fermeture, ce qui provoque leur mobilisation. En tout cas, ils se plaignent déjà que le matériel informatique, du lycée, n’est plus remplacé, quand il tombe en panne.

 

J’y irais aussi aider une petite ONG chrétienne et malgache, attenante au lycée, spécialisée dans la formation continue adulte, possédant un  parc informatique antédiluvien.

 


Jeudi 29/09/2011 :

 

Ce matin quartier libre. Tandis que Clarisse, native de Diego, et Maurice partent, dans le taxi R4 jaune, conduit et « customisé » par Patrick, le chauffeur, vers la plage de Ramena, la plage de Diego-Suarez située à 20 km de la ville (car Diego-Suarez, elle-même, ne possède pas de plage), j’escaladerais la Montagne des Français, haute de 400 à 500 m et qui domine la baie.

 

Plus le taxi se rapproche du pain de sucre, visible de loin et situé au milieu de la baie _ que j’ai pris, pendant longtemps,  pour un piton volcanique _ plus je rends compte de mon erreur. En fait, il est constitué de couches de calcaire, à pendage fortement incliné[85]. En réalité, tout dans la région de la baie est calcaire ou calcitique[86]. Il y a un début de « tsingysation » du massif calcaire. Les roches par un phénomène de dissolution physico-chimique deviennent remplies d’alvéoles bulleuses.  Et comme elles sont couvertes d’une sorte de lichen noir, elles donnent l’impression de roches volcaniques. Quant à la grande falaise de la Montagne aux Français, elle est constituée de couches horizontales calcaires secondaires [jurassiques], remplies de fossiles de cérites [i.e. petits et longs coquillages spiralés].

 

A Ramena, comme tout autour de la baie, le sable des plages est blanc, preuve qu’il n’y a pas de volcanisme dans la baie _ sauf sous la ville de Diego-Suarez même _, contrairement à la Montagne d’Ambre située à 50 km d’ici.

J’avais commis une erreur sur la nature de l’ilot au pain de sucre. Tout le monde peut se tromper.

 

Comment les couches de la falaise de la Montagne aux Français sont horizontales, alors que les couches de l’ilot au pain de Sucre, situé à proximité et constitué du même calcaire, sont très inclinées. Cet ilot serait-il un reste effondré de la falaise ? Mais où est passé tout le reste de masse énorme de calcaire qui aurait dû relier la falaise au pain de sucre ? (et qui sont éloignés de plus de 5 km l’un de l’autre) Il y aurait-il eu une régression glacière qui aurait emporté cette énorme quantité de roche calcaire, à une époque très éloignée ? Ou bien cette disparition est-elle liée un très long phénomène physico-chimique de dissolution ou bien serait liée à une longue érosion fluviatile, ou à une érosion marine, elle-même liée à une transgression océanique ? Il est certain que la formation de la baie et de ce pain de sucre doit être complexe.  Voilà donc un mystère que je souhaiterais résoudre un jour[87] [88].

 

Ce qui me désole en tout cas, est que les forêts de mangrove autour de la baie sont fortement attaquées par l’activité humaine (comme c’est le cas pour beaucoup d’autres mangroves à Madagascar).

 

La montée à la Montagne aux Français, qui s’effectue par un chemin de croix, emprunté par les fidèles à Pâque, est botaniquement très intéressante. Sa forêt sèche, sur socle calcaire, est d’une diversité incroyable. J’y découvre des espèces endémiques rares, dont une petite espèce locale de baobab _ «Adansonia suarezensis» _ en voie de disparition, des cactées endémiques en fleur (dont un, aux petites fleurs rouges terminales, que je n’arriverais pas à identifier), un Rhipsalis _ sorte de cactus, épiphyte ou rampant, aux tiges grêles _ etc. Mais aussi des espèces introduites, comme l’Albizia Lebbeck _ actuellement ayant perdu ses feuilles, en cette saison sèche et « froide » (nous sommes en septembre), et aux grandes gousses marron clair caractéristiques _, un arbre que j’aime bien, à cause de ses multiples propriétés et applications _ médicinales …, capable de résister à de fortes sécheresses et fournissant un bon bois. Dans le sous-bois, je ramasserais d’énormes gousses noires, d’un arbre local, faisant plus de 50 à 70 cm de long et ayant un peu la forme de cimeterres [i.e. de sabres à la lame courbée].

 

  

Pain de sucre   (aux pendages calcaire inclinés Haut-G – Bas-D)     Cactée inconnu           Adansonia suarezensis

Photos © Benjamin LISAN

 

Un sentier en colimaçon, dont une partie a été creusée sous la forme d’un tunnel courbe, permet accéder au sommet de la falaise de la Montagne aux Français (c’est le seul passage qui permet de l’atteindre). J’y rencontrerais 2 ramasseurs ou coupeurs de bois, portant leurs fagots sur leur tête et descendant rapidement le sentier.

 

Tout au sommet, je trouverai les ruines d’un casernement militaire, construit par les Français, déjà recouvert par la végétation sclérophylle environnante.

 

Je rejoins ensuite Clarisse et Maurice à la plage de Ramena. Clarisse, ayant peu d’occasion d’aller se baigner, est heureuse et ne cesse de batifoler dans la mer. Ensuite, avant de repartir, elle ramassera un grand sac de sable, … sable qui lui servira à récurer ses casseroles.

 

Le soir, toujours aux terrasses des cafés et restaurants, des Français accompagnés de jeunes filles ou de femmes malgaches.

 

De ma chambre d’hôtel, j’entends la forte sono des boîtes de nuit proches (les lois sur le tapage nocturne n’existent pas ici …).

 

Vendredi 30/09/2012 :

 

Ce matin au réveil, Maurice m’explique qu’il a assisté à l’attaque de la jeune fille qui l’accompagnait à la sortie d’une boîte de nuit et avec laquelle il avait dansé : 3 malfrats l’ont agressé et lui ont volé son portable. Il n’a rien pu faire.

 

Ce matin l’ordinateur, utilisé gratuitement par les clients de l’hôtel, est « cassé ».  Comme j’avais observé que le gardien de nuit était resté connecté une partie de la nuit sur les sites « pornos », je soupçonne que l’ordinateur a été infecté par ces mêmes sites « pornos ». Heureusement, Guy Giono, réussira à tout réinstaller et à tout réparer le soir suivant. J’ai moi-même participé à cette réparation, en fournissant le CD d’installation de Windows.

 

Au restaurant malagasy « Mora-Mora » où l’on se rend chaque jour et où l’on mange bien, je suis heureux qu’une vieille dame vienne, me vendre des framboises malgaches[89]. Je constate qu’on en trouve aussi à Diego (comme à Fort-Dauphin) [Note : Il ne faut pas oublier de les laver … car il faut toujours tout laver à Madagascar[90]].

 

A Diego-Suarez, il y a beaucoup de commerçants Karanas [indiens musulmans] riches. A un moment donné, dans le restaurant « Mora-Mora », nous avons discuté avec les membres d’une famille Karanas,  entourant une longue tablée. Ils sont habillés à l’occidentale. Ils parlent un français impeccable. J’apprends d’eux qu’ils ont fait fortune dans l’hôtellerie, qu’ils possèdent un appartement à Paris et qu’ils s’y rendent fréquemment. 

Plus tard, je verrais arriver une autre famille Karanas, se répartissant, eux aussi, autour d’une longue table, à l’aspect plus traditionnaliste, habillés de tenues musulmanes, parlant moins bien français.

 

Clarisse sait que nous allons repartir sur Tana, et je sens que Clarisse cherche à rester attachée jusqu’au bout à Maurice. L’ambiguïté de cette situation me gêne.

 

Samedi 01/10/2012 :

 

Ce matin, petit déjeuner au restaurant « La Gourmandise » _ où l’on mange bien _, tenue par un Français au physique d’acteur de Film de Pagnol. Comme j’ai réussi à lui trouver, sur Internet, 50 Mo de documentation sur la conchyliculture … il m’offre le petit déjeuner.

En effet, il souhaiterait se lancer dans cet élevage, parce qu’il a observé que les huitres sauvages (excellentes d’ailleurs) étaient nombreuses sur les côtes malgaches.

 

Visite d’un cimetière du Commonweal, où l’on trouve un grand nombre de sépultures anglaises. Les soldats qu’elles contiennent semblent être tombés, face à des troupes fidèles à Vichy, durant la seconde guerre mondiale (lors: opération "Iron Clad", qui s’était déroulée du de 5 mai au 7 mai 1942).

 

Cet après-midi, attente du remplissage de notre taxi-brousse, à la gare routière.

J’observe que beaucoup de chauffeurs de taxi consomment ici du « Kat ».

A 15h, notre taxi-brousse est toujours vide, alors que nous avons pris nos billets longtemps à l’avance ( !).

Je me dis intérieurement « on est loin d’être parti ! ».

Finalement, on nous transfert dans une autre taxi-brousse, plus rempli, d’une autre compagnie.

Nous partirons vers 16h30.

 

La nuit, durant le retour vers Tana, en taxi-brousse, il fera très froid. Et à l’arrivée à Tana, nous sommes accueilli par un froid pénétrant (et j’attraperais une angine, à cause du courant d’air, durant la nuit de taxi-brousse).

 

Finalement, j’apprends que ma demi-tante malgache, Maguy, et son mari, Richard, acceptent de me recevoir le 6 octobre.

 

Sinon, j’ai revu avec plaisir un vrai ami malgache, Mamy _ que j’ai connu lors de mon précédent voyage en 2010 _, un guide nature, d’une probité exceptionnelle. Il nous a finalement reçus chez lui, dans sa maison bien tenue, située en plein milieu du quartier mal famé de 67 hectares. Nous nous sommes rendus dans ce quartier, guidé par Mamy, à la nuit tombée, tandis qu’une foule dense nous entourait. Mamy nous confirmé s’être déjà fait agressé dans ce quartier, ce qui n’est pas fait pour nous rassurer.

 

Comme une longue coupure de courant a perduré pendant tout le temps de notre présence chez lui, les bougies éclairaient notre repas. Il nous dit que ce genre de délestage de courant est fréquent dans le quartier de 67 hectares.

Mamy me confirme que les familles malgaches sont souvent 6 enfants et que les malgaches se couchent tôt : ils préparent et mangent leur repas à la tombée de la nuit (vers 18h). Puis utilisent pendant 30 mn, les bougies puis se couchent (surtout à la campagne).

Sa femme, qui parle français, restera assez discrète. Son fils de 11 ans parle très bien le français.

 

A la fin de la soirée, il nous raccompagne jusqu’au taxi, dans une nuit noire, afin que nous ne nous fassions pas attaquer.

 

Mardi 04/10/2012 :

 

Je vais faire un tour au siège de l’ONG « Planète Urgence », situé près de l’hôtel Niaouli.

Un de ses responsables est en train de « plancher » sur un projet bien avancé de bélier hydraulique, destiné à faire monter de l’eau, à plus de 20 m de haut, dans un village. Sinon, il a un projet de bateau à « focardisation » des jacinthes d’eau, destinée à dégager les canaux de Tamatave, actuellement entièrement envahis par cette plante envahissante[91].

Espérons que ce genre de projets débouchera et que ces matériels dureront longtemps ici.

Il me parle de l’association malgache CICAFE[92], qui fait de l’action de sensibilisation contre le SIDA, par la musique et par d’autres actions et dont on ne dit du bien.

 

Le responsable de Planète Urgence me relate aussi une expérience interculturelle malheureuse. L’ONG avait fait construire, dans un village, un puits pour les femmes, pour éviter qu’elles fassent plusieurs km pour se rendre à la rivière. Or ce puits n’a jamais été utilisé. En fait, elles préféraient continuer à faire plusieurs km, pour aller chercher de l’eau, afin de pouvoir discuter et s’échanger des informations avec d’autres femmes venues à la rivière.

 

Le soir, à l’hôtel Niaouli, je lis dans un journal que le bateau de Mme Nadine Ramaroson aurait été piégé ( ?!).

 

Dans les journaux malgaches, on parle sans cesse de la « feuille de route », des futures « élections » à venir, du fait que « la JIRAMA a des dettes envers son fournisseur de carburant, qu’elle ne peut plus payer », et c’est la raison des nombreuses de coupures de courant croissantes à Tana. A mes yeux, ce qu’est certain est que ces nombreuses coupures de courant ne peuvent qu’avoir un impact assez négatif sur l’activité économique du pays.

 

Mercredi 05/10/2012 :

 

Ce midi, Maguy et Richard n’invite pour le déjeuner, dans un restaurant chic, dominant de sa terrasse, le lac Anosy et ses jacarandas en fleurs mauves. Dommage qu’il pleuvine un peu.

 

Maguy me dit que la pluie est en retard cette année _ y compris des fruits de saison comme les mangues et les litchis _ et que tout est sec. Elle me dit aussi que c’est la première fois qu’il y a eu de la pluie, avec  grêle, dans le Sud de Madagascar[93]. Elle met ses phénomènes sur le réchauffement climatique.

 

L’après-midi, ils me présentent une belle maison malgache, aux balcons en bois, censée être celle de mon enfance. Mais je ne la reconnais pas (car dans mon souvenir, la maison de mon enfance avait des balcons en béton).

Ma rencontre avec eux est vite expédiée. Mais tout de même,  ils n’ont fait la promesse que si je reviens l’année prochaine, ils m’emmèneront voir les geysers d’Ampefy, situées à 150 km de Tana. Tiendront-ils leur promesse ?

 

Le soir vers 18h, pluie d’orage tropicale, diluvienne, constellée d’éclairs …  Elle a duré plus d’une heure. Les rues étaient transformées en torrents voire en fleuves. Très impressionnant. Est-ce le début de la saison des pluies ?

 

Vendredi 07/10/2012 :

 

Ce matin, je rencontre Mme Blaise Cook, une femme, née en Afrique (je crois au Kenya), directrice de la société d’horticulture et paysagiste, PHYTO-LOGIC, située dans la banlieue de Tana. Elle a tenté de promouvoir la plantation d’une quarantaine d’arbres utiles, par la publication d’un petit guide gratuit en couleur, avec le soutien logistique de l’ONG US-AID, qu’elle distribue gratuitement. Elle n’en fait cadeau de 10 exemplaires et, en plus, de 2 exemplaires de son livre sur les plantes succulences (plantes grasses) du Sud de Madagascar. J’étais venu pour lui remettre mes CD et la féliciter pour son livre _ que j’ai d’ailleurs déjà offert au Père Pedro_ et je me retrouve avec une nouvelle pile de livres.

 

Elle me fait, plus ou moins, comprendre qu’elle a rencontré beaucoup de soucis pour arriver à faire prospérer sa société. Que sa réussite a suscité des jalousies. Qu’elle n’a jamais pu réussir à acheter un grand terrain, pour lancer ses propres projets de reforestation[94].

 

Cet APM, je prends le bus 135 pour me rendre, à l’association AKAMASOA, chez le Père Pedro. Je le recherche dans tout AKAMASOA.  Un garçon de 19 ans dont les parents vivent à AKAMASOA, parlant bien le français et me disant suivre des cours à l’Alliance Française, m’a accompagné dans tout AKAMASOA, afin que je puisse le retrouver.

Il me dit qu’il aime beaucoup le Père Pedro, mais que son bras droit, la directrice d’AKAMASOA, Mlle Bao, est capable de terribles colères et qu’elle lui fait peur. « A ces moments là, elle est alors comme folle » ne dit-il.

 

Finalement, je retrouve le Père, dans les hauts d’AKAMASOA, au volant de son 4x4. Il me confirme qu’il a bien reçu les exemplaires du livre de Madame Blaise Cook, que j’avais remis à Mlle Bao à son attention.

Il me promet que les 5 ordinateurs portables, que j’ai remis à AKAMASOA, en 2010 _ et que cette dernière n’a finalement jamais utilisée _, seraient remis au Père Emeric, s’il le désire.

 

Sinon, il me dit qu’il se réjouissait de l’installation de la première salle informatique, dans le plus grand collège d’AKAMASOA (offert par une société de télécom malgache). Or il a voulu faire appel à un informaticien, pour installer des logiciels sur les PC de la salle informatique. Or cet informaticien a profité du fait qu’on ne le surveillait pas pour voler toutes les cartes mères des PC (la partie la plus chère des PC). La salle informatique n’aura fonctionné que peu de temps. Ce genre de vol « astucieux » est fréquent à Madagascar.

Le Père Pedro comprend l’importance de l’informatique pour ses élèves. Pour lui, cet outil n’est pas un gadget.

C’est aussi important qu’ils apprennent le français dès l’âge de 6 ans, ne serait-ce que pour leurs études, études qui leur permettent d’éviter qu’ils retombent dans la drogue et la délinquance.

Selon lui, le problème n’est pas qu’un problème de bas niveau éducationnel, mais c’est aussi un problème d’éthique, de morale.

 

 Voyant, quand je suis sur le point de le quitter, qu’il fait presque nuit et que le quartier est peu sûr, il préfère m’emmener avec son 4x4 jusqu’à l’arrêt de bus. Le « taxi-be » [taxi-brousse de ville] n’arrête loin de l’hôtel de ville (loin d’ANAKIL), ce qui m’oblige à une longue marche de nuit, d’abord vers ce dernier, puis après vers l’hôtel Niaouli.

 

Samedi 08/10/2012 :

 

Arrivé tôt à l’aéroport, nous y apprenons que, suite à un problème technique sur un réacteur, notre vol est annulé.

Heureusement, un autre avion nous prendra demain. En attendant, CORSAIR prend en charge notre hébergement dans un hôtel IBIS, où le décor européen et impersonnel nous donne l’impression d’avoir déjà quitté Madagascar.

J’y rencontre un couple, May et Bernard, avec qui je discute de solutions écologiques _ de zones humides aménagées pour le lagunage et le recyclage des eaux usées, de champ d’épuration naturelle avec des papyrus …

 

Epilogue

 

 A la fin de ce séjour, je tirerais vraiment le diable par la queue. Si Maurice ne m’avait pas acheté un chargeur solaire chinois pour portables, dont je n’avais nul besoin (achat que je lui ai, tout de même, remboursé. Coût 50.000 Ar) et si je ne m’étais pas fait roulé par un opticien de Tana _ ce dernier s’étant gardé de me dire que ma seconde paire de lunettes de vue à verres correcteurs fumés, que je lui avais remis pour en faire remplacer la monture cassée, n’avait que des verres solaires banals, non correcteur (coût 40.000 Ar pour rien), j’aurais pu alors me payer quelques excursions supplémentaires. Ce ne sont pas des sommes énormes mais, cela grève toujours un peu un budget serré.

 

Ces impondérables m’ont un peu attristé, d’autant que je sais Maurice regretter de ne pas avoir pu effectuer cette grande randonnée pédestre, traversant une grande forêt primaire entre Maroantsetra et Antalaha, que nous avions prévue au départ. Mais nous avons dû y renoncer, à cause du poids trop lourd de mon sac à dos (une erreur de ma part) et surtout à cause de mon manque d’argent (mon budget était trop limité). Sinon, il aurait fallu 4 participants à cette randonnée Maroantsetra et Antalaha, pour en faire baisser les coûts différents postes budgétaires : celui d’un guide, celui d’un 4x4 éventuel etc.).  Maurice espère en tout cas pouvoir la faire l’année suivante.

De mon côté, peut-être un miracle me permettra de retourner à Madagascar, l’année prochaine, afin d’aider le Père Emeric  dans ses projets de reforestation _ dont je soutiens les efforts depuis plus d’un an[95] _ et aussi peut-être faire enfin, avec Maurice, cette randonnée naturaliste, riche de promesses en découvertes faunistiques et floristiques exceptionnelles.

Sinon à mon retour, j’ai revu mon quincailler habituel, que je sais être un Karana, venu en France après la chute de Tsirana, vers 1972. Il me dit qu’il a souvent pensé y retourner, à cause des nombreuses opportunités dans l’île. Mais il ajoute « il y a la corruption. Et les Malgaches sont paresseux. Sinon sans cela, le pays aurait décollé ».

 

Annexe : Les soutiens que l’on prête à Andry Rajolina

 

Cet article, ci-dessous, mis en ligne sur un blog, n’est pas signé, mais il est intéressant et semble montrer que son auteur connaît bien les arcanes ou rouages de la politique malgache. Certaines informations doivent être certainement exactes et d’autres doivent surement prises avec précaution.

 

Rajoelina et les Karana

 

Lundi 28 septembre 2009 1 28 /09 /Sep /2009 19:47

 

On prête de nombreux soutiens à Andry Rajoelina. La France, la Lybie, le CAPSAT… Sans eux, Rajoelina n’aurait jamais pu prendre le pouvoir.

 

Mais Andry Rajoelina dispose d’autres soutiens, plus discrets, mais pas forcément moins efficaces.

·         La famille Ramaroson, tout d’abord, qui ne se cache d’autant moins que Nadine a hérité d’un ministère HAT. Alain (son frère), lui, profiterait de ses entrées à la HAT (et d’hommes armés) pour faire la pluie et le beau temps à Antananarivo. André lui, profite que les Magro soient hors d’état de nuire pour redonner un souffle à la Savonnerie tropicale.

·         Edgar Razafindravahy, ensuite. Forcé de quitter Madagascar pour l’Île Maurice face aux pressions de Marc Ravalomanana, le PDG du groupe PREY (SITRAM, L’Express de Madagascar, Hebdo Mada, Ao Raha, MadaJournal, Radio Ny Antsiva, Radio Tana, RTA, Mouf’Rey, Kobama… 13 sociétés en tout), il revient en force comme PDS de la commune d’Antananarivo.

·         Au-delà de ces familles « emblématiques » malgaches, certaines personnalités indo-pakistanaises gravitent également autour d’Andry Rajoelina.

·         Azad Hiridjee, revenu à Madagascar grâce à une levée d’interdiction du territoire donnée par Ravalomanana en aout 2008, a bénéficié dans un premier temps, par l’entremise de Benja Razafimahaleo, ministre des finances dans le gouvernement Roindefo I, d’un soutien d’Andry Rajoelina pour récupérer ses parts dans Galana face à Iqbal Rahim. Soutien peu solide, puisque Rajoelina aurait finalement demandé à sa ministre de la justice, Christine Razanamahasoa, que les plaignants dans l’affaire Galana Raffinerie et Galana Distribution soient déboutés. Chose faite, puisque la justice a prononcé la relaxe pour tout le monde.

·         Ylias Akbaraly, PDG de SIPROMAD, groupe multiforme dans l’industrie de transformation, la pharmaceutique, la distribution, l’immobilier, l’aviation d’affaire… Andry Rajoelina a récemment emprunté le Cessna Citation Bravo de GS Aviation (groupe SIPROMAD) pour aller à Nosy Be le week-end du 12-13 septembre, alors que la plateforme de l’opposition l’attendait au palais de verre à Anosy… Ylias a également favorisé les contacts entre Andry Rajoelina et le prince saoudien Al-Waleed pour la visite de ce dernier à Antananarivo.

·         Hassanein Hiridjee dirigeant de sociétés (DTS, First Immo, Ocean Trade…) a le soutien d’Augustin Andriamananoro, ministre HAT des Télécoms contre Orange pour garder le monopole de l’utilisation du backbone national en fibres optiques. Orange, qui a investi 100 millions d’euros pour tirer un câble sous-marin depuis la Réunion, espérait pouvoir déployer son haut débit au travers du backbone national.

·         A noter que, toujours dans la famille Hiridjee, Loumia Hiridjee (fondatrice de la marque de lingerie française Princesse Tam-Tam) avait soutenu Nicolas Sarkozy dans sa course à la présidence. Loumia Hiridjee, décédée avec son époux Mourad Amarsy à Mumbai, lors de l’attentat contre l’hotel Oberoi Trident le 26 novembre 2008.

·         La liste est non exhaustive.

 

Ravalomanana n’a jamais réellement pris en considération ces familles. Il n’a pas accéléré les demandes de naturalisation de ces familles Karana, présentes sur le sol malgache depuis plus d’un siècle, et à qui l’on refuse toujours la nationalité malgache. Il n’a pas fait grand-chose pour juguler les enlèvements de Karana (dont la famille Hiridjee a été victime au moins en 2003). Malgré ses déclarations, il n’y a jamais eu de ministre Karana. Et dernièrement, il a mis un certain nombre de bâtons dans les roues des producteurs de crevettes, production qui fait pourtant la fierté de Madagascar, tant elle est devenue un modèle à la fois de bonnes pratiques environnementales, et de recherche de l’excellence du produit (récompensé entres autres par la première appellation AOC pour des produits halieutiques en France, mais aussi par divers prix internationaux).


Même si ces familles ont toujours fait en sorte d’entretenir de bons rapports avec tous les dirigeants de ce pays, il ne fait aucun doute qu’un certain nombre d’entre eux aient été déçus par Marc Ravalomanana, ne serait-ce que par son appétit économique, qui a menacé certains domaines d’activités de ces grandes familles indo-pakistanaises.

Source : http://madagascan.over-blog.com/article-36632757.html

 



[1] Etant donné la capacité des Eucalyptus, une espèce à pousse rapide, à éliminer les espèces concurrentes.

[2] Il y a actuellement que 3 lacs de barrages pour la production hydroélectrique, tous situés dans la même région de l’Est, à Madagascar : les Lac Mantasoa, Tsiazompaniry et Mandraka. Source : Eaux et hydrographie - Dilag-Tours, www.dilag-tours.ch/madagaskar-lexikon/pdf/lexique_eaux.pdf .

[3] Il existe aussi des projets de construction et des réalisations concrètes, dans le domaine du petit hydraulique  basse chute (avec environ 1,5 m de chute), à environ ~ 400 euros. Cette dernière solution peut constituer une voie d’avenir pour les communautés villageoises du pays. Elle a été développée en particulier par l’ONG suisse « Centre Ecologique Albert Schweitzer » (CEAS) et l’Association CICAFE, à Madagascar, mais elle est encore trop peu répandue sur l’île (Source : Guide des innovations pour lutter contre la pauvreté, Patrick Kohler, Daniel Schneider, Ed. Favre, 2010, page 173 à 175).

[4] En mai 2011, le Président turc Abdullah Gul avait témoigné un intérêt à développer des investissements turcs à Madagascar, en premier lieu un projet de construction d’une centrale hydroélectrique de 300 mégawatts. Mais depuis plus de nouvelles ... Source : Andry Rajoelina, la force pas tranquille de Madagascar, Philippe Randrianarimanana, 12/05/2011, www.slateafrique.com/2011/madagascar-rajoelina-reconnaissance-internationale-transition-crise

[5] Tamatave est le nom français, encore utilisé ici par les malgaches, de cette ville portuaire renommée Toamasina, à l’indépendance.

[6] Un blanc ou un européen.

[7] L’île serait, malheureusement, la troisième destination, dans le monde, pour le tourisme sexuel.

[8] Le SIDA serait assez répandu à Madagascar, ce qui explique les importantes campagnes de prévention sur l’île.

[9] Beaucoup sont sans diplôme, sans éducation, à la limite de l’analphabétisme et n’ont que ce débouché pour survivre.

[10] Tsik hôtel (Tamatave) : 032.40.746.26 ou 033.12.900.58

[11] Des logiciels de conception assistée par ordinateur, pouvant servir dans l’architecture.

[12] Colocasia esculenta var. Fontanesii, http://www.tropicaflore.com/oreille-d-elephant-alocasia/colocasia-esculenta-var-fontanesii-.html & Colocasia Fontanesi, http://www.lamaisondubananier.com/hedychium--canna--colocasia---/754-colocasia-fontanesi.html . Voici ce que l’on lit pour Colocasia esculenta : est une plante de la famille des Aracées, généralement connue sous le nom vernaculaire générique de taro et cultivée dans les régions tropicales pour sa racine épaissie en gros tubercule farineux, à la chair de couleur crème à rose, de texture sèche et goût proche de celui de la patate douce. Les feuilles se préparent comme des épinards. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Colocasia_esculenta

[13] Citharexylum quadrangulare ( ?), CES PLANTES MÉDICINALES APPELÉES BOIS, Adrien DOLIVO, Bulletin du Cercle Vaudois de Botanique N° 36, 2007: 125-135 et

[14] Blechum pyramidatum (Lam.), une herbe spontanée en Guadeloupe, utilisée pour soigner les diarrhées et appréciée comme auxiliaire d'un bain "réchauffant", source : Plantes médicinales du monde: croyances et réalités, Bernard Boullard, Editions ESTEM, 2001.

[15] Cf. La médecine populaire à la Guadeloupe, Christiane Bougerol, Karthala, 1983, pages 18, 150 et 155.

[16] Avant 2009, l’ancien président malgache, Marc Ravalomana, avait fait venir des Frisonne-Holstein, à Madagascar, pour les croiser avec des zébus, pour intensifier la production laitière de son bétail Rana, pour son groupe laitier Tiko. « Mais depuis le 26 janvier 2009 […], de nombreux biens appartenant au groupe Tiko ont été pillés et détruits et l'ensemble des activités du groupe ont été suspendu ». Source : Madagascar dans la tourmente: Analyses socioéconomiques de la crise en zones ..., Nicole Andriananarina,Jérôme Ballet,Nirina Rabevohitra,Patrick Rasolofo, L'Harmattan, 2010..

[17] Selon une autre source : La « production [crevettière] a fait la fierté de Madagascar, elle est devenue un modèle à la fois de bonnes pratiques environnementales, et de recherche de l’excellence du produit (récompensé entres autres par la première appellation AOC pour des produits halieutiques en France, mais aussi par divers prix internationaux). ». Source : http://madagascan.over-blog.com/article-36632757.html

[18] Les moustiquaires sont largement diffusées ici et peu chères,  … l’un expliquant peut-être l’autre.

[19] Je ne pourrais dire combien de Français,  ai-je pu rencontrer là-bas, qui, s’étant marié ou vivant maritalement avec une malgache _ souvent jeune _, ont décidé de vivre sur place, malgré la grande pauvreté du pays et son haut niveau de corruption … Car on sent chez certains d’entre eux, un vrai amour du pays et des malgaches, en plus de leur amour pour leur compagne. Cela malgré les vols, la corruption endémique gangrénant toutes les institutions du pays et tuant souvent dans l’œuf toutes les initiatives de développements économiques qui l’aideraient à décoller (elle tue vraiment la poule aux œufs d’or ! alors que le pays a, pourtant, tant d’atouts potentiels) ! … Je les admire d’autant plus que, pour investir dans le pays, il faut soit être très solide (et blindé) au regard de la corruption généralisée. Ou bien, il faut être soi-même être assez filou et rusé pour y tenter sa chance. Et pourtant, l’économie du pays repose souvent sur ces entrepreneurs blancs ayant choisi de s’installer à Madagascar. Sans eux, le pays serait semble-t-il peut-être encore plus pauvre.

[20] La Terrasse, Tél. : 020.53.30.241 et 03.216.76.00 (email : laterrasse@yahoo.fr … mais Floréal n’en est pas sûr).

[21] Dommage, car je tiens toujours parole quand je peux envoyer ma photos à celui qui me l’a demandé.

[22] Jean-Victor Augagneur, médecin et homme politique français, ayant été gouverneur de Madagascar de 1905 à 1910 et considéré comme plutôt bienveillant avec les Malgaches.

[23] Joseph Joffre participe _ sous les ordres du général Joseph Gallieni, gouverneur général de Madagascar _, à la campagne de colonisation de l'île lancée depuis 1895-1896. Puis, écarté suite à des intrigues politiques, Joffre revient à Madagascar, à la demande de Gallieni, pour achever sa mission (entre avril 1902 et le printemps 2003). Note : Il y existe un Hôtel Joffre, à Tamatave.

[24] Aucun sondage n’a été encore réalisé à Madagascar, sur un échantillon représentatif de sa population, afin de connaître l’opinion et la vision actuelles des malgaches sur la période coloniale. Comparativement, l’appréhension actuelle du peuple Algérien sur la colonisation française est, elle, connue. Selon un sondage réalisé, en Algérie, par le journal El Watan, 84% des Algériens estiment qu'il ne faut pas pardonner aux harkis. 68% estiment que le départ des pieds-noirs en 1962 était une bonne chose. Source : http://www.elwatan.com/actualite/sondage-les-algeriens-et-l-histoire-du-mouvement-de-liberation-une-connaissance-parcellaire-28-03-2012-164487_109.php Et l’opinion des Français, sur le même sujet, est aussi connue. Car selon un sondage IFOP réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de la signature des accords d’Évian, pour Dimanche Ouest France, 57% des Français estiment que la décolonisation de l’Algérie “est une bonne chose pour la France”. Source : http://www.liberte-algerie.com/actualite/57-des-francais-jugent-que-l-independance-de-l-algerie-est-une-bonne-chose-selon-un-sondage-ifop-rendu-public-hier-174225

[25] Comme vouloir le bien des autres, sans les consulter et sans leur aval (et en arrivant chez eux en tant que conquérant).

[26] En l’absence de tout sondage et enquête sur le sentiment des Malgaches sur leur passé récent, je ne fais que tenter de deviner leur sentiments. Et, donc, en un sens, je ne prétends pas faire, ici, œuvre scientifique sur ce sujet délicat.

[27] Mais je n’ai pu vérifier cette information locale.

[28] AU grand dam d’un ami malgache, vivant en France, pour qui l’honneur et la fierté, l’indépendance économique et politique de son pays doivent primer, avant tout autre impératif.

[29] tels un cumulonimbus menaçant prêt à crever dans des temps relativement proches. Une épée de Damoclès dont une majorité  de français à cause d’un certain aveuglement idéologique (de gauche) n’ont pas conscience.

[30] C'est-à-dire celles dont l’utilisation des dons, par elles, est contrôlée par des experts comptables assermentés / agrées (ou par une cours des comptes), si possibles incorruptibles.

[31] Et pourtant les idées ne manquent pas sur place, mais ce qui manque sont les sources de financement et les aides financières incitatives, tels les micro-crédits.

[32] C’est le plus grand port de Madagascar. Ensuite, l’île est pourvu de deux autres Infrastructures portuaires : au second rang, quelque peu rénové, Mahajanga (Majunga en Français) et puis Tuléar (un port constitué essentiellement d'un long wharf).

[33] Le pays importe du blé, par exemple pour les baguettes et pains vendus dans les boulangeries de l’île (héritage de l’époque coloniale). Seuls les malgaches d’un certain niveau de revenus mangent, d’ailleurs, régulièrement du pain.

[34] Pendant longtemps, Madagascar a été exportateur d’un excellent riz long. Mais depuis la période du régime socialiste du président Didier Ratsiraka (qui s’est achevé en 2002), Madagascar est devenu importateur de riz (sa production n’est plus autosuffisante _ peut-être à cause de la rapide augmentation démographique du pays et de la baisse des rendements ou de la fertilité des sols _. alors que le riz est pourtant l’aliment de base essentiel des Malgaches. « Madagascar dispose d'une immense surface cultivable, estimée à 18 millions d'hectares, mais en raison de la faible production, elle doit encore importer chaque année 300 000 tonnes de produits alimentaires, principalement du riz et d'autres aliments de base » (Source : Madagascar : l'importation du riz a doublé pendant le premier semestre de 2011, http://french.peopledaily.com.cn/96852/7594992.html).

[35] En 2012, Madagascar importait plus de produits agricoles, qu’elle n’en exportait. C’est tout le paradoxe de ce pays qui, s’il était bien géré, pourrait être exportateur de nombreux produits agricoles ( !) (Source : Madagascar - 2010, Commerce des marchandises, Perspective Monde, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMImportExportPays?codePays=MDG ).

[36] Guide des innovations pour lutter contre la pauvreté. 100 inventions géniales au service des pays du Sud, Patrick Kohler, Daniel Schneider, éditions FAVRE, 2009. Un livre rédigé par 2 humanitaires, agissant au Burkina Fasso, au sein de l’Association Centre Ecologique Albert Schweitzer (CEAS), réunissant une centaine d’inventions relativement faciles à mettre en œuvre ou peu chers, dans les pays du Sud, et permettant d’y lutter contre la pauvreté.

[37]  Ceux-ci ajoutant déjà au moins 5 kg supplémentaires à mon sac à dos.

[38] Mais je ne sais pas s’il en fera quelque chose.

[39] Cf. L’article sur la thèse de l’assassinat : Décès de Nadine Ramaroson : la thèse de l’assassinat confirmée, TANANEWS, Mardi 22 novembre 2011, http://www.tananews.com/2011/11/deces-de-nadine-ramaroson-la-these-de-lassassinat-confirmee . Mais cet article n’indique pas quel est la raison (les motifs du crime) pour laquelle Madame Ramroson aurait été assassiné et qui en était l’instigateur ou en était l’exécutant. Selon certaines rumeurs _ mais il est vrai que Madagascar est le pays de la rumeur _, cet attentat viserait la puissante famille Ramaroson, qui avait soutenu le coup d’état d’Andry Rajolina, et donc au travers cet attentat, viserait la H.A.T. (la Haute Autorité de Transition, c’est à dire le gouvernement du président Andry Rajolina. Mais il reste que cette thèse dont encore apporter la preuve de la réalité du complot et de cet attentat).

[40] Elle possède un nom malgache _ Fenoarivo-Atsinanana  _, mais personne ne l’utilise ici. Les pancartes annonçant la ville sont encore celles de l’époque coloniale (semble-t-il ?).

[41] Souvent sans entretien, les routes goudronnées dans la région Est pluvieuse de Madagascar ne restent pas en bon état, plus de 2 ans (après leur réfection).

[42] Chambre d’hôte « Les Palmiers », chez Paul et Séraphine, tél. fixe : 020.57.402.34, tél. mobile : 032.049.60.94 / 032.434.14.52.

[43] Cette espèce au système racinaire très dense perturbe le sol et l’activité des bactéries et de la microfaune du sol. Cf. Propagation of Grevillea banksii, an invasive exotic plant species: impacts on structure and functioning of mycorrhizal community associated with natives tree species in eastern part of Madagascar, Martial Doret ANDRIANANDRASANA, Henintsoa Volatiana RAKOTONIAINA, Marson RAHERIMANDIMBY, Heriniaina RAMANANKIERANA, Rondro H. BAOHANTA, R. DUPONNOIS, http://www.wsl.ch/epub/ewrs/sessions/download?p=1130/2-185-final-ANDRIANANDRASANA.pdf

[44] Mieux aurait valu utiliser les filaos pour cela, qui eux-mêmes sont invasifs mais moins que les Grevilleas.

[45] Grevillea banksii a été utilisée, au départ à Madagascar, dans les années 50, comme source de bois et pour la restauration de terrains dégradés, qu'elle colonise rapidement. Les Malgaches l'utilise, actuellement, pour la production de charbon de bois, le bois de cuisson, la construction, pour un usage ornemental, pour l'apiculture, voire pour constituer des haies. L'espèce est très inflammable et favorise les feux. Source : Activité agricole et les espèces exotiques envahissantes : exemples de conflits d'intérêts à Madagascar, Adolphe LEHEVANA,

www.especes-envahissantes-outremer.fr/pdf/atelier_ocean_Indien_2012/plantes_conflits_d'interets_Madagascar.pdf

[46] Etant donné la grande quantité de bois que peut produire cette espèce, une idée serait de produire de l'électricité à partir de bois sec de Grevillea. Il existe une entreprise commercialisant une machine à convertir du bois en électricité, s'appelle Bionerr, située à Port-Bergé (à côté de Mahajanga à Madagascar). Sa machine produit au minimum 11kw/h avec 11 kilos de matières si possible sèche. Mais son prix est de 20.000 Euros. Bref, un gros investissement, tout de même, pour Madagascar (!). Source : http://brogio-a-mada.over-blog.com/40-index.html

[47] Mais comment peut-on dégoupiller une grenade par inadvertance ?!

[48] En fait, la pénurie est organisée. A cette unique station, il faut demander le frère du gérant. Celui-ci vend l’essence de la station au marché noir. Mais au lieu que l’essence soit à 3700 Ariary le litre, son prix varie entre 4000 et 6000 Ariary le litre, selon la pénurie (i.e. sa durée).

[49] « Il y a une Il y a [souvent] une grande insécurité foncière [, à Madagascar et dans tout l'Afrique] », comme le confirme, M. Joseph COMBY, économiste et urbaniste, spécialiste du droit foncier en Afrique, dans sa Conférence « Les droits sur le sol, les systèmes fonciers, la sécurisation des occupants », conférences données avec Architectes Sans Frontières, à Paris, le samedi 25 février 2012. « [On tombe sur des cas de] vente d’un droit par un faux propriétaire, d’usurpation, de personnes non mandatées pour cela. Il n’y a souvent pas de cadastre [ou bien il y a des cadastres réalisés sans plan (sujets à « évolution » …)] ». Cf. le document « Evaluation de la Réforme foncière de Madagascar », Joseph Comby, septembre 2011, www.observatoire-foncier.mg/get-file.php?id=102

[50] Il faut trouver un moyen d’être rapatrié rapidement à la Réunion.

[51] D’après ce que je sais, aucune étude des lucioles malgaches (certaines du genre Pteroptyx) n’a encore été réalisée. Je suppose qu’elles sont sur le déclin, tout comme les forêts humides, de l’île, où elles vivent. « Les espèces tropicales [du genre] Photinus ne sont […] pas bien étudiées. », lit-on sur le site Wikipedia (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Photinus ). Ces insectes, plutôt apparentés aux coccinelles, comme tous ceux de la famille de Lampyridae, sont des prédateurs utiles, à l’instar de nos vers luisants ou lampyres communs. Voici ce qu’il est dit pour ces derniers sur Wikipedia : « Les larves sont prédatrices. Elles se nourrissent avant tout d'escargots et de limaces (et peut-être aussi de petits vers, d’autres larves ou d’insectes), qu'elles paralysent en leur injectant un venin. Puis elles liquéfient leurs proies au moyen d'enzymes digestives avant de les ingurgiter » (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Lampyris_noctiluca). Sinon, étant le haut taux d’endémisme de Madagascar, qui sait s’il n’existerait pas quelques espèces rares et encore inconnues de Lampyridae, sur l’île (?). Zoologues malgaches à vos filets !

[52] On y cultive surtout des épices (girofle, cannelle, vanille, café, poivre …).

[53] Je sais que cette institution (M.B.G.) réalise un travail remarquable pour tenter de sauvegarder et préserver les espèces les plus en danger de Madagascar. Il a édité, cette année, un beau livre sur les espèces malgaches en danger,  à Antananarivo, que j’ai acheté. Elle est aussi un « lanceur d’alerte » à Madagascar.

[54] Décrite comme une espèce en grand danger de disparition, sur le site de la liste rouge des espèces en danger de l’UICN. Sur ce site, il est indiqué « Espèce très rare connus à partir de seulement deux localités, Antalaha et à l'île Sainte-Marie, dans le nord-est de Madagascar. Cet arbre a été sévèrement exploité pour l'excellente qualité de son bois de rose ». http://www.iucnredlist.org/apps/redlist/details/38270/0

[55] Sites Internet : www.zazakely.org  & http://zazakelyreunion.canalblog.com . Adresse : Orphelinat "zazakely", BP 28 AMBODIFOTATRA 515, Ile Ste Marie, MADAGASCAR, Téléphone : (00)(261) 34.603.25.03 (mais, le réseau téléphonique ne marche pas toujours ici), mail : contact@zazakely.org

[56] Le 17 février 2008. Source : Reconstruire en dur l’orphelinat de l’île Sainte-Marie, Les Réunionnais solidaires de Madagascar Enfants du Soleil, 25 avril 2008, Revue Témoignages (La Réunion), www.temoignages.re/reconstruire-en-dur-l-orphelinat,29428.html

[57] Il faut compter environ 15 à 18 euros (suivant le bungalow) prix pension tout compris / par jour, au centre ZAZAKELY.

[58] Attention, ici à Madagascar, la vanille n’est souvent pas suffisamment séchée et elle a tendance à moisir dans les bagages des touristes ou encore après à leur retour en France.

[59] Ici, tout le monde crotte [défèque] partout, sur les plages, dans les rivières …

[60] Par exemple le Père Pedro a mis 6 mois avant de se faire accepter par les « chiffonniers » sur la décharge d’Antananarivo.

[61] La schizophrénie de l'islam, Anne-marie Delcambre, Desclée de Brouwer, 2006.

[62] Aucun  des serpents malgaches n’est dangereux.

[63] A sa suite, pour tenter de sauver aussi ces arbres, je récolterais les mêmes graines (au risque d’être accusé de « biopiraterie », comme je l’apprendrais ultérieurement). Graines que je remettrais à M. Denis Larpin, responsable la graineterie du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, à mon retour. Malheureusement, à cause de leur conservation dans un sac plastique durant mon voyage, un bon nombre ont moisi et M. Denis Larpin m’indiquera que les graines de forêts chaudes et humides ont en général du mal à se conserver. Donc, il doute qu’il arrivera à les faire germer. Dommage … Si c’est le cas, bien des efforts pour rien.

[64] J’avais appris qu’il y avait une navette maritime, chaque semaine, vers Maroantsetra, pour 200.000 Ariary par personne. Mais actuellement, elle ne fonctionne pas (et je n’ai pas su pourquoi). Comparativement, louer un 4x4 pour la même destination, à partir de Tamatave, coûte 400.000 Ariary (160 euros).

[65] Tél. de Martial (si vous voulez recourir à ses services de guide naturaliste) : 032.40.851.74.

[66] La forêt d'Ambodiriana est l'une des forêts primaires de Manompana, gérée par la communauté locale, appuyée par une association réunionnaise appelée ADEFA (Association pour la Défense de la Forêt d’Ambodiriana), qui s'est vue confier la gérance de la forêt d'Ambodiriana par le gouvernement Malgache. Elle s'est donnée pour tâche de protéger mais aussi de contribuer à l'étude scientifique de cette réserve de biodiversité qui s'étend sur 400 hectares à 200 kms au nord de Tamatave. Sources : www.adefa-madagascar.org & http://langevine.uniterre.com/16989/+Manompana+!!!.html

[67] Association Les Amis de Manompana, http://artisanatmalgache.uniterre.com & www.freewebs.com/voyageamadagascar/dossierassociationamis.htm

[68] Cryptoméria japonica ou sapin créole ou Cyprès du Japon ou Cèdre du Japon, au bois parfumé, d'une couleur rose-rouge, léger mais fort, imputrescible et résistant à la décomposition, pour tous types de construction, les panneaux d'intérieur etc …, Source :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Cryptomeria_japonica &  http://en.wikipedia.org/wiki/Cryptomeria

[69] Sur le caractère invasif (de peste végétale) du Crytomeria japonica : http://www.ipreunion.com/reportage.php?id_reportage=8936 & http://membres.multimania.fr/tpelink/

[70] Certains clients reviennent depuis des années à « l’Hôtel des Palmiers », comme Robert … Ceux-ci sont alors traités comme les membres de la famille et ont le droit de manger à la même table familiale que Séraphine, Popaul et leur fils. Car normalement, l’hôtel ne fait que chambre d’hôte (et non pas table d’hôte).

[71] La JIRAMA est l’équivalent de l’EDF à Madagascar.

[72] Normalement, « Bakoly » veut dire en Malgache, « faïence ».

[73] Dans l’hémisphère Sud et donc à Madagascar, le soleil à midi (heure solaire) est orienté plein Nord.

[74] Nous avons déjà effectué 4 voyages à Madagascar, dans toutes sortes de conditions, et c’est très rare qu’on se soit disputés jusqu’à maintenant.

[75] souvent abrégé en « Nampoïna » par les auteurs coloniaux.

[76] Ce qui est très fréquent à Madagascar est que les gens sont au courant de rien et la moindre rumeur suffit pour les enflammer, d’autant plus  que l’opinion malgache est facilement manipulable. L’esprit critique n’étant pas le fort des malgaches.

[77] Quand je tente de vérifier les informations de Laurent, concernant les Kimberlites de Madagascar, je ne trouve rien qui correspond à ses données dans les documents publiées sur ce sujet sensible, en particulier dans ce document : Mise en évidence de sites favorables à la présence de Kimberlites, à Madagascar, B. Randrianansolo, G. Rasamimanana, J.E. Martelat, J.M. Lardeaux, V. Godard, in Etat des connaissances sur la géologie et la métallogénie de Madagascar au XXIème siècle, Société géologique de France, Mardi 6 décembre 2011, http://sgfr.free.fr/seance/Mada2011/compte-rendu.php . Sinon, en 2004, la compagnie  « Majescor Ressources » a communiqué la découverte  d’indices de kimberlite sur deux  régions (i) à Ankarimbelo, dans la province de Fianarantsoa,  (ii) et à Antsakabary, province de Mahajanga.  La compagnie « Diamond Fields international » a également communiqué la  découverte d’échantillons de diamants (Fig. 4.1, annexe 07): (i) à l’Est de la ville de Midongy,  (ii) et dans la région de l’Horombe. Source : 4- Existence de lamprophyre (kimberlite) au Sud de Madagascar, Nouvelles méthodes de cartographie sur le socle protérozoïque du Sud de Madagascar. Nature et géométrie de la croûte continentale d'un domaine orogénique en convergence, implications économiques, Randrianasolo Elisa Brice, Thèse, Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2009, http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/40/49/48/PDF/these.pdf . Mais la cheminée diamantifère pressentie et espérée, par les chercheurs de trésor et les sociétés minières, n’a toujours pas été trouvée [peut-être est-elle cachée sous des couches alluvionnaires ou des coulées de lave récentes ou anciennes ? Ces cheminées se trouvent souvent sur des failles et de zones de très fortes pressions].

[78] La phrase se trouve dans le poème « Brise marine », in Poésies, de Stéphane Mallarmé, paru dans la Nouvelle Revue française, 1914 (8e éd.) (pp. 43-44).

[79] D’un malgache à qui l’on aura prêté de l’argent, à qui l’on se sera associé pour lancer une entreprise commerciale, industrielle, agricole …

[80] Voir l’Annexe « Les soutiens que l’on prête à Andry Rajolina », situé en fin de ce document.

[81] Il fut aussi le maire de Tananarive du 12 décembre 2007 au 3 février 2009.

[82] Sur ce massacre, lire l’article de Jean-Marc DEVILLARD : « Un témoignage sur le massacre des Comoriens à Majunga », in Le Monde du 16-17 janvier 1977, p. 4.

[83] Une autre ONG américaine, spécialisée dans le domaine sanitaire et médicale, P.S.I., possède un système de vidéo-projection avec écran, alimenté par un groupe électrogène, qu’elle transporte dans un 4x4, en faisant le tour des villages d’une région.

[84] Idem, d’ailleurs, pour l’Alliance Française. Ce sont les cours et les manifestations qui fournissent les financements de cette dernière. Par exemple, par des cours de français, réunissant 10 à 12 personnes, au prix de 30.000 Ar / cours, ou par de rares cours de malgaches, réunissant peu de personnes et donc plus coûteux (~ 90.000 Ar / personnes / cours journalier).

[85] Dire que j’avais affirmé, lors d’une conférence, en février 2011, devant 40 membres de l’association volcanologique LAVE, que ce pain devait certainement être volcanique. Et j’ai encore réitéré mon erreur devant les enseignants du Lycée Français de Diego.

[86] Sauf le soubassement de la ville de Diego-Suarez, qui, lui, semblerait bien être volcanique.

[87] Selon les enseignants du Lycée Français, ce mystère serait résolu dans les deux ouvrages suivants : 1) L'extrême-nord de Madagascar. Thèse soutenue à l'université d'Aix-en-Provence, Georges Rossi, Ed. EDISUD, 1980. 2) Géologie de Madagascar, Michel Allard, Jean Marie Aubert, Philippe Lacoste, Éditions de l'École, 1970, 92 pages (voire dans 3) La géologie de Madagascar en 1946, Henri Besairie, Numéro 12 de Annales Géologiques du Service des Mines, Impr. Nationale, 1946, 27 pages).

[88] Je suppose que l’érosion marine a dû intervenir, pour une grande part, dans le recul des massifs calcaires ayant entourés la baie ou dans la genèse de celle-ci.

[89] Ronce à feuilles de rose, Rubus rosaefolius ou voaroimena, voaroimhyaha. Source :  www.ilerouge.org/spip/spip.php?article7

[90] Sinon, c’est la « turista » (la diarrhée) ou les flatulences assurées.

[91] A Tamatave, le Canal de Pangalane, qui traverse la ville, est entièrement envahi par les jacinthes d’eau. De fait, plus aucun bateau ne peut plus y circuler, d’où l’idée d’un bateau focardeur pour éliminer ces jacinthes.

[92] http://nathalie.rabe.chez-alice.fr/assoc/cicafe.htm

[93] Le documentaire récent de France 5 « Sale temps pour la planète » consacré à Madagascar, affirme un accroissement de la sécheresse dans le Sud de l’île.

[94] Il est vrai aussi que la terre pour les malgaches est sacrée. Et qu’il y a une politique de l’état malgache contribuant à empêcher la vente des terres à des étrangers. L’état préfère que les malgaches leur louent des terres, selon un bail à 99 ans.

[95] A ce sujet, consulter mon site très riche d’aide aux projets de reforestation dans le monde : www.projetsreforestation.co.nr