Récit de ma visite à deux projets environnementaux à Madagascar en mars 2013 (et autres observations sur Madagascar)

 

Par Benjamin  LISAN. Document créé le 03/04/2013. Dernière mise à jour le 06/06/2013, 7h48 (Version 1.1).

 

Notes : Cette version est une version sans photo, en raison de la difficulté à Madagascar, de recevoir des documents de plus de 500 Ko. Les photos sont présentées dans un document d’accompagnement séparé (joint à celui-ci).

Pour des raisons de discrétion, quelques prénoms ont été modifiés.

1.    Introduction – raisons de mes visites

 

Cette année, j’ai visité deux projets, destinés à protéger ou à restaurer l’environnement à Madagascar :

 

1)      L’un pour la protection de la forêt primaire d'Ambodiriana, près du village de Manonpana, sur la côte est, initié par l’ONG réunionnaise ADEFA.

2)      L’autre pour la création d’une forêt secondaire, source de bois de chauffe et d’œuvre, à 13km d’Ambavalao, au centre-sud de l’île, initié par l’ONG malgache ALAMANGA.

 

La raison de mes visites était de comprendre et d’analyser les facteurs de leur réussite ou de leur échec et les difficultés [galères] que les ONG peuvent rencontrer sur place lorsqu’elles lancent un projet environnemental à Madagascar.

J’ai aussi choisi ces deux projets parce qu’ils étaient très intéressants conceptuellement. Et aussi parce qu’à cause de mon séjour trop court sur place (21 jours), je devais faire un choix difficile entre plusieurs projets d’ONG[1] [2], selon le trajet le plus optimum ou le plus court pour me rendre de l’un à l’autre.

Je souhaitais aussi m’impliquer réellement dans ces projets, mettre la main à la patte, « mouiller ma chemise »[3].

Accessoirement, je voulais aussi diffuser, sur place, une documentation électronique très vaste, que j’avais compilée depuis 4 ans, destinée à aider au développement durable de Madagascar[4] et qui tient sur cinq DVD-Rom. … Du moins, partout où je trouverais des personnes ou associations disposant d’ordinateurs et intéressés par celle-ci.

Etant né à Madagascar, une autre raison de ma motivation est qu’à chacun de mes retours sur l’île depuis 2008, je suis attristé par la dégradation, en apparence inéluctable, de l’environnement de Madagascar, à cause de la pratique du Tavy (culture itinérante sur brûlis) et de celle du charbonnage[5].

Enfin, normalement, il n’est pas bien vu d’avouer, dans un récit, que l’on effectue un voyage, sans beaucoup d’argent, alors qu’on est handicapé. Mais je décrirais, quand même, la façon dont je me suis débrouillé, sur place, avec peu d’argent.

2.    Projet de protection de la forêt primaire d'Ambodiriana (ONG ADEFA)

I.       Présentation de l’ONG ADEFA

 

Son but est de protéger la forêt d’Ambodiriana, l'une des forêts primaires du village de Manonpana, d’une soixantaine d’hectares, gérée par la communauté locale, appuyée par l’association réunionnaise ADEFA. Basée à Saint-Leu à la Réunion, l'ADEFA s'est vue confiée la gérance de la forêt d'Ambodiriana par le gouvernement Malgache, via une convention de gérance de la part de l’état malgache, qu’elle détient depuis 1999.

Créée en 1996 [depuis 17 ans], elle s’est d’abord attachée à la conservation d’un site menacé de disparition par le feu. Elle s'est donnée, pour tâche, de protéger mais aussi de contribuer à l'étude scientifique de cette réserve de biodiversité[6], qui s'étend sur 400 hectares, à 200 kms au nord de Tamatave (nord-est de Madagascar).
D’une démarche de préservation stricte, l’association a convaincu les villageois de s’impliquer dans la valorisation des ressources naturelles par le développement d’un écotourisme respectueux de la nature[7][8]. 

 

 

1ère partie : visite d’un projet environnemental sur la côte est de Madagascar.

 

II.     Ce qui m’a attiré dans ce projet

 

D’après la documentation éditée par cette ONG, cette dernière aurait réussi à faire reculer ou éradiquer la pratique du Tavy, dans la région de Manonpana. Car si cette affirmation était vérifiée, ce recul serait une très grande victoire, car la pratique du Tavy est fortement ancrée dans les mœurs et les techniques culturales malgaches.

Par ailleurs, toujours selon cette documentation, la majorité des villageois seraient devenus sensibilisés par la protection de l’environnement local et de la forêt d’Ambodiriana.

En plus, au travers de la documentation que j’avais lu, j’avais constaté que cette ONG avait traversé pas mal de galère. Or cette ONG était toujours présente sur place, depuis 17 ans (voir en Annexe 1, le chapitre « galères vécues par ADEFA »).

La documentation d’ADEFA donne donc l’impression que l’une de ses responsables, Chantal, est une personne tenace, douée d’un grand courage, qui a tenu, à bout de bras, durant 17 ans, son projet et son ONG.

 

III.  Un obstacle imprévu avant mon départ

 

J’avais préparé ce voyage à Madagascar, depuis presqu’un an.

Or le 19 décembre, suite à une agression[9], à Paris, à la sortie d’un parking souterrain[10], j’avais du mal à marcher, à cause d’une déchirure ligamentaire à la cheville droite[11]. Sinon, juste avant mon départ le 3 mars, mon pied n’étant pas réparé, je devais encore me déplacer avec une béquille.

 

Mais comme2 mois et demi, avant mon départ, je pensais que mon pied serait réparé, au moment de mon départ (le 3 mars, j’avais quand même demandé à un ami guide malgache, Mamy, en qui j’ai toute confiance, de me préparer un voyage en voiture[12]. Nous avions convenu ensuite, qu’à mon arrivée à Madagascar, Mamy m’accompagnerait à Manonpana, pour venir identifier les arbres de la forêt d’Ambodiriana.

 

Comme je m’étais beaucoup impliqué dans la préparation de ce voyage et que je ne voulais pas décevoir Mamy et le chauffeur, Francis_ le chauffeur, que Mamy avait choisi, pour la route me conduisant au site de la plantation de l’ONG ALAMANGA _, j’ai donc décidé de me rendre quand même sur l’île, malgré les conseils dissuasifs d’amis, s’inquiétant pour l’état de mon pied[13].

 

J’avais aussi prévu de venir avec plus de 20 à 30 kg matériel à remettre, sur place aux ONG[14]. Finalement, pour m’alléger, ADEFA a pu récupérer avant mon départ la  tronçonneuse thermique, que j’avais prévu de leur donner à mon arrivée sur place[15]. Ce qui m’a allégé. Mais je partais quand même avec encore 20 kg de matériel, ce qui, avec mon pieds handicapé, ne facilitait pas les choses.

 

Lundi  4 mars 2013 :

J’arrive, ce lundi, vers 6 h du matin, par un vol AIR MADAGASCAR[16], à l’aéroport d’Antananarivo, où m’attendent Mamy (mon ami malgache guide et botaniste) et Francis, mon chauffeur. C’est toujours un plaisir de revoir Mamy qui me présente Francis.

 

Visite à la SNGF et au professeur Lolona Ramamonjisoa :

Le Silo National des Graines Forestières (SNGF), créé il y a 25 ans, est une société malgache ayant pour mission principale de produire et de diffuser des semences forestières de qualité, produites et commercialisées suivant des normes internationales. Par ailleurs, le SNGF conseille et en accompagne techniquement tous les utilisateurs de semences afin que les objectifs recherchés par ces derniers soient atteints avec succès.

 

Le professeur Lolona RAMAMONJISOA est, de formation Ingénieur Forestier, Docteur es science, habilitée à diriger des recherches[17]. Elle est surtout la directrice du SNGF.

 

Je lui parle d’un possible projet de plantations de bois de rose (Dalbergia) et de bois d’Ebène (Diospyros) _ étant donné la raréfaction dramatique de ces espèces à Madagascar _, que la SNGF pourrait conduire. Elle ne dit qu’elle travaille justement sur un tel projet. Mais que son problème est de trouver des financements pour ce projet (sources qui sont toujours très difficiles à trouver). Je lui propose de rapporter des graines d’arbres d’espèces de la côte Est. Et elle me fournit alors plusieurs sacs en toile pour me faciliter cette récolte.

 

Visite à l’ONG Tany Meva :

L’ONG Tany Meva[18] est une association malgache qui aide à financer les projets d’autres ONG environnementales.

J’y rencontre Elodie, la responsable de la communication, à qui je remets mes documents électroniques sur le développement durable. Elle n’explique le rôle de Tany Meva, en tant que source de finances pour les autres ONG.

Je lui parle des deux ONG que je vais visiter. Elle les connaît. Elle me dit avoir financé ADEFA. Mais qu’ADEFA a préféré, par la suite, ne plus être financé par  Tany Meva. Et qu’elle aurait aimé travailler avec ALAMANGA, mais cela ne s’est pas fait jusqu’à maintenant.

 

A la fin de ma visite, elle me remet des dépliants sur Tany Meva, assez bien faits. On y constate que les subventions des bailleurs de fonds internationaux à Tany Meva ont pas mal diminué depuis 2011 et que cette ONG doit faire avec.

Remise d’objets à la Maison Saint-Vincent :

Je soutiens depuis des années, l’ONG TANJOMOHA qui aide les handicapés, de la région  de Vohipeno (côte est), son projet forestier, et son directeur, le Père Emeric, un père lazariste assez dynamique. Mais par manque de temps, cette année, je ne pourrais pas me rendre à Vohipeno et donc revoir le père Emeric. Ce dernier m’a juste commandé une cogné (hache) de bucheron, que j’ai transporté dans mon sac à dos[19].  J’ai juste comme consigne de sa part, de la remettre à la Maison Saint-Vincent, maison centrale des missions lazaristes à Madagascar[20], les lazaristes se chargeant eux-mêmes de remettre mes cadeaux au Père Emeric.

 

Le jardin entourant le bâtiment long, de cette grande maison, est soigné, rempli de fleur. Il est magnifique. On y trouve des grenadelles, des arbustes[21], auxquels sont suspendus des fruits de couleur jaune à jaune nuancé vert.

 

Je remets à un père malgache : 1) la grande cognée, 2) une clé USB 128 Go, contenant ma documentation de 18 Go sur le développement durable pour Madagascar, que j’avais aussi promise au Père et destinée à la sauvegarde des données de l’ordinateur portable du Père[22], 3) une attelle de cheville, 4) 10 boîtes de Lovenox[23].

Dans la journée, je retrouve Rina, une étudiante en médecine, amie d’un collègue de bureau malgache, à qui je remets un livre sur la médecine interne (que j’avais trouvé, en France, et ramené dans mes bagages à Madagascar).

 

IV.  Ma rencontre avec la présidente d’ADEFA, Chantal

 

Mardi  5 mars 2013 :

 

Pour gagner du temps à mon arrivée à Madagascar _ à cause de mon planning trop serré et de mon pied _, j’ai décidé de prendre un vol intérieur AIR MADAGASCAR, entre Antananarivo et Tamatave[24].

 

A mon arrivée, à l’aéroport de Tamatave, Chantal  m’attendait, avec deux employés malgaches d’ADEFA, Jean de Dieu et Grégoire[25]. Et je lui remets immédiatement :a)  un livre [en anglais] sur la technique de restauration des forêts primaires du docteur Akira Mirawaki[26], b) deux CD sur les plantes médicinales malgaches, offerts par Mme Allorge botaniste du Muséum et c) ma doc de 18 Go pour le développement durable à Madagascar.

 

Chantal, une femme d’apparence sportive, âgée d’environ 70 ans, a créé, avec d’autres, en 1996 (information à vérifier), l’association ADEFA, dont elle est actuellement l’une des responsables. Elle a été professeur de français, à Saint-Leu, à la Réunion, avant de prendre sa retraite. Elle vit toujours dans sa grande maison sur les hauts de Saint-Leu. D’après Chantal, elle aurait été initiée, dès l’âge de 8 ans, à la botanique, par sa mère.

Elle a une vraie passion naturaliste pour les oiseaux, les grenouilles, les insectes, les lémuriens, la botanique, les plantes médicinales.  Elle s’est intéressée à la forêt d’Ambodiriana, à cause de la grande biodiversité et en raison de cette passion. Elle me dit qu’elle a déjà publié des articles scientifiques sur cette forêt.

Elle me décrit les espèces de cette forêt (dont une variété de grenouille). J’apprends d’elle que certains arbres y expulsent « violemment » leurs graines, comme les tambourissas et les hévéas. Ou bien qu’il faut éviter de s’appuyer sur le tronc de certains palmiers épineux.

Elle me dit qu’elle a réussi à bouturer les bois de rose, en prélevant, sur eux, un bout terminal feuillé, juste coupé sous un œil ou une sorte d’anneau ( ?). C’est une excellente nouvelle. Il me reste à la vérifier.

 

Elle se rend plusieurs fois par an, à Manonpana, pour s’occuper et/ou diriger les projets initiés par ADEFA.

 

Son dernier projet est celui de« ferme pédagogique », dirigé par un certain Mahafaly[27], que je rencontrerais sur place.

 

Avant mon départ, elle m’indique avoir connu la même mésaventure de ligaments du pied déchirés. Elle me donne des conseils pour ménager mon pied. Elle me remet un coussin gonflable pour permettre à mon pied de se reposer durant mes voyages)[28].

 

Je rencontre aussi son fils, Pascal, devenu un expert reconnu dans le domaine environnemental  à Madagascar[29].

 

Le soir, mon ami guide, Mamy, venu en taxi-brousse, qui m’accompagnera à Manonpana, nous rejoint à l’hôtel[30].

 

Comme Chantal semble me laisser entendre que mon séjour sera entièrement pris en charge par ADEFA (au niveau logement, excepté les repas), je ne retire que peu d’argent au distributeur et ne pars qu’avec 500.000 Ar (~ 178 euros), pour la durée mon séjour de 4 à 6 jours à Manonpana. Et cette décision aura d’importantes conséquences sur place, à Manonpana[31], que je décrirais plus loin.

 

Chantal m’indique que Grégoire _ qui doit retourner à Manonpana (son village natal) et y rapporter des affaires pour ADEFA et qu’elle me présente comme un guide _ sera mon guide durant le voyage. Elle me demande de lui donner une indemnité de 10.000 Ar pour sa prestation d’accompagnement jusqu’à Manonpana[32].

 

Elle m’indique que, sur place, les guides locaux nous accompagnerons, Mamy et moi,  dans la forêt d’Ambodiriana, pour que Mamy et moi puissions y faire l’inventaire forestier de certains de ses arbres.

Elle me précise qu’un filanzane _ un siège à porteur _ a été construit, avec lequel l’on me transportera durant ma visite, afin de m’éviter toute marche à pieds dans la forêt.

 

Accessoirement, comme j’avais appris d’Chantal que beaucoup de documents intéressants publiés par son ONG n’avait pas été mises en ligne sur le site Internet d’ADEFA et que son site n’avait pas évolué depuis 2008, je lui ai alors proposé de rajouter, en ligne, ses documents sur son site (sur son site : www.adefa-madagascar.org), à mon retour en France.

 

Je lui ai aussi demandé pourquoi elle avait préféré ne plus se faire subventionner par Tany Meva. Elle me répond que pour chaque dépense (même les plus minimes), ADEFA devait fournir des justificatifs à Tany Meva. Et qu’au bout d’un an, les documents fournis à Tany Meva occupaient déjà le volume de 2 boîtes archives. Et qu’administrativement, c’était lourd. Raison pour laquelle elle a préféré renoncer à l’aide financière de Tany Meva.

 

Sinon, j’ai passé une demi-journée, à Tamatave, à tenter de réparer le second ordinateur portable d’Chantal[33], sans résultat, la panne semblant matérielle. Quand l’informatique dysfonctionne, elle peut être très chronophage.

 

V.     Le voyage vers Manonpana

 

Grégoire, Mamy et moi sommes levés à 5 heures du matin, ce 5 mars. Finalement après une longue attente, nous partons, vers 8h, dans un taxi-brousse, qui est venu nous chercher à notre hôtel _ le Flamboyant _ à Tamatave. Celui-ci part en direction de la bourgade de SoanieranaIvongo, situé sur la côte est, terminus de la partie goudronnée de notre route.

 

Avec son téléphone portable, Grégoire doit faire en sorte de faire attendre le 4x4 de brousse, qui part de SoanieranaIvongo sur la piste conduisant au village de Manonpana.

Notre taxi-brousse, qui a roulé assez vite depuis Tamatave, au point que nous avons failli avoir un accident, arrive vers 11h à SoanieranaIvongo. Pourtant, le 4x4 de brousse allant à Manonpana, qui devait nous attendre, ne nous a pas attendu et est déjà parti.

Nous sommes quittes à attendre, une journée entière, le 4x4 de brousse suivant, qui partira le lendemain.

Dans l’après-midi, un orage très violent se déchaîne, nous donnant un avant-goût de ce que pourrait être la fin du monde. Mais cette pluie diluvienne a le mérite de rafraichir la forte chaleur moite du lieu.

Le soir, nous logerons à l’hôtel, dans le jardin, au sein duquel poussent des rosiers et du raisin, des hortensias, des pommes cannelles. Tout semble pousser ici à SoanieranaIvongo, mais rien ne sèche. Des chiens et des chats errent dans les rues.

 

Finalement, Grégoire nous trouve un 4x4, conduit par un Français, Yannick, vivant à Madagascar et directeur d’une plantation de vétivers, à Moramanga (Est de Madagascar). Ce 4X4 partira tôt, le lendemain matin.  Grégoire négocie nos places auprès du propriétaire du 4x4, au prix de 10.000 Ar / par personne. 

Le lendemain, Yannick, le propriétaire du 4x4, un jeune homme, au sourire « ultra-bright » à la Brad Pitt, me précise que le prix de chacune de nos places est de 15.000 Ar / par personne et non à  10.000 Ar / personne, comme me l’avait indiqué Grégoire. Ce dernier m’indique qu’il avait pourtant bien négocié à 10.000 Ar / personne, la veille, et que, selon lui, le propriétaire du 4x4 est malhonnête[34].

 

A partir de SoanieranaIvongo, la piste, essentiellement sableuse, croise trois fleuves, que nous traversons en  bacs.

Le temps d’attente à chaque bac est le plus souvent aléatoire.

 

La piste est assez mauvaise. Elle occupée, tous les dix mètres, par de grands nids de poules remplis à ras-bord d’eau.

La plupart des petits ouvrages d’art, le long de cette piste, sont détruits (suite à des cyclones). Ils n’ont jamais été réparés. Pour les contourner, le 4x4 doit franchir des trous, souvent remplie d’eau parfois jusqu’au niveau des portières. Ici un vrai et grand 4x4 est vraiment nécessaire (ni une R4L, ni un cross-over ne passeraient pas).

 

Yannick transporte deux autres européens, et un de ses amis français, Phil, 1,80m, à la carrure d’athlète, artiste plasticien et une touriste payante canadienne anglophone, Rachel, au joli visage  (que Phil et Yannick ont récupérée en cours de route et qui parle relativement bien le français, avec un fort accent américain).Yannick, Phil et Rachel vont camper (dans un tipi indien), sur un terrain dont Yannick est le propriétaire, situé à 3 km de Manonpana, en bord de la mer.

 

Durant tout le voyage, tous les trois ne cesseront de faire tourner un joint entre eux.

Yannick, de formation « technicien forestier »[35], est marié à une malgache et vit depuis 12 ans à Madagascar. Il avait commencé un tour du monde, par Madagascar. Et finalement y est resté. Finalement, il s’est enrichit dans  la culture du vétiver[36].

 

Le long de la piste, j’y observe de paysages sableux et marécageux inondés, des haies vives de Gliricidias lors des traversées de villages, des Acacias mangium (un arbre utile qui améliore la fertilité des sols), mais aussi une invasion de petits arbustes très décoratifs _ des Grevillea banksii _,une des plantes les plus invasives de la côte Est de Madagascar, des arbres du voyageurs (des ravenales), une plante pionnière par excellence, parsemant le paysage jusqu’à l’horizon, mais aussi des branles (sortes de bruyères tropicales) …

 

VI.  Arrivé à Manonpana (le 06 mars 2013)

 

Manonpana, par ses nombreuses anses, bordées de cocotiers, et ses mangroves, apparaît comme l’image du paradis terrestre.

 

Mais, à notre arrivé à Manonpana vers midi, Grégoire me présente une facture de 44.000 Ar (~15,28 euros), me demandant une rallonge pour ses frais d’hôtel et de restaurant, liés à notre séjour forcé à SoanieranaIvongo.

Une petite « espièglerie » s’est glissée dans sa facture : une partie perdieme _ une indemnité normalement perçue par un expatrié pour lui permettre de vivre dans un pays étranger au sien. Or Grégoire revient dans son propre village, Manonpana.  Je préfère ne faire aucune remarque sur la partie perdieme et paye donc le tout (voir l’encadré sur « quelle attitude adopter face aux malgaches sur les questions d’argent »). 

 

 

Grégoire nous conduit, Mamy et moi, à l’hôtel « l’ancrage », tenu par un certain Wen-ki.

Je suis surpris d’être déposé, par Grégoire, dans cet hôtel, au demeurant assez joli, car il avait été convenu avec Chantal, à Tamatave, que je logerais dans une des cases d’habitation réservées aux stagiaires.  Grégoire me précise que la nuitée me coûtera 20.000 Ar. Je téléphone à Chantal pour comprendre les raisons de ce changement et savoir si elle est au courant. Elle est au courant et me dit que deux nuitées dans cet hôtel seront payées par ADEFA.

 

Avant mon arrivée, Chantal m’avait parlé de stagiaires (dont Charlotte), travaillant sur place pour ADEFA et d’une équipe locale malgache agissant pour la protection de la forêt d'Ambodiriana et pour l’environnement local  _ dont William, son chef, Augustin, le chef des guides, et Mahafaly … Or aucune de ces personnes n’est venu nous accueillir.

 

Suite à cet échange, Chantal m’envoie ce texto :

 

« 7 mars. Chantal : le poster sur les tortues est avec Charlotte. Comme je vous sens un peu crispé sur nos tarifs, demandez-lui comment ils sont faits. Vous verrez que pour 1 ou 2 personnes, le bénéfice proche de 0 fait par les associations ADEFA et AGPN ne leur permet pas de mettre en œuvre des actions de développement durable ou non ».

 

Pour rajouter, concernant notre arrivée à Manonpana et les coutumes locales, j’ai eu d’un droit de péage de 1000 Ar (que j’ai payé), pour le franchissement, à pieds, d’un petit pont en bois  (un habitant m’a poursuivi pour me faire payer ce droit de passage, alors que j’avais déjà franchi ce petit pont)[37]. Enfin des jeunes, remplissant de terre argileuse les ornières de la piste[38], avant le village, voulait nous faire aussi payer leur « prestation »[39].

 

Quelle attitude adopter face aux malgaches sur les questions d’argent ? (sur les rapports d’argent entre eux et nous).

 

Quand un occidental vit à Madagascar, il est régulièrement confronté à des problèmes interculturels, entre nos « « mentalités respectives ». Entre un Malgache et un Français, nous n’avons pas la même approche que ce soit a) sur les questions vestimentaires (voire de pudeur), b) envers la place de la Religion dans vos vies respectives, c) sur la question du respect de l’Autorité (ou envers ceux qui représente l’Autorité) et d) sur les questions d’argent.

 

Certains occidentaux, voyant l’extrême pauvreté de beaucoup de malgaches, s’en émeuvent, et donc on tendance à donner spontanément de l’argent à des malgaches, quand ils en réclament ou mendient (même quand ils le font d’une manière agressive ou désagréable). Au départ, c’est l’attitude que j’avais adopté à Madagascar, en particulier fermer les yeux, face à certains comportements commerciaux agressifs ou face à des mendicités agressives. Ou bien quand ils cherchent  vous « tromper » dans certaines transactions commerciales.

La partie perdieme, réclamée par Grégoire, était une forme de tromperie (astucieuse), mais aussi d’abus de confiance. Et c’est la dernière fois, avec cet épisode, que je fermerais les yeux face à ce genre de pratique (même si ce fait peut nous paraître dérisoire à nos yeux d’occidentaux).

En effet, à force de me rendre à Madagascar, j’ai eu, de plus en plus, l’impression, que bon nombre de Malgaches, pas toujours scrupuleux, perçoivent notre émotion ou notre « culpabilisation », face à la pauvreté malgache, comme une « faiblesse » de notre part dont ils peuvent alors profiter.  Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas légitimité de leur part, à le faire, dans certains cas.

A partir de cet épisode, j’ai décidé de ne plus fermer les yeux et de tout vérifier, surtout pour toutes questions financières (avec le devoir de vérifier tout, le détail des factures d’hôtel, des prestations touristiques, des guides …).

Or ce genre de démarche (de tout vérifier, de ne plus faire confiance spontanément envers tous les malgaches) ne m’est pas du tout naturel. Mais à Madagascar, elle permet de se protéger contre toutes ces « filouterie » ou « tromperies » très répandues à Madagascar. D’autant qu’aux yeux des Malgaches, tous les occidentaux sont riches (et il est vrai que si ces derniers peuvent se payer un billet d’avion  à 900 €, alors ils seront toujours, en moyenne, beaucoup plus riches que la majorité des malgaches, qui eux souvent ne vivent qu’avec 1,5 $US par jour).

 Par le témoignage d’entrepreneurs Vahaza, je sais qu’il est nécessaire de vérifier soigneusement et continuellement les affirmations et le travail (ou les horaires) des employés malgaches. Et encore plus, s’il s’agit de comptabilité et d’argent, confiés à des Malgaches.

Voici, d’ailleurs, ce que le Père Emeric, un père Lazariste, s’occupant d’une ONG située sur la côte Est, m’écrivait « La question de l’honnêteté et de la confiance qu’on peut accorder aux gens sur place [à Madagascar] est délicate. D’après mon expérience, il est très important de choisir avec beaucoup de soin ses collaborateurs, surtout ceux qui touchent à l’argent, sous peine d’être déçus, car on entend parler de corruption et de vols un peu à tous les niveaux. C’est la réalité et il faut faire avec ».

Bref, il est très difficile de faire confiance aux Malgaches, dès qu’il est question d’argent.

Et un épisode survenu à l’ONG « L’Homme et l’Environnement », que je décrirais plus loin, confirme ce constat.

D’une manière générale, les malgaches perdent toute dignité quand il s’agit d’argent.

 

VII.                       Mes rencontres sur place

 

Rencontre avec Mahafaly et visite de sa ferme pédagogique

 

Au cours de l’après-midi, je parviens à rencontrer Mahafaly, le responsable de la ferme pédagogique[40]. Son terrain, situé le long d’une école, est occupé, essentiellement, par un grand jardin potager tropical, entouré de haies vives, dont des haies de Gliricidias.

 

Mahafaly me présente avec fierté ses réalisations et les résultats bien réels obtenus dans sa ferme pédagogique. Il m’explique qu’il apprend, régulièrement, le jardinage, aux jeunes élèves de l’école attenante.

D’ailleurs, lors de mes passages à la ferme, je rencontrerai d’ailleurs régulièrement des élèves arrosant les plantes, bêchant leur carré de jardin et puisant l’eau de leurs arrosoirs à deux pompes manuelles situés dans le jardin.

 

Dans ce jardin, on y cultive :

 

·         Des cucurbitacées appelés luffas (cultivés sur des treillis ou sur des tonnelles) _ Mahafaly les nomme de leur nom réunionnais, pipangaille,

·         De grosses citrouilles oblongues  … en fait, des potirons allongés appelé « votaves »,

·         Des pastèques,

·         des sortes de courgettes rondes de couleur orange (ressemblant extérieurement à des tomates, que je n’ai pas réussi à identifier _ Mahafaly les appelle « courgettes africaines »),

·         des patates douces,

·         des haricots rouges,

·         du manioc,

·         du tarot,

·         de l’amarante ou amaranthe (plante herbacée d’avenir[41], utilisée comme céréale) …

·         du « vonato », produisant des graines farineuses et gélatineuses, au goût de noisette.

·         etc.

 

Mais aussi :

 

·         du lavandin,

·         du ricin (toxique)[42],

·         Du piment,

·         Des grenadelles … à moins que cela soit des arbustes de la famille des passiflores ( ?),

·         Des ananas,

·         Des papayes.

 

Les photos de quelques plantes cultivées dans la ferme pédagogique se trouvent dans le document réunissant les photos accompagnant ce texte.

 

Dans un coin du jardin, se trouve aussi un taillis de Moringa oleifera, arbuste endémique de Madagascar, au tronc renflé, cultivé pour ses feuilles alimentaires _ « feuilles d’ananambo »_ et son huile alimentaire (c’est aussi une plante médicinale)  (le compost fait à partir de ses feuilles fraiches serait insecticide ( ?)).

 

Mahafaly, recourt à la lutte biologique, grâce à l’utilisation de plants de tabacs, en cultures associées, pour protéger les plantes alimentaires contre les ravageurs.

 

Il m’apprend qu’il cultive aussi de la consoude[43].

 

Alors que la terre du jardin est pauvre et sableuse, Mahafaly a réussi à produire du lombricompost. Ainsi, il a réussi à améliorer la fertilité de ce sol pauvre. La densité des lombrics présents dans son tas de compost _ protégé du soleil par un auvent _ prouve sa réussite.

 

Autour de la ferme, ont été planté, pour son bois, des Hinstys, arbres endémiques de Madagascar, aux grandes feuilles et au port élevé.

 

Sinon, j’apprends de lui, que pour faire germer les graines de Ramy (Canariummadagascariensis), de grands arbres endémiques à Madagascar, il faut les faire tremper dans l’eau froide, pendant 3 heures.

J’apprends de lui _ qui expérimente de nouvelles techniques culturales pour le riz _, que le riz n’a pas besoin d’avoir ses pieds trempés dans l’eau en permanence pour pousser avec vigueur.

 

Disposition des parcelles de la ferme[44].

 

La ferme pédagogique distribue, gratuitement (information à vérifier), des graines de plantes alimentaires et d’arbres, pour que les villageois les plantent dans leur jardin.

 

J’apprends qu’avec les graines de Jatropha (aussi cultivé ici), on peut faire des bougies à faible coût (< 400 Ar).

Pour fabriquer une bougie, il suffit de coller les graines autour d’une tige d’herbe, servant de mèche (ou de les trouer et de les faire traverser par cette tige). Génial !

 

Les photos de multiples usages de l’huile de jatropha se trouvent dans le document réunissant les photos accompagnant ce texte.

 

Un manuel de l’ONG AGRISUD l’aide dans sa pratique agronomique[45].

 

Je suis très impressionné par le travail de Mahafaly. Et je me promets de l’aider, dans les mois à venir.

 

Rencontre avec les stagiaires d’ADEFA

 

Toujours au cours de l’après-midi, je rencontre les stagiaires d’ADEFA :

a)      Charlotte, qui semble assez jeune et être le « lieder » de ce petit groupe,

b)      et Tom et Nadège, deux bénévoles pour l’association « La marmaille à la case » dont je parlerais plus loin.

 

J’essaye de comprendre pourquoi les stagiaires ne sont pas venus à ma rencontre.

 

Charlotte m’indique qu’elle effectue un stage, pour le compte d’ADAFA, dans le cadre d’un master d’écologie, à l’université de Montpellier. Elle est venue aider les guides locaux à monter une structure  associative _ l’Association des Guides _ et à mettre en place sa trésorerie [i.e. la « caisse »]. La caisse doit servir à la mise en place progressive de nouvelles infrastructures touristiques dans la forêt.

 

Or dès que le travail de Charlotte a été terminé et que la caisse avait été alimentée avec les recettes touristiques, les guides _ qu’elle trouve peu solidaires entre eux _ ont alors détourné les 1.300.000 Ar (soit ~464,28 euros, correspondant à la recette de 3 treks).  Cette recette, en général constituée de « liquide », est normalement rangée dans une caisse en fer, que le comptable ne voit jamais. Or aucun guide n’a voulu se dénoncer (ou dénoncer l’auteur des faits). Elle est « outrée » par le fait qu’ils ne veulent pas se dénoncer, alors qu’elle leur avait fait confiance.

 

Elle me dit avoir perdu beaucoup d’énergie et d’argent pour rien.

Note : comme je suis venu pour étudier le fonctionnement d’ADEFA et de ses projets sur place (comme je l’avais d’ailleurs annoncé à Chantal), je suis étonné que Chantal ne m’en ait pas parlé (avant de venir ou à mon arrivée ici).

 

Par la suite, j’en ai parlé à Chantal, mais elle a balayé le problème en me disant que je ne devais pas écouter les « ragots » d’une stagiaire inexpérimenté. Or les accusations de Charlotte m’ont semblé précises. Et j’ai trouvé l’attitude [de déni ou de politique de l’Autruche] de Chantal « légère ». Je ne suis pas sûr que défendre les guides, envers et contre tout, alors qu’ils sont en tort, est le bon service à leur rendre.

 « A sa place », pour prévenir immédiatement toute dérive de ce genre, je serais revenu immédiatement de Tamatave, j’aurais convoqué tous les guides, en leur disant par exemple « je me suis occupé de tout pendant 15 ans. Vous étiez comme mes fils … Je ne comprends pas que vous me remerciez ainsi » (en prenant, peut-être, un ton culpabilisateur). Mais je ne suis pas à sa place. Et probablement, je ne connais pas tous des tenants et aboutissants de cette histoire.

 

Sinon, avant mon départ à Madagascar,  j’avais commandé des posters destinés à sensibiliser les enfants à la protection des tortues marines de l’océan indien, auprès d’une association réunionnaise, appelée Kélonia, située à Saint-Leu, à Réunion.  Kélonia a confiés ces posters à Chantal. Ces posters sont maintenant à Manomapana, entre les mains de Charlotte (il a été convenu que Charlotte les remettra aux écoles locales). La tronçonneuse est aussi arrivée à Manonpana, où elle est cachée, afin d’éviter qu’elle soit volée. C’est plutôt une bonne nouvelle.

 

Charlotte me décrit aussi son stage au sein de l’ONG « L’homme et l’environnement ». Selon elle, les entrées financières de cette ONG ont diminuées, depuis le départ de son président, Olivier Behra et son remplacement par sa nouvelle présidente, Séverine[46]. Les stagiaires, y compris Charlotte, qui devaient effectuer un inventaire forestier, n’ont pas pu se rendre dans la forêt littorale de Vohimana (ou Vohibola[47] ( ?)), durant leur séjour, parce que les guides n’étaient pas payés. Les stagiaires ne pouvant rien faire se sont « tournés les pouces ». Le village, où elle résidait, vivait de l’écotourisme. Or elle m’a dit être choquée par la mise en scène des villageois, comme dans un « zoo humain », lors du passage des touristes.

Selon elle, les permanents européens de l’ONG s’attribuent des salaires élevés, alors que le personnel malgache de l’ONG est mal payé.

 

Charlotte m’annonce alors qu’elle renonce à faire un rapport de stage, à son retour en France.

Je l’incite au contraire à le faire, ne serait-ce que justement pour informer d’autres étudiants des risques de « galères », auxquelles ces derniers pourraient être confrontés, sur place, lors de leurs missions humanitaires[48].

 

Par la suite, j’ai réussi à entrer en contact, par le plus grand hasard, à Mulhouse, avec Patrick Behra, le frère d’Ollivier Behra. Et voici ce que Patrick m’a répondu « Il n’y a jamais eu de différence de salaire entre salariés malgaches et européens. Il n’y a que deux salariés européens, dont Séverine, qui reçoivent 800 euros par mois. Notre ONG est passée par une période grise, car le compagnon malgache de route de 30 ans d’Ollivier, J…, avait décidé de se payer (grassement) sur l’ONG, oubliant les buts « commerce éthique et équitable » de l’ONG [car « Il a décidé de se payer sur la bête » selon les termes de Patrick]. De plus, comme Ollivier Behra avait embauché jusqu’à 250 malgaches, et alors suite aux diminutions des entrées d’argent, liés aux problèmes causés par J., l’ONG, ne pouvait parvenir qu’à payer que 100 personnes, d’où les problèmes dont a été victime cette stagiaire ».

Il réfute l’idée que le village, décrit par Charlotte et situé à proximité d’une forêt primaire, ait été présenté par l’ONG, à la manière d’un zoo humain.

 

Charlotte me précise alors : « le "zoo humain" c'était dans le village d'Andranokoditra, en face de la forêt de Vohibola ! Et effectivement, je suis allée dans les 2 forêts : Vohimana et Vohibola. Et pour les salaires, je savais qu'il n'y avait que 2 personnes de l'ONG payées un salaire européen (je pense toute de même plus de 800€ mais là n'est pas la question puis que même 800 à Mada, c'est le grand luxe !) mais je pense tout de même que le reste des salariés du siège à Tana ne sont pas payés comme les gasy : je passerai sur les noms et les salaires gasy dont j'ai entendu parler... ».

 

Sur un autre sujet, elle m’indiquera encore : « à Manonpana, les gens se soignent avec les médicaments vendus par les itinérants (chers et non adaptés car notices en anglais ou en chinois) et ne croient quasiment plus du tout en la médecine traditionnelle (même pour le palu). On  voudrait y croire, mais ça, c'est un fantasme d'occidental. ».

 

Durant toute la durée de mon séjour, à Manonpana, je ne verrais jamais les stagiaires m’inviter à prendre un pot ou se mélanger  ou discuter avec les habitués du restaurant de l’hôtel  de Wen-ki. Même quand un jeune réunionnais, jeune militaire, plutôt sympathique, voyageant seul, logera à l’hôtel, ils ne l’inviteront pas.  Ils resteront toujours isolés, dans leur coin. Peut-être que cette histoire a écœuré ces stagiaires et d’où leur refus de tout contact humain ( ?).

Pour info : Charlotte comme les autres stagiaires mangent pour 1 euro par jour.

 

Rencontre avec les guides de la forêtd'Ambodiriana, travaillant avec ADEFA

 

Le soir chez Wen-ki, je rencontre les guides nature de la forêt d'Ambodiriana, travaillant avec ADEFA : Gaby, Augustin[49]etc. ….

 

Lors de notre discussion, je constate rapidement que le prix des prestations, que les guides cherchent à me faire payer, ne sont pas annoncés clairement. Ils ne me présentent aucune grille tarifaire claire.

Au départ, ils commencent avec des prix assez bas. Puis, de fil en aiguille, ils rajoutent, petit à petit, très discrètement, des prestations ou des frais supplémentaires se rajoutent, qui, selon eux, sont obligatoires.

A la fin de la discussion, le montant de ma visite dans la forêt s’élève maintenant à : 40.000 Ar (pour le circuit et un repas) + 10.000 Ar (pour le droit d’entrée) + 80.000 Ar (de filanzane) + 35.000 Ar (de pirogue, obligatoire, selon eux, pour voir des Dalbergia _ bois de rose _ en fleur)  … soit au total : 165000 Ar ~= 59 euros (ce qui est beaucoup pour la simple visite d’une forêt). Par ailleurs, leur pratique commerciale était agressive.

 

Ce qui m’a gêné ce soir-là est qu’il était totalement impossible de discuter de la réduction du coût de la prestation avec eux (y compris sur la prestation « voyage en pirogue », absolument obligatoire à leurs yeux).

 

Comme le filanzane pouvait [ou semblait] poser un problème logistique, je leur ai alors proposé que mon ami guide, Mamy _ qui seraient mes yeux et mes oreilles dans la forêt d'Ambodiriana _, me remplace, dans l’exploration de cette forêt. D’autant qu’étant un vrai botaniste, il peut me remplacer pour l’identification des espèces et prendre les photos de celles-ci à ma place.

 

Or même pour lui, un guide malgache, les guides de la forêt d'Ambodiriana refusent de lui faire un prix et de réduire les prix de leur prestation. Par exemple, ils lui imposent un guide plus d’un pisteur (alors qu’il est pourtant guide diplômé).  Mamy devrait payer 59.000 Ar (~21 euros) pour cette visite (et ce prix n’était pas négociable).

Or en comparaison, le prix d’entrée, pour les étrangers, dans les forêts et parcs nationaux (comme, par exemple, dans le parc de Mananara, situé à 20 km d’ici), gérés par l’organisme étatique « Madagascar National Park », est de 20.000 Ar (soit ~7,14 euros). Et dans ce prix officiel, sont compris 10.000 Ar de droit d’entrée + 10.000 Ar de prestation du guide accompagnateur.

 

Ce soir-là, je n’ai pas sentis ces guides très solidaires entre eux (mais, il est vrai que ce n’était qu’une impression). Mais en plus, durant cette soirée, je ressentais l’impression que certains guides semblaient bien plus intéressés par l’argent (comme s’ils étaient déjà devenus de vrais businessmen), que par l’environnement et la préservation de la forêt d'Ambodiriana (encore, il est vrai, une impression). Tout de même, j’avais aussi le sentiment d’avoir été pris pour une vache à lait, par les guides.

 

Heureusement, Charlotte est venue à ma rescousse, en réussissant à faire comprendre aux guides présents, que Mamy, guide diplômé, n’avait pas besoin que d’un pisteur et pas besoin d’être accompagné par autre guide. Et donc elle a réussi à faire baisser le prix pour la visite en forêt de Mamy à 25.000 Ar (soit ~ 9 Euros).

 

Suite à cette soirée, j’envoie ces deux textos à Chantal :

 

« 7 mars

BL : Famille d’Augustin sont venus. Vu aussi Charlotte et Tom et Nadège. Benjamin

7 mars

BL : Bjr, Mamy ira à ma place à la cascade, demain. Erreur de n’avoir retiré que 300.000 Ar à Tamatave et pas de banque ici. ».

 

Mais il semble que ces deux textos ne soient parvenus à Chantal (car le réseau téléphonique passant mal ici).

 

Plus tard, Mamy, qui n’a pas aimé cette discussion avec les guides, me fait cette réflexion : « après 50 ans d’indépendance, rien n’a changé à Madagascar. Désormais, la cause du sous-développement de Madagascar ne peut plus être mis [tout le temps] sur le compte des français et de la colonisation ».

 

Avant de m’endormir, je pensais que je n’aime pas qu’on me force la main, pour une prestation ou un pourboire. J’aime que mon geste ou/et mon choix me viennent du cœur. Je sais que les malgaches vivent des galères, mais il y a des limites quand ils forcent la main (voir, ci-après, l’encadré intitulé « Il y a-t-il des pauvretés heureuses ? »).

Le détournement de la caisse a été, d’ailleurs, une des raisons de mon refus de visiter la forêt, avec eux. Même, si j’ai su, le lendemain, par Mamy, que la prestation du guide Gaby (et de sa famille) avait été finalement professionnelle.

Et durant cette visite, Mamy a pu prendre quelques photos, pour l’inventaire forestier de la forêt d'Ambodiriana.

 

Voir les photos de quelques plantes de la forêt d'Ambodiriana, prises par Mamy, dans le document réunissant les photos accompagnant ce texte.

 

Il y a-t-il des pauvretés heureuses ?

 

Lors de son Interview, sur Canal Plus, le samedi 1er juin, le Père Pedro, expliquait, en parlant des malgaches, que beaucoup vivaient dans une pauvreté heureuse.

 

Ce que j’ai vu à Madagascar, est que majoritairement il n’y a pas de pauvreté heureuse (d’autant qu’à Madagascar, les malgaches ne mangent pas toujours à leur faim et que la sécurité alimentaire n’y est pas toujours assurée).

 

Par exemple, dans la région sud de Madagascar, le pays Antandroy, mon ami Maurice avait voulu distribuer des affaires scolaires à des jeunes dans un village très pauvre.

Mais dès le départ, il nous était impossible de mettre les jeunes en rangs. Ils se battaient tous entre eux violement pour avoir chacun une part de nos cadeaux.

A moment donné, il y a eu un homme de 30 ans, qui nous a volé des mains, une partie de nos crayons. Puis ce dernier courrait autour des jeunes, en riant, en brandissant son larcin au-dessus de sa tête, comme s’il en était très fier (je me suis demandé comment un homme adulte de 30 ans pouvait encore se conduire comme un enfant). Tout cela nous a donné une impression d’une grande violence de mœurs dans ces villageois.

Au village de Manonopana, situé sur la côte Est, j’ai trouvé que les guides agressifs, voulant à tous prix nous faire accepter le maximum de prestations qu’ils pouvaient.

Je comprends que l’argent était important pour eux pour survivre. Mais j’avais l’impression d’une perte de dignité, à vouloir nous faire payer tout au maximum et nous faire accepter le maximum de prestations, même celles que l’on ne voulait pas.

 

Les seuls malgaches que j’ai vraiment trouvé heureux, ce sont :

 

1)      Des membres du peuple de marins, le Vezos, rencontrés en septembre 2009.

 

En effet en 2009, Maurice et moi avions décidé de descendre le canal de Mozambique, vers le sud, lors d’une navigation côtière, dans une pirogue à voile et à balancier, sans moteur, une Laka, conduit par deux marins vezos.

A moment donné, à cause de vents contraires, nous avons été obligé de faire escale, durant 2 jours, dans un village Vezo (peut-être un village temporaire), totalement isolé de la civilisation (pas de route, de piste, pas de téléphone ou de réseau téléphonique, pas d’électricité du tout  …).  Ces gens vivaient tous de la pêche. Leur vie était lente, calme. Ils étaient particulièrement doux et gentils. Ils semblaient vivre à l’âge de pierre. Il n’avait presque pas conscience de la valeur de l’argent, puisqu’ils nos avaient vendu 1 kg de poisson pour environ 200 ou 400 Ariary (14 centimes d’Euros).

J’y ai assisté à l’enterrement d’une jeune fille de 26 ans. Et les gens pleuraient sincèrement.

 

2)      Le personnel administratif malgache de certaines ONG. Leur vie est calme, leurs horaires sont très souples et ils prennent leur temps.

 

Il est vrai, aussi, que le Père Pedro est un très bon communiquant et qu’il a peut-être voulu simplifier la présentation  d’un état de fait, somme toute, peut-être complexe ( ?).

 

Le vendredi 8 mars 2013 :

 

Dans la nuit du 8 mars, Chantal m’envoie ce texto, en réponse à mes deux textos :

 

« Je suis scandalisé par votre attitude. Vous voulez priver les villageois du droit d’entrée, le pisteur de son travail et les deux guides et pisteur, de nourriture. J’ai dit à Gaby de rester chez lui, car vos conditions sont inacceptables. Quel manque de respect pour les villageois, pour notre équipe et pour nous. Vous n’avez pas négocié le prix de vos appareils électroniques, ni pour votre billet d’avion. Mais vous chipotez sur les salaires des malgaches. ».

 

C’est à mon tour d’être choqué  car je ne me suis jamais engagé, auprès d’elle, d’accepter la prestation payante de la visite de la forêt, surtout d’un tel montant, 59 euros. Je ne comprends pas qu’elle ne comprenne pas cela[50]. D’autant que j’apporte un service ou que j’offre des biens matériels[51] à ADEFA et donc j’attends quand même un peu de reconnaissance (même si je ne devrais pas).

 

Par ailleurs, si ADEFA n’avait pas les moyens financiers de rémunérer les personnes agissant, sur place (que cela soit pour ADEFA et/ou pour la préservation de la forêt d'Ambodiriana), elle aurait dû, au moins, alors me préciser, avant mon départ de Tamatave, que c’était, en fait, aux visiteurs et donc moi de les financer. Dans ce cas, j’aurais alors retiré bien plus d’argent au distributeur de billets de Tamatave et, ainsi, il n’y aurait pas eu de quiproquo.

 

Ensuite, nous avons eu un échange de SMS, plutôt tendus, entre nous. Et je m’en suis voulu, d’autant que je reste persuadé que les intentions de Chantal en créant son ONG et en protégeant la forêt d’Ambodiriana étaient sincères.

Je m’en veux, surtout, de ma phrase assassine « Quand vous disparaîtrez, tout s'écroulera ». En fait, je pensais surtout que l’association des guides, les projets locaux d’ADEFA marcheront moins bien, quand Chantal ne s’occupera plus de son association (surtout à cause de la mentalité très intéressée des malgaches rencontrés, ici).

A un moment donné, j’ai pensé que Chantal a un vrai intérêt écologique sincère pour la forêt de Manonpana, mais qu’elle avait, peut-être, une approche trop « financiariste » des choses. A moins, que les guides aient été malhonnêtes avec elles, l’ont manipulé et qu’elle se soit fait « bourrée le mou » par eux.

 

Suite à cet échange et sachant désormais ce que je vais devoir réellement dépenser sur place, je fais un rapide calcul de mes dépenses à venir, dont mes frais de mon voyage de retour :

 

- Manonpana ->SoanieranaIvongo : 30.000 Ar.

- SoanieranaIvongo  ->Tamatave : 20.000 Ar.

- 5 nuitées dans l’hôtel de Wen-ki : 50.000 Ar (je décide de changer pour un bungalow à 10.000 Ar).

- 5 x 2 repas (à 6000 Ar) 5 petits déjeuners (à 4000 Ar) dans l’hôtel de Wen-ki : 80.000 Ar.

=>TOTAL : 180.000 Ar (~ 64 Euros).

 

Ce calcul me convainc d’autant plus d’être désormais extrêmement économe, pour la fin de mon séjour à Manonpana[52]. D’autant, que les petits ruisseaux peuvent creuser les grandes rivières.

 

Mahafaly, que je rencontre de nouveau, m’explique que seuls lui et Augustin ont une vraie conscience écologique. Les autres, dont William, ne seraient intéressés que par l’argent (surtout Gaby et Grégoire).

 

Incidemment dans la conversation, il m’avoue qu’il a, lui-même, emprunté 300.000 Ar, dans la caisse des guides, pour l’école de ses enfants, mais qu’il remboursera petit à petit l’association des guides (une bonne nouvelle, à mes yeux). Par contre, il ne sait pas ce qu’est devenu le reste des 1.300.000 Ar et qui sont ceux qui l’ont dérobé (cela m’étonne, malgré tout, qu’il ne soit pas au courant).

 

J’ai appris que le précédent maire de Manonpana, une ville de 10.000 habitants, était très écologiste. Il avait beaucoup fait pour la préservation de l’environnement local.  Par exemple, pour éviter que la baie devienne un « désert halieutique » (vide de poisson), il avait interdit la pêche à la moustiquaire (qui a le grand désavantage d’attraper toute l’avifaune, y compris les alevins). Or son opposant, à la mairie, a fait justement campagne pour le rétablissement de la pêche à la moustiquaire. Et il a gagné. Le nouveau maire n’a été élu qu’avec 50 voix de différence sur 10.000 habitants (l’ancien maire, qui avait fait beaucoup pour la commune a été très déçu).

Depuis, le nouveau maire n’a strictement rien fait pour le village, à part des discours démagogiques et populistes. Il est totalement corrompu et il est connu pour avoir déjà trempé dans un trafic de titre de propriété[53].

Sinon, il détournait (à son profit) les subventions, à buts écologiques, allouées par ADEFA au village. Quand ADEFA s’en est rendu compte, elle a alors coupé le robinet des subventions à destination du village.

 

Enfin, le maire aurait été vu, par les villageois, entrer, à plusieurs reprise, chez lui accompagné de petites filles. Il est soupçonné de pédophilie. Il aurait été convoqué par le gouverneur de la province, pour ces faits de pédophilie et pour des accusations de trafics de titre de propriété. Mais pour l’instant, il n’est pas inquiété.

Je rajouterais que, quand sans preuve formelle, il faut se méfier de toute rumeur, quelle qu’elle soit (voir l’encadré concernant « Le problème de la « rumeur » à Madagascar  », plus loin dans ce texte).

 

Rencontre de « zanatanes »  propriétaires de forêts primaires dans la région (le 8 mars 2013):

 

Le soir dans la salle de restaurant de l’hôtel, je partage ma table, avec des « zanatanes » ou « zanatany », c’est à dire des français nés à Madagascar et parlant Malgache[54].

 

Tous vivent à la Réunion et tous sont propriétaires d’une parcelle de forêts primaire, en bord de mer, dans la région de Manonpana.

 

Christophe, un ancien militaire, devenu maître-chien, puis douanier spécialisé dans la lutte anti-drogue, a passé la majeure partie de sa vie à Saint-Leu, à la Réunion. Il a la tête d’un Pierre Perret sympa, ce qu’il est d’ailleurs.

Ila réussi, en 7 ans, à être le propriétaire d’un terrain titré et borné, quasiment d’un seul tenant, en bord de mer, de 800 de long, sur 200 m de large, situé à 3 km à pieds de Manonpana. Il l’a constitué par la réunion de plusieurs terrains achetés successivement, au fil des ans.

 

Christophe m’explique qu’à cause de l’insécurité foncière endémique à Madagascar, seul un terrain titré et bordé peut vous garantir, ici, d’être bien le propriétaire du terrain.

 

Claude, un réunionnais, qui a vécu longtemps à Antananarivo, possède une forêt primaire littorale d’une soixantaine d’hectare, à Ananveno (près d’Angue et de Maltrando), à 20 km d’ici par la piste.

 

Ils sont intéressés par mes connaissances sur les Dalbergias (bois de rose) _ surtout quand je leur indique que les Dalbergias sont « bouturables » _ et aimeraient avoir des conseils pour les planter et les cultiver dans leurs forêts. Ils aimeraient bien que je vienne faire l’inventaire forestier de leur forêt (gratuitement, s’entend). Mais je leur indique que je n’en ai matériellement pas le temps.

 

Mais je suppose, ces zanatanes  s’intéresser à ces forêts littorales, pas uniquement pour la préservation de leur biodiversité, mais aussi pour  peut-être raisons spéculatives ( ?). En effet, si un jour la piste de Manonpana était goudronnée, à l’exemple de la route conduisant de Tamatave à la station balnéaire de Foulpointe, Manonpana pourrait être alors préférée à Foulpointe, pour la beauté paradisiaque de ses paysages et de sa côte.

 

Je leur parle des pestes végétales envahissantes à Madagascar (Grevilleabanksii, Vigne maronne (Rubusalceifolius) etc. …). Claude me parle du succès de la lutte biologique contre la vigne maronne à la Réunion, grâce à l’emploi de la « mouche bleue » (la tenthrède Cibdelajanthina, importée de Sumatra[55]). Je leur objecte qu’une méthode de lutte biologique, réussissant à un endroit donné dans le monde, peut causer de terrible dégâts dans un autre endroit (et donc qu’on ne peut introduire une nouvelle espèce, surtout à Madagascar, sans une étude préalable extrêmement prudente, en prenant toutes les précautions[56]).

 

Selon Christophe, en 2012, une société réunionnaise  « Natur'alg » se serait installée dans la commune d’Ambohitra­lanana (district d'Antalaha) pour y lancer l’algoculture, la culture d'algues[57][58].

 

Christophe nous décrit ses parties de chasse, quand il était jeune, sur la côte Est de Madagascar. A l’époque, le gibier foisonnait et il y avait des milliers de canards à bosse, de canards à bec rose, de pintades aux yeux bleus, de poules d’eau … Maintenant, à cause de la trop forte pression des malgaches sur le milieu, tout ce gibier s’est fortement raréfié.

 

Ce dernier m’incite à être prudent à Manonpana et à ne pas sortir la nuit, récemment, une jeune bénévole s’y étant déjà faite agressée à coup de gourdin et ayant eu son bras cassé.

 

Il me parle aussi de Gilbert Vimont, qu’il connait et qui tient l’hôtel « Au bout du Monde »[59], situé à quelques km, sur la piste, avant d’arriver à Manonpana. Gilbert a créé un centre récré-éducatif "les enfants du bout du monde"[60]  pour les petits enfants. Il a fait le tour du monde en vélo, en quatre ans, avant de se poser ici[61].

 

Puis les personnes présentes discutent de la fabrication, à Réunion, de rhums arrangés, avec des jamblons, appelés à Madagascar « Makoba » (des fruits tropicaux, peu juteux[62]), des mûres de mûriers, des cerises du Brésil (Eugenia brasiliensis) et des baies d'açaï (Euterpe oleracea) etc.

 

Au cours du dîner, l’un d’eux nous déclare : « Ici, tout le monde est rapace financièrement. Les malgaches vous prennent [souvent] pour des cons Ici, les politiciens ont intérêt à maintenir le peuple dans l’ignorance. Les  politiciens ne veulent pas que les ONG éduquent les malgaches, car sinon, cela risque de créer des îlots de révolte et de contestation [contre leur politique]. Cela ne marchera pas, si l’on veut appliquer ici nos préjugés et nos recettes occidentales [à Madagascar]. La seule solution, à Madagascar, est l’éducation (mais il faut prendre les enfants à l’âge de 12 ans ou avant. Car, ici, l’espérance de vie à Madagascar étant de 51 ans, un homme, âgé de 30 ans, est déjà vieux).».

 

Rachel, qui est revenu loger à l’hôtel, à cause de l’inconfort du campement de Yannick, dîne aussi avec nous.

Elle, qui est habituée au confort, ne comprend pas que personne à l’accueil de l’hôtel ne parle français ou anglais, que le groupe électrogène soit cassé et que donc il n’y ait pas d’eau au robinet (il sera réparé ultérieurement).

Seul le réseau téléphonique de l’opérateur AIRTEL passe à Manonpana, mais d’une façon intermittente. Par exemple, un texto met souvent 15 mn à partir ou bien ne part pas (malgré tous nos efforts pour le réexpédier)[63].

Il n’y a même pas de journaux, ici. Et la piste pour venir, ici, est en très mauvais état.

Il a juste un petit marché, sur une place, et une boutique type bazar, où l’on trouve les piles et beaucoup d’objets manufacturés provenant de Chine. Pour plaisanter, on l’appelle le « Galerie Lafayette » de Manonpana.

Mais il n’y a même pas de boutique de souvenir ici.

Les zanatanes ne souhaitent pas vraiment que la piste qui conduit au village s’améliore, car cela préserve la beauté et le caractère intact des paysages. Au contraire, Bradley souhaite qu’une route goudronnée parvienne jusqu’ici. Le tourisme exploserait alors à Manonpana et le niveau des villageois s’en trouverait ainsi nettement amélioré.

 

Le samedi 9 mars 2013 :

Visite de l’association la « Marmaille à la case »

 

Je visite la bibliothèque de livres, pour enfants et adultes, et  la petite école, de l’association « La Marmaille à la case[64] », au bibliothécaire de laquelle je remets quatre livres sur l’élevage, rédigés en Malgache.

La case contenant la bibliothèque et la salle de classe attenante est peinte d’une manière très colorée, sympathique.

 

Puis, je me rends au domicile de son responsable, François, un grand gaillard costaux, portant une longue queue de cheveux tressés, descendant jusqu’au creux des reins, à la manière des yogis indiens. Il est marié à une malgache institutrice. Ils ont un jeune garçon, d’environ 8 ans. François m’expose sa philosophie de vie. Il loue une case [son hôtel] à des visiteurs de passage. Et la location de cette case, ainsi que quelques dons envoyés de France, suffisent pour le faire vivre, faire vivre l’association, sa bibliothèque et son bibliothécaire. Selon, lui, il n’a pas besoin de beaucoup de bien matériel pour sa famille et lui : sa case, un panneau solaire qui alimente l’éclairage du soir et son ordinateur portable.  Et puis, selon lui, si le panneau solaire est volé, ce n’est pas grave (selon lui, il peut se contenter de peu).  Il m’apparaît alors comme l’archétype du « baba cool » (ou du hippie).

Je lui réalise une copie sur son ordinateur de mes 18 Go de documentation sur le développement durable.

 

Les photos de l’école « La Marmaille à la case » se trouvent dans le document réunissant les photos accompagnant ce texte.

 

Visite deBradleyJohnsonet de son association MAMAMISSION[65] :

Je rencontre Bradley V. Johnson, un américain à la grande barbe blanche, plutôt affable, parlant relativement bien le français.

 

A la sortie Nord de Manonpana, Bradley s’est fait édifier une grande et belle maison, d’une surface au sol de plus de 400 m2, et dont l’aspect général serait celui d’un temple protestant. La maison est bâtie sur un terrain de plusieurs centaines d’hectares, occupé par une immense pépinière de plantes tropicales, dont s’occupe amoureusement Bradley[66].Il est installé ici depuis 2007 (depuis environ 6 à 7 ans).

L'école "Mama aloha" occupe environ 30 acres dans le "conservation park" (terme employé par Bradley).

 

Dans son école, Bradley donne, chaque jour, des cours d’Anglais à environ 80 élèves. Le niveau des élèves reste, malgré tout, assez bas (comme j’ai pu le vérifier en leur posant quelques questions assez« basiques » en anglais).

Mais il est vrai que Bradley enseigne dans l'école de François, une fois par semaine, pendant 20 minutes, dans chaque classe. Et par conséquent, le niveau d'apprentissage des élèves reste naturellement limité.

 

Il se plaint d’avoir déjà été cambriolé 3 fois.  Ce qui l’a obligé à installer des barreaux à toutes les fenêtres, à blinder ses portes. Il espère pouvoir installer, un jour, une haie vive épineuse tout autour de sa vaste propriété. Il voudrait installer une haie d’une plante, pour haie épineuse appelée Caesalpinea bondulacca, dont les épines sont repliées vers l'intérieur. Ou bien une autre qu’il nomme « gratte-à-mort » (une plante qui provoque de telles démangeaisons qu’on se gratte jusqu’au sang, mais qui ne pousse que dans le Sud aride. En Anglais, il l’appelle "scratch to death” plant).

Depuis ces vols, il vit de plus en plus reclus et ne reçoit plus de Malgaches ou presque.

 

Selon lui, il aurait investi [englouti] plus de 650.000 dollars dans ce rêve.

Dans un mail qu'il m'écrira ultérieurement, il précisera : "Environs 10% a été dépensé [ou perdu] à cause des vols, du paiement de « chocolat et cadeaux » [sous-entendu de « bakchichs »]. Tout cela pour donner bénévolement des cours d'anglais aux enfants des communes environnantes. Je me demande quand ce train va finalement arriver en gare. Il m'est de plus en plus difficile de justifier un tel investissement[67], pour le bénéfice des enfants pauvres à Madagascar, surtout après cinq ans d'attente".

 

Bradley est passionné par les plantes et leur culture. Il voit Madagascar, comme une serre à ciel ouvert ou le paradis des plantes. Quand il se rend chez un pépiniériste de Tamatave, il me dit être comme un « gamin dans un magasin de bonbons ». Il est plutôt spécialisé dans le genre végétal des Protea. Je lui demande s’il s’était spécialisé aussi dans les orchidées à Hawaii, mais il me répond que ce secteur y est trop concurrentiel.

Sa pépinière, à Manonpana, est immense et elle doit contenir plus de 1000 espèces végétales différentes. J’y répertorie vraiment tout : des Cassia fistula, des Cyprès portugais (Cupressus atlantica ?), des Cyprès columnaires (Chamaecyparis Lawsoniana ou Faux Cyprès de Lawson ‘columnaris’) des Cyprès bleus (Cupressus arizonica ( ?)) … et des Protea (bien sûr) etc.

C’est un vieux célibataire endurci, n’ayant plus de femme dans sa vie, depuis 30 ans. Il a deux fils qui s’occupent de sa société d’horticulture à Hawaï.

 

Bradley est connu, ici, comme un excentrique. Chaque samedi, il organise une « party » (une fête), chez lui. Pour l’occasion, il allume un grand feu de camp, visible de loin. Il ne se cache pas d’être un grand amateur de Jack Daniels.

Or à cause du caractère excentrique de Bradley, les ragots vont bon train dans le village. Par exemple, certains villageois pensent que Bradley, envoie, par ses grands feux, des signaux vers un sous-marin ou un navire espion américain mouillant au large.

 

Pour faire peur aux Malgaches et les dissuader de le voler, Bradley a installé un faux tombeau, dans son jardin, prétendant qu’il a attrapé un voleur et que le corps du voleur est dans ce tombeau. Or d’après Bradley, les villageois, qu’il avait invités pour leur faire cette annonce, sont partis vérifier immédiatement, dans leur famille, que le voleur n’était pas un membre de leur famille.

 

Les villageois lui avaient présenté une jeune femme _ « prête pour le mariage » _, pour qu’il ne se sente pas seul.

Cette jeune femme lui avait demandé, s’il ne sentait pas seul, du fait de vivre constamment tout seul ici. Il lui avait répondu « je ne suis pas seul, car je suis entouré par des milliers d’amis », en lui désignant toutes les plantes et arbres de son immense pépinière. Elle a du le prendre pour un fou et elle n’est jamais revenue.

 

A mes yeux, Bradley ne semble pas avoir toujours une pleine conscience de l’importance du qu'en-dira-t-on, de la croyance dans les esprits et de la sorcellerie, dans les villages malgaches. Je l’incite déjà à ne pas plaisanter avec la mort, celle-ci ayant une très grande importance chez les Malgaches.

 

Plus grave, Bradley avait confié la construction de sa maison à un entrepreneur malgache, en lui disant de s’occuper de tout et en lui faisant confiance. Or cet entrepreneur a mis le titre de la propriété de Bradley à son nom et à celui du maire du village (celui dont j’ai déjà parlé plus haut). Et maintenant, Bradley se bat pour qu’on lui restitue son titre de propriété.

 

Conscient de l’insécurité foncière et de la corruption généralisée dans ce domaine, je comprends maintenant que Bradley« est probablement dans une sacré merde » (en raison de la corruption généralisée et des trafics de titre de propriété. Surtout quand on sait qu'il y a, ici, des politiciens et hommes d'affaires corrompus, sur la côte Est, pratiquant la double comptabilité, participant aux trafics du de bois de rose, ...).

 

Il me dit que s’il n’arrive pas à récupérer sa propriété, il la brûlera. Je lui dis d’attendre et je lui promets qu’à mon retour en France, je tenterais de l’aider, bien que je sois pessimiste (voir le mail que lui ai envoyé, en annexe, à la fin de ce document).

 

Bradley refuse d’apprendre le malgache, tant que sa propriété n’est pas titrée et bornée.

 

Je tente de lui expliquer que nous sommes dans un pays « à l’état sauvage », sans règles réelles de droit (elle existe dans le code pénal malgache, mais elles ne sont pas appliquées, dans les faits), où les habitants peuvent vivre en totale autonomie, sans la « civilisation ».

 

Malgré ses dénégations, ses occupations en tant que pépiniériste et avec son ordinateur, je crains que Bradley s’ennuie (il ne suffit pas que l’endroit soit beau, il faut aussi que l’on puisse ne pas s’y ennuyer).

 

Je suppose que l’erreur de Bradley a été de ne pas s’être suffisamment informé, avant de se rendre sur place à Manonpana, sur les facteurs et déterminants socioculturels du village. Il a probablement cru que sa bonne volonté et l’argent suffiraient. Or je crains que « la greffe n’a pas prise », concernant sa relation avec les villageois.

 

Bradley a voulu exporter un petit bout d’Amérique, en plein Madagascar, pour conserver le niveau de vie qu’il avait à Hawaii. Or un tel étalage de richesses face à une population pauvre, c’est presqu’une incitation au vol (comme des bonbons face à des gamins).

 

Il aurait fallu que Bradley aille constamment à la rencontre des villageois, discute en permanence avec tout le monde (cela même avant de s’installer à Nanompana), plutôt que de s’enfermer chez lui.

J’ai décidé, malgré tout, de l’aider. Apprendre l’anglais aux enfants est une bonne chose, mais je pense que les connaissances horticoles de Bradley pourraient être tout aussi utiles pour le village.

 

Bradley m’a envoyé, récemment, par mail, cette information : « Matters have progressed. I managed to obtain the finished survey papers and now will bring the dossier to the mayor in Manonpana for his signature. after that it should prove a small step at the regional offices to obtain the legal title to the school property in the name of Mama-Mission. ».

[Les questions ont progressé. J'ai réussi à obtenir les documents de l'enquête finis et maintenant, je vais amener le dossier à la mairie de Manonpana pour sa signature. Après cela, il devrait se révéler un petit pas dans les bureaux régionaux pour obtenir le titre juridique de la propriété de l'école au nom de « Mama-Mission » [son ONG]].

Est-ce est une bonne nouvelle ?  La suite nous le dira.

 

Un zanatane propriétaire d’un terrain côtier dans les environs m’écrivait, concernant les conseils que j’avais donnés à Bradley : « Tu lui demandes de parler le malgache, c'est bien normal. Moi-même je m'y mets, mora  à mora [doucement, doucement]. Ensuite, tu lui demandes de se pencher sur les besoins des Manonpanais. Mais penses-tu sérieusement que Bradley pourra effacer toute la misère et les besoins de Manonpana, à lui tout seul ? Te rends-tu compte, qu'à chaque fois qu'un expatrié se rend dans un coin de Madagascar … il se doit [ou se devrait] de remplacer les politiques [les politiciens locaux] ? Comme dirait le Père Pedro, « que font les riches et intellectuels de ce pays pour leurs semblables ? ». Je tiens juste à te préciser qu'à lui tout seul, il emploie pas mal de personnes. Et vois-tu comment il est et sera remercié ?! Car depuis le début, des gens de Manonpana parlent qu’il serait question, une fois que l'américain aura construit son domaine, de lui trouver une faiblesse et de le foutre dehors (ils ont déjà essayé à plusieurs reprises). Ainsi la mairie donnera, à la gendarmerie, son poste avancé. Tu sais aussi que [l’ONG de Bradley] Mama-mission, d'après le montage en langue malgache, appartient à la mairie … résultat, l'américain, doit encore se dépatouiller !!  Si tous les immigrés débarquant en France devaient s'occuper de nos misères, tu vois le dessin ???? Aucun vazaha[68] ne dure longtemps _ tu le sais : on [les Malgaches] le laisse monter son affaire puis « hop ! Dégage ! [vazaha] … c'est à nous!!!!! ». D'où le problème d'investissement des particuliers à Madagascar. Les chinois dans leurs contrats ont carrément exigés la nationalité malgache. Et plus de 50 000 l'ont obtenu. ».

 

Bradley  rajoute encore dans un nouveau mail récent : « J'essaie très fort d'obtenir ce titre [de propriété], avant que je revisite les Etats-Unis en Juin.  C'est un défi extraordinaire que de mettre cette idée en avant et il faudra une perspective différente et beaucoup d'adaptation pour réussir.  Mais je me sens sacrément proche du but.

MMM [Mama-mission] emploie 10 personnes par jour qui totalisent plus de 14000000 Ar par an. J'enseigne également à l'école locale.  J'ai déjà donné tous mes biens à Madagascar à MMM [Mama-mission], une  ONG Malgache bénévole, et donc le fait d'arriver ainsi à se débarrasser de moi ne leur donne pas automatiquement le droit de tout voler et de tout détruire. Mais alors, qui suis-je, pour continuer à œuvrer au mépris du passe-temps locale de voler et de détruire tout un Vazaha a créé. Nous allons voir combien de temps j'arrive à durer[69] ».

Je crains qu’il faut un miracle pour qu’il s’en sorte.

 


 

Visite de la concession forestière littorale de Christophe :

Christophe souhaite me faire visiter sa parcelle, située à environ 3 km de notre hôtel. Il me dit que cela ne fera du bien pour ma jambe. Rachel nous accompagne. Nous traversons d’abord une mangrove à marée haute, avec de l’eau à mi-cuisse. Puis nous, logeons une plage sur plusieurs km.

Dans sa parcelle, on y trouve surtout des cocotiers, des hintsys, des bonnets d'évêque[70], des filaos …

 

Christophe constate beaucoup de vols de noix de cocos, mais aussi de bois, sur son terrain[71].

D’après lui, c’est quand le terrain est occupé par une maison que les villageois veulent voler le propriétaire.

 

Christophe a planté dans sa parcelle des filaos qui poussent très bien, mais que les villageois coupent régulièrement (et illégalement). A cause de cela, Christophe systématiquement étête les filaos, afin qu’ils « fourchent », afin qu’ils ne fournissent pas un tronc long et que les bucherons ne puissent pas les couper pour en faire du bois de charpente. 

Il a planté aussi beaucoup de cocotiers [les noix de cocos sont souvent volées], et quelques papayes (mais étant donné la pauvreté du sol, il ne sait pas s’ils pousseront).

Il me demande s’il pourrait planter des Dalbergia. On pourrait peut-être y planter l’espèce Dalbergia maritima. Mais je crains qu’avec les coupes illégales, les bucherons locaux en fassent un mauvais sort (pour qu’un tronc de bois de rose atteigne une taille commerciale, il faut qu’il pousse pendant au moins 100 ans).

 

Je retournerais plusieurs fois sur cette parcelle forestière. Le fait de marcher, d’abord avec de l’eau à mi-cuisse, dans la mangrove, puis pendant plusieurs km le long de la plage, me fera beaucoup de bien pour mon pied, qui ne me fait plus mal. Cette balnéothérapie, hydrothérapie ou cette rééducation improvisée sera finalement « miraculeuse »[72].

 

Au fil de nos rencontres, je découvre que Rachel a multiplié les expériences (sexe, drogue, voyages, tatouage …). Elle me dit avoir une véritable relation fusionnelle avec sa mère, une personne très brillante, au physique de Jane Fonda, professeur de français, parlant couramment quatre langues. Par contre, elle s’entend très mal avec son beau-père.

 

Actuellement, elle est serveuse, alors que pourtant elle a des diplômes universitaires en sociologie et ethnologie. Elle effectue un voyage un voyage en Afrique, l’ayant fait passer successivement par le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, Madagascar … Elle semble ne pas avoir froid aux yeux, au cours de ses voyages.

 

Son petit ami, vivant à Vancouver comme elle, un financier, beau et très sportif, le genre Bruce Willis _ si j’en crois la photo qu’elle me montre _, ne l’accompagne pas.

 

Elle est militante et active dans plusieurs associations de défense des droits des homosexuels et transsexuels. Elle a des amis dans toutes les communautés. Que de secrets a-t-elle d’autre ? J’aime bien Raquel.

 

Le chien, qui nous accompagne, semble adorer la pulpe des noix de cocos, qu’un malgache nous ouvre devant nous.

 

Parfois, lors de mes rencontres au bout du monde, j’ai l’impression d’être plongé dans une bande dessinée de Corto Maltèse.

 

Sur la plage, on trouve trois beaux gros coquillages de bénitiers (tridacne géant). Mais comme ils sont lourds, je ne les ramasserais pas. Je suppose que soit ce sont soit les pêcheurs, soit les cyclones qui les ont apportés là.

 

Une party chez Bradley (samedi 9 mars 2013) :

 

En cette saison des pluies, chaque soir, vers 16h, nous avons le droit à une pluie orageuse diluvienne.

Tout pousse, mais tout moisit et pourrit aussi.

 

Bradley m’ayant invité à sa party, pour le lendemain soir, samedi, j’arrive chez lui, à la tombée de la nuit, vers 18h, le parapluie à la main.

 

En fait de convives, je ne trouve que Bradley, Yannick (le roi du Vétiver, celui qui m’avait véhiculé dans son 4x4 à Manonpana), François (le président de la « Marmaille à la case ») et un vieux malgache (qui ne semble pas arriver à suivre la conversation), réunis dans la grande cuisine dans la maison. Bradley, qui nous offre à boire, ne jure que par son Jack Daniels, toujours bien frappé.

 

Au sujet de la mésaventure foncière de Bradley, Yannick, que je verrais plus tard, me dit que Bradley n’a dû recevoir son titre de propriété qu’en Malgache (langue qu’il ne comprenait pas[73]). Il me dit qu’en plus du titre en Malgache, on peut aussi exiger, ici, d’en avoir une copie en Français ou en Anglais.

 

Lui-même à cause de la revente abusive _ par le propriétaire originel malgache du terrain_ de son terrain littoral de Manonpana à un couple de Français[74] (une escroquerie commise huit ans après qu’il l’ait acheté), a été obligé de se battre pour faire valoir son droit de propriété sur ce terrain. Il sait qu’il va gagner, mais il a dû, malgré tout, déjà dépenser ~ 1000 euros en frais d’avocats.  D’après ce qu’il sait, l’ancien propriétaire, poursuivi pour escroquerie, est maintenant en fuite[75].

 

Ce samedi, c’est la fête des femmes. Et il y a des femmes qui chantent et dansent devant un petit bar, près de la ferme pédagogique. Le soir, les zanatanes iront danser dans une des rares « boîtes de nuit » de Manomapana, au sol en terre battue, bourrée à craquer, peut-être à cause de la fête des femmes ( ?). Ce que Christophe dénommera le « bal poussière » (peut-être à cause de la poussière remuée par les pas des danseurs ( ?)).

 

Nouveau dîner avec les zanatanes (le dimanche 10 mars 2013) :

 

Le soir à l’hôtel, je lis un article du 19 février de l’Express de Madagascar sur la saisie d’un stock de bois de rose à Antalaha[76]. Cet article soupçonne un « coup monté », monté la présidence de Madagascar, pour détourner les soupçons persistants, à son égard, de la communauté internationale : « […] il est souvent reproché à la présidence de la Transition de ne pas agir assez pour mettre fin au trafic. Il est possible qu'elle ait décidé de prendre en main cette affaire, pour mettre fin à ces reproches ».

 

Un zanatane, accompagné d’une jeune femme malgache, arrive, à l’hôtel, sur un quad très puissant. Ils viennent de Maroantsetra, lourdement chargés de bagages. Une oie vivante trône aussi des bagages. Le zanatane et la jeune femme sont crottés. La route, qui est extrêmement cassante et boueuse, par endroit, a été dure pour eux.

Demain, ils partiront dans une grande pirogue, pour l’île Sainte-Marie, le quad ayant été chargé dans la pirogue.

 

Lors de mes séjours à Madagascar, j’observe le nombre impressionnant de français (zanatanes, réunionnais, mais pas seulement) voyageant, dans l’île, et accompagnés de jeunes malgaches. Pour elles, c’est une façon momentanée de se sortir de la pauvreté. A table, l’un d’eux dit avoir amené une jeune malgache, avec lui, pour « l’offrir », à un de ses amis, qu’il est venu rejoindre, dans son lieu de vacances en bord de mer. Elle ne coûterait que 50 euros pour toute la durée du séjour, sur place, ici.

 

Je retrouve à table, Christophe, Claude, Christophe (un réunionnais de souche). Chacun boit son pastis. Christophe ne jure que par son pastis Duval et ne veut pas entendre parler du pastis Prado, un autre pastis de Marseille.

 

Selon un zanatane (zanatany) « La majorité des Malgaches sont intéressés [par l’argent et les biens matériels].

Aux Philippines, il y a un vrai espoir de développement économique, dont un taux de croissance économique de 7% (en 2011)[77], alors que, pendant ce temps, Madagascar régresse. Aux Philippines, il y a une administration nettement plus efficace, de bonnes routes, alors que ce n’est pas le cas à Madagascar.

Madagascar est l’un des pays [pauvres] et ayant, pourtant, le plus haut taux de 4x4 au monde.

A cause des malgaches, Madagascar va devenir une brique rouge stérile.

Ce qui a coulé Madagascar, c’est que 30.000 Français ont quitté Madagascar, à l’indépendance. Et c’était eux qui tenaient à bout de bras l’économie malgache.

Sinon, tous les 7 ans, il y a une crise à Madagascar, qui a chaque fois remet en cause tous les progrès économiques de la période écoulée. Il y a deux ans d’été et 5 ans d’hiver, pour les affaires ici  »[78].

 

Christophe m’explique que le droit coutumier, le droit d’occupation ancestral des sols, prime sur tous les autres droits à Madagascar. Mais un propriétaire coutumier peut céder son droit d’occupation.

A Madagascar, il y a deux types de titrages : 1) le titrage provisoire (le «Karatany[79] »), 2) le titrage définitif.

Quand son terrain est titré et borné, alors on paye des impôts fonciers (mais on est sûr d’en être bien le propriétaire). En ville, c’est très cher, par exemple, pour 800 m2, on paye (par an ?), 50 à 100 x 10.000 Ar.

Normalement, les étrangers n’ont pas le droit d’acheter des terres à Madagascar (ils n’ont droit qu’à leur usufruit via des baux emphytéotiques de 99  ans). Les Français les achètent alors en les mettant au nom de leur femme malgache ou d’un prête-nom.

 

Je me faisais la réflexion suivante : Si au bout de 5 ans d’activité sur place, les étrangers pouvaient devenir propriétaires de leur terrain (avec, par exemple, une limite de 200 hectares que ces étrangers peuvent acheter), ils y auraient certainement beaucoup plus d’investisseurs à Madagascar.

Allant dans le sens de mes réflexion, Christophe me précise : « Maintenant regarde la richesse qu'apporte les 20000 à 30000 français retraités résidents au Maroc, le boum économique [que leur présence permanente procure]: constructions, emplois directs, indirects etc. et impôts et autres taxes, aux profits de l'état et autres … Tout cela tout simplement parce qu'ils sont propriétaires de leurs biens »[80].

 

Selon Claude, la traversée à pieds, de la forêt de Maroantsetra à Antalaha, est possible en 3 jours, si l’on effectue des étapes de 30 km par jour. Mais bien que cette forêt soit un parc national, elle est déjà fortement dégradée.

 

Christophe m’explique que les poulpes (les « zorites[81] ») mangent les oursins. Que tous les oursins ne sont pas comestibles, seulement ceux à aiguilles courtes le sont.

Plus tard, j’apprendrais qu’en marchant sur plage, pieds nus, on peut se faire piquer la plante des pieds par les oursins. En effet, lorsqu'ils sont mangés par les "ourites", la mer les rejettent sur la plage ou au bord de l'eau et là les risques sont grands de marcher dessus et de se blesser.

 

J'apprends, de Mamy, que la ville de Tuléar est totalement inondée, suite au passage du cyclone Haruna sur le Sud de Madagascar, qu’il y a 80.000 sinistrés, que la route de Tuléar à Ifaty est totalement coupé, suite à l’effondrement d’une digue.

 

J’apprends qu’il y a beaucoup de coupes illégales de bois de rose dans les forêts de la région.

Je ne sais pas combien de temps encore la forêt d’ici, sera protégée de ces coupes et des bucherons.

Je suis convaincu qu’il faut mettre en œuvre de politiques volontaristes pour sauver les bois de rose et d’ébène, à Madagascar, avant qu’ils disparaissent définitivement (certains étant déjà gravement menacés et en danger de disparition, comme avec lesDalbergia maritima, Dalbergia normandiiet d’autres etc .).

 

Retour chez Bradley (le dimanche 10 mars 2013) :

 

Je transferts mes 18 Go de documentation pour le développement de Madagascar, sur l’ordinateur de Bradley.

Et comme je découvre que Bradley est aussi passionné d’aviation, je lui transferts aussi tous les cours pour le brevet de pilote d’avion privé et toute ma doc aviation. Bradley voudrait installer une piste d’ULM dans sa propriété et apprendre l’ULM à Tamatave. Je lui fais remarquer que l’un des plus gros problèmes est la réparation des ULM et l’obtention des pièces détachés pour ULM à Madagascar (et le problème de leur dédouanement).

(Je pense intérieurement que sa priorité reste de récupérer son titre de propriété, avant de se lancer dans des dépenses « somptuaires » d’achat d’ULM).

 

Ensuite, on discute des espèces épineuses à choisir pour les haies vives, devant entourer sa propriété.

 

Je lui avais proposé que Mafahaly puisse utiliser sa connexion Internet pour que je puisse chatter avec lui ou pour lui envoyer des documents. Mais Bradley refuse, me disant qu’il a eu un problème avec Mafahaly, dans sa maison, et que depuis il ne veut plus le recevoir chez lui (mais il ne veut pas m’en dire plus sur la nature de ce problème).

Par contre, il veut bien imprimer mes mails, reçus chez lui, pour Mafahaly et les lui apporter directement, en main propre (il n’a qu’à faire 50 m, pour le rejoindre, car la ferme pédagogique se trouve face à la maison de Bradley).

 

Deux avis contraires et opposés sur bradley :

 

Bonjour,
Une petite mise au point très éclairante. Aucun étranger ne peut posséder de la terre à Madagascar. Seuls un malgache après de longues et coûteuses démarches peut le faire. Un étranger peut louer un terrain appartenant à un malgache et même obtenir sous quelques conditions un bail emphytéotique. Tout étranger vivant à Madagascar doit en être conscient.

 

Il n'y a aucun recours pour M.Bradley qui n'a jamais été propriétaire du terrain sur lequel il a construit l'école et qu'il occupe. Il a vécu dans l'illusion.

Notre association qui connaît et accepte les règles, s'est attachée à faire titrer et borner les terrains au nom des personnes ayant déjà des droits coutumiers sur ces terrains.Nous les occupons à titre de locataire.

Il me semble que toute action de votre part en faisant intervenir des personnes extérieures ne feront qu'envenimer les relations déjà conflictuelles que M.Bradish entretient avec le village et ses représentants légaux.
Soit on respecte les règles du pays dans lequel on veut agir, soit on change de pays.

Cordialement.

Salut benjamin!!!

je voudrais savoir à titre confidentiel le nom de l'association qui t'as envoyé l'APM concernant Bradley, prétendant qu'il n'est pas propriétaire et qu'il entretient des relations conflictuels avec les autorités locales. Pour ma part, je me pose les questions suivantes  : cette association peut-elle allez au fond des choses et nous dire le pourquoi  et surtout sa prise de position; en lisant le cursus de Bradley, je ne pense pas qu'il soit un « illusionnaire », le méchant de la farce ce n'est pas lui, ça ne colle pas. La vérité il est seul contre tous !!! Pourquoi le dénommé Yann, celui qui fait du vétiver, a pu récupérer son terrain du côté de chez François ? Tout simplement parce qu' il n'était pas seul pour défendre ses droits. Le problème des occidentaux, c'est qu'ils sont trop individuels, aussi ils sont vulnérables en face de quelques loulous  véreux. En plus on te demande de ne pas t'en mêler c'est la meilleure!!!! Venir en aide à autrui n'est pas recommandable !!!

Moi, sur Bradley, j'ai entendu ceci : tu veux faire des photocopies  y a Bradley, des feuilles de tôles pour te dépanner y a Bradley, ma femme était gravement malade Bradley nous a emmené à Tamatave  etc...etc....Aujourd'hui c'est cet homme qu'on veut bouffer pour le déposséder de ses biens et après lui qui ??? qui ??? au suivant … des vazahas, il n'y a pas cinquante dans ce coin-là. En tout cas, le père Bradley aura de quoi écrire, s'il veut faire un bouquin.  A bientôt de te lire.

 

Nouvelle rencontre avec Mafahaly :

Plus tard, j’expose, à Mafahaly, que Bradley semble avoir une réticence à le recevoir chez lui et j’essaye d’en connaître les raisons. Mafahaly me répond ne pas comprendre et explique alors que l’attitude défiante de Bradley est probablement lié au fait que ce dernier s’est fait plusieurs fois volé (par des visiteurs malgaches invités chez lui).

 

Mafahaly voudrait récupérer les déchets organiques de sa ferme pour produire du biogaz. Et aussi mettre, si possible, en place un système de goutte à goutte. A moment donné, je propose à des tubes de bambous troués pour construire le « goutte à goutte », mais Mafahaly me dit que les tubes de bambous sont attaqués par les termites[82]. Je lui promets que je lui enverrais de la documentation sur ces sujets (via Bradley)[83].

 

Pour lui, la priorité est d’abord de nourrir et d’améliorer la vie de l’Homme, pour préserver les forêts. Plutôt que payer des stagiaires pour compter les lémuriens et autres espèces animales dans la forêt. Et là, j’étais entièrement d’accord avec lui.

 

Phil et son ONG :

Phil, artiste plasticien, l’ami de Yannick, dont j’ai déjà parlé, a créé une association « Avènement sud »[84], pour promouvoir les arts plastiques à Majunga. Mais selon lui, cela n’a servi à rien, les malgaches ont été peu réceptifs à sa démarche.

Il avait acheté, pour sa « copine » malgache et sa famille, un boutre. Mais quand il a constaté que les membres de la famille de sa femme lui réclamaient de l’argent, sans cesse, il a finalement tout laissé tomber : « A 13 reprises, ils m’ont dit avoir perdu [ou détruit] leur filet. Ils ont remplacé la voile, qui était neuve, par une vieille voile rapiécée. Tout cela en 8 à 12 mois [durant la même année]. Ils m’ont dit qu’ils ne ramenaient pas de poissons. Mais un jour, tu apprends qu’ils le vendent, et vendent leur essence, au large … ».  Il perdu dans cette aventure plus de 10.000 euros. Cette expérience _ en particulier, le fait de s’être fait voler, rouler … _ l’a rendu plutôt amer.

 

Phil est une personne un peu aventurière, rebelle et aussi une force de la nature. C’est une personne assez « fêtarde » aussi, ayant depuis longtemps des petites amies malgaches. Il me relate alors une mésaventure qu’il a eue, avec une jeune malgache, avec qui il était sorti un soir, sur l’île Sainte-Marie. Celle-ci a tenté de l’empoisonner, dans la chambre d’hôtel, où ils dormaient ensemble. Cette nuit là, après avoir bu quelque chose, il a eu des tremblements, il craché du sang, des glaires … Mais comme Phil, bâtis comme une armoire à glace, il a réussi à se rétablir rapidement, utilisant, comme antidote, du lait de coco et des yogourts.

 

Phil me relate, ensuite, une histoire survenue hier et racontée d’abord par le pilote du bac de Sonierana Ivongo. Ce conducteur a entendu des voix d’enfants sortant d’un cercueil posé sur le toit d’un taxi-brousse. Il a appelé tout de suite la gendarmerie. Celle-ci a trouvé 3 enfants, dans ce cercueil, dont un asphyxié et décédé. En fait ces enfants avaient été enlevés et endormis, afin qu’ils servent dans un sacrifice, où ils auraient donné leur sang ou leur vie, pour aider à la guérison d’un chef puissant et malade (c’est une pratique ayant encore cours à Madagascar. Comme celle de faire voyager, avec leur famille, les cercueils sur le toit de taxi-brousse  loués par pour l’occasion. Ces véhicules sont toujours signalés par un drapeau malgache, flottant au vent, à l’avant ou sur le toit).

 

Il me raconte ensuite une dernière histoire, celle d’un couple ayant enlevé, tué une fillette de 8 ans et mis ses organes dans un réfrigérateur, juste parce qu’ils avaient entendu que les organes humains pouvaient se vendre.

Il affirme que certaines coutumes, décrites dans le livre « Mœurs et coutumes des anciens malgaches », du Pasteur norvégien Lars Vig, écrit au début du 20° siècle, sont encore vivantes, comme celles des cadavres de bébés emmaillotées dans des langes et suspendues à des arbres, tels de gigantesques cocons.

 

En aparté, Phil « remet de nouveau sur le tapis » une accusation que j’ai déjà entendue à plusieurs reprises à Madagascar, concernant un Père catholique connu à Madagascar. Une accusation que je considérerais, ultérieurement, comme malveillante, suite à une tentative de vérification, de ma part, des fondements de cette rumeur  (Voir l’encadré, ci-après, sur « le problème de la rumeur à Madagascar »).

Je ne sais pas si Phil fait toujours appel à son esprit critique concernant les rumeurs circulant à Madagascar.

 

Le problème de la « rumeur » à Madagascar 

 

Madagascar est le pays des rumeurs, la plupart du temps invérifiables, voire  malveillantes.

Les malgaches qui s’en font le porte-parole, la présentent toujours comme vraie. Malheureusement, la plupart des malgaches n’ont pas suffisamment d’esprit critique et ne vérifient pas leurs sources. Ils se basent toujours sur la bonne foi de celui, qui avant, dans la chaîne de propagation de la rumeur, l’a colporté.  Même les journalistes les diffusent. Et ces rumeurs peuvent faire beaucoup de dégâts (souvent, d’ailleurs, elles ont des buts politiques).

 

Par exemple, voici deux « avatars » successifs de cette rumeur sur ce Père (que j’ai entendu à deux reprises, uniquement à Madagascar) :

 

Un soir, dans notre hôtel à  Manonpana, Phil m’a dit qu’il s’est plusieurs fois rendu dans un hôtel-restaurant et discothèque appelé le « Moonlight », à Antananarivo.

Selon lui, dans ce dancing, il y aurait des prostituées, « vendant leurs charmes » dans les chambres situées au-dessus du dancing.

Or il m’affirme qu’un de ses barmen lui a confié qu’il avait vu plusieurs fois ce Père monter avec une prostituée dans une chambre au-dessus (ce barman lui a dit qu’il ne pouvait pas se tromper sur l’identité de ce père).

Et surtout ce Barman avait aussi ajouté qu’il était connu que ce Père recevait des jeunes gamins dans sa cellule, lui servant de chambre, au moment de sa sieste (à début de chaque après midi).

 

Puis, au moment de mon embarquement à l’aéroport d’Ivato (au moment de mon retour à Paris), j’ai de nouveau rencontré Philippe. Je lui ai alors fait répété l’histoire, pour être sûr que la rumeur ne venait pas de lui (ou qu’il ne fabulait pas). Je lui ai demandé, en plus, si lui et le barman n’étaient pas souls, au moment du récit.

Et Phil m’a, de nouveau, confirmé cette histoire, d’une façon identique, me disant qu’il ne doutait pas de la véracité de l’histoire raconté par le barman. J’en ai conclus que Phil a certainement pris pour argent comptant les dire du barman.

 

Mais alors quel intérêt avait le barman de propager cette rumeur ?

Il arrive que certains agissent, par mythomanie, pour se rendre intéressant et se donner de l’importance. Il arrive que les mythomanes apparaissent extrêmement sincère et honnête, ce qui rend leur affirmation très déroutante.

 

Je précise que j’avais déjà entendu cette rumeur dans un autre contexte.

En effet, le second avatar de la rumeur est, cette fois-ci, lié à ma famille malgache, d’Antananarivo, faisant partie de la moyenne bourgeoise malgache.

En 2008, l’un de ses membres m’avait affirmé avoir entendu un témoignage de l’entourage d’Andry Rajolina affirmant que la Police savait que ce Père avait commis des actes répréhensibles envers des gamins. Mais comme ce Père est respecté, la police n’aurait rien fait. Mais là, cette accusation semble plus grave que celle du barman, car ce membre de ma famille a été de toutes les manifestations de soutien à Andry Rajolina, devant l’hôtel de ville d’Antananarivo, en 2008.

Et je connais ce membre, je sais qu’il n’a pas suffisamment d’imagination pour inventer toute cette histoire (elle n’est pas personne à vouloir se donner de l’importance). Mais l’a-t-il vraiment entendu de l’entourage d’Andry ?

N’a-t-elle pas exagéré l’importance hiérarchique de cette personne « pro- Rajolina » qui lui avait raconté cette histoire ?

Ce qui est d’autant plus étrange dans cette dernière histoire est que ce Père a toujours soutenu Andry Rajolina.

Donc, pourquoi l’entourage d’Andry, voudrait « récompenser » le soutien de ce Père, par cette méchanceté.

Mais cette dernière réflexion n’a pas valeur de preuve.

En effet, dans toute formation politique, il se peut qu’il y ait des « Judas », qui agissent souterrainement pour leur compte ou le compte d’un candidat concurrent (ce sont alors des sous-marins ou des « taupes »).

En plus ce Père, par ses déclarations dénonçant la corruption, a pu se faire des ennemis dans la classe politique (y compris dans les rangs du parti d’Andry Rajolina).

Enfin, on voit  souvent ce Père entouré d’enfants (à la messe, dans son centre, sur les photos). Or à cause de l’énorme vague de scandales pédophiles survenus au sein de l’église catholique, depuis 10 ans, on pourrait alors facilement le soupçonner à son tour de commettre ces actes. D’autant qu’il ne prend pas les précautions actuelles des prêtres européens pour évité d’être seul en présence d’enfant (afin d’éviter tout risque d’accusation).

 

Par ailleurs, voici ce que dit, sur cette rumeur, le Père Emeric, de la même communauté que ce Père:

« Je n’ai, pour ma part, jamais rien entendu de désobligeant sur le compte du P., et j’ai toujours pensé que c’était un homme de bien. Et comme vous me l’écrivez le 1er juin : « D’autant, j’ai toujours pensé que cela ne tient pas debout que le Père fasse autant de bien autour de lui (c’est une personne bien), et puisse ensuite commettre de telles choses. En plus, le Père est quelqu’un d’intelligent. S’il tentait de commettre un tel acte, il sait que cela se serait tout de suite. » ».

Or j’ai une totale confiance dans l’honnêteté du Père Emeric. Si donc les faits avaient été avérés, je pense que lui aussi aurait su des choses, à la longue, par l’entremise de sa communauté (c’est du moins mon sentiment).

 

Quand à Christophe, il m’écrit ceci au sujet de cette rumeur : « je ne prendrais pas pour argent comptant l'affaire du Père. A Madagascar, on fait toujours courir un bruit et cela s'amplifie. Et quand le ballon éclate, il n'y a rien dedans. Mais le mal est fait. C'est une accusation très grave et lorsque tu te retourneras vers l'auteur du racontar, il te dira que tu l'as mal compris. Je vois mal cet homme qui gêne certains à Madagascar et dont on attend un faux pas pour le discréditer et le foutre dehors. Faire ce dont il est soupçonné … ça ne colle pas; des ragots un peu dans le style » Bokassa mangeait de la chair humaine », ou « une politique d'un ancien régime de Madagascar qui  fracassait des enfants en bas âge contre des murs ». Plus le mensonge est gros plus ça passe ».

 

Pour conclure, je pense que le Père a beaucoup d’ennemis et donc je fais mienne les avis du Père Emeric et de Christophe à son sujet.

 

PS.   On rencontre le même problème de « diffusion de la rumeur » sur les circonstances de la mort brutale du ministre de la Population et des Affaires sociales, Madame Nadine Ramaroson, survenue le dimanche 28 août 2011, au large de Soanierana Ivongo. Car selon certains (dont son frère), sa mort serait due à un assassinat, mais personne n’est capable d’en apporter la preuve irréfutable[85].

PS2. Sur la rumeur de « l’éruption » du Gasige, voir l’encadré « Sur « l’éruption » du Gasige», à la fin de ce récit.

 

Autour de la table, tout le monde intervient :

 

« Quand tu envoies de l’humanitaire ici, ils[les malgaches] veulent de faire payer des taxes [!]. Tu ne peux jamais leur faire confiance. Si tu montres ta faiblesse, ils te frappent. Ils ont cassé leur industrie du sucre, la culture du riz etc. La mentalité des Malgaches c’est « Tant qu’il y a, on prend » [jusqu’à épuiser, sans scrupule, les ressources du Vazaha]. De plus les « Gaches » n’aiment pas que les blancs leur donne des conseils. Donc, ce pays n’avancera pas. Mieux vaut être ici un vazaha voyageur sac à dos, un vazaha maloto[86] (celui qui ne paraît pas riche).».

 

Christophe me dit être agacé par l’attitude des malgaches à se mettre immédiatement au garde-à-vous, à chaque fois, qu’ils entendent l’hymne national malgache. Personnellement, je suis aussi conscient aussi que toute citoyen d’un pays donné aime, malgré tout, son propre pays et y trouve toujours des occasions de fierté (même si elles sont rares et même si Madagascar ne donne pas l’exemple d’une bonne gouvernance ou d’un modèle de lutte efficace contre la corruption). Voici ce que Christophe m’écrivait et m’expliquait à ce sujet : « tu relèves que j'étais agacé du fait qu'à chaque fois que l'hymne retentissait, les nationaux se mettent au garde à vous. Il y a une raison à cela. Comment un pays aussi riche dans bien des domaines peut avoir une population à 80% dans la misère ? Si ces hommes et ces femmes se prenaient en main comme un seul (comme ils le font lors des de l'hymne), la destinée de Madagascar serait autre; ce pays  sortirait de son obscurité pour aller vers la lumière. ».

 

Le lundi 11 mars 2013 :

 

Mon hôtelier, Wen-ki, m’annonce qu’il m’a fait payer 20.000 Ar de trop et me les rend. Cette preuve d’honnêteté est à signaler à Madagascar[87] (auparavant, j’avais vérifié la facture (trop rapidement) et je n’avais rien vu).

 

Phil me parle de staphylocoques qu’on peut attraper sur la plage et qui provoque des cratères dans la peau.

Mais heureusement, ici, on peut les soigner avec de l’Amocycline écrasé dans de l’eau minérale, qu’on applique sur la crevasse, avec de l’éther appliqué avec une gaze ou avec de l’URGO SPRAY. On trouve l’Amocycline dans un médicament, le COPRIN ou COPRINE ou Disulfiram, vendu dans toutes les épiceries ici.

 

Je constate que, dans le village, les arbres Tambourissas (aux feuilles semblables à celles des lauriers ornementaux) y sont cultivés, pour essentiellement faire du bois de pirogue, et qu’ils ne sont pas rares ici. Malheureusement, je ne sais pas les identifier, d’autant qu’il y aurait 34 espèces de Tambourissas ou plus, à Madagascar[88].

 

Je passe la matinée avec William, le responsable des guides, à lui copier mes 18 Go de documentations sur son ordinateur (au total, j’aurais copié toute ma documentation sur quatre ordinateurs à Manonpana).

Actuellement, William n’hésite pas à réparer son groupe électrogène au milieu de son salon (malgré le cambouis[89]).

William me dit que les guides vont tous rembourser, chaque mois, ce qu’ils ont pris dans la caisse et qu’en fait, ils ne savaient pas gérer une caisse (selon lui, cela serait du à leur inexpérience). Dont acte ( !).

Je passerais deux heures avec lui.  Mais à aucun moment, il ne proposera de l’eau ou une boisson. 

 

L’après-midi, je donnerais un cours sur les arbres aux enfants de l’école de François, avec des craies de couleur sur le tableau noir, en expliquant leur importance et l’importance de les protéger. Mafahafay effectue la traduction simultanée en Malgache pour les élèves. Certains élèves sont intéressés, mais quelques un dorment, faisant la sieste.

A un moment donné, je dessinerais pour Mafahaly, au tableau, la structure moléculaire de la chlorophylle (et aussi, par comparaison, celle de l’hémoglobine) et  Mafahafaly dira être passionné par mon exposé. Il me dit qu’il souhaite vraiment que je revienne dans le village, pour faire d’autres exposés de la sorte. On verra ( ?).

 

Le soir, Mafahafaly me vend sont kg de vanille à 70.000 Ar. Normalement, dans la région, la vanille est vendue, aux Vazahas, à environ 40.000Ar (voire 30.000 Ar). Il refuse de discuter le prix. C’est un peu cher.

Mafahafaly m’explique que la longueur standard des gousses de vanille est de 13 cm et que ses gousses sont à la bonne taille[90].

 

Finalement, j’accepte le prix, surtout et avant tout, parce que la « ferme-école » est une initiative qui vaut le coup d’être soutenue (et que je souhaite vraiment soutenir). Et que donc, il faut soutenir Mafahafaly.

 

Cherchant à en savoir plus sur Mafahaly, un européen, habitant sur place m’écrivait : « J'hésite à qualifier l'honnêteté de tout malgache. Je crois que Mahafaly est plus honnête que la plupart, ce qui n'est pas peu dire. Il gagne 10000 Ar par jour, en travaillant pour Blaise. En termes locaux, c’est une « fortune ». Il faut toujours se rappeler que Mahafaly a une grande famille à nourrir et à entretenir. Or il n'y a jamais assez d'argent à ce stade. Vous savez, il ya bien peu de gens honnêtes dans ce monde. Et dans ce coin de pays, ils sont aussi rares que les dents des poules. L’honnêteté comme la liberté ont un prix élevé ».

 

Mardi 12 mars 2013 :

 

Départ, avec Christophe[91], dans un 4X4 de brousse, un vieux Land-Rover de plus de 30 ans d’âge. On ne sait pas comment il roule encore. Le schnorkel rouillé n’est plus qu’un souvenir. La fumée du gasoil envahit, par moment, l’habitacle.

Dans un trou d’eau profond de la piste, le Land-Rover cale et ne veut pas redémarrer, tant sa batterie est faible.

Christophe et moi poussons et incitons tout le monde à pousser (et à descendre du 4x4). Après de gros efforts, nous parvenons à le sortir du trou. Dès que nous le poussons sur du plat, il redémarre aussitôt. Dieu, comme un vieux Land-Rover peut être lourd.

Christophe m’explique qu’il ne faut pas confondre deux plantes, aux grandes feuilles, des zones humides ou marécageuses, le tarot, au tubercule alimentaire, et les oreilles d’éléphants[92] (eux non comestibles).

 

A un moment donné, nous arrêtons, un gros bidon normalement arrimé sur le toit, venant de tomber derrière nous.

En fin de trajet (du 4x4), nous arrivons au bac de Sonierana Ivongo. Son retour n’est pas attendu avant 30 mn à 1h. Christophe transborde nos bagages et me fait monter dans une pirogue à moteur, traversant le fleuve, ce qui nous fera gagner un temps précieux. A Sonierana Ivongo je trouve Marthe, qui j’ai déjà vu ici, dans cette ville, en 2010, qui continue à vendre tout ce qui peut être vendable (billet de vedette pour l’île Sainte-Marie, pierres dures, vanille …). Comme elle me reconnaît, elle me dit qu’elle cherche un investisseur pour acheter un terrain, pour y cultiver la vanille et d’autres productions agricoles. Elle me dit qu’elle n’est pas heureuse, qu’elle a épousé, à plus de 50 ans (elle doit avoir peut-être 60 ?), un homme, avec quatre enfants. Mais seulement le dernier de ceux-ci l’aime.

Nous n’avons pas le temps de discuter plus longtemps, que nous devons repartir dans le prochain taxi-brousse.

Christophe, allant à Foulpointe, me quitte à Fénérive.  Aujourd’hui, il fait beau et, tout le long de la route, sèchent le linge (posé sur l’herbe) et les grains de riz (étalés le long de la route).

Les Acacia mangium sont assez présents, dans le paysage, entre Fénérive et Tamatave.

 

Je suis atterré de constaté que, pour réparer la route de Fénérive à Tamatave, les cantonniers sont en train de retirer des portions entières de goudrons de la chaussée, au lieu de re-goudronner sur le goudron présent, afin justement d’augmenter l’épaisseur et la résistance de la couverture peu épaisse et fragile de bitume de la chaussée. J’avais déjà constaté ce même type d’erreur[93] [94]en Algérie, dans les années 70 (où l’on n’hésitait pas à arracher la couche de bitume, au « scraper », afin de reconstruire totalement la route, ce qui augmente d’autant le prix de sa réfection).

 

Christophe, qui est retourné à Madagascar, après mon retour en France, m’écrit « si tu vois la route de Foulpointe de Tamataveà Fénérive-Est, il te faut 3 à 3h30 pour rejoindre Fénérive. Quand tu étais de passage il existait de nombreux nids de poules. Or afin de parer à ceux-là, ils ont carrément enlevé le bitume sur des kms. Cela n'a pas été difficile, puisque l'épaisseur était de 5 à 7 cm. Aujourd'hui tu as une piste. Alors quand tu affirmes que la route de soniera ivongo manonpana se ferait un jour … [j’en doute] ».

 

Ayant subi pas moins de 5 contrôles de barrages de police, entre Manonpana et Tamatave, je demande au chauffeur s’ils sont vraiment utiles. Il sourit et me dit qu’ils sont totalement inutiles et servent aux policiers corrompus à soutirer de l’argent aux chauffeurs de taxi-brousses et aux camionneurs.

 

A l’hôtel les Flamboyants, je constate que l’on ne parle que de l’élection du Pape François à la télévision malgache. Et qu’il y a énormément de publicité sur VIVA TV. Heureusement, France24 me donne les nouvelles du monde.

Le soir, je dîne dans le petit restaurant « El Baraka », proche de l’hôtel, qui sert une sauce rougaille citron délicieuse (à base de tomates écrasées, de piments, de citrons confits, de jus de citron, de sucre de canne).

 

Mercredi 13 mars 2013 :

Je remonte seul en taxi-brousse de Tamatave à Antananarivo. Tout le long de la route, j’observe l’invasion de la vigne maronne, des Grevillea banksii et des lantanas (aux aussi jolies fleurs). Il semblerait que les Gliricidia, aux longues tiges élancées, certains même de grande taille, soient aussi par endroits invasifs.

Les eucalyptus sont couverts de fleurs en forme de goupillons blancs.

 

Sur la route, surtout sur les hauts plateaux des vendeurs à la sauvette, le long des route, vendent des kakis à profusion (kakis qu’on confond souvent de loin avec des oranges), pour moins de 2500 Ar/kg (moins de 1 € le kg).

Sur 100 km, après Tamatave, des litchis malgaches (rouges et poilus extérieurement) sont vendus dans des sortes de cônes réalisés en lanières de palmes tressés.

 

Des vendeurs vendent des hérissons endémiques vivants, destinés à être mangés (juste avant Brickville). Et souvent, ils proposent des anguilles (« amalona », en Malgache), très appréciés des Malgaches.

A deux reprises, un caméléon traverse la chaussée. D’abord, un bleu et blanc, puis un bleu et noir.

Souvent des poulets, maigres, hauts sur pattes (qu’on appelle ici « poulets bicyclette ») traversent la route, au dernier moment, en courant très vite, le plus souvent devant les roues de notre taxi-brousse.

Beaucoup de camions fatigués sont en panne le long de la N2 (la nationale 2).

 

A 15 h, crevaison. A cause de celle-ci et des camions lents jalonnant notre trajet, nous _ qui sommes partis vers 10h30 arriverons _ arriverons à Antananarivo vers 19h45, soit environ 9h15 de trajet pour 300 km, soit une moyenne d’environ 33 km/h.

 

Sur la route, les vignes maronnes sont en pleine fructification.

On voit parfois, plantés sur de fortes pentes, du riz pluvial mélangé à du maïs.

 

A Moramanga, deux enfants de moins de 10 ans, aux vêtements en loque, me réclame mes bananes. Après cela, j’ai mal au cœur de repousser les pauvres (nombreux à quémander autour des arrêts de taxis-brousse).

Mamy, qui a arrivé à son travail à l’heure, lundi dernier, me rejoins à l’hôtel. A cause de l’insécurité, Mamy me conseille de ne pas sortir la nuit à Antananarivo.

 

A l’hôtel Niaouly, où je loge, je rencontre Liva, un guide malgache, collègue de Mamy. On discute de « l’invasivité » de l’Acacia mangium. Liva est plus royaliste que le Roi, en soutenant qu’il faut l’éradiquer. De mon côté, je défends la thèse qu’il ne faut pas dissocier la défense de l’environnement de l’homme qui y vit, soutenant que l’Acacia mangium est aussi utile en agroforesterie et  qu’il est plus facile de s’en débarrasser, en le coupant, qu’avec le Grevillea banksii.

 

Sinon, il affirme que l’on tire une huile essentielle du lantana, guérissant la toux. Donc, le lantana montre qu’on peut, dans certains cas, « inverser la situation », même avec une plante invasive à Madagascar.

J’apprendrais plus tard que l’ONG « L’homme et l’environnement » vend justement de l’huile essentielle de Lantana (Lantana camara)[95].

 

Liva soulève la question de la biopiraterie éventuelle avec mes graines de tambourissa récoltées sur place.

J’explique que ces graines sont pour le Silo National des Graines Forestières (SNGF), dont une des missions est aussi de multiplier les espèces d’arbres, dont celles des espèces menacées.

J’apprends de Mamy que la production d’huile essentielle n’est pas toujours aussi écologique que je le pensais, car elle consomme beaucoup de bois. J’aurais du demander à Roselin, un producteur d’huile essentielle de la région de Ranomafane (près de Fianarantsoa) rencontré en 2010, et qui me vantait les vertus écologiques de sa production sur les forêts locales, comment il alimentait en bois son alambic.

 

Dans le quartier de l’hôtel, surviennent 3 coupures de courant. Cela devient comme en Inde, ici, à Madagascar.

 

Jeudi 14 mars 2013 :

Francis, venu avec une Golf (la Mercedes berline qu’on devait prendre étant en panne), et Mamy arrivent vers 7h.

 

Nouvelle visite à la SNGF et au professeur Lolona Ramamonjisoa :

 

Vers 8h30, je rencontre la présidente de la SNGF _ le professeur Lolona Ramamonjisoa _ à qui je remets mes graines d’arbres prélevé dans les environs de Manonpana. Elle promet que la SNGF va les multiplier.

Madame Ramamonjisoa m’annonce qu’elle a déposé, au J.E.F. ( ?)[96] de Washington, un dossier pour la protection des forêts humides de moyenne montagne et littorales malgaches (qui sont très menacées) _ dossier destiné aussi à la protection des bois de rose et des bois d’ébène.

J’apprends que la SNGF est un organisme semi-public or les subventions du gouvernement malgache à la SNGF ne cessent de diminuer.

Elle me demande si j’ai rencontré une ONG « MaColline », à Antalaha. Mais je dis que je n’en ai pas eu le temps.

Puis Madame Fanja (Madame Lalao Raniomboahangy) me fait visiter le laboratoire, la banque de graine et la pépinière de la SNGF (il y a cinq sites, semblables à celui-ci, appartenant à la SNGF à Madagascar).

 

Dans la pépinière, on trouve toutes sortes d’espèces : des Ravintsaras ou camphriers malgaches (Cinnamomum caphora), des Ravensaras (Ravenstara aromatica) ou « avozo », plusieurs variétés de Dalbergia (D. baronii, D. maritima (mal en point), D. Trichocarpa …), une rangée d’une dizaine de Paulownias de plus de 20 m de haut, plantés il y a 8 ans (preuve de la rapidité de pousse de ces derniers) etc.

 

Note : Je pense qu’il faudrait aussi planter des paulownias, dans le cadre de programmes de reforestation. Mais peut-être après, va se poser le problème du caractère probablement invasif  (?) de cet arbre, à croissance rapide.

 

Les toilettes du siège de la SNGF sont fermées à clés, preuve que la confiance ne règne pas ici.

 

Pendant toute la durée où je donnerais mes documents et mes graines à Madame Ramamonjisoa, elle ne me proposera pas de m’offrir un café ou un thé, voire même de l’eau (on est loin ici des mœurs pratiquées en Inde, où dans tous les  bureaux, il y a toujours un thermos de thé sucré au lait, destiné, entre autre, aux invités).

 

Sinon, bonne nouvelle : elle m’apprend que la SNGF a réussi, elle aussi, à bouturer les bois de rose (les Dalbergias), comme ADEFA.

 

Nouvelle visite à l’ONG Tany Meva :

 

Puis, je me rends dans les locaux de l’ONG malgache, soutenant financièrement des projets environnementaux, Tany Meva. Mais, cette fois-ci, je ne parviens pas à rencontrer, Elodie, la responsable de la communication. Elle nous téléphone pour dire qu’elle ne peut venir. Le fond sonore qu’on entend, dans le haut-parleur du téléphone, est celui d’une musique endiablée.

Une de ses collègues, Marie-Ange, m’affirme que l’une des ONG de reforestation ayant la meilleure gestion financière (et gouvernance) à Madagascar, est TSARAFARA[97].

Marie-Ange m’explique qu’elle a beaucoup donné, en tant qu’assistance sociale, à Evry Courcouronnes. Que pour s’y rendre, elle avait 1h30 de transport en commun (A/R), chaque jour. Selon elle, elle vit mieux à Tana.

 

Retour à la Maison Saint-Vincent :

Encore une fois, j’ai du mal à y rencontrer une personne ; elle semble, à chaque fois, être la « maison des courants d’air ». Mais d’un autre côté, si tous les missionnaires lazariste agissent vraiment pour le développement durable sur le terrain, d’où probablement l’absence de personnel dans cette maison (cela serait plutôt une bonne nouvelle ( ?)).

Cette fois-ci, j’y remets, pour le Père Emeric, ma paire de cannes anglaise et 4 livres en malgaches pour l’élevage des zébus, des porcs, de poules et des lapins.

 

En conclusion partielle sur mon séjour à Manonpana :

 

J’ai envoyé ce texte à Chantal, qui m’a répondu avec ce texte :

 

«  A méditer:

Il était une fois un vieux sage qui habitait un village de brousse.

Un jour, un jeune homme d'un village voisin vint le voir et lui dit:

"J'ai trouvé du travail dans une ONG pas loin d'ici mais je suis un peu inquiet, toi qui connait beaucoup de choses comment sont les gens là bas?"

Le vieux lui répondit: "Comment sont les gens de ton village?"

Le jeune homme lui répondit:

"Dans mon village tout le monde est accueillant et gentil, il y a une bonne entente, tout se passe bien."
"C'est la même chose dans cette ONG où tu veux aller", répondit le sage.

Arriva un second jeune homme d'un village voisin qui lui dit:

"J'ai trouvé du travail dans une ONG pas loin d'ici mais je suis un peu inquiet, toi qui connait beaucoup de choses comment sont les gens là bas?"
"Comment sont les gens de ton village ? demanda-t-il à son tour au vieux sage.
"Ah là là, les gens sont méchants, tous des menteurs et des voleurs. Tout le monde est jaloux de son voisin, ce n'est vraiment pas sympathique"
"C'est la même chose dans cette ONG où tu veux aller", répondit le sage. conclut le vieux.

Un jeune du village qui avait assisté aux conversations interpella alors le vieux : "Je ne comprends pas, à l'un tu dis que les gens sont méchants, à l'autre qu'ils sont bons".
Et le vieux sage de répondre : "Les gens sont comme nous les voyons..." ».

 

Ce à quoi je lui ai répondu :

 

« Ces avatars que j'ai rencontrés, et qui n'ont rien d'exceptionnels, sont inhérents à la nature humaine. Je préfère les oublier. Je préfère garder les bons souvenirs et les joies que j’ai éprouvées.

Je souhaite à votre association, ADEFA, bon courage. ».

 

Je préfère garder les bons souvenirs et les joies que j’ai éprouvées, comme ma rencontre avec Christophe et Phil, des personnes sympathiques, ou encore avec Mafahaly et surtout sa ferme école, une initiative inventive, pleine d’avenir, qu’il faudrait vraiment promouvoir / diffuser sur toute l’île.

 

Personnellement, je crois à des valeurs morales universelles, dont l’honnêteté, la générosité, le respect des autres, des rapports d’échanges équilibrés avec autrui (au sein lesquelles on ne cherche pas à profiter, sans vergogne, de la bonne volonté des autres).

J’ai trouvé des personnes honnêtes comme Mamy et le père Emeric[98], avec qui je m’entends bien. Mais je constate qu’il est difficile de rencontrer des personnes ayant cette même qualité [de rigueur morale], partout à Madagascar.

 

Sinon, une route goudronnée jusqu’à Manonpana apporterait certainement plus de richesse au village. Mais d’un autre côté, je crains que l’appât du gain n’a déjà contaminé le village (ne serait-ce qu’avec déjà l’exemple du refus des guides locaux de baisser les prix de l’excursion en forêt, pour mon guide ami Mamy, alors qu’il était pourtant malgache).

J’ai écrit à Chantal, récemment : « Ce qui m’a étonné c’est qu’il y a aucune boutique vendant des souvenirs dans le village de Manonpana (même manufacturés localement).  La guérite servant de caisse à l’entrée de la forêt d’Ambodiriana (je ne sais pas si elle existe) pourrait aussi servir de boutique de souvenirs (de vente de graines, de fruits, de légumes, de sculptures d’animaux ou humaines, de tissus, de peintures sur écorces, de camions ou voitures en bois etc. …). Il y aurait vraiment à faire, quand on y pense ».

 

 

 

2ème partie : visite d’un projet environnemental au centre Madagascar.

3.    Projet de création d’une forêt proche d’Ambavalao (ONG ALAMANGA)

 

VIII.                    Présentation de l’ONG ALAMANGA

 

Chaque année, 100 000 à 200 000 hectares de forêts malgaches disparaissent. ALAMANGA s’est donc donné pour mission d’inverser cette tendance. ALAMANGA  a établi une démarche qui repose sur 6 points clés :

 

• Reboiser 2000 hectares d’aires dévastées.

• Conserver les aires reboisées.

• Préserver la biodiversité malgache.

• Valoriser les produits de la forêt.

• Réduire la déforestation.

• Favoriser le développement local.

 

Les projets et les lieux de reboisement d’ALAMANGA se situent à :

 

au village de Manambato[99] (côte est).
au village de Vohimarina, à 13 km d’Ambalavao[100].
au village d’Ankilizato[101] (dans la région du Menabe, côte ouest).

 

Historique du projet :

 

·         Mars 2010 : Création

·         Novembre 2010 : Première pépinière

·         Février à Avril 2011 : Plantation de 12'700 pieds à Ambalavao

·         Novembre 2011 : Alamanga est devenue membre de Tree-Nation

·         Mars 2012 : Plantation de 7'000 pieds à Ambalavao

·         Décembre 2012 : Plantation de 18'000 pieds à Ambalavao

 

Sur la Fondatrice :

 

Après ses études à Sciences Po Lille, suivies d’un Master en Comptabilité, Marie-Nomena est revenue dans son pays d’origine en Septembre 2009. Elle a pris activement part au projet de vignoble familial et à l’implantation de la Fondation Ecoformation (œuvrant dans le reboisement au Nord de Madagascar).

Source : http://www.alamanga.fr/alamanga/alamanga/la-fondatrice

 

 

IX.   Ce qui m’a plu dans ce projet

 

J’ai bien aimé l’idée de « reforester » une zone qui a été totalement déboisée.

Sinon au téléphone, Marie-Nomena apparaissait comme une personne dynamique et je voulais vraiment voir ce qu’elle avait vraiment réalisé sur place (d’autant que l’étendue annoncée des zones reforestées, sur le site Internet de l’ONG, semblait considérable).

 

I.       Ma rencontre avec la présidente d’ALAMANGA, Marie-NomenaAllimant

 

Avant mon départ à Madagascar, j’ai souvent eu du mal à contacter Marie-Nemena, car elle avait été invitée à la Conférence sur le climat à Doha au Quatar, 26 novembre au 7 décembre 2012, pour présenter son projet.

 

Jeudi 14 mars 2013 :

 

Enfin, je rencontre, dans un café à proximité de Tany Meva, Marie-Nomena, responsable de l’ONG ALAMANGA[102].

Elle est franco-malgache. Elle semble franche, directe. Je sens qu’elle a plutôt l’esprit d’une française très organisée.

 

Echaudé par les mauvaises surprises de Manonpana, je lui demande une totale transparence entre nous. Par exemple, si j’ai des choses à payer, qu’elle me l’annonce tout de suite. Elle me répond que je n’aurais rien à payer sur place. Mais que, par contre, elle n’a pas prévu d’hébergement, sur place ,pour moi, dans le village de Vohimarina où se trouve la plantation. Que je peux loger chez l’habitant, mais qu’elle me conseille de loger plutôt à l’hôtel à Ambalavao, où Eric, le responsable de la plantation, viendra me chercher.

 

Elle ajoute qu’elle plante actuellement, pour le semi direct, sur sa plantation, du Tephrosia, du Crotalaria, du Cajanus (des pois de Cajun) _ toutes des légumineuses produisant de l’azote dans le sol _ et que ces plantes poussent très bien. Marie-Nomena me précise : le nom ALAMANGA a été choisi pour ses multiples sens : « forêt sacrée », « forêt bleue », « forêt de manguiers ». La ressemblance avec la région Analamanga est fortuite.

 

Elle m’explique qu’elle est originaire de la région d’Ambalavoa. Elle vu petit à petit disparaître les forêts de cette région, jusqu’à ce qu’il n’en subsiste plus aucune. C’est la raison pour laquelle elle a décidé de reboiser sa région.

Et aussi parce qu’en pays Zafimaniry tout proche, les habitants ont tellement coupés qu’ils ne peuvent plus réparer leurs maisons [en bois].

 

Par ailleurs, ses parents se sont lancés dans la culture de la vigne, dans la région, en essayant différents cépages et en n’en retenant que quatre (et maintenant, ils en sont les importateurs exclusifs à Madagascar[103]).

 

Ce soir dans le restaurant « au bon accueil » situé à proximité de l’hôtel Niaouly, je rencontre des juristes et journalistes malgaches, certains visiblement alcoolisés, et presque tous du camp politique du président actuel, Andry Rajolina. Ils discutent avec véhémence de politique internationale. J’essaye de discuter avec eux, mais la discussion s’avère vaine, certains étant enfermés dans la thèse de la théorie du complot international contre Andry Rajolina.

 

A l’hôtel, le soir, je suis indisposé par une forte musique provenant de la chambre voisine n°3.  Je frappe à la porte n°3 et je constate que le vieux Vazaha, qui m’ouvre, a invité dans sa chambre deux jeunes jolies filles malgaches, en tenues légères, allongées sur le lit (on rencontre tellement de Vazahas, avec des jolies jeunes malgaches, ici).

Dans le journal MIDI-MADAGASIKARA, du jeudi 14 mars, j’apprends qu’AIR MADAGASCAR revole de nouveau dans l’espace européen, depuis qu’elle a affrété des avions de la compagnie AIR ATLANTIC ICELANDIC.

 

Vendredi 15 mars 2013 :

 

Francis, à qui j’ai déjà versé 300.000 Ar (on avait convenu que je lui verserais 100.000 Ar/jour, pour la voiture + sa prestation, plus les frais d’essence), me réclame une nouvelle avance de 300.000 Ar (pour l’aider à payer une nouvelle boîte de vitesse pour la Mercedes berline, dont la boîte est morte). Je lui fais signer une reconnaissance[104].

Nous partons vers Ambalavoa.

En chemin, Francis me raconte l’histoire de Sud-Africains, bagarreurs et alcooliques, qu’il a convoyés. L’un deux s’est fait totalement dépouillé, de son argent, de son ordinateur, y compris de ses vêtements, par une fille malgache, avec qui il a couché et qui l’a drogué.

Je lui demande pourquoi un bout de caoutchouc du pare-brise est coupé et bat au vent. Francis m’explique que des voleurs ont coupé ce caoutchouc pour tenter de lui voler son pare-brise.

 

Durant le trajet, Francis tente de me donner des cours de Malgache.

 

Sasao ny tanana

Se laver les mains

Manaoana (prononcer « Manaone »)

Bonjour

Salama

Bonjour

Veloma

Au revoir

Misaotra

Merci

Misy

Il y en a

Tsy misy

Rien (ou il n’y en a pas)

Inona ny vaovao

Quoi de neuf (« vaovao » veut dire « nouvelles »)

Mora [moura] / Moramora

Doucement / Doucement, doucement

Malaki [Malaqui] / Malakilaky

rapidement

 

Il m’explique les principaux deux outils des agriculteurs malgaches : a) l’Angady, b) la Lapika (voir ci-après).

 

L’Angady, la bêche malgache.

 

 

La Lapika, la « faux » malgache.

La faux européenne.

Outil manuel utilisé en agriculture et en jardinage pour faucher l'herbe et les céréales (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Faux_(outil)).

 

Avec son manche court et sa lame courte, je présents que la lapika doit être moins pratique[105] _ pour faucher les céréales (riz …) ou l’herbe _ que la faux européenne[106]. Je ne me demande donc pourquoi aucune personne n’ait eu l’idée d’importer, à Madagascar, cet outil, sa méthode de fabrication et son utilisation[107] (car la faux européenne demande un certain coup de main, mais elle est facile à utiliser si elle est bien aiguisée).

 

A midi, nous nous arrivons à Antsirabe, vers 11h, pour y déjeuner et aller au cybercafé. La connexion Internet est tellement lente (à 27 Kb/s de moyenne) que je mettrais plus de 3h pour charger, sur mon ordinateur, les 90 à 100 Mo du logiciel antivirus Avast ( !). Cette attente nous fait repartir qu’à 15h.

 

Sur la route, je découvre une grande et belle forêt de Tapia (Uacapa boreji, un arbre endémique malgache, ressemblant de loin à un olivier), à 40 km au sud d’Antsirabe, près du village de Manadona (sur la N7).

Nous arrivons le soir à Ambositra (prononcer « Amboustre »), la capitale des meubles artisanaux.

Le soir vers 18h, nous mangeons dans le petit restaurant (« hotely ») de la belle-sœur de Francis. La carte propose des yogourts, mais il n’y en a plus. Finalement, elle va chercher les yogourts à l’hotely voisin.

Francis me redemande de nouveau une rallonge de 10.000 Ar.

Nous logeons le soir à « l’hôtel de la Mania », connues pour ses belles boiseries sculptées de motifs malgaches.

La télévision malgache passe un clip musical entraînant destiné à apprendre aux malgaches et aux écoliers à se laver les mains. Une super initiative !

La nuit, je suis pris d’une violente tourista (est-ce la bolonaise mangé au restaurant d’Antsirabe ou les deux yogourts mangé ce soir ?). Un touriste a apposé son autocollant sur la glace de la salle de bain, faisant la promotion de son site http://ile.rouge.over-blog.com. Il y relate son voyage de 3 mois à Madagascar.

 

Dans l’Express de Madagascar, on relate une épidémie de peste et de paludisme sévère, qui aurait déjà tué 24 enfants. On y parle encore de banditisme (c’est un thème récurrent dans les journaux malgaches, actuellement)[108].

 

Samedi 16 mars 2013 :

En deux ans, la NR7 s’est abîmée. Elle est devenue plus fatigante, à cause de ses nombreux nids de poules.

 

De la RN7, après Ambositra, j’observe une invasion de Mimosas (des Acacia dealbata, une espèce australienne).

 

De nombreux vendeurs au bord des routes nous proposent des « poc-poc » _ des « amours en cage » ou alkékenge ou physalis (Physalis alkekengi), des fruits délicieux d’une Solanaceae, poussant à l’état sauvage, pouvant devenir localement envahissante.

 

En chemin, nous sommes arrêtés à un barrage policier. Constatant qu’il n’a pas de papier, sur lui, l’autorisant à conduire des touristes en voiture, un policier interroge longuement Francis et lui demande un bakchich. Francis me fait passer pour un professeur. En effet, les policiers ont peur des supérieurs[109].

Je viens en aide à Francis, en prétendant que nous sommes deux botanistes venant faire inventaire forestier et participer à un projet de reforestation à Ambalavoa. Finalement, il nous laisse repartir, sans le verbaliser.

Nous arrivons dans l’après-midi à Ambalavao. Le premier hôtel visité, l’hôtel Samosa, ne m’inspire pas confiance, à cause de la saleté de ses toilettes. Finalement, je choisis le « Tropic hôtel », tenu par un métis chinois, plus luxueux, en tout cas, que ceux que j’ai l’habitude de choisir. Mais finalement, il me semble qu’avec l’âge, je prends goût au luxe ( ?).

 

J’ai vu mon premier tournesol dans un jardin (mais seulement un tournesol ornemental). Dommage qu’il n’y ait aucun champ de tournesols alimentaires[110] à Madagascar, alors que, pourtant, il existe des variétés résistantes à des pluviométries peu abondantes et/ou pour climats chauds et alors que ces variétés sont pourtant cultivées dans d’autres zones géographiques en Afrique[111] [112]. Mais d’un autre côté, il faudrait être certain que les graines de cultivars importés sont saines (sans maladie) et que le tournesol ne serait pas victimes des ravageurs locaux (termites, foreurs _ longicornes … _ …).

 

Dans l’hôtel Tropic, un colloque se déroule réunissant des  professeurs de l’Université de Fianarantsoa. Ils sont tous équipés d’un ordinateur portable. Ils disposent d’une imprimante, d’un vidéoprojecteur et d’un réseau local Ethernet en RJ45. Ils sont bien équipés.  Le sujet abordé est le programme de la prochaine année universitaire.

 

Francis me demande une nouvelle rallonge de 30.000 Ar et je lui fais signer une nouvelle reconnaissance.

 

En saison des pluies, un orage avec pluie diluvienne survient chaque fin d’après-midi.

 

Le soir, Francis et moi prenons une bouteille de vin rosé betsileo de la région d’Ambalavoa.  Malheureusement, elle est « cassée » (ce que ne veut pas reconnaître le chef de la salle du restaurant, Apollinaire, qui la trouve très bonne).

 

Dimanche 17 mars 2013 :

 

Je rencontre enfin Eric[113], le responsable de la plantation, couvert d’une casquette saharienne Quechua, ayant une certaine majesté de port et d’allure.

 

Nous nous rendons sur place avec la Golf de Francis. Nous roulons pendant 13 km, sur une mauvaise piste, durant laquelle le plancher ou le pot de la Golf tape plusieurs fois le sol de la piste. La piste est vraiment mauvaise.

Nous déciderons de ne plus reprendre la Golf pour nous rendre à la plantation. Eric me proposera de venir me chercher chaque matin à l’hôtel et de m’emmener, à la plantation, sur le porte-bagage de sa moto chinoise Gizmo.

 

Nous découvrons la plantation constituée, pour l’instant, de trois grandes parcelles, l’une d’Eucalyptus robusta, l’autre d’Acacia mangium, la dernière de Grevillea banksii.

Toutes ces espèces sont à pousses rapides, mais aussi invasives.

Certaines espèces sont facilement contrôlables si on les coupe, comme avec l’Eucalyptus robusta et l’Acacia mangium. Mais ce n’est pas avec le Grevillea banksii. Car cette dernière espèce, même si on la coupe jusqu’au raz du tronc ou si on la brûle repousse immanquablement [car elle est pyrophile, i.e. elle aime le feu]. Bref, cette dernière espèce est une mauvaise herbe dont on a du mal à se débarrasser. Et donc la plantation de Grevillea banksii m’inquiète, d’autant que déjà des arbustes se sont propagés hors de la parcelle. Et je fais donc part de mon inquiétude à Eric.

Plus tard, j’ai essayé d’envisager d’utiliser les troncs des Grevillea banksii, comme poutre ou pour les échafaudages.

Mais Eric me confirme que les tiges droites de Grevillea banksii ne sont pas solides. Et que cette espèce ne peut être utilisé comme bois de chauffe.

 

Sinon, il me dit avoir planté ses Eucalyptus, en avril 2010. Et en 3 ans, ils ont déjà atteint une taille de 3 à 5 m de haut. Cela malgré une invasion de sauterelles en 2011.

Il a aussi planté des Eucalyptus citriodora, pour leur huile essentielle.

 

Autour de la plantation, il est en train de planter des jacarandas[114], tous les 5 m,  qui eux joueront un rôle ornemental.

 

Je suis très impressionné par la taille de ces 3 parcelles, dont le total de leur surface doit déjà faire près de 100 ha. Et donc par le travail réalisé par Eric. Je suis tellement impressionné que je lui fais cadeau d’un couteau forestier Victorinox (un très beau cadeau), pour le récompenser de ses efforts. En espérant qu’il ne le se fera pas voler ou qu’il ne le cassera pas plus tard.

 

Pour préparer la plantation, il a décompacté la terre avec un motoculteur. Et il n’hésite pas à utiliser des engrais NPK et des pesticides comme ENDOSCOL 35 SC, PYROBAN 48 EC, ANANCONDA EC et ITH POUDRE (un anti-termite)[115], voire PYRISTAR ou CHLOROPYRIFOS, d’autres anti-termites.

Les termites tuant tous les plants, il est obligé de mettre de l’anti-termite pied par pied.

Donc, on ne peut pas dire que la sylviculture, pratiquée par Eric, soit très biologique.

Je me promets, qu’à mon retour, j’essaierais de trouver une solution bio pour la lutte anti-termite. Ainsi qu’un portable d’occasion pour Eric (qui en a exprimé le besoin), parce qu’il n’est pas facile de lui transmettre de la documentation, comme je m’en rendrais compte plus tard, à Ambalavao.

 

Il me raconte, qu’il y a 10 ans, il y avait encore des arbres, dans la cuvette d’Ambalavao, mais les villageois ont tous coupés. Eric m’indique qu’Ambalavao est à 325 m d’altitude (ce que me confirme mon GPS). La région reste relativement humide et les périodes de grandes sècheresses restent rares.  Les températures dépassent rarement 30 à 35°C. Malgré tout, il y a des périodes de sécheresses. Et actuellement durant celle, il est obligé de faire appel à une main d’œuvre (importante ?) pour arroser les plants dans la plantation avec des arrosoirs.

Il chercherait un moyen de pomper l’eau dans la nappe phréatique et d’irriguer, si possible avec le goutte-à-goutte, les jeunes plantes. Il me confirme que les termites mangent bien les tuyaux en bambous et qu’on ne peut pas les utiliser pour l’irrigation. Je lui promets que je vais lui trouver de la documentation sur tout système de pompage peu coûteux[116] (dont les moulins à vents grecs, aux ailes en toile[117]) et d’irrigation peu coûteux (par jarre ou canari poreux, par chaussette d’irrigation en polyéthylène, par canalisation d’argile[118] etc.).

Ici, on vole souvent les produits de vos plantations alimentaires. Et c’est pourquoi, il cultive les pois d’Angole ou pois Bambara, parce ces pois alimentaires restent enfouis dans la terre et donc sont plus difficile à voler, la nuit.

Il me parle de l’invasion d’une herbe nuisible, car pyrophile, qu’il dénomme « Antavioy » et qui a commencé à envahir le parc d'Andringitra. Je suppose qu’il parle de l’Imperata cylindrica, une herbacée vivace qui, même verte, s'enflamme facilement.

 

Comme je vois des Lantanas (un peu envahissants) dans le paysage et comme j’ai appris de Liva qu’on peut réaliser de l’huile essentielle avec cette plante, je lui promets de rapporter de la documentation sur cette production[119].

Je tente de convaincre Eric, de créer, ultérieurement, une plantation de bois de rose[120] voire de bois d’ébène, qui serait cachée dans sa grande plantation (d’acacias).

Nous parlons de différentes espèces d’arbres. Je lui parle de Lilas de Perse (qu’on trouve dans le parc d’Anja tout proche, un modèle de gestion villageoise d’un parc naturel), de Paulownia, de Sclerocarya birrea ou « prunier d’Afrique », un arbre fruitier aux nombreuses utilisations alimentaires et médicinales, qu’il connait et appelle « sakoa » etc.

 

Il a tenté de faire pousser du teck, mais jusqu’à maintenant, il n’a pas réussi (il soupçonne que les semences de tecks que l’on lui a fourni aient été trop vieilles ou de mauvaise qualité ( ?). La SNGF lui en a refourni d’autres gratuitement).

 

Marie-Nomena me précise « en effet la croute latéritique est dure, mais uniquement en surface, on s'aperçoit en retournant la terre qu'elle est riche en-dessous. Par contre pour le teck, le véritable problème que nous avions eu est de mauvaises consignes quand au prétraitement de la graine de teck. Nos pépinières n'ont donc rien donné (et c'est pourquoi Madame Lolona nous a offert de nouvelles graines avec les bonnes explications) ».

 

Il a planté aussi du jatropha, qui pousse bien. Mais les jeunes plants avaient été piétinés par les zébus et donc il en reste peu. Dommage. Ici aussi, on utilise les graines de jatropha pour fabriquer des bougies pour s’éclairer la nuit.

 

Eric est en train de planter du Tephrosia, du Crotalaria _ des légumineuses sources d’azote _ et du Conzania[121] ( ?), tous les 5 m, sur une parcelle de 4 ha, déjà labourée, pour réaliser des cultures en semis-direct. Je dis à Eric que les planter tous les 5 m ne me paraît pas assez dense et qu’il a le risque que le Bozaka reprenne de la vigueur et étouffes les plants destinés au semis direct.

Car le Bozaka (d’ailleurs mangé par les zébus) pousse vite et peut envahir toute une parcelle, en 1 an. Il y a aussi le risque que les des légumineuses plantées soient mangés par les zébus, si l’on ne contrôle pas leurs allers et venues.

 

Il me dit que dans les années 80, la saison des pluies allaient de fin octobre au 15 avril. Mais le régime des précipitations ayant changé, cette saison commence, désormais, en décembre et se termine en avril.

 

Il me montre une plante, qu’il nomme « Uperufa », signe d’une bonne terre, ainsi qu’une autre « Tsiovina », attirant les vers à soie, utilisés dans la fabrication de la soie sauvage malgache.

 

Il en connaît un rayon en plantes médicinales. Selon lui :

·         On fait bouillir le Leptadenia madagascariensis, pour l’utiliser contre la fièvre jaune.

·         Les racines de Catharanthus scitulus dans l’eau bouillante servent à éliminer les drogues (cannabis …) du sang.

·         Les racines de Catharanthus ovalis sont utilisées contre les maux de ventre. Idem pour les feuilles bouillies de Chamaesyce hirta.

·         Les feuilles d’Uncarina[122] servent à lisser les cheveux (crépus ?).

·         L’Epallage orbicularis (ou Anisopappus orbicularis), appelé ici "angamaï", est utilisé pour ???

 

Eric me fait rencontrer un certain nombre d’employés de la plantation, Rasera (responsable de la pépinière), Séraphine, Salamba ( ?) … Sinon, un « vieux fou », qui parle tout seul, couvert de sa lamba, nous accompagne, un moment.

 

A un moment donné, on envisage de me faire loger chez l’habitant. Je suis frappé par l’extrême pauvreté intérieure des maisons. Finalement, Eric se souvient que les bandits prennent possession de la ville d’Ambalavoa, dès 19h.

Et que s’ils apprennent qu’il y a un Vazaha (un blanc) dans notre hameau, je serais attaqué par ces bandits.

Mais normalement, ces bandits s’intéressent surtout aux vendeurs et acheteurs de zébus, ayant toujours de grosses liasses de billets sur eux, à cause de la proximité du grand marché aux zébus d’Ambalavao.

La dernière raison qui me convainc de retourner au « tropic hôtel », chaque nuit, est que les chambres de la maison, où je devais loger, étant surpeuplées, on m’a alors proposé de loger dans une pièce au rez-de-chaussée, remplie d’outils agricoles et de pesticides[123].

 

A l’hôtel, il existe un ordinateur et une imprimante. Arnault le fils du gérant de l’hôtel me propose d’imprimer les fiches techniques sur les arbres, que j’ai rédigées, sur les arbres qu’Eric a déjà plantés ou qu’il souhaite planter (comme le teck …). Mais on se trouve très vite en panne de feuilles. Et les seuls magasins d’informatique d’Ambalavoa, fournissant des ramettes de feuilles, sont en rupture de stocks. On ne va quand même pas retourner à Fianarantsoa, situé à 80 km de là, pour nous fournir en ramettes.

 

Nous voyons passer un convoi, passant rapidement, composé d’un fourgon blindé de la Brink’s, entouré par 2 combis type taxi-brousses, remplis d’une quinzaine de policiers, en tenue noire de GIGN avec cagoule, armés jusqu’aux dents … de Kalachnikov …  Il paraît que ces mesures de protections sont lié au fort banditisme dans la région.

 

Le lundi 18/03/2013 :

Eric vient me chercher avec sa moto. Nous convenons d’une somme de 10.000 Ar pour son essence. Et par la suite, il ne réclamera rien d’autre[124] _ un fait à signaler encore à Madagascar. A cause des pluies orageuses, chaque soir et chaque nuit, la piste est boueuse et glissante, chaque matin. On pourrait facilement déraper et tomber. Mais malgré cela, Eric conduit bien et nous ne tombons jamais.

Parfois, nous croisons des cyclistes chargeant leur vélo, avec plus de 150 kg de sacs de riz. C’est impressionnant.

 

Je constate que les ouvriers et Eric plantent les jacarandas le long d’un sentier où circulent les zébus. Au stade de bébé, les jacarandas ressemblent plus à des fougères et sont très fragiles. Je dis à Eric que les zébus risquent de les piétiner ou de les manger. Il me répond qu’il va planter des pics en bambous aiguisés, autour de chaque plant, pour les protéger des zébus. Eric fait creuser des trous de 40 cm de côté et de profondeurs, pour chaque jacaranda.

Pour la mesure des côtes du trou, il fournit, à chaque ouvrier, une tige en bambou de 40 cm de long.

 

Je creuse mes trous avec une bêche malgache, l’angady. Les ouvriers vont deux fois plus vite que moi. Ils ont l’habitude. Je casse une pelle, la prenant pour une bêche (une angady). On me dit « toute chose ont une vie ». Son propriétaire n’accepte, de moi, que 2000 Ar, que je lui ai donnés, pour compenser sa perte.

Creuser les trous est dur, car la terre latéritique en surface est dure. Eric comme les ouvriers travaillent dur. Les femmes dégagent une odeur forte, mélange d’odeur de sueur et de charbon de bois. Elles sont comme des gamines, me faisant des petits sourires complices ou amusés. De temps en temps, elles rient de moi, gentiment. Mais la barrière des langues (elles ne parlent que malgaches) m’empêchent de savoir ce qu’elles se disent.

J’entends souvent le mot « Ratsimbé » (ou « rat-simbe » ? Est-ce le nom d’un personne ?).

 

J’aime beaucoup ces personnes (des Betsileos), qui semblent plus humbles, plus accueillants, moins «intéressés » que les certains villageois rencontrés sur la côte Est.

 

A la longue, je suis couvert de terre rouge. Mes vêtements clairs sont devenus rouges briques.

Les ouvriers, qui sont une quinzaine, travaillent vite et le chantier avance avec efficacité. Le terrain de 87 ha, couvert de Bozaka, va être rapidement « borné » par les jacarandas.

Chacun est payé 15.000 Ar par jour. Ce qui est un bon salaire ici. Il y a même un étudiant, qui a eu le baccalauréat, Florent, qui participe aux travaux afin de pouvoir financer ses études médicales (d’infirmier ou autre).

 

Je me dis qu’il faudrait faire ce genre de travaux de reforestation, aux jeunes volontaires de Madagascar (mouvement scout), en d’autres endroits de l’île.

 

Chaque jour, plutôt le soir, Mamy et moi, nous nous appelons ou nous nous envoyons des SMS, pour garder le contact.

 

Une jolie lune est apparue sur un fond de nuages d’orage. L’image est belle, je ne sais  si une photo de nuit aurait rendu l’impression d’étrangeté ou d’irréalité de la scène que j’ai ressentie. Puis une pluie diluvienne s’empare de la nuit.

 

Quand je suis seul dans ma chambre d’hôtel, le soir, mon esprit s’évade et élabore toujours de nouveaux projets ou travaux. Ce soir, j’imagine un article sur les maltraitances psychologiques faites aux enfants et leurs conséquences[125].

Je pense souvent à mon frère.

J’essaye de m’expliquer pourquoi les gens sont pauvres ici, alors que, finalement, la terre est plutôt riche, autour du hameau. Est-ce lié à la passivité, à la chaleur (qui pousse à faire la sieste en journée), aux nombreuses maladies tropicales qui sévissent en Afrique et qui rendent les malades apathiques et affaiblis (paludisme, …), aux valeurs morales et aux agissements moraux des malgaches ?

 

Le mardi 19/03/2013 :

 

Selon Marie-Nomena, Eric n’en fait qu’à sa tête. Selon Eric, elle lui fait planter les arbres trop près les uns des autres.

Ou bien à un moment sec, il ne fallait pas planter. Il faut planter à la bonne époque, car en mars c’est déjà trop tard. Il faut planter début janvier ou fin décembre. Car amener de l’eau, c’est une perte d’argent.

Tout cela est certainement lié à un conflit de fortes personnalités entre eux. Mais, en même temps, je sens qu’ils s’aiment et s’apprécient.

 

Marie-Nomena pense planter des Gliricidias, pour apporter une fertilité supplémentaire aux sols, autour des champs de Crotalaria, en semis direct.

 

Le midi, je déjeune avec les ouvrières, derrière une maison que Marie-Nomena a fait construite, au sommet d’une colline, et qui a été partiellement détruite par une tempête tropicale. Son toit en tôles a été facilement tordu par les vents violents. Marie-Nomena, qui voulait en faire une maison d’hôte, est au courant de l’état de sa maison.

Je lui propose l’idée que son toit soit réparé, en y installant une charpente plus solide, supportant des tuiles lourdes (comme il s’en fabrique à Madagascar). Mais attention à l’accumulation de mousses sur ces tuiles, si le climat de la région est trop humide.

 

Une ouvrière, son repas terminé, est en train de fabriquer un filet de pêche, avec ses mains et ses pieds. Une ouvrière ayant terminé ses avocats, je creuse un trou, je plante et arrose les graines, en espérant que des avocats pousseront derrière la maison.

Autour de la maison, on a planté des araucarias, des aloès (Aloe Macroclada ? (vahona ?))] et des Dodonaea madagascariensis[126] ("Tsitoavina" en malgache), qui attirent les vers à soie sauvages.

Les araucarias sont restés chétifs, peut-être par le manque d’eau (?) …

Seuls les Dodonaea semblent bien se porter et sont couverts de belles fleurs rouges.

Quand il est en période de fructaison, l’arbuste semble porter des roses en bois. C’est vraiment un très bel arbuste ornemental, grâce à ses fines feuilles (comme celles des Grevillea) et ses fleurs rouges.

 

Selon Marie-Nomena, c’est c'est l'essence qui était plantée sur tout le terrain il y a une cinquantaine d'années.

« Le terrain appartenait à un colon, Monsieur Conty, et il était recouvert de cet arbuste afin d'attirer les vers à soie sauvages. Un jour, un feu a tout dévasté et le colon est parti. C'est ce que les villageois racontent, je ne sais pas s'il est parti à cause du feu, ou de l'indépendance. Et son départ, avec le manque d'encadrement, aurait pu permettre aux feux [lié au Tavy] de se répandre ».

 

C’est dommage, que cette plantation de Dodonaea ait disparu au cours du temps, probablement à cause de la déforestation intensive pour le bois de chauffe, car cette essence possède de nombreux avantages. Or il ne reste plus que les arbustes plantés  autour de la maison. Marie-Nomena  compte en replanter[127].

 

Autour de cette maison, poussent aussi des Acacias mangium, aux feuilles abîmées par le vent, certaines étant couvertes de moisissures noires. Peut-être ont-ils été fragilisés par le manque d’eau ?

 

Cet après-midi, vers 14 h, exceptionnellement, l’orage commence déjà à poindre à l’horizon. Eric décide de me faire rentrer plus tôt à Ambalavao.

 

Sur la route, on trouve souvent des belohalika (kimamimamy) sauvages, en fleurs, dont les fleurs orangées sont disposées en boules ou bourrelets annelés, autour et le long de la tige principale. Elles ont jusqu’à 1 m de haut. Il parait que ses pétales sont sucrés et qu’elles servent à soigner les maux de ventre (Leonotis leonorus ou 'Queue de lion', une Lamiacées (Lamiaceae) originaire d’Afrique du Sud[128]). Il parait que les gamins aiment bien les manger, quand ils marchent le long des routes.

Si elle pousse comme les cosmos, j’aimerais en voir plus souvent, en raison de leur originalité, en France[129].

 

En général, Eric parle peu et garde le plus souvent ses avis pour lui.

Mais malgré tout, il me parle de sa séparation [douloureuse] avec sa femme, qui s’occupait très mal de son enfant [il laisse plus ou moins l’impression que son ex-femme le maltraitait]. Il a réussi en avoir la garde. Il s’inquiète pour son fils, qui risque d’être perturbé (par l’éducation donnée par son épouse, par son divorce …).

Il veut me le faire rencontrer.

Je le rencontre finalement dans l’école privé où il apprend. La directrice interrompe le cours pour nous l’amener.

L’enfant, qui doit avoir 6 à 8 ans, semble terrorisé ou terriblement timide, en ma présence.  Il n’arrive pas à répondre malgré les questions de son père et de la directrice. Son père m’explique qu’il n’avait jamais vu de Vazaha et que ma présence l’intimide. D’après la directrice, c’est un enfant intelligent. Je ne sais que dire. A la sortie de l’école, je dis à Eric que tout enfant a besoin de beaucoup d’amour et que la meilleure chose qu’il puisse arriver est qu’il est entouré affection (ce que justement son père, Eric, peut lui donner) ou si il rencontre beaucoup d’amour.

Je suggère à Eric qu’il lui transmette ses connaissances en agriculture, en sylviculture et en plantes médicinales.

Je pense que si Eric transmets progressivement tous son savoir à son fils, cela ne sera que bénéfique pour ce dernier et une bonne formation pour son avenir.

Je sens qu’Eric adore son fils. Mais je subodore qu’il a une conception différente de la mienne, concernant le rôle respectif de la femme et de l’homme dans la couple. Comme la plupart des Malgaches[130], je suppose qu’il pense que la femme doit lui obéir et doit lui être soumise.

 

En nous quittant, je fais cadeau d’un livre sur les plantes médicinales en malgache, à Eric. Il a l’air extrêmement heureux. Et spontanément, il m’embrasse. Francis, mon chauffeur, rit. Je ne m’y attendais pas. Je suis un peu pris au dépourvu.

 

C’est la dernière fois que je verrais Eric cette année. Je me suis promis que je l’aiderais, au fil du temps … Mais je ne sais pas encore comment. Mais j’ai déjà quelques idées en tête (je sais déjà qu’il a besoin d’ordinateur et je l’aiderais pour le pompage et l’irrigation).

 

Le soir, Francis et moi, nous nous offrons une bonne bière malgache, une THB. Qu’une bonne bière glacée, bien frappée,  est agréable !

Ce soir nous dinons, tous les feux aux chandelles, dans la grande salle de restaurant du « tropic hotel ». C’est le charme des « délestages ».

 

Cette nuit, je subis la présence (et la « torture ») d’un moustique que je n’entends seulement voler que quand j’éteins la lumière ( !).

 

En conclusion partielle sur mon séjour à Ambalavao :

 

Je suis venu en ami. Or j’ai été vraiment accueilli en ami, que cela soit par Eric, les ouvriers et ouvriers de la plantation et par Marie-Nomena (comme je m’en rendrais compte par la suite).

J’ai été très impressionné par la dimension de la plantation de Marie-Nomena, occupant plus de 100 hectares.

Le seul regret que j’aurais est que la plantation  ne concerne une forêt secondaire mono-spécifique, très pauvre en biodiversité. Quant à mon inquiétude maximum, elle se porte surtout sur la plantation de Grevillea banksii, une espèce particulièrement invasive (mais je sais que mes remarques à leur sujet n’a pas fait plaisir à Marie-Nomena).

 

Eric est dans la « révolution verte » (avec l’emploi de pesticides chimiques …), mais pas dans la « révolution doublement verte », qui aurait privilégié le volet écologique. J’espère à mon retour découvrir des solutions plus écologiques pour convaincre Eric d’adopter des pratiques plus écologiques.

 

Marie-Nomena m’a promis d’introduire plus de biodiversité dans ses plantations. C’était, d’ailleurs, l’objectif de son projet originel (voir la présentation de ce projet, en annexe de ce récit).

 

Ce qui m’a impressionné c’est le caractère organisé de Marie-Nomena. Elle réalise un suivi précis de ses plantations, avec un certain nombre de tableaux Excel. Par exemple, elle utilise un tableau pour faire l’inventaire de ses pertes, afin de pouvoir remplacer rapidement au remplacement des arbres morts (voir cet inventaire en fin de ce document). Il est possible que ce suivi très précis soit lié au fait que chaque arbre est financé par l’ONG tree-nation.

Nous reviendrons sur la question du financement des arbres d’ALAMANGA plus loin dans ce texte.

 

Je suis très impressionné par la vitesse de travail des travailleurs sur la plantation. Souvent, à Madagascar, je voudrais aller vite dans mes actions. Mais je sais qu’à Madagascar ce n’est, en général, pas possible. Je dois normalement me plier au « temps malgache », qui s’écoule bien plus lentement qu’en France.

Dans ce pays, Je me dois d’être prudent, car je suis un Vazaha, et non un malgache. Je suis sûrement le symbole de l’ancienne puissance coloniale occupante aux yeux de certains malgaches. Et selon les malgaches que j’ai eu affaire, j’ai été confronté à des réactions très variés et très dissemblables[131], certains très amicales, d’autres hostiles[132].

 

Ce que je crains le plus à Madagascar, après les aléas climatiques (sécheresses, cyclones …), est la possibilité d’une vengeance par le feu d’un malgache contrarié ou frustré _ qui peut détruire le travail d’une dizaine d’année ou d’une vie[133]. Donc, de mon point de vue, il est de l’intérêt des ONG, conduisant des projets de reforestation dans une région donnée, de ménager toutes les susceptibilités locales.

Le plus dur est d’impulser l’esprit écologique, chez une peuple qui dans son immense majorité n’a pas du tout cet esprit[134]. Car l’écologie est souvent perçue, par les malgaches, comme un luxe ou une lubie d’occidentaux riches[135].

 

Le mercredi 20/03/2013 :

Les jours précédents de mon voyage ont été des activités utiles pour Madagascar. A partir de maintenant, je vais consacrer la fin de mon voyage à passer de vraies vacances et enfin me consacrer à moi-même.

 

Francis et moi, nous quittons avec regret Eric et son équipe et remontons tranquillement la nationale 7, vers Antananarivo.

 

J’observe beaucoup de papyrus à Madagascar. Je me demande si l’on ne pourrait pas les valoriser (mais uniquement pour la phyto-épuration, c’est à dire l’épuration des eaux grises et sales. Peut-être pour la production de papier ?).

 

Nous achetons, aux vendeurs du bord de route, beaucoup de « poc-pocs », i.e. des « amours en cages », poussant spontanément dans la région, dont on fait un excellent jus de fruit, tout comme d’excellentes confitures.

Je pense que ces fruits devraient être bien plus cultivés à Madagascar et exportés vers l’Europe et les pays riches (que leurs fruits soient débarrassés ou non de leur fine enveloppe ajourée, semblable à du papier)[136].

 

Toutes les maisons betsileos de la région ne possèdent pas de cheminée, la fumée du foyer sort par une fenêtre de la pièce servant de cuisine, ce qui favorise les maladies respiratoires de leurs occupants (surtout chez les enfants et les personnes âgées).

 

Francis me fait écouter une cassette de JAUJOBY, le roi d’un rythme malgache, le SALAE GY. Il a de la bonne musique. D’une manière la musique malgache (du moment qu’elle n’a pas été trop occidentalisée) est plutôt bonne.

 

Nous retraversons la forêt de tapias (Ala tapia), déjà traversée à l’allée. Francis m’explique que, la nuit, des bandits y lancent des cailloux contre les pare-brises, pour les casser. Si vous vous arrêtez pour constater les dégâts, c’est à ce moment-là qu’ils vous attaquent. Il me précise aussi que les fruits de tapias sont vendus au bord des routes, entre août et septembre (tout comme les fruits du jujubier, les jujubes).

 

Quand je regarde Francis de profil, j’ai l’impression qu’il ressemble un peu à l’acteur Louis De Funès, en un peu plus bronzé.

 

On ne peut pas s’arrêter au bord de la route, sans que des gamins venus de nulle part viennent vous regarder. Probablement, la densité de la population, dans les campagnes, est plus élevées que l’on pourrait se l’imaginer.

 

A un moment donné, Francis me fait un exposé sur la politique malgache, assez pessimiste. Il ne pense pas que son pays ne se sortira des politiciens démagogues et de la corruption, avant 30 ans.

 

Le midi, nous nous arrêtons dans un restaurant d’Ambositra, le Restaurant Hotely Ny Tanamasoandro[137], qui est en même temps un magasin de meubles précieux. Je fais la folie d’y acheter deux bustes zafimaniry, que je trouve très beaux, l’une d’une femme, l’autre d’un vieil homme (l’un en bois de rose, l’un en ébène).

Je me sens un peu en contradiction avec mes buts à Madagascar, celui de sauver les bois précieux. Mais je me rassure en me disant que ces statues sont accompagnées de certificats officiels prouvant qu’ils ne proviennent pas du trafic de bois précieux.

 

En repartant d’Ambositra, nous embarquons Ravo, la belle-sœur de Francis, que nous conduisons à Antananarivo.

 

Toute la journée, le temps est pluvieux, gris et lourd et toutes les rivières sont en crues.

 

Sur la route, nous avons vus deux accidents plus ou moins graves. Une R5 a rencontré violemment un camion. Et un 4x4 Toyota a été heurtée violemment par un camion. Une femme qui a été blessée est déjà partie à l’hôpital.

 Francis qui a discuté avec les deux parties estime que le chauffeur du camion est le responsable de l’accident. Car il a doublé au sommet d’une courbe sans visibilité. Mais il ne veut le reconnaître. Il pense qu’il ment. Les policiers sécurisent la scène de l’accident.

 

Nous arrivons à Antsirabe, en fin d’après-midi. C’est l’occasion de reprendre ensemble une bonne THB (bière malgache). Comme Antsirabe est une ville thermale, possédant son propre centre de cure, j’imagine une cure dans une piscine remplie de THB. Pour cela, il suffit d’y apporter son verre. En plus, l’usine de fabrication de la THB n’est pas très éloignée en nombre de km du centre de cure ( !).

 

Le soir, nous logeons de nouveau à la pension de famille, Sulby, où je retrouve, d’une année à l’autre, les membres de la même famille, qui la gère (Jean et Thérèse). Jean me rappelle une supposée promesse de ma part, lui ramener un smartphone.

J’y retrouve un belge, skipper de son métier, que j’ai déjà rencontré à la pension, qui s’intéresse aux jeunes femmes malgaches, qui passe six mois de l’année à Madagascar, et six autres mois, en France ou en Europe.

Il m’explique qu’au marché d’Antsirabe, il y a herboriste qui vend de la sciure de bois de rose,  pour lutter contre les cystites.

 

Le jeudi 21/03/2013 :

 

Le matin, Francis et moi, allons visiter trois fabriques, l’une de jouets en boites de conserves, l’autres, d’ustensiles en cornes de zébus et la dernières de bonbons artisanaux.

Dans la fabrique d’objets en cornes de zébus, nous constatons que tous les outils utilisés sont en objets de récupération : toile de Jeans et kaolin pour polir la corne, le moteur de la ponceuse, un moteur de machine à laver, le disque de ponçage découpé dans un couvercle de baril d’huile, la presse réalisée avec un fer à béton, le masque anti-poussière, un masque pour dormir, récupéré dans un avion  de ligne …

 

En sortant d’Antsirabe, je constate que l’entrée de l’usine Tiko est protégée par de gros troncs d’arbres.

Sur ses grilles, sont posés de grandes banderoles annonçant la bienvenue à Lalao Ravalomanana, la femme de l’ex-chef d’état malgache, Marc Ravalomanana,  actuellement en exil en Afrique du Sud. Et qui selon certains accords entre les différents partis politiques malgaches devraient peut-être rentrer cet été à Madagascar ( ?). Madame Lalao Ravalomanana  a été autorisée, durant ce mois de mars, à rentrer à Madagascar, pour se rendre au chevet de sa mère très malade (ou supposée très malade). Madame Lalao en a profité pour revoir les partisans de son mari. C’est elle qui se présenterait, à la place de son mari, aux prochaines élections présidentielles, prévues cet été (en juillet ?), à Madagascar. Tout ce cela est au conditionnel, car rien n’est jamais vraiment sûr question politique à Madagascar.

 

Nous achetons des fruits de la passion, délicieux. C’est aussi la saison des kakis, mais eux, je l’apprécie moins.

Sur la route, on vend aussi des instruments de musiques (guitares, violons, tambours …).

 

Sur la route, j’ai aussi acheté deux très beaux paniers en raphia, des soubiques.

 

Nous passons à proximité du tombeau, aux dimensions disproportionnées, « mégalomanes » (et pas très « esthétique ») de Justin RAJAONA, surmonté d’une tour de 20 m de haut, un député très riche (proche de l’ancien président Didier Ratsiraka).

 

Aujourd’hui, il fait beau. Et beaucoup d’agriculteurs malgaches sont en train de battre le riz dans les campagnes ou de faire sécher le riz sur d’anciennes portions de routes goudronnées.

 

Cinq taxi-brousses, transportant chacun un cercueil sur leur toit, passent devant nous.

 

Dans certaines boutiques, je trouve des cuiseurs économes en charbon de bois, des Fatana maitsaitsy[138]. Selon Francis, avec eux, on peut faire cuire 1 kg de riz, avec 500 gr de charbon de bois, au lieu de 1 Kg de charbon de bois.

C’est déjà mieux.

 

Francis me dit qu’avant on s’éclairait avec des Petromax (fabriqués actuellement en Allemagne), des lampe à pétrole très lumineuses. Elles sont maintenant trop chères _ coûtant 100.000 Ar _, et personne ne peut plus s’en acheter.

 

J’ai tenté de rencontrer ma demi-tante malgache, Maggy, et son mari, Richard. Mais une voisine m’a dit qu’ils sont partis en vacances, pour un périple de TROIS mois dans les îles voisines, la Réunion et Maurice. Maggy  et Richard passent leur temps à voyager. C’est un couple heureux.

 

Arrivé à Antananarivo, le soir, j’ai acheté des sortes de girolles. Je les ai mangés dans une omelette, mais elles étaient fades, sans goût.

 

Le soir au dîner, à l’hôtel Niaouly, une personne me parle des travaux d'Elisabeth Kübler-Ross, travaux retenant cinq étapes dans un deuil[139].

 

Dans un journal, je lis que les parieurs, de combats de coqs, peuvent parier du 1er au 3 mai.

 

Vendredi 22 mars 2013 :

 

Au petit déjeuner, je rencontre Gil Razafintsavara, le président de l’Observatoire National de l’Intégrité, dont le bureau se situe en face de l’hôtel Niaouly (une personne que j’avais déjà rencontré, il y a deux ans).

 

Il me parle du plan FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade)[140], plan d'action de l'Union européenne, qui aurait été mis en œuvre dans trois pays : le Congo, Le Boswana et le ?[141] (j’ai oublié le 3ème nom qu’il m’a cité).

Un élément clé du Plan d'action FLEGT est un système volontaire veillant à ce que seul le bois légalement récolté est importé dans l'UE, en provenance de pays qui acceptent de participer à ce plan, luttant contre la corruption, l’insécurité foncière etc.

Et donc, selon lui, si ce plan FLEGT était appliqué à Madagascar, on pourrait sauver le bois de rose malgache.

 

Il m’affirme que son Observatoire a déjà interpelé les politiques, concernant la « dérive forestière » (le terme consacré à Madagascar concernant le trafic de bois précieux, au Nord et à l’Est de Madagascar).

 

Il me parle d’un documentaire sur le trafic du bois de rose à Madagascar, passé sur TV5 Monde, qu’il a trouvé très bien et qu’il souhaiterait retrouver[142].

 

Il me demande si je ne pourrais pas donner des cours gratuits d’informatique à l’université d’Antananarivo, durant 1 mois, 2 mois … dans le cadre de sa société de conseils informatique. Je lui réponds en lui demandant comment je payerai mes charges à Paris, durant mon absence.

 

Francis arrive vers 7 h avec une petite Toyota Land Cruiser et nous roulons sur la route nationale conduisant au Lac Isaty (situé à 1h30 ou 2h de route d’Antananarivo). Je suis heureusement surpris de découvrir enfin une route nationale en excellent état. Cela fait longtemps, que je voulais me rendre au lac Itasy, dont Maguy et Richard m’avaient venté la beauté.

 

Nous longeons d’abord une station de suivi de satellite, équipée de sa grande antenne parabolique, visible de loin.

Puis une prison, qui semble plutôt récente.

Je dis à Francis qu’une prison est sûrement un hôtel gratuit obligatoire dont on ne peut pas sortir.

Sur la route, je vois un grand village moderne, annoncé par la pancarte d’une ONG nommée PROSPERER.

Puis nous traversons une nouvelle forêt de Tapias.

 

Sur la route, j’achète quatre fromages de chèvres, l’un nature, l’autre au priment, un autre au poivre et le dernier au cumin, dans la « fromagerie de l’Itasy », tenue par des malgaches.

 

Nous arrivons vers midi, à Ampefy, la bourgade la plus importante, bordant le lac Itasy.

En traversant sa rue principale, on voit des pancartes de sièges d’ONG ou d’organismes officiels (tels que celle du WFP, le programme alimentaire mondial etc.).

Nous mangeons dans une petit hotely (petit restaurant) où le repas est bon et où nous rencontrons deux volontaires suisses de l’ONG ADDAM[143], intervenant dans le domaine médical dans un dispensaire local.

 

Après avoir cherché un peu. Et au bout d’une mauvaise piste pour 4x4, nous trouvons l’hôtel que nous avons réservé, la Chaumière de l’Itasy[144]. Sur la colline où il a été « planté », l’on a une très belle vue sur le lac Itasy, entouré par ses volcans éteints[145]. Son jardin est rempli de cosmos. D’ailleurs, les cosmos poussent dans la région, comme du chiendent. On en voit partout, le long de tous les chemins.

En cette saison des pluies, tout pousse dans la région du lac Itasy, à cause de sol volcanique fertile.

Actuellement, les étals des marchands d’Ampefy sont couverts d’avocats.

 

La vue de nos bungalows est assez féérique. La région du lac Itasy est connue pour être une des plus belles régions de Madagascar. Et c’est effectivement le cas. Je ne regrette vraiment pas d’être venu.

 

Mais il est, quand même, dommage que tous les sommets volcaniques aient été déboisés par la main de l’homme. Couverts de forêts, comme en Auvergne, ils seraient bien plus beaux encore.

 

Selon l’heure de la journée, le lac Itasy est soit tantôt bleu, soit couleur marron alluvionnaire.

A toute heure de la journée, sa couleur, comme celle du ciel, qui s’y reflète change. Le lac est considéré comme très poissonneux et on y voit souvent voguer les petites embarcations de pêcheurs (pirogues).

 

Le gérant de l’hôtel, Emmanuel, est un passionné de minéralogie, de volcanologie et de sources (de sourcellerie).

Il me montre un magnifique bloc de calcaire pisolithique[146], extrait d’une carrière d’aragonite[147], situé à proximité des geysers d’Ampefy.

 

Il y aurait des sources gazeuses à Moratsiazo, à quelques km d’ici.

Il m’annonce qu’il existe un petit geyser d’eau chaude, d’une température supérieure à 50°C, dans le petit village de Mahondro, situé à 1700 m d’altitude[148].

Il m’indique que la région volcanique de l’Itasy est régulièrement soumise à de l’activité sismique.

Selon lui, le volcan Kassigie (Gasige), dont on voit le volumineux cône de loin, aurait eu une mini éruption en l’an 2000 et depuis son cratère se serait égueulé ( !).

Le 15 janvier 2012, il y aurait eu des projections mineures d’eau de couleur jaune, de blocs de granite, associées à des grondements souterrains _ semblable au bruit d’un petit groupe électrogène ou d’une chute d’eau, qui auraient duré un an ( !m) _ et des tremblements de terre.  La montagne [le Kassigie ou Gasige] aurait fumé de la vapeur d’eau pendant 15 jours.

Malheureusement, selon Emmanuel, comme la région est très fertile, toutes les traces de cette activité volcanique auraient déjà disparues, recouvertes de végétation.

 

Je dois avouer que je suis un peu sceptique. Mais cette éruption semblerait pourtant confirmée, par les géologues Guido Schreurs de l’Université de Berne (Suisse), qu’il aurait rencontré, et Michel Rakotondrazafy de l’Université d’Antananarivo (Madagascar) Pour eux, le volcan Kassigie aurait bien été actif en 2000/2001[149], car, selon eux, « une comparaison de l'imagerie satellitaire à haute résolution du Kassigie prises à des moments différents montre que ces éruptions mineures ont eu lieu aussi récemment que l’année 2000 et/ou début 2001. Cette activité volcanique récente a donné lieu à des instabilités de pente et des mouvements de masse sur le flanc ouest du Kassigie »[150].

En fait, par la suite, j’ai fait une analyse de cette « éruption » qui semble infirmer les affirmations de ces deux géologues (voir en annexe, l’encadré sur « l’éruption du Gasige »).

 

Emmanuel me dit que la montagne, située sur la rive en face, aurait connu un fort glissement de terrain, liée à un séisme (mais peut-être ce mouvement de terrain n’est-il lié qu’à l’érosion et à de fortes pluies).

 

Je constate qu’il est vraiment passionné, mais qu’il manque de connaissances dans ce domaine[151].

Il me faudrait lui procurer un livre de volcanologie.

 

Ensuite, il me montre des filons centimétriques d’hématites, dans des granites affleurant dans son jardin.

 

Le soir, Emmanuel m’emmène voir les sources gazeuses à Moratsiazo. Pour me conduire sur place, il s’enquière des services d’une vieille sorcière, prénommée Rasoa (moyennant rémunération).

Mon guide Francis préfère ne pas m’accompagner et reste à côté de notre 4x4. Il me dit qu’il a peur que les villageois _ qu’il ressent comme des personnes négatives _ touchent la voiture et y jette un mauvais sort (et qu’elle tombe en panne ensuite). Il faut dire qu’à Madagascar, on ne plaisante pas avec la sorcellerie (elle peut même tuer). D’autant, que la sorcellerie imprègne la plupart des aspects de la vie courante des Malgaches[152].

 

Devant la source bouillonnante, nous devons nous déchausser, la source étant un lieu de culte sacré.

De grosses bulles remontent régulièrement des profondeurs et éclatent à la surface de la source. J’essaye de placer mon nez au raz de l’eau, mais ces bulles ne sentent rien (probablement, elles sont probablement le résultat d’émissions de gaz carbonique[153]). Le bord du trou d’eau contenant la source est couvert d’une boue d’algues vertes denses et grises. Il paraît qu’on peut la boire, mais avec la présence de ces algues, l’eau ne fait pas envie[154].

 

Dans le cadre des mystères de la région, la femme d’Emmanuel m’indiquera qu’en 1988, une météorite s’y est écrasée et avait mis le feu à la brousse.

 

Plus tard, nous avons le droit au charme des coupures de courants et aux bougies … Cela a un certain charme quand cela ne dure pas trop longtemps. Or cette coupure a duré plus de deux heures. Elle serait liée à l’orage. J’ai vraiment l’impression d’être en Afrique ( !).

 

Le vent associé à cet orage était si fort que les traits de la pluie semblaient couchés. Et cette pluie si diluvienne, que la piste conduisant à l’hôtel a été coupée par une inondation, dans sa partie la plus basse, durant la nuit.

 


 

Samedi 23 mars 2013 :

 

Je récupère les fromages que j’avais déposés dans le réfrigérateur de l’hôtel. Et je constate qu’il en manque un.

Je décide de retourner à la fromagerie, croyant qu’ils m’ont oublié un fromage. Le fromager me dit qu’il a bien mis 4 fromages dans le sachet plastique, qu’il m’a remis la veille. Il décide de faire un geste commercial en me redonnant gratuitement le fromage disparu. Comme il n’y a pas de client dans l’hôtel, seuls les membres de la famille de la femme d’Emmanuel sont présents (certains faisant parti du personnel). J’en conclu que peut-être l’un d’entre eux, un membre du personnel s’est servi dans mon sac (entreposé dans le frigo collectif de l’hôtel).

 

Comme Emmanuel a laissé son ordinateur portable à Antananarivo et qu’un membre de sa famille a apporté son ordinateur _ sur lequel il passe son temps à jouer à des jeux _, je propose de déposer ma documentation sur le développement durable, sur ce dernier ordinateur. Mais ce dernier refuse, ce qui me choque car ce jeune est de la belle-famille d’Emmanuel et pourtant ne veut pas lui rendre service.

 

Ce matin, je suis retourné voir la source gazeuse. Je suis impressionné par la taille de certaines de ses bulles de gaz.

Comme cette source est presque située au même niveau que la surface du lac Itasy, j’espère que le phénomène du dégazage catastrophique du Lac Nyos, au Cameroun (qui fit 1746 morts, toutes les victimes habitant au bord du lac[155], lié à une accumulation dangereuse de gaz carbonique d’origine volcanique au fond de ce lac), ne surviendra pas, là aussi, au Lac Itasy. Mais il est vrai que des sources gazeuses existent partout dans le monde (y compris en France) et qu’elles ne sont pas nécessairement le signe d’une activité volcanique cachée (comme au lac Nyos)[156].

 

Puis accompagné de deux enfants nous servant de guide, nous escaladons un petit cône volcanique, le Tamponkity. De son sommet, l’on aperçoit la Montagne d’Ambodinanga et, plus loin, l’imposant Kassigie (tous les deux étant des cônes volcaniques). De ce sommet, nous avons un magnifique panorama sur le lac. Je suis étonné de trouver des cultures vivrières sur les pentes raides et le sommet du Tamponkity. Francis et moi partageons notre casse-croute et nos fromages de chèvres avec les enfants (au début méfiants à l’égard de ces fromages, ils finissent par en manger).

 

Visite des geysers d'Amparaky, dits geysers d’Ampefy :

 

Cet après-midi, nous allons visiter les « geysers d’Ampefy » _ en fait, les geysers d'Amparaky _, situé à 5 km d’Ampefy, au bout d’une mauvaise piste qui avait dû être goudronnée, du temps de la colonisation. Un panneau indique que les étrangers doivent payer 2000 Ar tandis que les malgaches payeront 400 Ar pour accéder au site.

 

Ces « geysers » sont constitués par trois buttes élevées (ou dômes), constitués d’aragonite (une sorte de calcite), au sommet desquelles jaillissent des jets intermittents d’eau froide, pouvant monter à plus de un mètre de hauteur.

 

Les geysers d'Amparaky sont, en fait, issus du phénomène de puits artésiens. Ce ne sont donc pas de geysers volcaniques. La différence est essentiellement due au fait que l'eau expulsée n'est pas chaude. Elle n’est pas chauffée par le phénomène de géothermie, comme c'est le cas pour les geysers volcaniques en Islande ou Norvège[157].

 

La constitution de ces « dômes d’aragonite » doit être probablement lié au même phénomène que celui des concrétions de travertins déposés par certaines sources très calcaires, qu’on trouve un peu partout dans le monde (y compris en France). L’eau de ces geysers malgaches, que j’ai goûtée, est très fortement chargée en sel minéraux, au point d’en être opalescente. Elle a un peu le goût de la Vichy Saint-Yorre ou de la Vichy Célestin, bues à la source, mais en plus forte.

 

Notre guide local, une jeune femme, nous montre une cavité, située à proximité d’un geyser. Elle y introduit une torche enflammée et la flamme s’éteint immédiatement. Je m’imagine que cette cavité est peut-être remplie de gaz carbonique. Mais quand j’y introduits ma tête, le gaz dégagé par cette cavité me pique violemment le nez, comme si j’avais trop mangé de moutarde forte de Dijon ou de Wazabi,  ou que j’avais respiré des vapeurs d’acide sulfurique ou chlorhydrique. Cet orifice est d’ailleurs appelée le « trou à souffre ». Pour qu’il y ait de tels dégagements naturels de vapeurs d’acide (si mon hypothèse était fondée), alors je suppose donc qu’il subsisterait un reliquat d’activité volcanique en profondeur, sous la terre, à cet endroit ( ?)[158]. Ce qui serait vraiment une première ( ?).

 

Ce matin il faisait beau, or lors de la visite des geysers, le ciel est déjà sombre, orageux. C’est dommage.

C’est fou ce que le temps change vite, chaque jour, durant la journée et la saison des pluies (en général, beau soleil le matin et orage le soir).

 

Emmanuel me dit avoir travaillé cinq ans à construire son hôtel, qui n’est ouverts aux clients que depuis deux ans.

Il me dit avoir déjà investi 150.000 Euros dans l’aventure.

Il a travaillé, en tant qu’électricien, pendant plus de 20 ans, d’abord en France, à Montpellier, puis en Afrique, pour COMPAQ, puis à Antananarivo, pour différentes sociétés sont Orange. Il a installé des caméras sur des ROV[159], pour la Comex. Il a aussi dépanné des caméras. Il est marié à une femme malgache, à la forte personnalité.

Emmanuel ne semble pas aussi heureux qu’il paraît. Sa femme ne semble pas du tout partager les passions de son mari, que cela pour la sourcellerie, le volcanisme etc. Elle ne semblerait être « qu’intéressée ».  En tout cas, c’est elle qui semblerait « diriger la barque ».

Lui-même serait issu d’une famille de l’Est de la France, qui aurait chuté socialement (et dont il a quelques portraits exposés dans la salle de restaurant).

Il n’a qu’un seul enfant d’une précédente femme malgache dont il est séparé.

 

François, le seul client, le directeur d’une agence de vente de médicaments à Madagascar et passionné de VVT, me dit que tout le monde est « intéressé » ici : « Quand on n’a pas le minimum vital, on devient « méchant ». Pour 40 €, on n’a rien en France. Ici, c’est par contre une fortune. ».

Cela fait des années qu’il vit en Afrique, sans femme. Je me dis qu’il doit être bien seul, ici, sans femme.

 

Francis, qui ne manque pas de bon sens, me fait la réflexion, suivante concernant Emmanuel, sa belle-famille et son hôtel : « c’est la cage à mouche ». Il sous-entend qu’Emmanuel est « parasité » par sa belle-famille, d’origine Betsileo (qui n’en « fout pas lourd ») et qu’elle profite du caractère très travailleur d’Emmanuel. De plus, ils les trouvent arrogants. Emmanuel reconnaît, lui-même, qu’il a « les deux pieds dans riz ».

 

Tout coûte cher ici, ce qui justifie d’après lui les prix de son hôtel, restaurant. Par exemple, il paye 500 € / mois d’électricité, auprès de la compagnie nationale malgache, la JIRAMA (l’équivalent d’EDF en France). C’est deux fois plus cher qu’Antananarivo.

Pour l’instant, son établissement s’adresse plutôt à une clientèle aisée.

 

Mais il a prévu, ultérieurement, des chambres pour les « touristes sacs à dos ».

 

Il me dit que la colline, sur laquelle il a implanté son hôtel, s’appelait, dans le passé, la colline aux oiseaux. Mais les malgaches ont coupés tous les arbres de la colline et depuis il n’y a plus d’oiseaux.

 

C’est pourquoi il replante des eucalyptus, des pins, des jacarandas, des raphias, des dattiers, des palissandres[160], sur le terrain de sa propriété (situé sur la colline). Il a même acheté un paulownia auprès de la SNGF (pour 1500 Ar).

 

Il me dit pouvoir faire des frites avec le fruit de l’arbre à pain.

 

Emmanuel souhaite que les routes, dans la région, restent des pistes peu carrossables, afin que, par exemple, les geysers restent inaccessibles, afin de conserver un « côté aventure » à la région (et qu’elle reste une zone où peu de gens vont). Personnellement, je pense, au contraire, plutôt au développement économique de la région que justement pourraient apporter la réalisation de bonnes routes goudronnées ici.

 

Après la pluie du soir, on entend dans la nuit la stridulation bruyante des grenouilles.

Le soir, je rédige un texte sur les pistes pour savoir les bois de rose malgache.

 

Dimanche 24 mars 2013 :

 

Ce matin, nous avons décidé de visiter la chute de la Lilly, ayant une hauteur de 23 m.

La piste nous y conduisant est assez mauvaise. Heureusement, elle est bordée par de milliers de cosmos multicolores, enchantant la campagne. Nous avons une très belle vue sur de nombreux volcans, dont le Kassigie (que je « mitraille », afin de vérifier si son cratère s’est égueulé ou non entre 2000 et 2012).

Le site de la chute de la Lilly est aussi payant. 

Nous sommes accompagnés, comme à l’habitude, par les vendeurs ambulants (ici une femme, qui se dit être institutrice, accompagnée de ses quatre enfants). Je leur achète des objets manufacturés sculptés dans de la lave bulleuse (tortues, porte-savons, grattoir sur le modèle des pierres-ponce …).

 

La chute gonflée par la crue de la Lilly, sous le puissant soleil matinal, est très belle.

J’apprends de la femme institutrice que le 19 mars 2011, un suisse de 30 ans (qui parlait bien anglais), Emmanuel Lucas, a voulu se lancer un défi [insensé] en voulant plonger du haut de la chute (sans kayak). Il s’est tué ou noyé. Les villageois ont mis trois jours à retrouver son corps.

Une centrale hydroélectrique, avec turbine Franklin, avait été construite à côté de la chute. On me dit qu’elle est en réparation. Mais je pense qu’elle n’est plus qu’un souvenir et sa coquille est ouverte et vide de sa roue à aubes, telle la demi-coquille, coupée en deux, d’un escargot.

 

En reprenant la piste en sens inverse, nous rencontrons François, le Camelbak sur le dos, sur son VTT Scott en dural, de grand prix. Il a déjà parcouru 40 Km, sous un soleil de plomb. Certainement une personne très sportive.

 

Je repense à Emmanuel. Je le trouve lui aussi bien seul, le seul Vazaha de la région ayant une certaine curiosité intellectuelle. Que des solitudes rencontrées durant mon voyage.

 

A un moment donné, un gamin nous court après, sur au moins 100 m. Francis m’explique qu’il veut recevoir de l’argent pour avoir rebouché un trou avec de la terre, avant notre passage. Ce genre de réclamation (fréquente à Madagascar) a le don de « m’agacer » car, en cette saison, ce genre de travail « bidon » est totalement inutile, la terre se transformant rapidement en boue et le trou « comblé » en fondrière.

 

Après cette visite, Francis et moi reprenons la route vers Antanarivo.

Francis s’arrête, au bord de la route, à un étal de pêcheur, pour y examiner ses poissons (tilapias, carpes[161]).

Certains sont très imposants. Finalement Francis n’achète pas, estimant qu’ils sont presqu’aussi chers qu’à Tana[162].

 

A tout hasard, touché par le geste commercial du gérant, nous repassons par la fromagerie de l’Itasy. Elle est ouverte, ce dimanche, je lui reprends quatre fromages.

J’apprends de Francis que le précédent gérant de la fromagerie, un Vazaha, avait tué un vacher, d’un coup de fusil dans la tête (par qu’il trouvait que son troupeau l’ennuyait). Il aurait été tout de suite expulsé du pays ou/et exfiltré par l’Ambassade de France ( ?). Depuis, un malgache aurait repris la fromagerie.

 

Sur la route, Francis m’affirme que tous les douaniers sont corrompus, en particulier les garde-côtes.

Selon lui, ces derniers rédigeraient des rapports affirmant ne rien voir, ni les chalutiers japonais pillant les ressources halieutiques malgaches, ni le trafic du bois de rose, ni le trafic de « camarons » (crevettes).

« Même dans 20, 30 ans, cela ne changera pas ».

Selon, lui tout le trafic du bois de rose passe majoritairement par le port de Vohemar (sur la côte est). « Tout le monde est au courant et c’est une honte ! Les garde-côtes reçoivent un coup de fil leur disant de ne pas parler [même s’il le risque que des personnes se fassent tuer]. Ils ont besoin d’argent. Avec l’argent tout est facile. C’est le problème d’avoir de grosses sommes et de mentalité. Il y a sept [navires] garde-côtes, aucun n’est en mer ».

Francis m’étonne toujours. Il mélange perspicacité et pensée magique. Ce qui lui a certainement manqué, ce sont des études poussées.

 

En chemin, je vois une pancarte, en bord de route, indiquant « ONG DEFI, plantation de tapia ».

Je décide d’aller visiter cette plantation. Dans un village, je rencontre un jeune qui se dit pépiniériste de la plantation. Mais quand je lui demande de m’y conduire, il me dit qu’elle n’est pas encore plantée et qu’actuellement les villageois ont mis la priorité sur la récolte de riz plutôt que sur la plantation des tapias. Je lui remis 1000 Ar pour ma contribution à la plantation, qu’il va tout de suite dépense à une échoppe située sur la RN.

A mon retour en France, je contacterais l’ONG DEFI qui ne confirmera qu’elle n’a pas de plantation de tapias dans cette région.

 

Arrivé à Antananarivo, je constaterais que les champs autour de la route de la digue sont encore inondés, par contre certaines maisons ne le sont plus. Selon Francis, lors de très grandes inondations, il est arrivé que cette digue soit elle-même submergée (ce qui avaient isolé et coupé la communication entre certains quartiers de la capitales).

 

A la télévision de l’hôtel Niaouly, que je retrouve, je découvre que la France grelotte, suite à une vague de froid et une tempête de neige, alors qu’ici il fait très chaud (plus de 30°C dans la journée).

Dans la rue, je découvre un enfant dormant, sous une couverture, seul, dans la nuit.

 

Sinon, il pleuvra toute la nuit.

 

Lundi 25 mars 2013 :

 

Je retrouve Mamy. Avec Francis nous nous rendons à la SNGF, où nous revisitons la pépinière.

Nous y découvrons des paulownias de 20 m de haut et de 8 ans d’âge, un Barringtonia (identifié par Mamy … mais lequel ?), des Colvillea racemosa[163], un Terminalia catappa, des roses ou étoiles de Noël ou Poinsettia (de la famille des Euphorbiaceae).

 

Je repasse par l’ONG Tany Meva. Mais Elodie n’est toujours pas là. Ce matin, elle était, cette fois-ci, absente, ce matin, parce qu’elle devait emmener son fils chez le pédiatre.

 

Je ne pourrais donc pas poser de nombreuses questions sur les projets, décrits dans ses plaquettes, que Tany Meva finance et parraine (questions auxquelles sa collègue, présente, a été  incapable de répondre) :

 

·         Quelle espèce d’algue est cultivée, à Madagascar, pour produire de l’éthanol et du biodiesel ?

·         Avec quelle espèce d’arbres stabilisent-ils les dunes ? (du Filao ?).

·         Qui vend ou distribue les pico-turbines 40 KWatts à Madagascar ? Où se les procurer ? A quel prix unitaire ?

·         Comment sont fabriquées les briquettes de « charbon vert » ? (de biomasse).

·         Comment sont fabriqués les serres et les pavés autobloquants, avec des bouteilles plastiques ?

·         Qu’est-ce que le « Fantana pipa » ? (de la forêt du peuple Mikea).

·         La fabrication d’éthanol à partir de canne à sucre est-elle vraiment rentable à Madagascar ?

 

Nous repassons à la maison Saint-Vincent où j’y laisse définitivement mes cannes de marche.

 

Puis,  ce midi, je suis invité à déjeuner par Marie-Nomena, au café de la gare,  un restaurant et un lieu plutôt branché. Elle me fait rencontrer son jeune gérant, qui est, en même temps, un activiste de l’association CETAMA[164] de défense des baleines. Il me confirme les affirmations de Francis sur les garde-côtes malgaches.

 

Marie-Nomena me dit s’approvisionner en semence auprès de la SEPCM (groupe Louis Dreyfus) à Antananarivo.

Elle est intéressée par les techniques améliorées de carbonisation [ou de charbonnage][165].

Elle a acquis ses compétences en gestion de plantations forestières, auprès de l'Association suisse EcoFormation[166].

 

Elle me dit s’intéresser au Mascarenhasia elastica K. Schum[167], un arbre à latex / caoutchouc, constituant une bonne alternative à l’hévéa.

 

Je lui suggère de tenter de cultiver des bois de rose, dans ses plantations, dissimulés dans des plantations de flamboyants (Delonix regia). J’essaye de la convaincre, de nouveau, d’apporter de la diversité dans ses plantations.

 

Le soir, à l’embarquement à l’aéroport, je retrouve Phil. Nous prenons une THB au restaurant de l’aéroport.

Il noircit, de nouveau, le tableau, sur les malgaches. Il m’affirme qu’ils n’ont souvent qu’un porte-monnaie à la place du cœur.  Qu’ils sont capables de tuer quelqu’un pour 70 Euros. Que la vie a peu de valeur pour eux.

Qu’ils n’hésitent pas à faire du trafic d’os (à leurs yeux, censés avoir des vertus magiques).

 

Il me dit que la revente, en France, du poivre sauvage [rare][168], lui paye ses  voyages à Madagascar. Il l’achète 150.000 Ar les 2 kg et le revend, en France, 50 euros les 200 grammes.

 

Il me dit être un insoumis, un objecteur de conscience, un pirate de bar, qu’il brûle la vie, par tous les bouts (il boit, il fume, il drague, il vit avec des malgaches).

 

Il me dit se partager actuellement avec deux filles (malgaches) et qu’il ne sait pas choisir entre les eux, étant donné qu’elles sont aussi adorables l’une que l’autre. Il me dit éprouver un déchirement pour ces deux femmes, il a peur de les voir pleurer.

Il me dit qu’il est vu par elle comme le « Prince charmant », « l’Oncle d’Amérique ». Et il me dit qu’il est plutôt  généreux avec elle et qu’avant chaque retour en France, il leur laisse toujours toutes ses affaires (de voyage).

Je lui dis, en plaisantant, qu’il n’a qu’être polygame [pour résoudre son conflit intérieur].

 

Il me confirme que son activité artistique, en France, les sculptures en béton, ne marche plus. Or il ne veut pas devenir un simple artisan. Il veut donc se « refaire » dans l’industrie pétrolière, où il a été soudeur, il y a une dizaine d’année.

 

Il me déclare que ma vie ne doit pas être drôle puisque je ne fume pas, que je ne bois pas et que je ne drague pas (des malgaches). J’aurais pu lui dire « mais je cause » mais je lui réponds « non, je ne m’ennuie pas, car j’écoute les gens, avec eux, j’apprends beaucoup. La botanique me passionne aussi ».

 

Je me dis intérieurement que Phil, cette force rebelle de la nature, est un bien drôle d’oiseau, un oiseau constamment sur la branche.

 

Pour le retour vers Paris, un A340-400, de la compagnie islandaise Air Atlanta Icelandic, affrété par AIR MADAGASCAR, nous transportera. Extérieurement, cet avion ressemble à un gros jouet très coûteux, esthétiquement pur, mais dissimulant, en son flanc, une immense complexité intérieure.

 

Les écrans LCD des sièges n’ont pas été reprogrammés et affichent encore le logo d’Air France.

 

Conclusion :

 

J’avoue que les malgaches me déroutent souvent. Si j’avais pu … j’aurais aimé suivre des études d’ethnologie pour mieux les comprendre. Mais si « je devais bien faire », je devrais déjà apprendre le malgache, ce que je ne fais pas.

En attendant, à chaque voyage, je reviens plus riche d’expérience (mais avec les poches toujours plus vides ( !)).

 

J’ai souvent insisté dans ce récit sur « l’honnêteté » des malgaches. Je devrais aborder aussi le problème de l’absence presque totale de conscience écologique de l’immense majorité des malgaches.

Je suppose que lorsque l’on est au stade de survie, … la solidarité, entre pauvre, est peut-être une valeur bien secondaire. Alors que, bien au contraire, l’on peut se transformer en bête féroce, luttant sauvagement pour sa survie, demeurant dans un « mode de fonctionnement égoïste » [passant son intérêt bien compris, bien avant celui des autres], totalement indifférent au sort des autres et à toute forme de responsabilité personnelle envers autrui[169].

Donc comment sensibiliser les personnes à être moins « intéressé » et à être plus solidaire avec autrui ?

Personnellement, je pense qu’il faut donner des emplois normalement rémunéré et remettre les gens au chômage ou désœuvrés  au travail. Je pense qu’à Madagascar, l’agriculture disposant de techniques modernes peut être une bonne voie. Mais pour cela, il faut leur apporter l’éducation. D’où des projets d’écoles comme a) SONGHAI, b) l’école des agronomes aux pieds nus (les « barefoot colleges », en Inde[170]), ou encore c) les fermes écoles ou fermes pédagogiques, comme celle de YaPluKa-ADEFA à Manonpana.

 

Mais même en cherchant toutes les solutions au plus bas coût, pour des personnes très pauvres, je ne veux pas m’illusionner. Je sais que tout cela a, malgré tout, un coût. Il faudrait de l’argent pour en monter une.

Mais le but est que l’investissement financier initial soit juste le « starter » pour lancer le projet et que le projet, par de mécanismes d’autofinancement, devienne autonome (ne dépendant plus ensuite de l’aide occidentale).

 

J’ai pu comparer deux ONG, ADEFA et ALAMANGA.

Pour ADEFA, les rentrées de fonds  sont les cotisations de membres réunionnais (combien sont-ils ? Je suppose qu’ils ne sont pas très nombreux), les revenus touristiques sur place, dont l’apport financier des volontaires sur place. Tous ces revenus ne doivent pas constituer des mannes énormes (c’est mon intuition).

 

A contrario, les activités d’autres ONG _ comme celles d’ALAMANGA _ se financent, majoritairement, grâce aux soutiens financiers « d’ONG financières » _ telles que TREE-NATION, TANY MEVA … _ ou ceux de Fondation spécialisées dans la levée de fonds ou/et la fructification de capitaux (par portefeuilles d’actions …)[171].

 

Grâce à ces capitaux conséquents, ALAMANGA a été ainsi en mesure de financer une équipe d’une quinzaine d’ouvriers (agricoles), payés 15.000 Ar / jours, sur de longues périodes, ce que ne pourrait pas faire ADEFA.

Tout cela peut expliquer l’efficacité de l’avancement des travaux sur la plantation d’ALAMANGA.

Ce second type d’ONG, à l’image d’ALAMANGA, a souvent aussi, à sa tête, une personne assez compétente professionnellement, que cela soit par sa formation poussée, dans le domaine comptable, financier, organisationnel (dans le domaine du management) et par son sens de la négociation (c’est le cas de Marie-Nomena).

 

Donc, je constate que l’argent et le professionnaliste sont, quand même, des facteurs clés pour augmenter l’efficacité des ONG dans la réalisation de leurs projets environnementaux.

 

Par la suite, j’appris que l’ONG malgache du Père P., à laquelle j’avais proposé un projet de salle informatique, brassait des millions d’Euros et qu’il suffisait que son dirigeant spirituel apparaisse quelque part pour les millions pleuvent. Donc, comparativement, mon petit projet à 3000 euros et 20 notebooks[172], pouvait peut-être faire sourire.

 

Accessoirement, plus je découvre la richesse de la flore malgache, plus je regrette de n’être pas né dans une famille de botanistes. 

 

Epilogue :

 

Après mon retour en France, je rencontrerais plusieurs acteurs humanitaires agissant, au sein d’ONG, pour le développement de Madagascar.

 

Par exemple, je visiterais, le 5 mai, un village d’une dizaine associations agissant à Madagascar, installés dans le zoo de Mulhouse. Et j’y rencontrerais Patrick Behra, le frère d’Olivier Behra, le responsable de l’ONG L’homme & l’environnement, à qui je ferais part des doléances de Charlotte.

Si je ne suis autant focalisé sur cette dernière histoire, c’est parce que j’ai toujours promu le modèle de développement de l’ONG «L’homme & l’environnement », malgré la possible fragilité de ses sources de financement et parce que je suis persuadé que la démarche d’Olivier (son ancien président), de Patrick (le frère d’Olivier) et de Sévérine (la nouvelle présidente) est honnête et sincère. Et je voudrais bien que leur ONG réussisse sur le long terme.

 

Plus tard, j’apprendrais que (mais ce sont des infos à vérifier) :

 

a)      Certains responsables d’ONG, les auraient fondés, surtout pour se payer des vacances permanentes.

b)      Il y aurait souvent des « discussions de marchand de tapis », entre, d’une part, les ONG destinées à financer les autres ONG, et, d’autre part, celles bénéficiaires de ces aides. Par exemple, on se disputerait sur la subvention allouée à chaque arbre planté etc. Par ailleurs aussi, prétextant le fait qu’on est période de crise, ces premières ne seraient pas toujours obligées de respecter leurs promesses contractuelles envers les secondes.

 

En avril, je reverrais de nouveau, avec plaisir, Marie-Nomena, … et cette fois-ci, dans un restaurant malgache, à Paris.

 

PS. Je souhaiterais sauver certaines espèces en grands dangers (comme les Dalbergia et Diospyros …) et voudrait que les graines (ou boutures) des espèces menacées soient multipliées, dans le monde, et surtout dans des centres sûrs, pour leur compétences, leur sérieux, leur intégrité, comme le Muséum d’Histoire naturel de Paris ou le Kew Garden à Londres. Mais à cause des lois sur la bio-piraterie[173] et comme je n’ai pas les autorisations, je ne peux donc rapporter, à ces centres, les graines des espèces à multiplier. Donc, je voudrais bien avoir ces autorisations pour le faire.

 

4.    Annexe 1 : galères subies ou vécues par l’ONG ADEFA

 

Voici les « galères » vécues exposées dans les bulletins d’ADEFA :

 

·         Piétinement et dégâts causés sur les plants (dans les plantations), par les poules, les chiens, les zébus et les « chenapans ».

·         Un membre fondateur d’EZAKA surpris en train de couper 180 plants de la parcelle expérimentale de reboisement.

·         Problèmes fonciers à Madagascar, à la fois incontournables et insolubles, pour l’instant[174].

·         « Les taratasy » … toutes les paperasses, utiles ou non, que demande l’obtention des autorisations _ aspect négatif et décourageant de la lourdeur administrative malgache, l’ennemi de toute réalisation à Madagascar.

·         Conditions climatiques locales imprévisibles (crues) et cyclones[175] (Gafilo …).

·         Dureté des roches sous-jacentes,  gneiss, granite, basalte, demandant un outillage sérieux, masse et barre à mine.

·         En raison de la configuration irrégulière des parcelles, de la forte pente, du manque de compétences des personnes, du manque de matériel de mesure, incapacité à évaluer les superficies reboisées (et donc de faire des évaluations des surfaces).

·         Le manque de circulation des informations entre villageois[176].

·         Difficultés pour les agriculteurs traditionnels à imaginer autre chose que la culture du riz.

·         Faiblesses de rendements locaux liées aux pratiques culturales locales [riz pluvial …][177].

·         Retard dans le versement des subventions [ce qui retarde d’autant l’avancement des projets][178].

 

Sources :

MIHAMANANA, Bulletin spécial d’information d'ADEFA, juin 2004 (diffusion interne à ADEFA).

MIHAMANANA, Bulletin spécial d’information d'ADEFA, septembre 2003 (diffusion interne à ADEFA).

 

5.    Annexe 2 : courrier envoyé à Chantal exposant les raisons de mon différent

 

De Benjamin LISAN                                                                                                      Manonpana, le samedi 9 mars

 

Chantal,

 

Je suis venu à Madagascar, non pour faire du « tourisme humanitaire », mais pour trouver l’ONG où tous ses membres seraient solidaires, s’entendraient bien, se sentiraient bien,  pour laquelle je n’hésiterais pas à retrousser mes manches et à « mouiller ma chemise ». Mais aussi pour une ONG où règne une certaine transparence. Avec l’idée que dès que j’aurais trouvé cette ONG, j’y travaillerais et y retournerais chaque année.

 

Problème de l’accueil :

 

Quand je suis arrivé ici [à Manonpana], je pensais m’intégrer à une équipe ADEFA (ou à tout équipe locale agissant pour la protection de la forêt d'Ambodiriana de ou pour l’environnement local). Or personne n’est venu m’accueillir, ni William, ni Augustin, ni Mahafaly …

 

Problème de transparence pour les bénévoles :

 

Lorsque vous et moi nous sommes quitté à Tamatave, je croyais que tout mon séjour était pris en charge par ADEFA, sauf pour ce qui concerne les repas journalier[179].

 

Or le voyage de Grégoire m’a coûté 10.000 + 15.000 + 10.000 + 44.500 Ar (79.500 Ar ~=  28 euros), pour 2 jours. Or ce n’est pas le montant de ce coût (peu élevé pour un français) qui pose problème, c’est plutôt une question de principe (sur ce qui devait être payé ou non par moi et qui n’a pas été clairement exposé, par vous, à Tamatave).

Par ailleurs, j’ai aussi constaté que les guides, au lieu de percevoir comme un bénévole qui vient les aider, m’ont perçu, d’abord et avant tout, comme un touriste payant. Et de ce fait, ils ont cherché à me faire payer le maximum de prestations : 40.000 Ar (pour le circuit) + 10.000 Ar (pour le droit d’entrée) + 80.000 Ar (de filanzane) + 35.000 Ar (de pirogue, obligatoire, selon eux, pour voir des Dalbergia en fleur) (soit au total : 165000 Ar ~= 59 euros).

Ce qui m’a gêné ce soir-là est qu’il était totalement impossible de discuter de la réduction du coût de la prestation avec eux (par exemple, selon eux, tout, y compris la pirogue, était absolument obligatoire).

Comme le filanzane pouvait poser un problème logistique, j’ai alors proposé que mon ami guide, Mamy _ qui seraient mes yeux et mes oreilles dans la forêt d'Ambodiriana _, me remplace, dans l’exploration de cette forêt et pour l’identification des espèces (car  Mamy a de vraies compétences botaniques). Or même pour lui, les guides de la forêt d'Ambodiriana ne voulaient pas réduire les prix de leur prestation. Par exemple, ils lui imposaient un guide plus un pisteur (alors qu’il est pourtant guide diplômé).  Mais surtout, il y avait ce soir-là, une atmosphère, parmi les guides, assez détestable.  Heureusement, Charlotte est venue à ma rescousse, et elle enfin réussi à faire comprendre aux guides présents, que Mamy, guide diplômé, n’avait pas besoin que d’un pisteur et pas besoin d’être accompagné par autre guide.

Or juste après cette discussion, vous m’avez reproché au téléphone ma « radinerie » ou mon « avarice ».

Cette admonestation m’a un peu choqué, parce que vous ne connaissez pas … En fait, bien au contraire, je suis toujours prêt à dépenser beaucoup d’argent sur place, quand je considère qu’un projet ou des personnes le méritent. Mais à cause de la mauvaise ambiance que j’avais ressentie au niveau des guides, ce soir-là, je n’avais pas envie à ce moment-là de les financer[180].  De plus, vous n’étiez pas là sur place, ce soit là, pour comprendre l’ambiance délétère qui régnait ce soir-là. De plus, votre coup de fil donnait l’impression que votre association ADEFA avait localement de gros problèmes financiers et que ma présence était justement là pour combler un trou ou un déficit.

 

Pour finir mon courrier, je rajouterais, qu’en général, plus une ONG est transparente, plus les bénévoles, en son sein, seront alors solidaires entre eux.

Sincèrement,

 

 

Benjamin

 

6.    Annexe : Le village de MANONPANA

 

Le village de MANONPANA est situé sur la côte est, en bord de mer, à 200 kilomètres au nord de Tamatave et à 500 kilomètres de Antananarivo, la capitale.

La commune s'étend sur 20 kilomètres. La population est d'environ 10 000 habitants, jeune en majorité, avec un taux de natalité élevé. Les gens vivent principalement de la pêche, de l'agriculture et du travail du bois.

Ils cultivent principalement le riz qui est la base alimentaire de tous les repas. Les autres cultures sont la canne à sucre, le manioc et la patate douce. Ils vivent également de cueillettes saisonnières (noix de coco, mangues, café, lychees, fruits de la passion.…)

Le girofle et la vanille sont des sources de revenus.

Ils élèvent des volailles (poulets, canards, oies et dindons) et également des zébus (emblème de Madagascar), mais le zébu reste un signe de richesse. Sa viande est comparable à celle du bœuf, elle est présente à toutes les fêtes ancestrales.

Les gens ont le culte des ancêtres. Cependant la religion reste le Christopheisme, depuis les premières colonisations. Madagascar est un pays indépendant depuis 1960.

 

Il y a quatre établissements scolaires :

 

·         Une école maternelle privée de 35 élèves de 4 à 6 ans.

·         Une école primaire publique de 750 élèves de 6 ans à 15 ans.

·         L’école primaire, de l’Association « la Marmaille à la case », de 70 élèves de 5 à 10 ans.

·         Un collège d'enseignement général de 800 élèves de 12 ans à 20 ans.

 

L'école est obligatoire à partir de 6 ans.

La langue parlée, à l'école devrait être le français, mais reste difficile à appliquer par le corps enseignant par le manque de nécessité en zone rurale. La langue officielle est le malgache.

 

En dehors de l'école, les enfants font certaines tâches ménagères, ils aident leurs parents :

- Aller chercher du bois, de l'eau,-Aider à la moisson du riz.

Mais ils trouvent le temps de jouer !!

 

Il n'y a pas d'électricité, les gens s'éclairent à la lampe à pétrole, et la cuisine est faite au feu de bois ou au charbon.

Il y a aussi un hôpital, mais les médicaments restent chers, les gens croient beaucoup en la médecine traditionnelle qui est à base de plantes.

Le paludisme est la première cause de mortalité à Madagascar.

Les gens habitent dans des maisons sur pilotis en bois et palmier, construites par eux-mêmes, ce sont des maisons rudimentaires car chaque année ils ne sont pas à l'abri d'un cyclone.

La température varie entre 20 et 40 degrés. Il y a deux saisons, la saison cyclonique (très chaude et pluvieuse) et la saison d'hiver.

 

Source : http://marmaillealacase.free.fr/La_marmaille/Manonpana.html

&http://bayonne-et-autour.over-blog.com/categorie-11076658.html


 

 

7.    Annexe : Calendrier Cultural de la région d’Analanjirofo

Calendrier cultural de la région d'Analanjirofo :                                         

21

Culture maraîchère:

ESPECES

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Aubergine

S

 

 

P

 

 

R

 

 

Carotte

 

 

S1

S2

S3

S4

R

 

 

 

 

Choux cabus

 

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S4

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R

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Choux de chine

 

 

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Concombre

 

 

 

 

 

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R4

Courge / Potiron

R

 

 

 

 

 

S1

S2

 

S3

 

 

 

R

Courgette

 

 

 

 

 

S1

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S3

 

R0

R1

 

R2

 

Haricot

 

 

 

 

 

 

S1

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S3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

R1

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R3

 

Melon

 

 

 

 

 

S1

S2

S3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pastèque

 

 

 

 

 

S1

S2                                   S3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oignon

 

 

 

S1

S2

 

 

 

 

 

R1

R2

 

Poivron

 

 

 

S1

S2

 

P1

P2

 

 

 

R

Tomate

 

 

 

 

 

P

 

 

 

 

R

Kiwano

R2

R3

 

 

 

 

S1

S2

 

S3

 

 

 

R1

gombo

 

 

 

 

 

S1

S2

S3

 

R1

R2

 

R3

 

Margose

P

 

 

R

 

 

Amarante

S

 

 

R

 

 

Ail

 

 

 

 

S1

S2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

R

 

 

 

Culture semi-vérenne:

ESPECES

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Manioc

 

 

P

 

 

 

 

 

P

 

 

 

 

 

R

 

 

R

 

 

Sonje ou Taro

R

 

 

 

 

S                                                                                                                                                                                                                                                              R

 

Papayer

 

S

 

 

R

 

Ananas

P

 

 

 

P

 

R

 

 

 

R

 

Bananier

P

 

 

 

P

 

 

R

 

Igname

 

P

 

 

R

 

Canne à sucre

P

P

 

 

 

 

 

P

R

 

 

 

 

 

R

 

Patate douce

 

P

 

 

R

 

 

Culture rizicole:

Riz

S1

S2

 

S3

 

 

R1

 

 

R2

 

S

Semis

P

Plantation

R

Récolte

 

Source de l’illustration, page précédente : Création d’une ferme pédagogique au service du développement agro-écologique du village de Manonpana, ADEFA, 2011,  http://issuu.com/yapluka/docs/dossier_projet_yapluka

Ce diagramme indique les légumes pouvant être cultivées par la ferme pédagogique.

 

8.    Annexe : Charte de bonne conduite à  l'attention des visiteurs de la forêt d'Ambodiriana

 

Chaque visiteur s'engage à avoir un comportement respectueux de l'environnement.

Tout prélèvement de végétaux ou de parties de végétaux (échantillons, fruits, graines, boutures etc.) et toute capture ou ramassage d'animaux sont strictement interdits.

 

Pour ne pas perturber les animaux et respecter les aménagements, les groupes de visiteurs sont limités à 10 personnes au maximum et l'introduction même temporaire d'animaux domestiques est interdite.

Pour leur sécurité les visiteurs ne peuvent circuler à l'intérieur de la réserve qu'à pied, sui- les sentiers balisés et accompagnés d'un guide ADEFA et d'un pisteur.

 

Les randonneurs doivent être équipés pour leur confort de chaussures de marche, d'un vêtement de pluie et d'eau potable.

Les pique-niques sont autorisés uniquement sur les aires prévues à cet usage. Aucun feu n'est toléré.

 

Aucun déchet même biodégradable (coquille d'œuf, peau de banane etc. ...) ne devra être abandonné sur place. Vous pouvez les rapporter au gardien du camp qui les compostera.

 

Il est fortement conseillé d'utiliser les sanitaires du camp de base sous la responsabilité des guides ou du gardien. (Les équipements sont fragiles, respectez les consignes affichées) Fumeurs, si vous ne pouvez pas vous abstenir de fumer, vous devez remporter vos mégots et vos allumettes usagées.

 

Les visiteurs désirant faire un séjour dépassant la journée doivent prévenir le guide la veille de leur arrivée.

Les scientifiques désirant effectuer une mission doivent en faire à l'avance la demande motivée auprès du siège social de I'ADEFA.

 

Tout visiteur doit s'acquitter du droit d'entrée dans la réserve auprès des guides ou du gardien qui lui délivrera un reçu (Cette somme est reversée à la municipalité pour réaliser un projet environnemental)

 

ADEFA : 3 rue des Cocotiers. Lotissement Pointe des Châteaux 97436 SAINT-LEU Tel/fax : 02.62.34.75.48 Email : adefa.mada@orange.fr, site : www.adefa-madagascar.org


 

9.    Présentation du projet d’ALAMANGA :

 

II.   I.  La commune d’Ambalavao

 

La densité de population est de 53 habitants au km², et le secteur primaire représente 93,99% de l’activité de la région. Les habitants sont principalement des Betsileo, réputés pour leur travail agricole, principalement constitué de cultures vivrières (prédominance de la riziculture, manioc, haricot, maïs, pomme de terre, patate douce) et de quelques cultures de rente peu valorisées (arachide, tabac, thé, vigne, café) ne représentant qu’1% des superficies cultivées.

Le ratio de pauvreté calculé en 2005 est de 73% pour le milieu rural de la région Haute Matsiatra.

Le terrain se situe à la lisière d’une aire protégée de 5 841,38 hectares appelée l’Andringitra. Le taux d’endémisme de la flore y est de 83%, comprenant notamment 20 espèces endémiques régionales. Au sein du district, le taux de déforestation est d’environ 1% par an.

Il existe d’ores et déjà trois sites d’écotourisme : le parc national de l’Andringitra, le parc villageois Anja, et le rocher d’Ifandana.

 

 

COMPOSANTES ET ACTIVITES DU PLAN D’ACTION ENVIRONNEMENTAL REGIONAL SUR LESQUELS ALAMANGA INTERVIENDRA :

 

 

Gestion durable des ressources en eaux :

 

ü  Lutter contre les feux de forêts et vulgariser les techniques de gestion des feux,

ü  Considérer le reboisement comme la conservation, et prioriser les essences à usages multiples et à croissance rapide,

ü  Collaborer avec les responsables communaux et la population locale sur la lutte contre les feux de forêt,

ü  Faire participer les exploitants forestiers aux entretiens du peuplement,

ü  Restaurer les sols à vocation forestière dénudés avec des espèces à croissance rapide,

 

 

Gestion durable des sources d’énergie :

 

ü  Reboisement pour bois d’énergie.

 

 

Agriculture durable :

 

ü  Développer des alternatives aux pressions dans les zones adjacentes aux aires protégées et zones forestières ;

ü  Améliorer la gestion des aires anciennement défrichées ;

ü  Procéder à l’aménagement intégré des vallées forestières, incluant l’agroforesterie et l’utilisation des espèces fixatrices à usage multiple comme le bambou et le vétiver ;

ü  Rationaliser l’exploitation forestière ;

ü  Renforcer la gestion post récolte des produits ;

ü  Soutenir la production à grande échelle de plantes aromatiques et médicinales ;

ü  Intensifier la production de fourrage ;

 

 

Préservation et valorisation de la biodiversité :

 

ü  Valoriser les filières de la biodiversité et des produits forestiers ;

ü  Maintenir les puits et réservoirs de gaz à effet de serre : constituer de nouveaux puits à carbone par le reboisement d’espèces appropriées ;

ü  Promouvoir un paquet touristique (écotourisme) propre pour la Région ;

 

Internalisation de la dimension environnementale dans le processus de développement :

 

ü  Intégrer la dimension environnementale à la planification du développement et de l’aménagement de l’espace

ü  Promouvoir la participation de la population dans la gestion de l’environnement ;

 

III.  II- Présentation de la société Alamanga

 

 

IV.                        Origine

 

Le projet Alamanga est issu de deux constats : la raréfaction préoccupante des ressources forestières (i) et la question de la pérennité des actions entreprises (ii).

 

(i)                  Actuellement, les estimations évaluent la disparition de la forêt malgache à 200 000 voire 300 000 hectares par an. Or les autorités n’ont pas les moyens financiers pour reboiser au moins tout autant.

 

(ii)                La plupart des reforestations entreprises à Madagascar répondent à un schéma associatif ou non gouvernemental. Leur efficacité n’est pas contestable, mais ces actions reproduisent une logique d’aide, et non pas d’impulsion. Le principal risque est la non-conservation des surfaces reboisées, une fois les fonds interrompus, ou l’association partie.

 

Alamanga repose sur un modèle d’entreprise sociale, dont les objectifs sont à la fois le développement forestier et économique de son espace, mais aussi la volonté de créer de la valeur ajoutée. De cette manière, le projet vise à entreprendre une reforestation véritablement pérenne, dont l’exploitation future répondra à des critères stricts de gestion forestière durable.

Le dessein final du projet est de pouvoir être duplicable par d’autres entrepreneurs, de réconcilier secteur privé et protection de l’environnement, afin que de nouveaux opérateurs apparaissent et participent à l’effort de conservation du patrimoine malgache.

 

Alamanga a été créée en Mars 2010, par Marie-Nomena ALLIMANT, une métisse franco malgache diplômée d’une grande école française, qui s’est installée sur la terre de ses ancêtres, avec pour challenge de participer au développement et à la protection de l’environnement de son pays.

Elle est soutenue dans sa démarche par Murielle Packie RAVAONIRINA, sa mère, et par Jean ALLIMANT, son père. Ils sont déjà tous deux impliqués dans des projets agricoles à Madagascar, et sont persuadés que le secteur est celui à privilégier pour sortir le pays de sa pauvreté, tout en misant sur sa biodiversité et ses potentiels.

 

Alamanga a représenté Madagascar lors de la finale d’un concours organisé en France par l’African Business Club, au cours duquel le projet a été fortement encouragé, pour son innovation et sa qualité.

 


 

 

 

V.    Pourquoi Ambalavao ?

 

Comme stipulé plus haut, Ambalavao est une commune qui a été extrêmement touchée par la déforestation. Les villageois se plaignent de la raréfaction du bois et du chemin de plus en plus long à parcourir pour s’en procurer. De ce point de vue, Ambalavao nous apparaît comme l’endroit propice pour mettre en place un programme de reboisement pérenne.

Nous avons pu apprécier la formidable implication des élus et des hauts représentants de l’Etat Malgache dans la lutte contre la déforestation et pour l’amélioration des débouchés socio-économiques de leurs administrés. Nos objectifs étant les mêmes, un tel dynamisme nous laisse entrevoir une étroite coopération entre les autorités et Alamanga.

De plus, nos ancêtres sont originaires d’Ambalavao, comme en témoigne la présence de notre caveau familial, et la présence de nombreux membres de notre famille sur place. Nous sommes donc particulièrement attachés à cette terre, et souhaitons entreprendre afin de la mettre en valeur.

Mr Jean ALLIMANT et Mme Murielle Packie RAVAONIRINA se sont beaucoup investi sur un autre projet, un vignoble dont la qualité se veut supérieure, afin de produire un vin qui devienne une fierté nationale. Sur ce vin, nous indiquerons en grands caractères son origine : Ambalavao Tsienparihy. La femme couchée est le symbole retenu, car ce paysage est caractéristique de la ville.

Pour toutes ces raisons, nous souhaitons entreprendre pour Ambalavao, et participer avec vous à révéler ses potentiels.

10.                     III- Objectifs

 

 

Diminuer la déforestation

 

 

Actuellement, les habitants de la commune d’Ambalavao utilisent le bois des forêts et des boisements alentours pour leur consommation personnelle. Ceci s’applique tout autant pour le bois de chauffe, que pour le charbon et pour le bois d’œuvre. En conséquence, les villageois sont contraints de couper des arbres de plus en plus loin, et les ressources forestières s’épuisent, ce qui risque de provoquer à terme une double crise : environnementale et sociale. En effet, le bois est une denrée primordiale, car il est utilisé dans la totalité des foyers, sous forme naturelle ou de charbon, afin de préparer les repas quotidien.

 

Si les ressources s’amenuisent de manière considérable, le prix des produits à base de bois risque de flamber, et le budget qui y sera alloué les privera d’autres denrées.

 

S’il n’y a plus de ressources forestières, comment feront-ils pour cuisiner ?

 

Au travers de la plantation d’arbres à croissance rapide, adaptés pour la  chauffe ou la production de charbon, Alamanga vise à produire du bois de chauffe et charbon, à faible coût, et de manière durable, de manière à diminuer la déforestation au sein de la commune d’Ankilizato.

Le bois est un besoin central pour les ménages, et nous savons qu’il faut leur offrir une alternative à leurs activités de coupe et de brûlis. La question n’est donc pas « comment empêcher les villageois de couper et de brûler », mais plutôt « comment faire pour qu’ils n’aient plus besoin de le faire ? ».

 

Aussi, la production concernera certaines branches, et non plus les troncs, et les habitants seront formés à cette méthode, afin de protéger l’environnement et de pérenniser cette ressource primordiale.

 

 

VI.                        Préserver la biodiversité

 

Dans le cadre de notre projet de reforestation, nous attachons une valeur toute particulière à la préservation de la biodiversité. A cette fin, nous planterons une surface non négligeable d’arbres natifs de la région, exploitables ou non, dans le but de les protéger au sein de notre surface d’intervention.

Nous déterminerons les arbres endémiques de la région Haute Matsiatra, ainsi que les espèces d’autres régions de l’Ile pouvant être adaptées, en partenariat avec la Direction Régionale des Eaux et Forêts, et le Silo Nationale des Graines Forestières.

 

VII.                     Dynamiser l’économie locale

 

Création d’emplois

La plantation s’étendra sur près de 100 hectares. Nous estimons que la création d’emplois directs, à la maturité du projet, s’élèvera à 35 postes, répartis  entre les activités suivantes :

ü  Pépinière (emplois exclusivement féminins)

ü  Préparation des sols et pistes

ü  Plantation

ü  Entretien de la plantation

ü  Récolte des plantes aromatiques et maraîchères

ü  Transformation des ces plantes

ü  Coupe

ü  Transformation du bois

ü  Gardiennage

ü  Personnel administratif

 

Si l’on considère qu’en moyenne chaque foyer est constitué de 5 personnes, ce sont 175 habitants qui bénéficieront directement des activités d’Alamanga.

 

Par ailleurs, nous souhaitons privilégier le travail des femmes, pour les travaux les moins physiques, et entreprendre une véritable politique de formation de nos employés, afin qu’un véritable transfert de compétences ait lieu.

 

Indirectement, c’est toute l’économie locale qui profitera de ce développement.

 

 

Les plantes aromatiques

Les huiles essentielles sont utilisées comme ingrédient dans la fabrication des parfums et des arômes utilisés dans la manufacture de produits alimentaires des boissons et des préparations pharmaceutiques,   ainsi que des produits pour l’hygiène personnelle et pour le nettoyage (produits cosmétiques et de soin, de toilette, détergents et produits d’entretien, des parfums et de déodorants d’ambiance, ainsi que de nettoyage ménager ou industriel). De nouveaux domaines d’utilisation des huiles essentielles incluent les médecines et les thérapies alternatives, tels que l’homéopathie, les massages, l’acupuncture et l’aromathérapie.

Nous souhaitons donc intégrer cette culture à notre plantation, de manière à créer de la valeur ajoutée dès la deuxième année. Ces plantes nécessitent plus de main d’œuvre que les arbres, et permettent de valoriser l’endémicité malgache.


Cultures maraîchères et de grains

Ces cultures destinées à l’alimentation seront destinées aux marchés locaux. Cela nous permettra de former nos employés à leur culture, et à leur permettre de planter par eux-mêmes sur leurs propres terrains. Ainsi, nous espérons encourager le micro entreprenariat local, et inspirer les habitants à créer ou à diversifier leur propre culture agricole ou forestière.


Transformation du bois

Les compétences des charpentiers et menuisés locaux seront mises en valeur, grâce à la production durable de bois, et à son exploitation, dès la cinquième année suivant la plantation.



Le développement touristique

 

L’écotourisme est un secteur en vogue. En effet, nombre d’occidentaux cherchent à voyager de cette manière, et ils sont de plus en plus nombreux.

 

Il est donc envisageable de créer, à moyen terme, un circuit comprenant les sites phares de la commune ainsi que la visite des parties de la plantation suivantes :

 

ü  Pépinière

ü  Arbres endémiques de Madagascar

ü  Plantes aromatiques

ü  Distillation d’huiles essentielles

ü  Atelier de transformation du bois


Ceci est d’autant plus réalisable que notre terrain se situe à l’entrée de l’Andringitra, et que Ambalavao doit mettre à profit sa situation sur la très touristique RN7.

 

Les infrastructures prévues

 

Dans le cadre de notre développement propre, nous creuserons des puits, prévus pour les villages alentours et pour l’arrosage (si nécessaire) de la plantation.

 

Nous prévoyons aussi le tracé de pistes au sein de notre site, dont le rôle sera double : protection contre le feu et meilleur accès.

 

Nous avons également prévu de construire une infrastructure communautaire, dans le village adjacent, selon les besoins définis par les responsables locaux.

 

 


 

Un modèle à dupliquer

 

Alamanga s’est lancé dans un pari audacieux : celui d’être la première entreprise sociale à entreprendre un projet de reforestation à Madagascar.

 

Avec la réussite de notre projet, et la contribution de tous pour que nous y arrivions, nous ouvrirons la voie à d’autres entreprises et entrepreneurs, afin que les projets de ce type se multiplient dans la région.

 

En choisissant la Haute Matsiatra, nous souhaitons encourager d’autres à nous y suivre, et démontrer que la région peut tirer parti de son potentiel. Ainsi, de nouveaux acteurs seront impliqués dans le développement et la prospérité de celle-ci.

 

 

 

VIII.                  Conserver les aires reboisées

 

Gestion durable

Dans le cadre de notre exploitation de bois, nous mettrons en place un système de gestion durable des ressources, soit par le biais d’un label reconnu internationalement, soit avec l’aide locale des organismes compétents.

Ainsi, aucun arbre ne sera coupé sans qu’un autre soit planté, et nous privilégierons, à chaque fois que ce sera possible, le prélèvement des branches plutôt qu’une coupe totale des arbres.

Sensibilisation

Un reboisement ne serait pas cohérent sans un volet « conservation ». Ainsi, nous sensibiliserons les villageois, sur l’énorme atout économique de la plantation. Nous leur montrerons que celle-ci constituera une source de revenus durable et non négligeable pour eux, ainsi que pour notre planète, et qu’il est indispensable de la protéger.

11.                     IV- Actions

 

 

Fomba Gasy

 

Si nous obtenons le consentement des autorités compétentes, nous nous attacherons dans un premier temps à organiser les cérémonies dans le respect de la tradition, en suivant les recommandations des responsables locaux.

 

Pépinière

 

Nous entamerons le projet par la création d’une pépinière, et ce dès le mois de septembre 2010.

 

Préparation des sols

 

Nous serons alors à même de préparer les sols pour la période de plantation.

 

Dès lors, nous pourrons commencer à construire les infrastructures nécessaires, à embaucher du personnel localement, de manière à mettre en place notre organisation.


 

 

 

IX.                        Plantation

 

Nous prévoyons de débuter les travaux de plantation du site à la fin de l’année 2010.

 

A titre indicatif, voici les espèces éligibles pour la mise en œuvre  (cette liste est susceptible de modifications) :

 

Espèces endémiques ou autochtones :

 

ü  Canarium Madagascariensis (Ramy)

ü  Dodonea Madagascariensis (Tsitoavina)

ü  Khaya Madagascariensis (Hazomena)

ü  Phylarthron Madagascariensis (Zahana, Antohiravina)

ü  Podocarpus Madagascariensis (Helatra Gasy)

ü  Protorhus Sericea (Ditimena)

ü  Uapaca Bojerii (Tapia)

 

Espèces d’embroussaillement ou de couverture rapide de sol

 

ü  Acacia Dealbata (Mimoza)

ü  Cassia Rotundifolia

ü  Grevillea Baksii (Grevillea Blanc)

ü  Vetiver

 

 

Espèces ornementales

 

ü  Araucaria Angustifolia

ü  Bauhinia Carietaga (Banaki Mena)

ü  Cotoneaster Franchettii (petite mandarine)

ü  Cryptomeria Japonica

ü  Cyprès Portugal

ü  Flamboyant

ü  Granta

ü  Dypsis Baronii (Farihazo)

ü  Dypsis Decaryii (Lafa, Palmier Tièdre)

ü  Dypsis Decpiens (Betefaka, Palmier bouteille)

ü  Jacaranda

ü  Terminalia Mantaly

 

 

Espèces de reboisement :

 

ü       Cassia Siamea

ü       Cassia Spectabilis

ü       Filao

ü       Ravintsara

ü       Eucalyptus Camaldulensis (Kininina)

ü       Eucalyptus Cinerea (Kinina Fotsy)

ü       Eucaluptus Citriodora (Kinina Oliva)

ü       Eucalyptus Cloeziana (Kinina)

ü       Eucalyptus Grandis (Kininina Lahy, Malama)

ü       Eucalyptus Robusta (Kininina Vavy, Matevin)

ü       Eugenia Jambolana (Rotra)

ü       Fraxinus Uhdeii (Frêne)

ü       Melia Azedarach (Voandelaka)

ü       Schinus Terebenthifolus (Baies Roses)

 

 

Espèces agroforestières

 

ü  Acacia Mangium

ü  Acacia Nitolica

ü  Cajanus Cajan (Amberivatry)

ü  Crotalaria Grahamiana (Aika, Crotalaire)

ü  Sesbania Macrantha (Kitsakitsana)

ü  Sesbania Sesban (Maivanaty)

ü  Tephrosia Candida

ü  Tephrosia Vogelli (Amberivatry Vazaha)

 

12.                     CONCLUSION

 

Nous espérons que cette présentation vous aura convaincu des bénéfices d’un tel projet pilote au sein de votre juridiction. Si tel était le cas, nous vous serions gré de bien vouloir nous adresser une lettre de soutien, qui nous permettrait d’asseoir notre légitimité, et de bénéficier de financements afin de lancer notre projet.


 

13.                     Méthode de gestion des pépinières et plantations de l’ONG ALAMANGA

 

CONSIGNES POUR LA MISE EN PLACE D'UNE PEPINIERE FORESTIERE

 

DEFINITION

La pépinière servira à la production de jeunes plants forestiers à partir de graines

 

AMENAGEMENT

Bien nettoyer le site, en enlevant les souches d'arbres, les herbes et les pierres.

Enlever la-terre des oignons pour la mettre en tas à part (elle servira à la préparation du substrat)

Terrasser le sol afin de faciliter le drainage.       

 

Plate bandes germoir

Former un rectangle dune largeur d'un mètre.

Cette plate bande sera d'une longueur de 4 mètre, afin de réaliser une surface de 4m2.

Y mettre une bande de sable de manière à surélever la plate bande, et entourer la plate bande de poteaux (utiliser 10 mètres de poteaux en bois). Les poteaux servent à retenir le substrat et les graines, afin de les éviter de tomber.

Sur le sable, ajouter entre 10 et 15 centimètres d'épaisseur de substrat (2/3 de terre des oignons tamisée + 1/3 de sable tamisé).

 

Plates bandes pour les sachets

Former 5 rectangles d'une largeur de 96 centimètres (12 pots) et d'une longueur de 35 m, parallèles aux rangées d'ananas.

Les cinq plates bandes sont espacées d'un mètre.

 

Le sol doit être parfaitement plat (à l'horizontal) et damé (dur), afin de pouvoir positionner les sachets correctement.

Entourer de poteaux, qui serviront à retenir les sachets et à les garder bien droit.

 

Les ombrières sont à installer. Leur hauteur est de 1 mètre maximum et la largeur de 1,20 mètre (de manière à dépasser de 10 cm de chaque côté de la plate bande.

Elles ne doivent pas priver les graines de toute la lumière, mais plutôt créer un filtre  pour éviter que les plants ne soient brûlés par le soleil.


 

EUCALYPTUS ROBUSTA

 

1) Semis

 

Se sème à la volée (fafikatrana) sur le germoir. Pour ce faire, il faut mélanger les 100 grammes de graines avec 200 grammes de sable tamisé.

 

Ce mélange sera à semer à la volée de manière uniforme sur un germoir de 41112.,

Une fois les graines semées, il faut tasser avec une planche, pour que la graine soit bien en contact avec le substrat.

 

Recouvrir le semis de paillage.

 

Mettre un petit panneau avec la date du semis et le nom de l'espèce : « Eucalyptus Robusta ».

 

Arrosage et entretien

 

Arrosage au pulvérisateur, environ 10 L par m2 tôt le matin (avant 9h). La terre du germoir doit toujours être humide. Pour vérifier l'humidité, il faut toucher la terre, en prendre un peu dans la main : les doigts doivent rester secs.

 

Lorsque les plants ont germés, il faut enlever le paillage et placer les ombrières.

 

Attendre trois semaines après le semis avant de désherber puis désherber une fois par semaine.

 

2) Repiquage (Fanetsana) — travail des femmes

 

Lorsque les plants ont 4 feuilles et qu'ils atteignent 3 à 4 cm de hauteur, les racines ne sont pas trop développées, les plants sont faciles à manipuler et la reprise est facile.

Le repiquage sert à ce que le plant se développe bien dans les pots, avec un nouveau substrat bien nutritif.

 

Le substrat est toujours composé de 2/3 de terre des oignons, et de 1/3 de sable. La terre et le sable doivent être tamisés. Les hommes préparent le substrat et le dépose sous abri.

Pour les 15 000 plants, il faudra 5,5 mètres cube de substrat.

 

Les femmes y remplissent les pots. Le remplissage se fait jusqu’à 1 cm du bord, et non pas à ras bord.

Cadence : 800 pots par ouvrière par jour, il faut donc prévoir 4 ouvrières pendant 5 jours, ou 5 ouvrières  pendant 4 jours.

 

Lorsque les pots sont prêts, on peut commencer à préparer le pralin dans des bassines : de l'eau, du zezika et de la terre (le mélange doit être comme une sauce).

 

Il faut bien arroser le germoir, afin qu'il soit très humide, et que les plants soit faciles à extraire sans que les racines ne se cassent.

 

Tremper les racines des plants dans le pralin, en attendant de les placer dans les pots (rapidement).

 

Avec une tige pointue, creuser le trou dans le pot qui accueillera le plant, selon la taille des racines.

Mettre les Plants dans les pots, et faire attention à ne pas plier les racines. Il faut ensuite tasser le pot sur les côtés, pour que les racines soient bien en contact avec le substrat.

Cadence 1 000 plants par ouvrière par jour, soit 8 ouvrières pendant 4 jours (4 à l'extraction des plants du germoir, 4 au repiquage)

 

Au fur et à mesure, placer les pots, 12 par longueur, sur 3 plates bandes, sous les ombrières (hommes).

 

Placer un écriteau pour indiquer l'espèce, la date de semis, et la quantité de graines semées.

 

3) Entretien des plants en pot

 

Arrosage quotidien au pulvérisateur, environ 10 L par m2 tôt le matin (avant 9h), et 10L le soir (après 17h).

 

Lorsque la tige devient assez dure, on peu enlever les ombrières un jour sur deux, mais il faut les remettre entre 11h et 14h, car le soleil est trop fort à ce moment de la journée.

 

Sarclage : Un mois après le repiquage, on enlève les mauvaises herbes des pots.

 

Binage : lorsque la terre forme une croûte, il faut la casser, car cette croûte empêche l'eau de pénétrer, et la terre n'est plus aérée.

 

Reclassement : on organise les plants par taille, pour éviter que les plants les plus vigoureux ne bloquent le développement des moins vigoureux.

 

Cernage : Lorsque les racines sortent du pot, il faut couper les racines qui dépassent.

 


 

ACACIA MANGIUM

 

1) Semis direct en pot (Fainafazana mivantana)

 

Pré-traitement : Plonger les graines dans l'eau bouillante, et laisser refroidir dans la même eau pendant 24 heures.

Il faut que les hommes préparent 1,5 mètres cube de substrat (2/3 terre des oignons tamisée, 1/3 de sable tamise), et l'emmènent SOUS l'abri.

 

Faire remplir 4 000 petits sachets de substrat par les femmes, à ras bord. Les sachets doivent être percés de plusieurs petits trous en dessous. Cadence de remplissage = 5 ouvrières pendant une journée

 

Placer 7 graines par pot. Les graines doivent être recouvertes de terre (épaisseur de la terre identique à l'épaisseur d'une graine).

 

On les place sur une plate bande (12 sachets en largeur) sous les ombrières, puis on les arrose (10 L d'eau pour 1 m2) Placer un écriteau pour indiquer l'espèce, la date des semis, et la quantité de graines semées.

 

2) Entretien

 

Arrosage quotidien au pulvérisateur, environ 10 L par m2 tôt le matin (avant 9h), et 10L le soir (après 17h).

 

Lorsqu'un pot présente 2 pieds (les deux graines ont germées), il faut repiquer le deuxième plant dans un autre pot (soit un pot où aucune graine n’a germé, soit un nouveau pot). Bien arroser, préparer le pot, et repiquer.

 

Lorsque la tige devient assez dure, on peu enlever les ombrières un jour sur deux, mais il faut les remettre entre 1 1h et 14h, car le soleil est trop fort à ce moment de la journée.

 

Sarclage : Un mois après le repiquage, on enlève les mauvaises herbes des pots.

 

Binage : lorsque la terre forme une croûte, il faut la casser, car cette croûte empêche l'eau de pénétrer, et la terre n'est plus aérée.

 

Reclassement : on organise les plants par taille, pour éviter que les plants les Plus vigoureux ne bloquent le développement des moins vigoureux.

 

Cernage: Lorsque les racines sortent du pot, il faut couper les racines qui dépassent.

 

Ananas  O O O O O O O O O O O O O O

 

GERMOIR

4 m

 

PLATE BANDE ACACIA 0,96m x 35m

 

 

 

Sable

 

PLATE BANDE GREVILLEA 0,96m x 35m

 

 

 

 

 

 

PLATE BANDE EUCALYPTUS 0,96m x 35m

 

 

 

 

ABRIS

 

PLATE BANDE EUCALYPTUS 0,96m x 35m

Terre

 

 

 

 

 

 

PLATE BANDE EUCALYPTUS 0,96m x 35m

 

EUCALYPTUS ROBUSTA

 


 

GREVILLEA BANKSII

 

1) Semis direct en pot (Famafazana mivantana)

 

Pré-traitement : Tremper dans l'eau froide pendant 48 heures.

Il faut que les hommes préparent 1,5 mètres cube de substrat (2/3 terre des oignons tamisée, 1/3 de sable tamisé), et l'emmènent sous l'abri.

 

Faire remplir 4 000 petits sachets de substrat par les femmes, à ras bord. Les sachets doivent être percés de plusieurs petits trous en dessous. Cadence de remplissage = 5 ouvrières pendant une journée

 

Placer 2 graines par pot, les grailles doivent être recouvertes de terre (épaisseur de la terre identique à l'épaisseur d'une graine).

 

On les place sur une plate bande (12 en largeur) sous les ombrières, puis on les arrose (10 L d'eau pour 1 m2). Placer un écriteau pour indiquer l'espèce, la date des semis, et la quantité de grailles semées.

 

2) Entretien

 

Arrosage quotidien au pulvérisateur, environ 10 L par m2 tôt le matin (avant 9h) , et 10L le soir (après 17h).

 

Lorsqu'un pot présente 2 pieds (les deux graines ont germées), il faut repiquer le deuxième plant dans un autre pot (soit un pot où aucune graine n'a germé. soit un nouveau pot).

 

Lorsque la tige devient assez dure, on peu enlever les ombrières un jour sur deux, niais il faut les remettre entre 11h et 14h, car le soleil est trop fort à ce moment de la journée.

 

Sarclage : Un mois après le repiquage, on enlève les mauvaises herbes des pots.

 

Binage : lorsque la terre forme une croûte, il faut la casser, car cette croûte empêche l'eau de pénétrer, et la terre n'est plus aérée.

 

Reclassement : on organise les plants par taille, pour éviter que les plants les plus vigoureux ne bloquent le développement des moins vigoureux.

 

Cernage : Lorsque les racines sortent du pot, il faut couper les racines qui dépassent.


 

CALENDRIER

 

TRAVAUX PREPARATOIRES (Solofo, Rachris, Riri)

 

Préparer un cahier, tenu par Riri dans lequel seront consignées tes activités et leur date, ainsi que l'inventaire des pertes (pour les espèces plantées directement en pots).

 

SEMAINE DU 1 ER NOVEMBRE

Enlever la terre des oignons, la tamiser et la mettre en tas Chercher du sable, le tamiser et le mettre en tas.

 

Préparer la plate bande de 1 m x 4m pour le germoir.

 

Faire le semis d'Eucalyptus Robusta (ne pas oublier le paillage).

 

SEMAINE DU 8 NOVEMBRE

Préparer les plates bandes de 35 mètres de long, ainsi que les ombrières d'Acacia et de Grevillea. Ne pas oublier d'arroser le germoir d'Eucalyptus Robusta.

 

MISE EN PEPINIERE

 

SEMAINE DU 15 NOVEMBRE

Mise en pot des graines d'Acacia et de Grevillea, et installation sur les plates bandes ombragées. Arrosage quotidien des plates bandes semées et du germoir.

 

ENTRETIEN

 

SEMAINE DU 22 NOVEMBRE

Arrosage quotidien.

Désherber le germoir si besoin le lundi.

 

SEMAINE DU 29 NOVEMBRE 

Arrosage quotidien.

Désherber le germoir si besoin le lundi.

 

SEMAINE DU 13 DECEMBRE 

Arrosage quotidien.

Désherber le germoir si besoin le lundi.

Enlever les mauvaises herbes de pots d'Acacia et de Grevillea, casser les croûtes de terre à la surface, organiser les plants par taille, et couper les racines qui dépassent du pot.

 

NOTA BENE : lorsque les Eucalyptus donnent 4 feuilles, prévoir 2 semaines de travaux pour leur repiquage. Ne pas oublier de préparer les ombrières avant.


 

RAPPEL DES TACHES LORS DE LA PLANTATION

 

Arroser la pépinière tous les matins

à Vérifier en arrivant si la terre est humide

 

Traitement anti termites des plants qui seront plantés dans la journée
Emmener d’abord les pieds les plus grands

à Vérifier dans les brouettes que le produit ait bien été mis
à Vérifier midi et soir en pépinière

 

Couper les racines qui dépassent

à Effectuer des contrôles réguliers

 

Plantation

à Vérifier profondeur, terre bien tassée et alignement

 

NPK

à Vérifier la dose, bien répartie autour mais pas sur le plant

 

Arrosage des plants qui viennent d’être plantés

 

Traitement anti insectes

à Superviser le dosage de produit dans les pulvérisateurs

 

Inventaire des pertes par parcelle et par ligne tous les lundis (résultats sur le tableau)

 

Remplir le tableau d’avancement des travaux tous les soirs, vérifier que le rythme soit le même, en prenant compte le nombre de pieds par ligne et de journalier.


 

TABLEAU D’INVENTAIRE DES PERTES DU ../../20..

 

EUCALYPTUS

 

ACACIA

 

GREVILEA

 

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1.    Annexe : Mails que j’ai envoyés à Bradley Johnson

 

De : LISAN Benjamin FREE [mailto:benjamin.lisan@free.fr]
Envoyé : mardi 26 mars 2013 12:39
À :
Bradley429@aol.com
Cc : LISAN, Benjamin (ext.)
Objet : Résoudre vos problèmes fonciers à Madagascar
Importance : Haute

 

Bonjour Bradley,

 

J’espère que vous vous souvenez de moi et de mon passage chez vous à Manonpana.

 

Comme je vous l’ai promis, voilà quelques contacts utiles sur le foncier à Madagascar :

- André Teyssier qui a longtemps travaillé sur la réforme foncière de Madagascar, connait tout le monde, et travaille maintenant à la Banque mondiale :

ateyssier@worldbank.org


- Rivo qui dirige l'Observatoire foncier de Mada qui réalise et capitalise pas mal d'études

 

AndrianirinaRatsialonanaRivo

Directeur de l'Observatoire du Foncier

Madagascar

Tel (+261)33 15 348 86

www.observatoire-foncier.mg


- Mamy Rakotondrainibe, une malgache qui travaille en banlieue parisienne mais reste en relation avec les associations paysannes de Mada :

mamyrakoton@gmail.com


- Perrine Burnod, une coopérante qui travaille à Tana sur les questions agricoles et forestières en relation avec l'Observatoire :

perrine.burnod@cirad.fr


- Voici aussi l’email et le téléphone en France (ainsi que son site Internet), de Monsieur Joseph Comby, qui avait rédigé un rapport d'évaluation de la Réforme foncière de Madagascar, publié en sept 2011. :

 

Tél. : +(33)6.1774.1942

joseph.comby@wanadoo.fr

www.comby-foncier.com

 

- L'association AGTER pourrait aussi vous intéresser, car elle travaille sur les questions foncières liées à la protection et la mise en valeur des ressources naturelles (à Madagascar) :

 

Adresse : AGTER, 45 bis, avenue de la Belle Gabrielle, 94736 NOGENT SUR MARNE CEDEX, FRANCE

Téléphone : +33(0)1 43 94 72 59 / +33(0)1 43 94 72 96

E-mail : agter@agter.org

Site : www.agter.asso.fr                                                                       

Responsable : Michel_Merlet<michel.merlet@agter.org>

 

En espèrant qu’avec tous ces contacts, vous arrivez à vous en sortir (et à sortir de la tête de l’eau), concernant vos problèmes fonciers à Manonpana.

 Amicalement,

 

Benjamin LISAN

16 rue de la Fontaine du But, 75018 PARIS, FRANCE

Tél.: +(33)1.42.62.49.65 / +(33)6.16.55.09.84

Site reforestation : http://www.projetsreforestation.co.nr 

Site développement durable : http://www.developpementdurable.co.nr

Site sur les bergers :  http://benjamin.lisan.free.fr/bergersdefrance/

 

PS. Monsieur Christophe Maldidier, un agro-socio-économiste, généraliste qui travaille depuis 25 ans sur les questions du développement rural et de l’environnement dans les pays du Sud et ONG Solidar'monde, et qui avait travaillé sur l’insécurité foncière à Madagascar, en 2000, … mais je crois qu’il est un peu hors jeu, maintenant :

 

c.maldidier@yahoo.fr

 

Note :  Son article, de 2000, s'intitulait "Les causes de l'insécurité foncière à Madagascar".

 

PS2. le site: http://www.observatoire-foncier.mg/ offre de nombreux documents récents et notamment sur tous les réformes foncières en cours, à Madagascar.

 

PS3. J’ai aussi une autre piste : M. Zo RAHETUAH, juriste de formation, droit privé / droit public :

Téléphone : 032.475.18.92

Email : zoniouza@yahoo.fr

(qui se dit, actuellement, directeur du patrimoine et des affaires juridiques au Ministère de la communication, mais je ne sais pas ce qu’il « vaut » ( !)).

From: LISAN Benjamin FREE [mailto:benjamin.lisan@free.fr]
Sent: Wednesday, March 27, 2013 9:55 AM
To: Pete DeMichele
Cc:
Bradley429@aol.com
Subject: RE: Résoudrevosproblèmesfonciers à Madagascar (to solve your land problems in Madagascar)
Importance: High

 

Hello Bradley,

 

I hope you remember me and my passage at your home, to/in Manonpana.

 

As I've promised, here are some useful contacts on “land problems”, in Madagascar:

 

- André Teyssier who has long worked on land reform in Madagascar, knows everybody, and now works at the World Bank:

 

ateyssier@worldbank.org

 

- Rivo who heads the Observatory of Madagascar land that produces and builds a lot of studies :

 

AndrianirinaRatsialonanaRivo

Director of Land Observatory

Madagascar

Tel (+261) 33 15 348 86

www.observatoire-foncier.mg

 

- MamyRakotondrainibe a Malagasy who works in the Paris suburbs but remains in contact with the peasant associations, in Madagascar :

 

mamyrakoton@gmail.com

 

 

- Perrine Burnod a Cooperating person working, in Antananarivo, on agricultural and forestry issues, in relation to the Observatory:

 

perrine.burnod@cirad.fr

 

- Here also email and phone in France (and its website) of Mr. Joseph Comby, who had written an evaluation report of the land reform in Madagascar, issued in September 2011. :

 

Tel. : + (33) 6.1774.1942

joseph.comby@wanadoo.fr

www.comby-foncier.com

 

- The association AGTER could also interest you, because it works on land issues related to the protection and enhancement of natural resources (Madagascar):

 

Address: AGTER, 45 bis, avenue de la Belle Gabrielle, 94736 Nogent SUR MARNE CEDEX, FRANCE

Phone: +33 (0) 1 43 94 72 59 / +33 (0) 1 43 94 72 96

E-mail: agter@agter.org

Site: www.agter.asso.fr

Responsible: Michel_Merlet<michel.merlet@agter.org>

 

Hoping with all these contacts, you get to get out (and out of the head of water) on your land problems issues in Manonpana.

 

Sincerely,

 

Benjamin Lisan

16 rue de la Fontaine'sPurpose, 75018 PARIS, FRANCE

Tel.: + (33) 1.42.62.49.65 / + (33) 6.16.55.09.84

Reforestation Site: http://www.projetsreforestation.co.nr

Sustainable development website: http://www.developpementdurable.co.nr

Site of the shepherds http://benjamin.lisan.free.fr/bergersdefrance/

 

PS. Mr. Christophe Maldidier, an agro-socio-economist, generalist who worked for 25 years on issues of rural development and the environment in developing countries and for NGOs Solidar'Monde, who had worked on tenure insecurity in Madagascar in 2000 ... but I think it is a bit out of the game now:

 

c.maldidier@yahoo.fr

 

Note: The article, in 2000, of Mr. Christophe Maldidier, was entitled "The causes of tenure insecurity in Madagascar."

 

PS2. site: http://www.observatoire-foncier.mg/ offers many recent documents and including all land reforms underway in Madagascar.

 

PS3. I also have another track: Mr. Zo RAHETUAH lawyer by training, private / public law:

Phone: 032.475.18.92 (to call him outside of Madagascar : +(261) 32.475.18.92).

Email: zoniouza@yahoo.fr

(That is, currently, Director of Heritage and Legal Affairs at the Ministry of communication, but I do not know what this man "worth" (!)).


 

Sur « l’éruption » du Gasige :

 

J’ai réalisé cette analyse des éventuelles preuves de l’éruption du volcan Kassigie (Madagascar) :

 

Analyse un possible égueulement ou non du volcan Kassigie (Gasige), signe ou non de sa possible éruption

 

Le volcan Kassigie est considéré comme le volcan le plus « majestueux  »[1] de la région des volcans du Lac Itasy (à Madagascar), à cause son cône presque parfait visible de loin.

Il culmine à 1662 m[2]. Ses coordonnées géographiques sont 19°04’ S - 46°39’ E[3].

 

J’ai trouvé une dizaine de photos, sur Internet, du Kassigie, dont trois peuvent être datées :

 

a)      Deux photos aériennes prises entre 2006 et 2009, durant le tournage du film HOME, de Yann Arthus-Bertrand, qui a duré 3 ans[4] (Photo n° 2 ci-dessous).

b)      Une photo aérienne prise par Katia et Maurice Krafft en 1973 (Photo n°1 ci-dessous).

 

Note : Sinon, sur celles-ci, on constate que tous ses flancs sont cultivés et soumis à une forte érosion (canyons ou sillons d’érosion, appelés Lavaka en Malgache, et, en volcanologie, Barrancos).

 

1. Sur cette photo aérienne prise en 1973, par Katia et Maurice Krafft, on a l’impression de voir 2 cratères emboités. (Source : Conservatoire régional de l'image Nancy-Lorraine. Avec leur aimable autorisation. Photo KV-02687, Madagascar, Région Moyen-Orient et Océan Indien, http://www.imagesdevolcans.fr/index.pgi).

2. Photo aérienne non datée, mais probablement de 2008.

Source : Volcans – Tsunami / Lexiques © DILAG-TOURS – Voyages à Madagascar Dernière mise à jour de ce document : 27.10.2008

http://www.dilag-tours.ch/madagaskar-lexikon/pdf/lexique_volcans.pdf

Notes : a) cette photo est une des photos de HOME, prise par Yann Arthus-Bertrand, prises entre 2006 et 2009.

b) on aurait l’impression de voir les mêmes 2 cratères emboités, sur cette photo, que sur la photo prise par les Krafft, en 1973 ( ?).

Or entre la photo de 1973 et 2008, on ne détecte aucune différence au niveau de l’égueulement du cratère.

 

En conclusion partielle sur la comparaison de ces photos : je ne vois aucune différence nette entre la photo de 1973 des Krafft et les photos aériennes plus récentes du Kassigie, prises par Yann Arthus-Bertrand, hormis le fait qu’il est nécessaire de prendre en compte de possibles problèmes de parallaxe et de points de vue, liés ou non à l’emploi d’un possible téléobjectif ou zoom.

Je rajoute encore :

 

Des habitants locaux disent avoir assisté à des feux rougeoyants, au sommet du Kassigie, la nuit.

Le gérant de l’hôtel « La Chaumière de l’Itasy », Monsieur Emmanuel EARTS,  récolté des témoignages dans ce sens.

Emmanuel EARTS m’affirme que le cratère du Kassigie s’est égueulé après son éruption.

 

La plaquette de deux géologues, suisse et malgache, le Docteur Guido Schreurs et le Professeur Michel Rakotondrazafy,  affirme qu’ils auraient trouvé « jusqu’à des bombes volcaniques d’une taille de 20 cm ». Mais ce document ne montre ni les photos de ces bombes, ni une quelconque étude permettant de dater ces bombes (par laa thermoluminescence ou autre).

La région du Lac Itasy (et Ampefy) n’est qu’à deux heures de route d’Antananarivo, et le volcan était parfaitement visible de la piste conduisant à la chute de la Lilly (dès qu’on s’éloigne d’Ampefy en direction de cette chute).

Or personne dans la communauté volcanologique internationale n’a parlé de cette  éruption récente et mineure du Kassigie[181]. Pourtant, celle-ci serait quand même une première à Madagascar, si elle était attestée ( !).

Il semble aussi que pas une personne ne se soit approché au plus près de l’éruption,  durant la période longue où elle aurait eu lieu (or selon les témoignages, elle aurait duré plusieurs mois).

Pourquoi aucun Professeur de Tana ne s’est-il pas rendu sur place avec un 4x4 pour aller prendre des photos de cette éruption ? Cela aurait été quand même la meilleure preuve.

 

Dans la région du Lac Itasy, il doit bien y avoir des appareils photos et il y a du y avoir de touristes équipés d’appareil. Pourquoi donc, il n’y a aucune photo de cette éruption ? (photo, par exemple, qu’on pourrait trouver sur Internet).

 

Ce document montre des photos de « Dépôts volcaniques de l'éruption de 2000/2001 au premier plan ainsi que le sommet du volcanKassigie en arrière-plan. Photos prises en Janvier 2011. ».

 

Or les photos de « Dépôts volcaniques », prises par ces volcanologues et présentés dans cette plaquette, pourraient être, en fait, de simples dépôts remaniés liées à un glissement de terrain, suite à l’érosion (Lavaka), liée à l’absence de couverture végétale sur le cône volcanique, suite à de fortes pluies en saison des pluies.

 

Les bombes volcaniques retrouvées (par ces ceux géologues)  pourraient, en fait, d’anciennes bombes volcaniques, remontées à la surface, à l’occasion de ce glissement de terrain.

 

Ce qui est vue comme deux dépôts ou coulées de cendre, sur les photos satellitaires présentées dans la plaquette, peuvent être tout aussi bien interprétées comme des coulées de matériaux suite à un glissement de terrain.

 

De plus nous savons que les paysans malgaches, majoritaires dans la région, ne sont pas des observateurs scientifiques fiables (ils sont encore dans la « pensée magique »). Comme les pentes du Kassigie sont cultivées et que les paysans malgaches doivent certainement y pratiquer le Tavy (la culture itinérante sur brûlis, qui accélère l’érosion), n’est-on pas sûr qu’ils n’aient pas, en fait, associé a) des activités sismiques bien réelles (qui seraient fréquentes dans la région _ activités sismiques même avec grondements souterrains, comme dans les tremblements de terre _) b) avec des feux de brousses (Tavy) observés la nuit au sommet des volcans ? Car on sait que les paysans malgaches pratiquent d’autant plus pratiquer le Tavy, la nuit, que celle-ci est officiellement interdite par le gouvernement malgache. (Il se peut que les paysans qui la pratique préfère faire croire que leur Tavy est lié au supposé réveil du volcan (?) et entretenir alors la « légende de l’éruption  du Kassigie »).

Par ailleurs des malgaches pourraient faire leur témoignage dans un certain sens, dans celui qui pourrait faire plaisir aux deux géologues venus sur place.

 

 

 

 

Pour permettre la validation de la preuve de l’éruption du Kassigie,  il aurait fallu, au minimum :

 

1)      Un sismogramme des trémors de l’éruption du Kassigie[182].

2)      Un prélèvement de gaz volcanique, sur les flancs ou le sommet du Kassigie.

3)      Une photo de la bouche volcanique, d’où seraient sortie les « flammes », c'est-à-dire les projections de cendre et de lapillis volcaniques (s’il y avait eu éruption, avec projection de cendre et de lapilli, il y aurait eu probablement une bouche volcanique ( !). Et même si toute végétation [couverture végétale] pousse vite dans la région, cela m’étonne qu’elle aurait pu effacer la présence d’un possible trou ou orifice volcanique, liée à l’éruption. Même aussi en supposant que ce trou, surtout s’il est sur le flanc, soit en partie érodée par l’érosion ultérieure).

 

Si cette éruption ait duré plusieurs mois ou même une semaine, pourquoi alors ? :

 

a)      il n’y a eu aucun journaliste local s’étant rendu sur place pour vérifier la véracité de la rumeur,

b)      qu’aucun maire local (en particulier celui du village situé au bord de la Chute de la Lilly _ le village le plus proche du Kassigie _ ou celui d’Ampefy) ne s’est pas inquiété pour ses administrés à propos de cette éruption …

c)       J’ai constaté que même durant la saison des pluies, il y avait des touristes aux chutes de la Lilly. Or de là, si le volcan avait été en éruption et qu’il grondait, on aurait facilement entendu ses grondements. Et s’il crachait des cendres, des lapillis ou des bombes, ces touristes auraient pu prendre au téléobjectif ce que le volcan crachait. Et si ce volcan avait craché, les guides touristiques spontanés, présents autour de la chute de la Lilly, nous en aurait parlé (même si l’évènement date de plus de 12 ans).

 

Et le seul article d’un journal malgache que j’ai trouvé sur cette éruption est un article de la Tribune de Madagascar, du 18/03/2011, citant uniquement les travaux de Messieurs Guido Schreurs et  Michel Rakotondrazafy, mais il ne mène justement aucune enquête sur le terrain[183].

 

Je veux juste rajouter que l’évènement du 31 janvier 2001, relaté par les géologues suisses, s’est passé durant la saison des pluies. Et donc il est possible qu’il y ait un glissement de terrain (avec coulée de boue), qui ait ensevelie les victimes dont vous parlez, à cause du fait a) que les flancs du Gasige étaient gorgées d’eau, b)  et à cause de la mise à nue, détruisant la couverture végétale [qui normalement retient la terre des flancs du volcans], à cause du Tavy (brûlis) pratiqué sur les terrains en pente, à la fin de la saison sèche (octobre).

 

Vers 1990, j’ai fait du parapente sur un très grand terril du côté de Charleroi en Belgique. Or sur les flancs de ces terrils, on voit parfois des effets de l’érosion sous la forme de coulées de boues de poudres de charbon et de déchets stériles[184].

 

Enfin, même si je ne connais pas suffisamment les malgaches, je me méfie, malgré tout, du témoignage de personnes qui ferait leur témoignage dans un certain sens, afin de vous faire plaisir.

 

 

Pour résumer, les faits suivants me font douter de la réalité de l’éruption du Gasige, en 2000/2001 :

 

a)    L’absence de tout journaliste malgache, se rendant sur place, pour vérifier la rumeur. Le seul article d’un journal malgache, La Tribune de Madagascar du 18/03/2011, ne fait que reprendre les arguments des géologues suisses et ne procède à aucune vérification ou enquête sur place (même du Lac Itasy, qui est à 2 h de route d’Antananarivo, on peut voir le Gasige).

b)    Le fait qu’aux chutes de la Lilly qui sont très proches du Gasige, il y a toujours des touristes sur place même en saison des pluies. Et donc ils auraient pu prendre des photos. En plus aux chutes de la Lilly, il y a toujours des guides locaux et/ou des vendeurs à la sauvette qui auraient pu en parler aux touristes[185].

c)     L’absence de différence de la configuration du cratère entre 2 photos aériennes, l’une prise en 1973 et l’autre prise entre 2006 et 2009.

 

J’aurais bien aimé voir une éruption d’un volcan malgache. Mais j’ai l’impression que, concernant cet évènement, l’on n’ait pas encore réussi à obtenir la preuve définitive d’un tel évènement. Cela aurait été pourtant passionnant.

De : Guido Schreurs [mailto:schreurs@geo.unibe.ch]
Envoyé : dimanche 26 mai 2013 22:37
À : LISAN Benjamin FREE
Cc : gerard.mottet; Michel Rakotondrazafy; LAVE; Dominique Decobecq; Jacques-Marie Bardintzeff; Jacques-Marie BARDINTZEFF2; AERTS; LISAN Benjamin SFR; Rakotondrazafy Amos Fety Michel
Objet : Kassigie - Madagascar

 

Bonjour à tous,

 

Merci bien de votre intérêt pour la région volcanique de l'Itasy à Madagascar. Après avoir entendu des rumeurs sur une activité volcanique récente (1998?) associés avec des tremblement de terre dans la région de l'Itasy, j'ai fait une visite rapide au Kassigie le 15 janvier 2011.  Je n'ai pas pu rester longtemps sur place, parce que je n'avais pas une 4x4 et je suis y allé à pied depuis la route goudronnée (aller-retour dans une journée - environ 30 km à pied). Au sommet on trouve une dépression importante occupé par des champs sans aucune évidence d'une activité volcanique récente, mais sur le flanc ouest il y avais des traces "fraiches", avec des cendres grises qui ont couvert une partie limitée de la latérite exposée sur le flanc ouest, ainsi que des bombes volcaniques et une petite dépression (1-2 m) que j'avais interprété comme une "volcanic vent", avec des bombes volcaniques autour. En retournant en Suisse j'ai acheté des images IKONOS et Landsat afin d'essayer de contraindre la date de l'activité volcanique présumée (donc on a pu contraindre la date de l'événement vers 2000 ou 2001). Notre premier interprétation était donc qu'il y avait une activité volcanique mineure sur le flanc ouest du Kassigie, qui avait provoqué en partie des instabilités sur la pente raide. En mars 2011 on a sorti une communiqué de presse (que vous avez vu également) sur cette activité volcanique présumée. 

 

Afin de mieux contraindre la date de l'activité volcanique présumé, on a fait une deuxième visite sur place du 21 au 23 mai 2011. Avec l'intermédiaire de Prof. Michel Rakotondrazafy on a parlé sur place avec des témoins dans le village de Mandanisakafo qui se trouve juste à coté du flanc ouest du Kassigie. On nous a dit que l'événement a eu lieu le 31 janvier 2001 entre environ 13.00 et 14.00. Voici, le résumé que Michel a fait en 2011:

 

"Le nom de cette colline est Gasige (qui se lit Gassigué) a précisé Mme Berthine  non pas Kassigie ou Kassigy. 2 Personnes ont péri sous les pyroclastes remobilisés et nouveaux. Rakotondravony Ernest (51 ans) au moment du fait c'est-à-dire le 31 janvier 2001 quand il avait vu le grand déplacement de pyroclastes qui allait s’abattre sur eux et que sa fille était en ce moment loin de lui au lieu de s’enfuir il retournait pour récupérer sa fille la petite Landy de 5ans (son dernier enfant).  Ils étaient tous deux ensevelis  jusque à moins 1m du bord de la pyroclaste et lave( ?). Les enfants (Honoré, Radimy, Juliette, Richard, JeanClaude et Lydia) et la femme (Berthine) de Rakotondravony Ernest racontent que les deux corps ressemblent à quelque choses de brulés. La coulée et les pyroclastes remobilisés étaient chauds. Un jeune de 18ans, Fidy qui habite Ambohimanga (rencontré le dimanche, 22 mai), raconte qu’il avait bien vu ce qui s’était passé car il était en train de garder les zébus sur la colline d’en face ; il raconte qu’il y a eu  un bruit comme un coup de fusil puis suivi par un grand grondement, il a raconté qu’il avait vu la terre qui descendait en bas  était rouge comme il y a eut du feu et avec   de la fumée qui se déplaçait vers la rivière. Le bruit de coup de feu a été confirmé par une personne Rageorges (comment of Guido : not Rageorges but Naivo Rakotoarisoa), que nous avons rencontrée  plus tard (dimanche, 22 mai) et qui habitait le village d’Ankazobe (un  peu plus au sud de Gasige). Il avait dit, qu’il était avec sa femme dans leur cour, au village quand ils ont entendu un coup ressemblant à celui d’un fusil mais plus fort encore suivi par un grondement assourdissant et ils se sont étonnés par ce bruit mais ils ont vu du coté de Gasige une grande fumée puis suivi par un appel villageois pour dire qu’il y a eut un accident ou une malheur ; il a dit qu’il a couru tout de suite vers le lieu qu’il a atteint à moins de 10mn ; avec  les gens qui étaient déjà là, ils ont dégagé deux corps d’un vieux d’une cinquantaine et d’une jeune fille de cinq ans à peu près ; il a précisé que les deux corps n’étaient pas ensevelis très profondément ;    il nous a même précisé que si l’homme avait le reflexe de sauter vers l’extérieur ou à coté  du trajet de la dite pyroclaste ( ?), ils auraient dû être sauvés  car les matériaux  s’étaient arrêtés tout juste quand les deux personnes étaient ensevelies; RaGeorges (comment of Guido : Naivo Rakotoarisoa) a précisé aussi que les matériaux qu’il traversait et ceux qui couvraient les deux corps étaient encore chauds quand il était sur place."

 

Le 22 et le 23 mai 2011 Michel Rakotondrazafy et moi même ont pu mieux inspecter les dépôts volcaniques présumées, et on est arrivé à la même conclusion que Benjamin Lisan, que l'événement ne représente pas forcement une activité volcanique, mais plutôt un glissement de terrain, qui a remanié des dépôts volcaniques.  Sur le flanc ouest, on trouve des couches de dépôts volcaniques incliné jusqu'à 30°, avec le même pendage que la foliation tectonique dans le socle cristallin qui est visible en dessous. Donc, le contact entre les couches volcaniques peu consolidées et le socle cristallin est parallèle et des tremblements de terre ou des fortes précipitations (l'événement a eu lieu en janvier 2001 pendant la saison des pluies) auraient pu provoquer des glissements de terrains.

En plus, les flanc du Kassigie sont couvert par des champs et ces activités agricultures sur ce flanc extrêmement raide pourrait également contribuer aux instabilités.

 

Est-ce que tous les témoignages - 10 ans après l'événement - sont fiables? On ne le sait pas. Tout façon il y a des contradictions; dans les témoignages (voir en haut) du 21 et 22 mai, on parle des roches chaudes et des corps chauds; Le 23 mai on a rencontré une autre personne près du Kassigie, qui nous a dit qu'il n'y avait pas des roches chaudes associées avec l'événement du 2001....

 

Et peut-être la fumée mentionnée pendant l'événement en 2001 était un nuage de poussières ? La couche mince de cendres grises qui couvre la latérite rouge sur une partie du flanc ouest du Kassigie pourrait également être interprété comme des cendres remaniés (poussière) et associé avec le glissement de terrain. Personne sur place nous a parlé des projections des cendres ou des lapillis volcaniques.

 

On ne peut pas totalement exclure qu'il y avait une petite activité volcanique (fissures), qui a provoqué le glissement de terrain, qui a ensuite couvert les fissures.....mais bon ce n'est pas très probable....Bref, notre deuxième visite sur place en mai 2011 n'a pas pu confirmer une activité volcanique au Kassigie en janvier 2001.

 

Le volcanisme en Madagascar centrale est quand même "jeune". On a soumis une article sur le volcanisme quaternaire entre Antsirabe et Betafo, ou on a pu dater des dépôts volcaniques à environ 10'000-12'000 ans et il est bien probable qu'il y a de l'activité volcanique plus jeune dans la région de l'Itasy....

 

Voici une photo du "corpus delicti", le flanc ouest du Kassigie (ou Kasigie, Gasige, Gasigy....)!

 

Meilleures salutations,

 

 

Guido Schreurs

 



[1] Que celles (TANJOMOHA etc.) que je n’ai pu visiter, par manque de temps, m’en excuse. Je me suis promis de les visiter en 2014 (si tout se passe bien).

[2] Je parle des ONG m’ayant invité sur place.

[3] Mais à cause de mon congé de 21 jours, accordé par mon employeur, ce congé s’est révélé trop court pour pouvoir participer à des actions soutenues sur place

[4] Contenant 17,2 Go de docs, 16 485 documents et 836 Dossiers (plus de 400 thèmes différents abordés). L'équivalent de 4 DVD-Rom. Plus de 2 ans de lecture (en version longue et complète, cette documentation dépasse les 18 Go).

[5] La fabrique de charbon de bois, principale source d’énergie pour la cuisine (la cuisson) et le chauffage des malgaches.

[6] La biodiversité de cette forêt est décrite dans cet article : Madagascar : la forêt un modèle unique mais menacé de la côte, Anne Chauvin, Anaïs Dewaële, David Ringler, Le Courrier de la Nature n° 246 - Mars-Avril 2009, pages 28-35, http://personnel.univ-reunion.fr/ppinet/ECOMAR/papers/M2BEST.pdf

[7]http://www.adefa-madagascar.org/

[8]L'ADEFA soutient le ProjetMAMIA (Manonpanamikajynyala) _ projet d'étude, de gestion et de conservation des forêts de Manonpana, créé en 2007.

[9] Auparavant, le 17 décembre 2012, des voleurs m’ont volé une partie de mon matériel d’expédition (dont celui prévu pour mon voyage à Madagascar), stocké dans un box (garage), situé dans un vaste parking souterrain. Comme je comptais me rendre en pleine brousse, éventuellement en autonomie totale, j’avais acheté le matériel adéquat, auparavant. Or une partie de ce matériel ayant été volé, j’ai donc dû aussi racheter ce matériel, avant mon départ.

[10] C’est d’ailleurs, en voulant faire le guet, vers minuit, devant mon box (pour éviter qu’on me vole le reste des affaires qui n’avaient pas été encore volées _ la porte de mon box, suite à l’effraction, fermant plus et laissant le libre accès aux affaires restantes dont du matériel d’expédition …) _, que j’ai été agressé.

[11] La conclusion du diagnostic IRM était le suivant : « Contusion sous chondrale de la tête du talus, d'aspect récent, avec persistance de phénomènes d'oedème intra-osseux. Aspect fragmenté de l'os naviculaire à son bord supérieur, devant faire évoquer une fracture semi-récente. Cet aspect mériterait d'être confirmé par tomodensitométrie. A signaler par ailleurs un aspect de synostose talo-naviculaire, mais peut-être également de synchondrose calcanéo-naviculaire. Aspect remanié, post-traumatique, du ligament talo-fibulaire antérieur, et du ligament cervical. »…

[12] Au cas où mon pieds serait encore fragile à mon arrivé à Madagascar.

[13] Une amie qui m’écrivait : « A l'impossible, nul n'est tenu. Laisser les autres venir, plutôt que l'inverse et reposez-vous bien. ».

[14] Voici ce que j’emportais : a) Une clé USB 128 Go contenant toute ma doc sur le développement durable (pour l’ONG TANJOMOHA), une hache ou cognée allemande (pour TANJOMOHA), une paire de cannes anglaises (pour TANJOMOHA), b) une attelle pour pied (pour TANJOMOHA), c) 4 livres d’élevage en malgache (pour TANJOMOHA), d) une tronçonneuse thermique (pour ADEFA), e) 25 CD-ROM sur les plantes médicinales malgaches (pour les ONG environnementales à Madagascar) _ CD dont m’avait fait cadeau son auteur, Mme Lucile Allorge, botaniste au CNRS et au Muséum, spécialiste des plantes malgaches, g) deux petits ordinateurs neufs pour Mamy. Je devais aussi emporter un livre sur les arbres fruitiers tropicaux (pour TANJOMOHA), mais je l’ai oublié avant mon départ.

[15] Cette association a réussi à l’acheminer par ses propres moyens à Madagascar.

[16] En fait, un avion de la compagnie portugaise, Euro Atlantic Airways, avec un équipage portugais, qui parle à peine français _ équipage d’ailleurs très sympathique _ et un commandant de bord brésilien (un seul Stewart est malgache).

[17] Donc aussi des thésards.

[18] Site Internet : http://tanymeva.org.mg/

[19] J’avais acheté une grande cognée allemande. Puis, j’avais demandé, auparavant, à la police de l’air et des frontières de Roissy, si cela ne poserait pas un problème de transporter une grande hache dans son sac à dos. Ils m’ont répondu que cela ne poserait pas de problème, si mon sac voyage dans la soute de l’avion.

[20] Situé dans le quartier de Soavimbahoaka d’Antananarivo, près du magasin Gamo, très connu.

[21] De la famille des passiflores, comme les fruits de la passion. Leurs fruits sont délicieux.

[22] Les ordinateurs portables souffrant fortement dans les climats chauds et humides, il en a déjà perdu plusieurs, y compris les données qu’ils contenaient.

[23] Un anticoagulant injectable pour traiter les thromboses veineuses (phlébite...), voire traiter les grands blessés …

[24]D’habitude, j’emprunte toujours des taxi-brousses, quand je voyage à Madagascar. Car en général, je préfère voyager pauvrement à Madagascar, afin de consacrer la majeure partie de l’argent de mes voyages à Madagascar, à des projets de développement locaux. Donc, prendre des vols intérieurs ne correspond pas à ma philosophie du voyage.

[25]Grégoireest son prénom.

[26]The healing power of forests, Akira Miyawaki, Kosei Publishing Co, 2007.

[27] Prononcer « Mafale ». Il a été formé en production maraichère par le FOFIFA (Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural).

[28] Il y a quelques années, Chantal s’était fracturée son pied et a eu les ligaments de sa cheville rompus, à cause d’une marche en bois de l’escalier de sa case, à Manonpana, qui avait été retirée pour réparation, par le personnel de l’équipe malgache d’ADEFA, sans qu’elle ait été prévenue auparavant. Elle n’avait pas reposé son pied et en a souffert durant 2 ans. Elle souhaite donc que j’évite de reproduire sa mésaventure, en ménageant mieux mon pieds qu’elle ne l’avait fait elle-même.

[29] Au moment où je l’ai rencontré, il s’occupait d’un projet de recyclage de déchets pour une grande agglomération malgache.

[30] Je précise que Mamy, pour me remercier de certains cadeaux que je lui ai fait, a refusé que je le rémunère durant son accompagnement durant mon voyage sur la côte Est, à la rencontre d’ADEFA à Manonpana (sa prestation sera gratuite).

[31] La seule ville où il avait un distributeur de billet, sur notre trajet vers Manonpana, était Fénérive-Est, mais notre taxi-brousse ne s’y arrêtera pas.

[32] Je comprends, finalement, que je dois prendre en charge les frais de convoyage (de taxi-brousse) de Grégoire ( ?).

[33] Les ordinateurs souffrent, en général, du climat chaud et humide la côte Est.

[34] D’autant que Grégoire et Mamy devront voyager, pendant toute la durée du voyage, sur des caisses, dans la partie découverte,  le plateau arrière, du 4x4.

[35] Un BTSA de gestion forestière au lycée forestier de MEYMAC (Corrèze).

[36] Le site de la plantation de vétiver, de Yannick, est situé à Bemasoandro, à 15 km de Moramanga, www.vetiver-madagascar.com

[37] Il est vrai qu’à Madagascar, beaucoup de Malgaches tentent de faire payer des prestations fictives, ou abusives aux Vazahas, c’est-à-dire aux blancs, qu’ils voient comme des « vaches à lait » perpétuelles. Par exemple, ils font souvent semblant de reboucher les nids de poules de la piste que vous êtes en train d’emprunter, afin de vous poursuivre ensuite, le plus souvent d’une façon agressive, afin de vous réclamer une indemnité pour leur travail de rebouchage. En fait, à la prochaine pluie, la terre utilisée pour boucher le trou se transformera en une boue meuble qui rendra la piste encore plus impraticable.

[38] Ce genre de remplissage des nids de poule avec de la terre n’a pas plus d’effet que de « pisser dans un violon », car au prochain orage, ces derniers seront remplis de boues.

[39] J’ai beau savoir que je suis a Madagascar, que ces formes de mendicités agressives et/ou ces prestations forcées et non désirées y sont monnaies courantes,  elles ont toujours, le don, à la longue, de m’énerver. Ce n’est pas ainsi que le pays va se développer.

[40]L’association YAPLUKA a construit une ferme pédagogique dans l’enceinte de l’école afin de sensibiliser et former la population à la culture maraîchère. Elle a fait en sorte de végétaliser le terrain et de planter avec les enfants.

Site : http://www.fermeecole-Manonpana.com&http://yapluka.aiderenligne.fr/Creation-D-une-Ferme-Pedagogique-a-Manonpana.html (le dossier : http://issuu.com/yapluka/docs/dossier_projet_yapluka).

[41]Certaines espèces d’amarantes sont cultivées comme plantes potagères, pour leurs feuilles comestibles à la manière des épinards et pour leurs graines, et parfois comme plantes ornementales pour leur floraison en épis spectaculaires colorés.

[42] L'huile de ricin a été très utilisée avant la Seconde Guerre mondiale comme lubrifiant pour les moteurs à explosion jusque dans les années 80. En pharmacie, cette huile a longtemps été utilisée pour ses effets laxatifs mais c'est un purgatif violent et son emploi est formellement déconseillé pour cette indication (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Huile_de_ricin).

[43]Très utilisée en permaculture, la consoude est utile pour tous les jardiniers car elle est capable de récupérer gratuitement les précieux nutriments du sol telle une pompe fonctionnant à l'énergie solaire. Avec ses profondes racines, la consoude ramène du sous-sol de nombreux oligo-éléments et minéraux. C'est pour cette raison qu'on plante souvent des consoudes autour des arbres fruitiers. En effet, les deux plantes ne se font pas concurrences puisque leurs racines sont situées à différents niveaux de profondeur. C'est surtout pour la potasse que l'effet-consoude est le plus efficace (ce qui en fait un excellent engrais pour pomme de terre et tomate). La consoude est très utile en traitement d’appoint par cataplasme pour faciliter la cicatrisation de plaies ou de fractures (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Consoude).

[44] Source originelle de l’illustration : Création d’une ferme pédagogique au service du développement agro-écologique du village de Manonpana, ADEFA, 2011,  http://issuu.com/yapluka/docs/dossier_projet_yapluka

[45] Il existe une version électronique gratuite de ce manuel, téléchargeable sur Internet (attention ! il fait 26 Mo) : L’agroécologie en pratiques, AGRISUD, 2010, 118 pages, www.agrisud.org/eGuide/files/agrisudguide2010_ebook.pdf

[46]Séverine BERTHET-BLANCHAIS, directrice de "L'HOMME ET L'ENVIRONNEMENT MADAGASCAR".

[47]Commune d’Ambinaninony, district Brickville.

[48] Je lui ai, d’ailleurs, promis de lui envoyer ce récit.

[49] Les guide écotouristiques (liés à ADEFA), à Manompa, sont : 1) Augustin KALOLOHA, Animateur, Eco-guide, 2) Grégoire MIANDRA, Guide, 3) Naja RAKOTOAVAO, Guide stagiaire, 4) GABY, Pisteur, 5) JEAN-NOËL, Pisteur.

[50]Certains signes laissent, d’ailleurs, penser qu’elle a un haut niveau de vie : elle possède une maison avec une piscine sur les hauts de Saint-Leu, elle effectue régulièrement plusieurs vols en avion, pour se rendre à Madagascar, chaque année … Elle peut donc, peut-être, ne pas comprendre que d’autres personnes n’ait pas son train de vie.

[51] Et c’était justement le cas, puisque j’avais apporté, en cadeau, une tronçonneuse thermique, des livres pour aider à la reforestation et mes DVD-Rom sur le développement durable.

[52] Charlotte m’avait proposé de me prêter de l’argent, en échange d’un chèque. Mais je n’avais pas de chéquier français sur moi.

[53] Revente du même titre de propriété à deux acheteurs différents, le second acheteur étant celui qui est escroqué.

[54] Les Français nés à Madagascar, parlant Malgache, sont appelés ici des « zanatanes » ou « zanatany ».

[55]Source : vigne maronne, http://fr.wikipedia.org/wiki/Vigne_marronne

[56]Cf. mon document "Protection des cultures et lutte contre les parasites & ravageurs (lutte biologique, mécanique ...)", http://benjamin.lisan.free.fr/developpementdurable/ProtectCulturesContreParasites.ppt

[57] Source : http://www.lexpressmada.com/sava-madagascar/34050-essai-d-algoculture-a-antalaha.html

[58] La culture des algues comme ressources alimentaires ou comme complément de revenus pourrait être une voie d’avenir pour Madagascar. Ajoutons que la société IBIS Algoculture _ spécialisée dans la culture d'algues à Madagascar dans une optique de développement économique et social durable et respectueux de l'environnement _, cultive, elle, des algues autour de l'ile Nosy Ankao (Nord-est de Madagascar). Son site : http://www.ibis-algoculture-madagascar.com

[59] Tél. : (00)261 (0)32.412.78.78. Site : http://www.ivoyage.fr/auboutdumonde/activites.htm

[60] Site : http://www.ivoyage.fr/auboutdumonde/assos.htm

[61] J’ai vu l’hôtel sur la route, avant l’entrée à Manonpana, et il semblait fermé.

[62] Que personnellement, je ne trouve pas excellents. Je ne suis pas fan non plus des kakis, le fruit du plaqueminier, au vague goût de melon. Je préfère nettement : les litchis, les corossols, les pommes-cannelle, les amours en cage ou alkékenge ou physalis (appelés « poc-poc » à Madagascar), les grenadelles, les goyaves … bien plus goûteux et sucrés.

[63] Il arrive aussi que le SMS ne parte pas, mais que votre opérateur téléphonique le débite quand même de votre compte. Cela fait parti des surprises malgaches.

[64] Association « La marmaille à la case » : à Madagascar : Manonpana, Tel.: (261)33.738.02.94. En France : Impasse de la Garenne, 29910 TREGUNC, Tél. : 02 98 97 69 34, Courriel : marmaillemada@aol.com, Site : http://marmaillealacase.free.fr

[65] Site : http://mamamission.org, Emails : Bradley429@aol.com&themamamission@yahoo.com

Vidéo YouTube MAMA Mission School, introducing Bradley Johnson : www.youtube.com/watch?v=XVaB_I811CE

autre vidéo : http://imcelebrity.com/video/312377/mama-mission-school-introducing-Bradley-johnson-v/

Voici ce qui est écrit sur cette mission « MAMA MISSION School est une école ESL (“English as a second language”, « l'anglais comme seconde langue»), bien établie, créée par Bradley Johnson pour enseigner l'anglais comme deuxième langue aux enfants ruraux malgaches. Bradley Johnson et MAMA Missions a, contrairement à beaucoup d'autres organisations à but non lucratif de bienfaisance, a réussi à établir des sources de financement locales dans le pays par des investissements agricoles pour soutenir Maui Madagascar Missions. Ils sont à la recherche de financement en Amérique et demandant également des professeurs américains et des enseignants volontaires, des étudiants pour amener le miracle de l'enseignement de l'anglais comme seconde langue pour les élèves de Madagascar. »

[66]Bradley est, à l’origine, pépiniériste et  horticulteur. Il possède une pépinière d’environ 7 ha (~ 19 acres), à 1200 m d’altitude, à Kula (à Hawaï), « ProteaGardens of Maui ». En fait, il possède 17 ha, dont seulement 4 ha utilisés.

[67] Je suppose qu’il parle de ses bailleurs de fonds aux USA.

[68] Vazaha : le Français, le blanc. Le terme sous-entend être riche, faire partie du pays qui a colonisé Madagascar, plus généralement, faire partie des blancs. Source : http://augustin-mada2011.blogspot.fr/2012/05/etre-vazaha-chapitre-1.html

[69] Le texte original en Anglais: « I am trying very hard to get that title before I visit the states in June.  It is an extraordinary challenge to put this idea together and it will require a different perspective and a great deal of adaption to succeed. But I am getting darn close. MMM employs 10 people daily which total over 14000000 Ar, per year. I also teach in local school. I already gave away all my assets in Madagascar to MMM, a Malagasy benevole ONG, and thus getting rid of me does not automatically give them the right to steal and destroy everything. But then, who am I to fly in defiance of the local pastime of stealing and destroying everything any Vazaha has created. We will see how long I last. Aloha ».

[70]Barringtonia asiatica, petit arbre côtier, aux fruits en forme de bonnets d’évêque. Les fruits contiennent un poison utilisé (notamment autrefois) pour la pêche. Il appelé en anglais "poison tree". Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Barringtonia_asiatica

[71] Les malgaches se volent aussi des légumes et du riz entre eux. On peut en être choqué, mais n’oublions pas qu’en 1778, Antoine Parmentier avait fait « garder », par des gardes armés, des champs de pommes de terre (le jour mais pas la nuit), afin que les parisiens les volent et se les approprient (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Parmentier). N’oublions pas non plus que l’évolution pour faire passer un peuple de vikings barbares jusqu’aux scandinaves actuels a pris plusieurs siècles.

[72] Suite à cette expérience, j’avais imaginé un bassin d’eau tiède, annulaire, rempli de sable ou mieux de kaolin (ou de diatomite), pour la rééducation des pieds ou bien suggérer, à un membre de ma famille qui est kiné, un couloir de marche dans de l’eau à mi-cuisse, pour la rééducation de ses patients. Mais cette idée a déjà été imaginée avec les couloirs de marche à contre-courant d’eau, proposés dans les stations thermales. Et par ailleurs, il existe aussi des couloirs de marche dans l’eau et des tapis roulants immergés dans l’eau, proposés aussi pour l’exercice des chiens et des chevaux pures-sangs.

 

Couloir de marche immergée, tel que je l’ai imaginé →

Les patients longeraient, en tournant autour de la rambarde centrale, tout en la tenant avec une de ses mains.

Les marches feraient 50 cm de haut.

Le bassin serait totalement rempli d’eau. Ainsi, le patient pourrait marcher soit dans 50 cm d’eau, soit dans 1 mètre d’eau.

 

 

 

 

 

 

© Benjamin LISAN

 

[73] D’où l’importance qu’il y aurait eu pour Bradley d’apprendre le Malgache.

[74]Avec la complicité du maire actuel dans cette escroquerie.

[75] Souvent, je me dis qu’il faudrait donner des cours d’instruction civique et d’apprentissage de l’honnêteté, dans les écoles et à la télévision malgache, car je constate impuissant que la majorité des malgaches ne « brillent », malheureusement, pas par leur honnêteté.

[76]TRAFIC - Des bois de rose saisis à Antalaha, Judicaëlle Saraléa, L’express de Madagascar - Mardi 19 février 2013, http://www.lexpressmada.com/trafic-madagascar/41054-des-bois-de-rose-saisis-a-antalaha.html

[77]Taux de croissance réelle du Produit Intérieur Brut (PIB) aux Philippines: 3,7% (2011 est.) 7,6% (2010 est.) 1,1% (2009 est.). Source : http://www.indexmundi.com/fr/philippines/produit_interieur_brut_(pib)_taux_de_croissance_reelle.html

[78] Selon un zanatane, il y aurait 1 malgache sur 1000 qui aurait une voiture.

[79] Karatany : document officialisant le bornage provisoire effectué par les guichets fonciers.

[80] Quand je pense qu’il y a, depuis 10 ans, le Salon de l'Immobilier marocain, à Paris (se déroulant, cette année 2013, du 17 au 20 mai) et le et le SITAP, le Salon de l'immobilier tunisien à Paris (cette année, du 17 au 20 Mai). Un moyen d’avoir une clientèle captive d’estivants ou de retraités, dépensant leur argent au Maroc ou en Tunisie. A quand le salon de l'Immobilier malgache ? Un ami malgache me dit qu’il y a la possibilité d’avoir une propriété à Madagascar, en bail emphytéotique à 99 ans. Mais ce bail revient à une location de longue durée. Et toute personne préfère être totalement propriétaire d’un bien, que d’en être un propriétaire temporaire. Et de plus, le plus souvent, il veut aussi la transmettre à ses enfants.

[81]Ourite en créole mauricien et zourit ou zourite en créole réunionnais.

[82] Une des solutions pour rendre le bambou moins sensible aux termites est de le tremper, longtemps, dans l’eau de mer.

[83] Dans mon esprit, j’espère récupérer un ordinateur portable (notebook) pour Mafahaly, et arriver à le lui faire parvenir, ainsi que ma documentation électronique, pour lui, jusqu’à Manonpana.

[84] But : promouvoir les arts et les échanges culturels et humanitaires ; créer un carrefour d’inter-culturalité et intergénérationnel, de rencontre, d’expression entre la France et Madagascar. Email : avenement_sud@hotmail.fr, site : http://www.net1901.org/association/AVENEMENT-SUD,163026.html

[85] Madagascar: Nadine Ramaroson - « Assassinat et non accident », d'après Alain Ramaroson, PAR DOMINIQUE R., Midi Madagaskara, 23 NOVEMBRE 2011, http://fr.allafrica.com/stories/201111240424.html

Madagascar : Premières révélations sur l’assassinat de Nadine Ramaroson, Dimanche 30 septembre 2012, l'Actu de Madagascar, http://alainrajaonarivony.over-blog.com/article-madagascar-premieres-revelations-sur-l-assassinat-de-nadine-ramaroson-110723183.html

[86] Maloto: sale : prononce "maloutt" et non "malouk". En terme malgache un vazaha (étranger) porteur de sac à dos, un randonneur souvent crotté et dont le budget est faible, est appelé « vazaha sac à dos » ou « vazaha maloto » en gros celui à qui on ne pourra soutirer matériellement et financièrement pas grand-chose, donc plutôt un étranger qu’on méprise (Source Christophe).

[87]Wen-ki me confirme que ce remboursement n’a rien à voir avec ADEFA et qu’ADEFA n’a pas payé une partie de mon séjour.

[88] Selon L’ouvrage Flore de Madagascar et des Comores, publiée sous les auspices du gouvernement général de Madagascar et sous la direction de H. Humbert & Jean-François Leroy, éditions Muséum national d'histoire naturelle, 1962. La base Madagascar catalogue répertorie 41 espèces de Tambourissas. Source : http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=12&taxon_id=132260

[89] Chez lui, c’est très sale, …  souvent comme, d’ailleurs, chez la plupart des Malgaches.

[90] Note : Il faut vérifier que la vanille, vendue, n'a pas été vidée de ses graines car bien souvent les vendeurs l'enlèvent pour en faire de l'extrait et vendent la partie supérieure aux touristes.

[91] Mamy est parti, dans la nuit du samedi, afin d’arriver à Antananarivo, le dimanche soir (ce qu’il parviendra à faire). Car il devait être à son travail, le lundi matin.

[92] Alocasia macrorrhiza 

[93] Comment expliquer une telle erreur ? Absence de réflexion ? Ou effet de la corruption ? En tout, cela peut expliquer comment le réseau routier malgache, qui était en bon état à l’indépendance, n’a pas arrêté de se dégrader au fil du temps.

[94] En Inde, une centaine de cantonniers (en général, venant du Bihar, un des États les plus pauvres du nord de l'Inde), ont pour charge de reboucher, avec  du bitume, toutes les routes stratégiques (dans l’Himalaya …), auxquelles ces équipes sont rattachées … Ces rapiéçages réguliers contribuent à rendre ces routes bosselées. Mais au moins les camions indiens peuvent rouler à 40 ou 60 km, ce qui n’est pas le cas sur les pistes malgaches. L’inconvénient majeur du système indien est que les ouvriers s’occupant du goudron respirent des vapeurs de bitume, et on peut se demander quel peut être le taux de cancer des poumons de ces ouvriers.

[95] Ses propriétés sont : anticatarrhale, mucolytique, anti-virale, emménagogue, cicatrisante. Ses indications sont : la bronchite chronique, l'asthme, les règles difficiles, l'aphtose, l'insuffisance hépato-biliaire, les ulcère variqueux et en usage externe, en dilution dans une huile végétale, pour réaliser un massage. Source : http://www.aroma-zone.com/aroma/fichelantana.asp

[96] Je n’ai trouvé aucune référence sur ce programme. Au moins qu’elle parle du « Japan Exchange and Teaching Program » (JET) (http://www.jetprogramme.org/) ( ?).

[97] Ses responsables sont Rabahoarisoa (tél. 033 04 186 18) et Mahery (tél. 033.13.670.44). Site : http://tsarafara.e-monsite.com

[98] Pourtant, on n’est pas toujours d’accord, par exemple sur le mariage homosexuel.

[99]Manambato se situe à l’Est vers Brickaville. Le village est traversé par le Canal des Pangalanes, bordant le lac Rasoabe, et bénéficie d’un potentiel touristique encore peu mis en valeur.

[100]La plantation se situe dans la région de la Haute Matsiatra, sur les Hautes Terres Betsileo, près de la ville d’Ambalavao, et plus précisément sur la route menant au Parc National de l’Andringintra.

[101]Projet à venir : 1500 hectares dans la région Menabe (connue pour ses grands baobabs).

[102] Qui est venue avec son ordinateur, sur lequel je déposerais mes documents sur le développement durable pour Madagascar.

[103] En mon fort intérieur, je me dis que la vente de ces cépages, dans la région d’Ambalavoa, n’est pas gagnée d’avance, car les Malgaches sont très voleurs et ils peuvent donc leur voler leurs cépages.

[104] « Je dois six jours de prestation de guide à partir du vendredi 15/03/13. J’ai aussi reçu la somme de 300.000 Ariary, aujourd’hui le 14/03/13. Francis R….. ».

[105] Il est vrai qu’elle peut être utilisée aussi comme arme d’autodéfense.

[106] La page ci-après explique la méthode de fabrication des faux européennes (et leur métallurgie) (en Anglais) : http://www.scytheconnection.com/adp/techn1.html

[107] Pour les faire fabriquer par les forgerons malgaches.

[108] N’oublions pas que dans certains pays pauvres, en périodes prérévolutionnaires ou en guerre civile, le banditisme y était élevé (Guatemala, Colombie …).

[109] Ils n’aiment pas être photographiés, car ils ont peurs d’être dénoncés.

[110] Pour son huile, pour ses graines pour les poules, pour ses tourteaux pour les porcs …

[111] En Afrique, on trouve la culture du tournesol, dans les régions intertropicales humides et sèches et sa production est concentrée surtout en Afrique du Sud (Source : Les plantes cultivées en régions tropicales d'altitude d'Afrique: Cultures industrielles et d'exportation, Culture fruitières, Cultures maraîchères, Pierre Nyabyenda, CTA, Les presses agronomiques de Gembloux, page 111). Les tournesols, qui ont besoin de soleil, peuvent pousser dans des climats secs, mais ils ont de meilleurs rendements s’ils sont irrigués.

[112] Il y a plus de 27 cultivars de tournesols Helianthus annuus L., cultivés en Afrique du sud (voir ARC-Grain Crops Institute, www.arc.agric.za et Sunflower, Production guideline, March 2010, Department of Agriculture, Forestry and Fisheries, PRETORIA, http://www.nda.agric.za/docs/Brochures/prodGuideSunflower.pdf). Sur les sites consultés sur la culture du tournesol en Afrique, j’y ai trouvé la référence de beaucoup de semences commerciales, mais pas celles de semences paysannes. Or il est possible que le prix des semences commerciales soit hors de portée des moyens financiers des agriculteurs malgaches ( ?).

[113] Son nom complet est Mike Éric RASOLOLALATIANA.

[114] Un malgache m’affirme que les figuiers étaient les arbres symboles de la royauté, à Madagascar. Et que pour saper l’autorité de la royauté, les autorités coloniales françaises auraient coupés tous les figuiers, pour les remplacer par des jacarandas. C’est la première fois que j’entends cette histoire (en tout cas, à Tamatave, ils n’ont pas été coupés).

[115] Je comprends que cet anti-termite, en poudre, ITH (insecticide terricole de chez Hoest) est assez toxique puisqu’il serait interdit en France. Eric en répand, en moyenne, 150 gr m par m2.

[116] Un jeune génie du Malawi, William Kamkwamba, a fabriqué un système, pas cher, a) de pompage de l'eau souterraine, b) de fourniture d’électricité à son village, constitué : 1) une « turbine » à partir des pièces de rechange d'un vélo, de l'hélice de ventilateur d'un tracteur et d'un vieil absorbeur de choc.  Il a ensuite fabriqué les pales de l'éolienne à partir de tuyaux en plastique aplatis par chauffage. L'éolienne qu'il a construite mesure 5 mètres (16 pieds) de hauteur et la tour en bois est fabriquée avec l'eucalyptus (Sources : Le garçon qui dompta le vent, William Kamkwamba, Bryan Mealer, Presses de la cité, 2010. Le site perso de William Kamkwamba: http://www.williamkamkwamba.typepad.com/).

[117] Cf. les ailes de moulin à vent : http://lezart.free.fr/moulin5.htm

[118] Source : La petite irrigation dans les zones arides: Principes et options...  (Chapitre 4 : Critères et options pour des méthodes d'irrigation appropriées), Archives de documents FAO, http://www.fao.org/docrep/W3094F/w3094f05.htm

[119] L’ONG « L’homme et l’environnement » produit et commercialise déjà de l’huile essentielle de Lantana camara (source :  http://www.madagascar-environnement.com/huiles-essentielles/utilisation-huiles-essentielles.html ).

[120] Peut-être de Dalbergia trichocarpa ou d’autres espèces, à tester sur place. Les Dalbergia pourraient être dissimulés parmi des flamboyants, dont les feuillages, à petites feuilles appariées, ressemblent à ceux des Dalbergia.

[121] C’est une plante que je n’ai pas réussi à identifier. Je me demande s’il ne voulait pas parler de Flemingia, Bracaria, Sesbania ou Setaria ... (A moins qu’il parlait de Cajanus cajan ou pois d'Angole. …).

[122] Le genre Uncarina comprend des petits arbres ou arbustes à feuilles caduques originaires de Madagascar (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Uncarina).

[123] D’une manière générale, je ne suis pas très attiré par la proximité des produits phytosanitaires.

[124] Par la suite, je lui proposerais une rallonge pour son essence,  mais il la refusera.

[125] Conséquences : Difficulté à aimer, angoisse, agressivité, dépression, tendance suicidaire, maladies psychosomatiques … voire schizophrénie, syndrome de Kaspar Hauser etc. Le traitement de ce problème sur le plan juridique. Le profil des parents : souffrent-ils du syndrome de Münchhausen par procuration, dans sa variante psychologique ? Les liens familiaux ne sont pas sacrés pour eux etc.

[126] C’est un arbuste à feuilles persistantes de taille variable, pouvant aller jusqu’à 8 mètres de hauteur. Le Tsitoavina se trouve dans les terrains broussailleux, les montagnes, les sols rocheux ou pauvres (une espèce de lisière). Il tolère de longues périodes de sècheresse et ne nécessite pas une alimentation soutenue, ni un entretien soutenu. C'est un arbuste de forte croissance et robuste, avec une excellente capacité de régénération des sols appauvris et de lutte contre l’érosion. Les vers à soie sauvages, endémiques à Madagascar (Borocera Madagascariensis), vivent sur ses feuilles et s'en nourrissent. C’est un arbre valorisé par les apiculteurs pour ses fleurs, et il fournit un bois de chauffe et un charbon de bonne qualité. Son bois est dur, très dense, durable, résistant aux termites et lourd. Il a de nombreuses utilisations médicinales : l'infusion de ses racines est utilisée comme un remède au rhume, les feuilles ont des propriétés anesthésiques et sont aussi mâchées pour leur effet stimulant. Il est également utilisé pour le traitement de la fièvre, des maux de gorge, des douleurs de poitrine, de la grippe, des troubles d'estomac et du cancer. Espérance de vie : ~ 20  ans. Source : http://www.tree-nation.com/trees/589629

[127] http://www.alamanga.fr/alamanga/plantes/dodonea-madagascariensis

[128] Si on l’observe de loin, sans y prêter beaucoup d’attention, l’on pourrait croire qu’on aurait affaire à une étrange plante de la famille des Asteraceae ou Compositae (Astéracées ou Composées), avec une tige qui aurait poussée au milieu de la fleur. Mais examen plus approfondie de la forme des fleurs montre que cette plante se rattache à la grande famille, dans laquelle l’on trouve les menthes, les lamiers etc.

[129] D’autant qu’elle peut résister à -8°C. Un pépiniériste en vend en France : 67 avenue du grenache 34270 Valflaunès, France. Tel : 04.67.55.37.43 et portable : 06.04.47.34.09. E-mail : pepiniereissa@hotmail.com Site : http://pepiniereissa.fr

[130] Ceux-ci sont assez « machistes ».

[131][131] Par exemple, lors de mon second voyage à Madagascar, en 2009, j’avais voulu mettre en place, au sein d’une très grande ONG malgache, une école du développement durable, sur le modèle de l’ONG Songhaï au Bénin (www.songhai.org). Je lui avais offert cinq ordinateurs portables et beaucoup d’autres affaires (dont des livres et une bibliothèque du développement durable stockés sur des DVD-ROM …). J’avais amené tous les supports de cours et je proposais de donner des cours. Ensuite, j’avais proposé, ensuite, de leur installer une salle informatique afin de dispenser des cours sur le développement durable et sur d’autres sujets, dans une des collèges de cette ONG. J’avais même trouvé un financement pour cette salle, auprès d’une grande fondation. Mais quand j’ai voulu presser sa directrice, afin qu’elle ne perde pas une subvention d’environ 3000 €, proposée par cette fondation française (qui risquait d’être perdu si elle ne faisait pas acte de candidature avant une certaine date limite de dépôt du dossier), elle avait alors préféré annuler le projet à la salle informatique, sans explication. Par la suite, elle a trouvé un sponsor malgache (un opérateur télécom) qui lui a installé cette salle informatique. Tous les amis qui s’étaient lancés, avec moi, dans cette aventure ont été attristés, d’autant que cette directrice a refusé obstinément de nous donner une explication et s’est « braquée » quand nous lui avons réclamé cette explication. Au contraire, elle nous a alors proposé de nous rendre les cinq ordinateurs. Or la ferme école ou ferme pédagogique de Manonpana correspondait justement aux idées de l’école du développement durable, que je voulais mettre en place au sein de cette grande ONG, qui aurait pu pourtant apporter beaucoup à cette ONG et à ses bénéficiaires. Sinon, pour l’information du lecteur, deux diaporamas Powerpoint présentent mon projet d’école du développement durable à Madagascar. Ils sont téléchargeables à ces adresses : http://benjamin.lisan.free.fr/developpementdurable/EcoleDeveloppementDurable.ppt

& http://benjamin.lisan.free.fr/developpementdurable/AnnexeProjetEcoleDevDurable.ppt

[132] Est-ce selon que certains malgaches ont tourné ou non la page concernant la période coloniales et certains faits de 1947 ( ?).

[133] Par exemple, le 24 novembre 2012, 11 ha avaient brûlé dans l’Aire Protégée de l’Allée des Baobabs, ravagé 99 jeunes plants de baobabs. Source : http://www.madagascar-tribune.com/Les-Geants-sont-toujours-la,18213.html

[134] On n’hésitera pas, ici, à utiliser des pesticides dangereux, pouvant polluer la nappe phréatique, interdits partout ailleurs, comme le DTT ou l’ITH, si cela peut faire gagner de l’argent.

[135] Malgré certains signes évidents, comme l’appauvrissement des terres.

[136] En France, on trouve ces fruits, venant de Colombie, conditionnés dans des petites boîtes plastiques, dans certains supermarchés, à des prix prohibitifs.

[137] Cet hôtel a reçu le trophée "International Star Award for Quality (ISAQ)" (pour son développement durable, son excellence ...) du BID (Business Initiative Directions) à Genève en 2006.

[138] http://www.newsmada.com/index.php/la-une/12118-economie-denergie--les-lfatana-mitsitsyr-contre-la-deforestation

[139] 1) Choc & déni, 2) Colère, 3) Marchandage, 4) Dépression, 5) Acceptation. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuil

[140] http://www.euflegt.efi.int/portal/

[141] En fait, ce programme concerne huit pays : Cameroun, Centre Afrique, République démocratique du Congo (RDC), Gabon, Ghana, Libéria, République du Congo, Côte d'Ivoire.

[142] Madagascar: Trafic de bois de rose : La mafia du bois, enquête en forêt tropicale. Documentaire de Michaela Kirst (Allemagne, 2011, 43mn), Avec Alexander Von Bismarck[142], ARTE THEMA, 25 octobre 2011, 20h40. Soirée présentée par thomas Kausch. Trafic de bois de rose à Madagascar, GoodPlanet & Arte, http://prettyzoely.wordpress.com/2012/10/22/trafic-de-bois-de-rose-a-madagascar-goodplanet-arte

[143] http://www.addam-madagascar.org/accueil.htm

[144] lachaumieredeitasy@orange.mg

[145] Ils ressemblent à ceux d’Auvergne et datent de la même époque (quaternaires, pour plus la plupart, voire tertiaires).

[146] PISOLIT(H)E,(PISOLITE, PISOLITHE), adj. subst. fém. GÉOL. Concrétion calcaire sphérique à structure concentrique, d'un diamètre supérieur à celui d'une oolithe. Les concrétions calcaires sont parfois en grains pisolites, dragées de Tivoli (LAPPARENT, Minér., 1899, p.520).Les pisolithes sont de gros oolithes de la grosseur d'un pois (NOËL1968).

Pisolit(h)ique,(Pisolitique, Pisolithique) adj.Formé de pisolit(h)es, qui contient des pisolit(h)es. Sol pisolitique; minerai de fer pisolithique. La limonite en grains ou pisolithique est en globules sphéroïdaux, formés de couches concentriques, et souvent vides à l'intérieur (LAPPARENT,Minér., 1899,p.567).Calcaire pisolithique. Calcaire oolithique à grains très gros, souvent irréguliers (J. CAHEN, BRUET,Carrières,1926,p.265). Source : http://www.cnrtl.fr/definition/pisolithique

[147] Carrière qui avait été exploitée à la dynamite, par la société Montlou et qui a été fermée parce que cette exploitation à l’explosif menaçait les geysers d’Ampefy.

[148] On ne peut s’y rendre qu’en saison sèche. Pour s’y rendre, à partir d’Ampefy : aller vers le village de Mananasy. Puis aller au nord-ouest vers le village de Soavinandriana. Puis il faut faire une marche à pieds de 3 h vers le village de Mahondro.

[149] Une activité volcanique à Madagascar, La Tribune de Madagascar, vendredi 18 mars 2011, http://www.madagascar-tribune.com/Une-activite-volcanique-a,15644.html

[150] Le volcanisme actif à Madagascar, Les éruptions du volcan Kassigie en 2000/2001, Communiqué de presse, 16 mars 2011, Guido Schreurs, Berne et Antananarivo, Institut für Geologie, Bern Universität, http://www.geo.unibe.ch/news/medien/madagaskar/PR110316_Madagascar_Schreurs_F.pdf

[151] Selon Emmanuel, il semblerait qu’il n’y ait personne dans la région qui se soit intéressé aux possibles activités volcaniques survenues au Kassigie ou ailleurs dans la région. Il ne semble pas non plus que des sismographes aient été installés dans la région pour relever l’activité sismique locale (voir d’éventuels trémors du Kassigie). Mais si l’on en installait, il y a le fort risque que l’équipement soit volé, même si le voleur ne sait pas à quoi il sert, si le local n’est pas gardé.

[152] Un collègue de bureau malgache informaticien, vivant depuis 20 ans en France, est persuadé de l’existence des esprits et de la sorcellerie.

[153] En général, sauf exception, l’odeur du gaz des marais a toujours une petite odeur désagréable (d’œufs pourris ou de gaz de ville …).

[154] J’ai relevé les coordonnées de cette source gazeuse : Elle est située, en bordure même du Lac Itasy, près du village de Moratsiazo, entre Rassomibetriba et Ranouisy (lieu-dit). Ses coordonnées GPS sont : S 19° 05.436’ et E 046° 444.737’. Son altitude est 1232 m (4048 ft). Si l’on vient d’Ampefy, le chemin en terre qui y conduit est situé à gauche, sur la route goudronnée, après un terrain occupé par deux maisons vertes claires (chacune disposant d’un petit château d’eau) et avant une église en reconstruction ou qui aurait brûlée.

[155] http://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_Nyos

[156] Il faudrait un jour faire des prélèvements de l’eau du lac, à diverses profondeurs avec des bouteilles en inox avec clapets (actionnables à distance par une ficelle), et analyser cette eau avec le spectromètre de l’Université d’Antananarivo.

[157] Dans les vrais geysers, il y a régulièrement des bulles de vapeurs d’eau chaude, remontant le long du conduit étroit du geyser.

[158] Il faudrait analyser ces gaz avec un dispositif aussi simple que celui mis en œuvre par Haroun Tazieff et François Leguern, dans les années 50. Il faudrait aussi éliminer l’hypothèse concurrente du dégagement de vapeurs acides, liées à une activité organique (bactéries …), si elle existait.

[159] ROV: Remotely operated vehicle ou « véhicule téléguidé » (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/ROV).

[160] Qu’il achète dans une pépinière situé à 15 km d’Ampefy, sur la nationale qui conduit à Antananarivo (près du village d’Anacauory).

[161] Oreochromis niloticus (Tilapia du Nil), Oreochromis macrochir (tilapia longfin) etc. Les tilapias sont appelés « Barahoa » ici.

[162] En fait, l'écosystème du lac Itasy est en danger. « Sa production en poisson a considérablement baissé, soit une production de 1.750 tonnes en 2011 alors qu’elle était dix fois plus, il y a quinze ans de cela. Parmi les raisons de cette baisse figure la dégradation du lac Itasy due  à l’érosion et à l’ensablement à cause de la pression des activités humaines comme la coupe des arbres et l’insalubrité de l’environnement aux abords du lac. Viennent ensuite l’utilisation des filets de pêche ne respectant pas les normes et le non-respect de la loi régissant la saison de la pêche à partir du 15 octobre au 15 décembre prochain.

Les produits de pêche se font rares et sont devenus chers, de 9.000 ariary le kilo cette année contre 3.000 ariary en 2002 ».

L’organisme Ortita et la FAO ont proposé que l’on reboise les rives du lac, développe des techniques améliorées pour la conservation des poissons, fait mieux respecter les lois concernant les périodes de pêche et les filets, introduise l’aquaculture, mais rien n'a été fait pour l'instant. Source : Dégradation du Lac ITASY : la production de poissons en baisse, Noro Niaina, 4 octobre 2012, http://www.newsmada.com/2011/degradation-du-lac-itasy-la-production-de-poissons-en-baisse

[163] Un tel bel arbre ornemental endémique de Madagascar aux belles fleurs orange, qui malheureusement n’était pas en fleur, en cette saison.

[164] CETAMADA, Association pour la protection des mammifères marins autour de Madagascar, http://cetamada.com/

[165] Je lui ai parlé alors d’une société sénégalais, BRADES, implantée à Saint-Louis (Sénégal), fabriquant des systèmes de carbonisation simple de biomasse et des compacteurs de briquettes de charbon vert, manuels ou motorisé (Source : http://www.peracod.sn/IMG/pdf/Presentation_BRADES_MERS_2008.pdf).

[166] http://www.ecoformation.org

[167] Mgoa Rubber in British East Africa (Mascarenhasia elastica, K. Sch.), Otto Stapf, Bulletin of Miscellaneous Information (Royal Gardens, Kew), Vol. 1907, No. 7 (1907), pp. 283-285, Publié par: Royal Botanic Gardens, Kew, URL de l’article: http://www.jstor.org/stable/4111858

[168] Appelé en Malgache, Tsiperifery ou voantsiperifery. Il est cueilli sur des lianes en pleine forêt. Son prix est d’autant plus élevé, que le poivre sauvage de Madagascar [Piper sp.] devient rare. En effet, « Aujourd'hui, il fait l'objet d’une pression d'exploitation importante. Très prisé des grands gastronomes pour ses saveurs particulières, sa valeur ajoutée fait de lui un condiment d'exception... [et de cde fait il] risque de disparaître. […] Les lianes des poivriers montent sur des tuteurs naturels vivants [des arbres des forêts] d'environs 20 à 30 mètres de haut. Lors de la récolte des baies, la solution la plus simple est de couper l'arbre. Effet direct sur la faune et la flore, selon Frédéric Descroix, chercheur au Cirad (UMR QualiSud) : "il y a un effet immédiat de déforestation, […], et dans certains cas, la disparition d'espèces, dont le poivre sauvage lui-même. A ce rythme, la ressource pourrait disparaître à moyen échéance.". Le marché a acquis en quelques années une telle importance que certaines familles payent aujourd'hui des salariés pour s'occuper de leurs champs, car la revente de ce poivre sauvage rapporte bien plus que tout autre produit de l'agriculture. » (Source : Madagascar: menace sur le Poivre sauvage, Mathieu Weil, Cirad & Guillaume Touati, 4 avril 2012, http://www.qualireg.org/mediatheque/rapports_de_synthese/menace_sur_le_poivre_sauvage).

[169] Note : A cause d’une maladie longue qui m’a précarisé, j’ai pourtant passé par des moments de pauvreté (ayant été à un moment donné au RSA). Mais pourtant durant ces périodes, je n’ai jamais volé ou recourt à la mendicité. Je n’avais pas que je n’avais pas le choix, malgré le handicap, je devais me battre pour remonter la pente. Et remonter la pente a été long et difficile. Et pourtant, je l’ai fait. Donc, le fait d’être plongé dans le stade de la survie justifie-t-il le fait de devenir égoïste et malhonnête ? Personnellement, je n’en suis pas totalement convaincu. Je pense que c’est aussi un problème d’éducation. La nature (et même la « loi de la jungle ») montrant que les animaux sociaux réussissent plus que les animaux solitaires.

[170] http://www.barefootcollege.org/

[171] Ces ONG d’appuis financier ont aussi un peu un rôle « d’organisme de gestion agrée » (ou d’expertise comptable), en contrôlant les sommes qu’elles allouent aux ONG qu’elles appuient, et en faisant un retour sur les sommes investis auprès de leu bailleurs de fond.

[172] Les raisons du choix de notebooks étaient a) l’obtention d’une réduction maximum du coût du projet et b) leur robustesse.

[173] Cf. « La biopiraterie : un aperçu », http://labiodiversite.free.fr/biopiraterie/definition.php

[174] La complexité des procédures à mettre en œuvre pour une autonomie de gestion villageoise et le flou dans lequel les autorités sont restées sur les mesures d’accompagnement, poussent ADEFA à être prudent et ne pas lancer les villageois dans des démarches coûteuses et improductives (exemple le CLB VAHONA … une coquille vide sans argent et sans pouvoir).

[175] Le samedi 8 mars : crue énorme avec des vagues de plus de 4 mètres de hauteur ayant tout balayé sur son passage : sable, cailloux, filtre. Perte de tous les matériaux de construction, pour un projet d’irrigation, de documents de formation et de pellicules photo.

[176] Note : j’ai supposé que certains villageois faisaient même de la rétention d’information (pour garder ce qui peut être avantageux pour eux). Les malgaches étant loin d’être solidaires entre eux.

[177] Ces paysans n’ont souvent pas le matériel intellectuel suffisant pour explorer d’autres techniques culturales, d’autres cultures alimentaires, pour comprendre les enjeux environnementaux locaux. ADEFA a passé beaucoup de temps en explications et discussions ce qui a nuit à la rentabilité du projet.

[178] C’est le lot commun de beaucoup d’ONG.

[179] C’est la raison pour laquelle j’ai fait l’erreur de retirer peu d’argent au distributeur de billet à Tamatave (je n’avais retiré que 500.000 Ar ( !)). D’autant, que je savais que les stagiaires d’ADEFA ne payaient pas l’hébergement et ne payaient qu’un euro par jour pour les 3 repas journaliers.

[180] Par contre, bien que je ne connaisse pas Mahafaly, je l’ai ensuite financé indirectement, car j’estime que son projet _ la ferme pédagogique _ est un projet valable et qui doit être soutenu.

[1] Volcan Kassigie (Gasige), la piste aux volcans, Circuits VTT, http://madatana.com/vtt-ampefy-cone-gasige.php

[2] Confection de coupe et commentaire. Carte de Soavinandriana. Exposé de géologie, Université d'Antananarivo, http://www.fichier-pdf.fr/2009/05/30/hi8v1bq/carte-de-soavinandrina.pdf

[3] Érosion sur les flancs d’un volcan près d’Ankisabe, région de Tananarive, Madagascar (19°04’ S - 46°39’ E), http://www.yannarthusbertrand2.org/index.php?option=com_datsogallery&Itemid=2&func=detail&catid=60&id=1493&l=1440

[4] Il aura fallu près de trois ans à Yann Arthus-Bertrand et ses équipes pour réaliser [son] film [entre 2006 & 2009]. Source : http://www.homethemovie.org/informations-sur-le-film/production

[181] Même par le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, qui pourtant s’est déjà rendu à Madagascar, que je connais bien et dont je connais le sérieux.

[182] Il est vrai aussi qu’un sismographe installé dans la région, à condition qu’on en trouve un à Madagascar, aura toutes les chances d’être volé par les malgaches, aussi ( !) (Sauf si on le cache, dans une maison gardée) …

[183] Une activité volcanique à Madagascar, La Tribune de Madagascar, vendredi 18 mars 2011, http://www.madagascar-tribune.com/Une-activite-volcanique-a,15644.html

[184] Les terrils peuvent présenter un danger de glissement de terrain. Cf., par exemple, la catastrophe d'Aberfan au Pays de Galles, le 21 octobre 1966, provoquant la mort de 144 personnes dont 116 enfants. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_d'Aberfan

[185] Car quand je suis passé, j’ai rencontré une femme se disant institutrice qui m’a parlé de la mort d’un suisse d'environ 30 ans, Emmanuel Lucas ou Lukas (?), qui se serait noyé, le 19 mars 2011, en voulant sauter du haut de ces chutes.