Quelques informations sur le criquet migrateur ou criquet pèlerin (ou « locuste »)
Par Benjamin LISAN, le 13/05/2020
J’ai regardé, il y a quelques jours, un documentaire très intéressant sur les criquets migrateurs (locustes), sur la chaîne Science & Vie TV. Et j’ai noté des informations, qui, je pense, pourraient être utiles pour mes amis agriculteurs ou agronomes en Afrique.
Locuste : Criquet migrateur, non dangereux sous sa forme solitaire, mais qui à l'état grégaire ravage les steppes de l'Eurasie, de l'Inde et de l'Insulinde, les régions tropicales de l'Afrique, de Madagascar et de l'Australie (Larousse).
Locuste : nom vernaculaire ambigu désignant en français plusieurs espèces de criquets grégariaptes appartenant à l'ordre des orthoptères. Contrairement aux sauteriaux, ils sont capables de se transformer complètement lorsque leur population atteint un certain seuil de densité pour devenir grégaires et migrateurs (Wikipédia[1]).
Il y a eu d’énormes infestation de criquets migrateurs (locustes) aux USA : deux variétés :
· Locustes des montagnes rocheuses (Melanoplus spretus), officiellement éteint en 2014 après des phases de pullulation intenses et régulières, en particulier au 19e siècle.
· Criquet mormon (Anabrus simplex). Bien qu’incapable de voler, le criquet mormon est capable de parcourir jusqu'à deux kilomètres par jour dans sa phase d' essaimage , au cours de laquelle il constitue un grave ravageur agricole et un danger pour la circulation.
Le Criquet des montagnes Rocheuses a été la cause de grands ravages agricoles. Il avait essaimé dans l'ouest des États-Unis et dans certaines parties du Canada au 19e siècle.
L'essaim d' Albert était une immense concentration de criquets des montagnes Rocheuses qui, en 1875, a envahi l'ouest des États-Unis. Il a été nommé d'après Albert Child, un médecin intéressé par la météorologie, qui a calculé la taille de l'essaim à 198000 miles carrés (510.000 km2, plus que la région de Californie), en multipliant la vitesse estimée de l'essaim, par le temps qu'il lui a fallu pour se déplacer dans le sud du Nebraska[2].
Le fléau a aussi frappé l'ouest du Missouri en avril 1875 [9].
L’essaim faisait 2000 km de long, 1180 km de large et 2,4 km de hauteur, et il couvrait une surface de 3200 km2.
Une estimation, du professeur Jeff Lockwood du Wyoming, dénombre les criquets dans l'essaim à 3,5 milliard d’individus. L’essaim se déplaçait à une vitesse de 160 km en 24h (6,6 km/h).
Une autre estimation dénombre l'essaim à 12,5 milliard, ce qui est la plus grande concentration d'animaux jamais spéculée spéculativement, selon Guinness World Records. Il aurait pesé 27,5 millions de tonnes [9].
Il y eu 120.000 ha de terres agricoles dévastées. Il avait provoqué la réduction de moitié de la production agricole de l’état et avait mis en danger (de famine) plus de 100.000 colons. Le général Hord ( ?) avait fourni 2 millions de rations alimentaires pour ces colons[3] [10]. Une dizaine ou une centaine d’américains seraient morts de famine [10].
Le 26 juillet 1931, un autre essaim de sauterelles est descendu sur les cultures dans tout le cœur des États-Unis, dévastant des millions d'ha, dans l'Iowa, le Nebraska et le Dakota du Sud, déjà en pleine sécheresse.
Il y a eu encore une infestation de criquets mormons (sauterelles mormones), dans l’Idaho, l’Utah, le Nebraska, en 2004.
Les criquets des montagnes Rocheuses se trouvaient normalement le long des pentes hautes et sèches de l'est des Rocheuses, de la pointe sud des forêts de la Colombie-Britannique jusqu'aux territoires du Montana, du Wyoming, de l'Idaho et de l'ouest du Dakota. Alors que l'été se réchauffait, ils ont éclos à partir de gousses pondues dans le sol l'année précédente. L'espèce a connu une croissance démographique rapide. Lorsque de telles augmentations ont coïncidé avec la disparition de leur végétation naturelle, généralement due à la sécheresse, les criquets ont utilisé leurs grandes ailes pour migrer vers des régions plus basses et plus fertiles à la recherche de nourriture [10].
Il y a une explosion tous les 3 ou 5 ans et une grave tous les 6 ou 7 ans.
En général, il y a plusieurs années humides, suivie d’une année de sècheresse, c’est à ce moment là que se produit la migration et cette explosion.
Charles Valentine Riley, un entomologiste de l'État du Missouri, a noté que le bétail et les animaux sauvages mangeaient joyeusement les sauterelles et que l'homme avait utilisé l'insecte comme nourriture depuis l'Antiquité. Riley a donc proposé «l'entomophagie» - en termes simples, en mangeant les insectes - comme un moyen de réduire leur nombre tout en nourrissant les colons affamés. Les insectes, a-t-il insisté, ont produit une agréable saveur de noisette quand on a enlevé leurs pattes et leurs ailes et frit leur corps dans du beurre. Il a ajouté que les criquets enduits faisaient également une soupe agréable au goût. Pour prouver son point de vue, Riley a envoyé un stock de sauterelles cuites (ébouillantées ?), à un traiteur de St. Louisan, qui les a mis à son menu [10].
Il faut labourer les zones où se trouve les œufs de ces locustes.
On fait des analyses génétiques. On peut créer de criquets stériles.
On suit leurs déplacement, en posant une mini-balise GPS sur le dos de certains criquets.
On arrose de pesticide la zone où se trouve les œufs.
Le problème reste complexe.
Les sauterelles ont aussi leurs prédateurs naturels : oiseaux insectivores (y compris mouettes, goélands …), lézards …
On peut les favoriser.
Le dernier spécimen de Locustes des montagnes rocheuses a été vu vivant au Canada en 1902.
Les scientifiques débattent de la raison de l'extinction avec un consensus général pointant vers la culture des terres agricoles: les agriculteurs occidentaux mettent de plus en plus de superficie sous la charrue - le même superficie qui abritait des œufs de criquets [5].
Les scientifiques ont suggéré que la réduction des populations indiennes et la transformation de la terre par les colons pourraient avoir conduit à des changements d'habitat qui ont provoqué le déclin des criquets. D'autres ont cité le manque de variété génétique de l'insecte ou lié le déclin à la réduction des troupeaux de bisons ou de la population de castors. De nouvelles plantes altérant l'habitat, un afflux d'oiseaux insectivores et l'élevage lui-même (labourant détruit des millions de masses d'œufs de Criquet des montagnes Rocheuses enfouies) sont d'autres facteurs qui ont contribué à l'éradication de l'espèce [10].
Des recherches récentes suggèrent les aires de reproduction de cet insecte dans les vallées fluviales fertiles des montagnes Rocheuses se sont en cours de développement agricole durable au cours de l'afflux important de mineurs d'or, détruisant les œufs souterrains du criquet (Source : Locust, Wikipedia).
On attribue aussi leur disparition à 1) aux programmes d’éradications, financées par le gouvernement US, après 1874, 2) le labour des champs, 3) le piétinement des prairie.
Il y a de plus en plus des résistances des locustes aux pesticides.
Avec le réchauffement climatiques, les criquets d’Amérique centrale (du Yucatan …) peuvent remonter vers les USA.
Jeffrey Alan Lockwood, Gregory Sword (Liste à completer).
[1] Rocky Mountain locust [Criquet des montagnes Rocheuses], https://en.wikipedia.org/wiki/Rocky_Mountain_locust
[2] Melanoplus spretus : the rocky horror locust show (2017). Point sur la disparition du Criquet des montagnes rocheuses, le Rocky Mountain locust, officiellement éteint en 2014 après des phases de pullulation intenses et régulières, en particulier au 19e siècle, Bruno Didier [n'existe qu'en version papier]. http://renadocagri.fr/index.php?lvl=notice_display&id=129048
[3] Mormon cricket [criquet mormon], https://en.wikipedia.org/wiki/Mormon_cricket
[4] Locust, https://en.wikipedia.org/wiki/Locust
[5] Grasshoppers devastate Midwestern crops [Les sauterelles dévastent les cultures du Midwest], July 26, 1931, https://www.history.com/this-day-in-history/grasshoppers-bring-ruin-to-midwest
[6] Locust swarms bring back past for US farmers [Les essaims de criquets ramènent le passé pour les agriculteurs américains], Chris Bennett, 07 mars 2013, https://www.farmprogress.com/blog/locust-swarms-bring-back-past-us-farmers
[7] Locust: The devastating rise and mysterious disappearance of the insect that shaped the American frontier [Criquet pèlerin: la montée dévastatrice et la mystérieuse disparition de l'insecte qui a façonné la frontière américaine]. New York: Basic Books, 2004.
[8] Jeffrey Alan Lockwood (entomologiste), https://en.wikipedia.org/wiki/Jeffrey_A._Lockwood
[9] Albert swarm [Essaim d’Albert], https://en.wikipedia.org/wiki/Albert%27s_swarm
[10] 1874: The Year of the Locust [1874: l'année du criquet], Chuck Lyons, https://www.historynet.com/1874-the-year-of-the-locust.htm
Table des matières
3 Causes de la migration et de l’explosion des criquets migrateurs aux USA
4 Le début de la lutte contre les sauterelles
5 Les moyens de luttes actuelles
6 Causes de la disparition du criquet des montagne rocheuses
[2] En juin 1875, Albert Child, juge de comté et parfois météorologiste à Plattsmouth, au Nouveau-Brunswick, a observé un énorme essaim alors qu'il passait au-dessus de lui. En télégraphiant les rapports des villes environnantes et en chronométrant la vitesse de déplacement des insectes pendant cinq jours, il a estimé que l'essaim mesurait environ 1 800 milles de long et 110 milles de large. Sur la base de ces données, il a calculé qu'il couvrait un étonnant 198 000 miles carrés. Les criquets de 1874, par comparaison, infestaient environ 2 millions de milles carrés [10].
[3] L'armée américaine, dotée de l'organisation et de l'expérience nécessaires pour faire face aux efforts de secours à grande échelle et la mieux placée pour atteindre les exploitant agricole [homesteaders] dans les régions reculées, a offert le plus d'aide. Au cours de l'hiver sombre de 1874-1875, ses soldats ont distribué des milliers de manteaux lourds, des bottes, des chaussures, des couvertures en laine et d'autres articles, ainsi que près de 2 millions de rations, à des familles souffrant dans le Minnesota, l'Iowa, le Nebraska, le Kansas, le territoire du Colorado et le territoire du Dakota. Le gouvernement leur a fourni des semences pour recommencer leur cultures [10].