Sur le travail avec un chien de berger (témoignage)

 

Par Didier Cornut, berger.

Auvergne, le 10 mars 2009

 

Il faut mettre le chiot au contact du troupeau à 3 mois (un premier contact avec le troupeau).

Au début il faut protéger le chien. Il faut déjà lui apprendre l'obéissance. On ne peut encore le faire travailler (il y a même danger de le faire travailler). Pour l’instant, il te tient compagnie et observe (mais en fait, il enregistre tout ce qu’il voit).

 

Quand la mère brebis allaitante a son agneau sous elle, elle peut être agressive pour protéger son petit (C’est son instinct). Il faut donc protéger le chiot du risque de l’agression de la brebis.

 

Remarque : suivant les races, les chiots peuvent être plus ou moins "précoce". Le border généralement bien avant le berger beauceron.

 

Mieux vaut avoir chiot de père et mère chiens de berger. Effectivement un descendant de chien travaillant sur troupeau a mille fois plus de chance d'avoir « l'instinct de garde ».

Il y a l’importance de l’éducation. Il faut que le chien soit bien éduqué. On ne lui fait pas faire n’importe quoi. Il faut de la rigueur dans le dressage.

 

Fin de la journée, il peut y avoir l’énervement du maître et du chien.  Comment éviter cela ? Faut-il le faire asseoir  _ « assis ! » _, durant 15 mn ? Selon Didier Cornut, c’est n’est pas en le contraignant à s'asseoir qu'il se reposera le mieux. « Je préfère parler de le laisser se détendre, sans bien sûrs l'autoriser à faire n'importe quoi ! ». Il faut lui faire comprendre que  c’est vous le patron. Le contraindre à s'asseoir est une méthode pour obtenir la soumission. « C’est pourquoi je n'en vois pas l'intérêt de le faire s'asseoir, en fin de travail, où, d'après moi, on doit le "récompenser" (récompense  = détente), plutôt que le contraindre encore ».

Par contre "l'assis" et un exercice intéressant à faire faire au jeune chiot pour obtenir l'obéissance et, en cours de travail, pour un chien qui tendrait à trop "prendre ses aises".

« Pour ma part j'utilise la laisse, chien au pied, m'arrêtant net lorsque le chien me dépasse ». Avec un chiot, 4 à 5 séances suffisent souvent.

Un « Stop » pour le faire arrêter (avec la cane ou le bâton de berger, pour le guider).

Cane ou bâton pour bien pour le guider (et non pour le faire arrêter).

 

Remarque : une cane ou un bâton pour guider ne peuvent être utilisés que sur un chien déjà bien dressé. « Pour ma part, je parlerai, lors du dressage, "d'accompagner" le chien (à 3 à 5 m, dans la direction ou il doit aller) ».

Une caresse est la récompense. Mais pas le caresser tout le temps (sinon, il n’y a plus de valeur à la caresse).

Il ne faut pas non plus que vos enfants jouent tout le temps avec le chien (ou avec le chiot), car son jeu, c'est justement son travail !

Il faut être plutôt contre les récompenses buccales, d’autant qu’on n’en a pas tout le temps dans la poche.

Travail 5 à 6 h. 

Il faut réguler sa vitesse de marche et celle du troupeau. En dressage / travail "traditionnel" (berger faisant un déplacement sur route), le berger est devant le troupeau, chien au pied, limitant "l'emballement" (la vitesse) du troupeau. Le chien est envoyé à droite ou à gauche suivant besoin pour limiter le débordement du troupeau. Si nécessaire il va jusqu'à l'arrière et revient.

 

Remarque de Didier Cornut: « Dans les stages qui sont actuellement donnés, bon nombre de ceux qui ce disent dresseurs (dans les instituts de l'élevage) parlent de la position 12h (je crois) à l'opposition du berger par rapport au troupeau _ je parle ici de troupeau ovin, voire caprin. C'est une position pour la manipulation du troupeau (par exemple, dans le cas du parc de tri). En insistant sur cette position, ils en oublient totalement, je pense, les bases du travail de berger et de chien de troupeau et "trompent" ainsi les apprenants.

On en arrive à voir de soi-disant bergers incapables de se positionner eux même par rapport au troupeau. Certains te disent que le chien ne fait pas la journée, qu’il en faut deux ( !), tant ils sont épuisés !!!! ».

 

Rappel d'un "proverbe pastoral provençal" : « Le bon berger en montagne c'est un vieux berger boiteux et sans chien » !

 

 On peut perdre de vue son chien à l’extrémité de la prairie, par temps de brouillard. Il doit les ramener (s’il ne revient pas, cela peut vouloir dire une bête malade). L'attitude d'un bon chien te donne des renseignements utiles.

Le berger doit connaitre sa montagne, et justement être capable de ne pas utiliser le chien là ou le risque est trop grand (éboulis, falaises, « scialets » (trous karstiques) ...). Par contre, effectivement, l'attitude de ton chien peut indiquer une bête (malade ou égarée...). Par exemple, au retour de son "tour" du troupeau, le berger le "comprend" inquiet, voire, il s’inquiète de le voir tarder à arriver alors qu'il devrait être là...

 

Dans le cas des ovins, le chien ne doit pas mordre.

Pour les bovins, le chien peut mordre (cas de la vache allaitante agressive, en élevage extensif).

Le chien doit amener le troupeau dans les barres de contention … pour une séance de piqûres, pour un traitement buccal …

Le chien ne doit pas avoir peu d’un coup de feu, de l’orage. Il ne doit pas se sauver.

Note 1 : De préférence ! Mais cette remarque tient au fait que beaucoup de chien on peur et de l'orage et des coups de feu.

Note 2 : il devient difficile de voir des démonstrations qui ne soient pas avec des border collie.

Il existe d’autres types de chiens de berger (par exemple, le berger de Beauce, qui est un berger polyvalent _ chien de garde, chien de troupeau …).

 

a) un seul chien par troupeau ? Entièrement d'accord, à moins de chiens parfaitement dressés et faisant chacun leur travail respectif (ex: 1 coté droit, 1 coté gauche).

b) pas de chiots avec un chien adulte, sinon il a tendance à jouer ? Pas entièrement d'accord. Le berger doit être maitre de ses chiens et donc faire en sorte qu'ils ne jouent pas (le chien n'a qu'un jeu : le travail). Ou alors c'est que le chien est amené trop au troupeau.

Il est souvent facile voir conseiller d'amener le chiot (élève) avec un vieux (maitre) durant quelques jours pour "démarrer" le chiot qui ainsi voit travailler le maitre. Par contre, effectivement, il faut très vite faire en sorte qu'ils dissocient leur travail. Sinon, comme avec plusieurs chiens, ceux ci s'excitent entre eux et travaillent de façon brouillonne.

 

Note : par ailleurs que si le berger part pour la journée, il est rassurant de savoir qu’il peut compter sur le maitre en cas de "défaillance" de chiot.

 

c) Il faut que le chiot soit seul. S’il est tout seul, il travaille.

Dès qu’il a pigé le travail de chien de berger, on dit qu’il se « déclare ».