Opération

« revalorisation du métier de berger »

Deuxième rencontre internationale des bergers

LA MOTTE-SERVOLEX, 14-15 MAI 2001

 

Profession berger

 

Synthèse

Transcription de la rencontre « au fil du texte »

Propositions transmises au Groupe National Pastoralisme,

Ministère de l’Agriculture,

Avec la participation de la DATAR

Et avec le concours financier du F.N.A.D.T

Juillet 2001

 

Société d’Economie Alpestre de la Savoie – 1 rue du Château – Chambre d’agriculture – 73000 CHAMBERY cedex, tél. : 04.79.33.83.02 – fax : 04.79.33.92.54 – mail : sea73@echoalp.com

Société d’Economie Alpestre de la Haute-Savoie - B 625 - DDAF – Cité Administrative 74040 ANNECY cedex, tél. : 04.50.88.41.85 – fax : 04.50.88.43.88 – mail : sea74@echoalp.com

8 impasse du Tilleul84310 Morières, bruno.msika@wanadoo.fr

 

2ème rencontre internationale des bergers

 

Sommaire

SOMMAIRE

...........................................................................................................2

SYNTHÈSE

..........................................................................................................3

Rappel de la première rencontre (24 novembre 2000)...................................3

Introduction.....................................................................................................3

Formations......................................................................................................4

Statut, organisation, évolution du métier........................................................5

Image et communication ................................................................................6

Conclusions et perspectives...........................................................................7

TRANSCRIPTION DE LA RENCONTRE

......................................................................8

Formations (François-Marie Perrin)................................................................8

Statut, évolution (Toni Delmonte, Delphine Oggeri).....................................11

Image, communication (Fernand Léger, Valérie Ducognon)........................18

CONCLUSIONS DES

3

COMMISSIONS

.....................................................................25

ET PRINCIPALES ACTIONS ET MESURES PRÉSENTÉES

....................................................25

AU GROUPE NATIONAL PASTORALISME (MAP/DEPSE)...........................................25

RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS DACTIONS ET DE MOYENS............................................27

À PRÉSENTER AU GROUPE NATIONAL PASTORALISME

...............................................27

Participants et coordonnées.........................................................................28

 

Synthèse

P. Lachenal, S. Dinsenmeyer, P. Guelpa, S. Sadoux, C. Davoine

 

Rappel de la première rencontre (24 novembre 2000)

 

Berger, une profession : Le métier s’est modernisé « dans l’ombre ». Le berger est devenu un technicien

d’alpage. Cela est révélé entre autres par le zoom médiatique sur le redéploiement du loup dans l’arc alpin.

C’est un métier qui nécessite d’urgence un statut.

Des actions à mener : Le berger partage aujourd’hui avec de nombreux autres usagers un espace qu’il

contribue à structurer au premier chef. Il est menacé de disparition. Son maintien nécessite des conditions

de vie décentes, un accès plus facile au foncier, une (ré)affirmation du droit du travail et de son organisation

(horaires, repos, problème du chômage, annualisation, salaire, etc.).

La formation : C’est un point qui doit être examiné et organisé, en termes de contenu, de qualification, de

type (formations courtes, longues, parrainage…), de financement.

 

Introduction

 

La deuxième rencontre a rassemblé sur 2 journées 60 personnes dont 30 bergers. Y sont représentés :

 

quatre associations de bergers (Jura franco-suisse, 15 adhérents ; Isère, 12 adh. ; Hautes-Alpes, 52

adh. ; Savoie, 16 adh.) ;

des organismes de formation (CFPPA et LA de La Motte Servolex, Lycée de Poisy et son centre

d’élevage, Centre de formation aux métiers de la montagne de Thônes, École cantonale d’Agriculture

du canton de Vaud) ;

des services pastoraux (SEA 73, SEA 74, Fédération des alpages de l’Isère, SEA Valais romand) ;

d’autres partenaires : Association régionale des éleveurs valdotains, Cemagref de Grenoble, Inspection

du Travail en Agriculture de la Savoie (ITEPSA), DDAF de Savoie, Association française de Pastora-

lisme, Alpes Evénements.

A partir des conclusions de la première rencontre, il avait été décidé de structurer cette journée autour de

trois thèmes traités en groupes de travail :

la formation des techniciens bergers

le statut et l’organisation du métier

la communication et l’image

 

Une séance de synthèse a permis de rassembler les conclusions de ces trois groupes et de formuler des

propositions, afin de poursuivre ce travail de réflexion et d’action, et pour les soumettre au groupe de travail

interministériel sur « le renouveau du pastoralisme », qui tenait sa première séance plénière à Paris le 17

mai 2001. Cette double démarche, par le bas et par le haut, permettra une mise en œuvre rapide, plus pré-

cise, plus efficace, des actions à mener pour redonner une place décente au métier peut-être le plus in-

contournable du développement multi-acteurs de la montagne.

Notons que des liens forts sont apparus entre ces trois thèmes, assurant un espace important de dialogue et

d’accrochage au niveau des débats comme des conclusions. Comment envisager un statut sans parler de

communication ? Comment parler de métier sans référence à la formation ? Comment aborder la notion de

technicien berger en formation sans faire évoluer l’image du berger ?

Faire avancer les choses nécessite ainsi un va-et-vient entre le thématique et le général, entre le groupe de

travail et la séance plénière, mais également entre les instances de décision (politiques, réglementaires,

légales, organisationnelles…) et le terrain (bergers et services pastoraux), et – c’est une des toutes derniè-

res conclusions – entre les pastoralistes et les autres usagers ou utilisateurs de l’espace pastoral.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, deux points méritent une attention particulière, car ils intéressent les trois

thèmes :

 

les associations de bergers sont amenées à jouer un rôle central tant au niveau de la formation (parrai-

nage dans les formations, validation des formations qualifiantes…), qu’àcelui des statuts (force de pro-

position et de décision) ou de la communication (force médiatique) ;

l’accès au foncier, rapidement évoqué, présente une « ambiguï té territoriale » qui est certainement

fondamentale dans la résolution des problèmes de statut, d’organisation, d’aménagement, de communi-

cation avec le public. Le berger utilise un espace qu’il paie, le territoire pastoral fait partie intégrante de

son système de production, dans une logique économique. La montagne est devenue le lieu de multi-

ples activités (loisirs surtout) utilisant le territoire comme un espace public (un espace de liberté). Or,

ces deux terriroires sont juxtapposés (dans l’espace et dans le temps d’utilisation), ce qui fait dire à un

berger « si on leur vend la montagne, c’est une arnaque ». Le même territoire semble en effet être

« vendu » plusieurs fois. C’est une chose à éclaircir, et ce n’est certainement pas aux seuls utilisateurs

de cet espace de fixer les règles qui doivent être édictées.

Enfin, il n’est pas souhaitable d’isoler les bergers de l’ensemble de la profession agricole. Bon nombre

d’éleveurs gardent eux-mêmes les troupeaux ou prennent des animaux en pension. Beaucoup

d’agriculteurs sont également alpagistes, beaucoup de bergers s’installent également en tant

qu’éleveurs. Même si le statut du berger salarié doit être traité en tant que tel, l’ensemble des bergers,

techniciens pastoraux doit être solidaire sur les actions à mener.

 

Formations

Faire l’inventaire des besoins : quelles formations ?

Les besoins en formation, exprimés par les bergers, sont représentatifs d’une prise de conscience fonda-

mentale, celle d’exercer un métier (qualité de vie, droit du travail), à la fois fondé sur des traditions (culture

pastorale), devenu très technique (évolution de la traite, transformation, soins vétérinaires alternatifs, chiens

de conduite, gestion d’un alpage), et en interaction forte avec d’autres acteurs (connaissance écologique du

milieu, chiens de protection). Ils diffèrent peu selon le système d’élevage (bovin ou ovin, avec ou sans trans-

formation).

Ces formations spécifiques (en général, des modules annuels de 3-5 jours) doivent être pérennisées, en les

inscrivant en complément de programmes plus généraux. Il y a un besoin de formation qualifiante, diversi-

fiée, mais pas nécessairement diplômante.

Leur pérennisation faciliterait en outre un recensement des offres de formation en montagne française et

limitrophe (catalogue), et donc un ajustement plus aisé entre l’offre et les besoins.

Jouer la complémentarité entre centres de formation et savoir-faire : quelques solutions

Le métier de berger mobilise, à l’instar des métiers artisanaux, un savoir-faire extrêmement important acquis

par l’expérience, difficilement modélisable dans des sessions de formation. Ainsi en est-il par exemple des

relations entre le milieu (sol, végétation, météo) et le comportement du troupeau, saisies de manière sou-

vent intuitive. Le parrainage des jeunes en centres de formation, par un berger d’expérience, devrait donner

au berger débutant un bagage à la fois intellectuel (technique) et intuitif (expérimental) nécessaire à

l’exercice du métier.

Dans la transmission de ce savoir-faire, le développement d’un compagnonnage (inter-massifs et transfron-

talier) doit être organisé. Les alpages bovins ont maintenu cette tradition de transmission grâce à une hié-

rarchie : premier, deuxième, troisième bergers. En élevage ovin, cette tradition n’existe peut-être plus, mais

la mémoire est encore là, et il est possible de profiter de l’arrivée des aides-bergers (liée au problème de

prédation) pour la rafraîchir (ne pas considérer les aides-bergers comme des manœuvres extérieurs au mé-

tier, mais plutôt comme des futurs bergers d’alpage en formation).

Organiser un compagnonnage nécessite des maîtres d’apprentissage, et suppose un statut de compagnon

et l’agrément d’un carnet de route (passeport). En cela, les associations de bergers doivent se mobiliser

pour maîtriser l’ensemble des procédures.

Financer la formation : problèmes et propositions

Le problème du financement a déjàété exposé lors des premières rencontres. D’une part, le berger est un

salarié agricole saisonnier, d’autre part, il fait partie d’une population à faible effectif. Les fonds de formation

du FAFSEA sont alors très difficilement mobilisables. Lorsqu’un berger pourrait prétendre à une formation, il

se trouve hors contrat, il n’est pas en activité, ou bien a pris une activité non agricole (moniteur de ski…), ce

qui lui barre la route du financement.

 

Plusieurs solutions ont été évoquées :

élargir le temps du contrat en incluant une période de formation (accord avec l’employeur) ;

transformer les contrats CDD des bergers pluriactifs par des CDI en s’appuyant sur les groupements

d’employeurs ;

chercher des sources de financement extra-agricoles : région, parcs, Diren, tourisme…

Bien entendu, ce problème de financement de la formation pourra être résolu dans l’aménagement d’un

statut spécifique au métier de berger.

 

Statut, organisation, évolution du métier

 

Pourquoi un statut ?

pour que le métier soit reconnu et respecté. Il y a une différence et un lien fort entre ces deux notions de

métier et de statut. Le métier relève de la formation et de l’expérience, du degré de spécialisation, des

compétences. Lorsqu’il est reconnu par l’ensemble de ceux qui le pratiquent (qui se reconnaissent entre

eux), il y a nécessité de le faire reconnaître au reste de la société, notamment grâce à un statut qui défi-

nit un cadre social, mais également grâce à la communication qui présente au public l’image la plus

juste de ce métier ;

par suite, pour que les bergers soient mieux intégrés dans la société (financement des formations, accès

au crédit professionnel et personnel, pérennisation, droit du travail…) ;

pour représenter une force de proposition et de décision politique organisée : associations, conventions

collectives…

Résoudre les problèmes d’ordre statutaire

En prélable à l’élaboration d’un statut, il est nécessaire d’une part d’éclaircir ce que nous avons appelé

« l’ambigüité territoriale » en introduction, et d’autre part d’organiser une communication « en continu »

entre les bergers (associations), de pérenniser les circuits d’information (qui ne doivent plus se limiter aux

quatre mois d’alpage), afin de pouvoir répertorier, recenser (connaissance de la population professionnelle

des bergers, mise en place des guides de compagnonnage, etc.).

Il y a deux problèmes majeurs à résoudre par la mise en place d’un statut :

l’affirmation du niveau de technicité du métier de berger (en relation avec les problèmes de formation) :

prise de galons, compagnonnage, grille de salaires. à ce titre, la notion d’aide-berger est à redéfinir. Il

ne doit pas être un moyen de régler le problème du financement du berger en dévalorisant sa technicité.

Les aides-bergers doivent clairement être définis, soit comme des « auxiliaires de prévention » mis en

place pour pallier un problème d’ordre écologique (protection du loup vs prédation), soit comme des

« apprentis berger » qui font leurs classes sur le terrain ;

la pérennisation du travail à l’année, pour mettre fin à cette image devenue fausse du saisonnier margi-

nal. Plusieurs solutions ont été évoquées ; les groupements d’employeurs en sont l’une des plus discu-

tées. Cette solution offre l’avantage de transformer un CDD en CDI, contribue à établir des passerelles

avec les autres professionnels de la montagne (ski, découverte du milieu, tourisme, environnement,

éducation…), permet de prendre en compte la complémentarité géographique (cas de la transhumance

inverse Alpes du Nord – Ardèche - Var), et la mise en place de « services de remplacement de ber-

gers » (repos, coups durs, prédation…). Par ailleurs, le rôle fédérateur et médiateur que joue le berger

sur le territoire montagnard doit permettre, à l’occasion de la mise en place des CTE collectifs pasto-

raux, de placer l’emploi au centre du dispositif agro-environnemental.

Quel statut ?

Pour harmoniser l’organisation (statut, conventions collectives…), un lien fort doit exister entre le terrain et

les instances de décision. Pour cela, le regroupement des associations (départementales) est important

pour peser au niveau des commissions paritaires.

 

La définition d’un statut découlera d’une double approche :

 

l’élaboration d’un statut conventionnel national, donnant un cadre général commun aux bergers. Le mi-

nistère de l’Agriculture devra coordonner l’action auprès des ministères concernés (Emploi, Environne-

ment) ;

des adaptations de ce cadre national en fonction de spécificités locales (géographiques, types de pro-

ductions, environnementales, traditions…), définies collégialement entre les associations de bergers, les

employeurs, les administrations du travail.

 

Image et communication

 

Pourquoi communiquer ?

Les bergers doivent êtres les acteurs de leur communication, au moins au départ, pour lancer une dynami-

que de changement d’image :

 

parce que l’image du berger est généralement fausse et que cela crée des rapports faux avec les autres

usagers du même espace. Le berger est un personnage central de la montagne, et non une décoration,

un « indien » ;

plus largement, pour éduquer, se faire connaître, reconnaître, se démarginaliser, obtenir un statut,

mieux organiser le métier (emploi, formation)…

 

Quel public ?

Trois types de publics ont été identifiés : le grand public adulte, le grand public enfant, le public averti (pro-

fessionnels de l’agriculture, public local connaissant plus ou moins bien le milieu, les alpages…).

 

Quel message communiquer ?

Le berger est un professionnel, alors que les autres usagers viennent se détendre, chercher du rêve. Ceux-

ci doivent, grâce à l’information, saisir le plus justement cette différence de statut. à partir de là, un respect

mutuel devient possible : c’est parce que le berger est làavec son troupeau que l’espace pastoral est atti-

rant ; si cet espace est attirant, le berger doit s’en féliciter.

Comme pour le statut, l’information doit s’appuyer sur un cadre général, tant sur le fond (le message) que

sur la forme (présentation écrite, graphisme, ton du message…). Puis l’information (panneaux, tracts, etc.)

sera adaptée aux spécificités locales.

Tout le monde est d’accord sur le fait que l’interdiction est une voie de garage, qu’il faut plutôt amener le

public au respect par une prise de conscience en douceur, en passant par un ton humoristique, des dessins,

de la couleur…

 

Comment communiquer ? quels médias ?

 

Les moyens de communication ne manquent pas :

 

l’écrit : panneaux, exposition, tournages vidéo, prospectus, articles de journaux… Et cela, dans tous les

lieux où on peut toucher le public : offices de tourisme, mairies, centres de vacances, parcs, refuges,

manifestations culturelles thématiques, et bien sûr, sur l’alpage ;

l’oral : on pensera évidemment aux médias classiques (reportage télévisuel, radio…). Un programme

pédagogique de sensibilisation des enfants (« Un berger dans mon école ») a été présenté. Il concerne

dans un premier temps 10 classes primaires des Savoies, et pourrait servir d’exemple pour être élargi à

d’autres écoles, aux collèges, à d’autres départements ;

réseau internet : il s’agit d’un formidable outil de communication vers le public et d’information entre

professionnels. Divers réseaux, tous interconnectés, existent et ont déjà fait leurs preuves : Mountain

Forum et Forum européen de la Montagne, Réseau alpestre francophone, Réseau Echoalp, Centre de

ressources de l’Association française de Pastoralisme. Il en existe bien d’autres…

 

On note qu’il est important de communiquer sur l’ensemble de l’année, pour montrer la continuité dans le

travail de berger.

 

Cas du public averti : c’est un public difficile à toucher, mais il est possible de le sensibiliser à l’occasion de

manifestations qui les rassemblent plus particulièrement (Journées de l’Alpage, foires…). Les bergers et

éleveurs doivent y renforcer leur présence.

 

Qui communique ? avec quels partenaires ?

 

Il est nécessaire de créer ou de consolider un partenariat avec les agriculteurs, les propriétaires, etc., parce

que tous ces acteurs poursuivent le même objectif de durabilité que les bergers : maintenir un système de

production. Il faut éviter toute scission dont la cause serait de l’ordre de la revendication.

On ne doit pas hésiter à impliquer de manière forte l’ensemble des professionnels et institutionnels, en leur

demandant de relayer la communication vers leur public à chaque fois que c’est possible :

 

tourisme (offices du tourisme, syndicats d’initiative, centres de vacances…) : information lors des pots

d’accueil, soirées vidéo ou diapos, etc. ;

politique : les élus ;

environnement : de l’information peut être diffusée par les Parcs et Réserves ;

éducation-formation : au niveau des écoles, collèges, lycées, centres de formation spécialisés…

 

Conclusions et perspectives

 

Cette deuxième rencontre des bergers fait émerger des thèmes, des axes d’actions, des priorités. Il y a

beaucoup à faire, et si « on commence un petit peu à tourner en rond », c’est qu’il est temps de ménager

une place plus importante aux groupes de réflexion plus spécialisés, de nourrir le débat, peut-être d’ouvrir

l’échange aux éleveurs-alpagistes, employeurs, propriétaires, selon le thème, et de déboucher sur des pro-

positions et des actions.

Entre les deux rencontres, l’association des bergers des Savoies a vu le jour, et acommencé à prendre des

contacts avec les autres associations. Aujourd’hui, la saison d’estive a démarré, les bergers sont mobilisés

sur leur terrain. Les pastoralistes prennent le relai en participant massivement au groupe interministériel sur

« le renouveau du pastoralisme ». Trois sous-groupes de réflexion, organisés en réseaux, ont été définis

lors de la séance constitutive du 17 mai dernier (entre parenthèse : présidence et secrétariat) :

 

entités collectives et évolutions à conduire (M. Amoudry et SEA 74 ; Asso. franç. Pastoralisme) ;

approche territoriale et valorisation des espaces (M. Bedos et SUAIA Pyrénées ; APCA) ;

emploi, formation et métiers (M. Cazaubon ; DGER/DEPSE).

 

Les conclusions de cette deuxième journée des bergers ont été transmises et entendues, en particulier dans

ce troisième sous-groupe qu’il nous faut suivre de près. Rendez-vous fin 2001 pour connaître les résultats

des travaux du groupe interministériel et ses propositions.

 

Transcription de la rencontre

 

Le matin, l’ensemble des participants se sont répartis dans trois groupes de travail :

 

formations ;

évolution, statut, organisation du métier, associations et syndicats ;

image et communication.

 

Les contributions ont été présentées et discutées en séance plénière, l’après-midi.

Formations (François-Marie Perrin)

Nous avons essayé de faire l’inventaire des besoins en formations qu’il serait nécessaire de mettre en

place, d’améliorer, de pérenniser :

 

Formations – inventaire des besoins

ovins

bovins

Chiens (conduite, protection)

X

Gestion & entretien alpage

X

X

Connaissance du milieu (CTE)

X

X

Soins vétérinaires

X

X

Évolution de la traite, transformation

X

Droit du travail

X

X

Culture pastorale, qualité de vie

X

X

 

Il semble important de pérenniser ce type de formations, c’est-à-dire ne pas le faire de façon ponctuelle, une

année. Il est souhaitable de les inscrire en complément de programmes de formations tels que ceux de la

Motte Servolex ou du Merle.

 

Nous sommes à l’écoute de nos besoins ; nous pouvons préciser les choses pour arriver à ce que ces forma-

tions existent et qu’elles soient mises en place.

 

Il y a quand même un problème inhérent à ce type de formations complémentaires, c’est leur financement.

Les pluriactifs ont du mal à se faire financer leurs formations, parce qu’il faut être en activité agricole (or les

bergers ne peuvent pas se former pendant la durée de leur contrat). Des propositions ont été faites pour

associer les éleveurs, lesquels seraient gagnants d’avoir des bergers bien formés, plus « pointus ». Il y au-

rait des possibilités en fin ou en début d’estive, en adaptant le contrat pour y inclure le temps de formation.

En même temps, il nous a paru important de ne pas exclure les éleveurs car il y a une interdépendance

énorme, et on peut avoir les mêmes besoins à des niveaux différents, même si ce sont des besoins très

spécifiques (chiens de conduite). Malgré l’expérience qu’on a dans les Hautes-Alpes, un chien de

conduite, c’est pas toujours évident à mettre en place. Il faut rénover, réactualiser les connaissances qu’on

peut avoir. Quant aux chiens de protection, c’est chez nous une chose assez nouvelle. On a souvent af-

faire à des bêtes jeunes mises en place par les éleveurs, rarement par les bergers. Làaussi, il y a besoin

d’un suivi, d’un accompagnement.

 

Pour les soins vétérinaires, en dehors de ce qu’on peut attendre soit de la tradition, soit d’un centre de

formation, on s’est aperçu qu’il y a une très forte demande de la part des bergers. De notre côté, dans les

Hautes-Alpes, on appelle ça les soins alternatifs, qui concernent aussi bien l’homéopathie que l’isothérapie.

Il y a une très forte demande. On travaille avec un vétérinaire de Nyons qui s’appelle Boutonnet. Il nous a

suivis jusqu’àmaintenant et nous a permis d’organiser ces formations, en partenariat avec l’école du Merle.

Je parle pour nous, mais c’est ouvert à tout le monde.

La connaissance du milieu… Dans la PAC, la dernière chose qui est sortie, c’est les CTE (contrats territo-

riaux d’exploitation) qui demandent une gestion plus pointue ou peut-être différente des alpages. Je ne peux

pas dissocier la connaissance du milieu du métier qu’on fait. Il y a aussi une demande. Bien connaître le

milieu, c’est être à même de mieux le gérer. Donc on peut organiser des choses, on peut se mettre d’accord

pour trouver des terrains d’entente. Je peux même vous proposer des gens dont c’est le métier, qui travail-

lent dans des parcs (Queyras, Écrins).

 

Évolution de la traite et transformation… Je laisse la parole à Delphine Oggeri, bergère bovins-lait :

La traite a beaucoup évolué avec la mécanisation, et on a beaucoup de souci avec la qualité du lait (butyri-

que, leucocytes), qui a une grosse influence sur la production. Beaucoup de stages sont proposés en tech-

niques de traite : hygiène, gestes… En alpage, on lave les mamelles, on fait du trempage. Tout ça influence

la qualité du lait. Pour les leucocytes, on essaie de se donner des normes, des seuils à ne pas dépasser.

Pour ceux qui connaissent un peu, il est intéressant de descendre de l’alpage en étant à 4-500 000 leucocy-

tes, sinon il y a de gros problèmes de transformation. Quant au butyrique, c’est au niveau de la conduite de

l’alpage qu’il faut changer régulièrement d’endroit les machines à traire.

 

Droit du travail…On s’est aperçu que peu de bergers étaient au courant de leurs droits. Un berger a un

statut (je laisserai ce chapitre au groupe Statuts). De notre côté, en tant qu’association, on a rediscuté nos

conventions collectives, comme j’ai appris que ça se faisait en Isère, d’ailleurs. On a renégocié nos salaires.

Il y avait besoin d’un petit effort de ce côté-là, donc c’est en train de se faire. Ça a surtout permis aux gens

de s’apercevoir qu’il y a un cadre légal dans lequel on travaille, qu’on a des droits pas forcément exprimés

jusqu’àmaintenant, ou dont on n’avait pas connaissance. Nous étions payés sur une base de 169 heures, ce

qui correspond tout à fait au travail qu’on fait en alpage ; c’est évident, on n’en fait pas plus ! … Là-dessus,

on a entamé des négociations avec les éleveurs. On leur a dit qu’on pouvait reconsidérer la question. Ça

s’est fait et ça ne se passe pas mal.

 

Culture pastorale et qualité de vie… En général, pour la plupart des gens qui font ce métier, c’est un vrai

choix de vie. On ne fait pas ça de façon anodine. On rentre dans ce métier parce qu’on l’a décidé, non par

hasard. Le métier de berger, c’est quelque chose qui véhicule une culture, c’est quelque chose d’ancien.

C’est un côté totalement négligé. L’aspect humain de notre métier a rarement été pris en compte. On a un

savoir, des connaissances, une culture. Ce sont des hommes qui travaillent (et des femmes ! ). C’est une

chose dont on ne parle jamais. Quand il y a des problèmes (la prédation est un bon exemple), l’aspect hu-

main n’est jamais envisagé ; ça n’existe pas. Le mec peut aller au carton, on regarde l’aspect économique,

c’est normal ; on essaie de trouver des solutions techniques, ce qui est souhaitable parce que ce n’est pas

une chose à vivre. Mais en même temps, ce que vit le berger ou la bergère, ça passe complètement dans le

flou, on n’en parle pas. C’est important de savoir qu’après tout,… on est normaux, et qu’on subit des stress

parfois violents, parfois importants, pas faciles à gérer parce qu’on est le plus souvent seul, sauf les bergers

bovins qui travaillent en équipes.

 

Introduction aux débats – compléments ? …

 

Je suis président de l’association des bergers des Hautes-Alpes. On s’est aperçu qu’il y a une part des cho-

ses qui nous échappait dans notre métier, dans la façon dont il est perçu de l’extérieur, parfois même dans

le milieu agricole, et surtout, qu’il fallait se prendre par la main et se bouger, ne pas attendre que des déci-

sions soient prises par d’autres sur la place qu’on nous impose, des choses qui ne sont pas forcément bien

comprises, parfois par des gens qui travaillent autour de nous, parfois même avec nous. Les problèmes de

formation nous ont paru importants parce qu’on a des gens qui ont appris sur le terrain, qui ont des compé-

tences tout à fait reconnues, voire même égales ou supérieures à celles des centres de formation, mais que

c’était des formations qu’il fallait pérenniser, inscrire dans la durée parce qu’on a des besoins récurrents

(ceux que je viens d’exposer). Quelle que soit l’expérience qu’on a, on peut avoir besoin de ce type de con-

naissance.

 

Tout le monde a des chiens de conduite. C’est vrai que former un chien, c’est pas simple. Une bonne for-

mation permet d’accéder à un meilleur résultat beaucoup plus rapidement. On estime qu’il faut quatre à cinq

ans pour obtenir un chien réellement capable de travailler. Si on le fait tout seul, ça peut prendre du temps.

Les chiens de protection, c’est nouveau pour nous. Il y a des tas de journées d’information qui ont été faites,

mais ce n’est pas suffisant, car jamais en situation. On a organisé des journées en situation, avec des gens

qui ont des chiens qui travaillent déjàdepuis longtemps dans un troupeau, dans un milieu donné. On connaît

le type de prédation auquel ils ont affaire. Il nous a paru important d’amener les gens à rencontrer les éle-

veurs, ou à voir comment ça se passait réellement en situation.

 

La gestion et l’entretien d’un alpage. En principe, on sait plus ou moins gérer un alpage dans la mesure où il

faut qu’on ait de l’herbe jusqu’àla fin de la saison. Maintenant, c’est un peu court comme gestion. On tra-

vaille par défaut a priori parce qu’on a les refus, c’est une chose qui se voit. En même temps, difficile de

dire si on ne se penche pas sur l’histoire : pourquoi un quartier est-il plus appétent qu’un autre ? Ça suppose

au moins une connaissance des plantes et de ce qui est appétent pour les brebis. Donc on a décidé

d’organiser des journées régulièrement de façon à ce que les gens suivent l’évolution, dans des milieux

donnés, d’un type de végétation.

 

Pour les soins vétérinaires, il y a une chose qui nous a paru dangereuse, c’est que les antibiotiques sont

devenus une panacée. Ils se sont substitués à des méthodes de soin qui avaient leur valeur, qui étaient

efficaces, sans parler des dangers des antibiotiques. Il faut arrêter de les utiliser en permanence pour

n’importe quoi. Donc on a essayé d’élargir ça : homéopathie, autres méthodes,… quitte à réutiliser des mé-

thodes qui ont été un peu oubliées.

 

Droit du travail : j’ai dit ce qu’on avait à dire là-dessus.

Il reste un gros problème qui concerne le financement des formations.

 

Bovins

Ovins

Alpagistes

GP

Formation aide-berger

Problème financement

Solutions :

- PNR

- Alliés extra-agricoles

- FAFSEA : pb statut

berger en formation (distinction salarié/berger)

- Région

Compagnonnage avec éleveur

Formation de base :

3° berger formé par

2° et 1° bergers

= parrainage d’équipe

Parrainage exploitant

Connaissances approfondies de l’alpage

 

Les bergers bovins travaillent avec des alpagistes. Nous travaillons avec des groupements pastoraux. Nous

avons des aides-bergers, vous avez le troisième berger.

Nous avons des choses à transmettre, nous avons des connaissances. Il serait intéressant de mettre en

place des parrainages. Chez nous, on ne parle jamais de pratiques. Or, on a un savoir à transmettre qui

peut être complémentaire à une formation. La connaissance approfondie de l’alpage rejoint ce qu’on disait à

propos de la connaissance du milieu.

 

La formation de base du troisième berger par le deuxième berger entre dans le cadre du parrainage.

Pour nous, les aides-bergers sont un vrai problème. C’est des gens qui n’ont pas un cadre de travail défini,

pas de statut. On ne sait pas trop ce qu’ils viennent faire sur l’alpage (dans le cadre de la lutte contre la

prédation). Je n’ai pas pu obtenir de renseignements de la part des services DDA et autres, pour savoir ce

qu’ils venaient faire. Ils font un boulot de manœuvre, montent et démontent les filets, et après ils passent la

nuit avec un troupeau dont ils n’ont pas la responsabilité. Sans expérience, s’il y a un problème de prédation, qu’est-ce qui se passe ? …

 

On s’est dit qu’il serait intéressant que ces gens aient une formation. Pourquoi pas inscrire cette formation

en prenant des stagiaires de centres de formation, pourquoi pas par le biais de travailler sur les alpages

comme aides-bergers, pouvoir avoir accès à une formation, soit par un centre, soit par autre chose.

Problème de financement : le FAFSEA peut financer des formations, mais uniquement quand on est en

activité. Les bergers pluriactifs échappent à ce système car ils ne sont plus dans un cadre agricole quand ils

pourraient suivre une formation (moniteur de ski, accompagnateur, guide…). Il fallait donc trouver un sys-

tème qui leur ouvre l’accès au financement ? Ce que nous a suggéré Philippe [Cantérel ? ], c’est d’élargir le

temps du contrat, en accord avec les éleveurs, pour mettre en place ce type de formations.

 

Distinction entre salarié agricole et berger. Le premier travaille toute l’année ou presque ; le berger est un

travailleur temporaire, le temps d’une saison d’alpage. Comment arriver à ce que cette distinction n’existe

plus ?

 

On pourrait solliciter la région pour résoudre ces problèmes de financement, mais ça ne peut se faire que

dans un cadre précis, à définir. Par quels moyens, dans quelle mesure la région peut intervenir pour les

formations dont nous avons besoin ? Nous attendons vos suggestions.

 

Débat

Pierre Lachenal : M. Perrin m’envoie régulièrement des infos sur le Forum européen de la Montagne, no-

tamment une profession de foi sur le loup, qui a été largement diffusée…

Toni Delmonte : Précision sur le financement FAFSEA. Dans l’Isère, en tout cas, si on arrive à régler le pro-

blème de [l’embauche ou non ? ] au moment de la formation, comme nous sommes des travailleurs saison-

niers, que nous ne travaillons que quatre mois dans l’année, ce n’est pas assez rentable, et nous ne som-

mes plus financés par le FAFSEA. On est à la rue, c’est pour ça qu’on va parler des statuts ensuite…

Pierre Guelpa : Pour financer la formation des aides-bergers, on a fait appel au FAFSEA. Le problème,

c’est qu’on allait faire une formation en début de contrat, c’est-à-dire pendant la période d’essai. Ça ne peut

pas marcher.

 

FMP : Je peux émettre un avis personnel : les aides-bergers, ce n’est pas une solution, c’est un pansement

sur une jambe de bois. On a l’impression qu’on nous dit : on vous donne ça et vous vous taisez.

 

PG : C’est un autre débat, qui concerne le statut. Une information : la FAI organise à la Côte St André une

formation de trois jours (16-18 mai) dont les thèmes sont : le pastoralisme en Isère ; la météo en montagne ;

le cahier d’alpage (outil de transmission de la mémoire) ; la contention des troupeaux ; la clôture électrique ;

la réglementation ; les risques sanitaires en alpage.

 

Bernard Stuby : Il ne faut pas hésiter à aller chercher des sous en dehors du milieu agricole. Nous avons un

projet concernant « formes de culture et image de vie », qui nous est important par rapport aux animaux et à

l’environnement, et pour lequel nous cherchons des financements hors du milieu agricole.

? ? : Il y a effectivement des pistes de financements dans d’autres secteurs, avec les parcs par exemple.

 

FMP : La Diren également peut financer des programmes dans la mesure où ça reste dans le cadre de leurs

compétences. Nous avons fait une demande de financement à la Diren pour un programme environnement

et tourisme (accompagnateurs, gîte, bureau de tourisme, relations prédation/touristes…). Nous avons cer-

taines estives où il passe plus de 2000 personnes par jour. Dans ces conditions, on ne peut plus gouverner

un troupeau, ce n’est pas possible. Si on ne fait rien aujourd’hui, le loup, ça va devenir une plaisanterie à

côté du tourisme de masse.

 

PL : Deux informations : le 17 mai, il y a l’installation d’un groupe pastoralisme au niveau de la DEPSE

(ministère de l’Agriculture), pour lequel nous allons proposer des thèmes qui émergent aujourd’hui. C’est

donc important. Des propositions concrètes vont peut-être pouvoir se réaliser rapidement. La formation des

bergers est essentielle dans le dispositif, ce sera dit, et fort. Sur le plan de la communication, nous avons la

chance d’avoir ici les représentants du Forum européen de la Montagne, qui s’avère être, dans le Réseau

Alpestre que nous sommes en train de constituer, le vecteur de communication avec un support moderne.

Ce réseau alpestre a désigné l’information et la communication entre les diverses structures qui traitent des

problèmes de l’alpage, comme prioritaires, à l’international. On y parle aussi de compagnonnage pour les

formations et de formations très complètes.

 

FMP : Nous avons suivi deux journées sur le chien de protection. Ils ont un système de bergers tournant sur

plusieurs estives. Et ça nous a paru efficace.

Statut, évolution (Toni Delmonte, Delphine Oggeri)

 

(PL : Toni Delmonte fait partie de l’association des bergers de l’Alpe d’Huez (Isère), fondée en 1984,

l’association des bergers des Hautes-Alpes étant la plus ancienne (1978). Il y en a peut-être d’autres dans

les Pyrénées.)

 

La question du statut est un sujet épineux, assez dur, qu’on rapproche de différents sujets abordés ici, no-

tamment la formation.

 

La première question, c’est « Pourquoi un statut ? » Cette question a été posée par des stagiaires en forma-

tion ici ; c’est assez difficile, ils ne connaissent pas notre métier, et pour certains, le métier de berger c’est

un idéal, c’est sympa, c’est chouette, et à la sortie, ils ne se rendent pas compte du métier sur le terrain

puisqu’ils n’ont pas d’expérience. Donc on a essayé de leur expliquer.

Il faudrait qu’on arrive à trouver un statut national qui nous permette d’avoir des contrats de travail, pour que

tout le monde travaille sur le pays, avec un élargissement au niveau des massifs car on peut avoir un statut

global sur une embauche, mais on ne peut pas avoir de statut bien défini, parce que dans certains massifs,

il faudra des aménagements pour la transformation laitière, et dans d’autres, pour les ovins viande, ou les

bovins viande, les génisses.

 

Définition du statut par les associations de bergers

 

Le but du jeu : on avait déjàengagé des échanges avec l’association des Hautes-Alpes. Le regroupement

des associations était important (maintenant, il y en a une pour les Savoies) tout en gardant l’entité dépar-

tementale. Il faut qu’il y ait une association par département, mais un regroupement pour avoir une force

par rapport aux commissions paritaires qui nous prendront peut-être plus au sérieux.

 

Représentation aux commissions paritaires

 

On a émis différentes suggestions. Il faudrait faire intervenir différents ministères pour le financement des

bergers. En Suisse, les bergers sont indemnisés directement par l’État, ça ne passe pas par les agriculteurs,

pas par les groupements. Dans nos alpages touristiques, il est évident qu’on fait autre chose que du gar-

diennage de troupeaux, on s’occupe de gérer les touristes. 2000 personnes par jour, c’est en fait pas beau-

coup, il y a pire. Mais c’est gérable, par l’information notamment, et puis par les méthodes qu’on emploie.

Les alpages et les bergers pourraient donc être financés par l’environnement et le tourisme, et pas forcé-

ment que par l’agriculture. Puisqu’on va gérer des alpages sur lesquels on fait du tourisme, pourquoi

l’agriculture mettrait seule la main à la pâte ? Pourquoi le ministère du Tourisme, de la Jeunesse et des

Sports ne mettrait pas aussi la main ; on a des activités sportives aussi sur nos alpages. Et l’environnement,

avec la protection des milieux ; les CTE vont régler quelques problèmes par rapport à l’environnement.

 

Question d’un stagiaire berger

Ne va-t-on pas perdre notre liberté en cloisonnant la profession par un statut ?

Ce n’est pas parce qu’on a des statuts qu’on va perdre sa liberté. Au contraire, il nous faut des statuts pour

qu’on soit suffisamment reconnus.

 

A propos de la pérennisation du travail à l’année (Norbert Bournez, pdt asso bergers du Jura)

Pour maintenir le berger sur les alpages, il faut maintenir un travail à l’année. Il y a la solution des CDI. Des

stations embauchent des gens à l’année, qui sont bergers en été.

Il y a la solution des groupements d’employeurs.

Il y a la solution de la complémentarité : avoir différents emplois. Comment mener de front un travail de

berger et un autre travail, sachant que les bergers font quatre mois d’alpage, et qu’il leur faut un temps de

repos avant de reprendre un autre travail ? Articuler travail d’été et travail d’hiver demande une organisa-

tion…

 

A long terme… Les jeunes bergers n’ont peut-être pas le souci de travailler à l’année, l’alpage leur suffit

peut-être. Mais quand on arrive à trente ans, on a une famille, on a besoin d’un peu plus de sécurité, et là, le

CDI peut rendre service. Est-ce que le berger reste au chalet ? Lorsque le chalet est suffisamment adapté

pour recevoir une famille, comment peut-on faire ? Ensuite, il y a le confort, les accès (pour mener les en-

fants à l’école, par exemple). Par ailleurs, si on aménage un chalet comme il faut, on doit être sûr que le

berger va y rester longtemps.

 

Évolution du métier de berger (Delphine Oggieri)

Pour la plupart des gens, on correspond encore à une image d’Épinal : le berger qui part le matin avec son

chien, tranquille, qui ballade toute la journée avec son troupeau, et qui rentre le soir. En fait, désolé, mais

c’est pas du tout ça. En 2001, le métier est moderne, technicisé, on est des techniciens de l’alpage avant

tout, même si on s’appuie sur des savoir-faire, des habitudes, des connaissances, que nos ancêtres

connaissaient déjà.

 

Il faut que le métier de berger évolue, parce qu’il y a une véritable pénurie de bergers. Chaque année, en

mai, il y a encore beaucoup d’alpagistes qui cherchent des bergers. On n’en trouve pas. Si on veut que

dans vingt ans, il y ait encore des bergers, il faut vraiment se bouger. Comment ?

par la formation

 

Formations pour adultes (CFPPA) : reconnue mais non qualifiante. Est-ce qu’il faut un diplôme de berger ou

pas ?

Formations pour les salariés déjàen place.

 

Interventions des associations de bergers dans les lycées agricoles.

par la pérennisation du métier de berger

Pour ça il faut améliorer les conditions de vie : logement (prise en compte d’une vie de famille) ; congés,

service de remplacement ; retraite.

par l’aide extérieure à l’embauche

 

Exemple de la Suisse où les bergers sont aidés directement par l’État, sans passer par les organisations

agricoles.

par la modernisation du métier

 

Technicité, modernité, connaissances et savoir-faire ancestraux, gestion intelligente.

 

Il y a beaucoup de gens que le terme « technicien d’alpage » dérange. Pour la plupart des bergers en place,

nous sommes des techniciens d’alpage, et je le maintiens. Ça n’enlève rien du tout au côté passion. On est

vraiment des gens passionnés, on ne peut pas être berger si on ne l’est pas…

 

Débat

 

FMP : En ce qui concerne les diplômes, la question est toujours la même : faut-il des diplômes ou non ?

N’empêche que nous sommes payés sur un indice calculé en fonction de ce que l’on a ou pas comme ba-

gage. C’est super-important, la différence doit être de 1 ou 2F de l’heure, ça vaut le coup d’avoir bossé pour

ça ! N’empêche que pour le moment, on entre dans un cadre légal, on est content d’avoir deux balles de

plus, ça peut déboucher aussi sur d’autres choses.

C’est certain qu’il faut qu’il y ait une sorte de sanction à l’issue d’une formation. Le système fonctionne

comme ça. Mais le résultat, ce que ça donne à la sortie, ça m’apparaît ni probant ni évident. Simplement,

les gens qui s’installent, ça leur permet d’avoir accès à des moyens, type DJA ou autres.

 

PG : D’où l’intérêt d’un statut national sur lequel vous puissiez vous mettre d’accord.

 

Toni : Mais il n’est pas forcément indispensable d’avoir un diplôme pour être berger. Je crois que c’est une

erreur. Par contre, ce qu’on peut faire, c’est faire des formations qualifiantes, sans forcément être sanction-

né par un diplôme, mais au moins ça pourrait faire partie d’un statut. Quelques jours de formation, ce n’est

pas très contraignant ; il faudrait que les éleveurs soient aussi partenaires dans ce genre de démarche.

Parce que de toute manière, le berger est la suite des efforts que font les éleveurs sur leurs animaux, dans

leur alpage. Nous, on prend la suite de leurs animaux sur l’alpage, donc il faut qu’on soit autant au courant

qu’eux, donc il faut qu’on soit partenaire dans cette démarche. Je pense qu’ils l’ont compris et que ça va

marcher.

 

PG : Mais inversement, il faut que les éleveurs soient autant au courant que vous.

 

Toni : J’attends beaucoup de ces histoires de formation. Ça pourrait débrouiller pas mal d’histoires, notam-

ment au niveau des financements des bergers. Dans l’Isère, la demande c’est qu’il y ait embauche dès qu’il

y a CTE sur un alpage collectif, faisant la différence entre CTE collectif et individuel. Ça nous donne la pos-

sibilité de prendre un jour de congé et d’être remplacé plutôt que de faire un groupement d’employeurs. En

tant que bergers, on a essayé de proposer ça aux éleveurs. Apparemment, avec cinq gros alpages, on pou-

vait payer un berger tout l’été, mais les éleveurs ne sont pas prêts à ça, à faire un groupement. Les CTE

pourraient donc prendre le relais en embauchant quelqu’un sur l’alpage.

 

PL : Avec les CTE actuels, une prime supplémentaire aux MAE relative à l’emploi n’est pas une mesure en

tant que telle. Et il faudrait justement se battre au niveau national (ce qui va être redit dans le cadre du

groupe national pastoralisme) pour avoir un CTE pastoral collectif qui favorise l’emploi de berger, qui est au

centre du dispositif. On peut mettre toutes les MAE qui existent, s’il n’y a personne pour les mettre en musi-

que, c’est d’une stupidité navrante. Les CTE tels qu’ils sont appliqués par les CDOA, ne donnent pas cette

perspective sur l’emploi à partir des mesures « agréées Bruxelles ». Il y a une bataille forte à engager autour

d’un modèle de CTE adapté au pastoralisme.

 

FMP : Là-dessus, on a demandé à assister aux discussions, même pas à participer. On nous a expliqué clair

et net que ça ne nous regardait pas.

 

PL : On retient cette indépendance par rapport aux agriculteurs-employeurs pour pouvoir évoquer un statut

qui soit adapté aux besoins. Pour les agriculteurs, vous êtes généralement considérés comme des salariés.

 

FMP : C’est pas les agriculteurs ou nos employeurs qui nous ont exclus des CTE. C’est les autorités

concernées par la mise en place de ces mesures, dont le CERPAM.

 

PL : C’est gênant…

 

FMP : Ben oui, d’autant plus qu’on est censé, dans les Hautes-Alpes, signer la partie du contrat qui nous

concerne. On signe un papier et on n’a pas le droit d’être au courant…

 

X ? : Je me demande s’il n’y a pas confusion de terme entre statut et métier. On a un statut d’agriculteur, de

salarié agricole, de salarié de l’industrie. Ce sont des statuts déjàdéfinis. C’est une autre chose de savoir de

quel métier on parle. Si on parle du métier de berger, on a un référentiel par rapport à ce métier, et on défi-

nit (c’est à vous de le faire, et aux éleveurs) quelles compétences on attend quand on emploie un berger.

C’est làque le diplôme ou le titre homologué, qui vont donner une qualification, vont être importants parce

qu’il y aura des répercussions dans la négociation de la convention collective entre les bergers salariés et

les éleveurs-employeurs. Il faut faire attention. Même si ces jeunes femmes espèrent faire bergères toute

leur vie, les notions de retraite, etc., sont des notions liées au statut de salarié, parce que si on est salarié,

on va cotiser à une retraite de salarié, et si on est éleveur-agriculteur, on va cotiser à une retraite

d’agriculteur. Ce sont deux notions différentes.

 

FMP : Selon les départements, on ne fait pas partie des mêmes conventions collectives. C’est un peu gros

quand même !

 

X ? : Non, mais, je ne résous pas le problème. Je dis simplement : ce n’est pas la même chose de parler

d’un statut en tant que salarié agricole, et de savoir de quelle convention collective on dépend. Effective-

ment, il faut que les associations se regroupent, et à ce moment, c’est une question de rapport de force en-

tre salariés et employeurs.

 

Toni : Non, c’est pas un rapport de force ! Le tout c’est d'être reconnu comme berger d’alpage : ça n’existe

pas alors qu’il y en a, aussi bien dans les Pyrénées que dans les Alpes. Avoir ce statut-lànous donnera une

force. C’est un métier qui ne représente pas beaucoup de monde. Mais dans la mesure où on n’a pas les

mêmes conventions collectives, on n’est jamais représentés dans les commissions parce qu’on est rien…

Donc là, on sera quelque chose.

 

PG : Toni, c’est bien un volet particulier de la convention collective : salarié d’exploitation agricole.

Toni : On n’est pas salarié d’exploitation agricole, on est berger.

 

PG : Mais vous dépendez de cette convention collective-là.

 

Toni : Si on était salarié d’exploitation agricole, on serait payés à l’année ; ce n’est pas le cas.

 

X ? : On devrait travailler avec les inspecteurs du travail. Les bergers d’alpage ne vont pas réinventer le

droit du travail. Ils vont simplement se défendre pour que le droit du travail soit respecté même en alpage.

La question de savoir si on travaille 110 jours de suite, c’est une question de droit du travail.

 

Toni : Non, on n’a pas le droit. Mais il y a des aménagements dans chaque département. Les inspecteurs du

travail sont au courant et nous, on joue le jeu, d’accord. Mais dans la mesure où on est en train de dévelop-

per les histoires de CTE, etc., c’est l’occasion d’être salarié comme tout le monde, peut-être pas d’avoir les

35 heures par semaine, mais d’avoir des conditions meilleures et dans la légalité. C’est l’opportunité. Cela

dit, ça ne nous empêche pas de travailler trois semaines de suite, on le fait, ou trois mois de suite, certains

le font, il y a des aménagements, des accords … comme ça.

 

PL : On revient sur les groupements d’employeurs. Est-ce qu’àvotre connaissance, il y en a de nombreux

qui sont vos partenaires habituels ?

 

Toni : Nous, on s’est dit que s’il fallait négocier avec les éleveurs pour nos salaires, il ne fallait pas le faire

individuellement, il fallait le faire collectivement. Donc on l’a fait dans le cadre de notre association. On a

demandé des représentations des éleveurs des groupements pastoraux de l’Isère et on a discuté avec eux.

On s’est mis d’accord. C’est là qu’on s’est aperçu qu’on avait tous les mêmes objectifs. Là, financièrement,

on touche un point un peu délicat, mais les objectifs sont bien les mêmes.

 

PL : Non, j’ai pris l’exemple de gars qui sont pisteurs en hiver et employés par le RTM l’été. Il y a un accord

entre la boîte qui les emploie l’hiver et le RTM. Ces gens-làsont en CDI à temps partiel, ils travaillent dix

mois sur douze. C’est important : quand vous allez voir votre banquier, que vous lui donnez une fiche de

paie CDI par rapport à une fiche CDD, vous pouvez emprunter plus facilement pour construire une maison.

 

X ? : Est-ce que vous avez des contacts avec des gens qui ont un statut de salarié saisonnier en agriculture

comme les maraîchers par exemple ? La chambre d’Agriculture du Rhône par exemple travaille avec des

gens sur le bassin autour de Lyon. Il y a peut-être des choses à tirer. Je pense notamment au fait d’avoir un

métier d’hiver, un métier d’été, c’est de trouver la complémentarité.

 

PL : Nous avons un groupement d’employeurs « pastoralisme et gestion des espaces naturels » qui permet

d’employer des gars qui partent en transhumance hivernale, et font leur boulot de berger d’été ou de techni-

ciens pastoraux, sans avoir de changement d’employeur. Les deux Savoies travaillent fortement à renforcer

cet outil commun.

 

PG : En même temps, il faut relativiser ça : sur les six salariés, il n’y a pour l’instant qu’un CDI…

 

X ? : Dans l’exemple que je cite dans le Rhône, les employeurs sont tous dans la même région. Le gars qui

garde en alpage l’été n’a pas forcément envie de faire du gardiennage en hiver dans les Maures.

 

PG : Mais en même temps, la même personne, si elle doit être déclarée de manières différentes dans les

Alpes et dans le Var, ne dépend pas des mêmes MSA, et pas des mêmes réglementations.

 

Toni : Je reviens sur l’histoire des aides-bergers. Aide-berger, c’est bien, mais il ne faut pas dévaloriser le

métier de berger, et la personne qui va être aide-berger (d’ailleurs, je n’aime pas le terme). On peut être

berger débutant, ne pas connaître le métier, l’apprendre par l’intermédiaire de la formation. Mais il faut dire

aussi qu’une personne qui travaille, c’est pour gagner sa vie, et c’est pas parce qu’on est aide-berger qu’on

ne doit pas avoir un salaire pour vivre. Aide-berger à 2000F par mois, je ne suis pas d’accord. Une personne

travaille, il y a un salaire minimum qui s’appelle le SMIC, et il a le SMIC. Il apprend son métier, il est débu-

tant, donc il peut y avoir une catégorie de berger débutant, à la limite, avec un salaire un peu moindre, mais

pas en dessous du SMIC.

 

PL : Sur les aides-bergers, il y a eu aussi cette remarque : l’idée ancienne du troisième berger. Dans

l’accession au titre de berger, il y a une espèce de prise de galons, de compagnonnage. L’aide-berger peut

être une étape, soyons clair sur les termes et les fonctions…

 

FMP : L’ennui, c’est qu’on n’a pas de suivi. C’est-à-dire que ces emplois sont ouverts à tout le monde. On ne

peut pas utiliser de gens qui sortent de centre de formation, ça pose des problèmes de statut. Les gens qui

veulent être aides-bergers une année, dans certaines régions, les éleveurs sont en train de les employer

parce que c’est le programme Life, donc c’est pour raison économique, on est tout à fait d’accord. Par con-

tre, nous, ça nous coince dans le sens où avoir été aide-berger, c’est pas être berger, parce que leur boulot

n’a rien à voir avec le pastoralisme. Leur boulot est plus un travail de manœuvre que de berger. Ils n’ont pas

de rapport avec le berger. Quand on demande à un mec d’installer des filets, je ne vois pas

d’enrichissement. En même temps, ils font de la garde à côté d’un troupeau, on ne leur demande pas de

rester éveillés. Même s’ils le restent, l’apprentissage est limité. D’un autre côté, si c’est des gens qui veulent

perdurer dans la profession, pourquoi ne pas prendre des gens issus de centres de formation ? L’aide-

berger n’est pas une solution, n’apporte pas grand chose, si ce n’est la tranquillité pour l’éleveur de savoir

qu’il y a deux personnes au lieu d’une. Par contre, le berger ne s’entend pas forcément bien avec l’aide-

berger…

 

Stéphanie : C’est un problème lié à l’aide-berger, qui est d’autant plus important qu’on peut voir travailler (le

cas de la Savoie) des aides-bergers comme bergers, tous seuls sur une estive, et là, le problème est d’une

autre ampleur. Le problème qu’on pose c’est son efficacité ou non, mais nous, en Savoie, on se demande

comment on peut dire qu’un jeune qui vient de suivre une formation de deux mois et demi puisse se retrou-

ver seul sur une estive.

 

FMP : C’est le cas d’un éleveur. Il avait 5000 bêtes. Il a fait sa demande, elle va être accordée (problème

de prédation). Il coupe le troupeau en deux ; il a deux bergers, dont un ne lui coûte pas un rond. Je com-

prends la logique économique, mais pour nous c’est un vrai danger. On essaie de mettre en place des for-

mations, de faire en sorte que les gens aient des compétences accrues, et ça, c’est comme si on jouait du

violon.

 

PG : On est confronté à ce problème-là en Savoie. Il y a deux ans, ces gens-là s’appelaient des aides-

bergers. On s’est vite aperçu que ce n’était pas la bonne dénomination, d’autant plus que c’est des gens qui

arrivent sur l’alpage parce que le loup est là, et qu’en face, l’État met de l’argent public pour compenser les

prédations. Aujourd’hui, on essaie de trouver un vrai nom – auxiliaire de prévention –, parce que ce ne sont

pas des bergers au sens profond du terme. à côté de ça, on est en train de réfléchir à leur statut, que ce soit

un vrai statut, pas des employés au rabais, d’une part, et en plus, les gens qui sont en formation ici, au

CFPPA, pour une partie, vont se retrouver dans ce métier-là. On considère aussi que ce n’est pas des gens

sous-formés et on essaie de faire en sorte qu’au bout de la troisième année, on leur ait donné une formation

par rapport au problème de prédation, qu’ils soient le mieux préparés possible au problème qu’ils vont avoir

àaffronter. Il faut savoir quoi faire en cas d’attaque d’un troupeau par un loup. On essaie de faire évoluer les

choses.

Autre point. Quand on a commencé à bosser avec les aides-bergers, les transhumants du Sud qui arrivaient

ici en Savoie avec leurs bergers embauchés depuis des siècles à marner nuit et jour et payés au lance-

pierre, ils étaient pas vraiment contents que nous, avec notre statut d’aide-berger, on relève la barre à la fois

des salaires et des conditions d’hébergement. Même si ce truc-làn’est pas parfait, ça permet de faire évo-

luer la perception qu’on peut avoir du métier.

 

FMP : Vous avez réussi à faire ça. Ça fait deux ans qu’on demande à ce que ça fonctionne ensemble. Il y a

une proposition qu’on n’arrive pas à fignoler, on sait pas d’où ça vient. On a proposé que ce soit des stagiai-

res qui profitent de cette occasion – car après tout, c’est l’occasion de connaître l’estive – pour déboucher

sur quelque chose de concret, sur au moins un éveil et un développement plus particulier, pour quelqu’un

qui ne fait que rester lààattendre que le jour passe pour aller surveiller le troupeau. On n’a jamais réussi à

avoir ça. C’est làqu’on s’insurge. Qu’ils aient un statut, un cadre de travail défini ; à ce moment-là, OK. Le

terme est important, c’est certain aussi car il y a confusion. J’ai une série d’annonces où on propose à des

gens qui n’ont pas encore été aide-berger, un travail de berger qualifié. C’est làoù ça coince.

 

PG : C’est là qu’il faut rebondir sur la proposition de Toni, d’arriver à un statut national. Les aides-bergers

aujourd’hui sont tous payés avec un financement qui vient d’un seul et même endroit, le ministère de

l’Environnement. C’est quand même pas très compliqué au niveau national de restructurer ça.

 

X ? : On retrouve làun problème évoqué dans notre groupe formation. Il y a des bergers bovins et des ber-

gers ovins. On a retrouvé la même chose. On parlait des aides-bergers à propos de compagnonnage,

d’accompagnement. Dans les alpages bovins, ça a toujours été, c’est une tradition de partir du bas de

l’échelle pour arriver gouverneur de l’alpage. On va apprendre progressivement, parce qu’il y a une hiérar-

chisation des tâches qui fait qu’on peut commencer bas, mais l’objectif est de grimper. J’ai l’impression

qu’en alpage à moutons, il y a un mec qui peut s’occuper des tâches importantes pour un troupeau impor-

tant, et après, ça n’a pas créé de tradition d’accompagnement, de progression, d’apprentissage sur le lieu.

La deuxième chose qu’on soulève dans le groupe formation, c’est la différence de capacité économique

entre les employeurs bovins lait et les employeurs ovins, et les exigences de travail. Il n’y a pas le même

poids, pas la même tradition, c’est pas le même boulot. Et pourtant, il y a les mêmes besoins. Si on veut

parler de formation, on est obligé de parler d’accompagnement par l’aîné. Parce que la formation, elle n’est

pas dans une salle de cours, elle est sur le terrain. Après, on parle de statut. Pourquoi ? Parce que pour

payer deux au lieu d’un, ce ne sera pas un problème chez les bovins lait, et ce sera un énorme problème

chez les ovins.

 

Fernand : C’est un problème économique. Dans un alpage bovin, qu’il comporte deux, trois ou quatre em-

ployés, s’il y a fabrication sur place, il est facile de faire monter un aide-berger qui va compenser le boulot

qu’il va prendre. Vous avez un troupeau moyen de 120 laitières, le troupeau moyen ovin est de 1500 brebis.

On est obligé de se débrouiller tout seul. En Savoie, un aide-berger trouvera plus facilement à se placer car

les troupeaux sont de 200-300 brebis avec leurs agneaux. C’est plus facile de placer un gars et de monter

de temps en temps. Dans un alpage comme chez nous, système transhumant comme je le pratique, 1500-

2000 bêtes et plus, là, quelqu’un qui me dit « je sors de formation », c’est pas évident… là, c’est la monta-

gne, hein !

 

X ? : Pourtant il y a des éleveurs qui acceptent ça.

 

FMP : C’est peut-être dur, mais moi j’ai vu quelque chose qui se produit chez nous. Il y a des éleveurs qui

prennent systématiquement des gens qui débutent, parce qu’ils ont une garantie bien calculée : quelqu’un

qui débute sur une montagne, il a le stress de la première montagne, et il est làtout le temps, tout le temps.

Le gars expérimenté, il sait gérer autrement. Ça veut pas dire qu’il ne va pas garder, mais il a une connais-

sance de la montagne où il travaille habituellement. Il sait qu’il y a des quartiers où il peut être un peu plus

loin, ou passer une journée sans être là. Quelqu’un qui débute, s’il fout rien, il se plante. On a l’expérience

de ça. On sait que les deux-trois premières années, les gens gardent vraiment. Le fait d’avoir de

l’expérience crée une espèce d’angoisse, en dehors de toute conscience professionnelle. C’est un risque

calculé, ça ne veut pas dire que les gens n’ont pas de compétences, mais ils n’ont pas d’expérience. Un

troupeau mal soigné, un peu de piétin, une mauvaise saison, ça peut déborder. L’éleveur va monter, on va

l’aider à faire son boulot parce qu’on sait qu’il est débutant, alors qu’un berger expérimenté peut avoir une

gestion différente.

 

PL : Sur ces points qui nous paraissent importants, ces problèmes de statuts, on va voir comment on pour-

rait, au niveau national, faire des propositions. Ce groupe interministériel a toute latitude pour essayer de

proposer des choses en termes d’emploi. Il ne faut pas négliger d’ouvrir cette fenêtre : c’est une opportunité

qui nous est offerte, qui tient aux gens et au travail que l’on fait ici.

Deuxième chose. Au sujet de l’idée de compagnonnage, il faut que les candidats au rôle de guide puissent

s’inscrire : il faut bien pouvoir répertorier tout ça, c’est compliqué, car au bout des trois ou quatre mois

d’estive, on ne trouve plus personne. Donc, cette idée de la pérennité de la communication et des circuits

d’information, on va essayer de la concrétiser entre des associations, d’où l’intérêt d’avoir des corres-

pondants dans chaque département.

La troisième chose, c’est peut-être avoir sur la formation qualifiante une sorte de reconnaissance sous

forme d’un « carnet de course » ou d’un « passeport ». C’est bien les associations de bergers qui pourraient

le valider, parce qu’il faudrait que ce livret ait une valeur.

FMP : On se heurte à une grande défiance par manque de communication. Le pourquoi de ce carnet a été

mal compris. On avait un guichet d’alpage, ça correspond à la même chose que ce qu’a dit Bruno. Mais ça a

été mal compris, il y a eu de la méfiance.

 

PL : Non, c’est deux choses différentes. Bruno parlait d’un carnet d’alpage qui transmet la mémoire de

l’alpage au berger qui va arriver.

 

FMP : Nous pensions faire quelque chose là-dessus : à montagne donnée, peu importe le berger. Ce qu’on a

en archive, c’est déjàquelque chose : sur les départements de Savoie, Haute-Savoie, Isère, Hautes-Alpes.

Et chaque année, le carnet était rempli ; ça permettait au suivant d’avoir des données précises sur certains

aspects de l’alpage, le nombre de bêtes possible, les conditions, etc.

 

PL : OK, mais on parlait précédemment d’un carnet lié au berger, comme un carnet de course pour un

guide : le berger qui fait son cheminement et son apprentissage. Ce carnet serait validé par l’ensemble des

autres bergers par les associations départementales.

 

Toni : Comment on peut lire : « on a telle expérience, on est allé dans tel alpage » ? … Autre chose, le re-

groupement des associations au niveau national, c’est intéressant au niveau de la banque de travail, car on

pourra répertorier tous les bergers de tous les alpages.

Intervention de M. Marc CHAUVIN directeur de l’ITEPSA, Inspection du Travail en agriculture, sur le

statut

Je suis d’abord ici pour répondre à vos questions et peut-être essayer de vous donner des pistes de ré-

flexion par rapport à votre démarche de faire reconnaître votre métier. Dans un premier temps, je vais vous

expliquer comment fonctionnent les commissions mixtes qui définissent les statuts sociaux des salariés. Le

dispositif est fixé par la loi ; il est obligatoirement composé des représentants des organisations syndicales

représentatives des employeurs (FDSEA, FRSEA, FNSEA, autres syndicats spécialisés, par exemple

paysagistes…), et des représentants des syndicats de salariés (FO, CGT, CFDT, CFTC, CGC). Ce dispositif

date de 1950 (loi sur les conventions collectives du 11 février 1950) et est défini pour permettre une négo-

ciation locale entre représentants des employeurs et représentants des salariés, qui n’engage que ceux qui

discutent (souvent un sur dix…). L’intérêt de la loi sur les conventions collectives est de permettre

l’extension de cet accord à tout le monde. Et pour que cette extension soit possible, il faut de toute façon

que les syndicats soient représentatifs. Il existe aussi des accords dont il n’est pas besoin de demander

l’extension. Par exemple, en Savoie, les entreprises en sylviculture ont décidé de négocier elles-mêmes.

Chaque chef d’entreprise engage son entreprise et ses salariés, et on n’a pas besoin de demander

l’extension. C’est ce qu’on appelle un accord simple ; mais c’est fragile : du jour au lendemain, on peut avoir

une, deux ou trois entreprises qui s’en vont de la négociation, et les salariés se trouvent rejetés de l’accord

conventionnel. C’est pour ça qu’il faut tout faire pour permettre à la négociation de déboucher sur un accord

susceptible d’extension pour qu’il s’applique à tout le monde.

Ce cadre n’est pas facile à aborder dans un secteur pas forcément représenté. Il est plus facilement repré-

senté du côté employeur, beaucoup plus difficilement du côté salarié. Et du côté des salariés, j’ai toujours

souhaité qu’il y ait de véritables salariés et non pas des délégués syndicaux départementaux, loin des réali-

tés, pour éclairer la lanterne de ceux qui négocient. Mais c’est très difficile car il faut se rendre disponible, il

faut prévoir tout un système de prise en charge des frais, de remboursement de salaire, etc., et puis il faut

qu’il y ait aussi une compréhension de la part des employeurs.

Si on n’arrive pas à intégrer les salariés des secteurs très faiblement représentés, on n’arrivera jamais à né-

gocier. C’est un message que je vous fais passer : pour entrer dans ce système, il faut d’une part adhérer à

un syndicat pour intervenir avec un certain pouvoir (représentativité), et d’autre part participer le plus fidè-

lement possible à ces commissions mixtes.

 

PL : Est-ce que l’entrée sur ce problème ne doit pas se faire au niveau national par un statut conventionnel

qui serait déterminé sous la houlette du ministère (groupe national pastoralisme) ? Vous savez, il y a un

problème central de bergers-techniciens en France pour relancer le pastoralisme. Pour organiser, la gestion

des millions d’hectares, il faut des gens compétents à côté des agriculteurs ; ils sont là, ils sont jeunes, ils

attendent beaucoup d’un statut. Est-ce que ça ne pourrait pas partir d’en haut, plutôt que d’en bas, avec des

conditions très difficiles et très disparates selon les départements.

 

M. CHAUVIN : C’est difficile dans les deux sens. Il n’est pas impossible d’imaginer un système qui serait

négocié au niveau national entre les organisations nationales d’employeurs et les organisations nationales

de salariés. Ce que je viens de vous décrire au niveau départemental-régional existe aussi au niveau natio-

nal. On pourrait aborder cette question en réfléchissant simplement (on ne peut pas a priori engager une

négociation sur une vraie convention collective, ça demanderait des années), simplement pourquoi ne pas

suggérer une classification nationale des emplois, une grille d’emplois avec des définitions d’emplois et des

coefficients qui s’y rattachent. Ensuite, selon les spécificités régionales et départementales, on poursuivrait

la négociation pour définir des salaires minima et d’autres dispositions sociales. Mais on peut effectivement

envisager un système qui serait une base commune pour la classification des bergers.

PL : Et dans cette hypothèse, est-ce que l’idée d’une union nationale des associations de bergers (on en a

six ici) pourrait être d’un secours quelconque ? Làencore, les organisations nationales agricoles et syndica-

les ne vont pas forcément savoir de quoi elles parlent concrètement. Pour ce problème spécifique de ber-

gers.

 

M. CHAUVIN : Effectivement, votre association permettrait de donner un mandat aux organisations

syndicales car on ne peut pas sortir du schéma (la loi est comme ça). Vous pourriez donner un mandat ou

confier cette mission aux syndicats nationaux.

 

PL : Cette question sera posée en votre nom à tous au groupe national, pour demander comment on peut

avancer sur ce point.

 

FMP : Classification ? Pour moi, il y a danger. Comment ? Pourquoi ? Je discute avec les représentations

de nos employeurs (salaires, statuts). Je suis mandaté pour ça par un syndicat. J’ai appris qu’on avait le

choix du syndicat, c’est quand même normal. Les éleveurs nous demandent justement une sorte de classi-

fication, une définition du travail de berger. Pour nous, il y a danger. Ça veut dire quoi ? Classification à quel

niveau, à quel prix et dans quel but ? En même temps, je trouve normal qu’un berger débutant ait le même

salaire qu’un mec qui a vingt ans de boulot ! C’est certain qu’il y a quelque chose à définir là-dessus.

 

M. CHAUVIN : Je répète qu’on peut prendre le problème des deux côtés. On peut aussi très bien négocier

sur le plan local, l’un n’exclut pas l’autre. Rien n’empêche de mener une démarche nationale en évitant les

risques que vous soulignez, et ensuite d’enrichir ce qui a été fait au niveau national, en matière

d’ancienneté par exemple. Rien ne nous empêche – on l’a fait en 1973 – d’avoir une prime d’ancienneté, de

1% par année (c’est pas grand chose, mais ça existe) jusqu’à10% pour quelqu’un qui a dix ans de présence

dans l’exploitation, et d’autres dispositions qui peuvent effectivement venir améliorer le système à partir d’un

cadre qui pourrait être national. Mais méfions-nous de l’état des négociations, parce que, quand elles sont

« trop politisées », on n’a plus l’approche pratique concrète du terrain, alors qu’il faudrait conduire les deux

démarches en même temps. Pour les départements où les conventions collectives existent, je souhaite très

ardemment que vous puissiez venir à nos commissions mixtes.

 

Toni : On a commencé par régler le problème avec des représentants d’éleveurs au niveau du départe-

ment ; c’était le plus facile. Mais ça ne nous donne pas une convention collective nationale. On a tous des

conventions collectives différentes : Isère (horticulture), Hautes-Alpes, Haute-Savoie… Un berger qui vient

du Midi pour garder en Isère n’aura pas le même salaire, ce n’est pas logique.

FMP : Nous sommes payés sur la convention collective de notre lieu de travail. Il y en a une dans les Alpes-

Maritimes, qui est vraiment un truc minimum, il y a une ébauche en Haute-Provence. Nous en avons une

dans les Hautes-Alpes qui est bien faite, nos prédécesseurs ont bien bossé. On essaie de l’améliorer, c’est

en bonne voie.

 

PL : Nous essayons ici de rassembler des éléments de discussion à produire au groupe de travail interminis-

tériel, patronné par le ministère de l’Agriculture, qui devrait avoir des facilités pour avancer sur ces ques-

tions. Mais ça risque d’être long…

 

Image, communication (Fernand Léger, Valérie Ducognon)

 

Préambule humoristique désabusé (Fernand)

Il n’y a pas grand chose à dire… il n’y a rien à dire ! à chaque fois qu’on s’est vus, on répète les mêmes cho-

ses : « il faudrait que l’image du berger évolue … toujours montrer le berger avec le béret, la barbe, le bâ-

ton, et tout ça … il faudrait que ça change … savoir qu’on est des techniciens… ». Moi je trouve que tout le

monde a raison. J’ai pas spécialement de béret. On peut faire du très bon boulot et avoir un très beau trou-

peau et avoir un très joli bâton sculpté, et j’emmerde ceux qui se baladent avec un bâton de ski l’été en

alpage ! … je vous avais dit qu’il fallait pas me donner la parole, j’ai averti tout le monde, tout le monde a

insisté…Il y a des gens qui disent « oui, on est vraiment des techniciens ». Le bleu … fermé jusque là… un

joli tracteur… Pourquoi pas. Faut pas cracher sur le modernisme qui nous amène plein de choses et plein

d’améliorations. Mais je pense qu’il faut se trouver un chemin entre les deux. Il faut pas renier tout le reste :

un joli troupeau, bien ensonnaillé pour les brebis, bien enclaronné pour les vaches (si elles ont des cornes,

c’est mieux ! ). à mon avis, chacun fait comme il peut, et ainsi de suite. C’est déjàtrès bien d’être berger

d’alpage, et puis de continuer ce boulot, et d’être tous làaujourd’hui. Mais mais mais mais… et bien s’il y a

tout, c’est bien [c’est encore mieux].

 

Ma collègue me disait : « Nous on regarde les mamelles ». Je lui répondais : « La vache, il faut qu’elle ait

des belles cornes, de bons [carons]. L’alpage, il faut qu’il soit bien entretenu ».

Voilà… mais tout ça n’a rien à voir avec le débat du jour, non ? Si ? Ah ! bon…

Poursuite valérienne du propos (Valérie)

Communiquer c’est ce qu’on fait depuis ce matin. On est làpour ça. Communiquer pour éduquer, se faire

connaître, se faire comprendre, pour avoir un statut, une reconnaissance, pour trouver un travail ou pour en

donner, pour réussir une bonne cohabitation entre travail en alpage et tourisme. On a travaillé sur trois

axes.

 

1. Vers quel public on va se tourner ?

 

On a défini trois types de public : le grand public adulte, le grand public enfant, le public averti (les paysans,

les gens qui connaissent déjàle milieu, les alpages).

 

2. Quel est le message à faire passer ?

 

a. Contenu

Au niveau du contenu, ce serait bien qu’il y ait une partie commune à tous les alpages dans laquelle on

pourrait :

Signaler aux gens qu’ils sont sur un alpage. Une phrase introductive du genre « vous vous situez sur

l’alpage de X ».

Une partie spécifique, adaptée à chaque situation (localisation géographique). On se rend compte que

beaucoup de gens viennent en vacances, que ce soit en Savoie, en Haute-Savoie ou dans l’Isère. Il y

en a beaucoup qui viennent làpar le biais des stations, ils ont l’habitude qu’on leur offre un séjour tout

compris (piscine, tennis, etc.), et souvent ils ne connaissent pas du tout jusqu’au terme « alpage ».

Noter des règles de conduite, qui concernent les déchets, les clôtures (on a tous des problèmes de clô-

tures cassées, de barrières ouvertes, de piquets enlevés…), les chiens (qu’ils soient tenus en laisse), les

véhicules (4X4, motos, qui peuvent de temps en temps divaguer sur nos pâturages), le troupeau en gé-

néral.

Changer l’image du berger. C’est une image d’Épinal, qui est fausse. Malgré ce qu’a dit Fernand, le

berger aujourd’hui, c’est un technicien, c’est quelqu’un de moderne, qui a fait des études, et il faut le re-

connaître comme ça. C’est important et c’est à nous de le faire : on doit changer l’image qu’on véhicule

contre notre gré.

b. Forme

Chaque alpage a sa spécificité. Si on fait un panneau, il ne faut pas qu’il soit commun à tous les alpages

dans son intégralité. On peut parler de la géographie, la production spéciale qui est faite sur l’alpage, de

tout ce qui peut être original sur l’alpage.

 

Exemple illustratif

Ça fait sept ans que je vis sur cet alpage. Au début, je vivais mal la cohabitation avec le tourisme. On n’en

est pas à 2000 personnes par jour, heureusement ! Mais j’avais l’impression – avec le recul –, je me rends

compte que c’est par ignorance – que les gens n’avaient aucun respect, et je ne le supportais pas. Ça me

bousillait ma saison d’alpage : des 4X4 partout, les fils coupés, etc.

On a pris l’initiative de faire un panneau qui est en trois volets, placé sur l’alpage juste à côté du chalet de

fabrication, qui a pour but ’informer les gens qui passent. Sur ce panneau, on explique dans la première

partie la vie en montagne qui ne concerne pas l’agriculture (faune, flore, topographie, climatologie), un truc assez général pour renseigner les gens sur la montagne ; les deux autres volets sont plutôt sur l’aspect agricole, l’alpage, avec une partie historique, parce qu’on a la chance de connaître l’histoire de notre alpage, qui est vieux et assez original. Le troisième volet décrit une journée-type du berger en alpage, du lever au coucher.

Depuis trois ans, les gens sont beaucoup plus respectueux ; ils ont vu comment  se passe une journée en alpage : on se lève à 3 heures, on finit à 20 heures ou 21 heures, on n’a pas forcément le temps de s’occuper tout le temps d’eux.

 

Maintenant, ils viennent à des moments où on peut les recevoir, alors qu’avant, ils venaient au milieu de la

sieste ou du repas. Une sorte d’éducation s’est faite grâce au panneau.

Dans la forme qu’on pourrait donner à ce message, on retiendra : éviter les interdits, utiliser un message

simple, illustré et éducatif. Pas d’interdits parce que ça ne sert pas à grand chose, ça ne passe pas bien au

public. On a quelques exemple de la Drôme ou de l’Isère, avec des phrases humoristiques, des dessins. On

aimerait plutôt travailler dans ce sens. Des panneaux illustrés, clairs, concis, pas trop de texte, et qui au-

raient un très grand rôle éducatif.

 

3. Comment communiquer ? Par quels moyens ?

a. Par écrit

Des panneaux, prospectus, vidéos, expositions…

 

Guy Le Druillenec : Je suis gardien de refuge. J’avais suggéré que certains sites permettent, pour des gens

qui gèrent des refuges et accueillent beaucoup de touristes, de faire directement une exposition sur le mé-

tier de berger, en signalant bien que l’entrée est gratuite pour pouvoir bien informer les gens. Personnelle-

ment, j’ai un projet avec un ami vidéaste, depuis plusieurs années. On a fait des prises de vue, on va faire

un montage et on va pouvoir passer ce film de 45 minutes aux touristes qui se rendent au refuge.

 

Françoise Mees : Il y a eu une expérience de faite dans les Alpes de Haute-Provence il y a 4-5 ans. Il

s’agissait d’aller expliquer aux touristes le travail des bergers. Cela se faisait par une intervention dans les

villages de vacances, pendant le pot d’accueil des nouveaux arrivants, dans les offices de tourisme.

L’expérience a été très bien accueillie car il y avait méconnaissance totale.

 

Valérie : Nous avons eu une expérience similaire en rencontrant des offices de tourisme et des syndicats

d’initiative, au niveau local ou départemental, pour faire passer le message. Dans notre département, il y a

beaucoup de stations, les gens arrivent avec un séjour tout compris, la station joue le jeu de véhiculer

l’image d’un berger folklo, etc. Le départ du travail serait que nous, bergers, au travers d’une structure (as-

sociation, chambre), rencontrions ces structures touristiques pour qu’ils arrêtent de marginaliser le métier.

 

X ? : Il faut entrer dans leurs bureaux. Mais officiellement, en étant élu. La population agricole représente

4% de la population française ; 80% habitent en ville. Il y a un espace rural, une montagne, qui est rêvé.

Les gens ne viennent pas chercher du réel, ils viennent chercher un espace rêvé. Et ce rêve est encore

vendu sur les espaces publicitaires. Le pauvre professionnel qui est là, au milieu, est l’enjeu de débats qui

lui échappent. L’espace montagnard est un espace convoité, c’est la grande (r)évolution. Il est convoité par

des gens qui ne sont pas du milieu agricole, qui amènent une plus-value énorme, et ils ont besoin de vous –

je ne veux pas le cautionner – pour faire « les indiens ». Donc il faut remplir les conseils d’administration,

devenir conseiller municipal, etc.

 

FMP : J’ai été à une réunion où étaient invités les professionnels du tourisme. Je leur ai expliqué ce qu’était

un biais, c’est-à-dire la base minimale de notre travail. Ça a très bien fonctionné, ils ont compris. De là, on

est parti à leur expliquer notre travail. Il y a quelque chose que je refuse totalement vis-à-vis du tourisme : on

n’est pas dans une réserve. Les montagnes, on les paye. Que les gens viennent, on n’est pas hostile ; le

droit de tout le monde à aller dans certains espaces ne nous appartient pas. Mais être acteur du tourisme,

pas d’accord. On est làpour bosser. Si les gens viennent nous voir, on ne peut pas refuser de les voir, c’est

clair. Mais en même temps, je trouve difficile d’avoir à gérer leurs fantasmes d’une campagne dans laquelle

ils n’ont jamais vécu ; je ne fais pas du social. Ça ne veut pas dire que je refuse le contact, mais ce n’est

pas notre rôle. Si on leur vend la montagne, c’est une arnaque. L’information, c’est sûr qu’on peut la faire,

on a fait imprimer 2000 affiches en partenariat avec une association, sur lesquelles on a mis a minima ce

qu’on ne doit pas faire en alpage. Je refuse que des gens traversent mon troupeau ; je ne le fais pas. J’ai

pas envie de faire partie de leurs souvenirs dans ces conditions-là. Le refus n’est pas une solution ; le fait de

payer une montagne ne donne pas tous les droits. Tout le monde sait qu’on est làpour faire un boulot, qu’on

a des comptes à rendre. L’information écrite, ça fonctionne, pourvu que ce soit court. On a trouvé un sys-

tème de sigles dans le genre de ce que font les parcs, et qui est très lisible.

Les gens ont toujours un chien qui est super sympa. Mais expliquer à 2000 brebis que ce chien-là, il est su-

per sympa, c’est pas possible. Quand un troupeau a été déplacé, combien faut-il de temps pour le remettre

en place ? … Les gens, il faut qu’ils comprennent qu’on n’est pas làpour s’amuser, qu’on n’est pas dans une

réserve, que le berger, c’est pas Monsieur Météo. L’accueil des touristes c’est pas mon boulot.

 

Valérie : Ce matin, une dame disait que ce serait bien de communiquer sur l’ensemble de l’année, dire que

l’alpage fait partie du travail de l’année, que c’est pas des vacances pendant l’été. C’est peut-être par là

qu’on arrivera à montrer que c’est un travail. Parce que les gens sont làen vacances et ils ont l’impression

que tout le monde est en vacances. Si on arrive à montrer cette continuité entre l’été et le reste des saisons,

ça changera peut-être les comportements.

b. Par l’oral

Il y a une façon de communiquer avec les enfants, avec une dimension pédagogique. Cathy Davoine va

vous parler d’un projet éducatif mené dans les écoles primaires de Savoie et de Haute-Savoie, et qui sera

ensuite étendu aux collèges.

 

Cathy : On a monté avec les Sociétés d'Economie Alpestre des Savoie et les Académies un projet qui

s’intitule « un berger dans mon école ». Le projet est monté sur l’ensemble de l’année scolaire. On a mis en

place neuf modules. Les enfants rencontrent un berger sur le premier module, éventuellement avec le

chien. Si on a encore l’image d’Épinal, il faut jouer avec, la cultiver, pour les amener à la réalité. On a ima-

giné un cheminement avec ces modules, qui se termine par un dernier module sur une classe transhu-

mance, en juin sur l’alpage, où les enfants retrouvent le berger. Il y a des modules sur le paysage, le goût,

les produits terroir, les sons, tout le côté imaginaire, les contes, la musique… Systématiquement, les en-

fants retrouvent le même animateur depuis le début, qui fait le lien. Et en plus, on met en place des systè-

mes transversaux, avec un réseau internet, avec un journal en ligne (« copain des alpages »), dans lequel

les enfants transmettront leurs réalisations du mois. Il y aura fin juin une mutualisation des connaissances :

les enfants deviendront acteurs d’un spectacle et feront la promotion de tout ce qu’ils ont pu découvrir et

apprendre sur l’alpage auprès d’un public plus large. On vient de commencer ce programme de 5 ans. On a

cinq classes en Savoie et cinq en Haute-Savoie. L’objectif est de doubler le nombre de classes, d’ouvrir aux

collèges, et d’étendre à d’autres départements par la suite. Mais c’est un programme qui revient à

100 KF/classe et donc un budget compliqué à monter et à obtenir de nos partenaires (Région, Départements,

Privés, etc.)

 

PG : Le programme peut créer de l’emploi pour les bergers en dehors de la saison d’alpage.

 

PL : Et c’est aussi ce qu’on visait.

 

Valérie : On a déjàparlé des autres formes de communication par l’oral : par l’accueil sur l’alpage (berger,

gardien de refuge…) ; rencontres et travail avec les offices du tourisme et les syndicats d’initiative, au ni-

veau local et départemental (UDOTSI).

 

4. Un cas à part, le public averti

Qui est-ce ? comment les informer ? que leur dire ?

 

Qui ?

Les paysans, qui connaissent le travail.

Les « gens du pays ». On a tous eu des problèmes avec ces gens, qui ont encore « du fumier sous leurs

bottes », qui ont des racines paysannes. Leurs parents étaient agriculteurs. Eux ont quitté l’agriculture de

leur plein gré parce que la vie était plus facile en ville, ou dans d’autres métiers. Maintenant, ils le regrettent

parce qu’ils voient des gens nouveaux, souvent des « étrangers », reprendre les activités et arriver à en

vivre. C’est souvent des gens qui détiennent du foncier et avec qui nous avons des problèmes autant en

alpage qu’en bas le reste de l’année. Communiquer avec eux n’est pas facile, parce que ce sont des gens

qui savent ce qu’on fait. On n’a pas trouvé de solution.

 

Comment ?

Par des manifestations, type Journées de l’alpage, où on rencontre beaucoup de gens, de paysans et

d’anciens paysans.

Par des réunions, avec les offices du tourisme et les syndicats d’initiative, mais aussi avec les conseils municipaux.

Par les médias, la presse locale, spécialisée, les quotidiens agricoles, etc.

 

Quoi ?

Rappeler le statut du berger (conditions de vie, de travail…), pour leur rafraîchir la mémoire, ou plutôt leur

donner une image nouvelle de la réalité.

Faire évoluer le métier (technicité, modernité, rajeunissement des bergers…).

Faire évoluer l’image du berger.

 

Débat

PL : Je voudrais d’abord vous mettre en garde sur le problème de communication par rapport à la profession

agricole. Dans certains départements où les alpages sont très familiaux, où on cumule cette fonction

d’alpagiste et d’agriculteur, nous sommes sur un risque de « scission » entre les salariés bergers et la pro-

fession agricole, qui représente un danger qui serait de dire « nos revendications d’association de bergers,

c’est par rapport à nos employeurs agricoles ». Il faut maintenir des passerelles fortes. Il ne faut pas fermer

complètement les associations de bergers aux agriculteurs-alpagistes bien au contraire.

 

PG : La réflexion concernant les panneaux et leur conception peut être par exemple un projet commun en-

tre agriculteurs et bergers.

 

Toni : Vous avez dû voir les panneaux qui sont à la FAI. Se servir des dessins de F’Murrr pour faire passer

le message, ça va très bien. On peut le développer localement, pour donner l’exemple. En partenariat avec

une Association Foncière Pastorale, par exemple, tous les propriétaires qui ne sont pas du tout éleveurs, qui

ne sont plus éleveurs, ont participé financièrement à l’élaboration de sept panneaux qui font environ 3 m²,

répartis sur tous les sites. L’AFP a financé 50%, la région et la commune ont participé. Et en fait, ces pan-

neaux ne communiquent pas du tout l’image du berger comme on disait tout à l’heure. Le fait de cette in-

formation règle tous les problèmes de circulation des touristes sur l’alpage, et il y en a beaucoup plus que

2000 par jour, sans compter avions, hélicoptères, VTT, chiens, parapentes, aéromodélisme, etc. Il suffit de

ne pas mettre d’interdit, mais d’expliquer aux gens.

 

X ? : En fait, il faudrait les canaliser.

 

Toni : C’est pas canaliser. Si tu vas quelque part où tu ne connais pas un métier, tu risques de faire des

bêtises sans le savoir. Les touristes, c’est ça : ils ne savent pas. à partir du moment où tu les informes,

sympathiquement, ça marche bien.

 

F. Mees : Je reviens sur la relation entre professionnels du tourisme et ce que les bergers veulent faire pas-

ser. Ce qu’on peut développer c’est l’utilisation d’outils de sensibilisation, sans aller jusqu’à participer aux

conseils d’administration. Lors des pots d’accueil en station, il est très simple de faire expliquer par l’office

du tourisme que l’alpage est un lieu de travail. Et ça, les gens ne le savent pas. On ne leur a jamais dit.

 

FMP : C’est pas très vendable de dire aux touristes : vous allez en vacances sur un lieu de travail.

 

F.Mees : Si, parce que tous les gens travaillent, et respectent en général le travail.

 

X ? : Je suis accompagnateur en montagne. à ce titre-là, j’interviens dans les pots d’accueil (j’intervenais),

gratuitement, avec un montage diapo, pour parler de la montagne. Je le faisais gratuitement puisque je

remplissais mes sorties, avec des gens pour qui la montagne s’arrête au champ à côté du parking : un golf

prestigieux… Pour eux, la montagne est un lieu qui fait peur, ils ne connaissent pas. Je partais de ça, je

parlais de l’agriculture, je mettais l’accent là-dessus, et aussi ma sensibilité. Les gens sont très réceptifs à

l’information. Ils viennent, ils ne savent pas, ils sont en vacances, ils rêvent, et j’avais de super diapos…

Deuxième chose. On a encore retrouvé une fois le différentiel bovins-ovins. Pourquoi ? Nous sommes

beaucoup plus sensibles en bovins-lait à la notion de touriste, parce qu’on leur doit la valeur ajoutée. Dans

les zones désertes où il n’y a pas de touristes, on a une agriculture vieillissante, un non-renouvellement,

etc. Le système bovins lait apporte une forte valeur ajoutée, et il s’inscrit dans les zones à forte fréquenta-

tion touristique. Mais ça veut dire quand même que la montagne est un espace convoité. Nous ne sommes

plus les seuls utilisateurs de la montagne parce que nous ne sommes pas nombreux. Ils nous faut partager.

Ça nécessite des aménagements (VTT, randonnées…).

 

PL : Je préfère moi qu’on parle d’alpage avec fabrication fermière ou pas, ce qui remet les gens avec des

alpages de génisses ou d’ovins sur le même plan. Il y a une différence entre ceux qui ont quelque chose à

vendre et ceux qui ne l’ont pas.

 

X ? : Je conçois très bien qu’en génisses ou en moutons, un mec qui passe, il m’emmerde…

 

FMP : C’est vrai qu’àpartir d’un certain niveau, ça devient incompatible. Il faut faire des circuits qui ne gê-

nent pas le pastoralisme.

 

Fernand : La différence bovins-ovins, c’est surtout l’effectif. Si vous avez dix personnes qui arrivent sur un

troupeau de vaches, ça risque d’être gênant, mais pas plus que ça. En ovins, avec le biais … un troupeau

qui démarre … vous vous fixez un certain sens sur votre montagne. Il y a deux gamins qui arrivent et ta-

pent des mains, c’est fini, le boulot est cassé. C’est beaucoup plus sensible, les ovins.

 

FMP : Informer un touriste qui demande son chemin, OK, on le fait volontiers, c’est normal. Cette année, on

a mis des affiches et distribué des tracts, on fait des réunions pour informer les professionnels du tourisme.

Mais c’est pas notre boulot, on ne fait pas du social. Communication, Cathy a raison, il faut commencer à la

base. Une fois, j’ai eu une classe, c’est vrai que c’est formidable. Je pense que ce programme enfants est

une vraie solution, ça va s’inscrire dans la durée, ça va fonctionner.

 

Cathy : Oui, et puis ça fait des émules. Les gamins en parlent.

[…]

 

F.Mees : 1. A Pokhara, en décembre il y a un an, a eu lieu une réunion qui regroupait des gens des pays en

développement des cinq continents, et qui se sont penchés sur le devenir de l’agropastoralisme. C’est un

peu ce que vous avez fait depuis Chambéry sur le métier de berger. Donc ces gens à Pokhara ont fait une

déclaration et lancent un appel pour le 21° siècle. C’est particulièrement encourageant. La journée d’ici,

c’est important.

 

2. Il y a une réunion mondiale l’an prochain sur le rôle des femmes dans l’économie montagnarde. à

Chambéry, j’ai été étonnée de voir qu’il y avait plus de 30% de femmes. Le choix de ce thème dans cette

réunion de 2002 n’est pas fortuit. Cette réunion va être préparée par une réunion européenne qui devrait se

dérouler à Chambéry au printemps 2002. S’il y a un message à faire passer, c’est de réunir un maximum de

solutions, d’exemples, etc., où les femmes interviennent.

 

PL : On rappelle que l’année 2002 est l’année mondiale de la montagne. Il serait bien qu’on reparle un peu

de notre réseau alpestre francophone. Ce réseau sera structuré de façon informelle. Par contre, sur la base

du Forum européen de la montagne, on aura un réseau de communication minimum, avec quelqu’un qui

sera làen permanence au moins une année, mais on espère plus, qui est Laure Soubrier, ici présente, et qui

sera làpour passer des informations, animer le réseau, etc.

Vous parliez d’exemples concrets, on en a : l’exemple du carnet de compagnonnage. On va essayer de le

mettre en avant sur ce réseau. On sera épaulé pour ça par le réseau de l’AFP, animé par Bruno Msika, ici

présent. On commence à ne plus être isolés dans nos montagnes !

La communication dont vous parliez, c’est aussi la possibilité de recenser tous les panneaux qui existent un

peu partout (73, 74, 26, 38…), et les mettre à la disposition de tous pour pouvoir en extraire les informations

dont ils ont besoin. Bien sûr, il faudra respecter les copyrights. Le réseau « Un berger dans mon école »

aussi, pourquoi pas. Et aussi le groupe national pastoralisme, où va travailler l’AFP.

 

FMP : Le 22 mai se tient une réunion du comité national loup. Il n’y a pas un berger représenté, ce que je

trouve scandaleux. On ne peut pas laisser passer ça.

 

PL : On a tout de même des alliés sûrs à l’intérieur de ce comité. Et la profession est bien représentée. Mais

il manque cette composante berger, et il faut absolument insister.

 

FMP : Si par hasard je peux y aller, est-ce que je peux parler au nom des bergers ? Moi je parlerai au nom

de notre association.

 

PL : Le mieux serait de faire le tour des présidents d’associations présents ici.

 

Toni (38) : On vous donnera la réponse après notre formation du 17-18, où je verrai tous nos bergers.

 

X ? (73) : Je ne connais pas assez le sujet…

 

FMP : Je ne vais pas parler d’une position commune à tous les bergers. Je vais simplement insister sur le

fait qu’on n’est pas invité à cette réunion où des gens parlent de nous sans nous.

 

PL : Prochaine réunion ?

 

PG : Il y a des thèmes, des axes de travail qui émergent, au cours de cette réunion. Mais on a vu aussi que,

par rapport à la première réunion, on commence un tout petit peu à tourner en rond. Il faudrait réalimenter,

nourrir le débat, faire davantage place aux groupes de réflexion.

 

X ? : Il faudrait peut-être ouvrir ce type de réunion aux alpagistes, ne pas s’enfermer qu’avec des bergers.

 

Toni : Sur les aspects communication, OK. Mais sur les statuts, ça concerne surtout les bergers. Par ail-

leurs, on a d’autres occasions pour échanger avec les agriculteurs, éleveurs, alpagistes, employeurs ou

propriétaires fonciers (AFP).

 

PL : Il faudrait que les présidents d’associations se rencontrent d’abord et préparent quelque chose pour

l’automne 2002, pour faire parvenir à nouveau des éléments au groupe national pastoralisme qui doit dépo-

ser ses propositions à la fin de l’année.

 

PG : On est lààréfléchir entre bergers d’un pays nanti. Mais il y a eu une proposition à Chambéry lors du

Forum Mondial de la Montagne de créer des liens avec des associations d’autres pays. C’est une idée à

creuser, avec l’appui peut-être d’associations à visée internationale, type VSF.

 


Conclusions des 3 commissions et principales actions et mesures présentées au Groupe National Pastoralisme (MAP/DEPSE)

 

1 ) FORMATION DES TECHNICIENS BERGERS.

 

La commission résume ainsi ses discussions et propositions.

 

1 1) Le travail du technicien berger devient très technique. Que l’on soit en troupeaux ovin, de jeunes bovins et bovins viande, ou en alpages laitiers avec ou sans fabrication (bovins, caprins, ovins), les

besoins sont quasi similaires.

 

Il convient de pérenniser des systèmes de formation annuels de 3 à 5 jours par thèmes avec, pour

commencer un recensement de tout ce qui existe au niveau de la montagne Française et des pays limitrophes.

 

1 2) Le financement des formations.

 

C’est un problème très complexe et non pérennisé :

 

- Le berger pose un problème de statut, et le montage de dossier est difficile avec le

FAFSEA du fait que les bergers n’ont pas de statut de salarié au moment de la formation.

- Il convient d’associer d’autres partenaires « saisonniers » comme les stations, ou institu-

tionnels : Régions, Parcs Naturels, qui représentent d’autres sensibilités.

 

1 3) La formation du berger doit aussi porter sur des aspects qualitatifs, patrimoniaux et culturels.

En cela, elle se différencie notoirement des formations agricoles traditionnelles.

 

1 4) La formation doit aussi prendre en compte la transmission du savoir-faire.

La commission est très sensibilisée sur ce point. La formation ne doit pas forcément être sanctionnées par

des diplômes, mais plutôt par des degrés d’expérience acquise.

 

Pour cela, l’idée d’organiser un compagnonnage inter massif et transfrontalier fait son chemin. Cela sup-

pose l’agrément des maîtres d’apprentissage, un statut du compagnon et un « carnet de route » agréé.

 

2 ) STATUT ET ORGANISATION DU METIER.

 

La commission note la volonté des participants d’aller vers un véritable statut du berger alors que, tradition-

nellement, il est assimilé à un salairié agricole saisonnier.

 

2 1) Il faut un statut pour aller vers un métier permettant aux hommes et femmes qui font ce choix

de vivre et d’avoir des projets personnels.

2 2) Il faut un statut pour mieux faire respecter des droits fondamentaux du travail : salaires, décla-

rations, congé, formation, médecine du travail…

 

2 3) La commission prend note d’une pénurie actuelle de bergers qualifiés et insiste sur le rôle des

organisations départementales et interdépartementales qui apparaissent à travers tous les massifs et même

de manière transfrontalière.

Les associations de bergers peuvent communiquer et contribuer à organiser le métier et les formations.

 

2 4) Les groupements d’employeurs offrent des statuts intéressants pour transformer en Contrat à

Durée Indéterminée (CDI) les successions de boulots saisonniers et donc améliorer la condition sociale des

bergers.

 

Ils contribuent aux passerelles avec les autres professions de la montagne et peuvent prendre en compte la

complémentarité géographique de territoires ( exemple du Groupement Pastoralisme et Gestion des Espa-

ces Naturels des Savoie et de la Transhumance Hivernale Alpes-Provence).

Idée également à travers les Groupements d’Employeurs d’organiser des « Services de Remplacement « de

bergers et des équipe de « Bergers Pompiers » en cas de coups durs ou de prédation sur un secteur

particulier.

 

2 5) La commission insiste sur le fait que le berger est un fédérateur et un médiateur du territoire

montagnard. Des CTE Collectifs Pastoraux, spécifiques et définis nationalement, devraient pouvoir mettre

l’emploi au centre du dispositif agro-environnemental.

 

2 6) La notion d’Aide-berger (type Life) est complètement à redéfinir. On parlera plutôt de degrés

dans l’acquisition d’expérience, la Savoie parle d’ « auxiliaires de prévention »….

 

2 7) Pour aller vers un statut conventionnel national du berger, la commission a bien noté la double

approche nécessaire :

 

-départementale, en créant, à partir des Associations de bergers, une sensibilisation

auprès des employeurs et des représentations syndicales au statut particulier des bergers.

-nationale, en demandant au Ministère de l’Agriculture de coordonner l’action auprès

des autres Ministères concernés ( Emploi, Environnement ), pour un statut conventionnel national permet-

tant d’encadrer les dispositions spécifiques départementales qui pourraient être prises. Le cas particulier

des entrepreneurs de garde, ou amodiataires, a également été évoqué.

 

3 ) COMMUNICATION

 

3 1) Trois publics sont identifiés :

- le grand public adulte,

- le grand public enfant,

- le public averti : professionnels de l’agriculture, techniciens et élus.

 

3 2)On rejoint, avec la communication, les problèmes généraux du pastoralisme mais on note que

les bergers doivent être les propres acteurs de leur communication.

 

3 3) Il convient d’éviter à tout pris une scission qui pourrait rapidement apparaître entre agriculteurs

de montagne (employeurs) et bergers (salariés), tout en reconnaissant les problèmes spécifiques de ces

derniers.

 

3 4) Quant à l’image du berger et à l’information sur le métier, il convient :

- d’ouvrir davantage la communication vers :

 

les élus,

les offices et métiers du tourisme,

les stations,

les Parcs Régionaux et Nationaux.

- de privilégier également la communication vers les écoles et lycées ruraux et urbains. La

commission a pris à ce sujet connaissance de l’opération « Un Berger Dans Mon Ecole », menée par les

deux Savoie.

- d’amplifier la présence des bergers et de leurs associations lors des grandes manifesta-

tions de la montagne, type « Journées de l’Alpage », « Retour des Estives »…

 

3 5) Pour les moyens, un large tour d’horizon a été fait sur l’aide que pouvait apporter les réseaux

de communication pastoraliste sur internet.

Ont été présentés successivement : le Mountain Forum et le Forum Européen de la Montagne qui offrent

depuis le Forum Mondial de la Montagne de Chambéry ( juin 2000 ) un accès couplé maintenant avec le

Réseau Alpestre Francophone : agropastoralisme@mtnforum.org, l’Association Française de Pastoralisme (

www.pastoralisme.org ) ainsi que le Ministère de l’Agriculture

La commission préconise la diffusion systématique d’informations par ces sites, qui sont déjàen lien entre

eux.

 

A terme, l’ensemble des informations relatives aux statuts, offres d’emplois, à des modèles de panneaux

d’information ou à une bibliothèque technique pourrait aussi être accessible. Ceci d’autant plus que les ber-

gers, nomades par définition, apprécient la souplesse, les possibilités et le peu de contraintes du réseau

internet.

3 6) Pour un projet fédérateur des associations de bergers portant sur des échanges techniques et

humains avec d’autres bergers des montagnes du monde.

Reprenant par là l’idée lancée à Chambéry en juin 2000, les associations de bergers sont ouvertes à des

projets de coopération qui permettraient :

- de les fédérer,

- d’ouvrir à d’autres problèmes et aux échanges.

- de mieux communiquer sur leurs actions et sur le métier de berger.


Résumé des propositions d’actions et de moyens à présenter au Groupe National Pastoralisme

 

1 ) Mieux connaître la situation des bergers sur l’ensemble des massifs :

Enquête auprès des départements et des structures spécialisées.

 

2) Vers un Statut Conventionnel National :

Coordination interministérielle par le MAP,

Rassemblements rapides de toutes les associations et organisations.

 

3) Formation :

Recensement national et transfrontalier de toutes les formations,

Inventer un Compagnonnage Européen des Bergers, européen, avec :

 

-agrément des maîtres

-statut et degrés des compagnons

-carnet d’estive

 

simplifier le financement des formations et agréer des organismes complémentaires sur leurs enseignements.

 

4) Renforcer les associations départementales de bergers :

 

Appel à projets,

Attribution de bourses portant sur :

 

-l’emploi

-la communication

-la formation

-les projets internationaux

 

5) Communiquer :

Poursuite de la structuration des réseaux internet en cours et liens entre eux

 

Sur le site du MAP créer un volet « Profession Berger »,  portant sur :

 

-le statut

-les formations

-le compagnonnage et les échanges

-une bourse d’emploi

-la vie des associations locales.

 

Participants et coordonnées

 

Organisation / Nom, prénom / Organisme / Adresse :

LACHENAL Pierre, SEA 74, B 625 – DDAF Cité Administrative, 74040 ANNECY cedex

DINSENMEYER Samuel, SEA 74, B 625 – DDAF Cité Administrative, 74040 ANNECY cedex

COGNET Emmanuel, SEA 74, B 625 – DDAF Cité Administrative, 74040 ANNECY cedex

GUELPA Pierre, SEA 73, Chambre d’Agriculture 1 Rue du Château 73000 Chambéry

SADOUX Stéphanie, SEA 73, Chambre d’Agriculture 1 Rue du Château 73000 Chambéry

GROSJEAN Pascal, DDAF 73, 83 Avenue de Lyon 73000 Chambéry

DESHAYES Marie-Thérèse CFPPA La Motte Servolex, Domaine de Reinach 73290 La Motte-Servolex

TASSET Bernadette, CFPPA La Motte Servolex, Domaine de Reinach 73290 La Motte, Servolex

GRUNENWALD Gaëlle, CFPPA La Motte Servolex, Domaine de Reinach 73290 La Motte-Servolex

 

Ont également assistés :

Nom, prénom / Organisme / Adresse

M. SINOIR, DDAF 73, DDAF 73, 83 Avenue de Lyon 73000 Chambéry

CHAUVIN Marc, ITEPSA 73, 5 rue Claude Martin 73000 Chambéry, Fédération des Alpages de l’Isère, La Grange 38190 Les Adrets

 

Groupe Formation /  Nom, prénom  / Organisme / Adresse

VIDART Jean-Pierre, Montorlin, 73210 Bellentre

BROCHE Christophe, Montorlin, 73210 Bellentre

AVET François, CFMM, 74230 Thônes

PELLICIER David, 73210 Granier

PLUVINAGE Philippe, Centre régional d’élevage, 74330 POISY

LACHENAL Noémie, SEA74, 74000 Annecy

HACHET Céline, Vachère, 96 Petite rue, 88000 Longchamp

CRUNEMBERG Catherine aide-bergère, Commanster 5, B-6690 Vielsalm

BAUMAN Martens, Asso Bergers Jura franco-suisse, CH-1344 L’Abbaye

PERRIN François-Marie, Asso Bergers 05, Chemin des Aires, 84210 Vénasque

 

Groupe Statuts / Nom, prénom / Organisme / Adresse

BOURNEZ Norbert, Asso Bergers Jura, La Petite Echelle, 25370 Rochejean

TEILLOT Chrystel, Formation berger alpage, La Motte Sx, 2 lott Les Fauvettes, 38200 Luzinay

DIEMERT Marie, Formation berger alpage, La Motte Sx, 9 Le Vernet, 74540 Gruffy

LE CORFEC Yannick, Ingénieur agro, 11bis rue César Franck, 75015 Paris

LARREM Maurice, Berger, Le Moulin du Pont, 73270 Beaufort

MARECHAL Lucie, Formation berger alpage, La Motte Sx, 95 Petite Via, 73870 St Julien Montdenis

GLANE Sabine, CFPPA bergère, 38500 Voiron

GATTLEN Kilian, CFPPA, Bahnhofstr. 21, CH-3930 Visp

DERAUGLAUDRE Juliette, 346 av. du Granier, 73490 La Ravoire

COGNET Alexandre, CFPPA, 355 av. de la Mioutaz, 73870 St Julien Montdenis,

OGGERI Delphine, Asso Bergers des Savoie, 73210 Granier

DELMONTE Toni, Asso Bergers Alpe d’Huez, Route des Lacs, 38750 Alpe d’Huez

 

Groupe Communication / Nom, prénom / Organisme / Adresse

MAROLLEAU Patricia, SEA, Les Bleuets, 74230 Thônes, BARRETEAU Mathieu

Formation berger, Le Vernet, 74540 Gruffy

GROS Olivier, BPREA Elevage, 8 rue des Mottets, 73500 Aussois,

LE DRUILLENEC Guy, Gardien de refuge Chartreuse, Col de la Charmette, 38120 Proueysieux

DEMAQUIS Bernard, Formation berger alpage, 50 rue Père Eugène, 73 La Motte Servolex

DURAN Antonio, Formation berger, 9 bd Perin, 73100 Aix les Bains

DUCOGNON Valérie, Bergère vaches laitières Beaufort, 73210 Granier

LEGER Fernand, Eleveur ovin, 73260 Celliers

BAUDREY Marc, Eleveur ovin, 73260 Celliers

BAUDREY Ludivyne, Eleveur ovin, 73260 Celliers

TEZENAS DU MONTCEL Sylvaine, BPREA au CFPPA La Motte, 74410 La Chapelle St Maurice

MILLIET Dominique, BEPA CFPPA 73, 73340 Bellecombe Bauge

MSIKA Bruno, Eds de la Cardère, 8 imp. Tilleul, 84310 Morières

ERNOULT Christian, Cemagref Grenoble, 38 St Martin d’Hères

DOMPNIER Georges, président SEA73

DAVOINE Cathy, Alpes Evénements