Les interventions à l'agnelage

 

Division:

Agriculture et affaires rurales

Situation:

Fiche technique originale

Rédacteur:

Dr S. John Martin - Consultant en santé des ovins, caprins et porcins/MAAO

 

La présente fiche technique fait partie d’une série de trois fiches intitulées Les interventions à l’agnelage, L’hypothermie chez l’agneau nouveau-né, et Les soins de l’agneau nouveau-né, qui portent sur la survie des agneaux à la naissance. Il est conseillé de les consulter ensemble.

 

 

Table des matières

 

Introduction. 1

Signes annonçant l'imminence de l'agnelage. 2

Agnelage. 2

Signes de mises bas anormales. 3

Faire l'examen interne. 4

Interventions. 4

Présentation normale. 4

Présentations anormales. 4

Soins à administrer après la mise bas. 5

 

 

Introduction

 

Chez la brebis, la gestation dure de 144 à 151 jours, avec une moyenne de 147 jours. La date à laquelle on peut s'attendre au premier agnelage peut être calculée à partir du premier jour où les brebis ont été mises en présence d'un bélier fécond. Avant le début de la période des agnelages, il est judicieux de préparer une trousse d'agnelage. Les accessoires essentiels de la trousse sont les suivants :

 

 

Il faut aussi avoir sous la main du colostrum et un aliment d'allaitement. Le colostrum, qui peut être de brebis ou de vache, est gardé congelé en unités de 500 mL. Si l'agnelage a lieu en bergerie, il est nécessaire de prévoir des cases de dimensions suffisantes pour loger individuellement chacune des brebis du groupe, pendant deux à trois jours, avec son ou ses agneaux.

 

 

Signes annonçant l'imminence de l'agnelage

 

Environ dix jours avant l'agnelage, les mamelles de la brebis sont dures au toucher et gorgées de colostrum. À compter de ce moment jusqu'à la mise bas, les lèvres de la vulve se relâchent et se congestionnent légèrement. Dans les dernières heures qui précèdent l'agnelage, la plupart des brebis cherchent à se mettre à l'écart du troupeau. À ce moment-là, il est bon de les conduire dans une case d'agnelage.

À la naissance, l'agneau dont la présentation est normale a une position dorso-sacrée (son dos est du côté des vertèbres du sacrum) et sa tête est entre les pattes antérieures qui pointent vers le col de l'utérus, lequel est encore fermé par le bouchon muqueux.

 

L'agneau est enveloppé dans deux « sacs » remplis de liquides, l'allantoïde et le chorion. Ces deux membranes foetales font office de « coussins » qui amortissent les chocs et préviennent les blessures au foetus en développement. Elles font partie du placenta. Le placenta adhère à la paroi utérine par quelque quatre-vingt petites « attaches », les cotylédons. C'est par l'intermédiaire des cotylédons et du placenta que l'agneau en développement a reçu ses nutriments du sang maternel. Le placenta et les cotylédons seront expulsés après la naissance, constituant l'arrière-faix ou délivrance.


Présentation normale chez une brebis à terme.

Figure 1. Présentation normale chez une brebis à terme.

 

 

Physiologie de la parturition (agnelage)

 

Le mécanisme suivant lequel les femelles mammifères donnent naissance à leurs petits est stimulé par des changements dans l'équilibre hormonal et par le volume du contenu utérin (le foetus et les liquides placentaires). Ces stimuli déclenchent les contractions de l'utérus qui poussent le foetus à s'engager dans le col de l'utérus en voie de dilatation et aboutissent à son expulsion.

 

 

Agnelage

 

Au cours d'un agnelage normal, on distingue trois stades :

 

 

1. La dilatation du col de l'utérus

 

Quand les contractions utérines commencent, un mucus blanc crème épais, qui est le reste du bouchon cervical, est évacué par la vulve. C'est un signe qui passe souvent inaperçu. Les contractions continues de l'utérus poussent la première membrane foetale dans le col de l'utérus, ce qui a pour effet de stimuler la dilatation. Pour finir, le diamètre du col sera pratiquement égal à celui du détroit antérieur du bassin.

À ce stade, la brebis devient agitée, elle se couche et se relève, fouette de la queue et bêle fréquemment. Elle fait parfois des efforts expulsifs. Ce stade dure de trois à quatre heures.



2. Expulsion de l'agneau

 

À mesure que les constractions utérines s'intensifient et se rapprochent, l'agneau et les membranes foetales sont poussées à travers le col de l'utérus. La première membrane crève et libère un liquide aqueux qui s'écoulera par la vulve. Lorsque la brebis continue ses efforts d'expulsion, la deuxième membrane sort de la vulve et se rompt à son tour, libérant un liquide de consistance plus épaisse.

La rupture des membranes contribue à lubrifier le canal génital et à faciliter le passage du foetus. On peut souvent apercevoir les sabots et le museau de l'agneau à l'intérieur de la deuxième membrane avant qu'elle ne se rompe.

La brebis continue ses efforts d'expulsion et pousse progressivement l'agneau, pattes antérieures en premier, suivies de la tête. Il arrive que la brebis doive faire des efforts considérables pour pousser la tête et les épaules de l'agneau à travers l'ouverture pelvienne. Une fois ce passage franchi, la mise bas définitive ne tarde pas à se produire.

Dans le cas d'une gestation unifoetale, la mise bas doit être achevée une heure ou moins après la rupture de la première membrane foetale. Chez une brebis qui met bas pour la première fois, ou qui porte plusieurs foetus, la mise bas peut prendre plus longtemps.

 


3. Expulsion de l'arrière-faix ou délivrance

 

Le placenta, dont le rôle est terminé après la naissance de l'agneau, est expulsé de deux à trois heures après. Aucune partie du placenta n'est expulsée avant la sortie du premier agneau. Dans le cas d'une gestation multifoetale, il y a une délivrance séparée pour chaque agneau.

 

 

Signes de mises bas anormales

 

La plupart des brebis mettent bas sans aide et environ 95 % des agneaux naissent en se présentant normalement, c'est-à-dire les pattes antérieures en premier. Une mise bas normale dure habituellement cinq heures, entre le moment où le col de l'utérus commence à se dilater et la naissance. La dilatation du col de l'utérus prend quatre heures et la mise bas proprement dite une heure. Les quatre premières heures passent souvent inaperçues.

La brebis peut avoir besoin d'aide dans les cas suivants :

La brebis continue ses efforts expulsifs, mais il n'y a pas de signe de membranes foetales;

La brebis continue ses efforts expulsifs une heure après la rupture des membranes foetales, mais on n'aperçoit pas d'agneau;

 

L'agneau semble coincé dans les voies maternelles;

Il y a présentation anormale, par exemple patte repliée ou tête renversée sur le côté.

Tout retard à apporter cette aide peut faire la différence entre un agneau vivant et un agneau mort.

 

Faire l'examen interne

La propreté est importante pour prévenir l'infection de l'utérus. Laver la région postérieure de la brebis, autour de la vulve, avec du savon et un désinfectant doux pour enlever toute trace d'excréments et autres souillures. Se récurer les mains et les bras avec un savon et un désinfectant doux, et les lubrifier avec du savon ou de la crème obstétricale. Glisser la main doucement dans le vagin et palper l'agneau pour évaluer la situation. Naturellement, il vaut mieux que cette tâche soit réalisée par une personne ayant des petites mains.

Dans la plupart des cas, l'agneau se présente normalement et on peut sentir les deux pattes avant qui encadrent la tête.

 

Mais dans d'autres cas, la présentation est anormale :

 

 

Interventions

 

Présentation normale

Passer le noeud d'une longe d'agnelage autour de chaque patte, au-dessus du boulet, et exercer des tractions fermes et constantes, en les synchronisant avec les efforts expulsifs de la brebis. Lubrifier le vagin autour de l'agneau avec de la gelée obstétricale pour faciliter le passage de l'agneau. Cela est particulièrementt important si un certain temps s'est passé depuis la rupture des membranes foetales et que le vagin a perdu sa lubrification naturelle.

 

 

Présentations anormales

 

II faut les rectifier avant d'essayer de tirer l'agneau. Ne pas essayer de transformer une présentation par les pattes arrière en une présentation normale. Tirer l'agneau les pattes arrière en premier, horizontalement, jusqu'à ce que les pattes arrière et le bassin de l'agneau soient sortis de la vulve, puis changer le sens de la traction vers le bas en direction du sol. Si on tire vers le bas avant que le bassin de l'agneau soit sorti, l'agneau se retrouve coincé dans le canal pelvien de la brebis. D'autres mauvaises présentations sont possibles.

Il faut se rappeler que les naissances multiples sont courantes. Deux agneaux peuvent se présenter avec les pattes emmêlées. On doit toujours vérifier que les pattes et la tête appartiennent au même agneau avant d'essayer de les tirer

 

Il arrive que des brebis donnent des agneaux malformés dont la tête est plus grosse que la normale, dont les articulations sont raides et (ou) dont le squelette présente des anomalies. Pour assurer une bonne mise bas dans ces conditions, on peut avoir besoin de l'aide d'un berger d'expérience ou d'un vétérinaire.

 

Étant donné que les brebis ont des gestations multifoetales, la même succession d'événements, rupture des membranes foetales et expulsion de l'agneau, se répétera pour la délivrance de chaque agneau. Après un agnelage assisté, on doit toujours vérifier que la matrice de la brebis ne contient pas un autre agneau.

 

 

Soins à administrer après la mise bas

 

Dans tous les cas, que la mise bas ait été naturelle ou assistée, vérifier que l'agneau respire, que ses narines ne sont pas encombrées de mucus et ne sont pas couvertes d'une membrane utérine. Dès ce moment, il faut désinfecter l'ombilic de l'agneau pour prévenir l'infection.

La brebis se met en général à lécher l'agneau, comportement naturel qu'il ne faut pas contrarier. Certaines brebis ingèrent l'arrière-faix, mais il vaut mieux les en empêcher car cela peut provoquer des dérangements digestifs.

 

L'agneau en bonne santé cherche très vite à se tenir sur ses pattes après la naissance et commence à téter sa mère. Par contre, si l' agneau s'est affaibli à cause d'une mise bas trop longue, il faut l'aider à téter ou lui donner 250 mL de colostrum par sonde gastrique. Cette première tétée est cruciale car le colostrum contient les anticorps qui immuniseront l'agneau immédiatement contre les agents infectieux communs dans le troupeau. Tous les agneaux doivent téter ou recevoir du colostrum par sonde dans les six à huit heures qui suivent la naissance. Pendant les 24 premières heures de sa vie, chaque agneau doit ingérer environ un litre de colostrum. Au bout de 36 heures, l'agneau a perdu la faculté d'absorber de nouveaux anticorps à partir du colostrum.

 

Après un agnelage assisté, la brebis doit recevoir une injection d'antibiotique et un ovule d'antibiotique dans l'utérus.

Présentation normale.

Figure 2. Présentation normale.


Présentation par le siège.

Figure 3. Présentation par le siège.


Une patte est repliée.

Figure 4. Une patte est repliée.


Pattes arrière seulement.

Figure 5. Pattes arrière seulement.


Tête renversée sur le côté.

Figure 6. Tête renversée sur le côté.


Les deux pattes avant sont repliées.

Figure 7. Les deux pattes avant sont repliées.


Accrochement des coudes.

Figure 8. Accrochement des coudes.


Jumeaux - l'un tourné vers l'avant, l'autre vers l'arrière.

Figure 9. Jumeaux - l'un tourné vers l'avant, l'autre vers l'arrière.


Quatre pattes - une tête vers l'avant, l'autre vers l'arrière.

Figure 10. Quatre pattes - une tête vers l'avant, l'autre vers l'arrière.

 

 

Liens connexes

 

Les interventions à l’agnelage

L’hypothermie chez l’agneau nouveau-né

Les soins de l’agneau nouveau-né

 

Pour plus de renseignements: sans frais: 1 877 424-1300, local: (519) 826-4047
courriel : ag.info@omaf.gov.on.ca

 

Source : http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/sheep/facts/98-092.htm