Psychologie des créateurs des théories pseudo-scientifiques

 

Par Benjamin Lisan [1], le 2 novembre 2006

 

« "Que tous les hommes soient frères ", …  c'est le rêve des gens qui n'ont pas de frère »,

Reflections on the Art of Life, Charles Henri Hippolyte Chincholle (1845-1902).

 

1         Introduction

 

Régulièrement, des professeurs et chercheurs universitaires connus, reçoivent, dans leur courrier, des dossiers de théories souvent pleines d’imagination, mais farfelues et fausses.

 

Ce qui caractérise la plupart de ces « chercheurs » ou inventeurs indépendants est qu’ils n’ont pas les connaissances universitaires et scientifiques qui leur permettraient de se rendre compte que leurs « théories » sont fausses ou peu crédibles.

 

Par ailleurs, les mouvements sectaires ont souvent aussi tendance à s’entourer de ces « pseudo-scientifiques » destinés ou supposés leur apporter une « caution scientifique » aux thèses plus ou moins délirantes, prônées par ces mouvements.

Autour de ces créateurs de théories pseudo-scientifiques, gravitent parfois aussi des émules, un fan-club, des adeptes.

 

Il arrive aussi que des scientifiques, pourtant d’un bon niveau universitaire et réputés comme sérieux, n’hésitent pas à se lancer dans des « théories » creuses, fumeuses, utilisant souvent un verbiage ou un charabia incompréhensible et des mots savants et rares, destinées à l’impressionner leurs auditoires, mais n’apportant strictement rien à l’avancement de la science [2].

 

Du fait du grand nombre de « théories » farfelues, tombant sur le bureau de scientifiques, dès qu’une personne ne venant pas du monde universitaire, dit avoir élaboré une nouvelle théorie (en physique etc. …) et avoir fait une découverte, la méfiance est de rigueur. On ne la prend pas, la plupart du temps, au sérieux. Son papier part le plus souvent à la poubelle, avant même d’avoir été lu.

 

Dans le domaine des créateurs de « théories » pseudo-scientifiques, on trouve des auteurs sincères (qui auraient besoin d’être aidés), des mythomanes, des mystificateurs et des escrocs pour qui tous les moyens sont bons pour devenir célèbres et riches.

 

Quelles sont les motivations de ce créateurs ?

2         Psychologie des créateurs des théories pseudo-scientifiques

 

L’auteur (quand il était étudiant [3]), a eu entre ses mains, ces théories farfelues. Par sa fonction de directeur d’un club de recherches scientifiques, il a été souvent le destinataire des courriers des créateurs de ce théories. Il s’est demandé alors pourquoi _ en France du moins _, nous avions tant d’auteurs de ce type de théories « farfelues ».

 

Comme a pu le constater d’abord l’auteur, ces créateurs n’ont le plus souvent pas la formation et la connaissance scientifiques, ce qui aurait pu leur éviter d’affirmer des faits scientifiques faux. Ils n’ont, dans leurs travaux, dans leurs travaux, le plus souvent, aucune rigueur scientifique, en particulier aucun soucis de vérification rigoureux de leurs affirmations, car ne connaissant pas les règles de la démarche scientifiques (pas de soucis tatillon de la vérification, pas de soumission de leurs travaux à la critique d’autres collègues …).

            Le profil des créateurs de ces de théories pseudo-scientifiques, tel que l’auteur a pu le constater, est souvent celui de personnes le plus souvent très intelligentes, voire brillantes, qui n’ont pas eu, dans leur jeunesse, la possibilité de faire des études scientifiques approfondies, alors qu’elles auraient pu faire des études scientifiques très poussées et devenir des scientifiques reconnus, brillants … si l’on les avaient aidés au bon moment.

 

            Certaines personnes ont du mal à être crédibles du fait d’une mauvaise présentation, certaines à l’esprit fusant et se dispersant dans tous les sens, d’autres bredouillant dans leurs exposés, d’autres à la présentation « marginale », ne donnant pas une certaine garantie de leur sérieux au premier abord …

 

Mais le plus souvent, un accident,  un « coup du sort » a fait « capoter » les rêves, les aspirations, la trajectoire brillante des ses aspirants scientifiques, « plein de promesse ». Ce coup du sort peut être la pauvreté de la famille, cette dernière l’empêchant d’offrir des études poussées au candidat scientifique, puis une certaines fermeture intellectuelle de la famille aux désirs de l’enfant, enfin un épisode grave (une crise familiale, un divorce, une maladie …) empêchant la jeune personne de suivre tel cycle d’étude, ou de passer un concours, à un moment critique. L’auteur a même connu le cas  d’un directeur de thèse, empêchant la publication des travaux de deux thésards, l’un suite à un conflit de personnes, lié à la récupération par ce directeur des découvertes du thésard (sans mentionner la contribution du thésard sans ses publications), l’autre suite à un refus du thésard de cautionner les thèses fausses de son directeur de thèse.

 

Par la suite, reste chez ces personnes, un véritable regret ou un crève-cœur voire un ressentiment pour leurs rêves inassouvis, voyant qu’il y a tant de scientifiques brillants ayant réussi dans leurs domaines et alors que eux végètent dans un emploi subalterne, dans une filière ne les intéressant pas, située hors de leurs domaines d’intérêt.

 

Par la suite, les contraintes professionnelles et familiales _ surtout lorsque l’on est obligé de  travailler durement pour faire vivre la famille [4], élever des enfants _, font que ces créateurs et inventeurs n’ont plus le temps de continuer leurs études.

 

            Certains encore sont dans une telles situation morale et professionnelle désespérée, qu’ils espèrent et croient qu’ils arriveront à « s’en sortir », moralement ou professionnellement, par la découverte, l’invention qui les feront enfin être reconnus de leur vivant. Et c’est à ce moment là, qu’il tentent de se remettre (de retravailler) sur quelques idées qu’ils avaient eu jeune ou sur de nouvelles idées récentes, qui leur apporteront gloire et richesse. Ils tentent ainsi, d’une certaine manière, le coup de dé de la dernière chance.

 

Certains encore, du fait de leur situation professionnelle et familiale chargée, ne possèdent pas le temps matériel de vérifier leur « théorie ». Ils peuvent commettre alors des erreurs en toute bonne foi.

 

De plus les enseignements des écoles de médecine et d’ingénieur, qu’ont suivi la plupart de ces inventeurs _ au lieu d’études universitaires poussées qu’ils auraient rêvé suivre _,  n’apprennent, le plus souvent, pas la démarche scientifique et critique [5].

 

D’autres cherchent aussi par leurs « travaux » à compenser un sentiment d’infériorité ou d’échec, en cherchant à devenir célèbre  … certains cherchant alors tout bonnement la gloire, l’argent, par n’importe quel moyen. « Chercheurs » frustrés, n’arrivant pas à comprendre les complexes théories actuelles (tels que la mécanique quantique, la relativité …), du fait de leur manque de connaissance scientifiques, mettent à critiquer ces dernières théories, persuadés que leur propre « théorie » sera le point de départ d’une importante révolution scientifique (chez eux, une composante mégalomane ou paranoïaque n’est pas à exclure).

Ils pensent le plus souvent pouvoir court-circuiter le long apprentissage des connaissances scientifiques, du fait de leur « génie ». Or malheureusement, il n’existe pas de « voie royale » ou de solution miracle _ quelque soit l’intelligence ou le « génie » de l’inventeur _, pour l’apprendre. De plus, il faut du temps, même beaucoup de temps, des années, pour l’acquérir, ce dont ils manquent le plus souvent.

 

Ensuite, les critiques et attaques (pas toujours amènes et sympathiques) du monde scientifique à leur égard, ne font souvent que renforcer leur paranoïa ou leur frustration.

L’augmentation de leur frustration peut alors les pousser à s’acharner dans des voies erronées, persuadés d’avoir toujours plus raison. S’instaure chez eux, le « syndrome ou délire du persécuté ». Le « persécuté » est persuadé d’être un nouveau Galilée, martyr d’un complot de la redoutable communauté scientifique [6]. Il se sent victime de la fermeture d’esprit ou de l’arrogance du monde scientifique. Il aura été l’objet d’une « injustice », de la part du monde de « mandarins » fermés (se battant pour leur « privilèges »), refusant la « concurrence » de tout esprit novateur, qui ne ferait pas parti de leur « monde » [7]. Ils les accuseront d’avoir une vision élitiste de la connaissance, réservée seulement aux plus brillants et plus aptes, à ceux qui ont réussi tous les concours, diplômes et toute l’intégralité de la filière scientifique. Ou bien, il les accusera de tirer leur célébrité, à bon compte, sur le dos de créateurs de théories pseudo-scientifiques, cibles et boucs émissaires faciles.

Les attaques répétées de ces paranoïaques, contre la communauté scientifique, provoqueront immanquablement, une réaction inverse, de cette dernière, d’abord le silence, l’agacement puis des réactions plus sévères _ articles sans concession, dans ses revues scientifiques, ou des revues de vulgarisation scientifiques, sur la « théorie » [8]. Ce schéma classique du renforcement de la paranoïa de ces inventeurs est désormais bien connu.

 

On trouvera parmi eux, des personnes qui s’inventent des titres universitaires qu’ils n’ont pas, ou qui jouent au scientifiques apportant la « caution » scientifiques aux groupes et associations parapsychologiques ou ufologiques.

 

Il y a encore le cas de certains scientifiques honnêtes, compétent dans un domaine [9], mais engagés dans des voies erronées, en toute bonne foi.

 

Par ex., on peut être un honnête mathématicien [10] mais ne pas être ni un bon statisticien, ni un psychologue, ni un illusionniste. Et dans ce cas, il sera sûrement risqué, pour soi, de vouloir se lancer dans les études statistiques des « phénomènes parapsychologiques », si l’on n’est pas certain qu’on ne risquera pas de se abuser par des escrocs illusionnistes (capables de truquer les résultats de tirages de cartes, de dés, d’anticiper les attentes de l’expérimentateur). Par ailleurs, il n’est pas certain qu’un ne risquera pas de tromper sur les résultats de ses propres mesures, par le fait que les conditions d’expérimentales n’ont pas été suffisamment rigoureuses, en n’ayant pas pris en compte tous les paramètres [11]. Par exemple, lors de ses propres expériences, on peut avoir oublié le risque d’envoi de messages subliminaux entre cobayes, expérimentateurs et superviseur de l’expérience. Sinon, être statisticien permet justement de savoir qu’il est parfaitement possible, parmi un échantillon de 1000 cobayes, qu’un sujet d’expérimentation tire un nombre « anormal » de fois le bon numéro, avec une « chance insolente » _ cas parfaitement prévu par la théorie de la probabilité _ et savoir pourtant qu’aucun phénomène « parapsychologique » n’est intervenu ici dans ce cas.

 

Sinon, on peut encore être docteur en 3ème cycle en astronomie-astrophysique, mais avoir un certain manque de connaissance dans les phénomènes d’attente, dans le domaine des canulars et d’une manière générale dans la connaissance des phénomènes de propagation des rumeurs, des mythes  [12]

 

Lors de l’étude d’un nouveau traitement médical, certains médecins [13] « oublient » d’avoir  recours à une démarche expérimentale du double aveugle [14] rigoureuse.

 

3         L’attitude actuelle des scientifiques face au phénomène

 

D’une manière générale, les scientifiques, ayant atteint une certaine notoriété, accordent guère d’attention et surtout leur temps (temps, il est vrai compté [15]), pour expliquer, à ces créateurs ou inventeurs farfelus, pourquoi leur théorie est scientifiquement fausse. Il est d’ailleurs rare que ces derniers reçoivent une réponse, à leur abondant courrier [16].

 

Par ailleurs, certains scientifiques sceptiques, peu « compréhensifs », au lieu de discuter directement avec l’intéressé, préfèrent s’adresser directement au directeur ou supérieur hiérarchiques de ce dernier, pour le critiquer, sans que l’intéressé soit au courant, au risque de démolir durablement sa carrière [17]. Démarche qui ne peut que renforcer la « paranoïa » de l’intéressé.

 

Or tous les créateurs de « théories » pseudo-scientifiques ou inventeurs d’expériences erronées ne sont pas tous malhonnêtes ou mythomanes. Certains acceptent la critique.

Tous ne méritent donc pas d’être démolis durablement.

 

D’ailleurs, dans le monde scientifique, le refus d’aider quiconque effectuant une recherche scientifique, ne se limite pas aux inventeurs scientifiques, mais ce refus d’aide peut exister aussi d’ailleurs entre collègues et scientifiques, du même domaine [18].

 

            Même les scientifiques sceptiques, qui devraient lutter tous ensemble contre les charlatans, les escrocs, les pseudo-sciences et donc être solidaires dans cette lutte, ne s’entraident pas toujours. Tel spécialiste d’un domaine donné (par ex., l’astrologie, …), ne voudra pas communiquer son argumentaire (ici son argumentaire anti-astrologie …) a un autre scientifiques sceptiques, parce que le considérant a priori comme pas assez compétent dans son propre domaine de « spécialisation » (ici l’astrologie !).

 

4         Tirer d’abord, faire les sommations ensuite

 

L’auteur a rédigé un texte article « La démarche scientifique face à la parapsychologie ». Cet article se trouve sur le site de l’AFIS [19], une association combattant les pseudo-sciences.

Un membre de l’AFIS ne lisant que les premières lignes de cet article [20] s’insurge et y voit un article au « développement ésotérique », « absurde » … et « L’infiltration tous azimuts des délirants ». Si cette personne m’avait contacté, elle aurait su que cet article sous couvert d’éclairer la lanterne d’un magnétiseur connu est en fait une réfutation des arguments parapsychologiques.  De plus l’auteur sait que les parapsychologues consultent de temps en temps le site de l’AFIS, et que c’était un moyen de leur offrir un article plus « digestes » (pour eux) à lire que les articles habituels sur le sujet. En fait, cet personne n’a jamais pris le temps de lire jusqu’au bout cet article. Quand l’auteur a tenter de rentrer en contact avec ce membre de l’AFIS, ce dernier a refusé toute discussion, restant fanatiquement sur ses positions, une façon d’agir comme un repoussoir, aux yeux des gens a priori les plus ouverts.

 

Monsieur Vallée, ingénieur et chercheur au CEA, a fait paraître, en 1972, un livre [21] critiquant l’évolution de la physique actuelle, évolution qui lui paraissait erronée. Par la suite, il s’est engagé dans une sorte de dérive plus ou moins délirante [22], affirmant qu’un phénomène de percement des parois par un faisceau d’électron, observé dans les tores Tokamak, de fusion thermonucléaire, comme celui de Fontenay-aux-Rose, était la vérification

Selon Jean-Marc Lévy-Leblond [23], « M. Vallée, dont les écrits ressemblent à la physique comme à la calligraphie ces graphismes de Stein-berg qui, mimant de loin une écriture parfaitement conventionnelle, se révèlent de près être d'insignifiants tracés » … « nous voulons, sur un plan purement factuel, ruiner les prétentions insensées de cette « théorie » en rendant compte de l'échec net et sans appel d'une expérience proposée par M. Vallée et réalisée, sur ses indications, par M. Kovacs. C'est volontairement que nous n'analysons pas ici les incompatibilités évidentes des propositions de M. Vallée avec les théories admises : là n'est pas le problème essentiel. Nous souhaiterions plutôt à cette occasion lancer le débats sur les problèmes de fond posés parla prolifération de telles aberrations ».

… « [ et sa] réfutation demande moins une critique rationnelle que l'abolition de leurs bases objectives ».

 

Ces propos étaient particulièrement cruels et n’auraient pas eu lieu d’être. Dans une étude poussées de 80 pages, publiée en 1978 [24], de toutes les équations de la théorie synergétique et autres affirmations, non formalisées, de M. Vallée (captation de l’énergie diffuses …), l’auteur avait prouvé sur le plan objectif et scientifique, que :

 

q       Que l’on n’avait pas affaire « à une théorie formalisé et prédictive », mais à un certain nombres d’intuitions, de démonstrations mathématiques séparées, ne formant pas un tout cohérent.

q       Que l’angle de la déviation des rayons lumineux par le soleil, calculée par M. Vallée était fausse. Et que l’on ne pourrait rien dire au sujet de son affirmation, concernant une possible influence de la couronne solaire sur cette déviation puisque M. Vallée n’a effectué aucun calcul pour déterminer si l’indice de réfraction du gaz de proton composant la couronne solaire avait une influence sur cette déviation (le calcul a été fait pour le gaz d’électron qui a montré lui que ce dernier avait un effet négligeable [25]).

q       Que l’affirmation de la captation de l’énergie diffuse était l’aspect le plus délirant, ayant le moins de relation avec le reste du corpus de la « théorie synergétique » et qu’elle n’a jamais été prouvée, d’abord avec les expériences de M. Kovacs à Paris et de M. Gréa à Lyon, puis aussi en particulier au niveau des tores tokamaks.

 

Nous avons prouvé par ce document et cette étude, que sa réfutation pouvait être faite par une critique rationnelle contrairement à ce qu’affirmait Jean-Marc Lévy-Leblond.

Les propos de Jean-Marc Lévy-Leblond et autres propos peu amènes, n’ont fait que renforcer M. vallée dans sa paranoïa. L’auteur n’est pas sûr que par cette méthode étaient la bonne méthode pour combattre les pseudo-sciences, les synergéticiens existant toujours en 2006 et considérant toujours que le sort fait à M. Vallée était injuste [26].

 

 

5         La résurgence du « fait religieux » partout dans le monde

 

Depuis les années 80, on observe une résurgence du « fait religieux » partout dans le monde, dans les pays musulmans, avec le renouveau religieux aux USA, avec les églises américaines (évangélistes, charismatiques …), avec le créationnisme, l’intelligence design …

Des scientifiques réputés comme le physicien Fritjof Capra [27], Xuan Thuan Trinh [28], David Bohm, Karl Pribram, même Hubert Reeves [29] … s’engouffrent dans la voie spiritualiste, comme au Colloque de Cordou [30], en octobre 1979, qui portait sur la science et l’ésotérisme.

 

Pourquoi ce « renouveau » ? En fait, le rationalisme, la science ne semblent pas résoudre tout, en particulier tous les problèmes des hommes, sinon les hommes ne se tourneraient pas vers la religion. L’auteur rajoutera  que parmi les rationalistes, il n'y a pas toujours beaucoup de gens très sympathiques,  ou sociables prêts à être solidaires avec les plus exclus, compréhensif, sachant écouter y compris les farfelus etc.

C'est une des problématiques contribuant à ce que les gens fragiles, à quête de sens, etc. se tournent vers la religion ... Car le rationalisme ne fournit pas un cadre moral et éthique hormis le fait de prôner la laïcité et les droits de l’homme. Or il n’y a aucun raisonnement scientifique pouvant convaincre d’agir plus solidairement, d’être plus « moral » avec ses semblables, d’agir dans le sens de la maîtrise ses bas instincts ou sa violence, pour contribuer à améliorer la société … dans notre société. Seuls quelques raisonnements intuitifs de bon sens peuvent convaincre certaines personnes. Seules les religions fournit des réponses sur ces questions. Une réflexion serait d’ailleurs à mener sur ces sujets.

 

 

6         Que faire ?

 

Tout le monde est d’accord pour admettre que certaines pseudo-sciences sont dangereuses. On ne reviendra pas dessus. Elles sont d’ailleurs sanctionnées par la loi [31].

 

Mais on peut se demander alors si cette façon de procéder, consistant à attaquer, derrière son dos, tout auteur d’une théorie ou d’une démarche pseudo-scientifiques, sans même prendre le temps de le connaître et sans que l’intéressé soit au courant, est toujours la bonne méthode, permettant de lutter au mieux contre les « fausses sciences » et leur propagation.

 

Ne faudrait-il pas plutôt prendre, d’abord, à part dans le secret des alcôves, ces « farfelus » ou ces personnes n’ayant la connaissance scientifique suffisante dans certains domaines hors de leurs compétence, afin les prévenir de leur erreurs, quitte en l’absence de résultat, de les dénoncer publiquement ultérieurement ?

 

Les scientifiques savent par l’expérience que la connaissance scientifique ne s’acquière que progressivement, souvent au cours de longues études de plus plusieurs années, puis par son travail et reconnaissent qu’il n’y a pas de voies royales à la connaissances scientifiques, ni « d’Archive Akashique » [32] magiques. Or certains créateurs de théories pseudo-scientifiques, croient qu’on peut court-circuiter tout ce long processus et qu’il est facile d’obtenir la « connaissance infuse », « tombée du ciel », sans effort, ni étude.

 

Ne faudrait-il pas peut-être mieux les à entreprendre des études (un cursus) universitaires, dans le(s) domaine(s) concerné(s) par leur « théorie » ou dans leurs domaines de prédilection. Et surtout les dissuadant de tenter de faire « passer » leur théorie auprès du monde scientifique (de la publier prématurément), au risque de se décrédibiliser, sans avoir les connaissances, et sans avoir entrepris ce long cursus universitaire. Connaissances qui permettra de rectifier (ou d’abandonner) leur « théorie ».

 

Une autre solution serait de proposer à ces auteurs de reprendre leurs études. En effet, le CNAM, les universités ou encore les mairies et nombre d’organismes proposent des formations en dehors des horaires de travail, une formule pour se former incognito et pour un coût relativement modique [33]. À quelques exceptions près, la plus grande partie des formations est dispensée par les services de formation continue des universités, ainsi que par les 28 centres régionaux du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), véritable place forte des cours du soir.

 

Quelles objections sont quand même à émettre par rapport à cette idée. En effet, la majorité des entreprise s’opposent, malgré les lois en vigueur, à ce que leurs employés parte en formation [34]. Par ailleurs les contrainte professionnelles (avec l’obligation de ruser avec son employeur ( !) …), et familiale sont telles que les candidats abandonnent en cours de route. Il n’y a pratiquement pas de cours par correspondance ou de formation de ce type par Internet. Par ailleurs, ces formations sont, pour la plupart, des formations pratiques d’ingénieur et non des cours théoriques universitaires. Par exemple, le CNAM ne forme pas à la physique fondamentale. Théoriquement, on peut ou pourrait à tout âge reprendre ses cours à l’université. Mais, au-delà d’un certain âge, il n’y a pas de bourse. Et on doit les financer soit-même. Ces études à temps complet sont longues et il est difficile de trouver un temps partiel suffisamment souple, pour ne pas manquer un seul des examen et pour les financer. Bref, le défit, consistant à reprendre ses études, reste difficile à relever.

 

Une solution serait l’instauration de bourses pour ces étudiants tardifs. On pourrait proposer, par exemple, que les candidats _pour obtenir leur bourse _, passe un oral devant des jurys composés de scientifiques compétents, spécialistes du domaine scientifiques que le candidat veut étudier. Devant ces jurys, ces candidat indépendants soutiendraient leur projet, devant démontrer leur brillance, la pertinence de leur candidature et montrant qu’ils ne décevront pas les attentes que le jury place en eux.

 

 

 

7         En conclusion

 

Pour éviter, qu’on puisse reprocher aux scientifiques sceptiques, contempteur, pourfendeur de créateurs de théorie pseudo-scientifiques, d’avoir une « attitude injuste » face à ces inventeurs, il serait peut-être bon d’envisager une attitude plus constructive à leur égard (dans la majorité de cas). Car tout le monde ne part avec les même chances dans la vie.

 

Sinon, peut-on encore imaginer un simple secrétaire au Bureau des Brevets de Berne (ou Bureau fédéral de la propriété intellectuelle suisse) puisse avoir encore, à l’heure actuelle, la chance de publier dans la revue allemande Annalen der Physik (Annales de la Physique), tant les critères de sélections pour publier dans les revues scientifiques de haut niveau sont devenus sévères. Pour préciser, il est rare qu’un chimiste, même d’un bon niveau dans son domaine, puisse publier dans une revue de physique de haut niveau et réciproquement [35].

 

Tout en restant prudent, on pourrait très bien aider ces inventeurs, en leur indiquant quelle est la voie pour acquérir la connaissance scientifique et la démarche scientifique, ne serait-ce que par le biais d’une réponse du secrétariat du scientifique contacté par l’auteur de la théorie ou par l’envoie d’une lettre circulaire expliquant, à cet auteur, ce qu’est la connaissance scientifique dans le domaine concerné et qu’elle est la démarche scientifique générale, comment les acquérir et quelles démarches entreprendre.

 

Il faudrait _ mais ne serait-ce qu’un vœux pieux ? _ que les scientifiques, recevant des dossiers de jeunes créateurs de théories pseudo-scientifiques, aient au moins l’amabilité, prendre quelques minutes pour leur répondre, en leur expliquer leurs erreurs et quels études ou cursus doivent-ils entreprendre pour acquérir la connaissance qu’il leur manque.

 

Je pense que la plupart de ces créateurs et inventeurs leur en seraient vraiment gré.

 



[1] 1) Ingénieur du GE de l’INSA Lyon 78, du Génie Atomique de l’INSTN Saclay 78, 2) diplômé de l’AEA de physique du Réacteur, Université Claude Bernard Lyon 78 et du DEA de Physique des Plasmas à Paris XI Orsay 79, 3) ancien chercheur en 3° cycle en Physique des Plasmas.

[2] Par exemple, scientifiques élaborant des théories sur la réversibilité du temps, sur le mouvement perpétuel, en psychologie, scientifiques élaborant des preuves « scientifiques » de l’homéopathie, de la radiesthésie, de l’astrologie …

[3] Vers 1975, l’auteur de cet article avait crée au sein de l’école d’ingénieur l’INSA de Lyon, une association « Le club de recherche de l’INSA », consacré à toutes formes de recherches scientifiques (en physique fondamentale, en mathématiques, dans le domaine des jeux mathématiques …). Dès sa création, nous avons reçu ce type de dossiers.

[4] Souvent l’emploi n’ été choisi qu’en raisons de puissantes nécessités et des raisons alimentaires et financières.

[5] La démarche critique, scientifique, « zététique » devraient aussi être enseignée dans les écoles d’ingénieur et de médecine, ce qui, à notre avis, éviterait la multiplications des docteurs ou ingénieurs sortant régulièrement, des  « théories » scientifiques erronées et pseudo-scientifiques.

[6] Galilée a été persécuté, par l’Eglise Catholique Romaine, pour avoir soutenu la véracité de la thèse héliocentrique de Copernic (contrairement à la thèse géocentrique de Ptolémée). On ne peut comparer Galilée et ces auteurs. Et la raison du rejet de leur « théorie » est tout autre.

[7] Le monde scientifique serait, d’après eux, une nouvelle Nomenklatura, un groupe de privilégiés, pas du tout prêt à partager la gloire et les honneurs, avec un esprit novateur qui ne serait pas issu du sérail.

[8] Comme ce fut le cas avec la « théorie synergétique ».

[9] L’évolution actuelle du monde scientifique poussent les scientifiques à être de moins en moins polyvalents et de plus en plus spécialisés. On peut être très compétent dans un domaine et non dans le reste des autres domaines de la connaissance scientifique. Des scientifiques humanistes, à la culture scientifique universelle, comme Gottfried Leibniz ou Alexander Von Humboldt sont, de plus en plus rares, dans le monde actuel.

[10] Nous pensons ici à un mathématicien de l’Université de Toulouse.

[11] Nous pensons ici l’affaire de la fusion froide.

[12] Cf Un mythe moderne, des signes du ciel, Carl Gustav Jung, Gallimard, 1955, consacré au phénomène OVNI.

[13] Ici nous pensons à Antoine Priore & Jean Solomidès, ayant proposé des thérapies sensées guérir le cancer.

[14] L'étude statistique en double aveugle est la démarche expérimentale utilisée en recherche médicale et pharmaceutique, notamment dans le développement de nouveaux médicaments, pour évaluer l'efficacité d'une démarche, d'un traitement. Le rôle d'un tel protocole, lourd à mettre en place, est de réduire au mieux l'influence sur la ou les variables mesurées que pourrait avoir la connaissance d'une information (si l’on affaire à un produit actif ou d'un placebo) à la fois sur le patient (1er « aveugle ») et sur l'examinateur (2° « aveugle »).

[15] Par ailleurs, en faisant preuve de « gentillesse » et de compréhension, on risque alors d’être continuellement « harcelé » par l’inventeur, ce dernier croyant à tord avoir enfin trouvé la porte d’entrée scientifique pour faire connaître sa « théorie » et que la « gentillesse » scientifique rime avec reconnaissance de leur « théorie ». Certains utilisent même cette « gentillesse » comme une supposée « caution » scientifique pour leur « théorie ».

[16] par ex., un chimiste US PhD, Alan M. Schwartz a écrit plusieurs articles sur la préconisation d’une expérience pour vérifier une possible violation du principe d’équivalence (Extremal parity pair test masses will measurably violate the Equivalence Principle in Eotvos experiments, 2005, http://www.mazepath.com/uncleal/eotvos.htm ), or depuis 2003, aucun physicien théoricien n’a critiqué son article (sauf un ingénieur finlandais Hannu Poropudas, spécialiste des télécoms).

[17] Par exemple, certaines pages Internet ou de revues sceptiques sont peu amènes, voire ironiques sur certains scientifiques  (voir par exemple, le contenu des pages : http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Lignon , http://www.zetetique.org/yves_lignon.html ).

[18] Certains considérant leur domaine comme « chasse gardée », communiquent le moins possible leurs informations, aux collègues surtout si ces derniers sont, à leurs yeux, des concurrents potentiels. Mais il est aussi vrai qu’entre concurrents, on peut se dérober des découvertes importantes, comme dans le cas de la découverte, en janvier 83, du virus du Sida par l’équipe du Professeur Luc Montagnier, « découverte » revendiquée ensuite par le professeur américain Robert Gallo en 84, alors que ce dernier n’avait fait que reproduire le virus français.

[19] Agence Française de l’Information Scientifique, l’article se trouvant à l’adresse : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article138

[20] Les premières lignes de cet article étaient : “Ce texte a été rédigé à la demande d’un médium guérisseur connu. J’ai voulu répondre à son attente car il m’a semblé intéressant de confronter les points de vue des médiums et parapsychologues avec celui des scientifiques”.

[21] L'énergie électromagnétique et gravitationnelle, René-Louis Vallée, Editions Masson, 1972.

[22] Selon du moins l’auteur de cet article.

[23] La "théorie synergétique" de Monsieur Vallée, Jean-Marc Levy-Leblond, LA Rercherche, N° 69 Juillet-Août 1976, Volume 7, pages 661 & 662.

[24] La théorie synergétique, une étude critique, Publication du Club Recherche INSA, 1978, 80 pages (Club Recherche INSA, INSA, 20 avenue Albert Einstein, 69621 Villeurbanne CEDEX). Le document La théorie "Synergétique"  est actuellement sur le site de l’auteur à l’adresse :  http://benjamin.lisan.free.fr/EcritsScientifiques/pseudo-sciences/TheorieSynergetique.htm

[25] Calcul de la déviation d'un rayon lumineux par réfraction dans la couronne solaire, Emile Argence, Journal des Observateurs, Vol. 27, p.21, N°3-4, Mars-avril 1944.

[26] Voir sites de Jean-Louis Naudin : http://jlnlabs.imars.com/vsg/ et de Franck Vallée : http://franckvallee.free.fr

[27] Physicien auteur du  Tao de la physique, Fritjof Capra, Ed. Sand, 1985.

[28] Professeur d'astrophysique à l'université de Virginie, auteur de La mélodie secrète, Xuan Thuan Trinh, Gallimard, 1991.

[29] La Synchronicité, l'âme et la science, de Hubert Reeves, Michel Cazenave, P. Solié, Albin Michel, 1995.

[30] Michel Casenave, Science et Conscience, les deux lectures de l’univers, Compte rendu des débats du Colloque de Cordoue, Stock, 1980.

[31] Tel que faire abandonner un traitement médical anti-cancéreux, empêcher que son enfant puisse recevoir une transfusion sanguine, quand celle-ci pourrait le sauver ...

[32] Lieu, selon les doctrines ésotériques, où seraient conservées la mémoire de toutes les vies passées sur terre, de toutes les êtres vivants. Sorte de connaissances cachées, accessibles que par ceux accèdant à « l’autre monde ».

[33] Au CNAM, il faut en effet compter 120 euros annuels de droits d’inscription, auxquels s’ajoutent 40 euros par unité de valeur. Une somme que nombre d’auditeurs financent de leurs propres deniers (source : Temps partiel, cours du soir,  Stéphane Perissutti, septembre 2006, http://www.generation-formation.fr/formation-continue/GF_afficher_formation.asp?groupe=GFOR&type=FILI&dossier=61&page=GF_temps_partiel_05.asp).

[34] [à cause de cela] …. selon l’Observatoire des études et carrières du CNAM, « lorsqu’ils recherchent une promotion sociale ou une augmentation, les auditeurs préfèrent ne pas en parler à leur entreprise ».

[35] On passe ici, rapidement, sur l’argument qu’à force d’éliminer systématiquement toute théorie semblant farfelue ou d’une personne qui n’est pas du domaine, on risquerait de passer sur une théorie ou une découverte intéressantes.