Réflexions sur la relation entre culture et transsexualité

 

1.  Transsexualisation par influences culturelles ?................................................ 1

2.  Risque de création d'un "ghetto" culturel transsexuel ?.................................... 2

3.  Vision des transsexuels à travers le cinéma et la littérature............................. 3

 

1.  Transsexualisation par influences culturelles ?

 

          Une des questions des psychiatres est de savoir s'il peut y avoir "contamination par l'exemple".

 

          Une réponse peut être déjà apportée par l'observation de cultures tolérantes envers le phénomène travestis et ceux d'inversion (Inuit...), ou des cultures ménageant un espace de tolérance limité (Hirjas en Inde, Théâtre Kabuki au japon).

          Par exemple, dans les cultures, polynésienne reres et  esquimaux Inuit, qui tolérant, accepte des différenciations de genre flou ou inversé, depuis des siècles, on ne voit qu'une très faible proportion de la population qui vive dans une identité de genre inversée. Le phénomène, en fait, y reste extrêmement marginal.

          On peut expliquer cela par le fait que l'identité de genre, dès qu'elle est "acquise" est fort stable et qu'elle est en général facilement acceptée peut être par les tendances naturelles et profondes (peut-être biologiques) de chaques sexes.

          Pour n'importe quel individu, quelque soit la tolérance environnante de la société où il vit, dans son esprit, on ne change pas comme cela de sexe. Intuitivement, on tient à son sexe comme on tient à ses racines et sa culture et l'idée de vivre dans l'autre sexe est difficile à concevoir. Et changer radicalement d'habitus, n'a jamais paru très sain mentalement, à quiconque sain d'esprit, dans n'importe quelle culture, quelque qu'elle soit.

          Le phénomène reste en général très marginal, car bien même si l'on peut comprendre que quelqu'un puisse se sentir bien dans les habitus de l'autre sexe.

          Pour n'importe quelle culture, il a toujours un petit sourire au minimum de penser qu'un homme puisse vivre selon les canons du sexe féminin. Il est en général considéré comme presque universellement comme faible dans toutes les cultures (ou bien on se moquera franchement, ou bien l'on prendra souvent comme tête de Turc, les personnes considérés comme faibles vivant au mode féminin).

 

          Sinon dans l'histoire récente, de la civilisation occidentale, il y a toujours eu des personnes se travestissants. Il y a eu des exemples célèbres, certains par un goût de la provocation, d'autres par goût du théâtre, enfin par goût tout court.

 

          Mais ces exemples célèbre, n'ont induit aucun phénomènes de société (ce n'est pas Sarah Bernarht, qui aimait s'habiller en homme, qui a induit la mode des femmes garçonnes de années 20. Ce dernier phénomène de société allait de pair avec un désir de libération de la femme, qui avait fait leur preuve dans les métiers d'hommes pendant la guerre de 14-18).

 

          Le courant ou la renaissance des voix de haute-contre, avec Alfred Delert, ou de castra, ou la présentation de film comme Farinelli, n'a pas provoqué, de mouvements ou vagues irrésistibles. Cela n'a surtout suscité qu'un succès ou intérêt d'estime dans des milieux musicologiques spécialisés.

 

          L'exemple,  des chanteurs de Rock Glider ou Rock décadent, avec Boy George, David Bowie, un des surdoués du Rock, dont la passion du travestissement est bien connu, le goût d'Elton John pour les vêtement roses ou rouge, ou un goût du Dandysme de certains autres chanteurs, n'a pas déclenché de mode, d'identification ou de cultes pour la tendance de ces chanteurs. Cela n'a pas déclenché une passion ou imitation des fans, pour un nouvel état d'être ou de vie féminin.

          On connaît les voix efféminées _ qu'on pourrait prendre pour d'authentiques voix de femmes _ des chanteurs des groupes Bee Gies et Queen dont le plus extraordinaire représentant était Freddy Mercury (mort du Sida) dont la voix pouvait atteindre des aiguës inaccessibles pour tout autre chanteur.

 

          Il y a , la soit disant vague déferlante en France, des Drags Queens et King, provenant des USA et y étant apparu en 92. Ce phénomène surtout "sévit" dans le milieu homosexuel US ou Européen. Sa vrai signification avant tout une réaction, par la gaieté et la provocation, au malheur survenu dans la communauté homosexuelle et à la déprime associée, provoquée par les multiples décès dans la communauté homosexuelle, durement touchée par l'épidémie de Sida. La plupart des personnes qui s'"adonne" à ces jeux et ces soirées folles, où l'on essaye d'être plus "vamp" qu'une vamp, reviennent à vie ordinaire le jour (et n'ont nullement envie de jouer à la vamp en permanence, le jour). Il faut considérer le phénomène comme une amusement un défoulement, une petite provocation, un clin d'oeil à la société, un phénomène marginal du monde homosexuel. Et il faut y voir là un signe de la décadence du monde occidental.

 

          Sinon on connaît l'effet d'entraînement, d'autosuggestion, de certaines sectes, où existe souvent des rites de passage, épreuves redoutables auxquels les membres de la secte doivent se plier et auxquels il est difficile de se soustraire, sans se déconsidérer et se faire rejeter par la communauté ... Au sein de certaines sectes, où certaines individus trouvent ou espèrent trouver refuge, entourage, amitiés et réconfort, on peut faire certaines choses, sous influence, suggestion, sous la pression du groupe, qu'on ne ferait pas habituellement.

          Par exemple, en Sibérie, en Roumanie (les Stolepies), en Inde (les Hijras), existent des communautés ou sectes où sont pratiquées des castrations, dans un but de "purification" (purification par exemple des désirs charnels etc....). La secte de Sybèle, la déesse Mère, sous l'empire romain pratiquait de tels rites.

          Mais toutes ces sectes, communautés ont toujours été marginales et pas toujours bien vues de la population.

 

2.  Risque de création d'un "ghetto" culturel transsexuel ?

 

          Quand on est rejetté, on a tendance à se replier sur soit, vivre dans le secret, et ne vivre qu'avec ses semblables dans une communauté fermée et marginale.

          Par exemple, les juifs ont souvent vécu dans des ghéttos, parlant yiddish, lisant les livres inconnus du reste de la population du pays d'accueil.

          Souvent, aussi, les homosexuels se marginalisent en vivant qu'entre homosexuels. Dans ces communautés, se développe souvent une culture propre : organisations d'expositions homosexuelles _ de photo, de peinture, ... _, littérature spécialisée homosexuelle _ revues, livres....

          Ce phénomène de marginalisation, où l'on participe à sa propre exclusion n'est jamais très sain.

 

          Est-ce que ce phénomène de marginalisation culturelle, touche aussi actuellement les transsexuels ?

          Souvent les transsexuels, on tendance à se regrouper entre eux, quand ils le peuvent, dans les capitales. Mais très peu nombreux, ils vivent en fait, le plus souvent seuls et cachés (en province surtout).

          Ils n'ont pas de refuges, d'associations fortes qui peuvent les défendre, comme dans le cas des homosexuels

          (Et d'ailleurs, les homosexuels font parfois preuve d'un racisme a rebourt ou d'une totale incompréhension, envers les transsexuels, qu'ils considèrent comme psycholgiquement perturbés, alors qu'ils ne se considèrent jamais comme tels).

 

          Sur un serveur internet de Pitsburg (USA), on peut lire le titre "Transsexual Power". Bien que les associations transssexuels sont plus puissantes aux USA qu'en Europe, il ne fait pas y voir une force comparable à la force des mouvements gays américains (lobby ou groupe de pression puissant, influent aux niveau des votes), ce titre ne doit  être vue que dans le sens d'une provocation.

          Les effectifs des rangs des transsexuels de par leur rareté (environ 0,04 % de la population) n'attendra jamais les 5% en moyenne de la population mondiale des homosexuels et on peut être certain qu'il n'y aura aucun mouvement  "transsexual power" comparable au "Black Power".

 

          Sinon, il existe très peu d'auteurs transsexuels de part le monde.

          En France, les deux auteurs les plus connus, sont l'écrivain Maud Marin et la poétesse Ovida Delect.

          Maud Marin a écrit 2 livres, de passion, de plaidoyer et de dénonciation _ Saut de L'Ange et Tristes Plaisirs _ dénonçant les conditions dont leurs semblables font l'objet, en terme très fort dans une langue vigoureuse et belle. Il est difficile de rester indifférent à l'égard de ces livres.

          Ovida Delect, poétesse de qualité, ancienne résistante, a publié une quarantaine d'ouvrages plutôt chez de petits éditeurs, de sa région normande. Sa langue est riche, raffinée. C'est une personne connue pour sa forte personnalité. Sa poésie, comme celle de René Chard, est connues et appréciée des milieux spécialisés de la poésie. Parfois, elle relate dans sa poésie sa transsexualité.

          Aucune ne font la publicité ou la promotion de la transsexualité.

 

          Donc la peur, sinon la phobie de la "contamination" est avant tout une lubie liés à ces certains processus inconscients peu clairs de certains psychiatres. Le phénomène est souvent grossis par des sorte d'anamorphoses délirantes de l'esprit de personnes vivant des hantises.

 

3.       Vision des transsexuels à travers le cinéma et la littérature

 

          Dans le film comique "Ace Ventura, détective pour chien et chat", un des héros principal est un transsexuel à vocation féminine psychopathe qui enlève un chien pour se venger d'avoir été renvoyé d'une équipe de base-ball, il y a 8 ans.

          Ce film à l'humour ravageur, tourne involontairement en dérision les transsexuels. Par exemple, à la fin du film, quand tous les héros, qui ont embrassé cette très belle femme s'aperçoivent qu'elle est transsexuelle, ils "recrachent" tous leur baiser (comme s'ils avaient été contaminés). L'effet est du plus grand comique, mais c'est quand même très dévalorisant pour l'image des transsexuels.

          Dans le film, le silence des agneaux, un psychopathe, qui tentent de s'identifier désespérément aux femmes, sans jamais y arriver, tue des femmes pour voler leur peau.

          Bien que l'on sache par les psychiatres entrant en action dans le film, qu'il n'est pas transsexuel, une confusion entre psychopathie et transsexualité, laissée par le film dans l'esprit des spectateurs, demeure.

          L'auteur a vu récemment dans une série américaine, que pour se moquer d'une émission américaine de témoignages "IN LIVE" à scandale, un des héros dit "et on devrait pendant qu'on y est, interviewer aussi le chien d'un transsexuel".

          Certains films pornographiques aiment souvent mettre en avant des transsexuels, à causes des sentiments troubles, parfois malsains qu'ils inspirent. Souvent sont présentés comme transsexuels, en fait seulement des travestis non opérés. Ce qui entretient encore plus la confusion sur leur identité de genre et sur ce que sont réellement les transsexuels.

          Il y a aussi souvent une image scandaleuse, où liée au sexe (ou à la pornographie), liée à la transsexualité, même encore actuellement. Et il a toujours le soupçon de vouloir augmenter l'audimat, si l'on veut passer une émission sur ce sujet.

 

          Tous ces films entretiennent souvent la confusion entre psychopathologie et transsexualité. Ce qui a la longue ne peut être que profondemment dévalorisant et blessant pour les transsexuels.

 

          En général, une image dévalorisée des transsexuels demeure aussi dans la littérature, qu'elle soit médicale ou non. Souvent le soupçon d'homosexualité demeure. Et dans cette littérature, plane toujours un soupçon envers l'honnêteté et la validité réelles, du discours des transsexuels.

 

          Autant de raisons, pour que leur vision du monde soit cauchemardesque, une sorte de vision à la "Blade Runner", où ils ont l'impression qu'ils ne seront jamais perçus comme des hommes ou des femmes à part entière, mais simplement vu comme des être sans dignité, paumés, (psycho)pathologiquement atteints, où leur existence n'est que seulement tolérés, où leur droit à la vie, peut être à tout instant remis en cause, où souvent le seul choix rationnel et liberté, qu'il leur reste, reste le suicide.

 

          Face à la déferlante de la littérature médicale, qui présente presque toujours unanimement la transsexualité comme une défense psychologique ou une psychose, et dont les auteurs se confortent mutuellement dans leurs certitudes réciproques, le transsexuel, doit, s'il veut pouvoir survivre, faire des concessions à ces même médecins. Pour éviter de se faire passer pour plus malade qu'il ne le sont. il doit par exemple admettre qu'il est peut-être malade, même s'il ne comprend pas pourquoi il n'arrive jamais à résoudre son problème malgré ses efforts, même s'il sent que son sentiment est pur et qu'il n'y voit pourtant aucune pathologie particulière dans ce sentiment. Il accepte de vivre dans le déséquilibre, pour se conforme à l'usage, aux règles sociales (pour éviter tout ce qui paraîtrait transgression envers elles), même s'il sent qu'il se sentirait mieux (et plus équilibré) s'il allait dans le sens de son sentiment. Il existe souvent une discrimination médicale envers les transsexuels.

          Le transsexuel se sent souvent comme un récipient brisé ou inachevé.

          Le transsexuel ne se sent jamais libre de ses faits et gestes, libre d'être tel qu'il se sent être en lui même, en raison de l'atmosphère actuelle de la société, surtout en France. Sa vie est le plus souvent cachée et dissimulée,  presque semblable à celle que vivaient les intellectuels au moyen age.

 

Bibliographie :

 

[1] "Les travestis", Dossier du Crapouillot, 1986.