EN TERRITOIRE CONNU OU PRESQUE : LES U.S.A.

Août 80.

 

Les Etats-Unis : le plus grand pays du monde par sa

puissance économique, par son produit national brut par habitant (1),

- 2ème producteur mondial de blé (40.000.000 T) - 1er pro-

ducteur mondial de mais (100.000,000 T) - 1er producteur mondial

d'agrumes (10.000.000 T) - 1er producteur mondial de cuivre, acier,

houille, aluminium, papier, fibre textile, de voitures.

- 1er consommateur mondial d'énergie (presque le tiers de

la consommation mondiale) (lire à ce sujet "l'Atlas Eco" du Nouvel

Observateur).

 

J'ai voulu me rendre compte de tout cela sur place et

voir derrière les chiffres, la réalité du Pays.

J'ai cherché tout d'abord un ami qui m'accompagnerait.

Finalement après avoir fait des recherches auprès d'amis, j'ai ren-

contré Bernard, par voie de petites affiches sur le campus univer-

sitaire.

 

Nous sommes partis de Paris le 5 Août I980 à 23 h par

le train corail, surpeuplé en cette période. Arrivés à Bruxelles le

matin vers 6 h, nous avons cherché désespérément un café ouvert et

aucun ne l'était avant 7 h 50 !

 

La ville ne pas paru très jolie, quoique très soi-

gnée, un peu froide à mon goût. Il est vrai que je n'ai pas tout vu.

Certains quartiers ont été reconstruits, témoignage des dévastations

passées de la guerre.

 

Une très jolie place, célèbre pour ses concours de fleurs

- la Grand'Place - m'a séduite par ses vieilles maisons flamandes (2)

du XVIIe siècle (dans le style des vieilles maisons de Bruges) et

par ses trois Palais dont l'un est dominé par un grand beffroi go-

thique    . C'est une ville bourgeoise, plus petite que dans mon

Imagination.

 

Bruxelles possède un nombre important de constructions

en briques, comparables à celles du nord de la France.

Notre toilette très matinale s'est effectuée dans les

toilettes de la Gare Centrale.

Ce jour-là , la compagnie de charter "Capitole" a effectué

un report de nos billets d'avion sur un autre vol, avec une attente

prolongée de 4 H.

 

(1) exception faite du Koweït et des pays du "Golfe".

(2) anciens sièges des corporations de Marchands, de l'époque.

- 2 -

A l'arrivée sur New-York, mon attention a été attirée par

une brume permanente sur la ville. Cette brume est créée par la pollu-

tion de la ville et plus particulièrement par les gaz d'échappement

des voitures.

L'aéroport Kennedy, saturé en avions au sol, l'attente

sur la piste des avions avant et débarquement en étant une preuve,

est constitué par un ensemble Important de grands bâtiments ultra-

modernes disposés en cercle autour d'une grande artère circulaire

de plusieurs kilomètres. Dans ce cercle, se trouvent des parkings

pour des milliers de voitures, des espaces verts et au centre, trois

lieux de culte : protestant, judaïque, catholique.

Après l'attente dans l'avion, nous avons eu celle de la

douane. Sortant de l'aéroport à la tombée de la nuit, j'ai été frappé

par la taille des voitures, leurs phares blancs puissants, la ligne

ultra-moderne de certains cars et par des gros taxis jaunes aux gros

pare-chocs Indestructibles (tarif des taxis : 1 $ pour le premier

1/9° de mille, puis 10 cents les l/9e de ailles suivants).

Juovani, le frère d'un ami de Bernard vivant à New-York,

est venu nous chercher avec sa voiture coupée, une Comodore CS, LINSAIT

au capot avant de dimension respectable.

Pour nous rendre à Manhattan, nous avons pris une auto-

route embouteillée à cause des travaux s'y effectuant la nuit.

Dans mon esprit, j'avais encore le souvenir d'un incident

à la sortie de l'avion : une jeune Américaine de 25 an; en Jean, pleu-

rait car son violon n'avait pas été transporté dans une soute cli-

matisée.

La chaleur de New-York au mois d'Août est assez étouffante.

Des quartiers variés défilaient devant nos yeux, nous

faisant prendre conscience de l'étendue de cette immense ville. Nous

sommes passés devant le quartier noir de Jamaïca, constitué de jolies

maisons, la plupart en bois peint - ici se faisait entendre le chant

des cigales - puis devant un très grand stade de basse-bail, ensuite

devant l'aéroport "Le Guardian" et enfin sur un pont suspendu à péage

qui nous a permis d'atteindre Manhattan, l'île qui symbolise New-

York.

Des noms pratiquement Inconnus en Europe de marques d'es-

sence nous sont apparus au cours du trajet : Texaco, Guif, Amoco,

Standard, ?6, Chevron, ...

Le quartier de langue espagnole - il y a beaucoup de

travailleurs de langue espagnole aux U.S.A. : Jamaïcains, Porto-Ricains.

Dominicains, Mexicains, Cubains... - "Spanish Manhattan" ressemblait

à celui de West Side du film «West Side Story", mais en moins sale

que je le craignais.

Les immeubles de ce quartier du Nord de Manhattan; et de

Harlem (le quartier noir), de style victorien, la plupart en briques,

conservaient bonne allure malgré la dégradation des façades; on voyait

des escaliers extérieurs aux immeubles. Bien avant l'installation des noirs

ce quartier fut très riche. (La majorité de la population qui tra-

vaille à New-York va vivre en banlieue, dans des maisons Individuelles

de plein-pieds. D'ailleurs de l'avion, lorsque le ciel est assez dé-

couvert on peu apercevoir d'immenses banlieues résidentielles cons-

tituées de ce type de mal sons).

 

- 3 -

Comme partout aux U.S.A., les immeubles étalent équipés

d'escaliers de secours, sur les façades avants comme arrières, pas

toujours d'un effet esthétique réussi.

Dans la rue, très animée malgré l'heure tardive, des

jeunes discutaient en groupes assis, écoutaient la radio, d'autres

jouaient avec le jet d'eau puissant sortant d'une borne à incendie.

La mère de Juovani qui ne parle pas un mot d'anglais,

nous a accueilli dans son appartement du 5ème étage d'un immeuble

occupe par des Dominicains.

L'appartement est spacieux, les plafonds hauts, peint

d'un vert clair, pas très heureux.

Des meubles rococos, certains avec des motifs africains,

des fauteuils en bois recouverts de fourrure synthétique rouge vif

dans le salon , donnent une idée de la décoration. Dans la même

pièce, sur des étagères modernes, sont disposées une profusion de

plantes et une chaîne Haute Fidélité de bonne qualité. La télévision

couleur est allumée en permanence, même en présences d'invités. On

S+ y1'®^2^®1' de» émissions en Espagnol de la chaîne espagnole

de télévision. Ici les émissions sont coupées tous les quarts

d'heure par de la publicité. Il m'a semblé que les émissions de la

majorité des émetteurs n'était pas d'un niveau culturel élevé :

sport (base-bail), variétés, "movies", policiers, westerns...

(movies : cinéma).

La redevance télévision n'existe pas aux U.S.A.

Les cuisinières et les machines à laver sont plus grandes

que celle de France …du moins d’après ce que j’ai vu dans deux

ou trois appartements.

 Le lendemain matin de notre arrivée, la mère de Juovani

nous a servi un petit déjeuner dominicain, constitué d'oeufs sur le

plat et de grosses bananes vertes frites, très bourratives.

J'ai appris que la mère était seule avec deux fils et

une fille. Juovani est au chômage et touche le Well Fare. la sub-

vention de la caisse de chômage. Ici. celle-ci est une institution

et elle représente au moins 20  du budget de la ville.

Nous avons pris le métro pour visiter la ville. On

achète un jeton contre 60 c, on le glisse dans la fente d'un tour-

niquet et on passe, c'est tout. Le métro n'est guère entretenu:

tout semble vieux et quant aux rames, ce ne sont que des surfaces

recouvertes de graffiti de toutes les couleurs, faites à la bombe

de peinture. C'est la grande mode actuellement.

Les routes sont assez défoncées à New-York, conséquence

du climat assez dur l’hiver et surtout de la mauvaise gestion de la ville.

 

Les voitures de police, pour n'importe quel motif, uti-

lisent un peu trop souvent (à mon goût) leurs sirènes modulées et puissantes.

            Les noirs ici souvent, souvent se promènent, radio ou magnéto-

phone en bandoulière, écoutant de la musique, rythmée, à un niveau élevé.

 

- 4 -

Dans le pays, les Juifs n'ont pas peur d'affirmer par leurs

calottes ou le samedi par leurs costumes traditionnels - chapeaux ronds

à larges bords, chemises blanches, vieux complets gris du siècle passé,

montre à gousset - et malgré la chaleur - leur identité religieuse.

Nous avons pris le métro de la 185e station, jusqu'à la 81e

et nous avons visité pendant toute une journée le muséum d'histoire na-

turelle qui est remarquablement bien arrangé, varié, didactique. Ce

n'est pas un ensemble d'animaux empaillés, disposés au hasard dans une

grande salle, mais au contraire des animaux pris par petits groupes,

placés dans une loge et dans un décor superbe, traduisant aussi fidè-

lement que possible leur biotope. On peut admirer le tout derrière une

vitre. Ce n'est pas non plus une suite Interminablement ennuyeuse de

silex taillés, des produits de l'artisanat humain ou de coquillages

fossiles*

Ici les salles des animaux, des hommes, des cultures hu-

maines, des plantes, des minéraux, des fossiles se succèdent sans ordre

apparent, afin de ne pas susciter la monotonie. Les gardiens de musée

se déplaçaient en chariot électrique.

Au moment de notre visite, se tenait une jolie exposition

- temporaire - de plumes d'oiseaux du monde entier.

Nous avons également visité pendant 20 mn, juste avant la

fermeture, le Metropolitan Museum, le plus grand musée de peinture de

New-York. Je ne suis pas sûr qu'il soit aussi grand que le Louvre à

Paris ou le Musée de l'Hermitage de Leningrad.

Devant ce musée, un avaleur de feu, crachait du feu, un

jongleur faisait le clown, un saxophoniste jouait des airs sans queue

ni tête, une fille maquillée en blanc mimait un rôle, connu d'elle seule

en abordant les passants avec une fleur en plastique jaune - avec un

certain air de ressemblance avec le rôle de BIP du mime Marceau - et,

plus loin, deux jeunes interprétaient à la perfection des airs de

musique classique à la trompette et au trombone ...

A noter : beaucoup de gens se promènent en patins à rou-

lettes dans New-York.

A côté du Metropolitan Muséum, Central Park apparaît comme

le lieu de rendez-vous de tous les sportifs de la ville. Beaucoup de

personnes portent l'inscription IONY, ce qui signifie pour les initiés :

"I love New-York".

Nous avons suivi un moment la 5ème Avenue, l'avenue la plus

riche de New-York, avec ses magasins luxueux comme ceux de Charles

Jourdan, Elisabeth Arden, etc...

Nous sommes entrés dans une librairie. Après vérification,

les prix des livres sont semblables à ceux de la France. Par exemple,

un livre d'art de 600 à 1.000 pages, format 50 x 40, vaut entre 25 $

et 45 $.

Dans l'Avenue, j'ai été émerveillé par une jeune fille jou-

ant le concerto pour violon en mi mineur de Mendelssohn. Nous sommes

repassés au même endroit un jour après et elle jouait à la même place,

le même air. Je me suis demandé quel était son répertoire ?

Nous avons mangé dans un "Fast Food" (restaurant rapide où

il ne faut pas rechercher la qualité culinaire) "L’heaven Burger", pour

3 $ 95.

 

- 5 -

 

Nous sommes montés au sommet de l'Empire State Building

(102 étages, 448 m - 1951). C'était avant la guerre, le plus haut

gratte-ciel du monde, maintenant détrôné par les deux tours jumelles

du Wold Trade Center, situées dans la partie sud de Manhattan.

Bientôt sera construit à Chicago une tour de 650 m de haut*

C'était la nuit, la ville scintillait de mille feux,

des lignes de feux jaune-orangés découpaient la ville à angle droit,

desquelles s'élevait une fumée bleutée... celle de la pollution due

aux automobiles.

Les ponts suspendus, conduisant à Manhattan, tels des

guirlandes de Noël, se réfléchissaient dans les eaux lointaines et

proches de l'Hudson, la rivière qui traverse la ville. Je garderai

toujours en mémoire ce spectacle inoubliable de New-York "by night".

Sur notre trajet de retour en métro, nous avons rencontré

une noire prédicatrice, habillée tout en blanc (sac à main blanc) qui

chantait à la gloire de Jésus et s'adressait en chantant aux gens et

ceux-ci semblaient 1'écouter avec bienveillance.

Le matin du vendredi 8 Août, nous avons pris le métro

jusqu'à Perry Street d'où nous avons pris le bateau, afin de contem-

pler de nos propres yeux la Statue de la Liberté.

Quoique banale sur le plan des connaissances, cette vi-

site nous aura néanmoins appris certaines choses.

Constituée par des plaques de cuivre posées sur châssis

métallique, cette statue a été construite à Paris par le sculpteur

français Frédéric-Auguste Bartoldi et son équipe. Payée par une sous-

cription française en 1885; démontée pour son transport par bateau,

elle a été remontée sur une île de la baie de l'Hudson. Elle a été

inaugurée en 1886. Elle porte une inscription d'accueil aux immigrants

du monde entier. Elle pèse 260 tonnes et mesure 46 m de haut.

Dans son socle - ce dernier ressemblant à un fort à la

Vauban à cause de sa disposition en étoile à huit branches - un musée

de l'immigration aux USA retraçait l'histoire de celle-ci.

Nous y avons appris l'origine des différents Immigrants,

la cause de leur départ - famine - raisons politiques, religieuses... -

les procédures d'immigration et les aléas de ces dernières suivant

les époques. Nous avons pu voir des tenues d'immigrants et leurs

objets, la liste d'un certain nombre d'entre eux, célèbres - Einstein,

.... (je n'y ai pas vu Marguerite Yourcenar, la première académicienne

française, ni Hannah Harendt, philosophe célèbre pour son livre

"le Système Totalitaire").

J'ai appris que le président Johnson leva toutes les

restrictions sur le nombre et la provenance des immigrants et que

parmi les nombreux célèbres d'entre eux, Dupont de Nemours vint

s'établir à San Francisco pendant la révolution française.

Etant retourné à New-York par la suite, et n'ayant pu

entrer au Muséum d'Art Moderne, à cause d'un problème de réservation

de billets pour l'exposition Picasso présente à ce moment, nous

sommes restés à écouter un chanteur de Folk Song près de Rockfeller

Plazza (ici, même les grands hommes d'affaires ont leurs noms sur

les rues ou les places).

Le soir, nous avons assisté à un spectacle de Music-Hall,

dans le plus pur style "Bing-Crosby et Bop Hope", avec des décors et

des effets spéciaux spectaculaires et surtout nécessitant des inves-

tissements importants. Le final s'est terminé par la descente du ciel

de l'Aigle et de drapeau américain.

 

- 6 -

En rentrant chez Juovani, j'ai découvert que la famille

se passionnait pour le base-bail? C'est un sport statique, dont les

règles sont Incompréhensibles pour le néophyte.

Dans la nuit, un très beau concert de hurlements de

chiens provenant du quartier de Harlem m'a rappelé avec amusement

les films de Walt Disney.

Ma dernière impression de New-York a été : une ville

au rythme de vie très rapide, presque trop folle, sale, grande,

trop écrasante à mon goût.

Nous avons quitté New-York par la ligne de bus Greyhound

dans un car confortable, climatisé, avec toilettes, mais en ayant

attendu une place de 9 h 50 à 14 h 50 à "Central Terminal", la gare

routière de la ville.

Deux impressions se dégagent déjà de mes premiers jours

aux U.S.A. : le nationalisme américain - refrain patriotique dans

les spectacles, présence constante du drapeau américain un peut par-

tout - et le coût de la vie inférieur à celui de la France (impres-

sion confirmée plus tard).

Sur les parois des percées de l'autoroute traversant les

Appalaches - une chaîne de montagne très érodée de l'est des USA -

beaucoup d'inscriptions à la peinture attiraient l'attention "JESUS

SAVE", "OUR FLAG IS RED», «JOE 1968" etc... A New York, j'avais aperçu

quelques rares slogans marxistes léninistes; quant aux graffiti du

métro, d'après ce que j'ai pu constater, ce ne sont que les noms des

auteurs des graffiti.

Les Appalaches verdoyantes se rapprochent du Jura et du

Morvan avec des torrents clairs et des espèces végétales très peu

différentes de celles de nos deux régions françaises : chênes, bou-

leaux, sapins, etc...

On rencontre souvent sur l'autoroute des panneaux publi-

citaires gigantesques pour signaler un restaurant, un hôtel, une

station d'essence.

Quelques fermes abandonnées étaient visibles dans la

région. D'autres en exploitation, très jolies, en bois peint en blanc

ou rouge, comportant toujours une grande grange et un silo cylindrique

étroit et haut, au sommet hémisphérique, semblaient modestes.

Dans certains endroits élevés, on pouvait rencontrer

des chalets.

En y repensant, c'est la propreté extérieure des fermes

avec leurs jolis jardins soignés, qui m'a plu.

Dans la région, comme dans la majorité des états des

U.S.A., les villages sont constitués de jolies maisons basses, de

plein-pied, avec jardin à l'anglaise, garage pour la grosse voiture

et parfois une piscine. Ces villages sont en général très propres,

mais sans aucune dissimulation des poteaux et lignes télégraphiques.

Les cimetières sont en général un tapis de gazon, sur lequel reposent

des pierres tombales et sont plantés d'arbres.

Dimanche : après avoir tenté de nous endormir la nuit

dans le bus, nous contemplons maintenant un pays plat à perte de vue,

parsemé d'exploitations agricoles du même style que celles des Appa-

laches.

 

- 7 -

 

Les châteaux d'eau, ici, sont en forme de bulbe. Des routes

droites bétonnées relient les villages. Les champs s'étendent sur des

superficies considérables.

Je suis assis dans le car à côté d'un Américain dont le

pays d'origine est l'Ulster. Il a 62 ans et n'en paraît que 45, affirme

ne vivre qu'avec des pommes de terre et du whisky et raconte aux pas-

sagers des histoires de sa jeunesse. Son accent est difficilement

compréhensible, mais j'ai pu comprendre néanmoins qu'il m'a parlé de

feux de prairies, visibles à plusieurs centaines de milles, de ses

différents métiers : ouvrier agricole, bûcheron... de l'installation

de l'électricité dans les villages vers les années 30, du moyen de

se saouler sans argent, est respirant la vapeur d'un silo à grains

en fermentation... Il ponctue souvent ses phrases de "Sure", "That's

true ?", parle fort et en fait profiter le bus. Il se déclare Orangiste

convaincu et n'aime pas les Irlandais du Sud. Il chante maintenant de

vieilles chansons irlandaises après nous avoir montré sa production

de peintures naïves sur toile et cuir.

J'ai aperçu une vieille Ford T dans un village (pour ceux

qui l'ignoreraient, la Ford T est la première voiture du monde à avoir

été produite à la chaîne).

Au début de la journée, nous avions traversé Chicago dans

1'Illinois, qui, pour le peu que j'en ai vu, ne m'a pas attiré, malgré

certains gratte-ciels originaux et impressionnants. Peut-être les

banlieues industrielles avec leurs usines souvent sales, anciennes,

m'ont-elles laissé une image fausse de la ville.

Chicago est un mastodonte de l'industrie américaine.

D'après ce que j'en sais, elle possède une grande variété de popula-

tions : Lithuaniens, Polonais, Russes, Allemands, Chinois, Italiens.

Une voisine de siège, parlant français, s'y rendait.

Au cours de la journée, nous avions traversé le Mississipi,

fleuve calme et large, au niveau de Daven Port.

 

Lundi 11.

                   Nous traversons maintenant une région plate, sèche, pres-

que la steppe, constituée par de grands champs de blé et de grandes

prairies ou paissent des vaches ou des moutons, disposant d'un espace

qui serait inimaginable en France. L'herbe pourrait se comparer à de

l'alpha en plus dru.

De grands arrosoirs de plusieurs centaines de mètres de

long, arrosaient le maïs.

Sur la ligne de chemin de fer parallèle à notre autoroute,

trois grosses locomotives diesel-électriques jaunes de l'Union Pacifie,

tiraient un convoi de 145 gros wagons de marchandises. Sur cette ligne

à deux voies, beaucoup de trains de marchandises circulaient mais

pas la moindre trace de trains de voyageurs.

Pendant une centaine de kilomètres, un clochard était assis

à côté de mol, peut-être par le fait que j'étais le seul à ne pas lui

avoir fait sentir que la place était occupée ?

J'ai eu l'impression qu'il suscitait la réprobation géné-

rale des Américains du car, réaction peut-être aussi normale en France.

Peut-être, était-il ce vagabond, le survivant de ces nombreux trimar-

deurs qui sillonnaient les U.S.A. à la recherche d'un travail

 

 

-  8  -

temporaire dans une terne, et d'aventures, et qui Inventèrent le Folk-

Song ? Peut-être avais-je un peu trop d'imagination à son sujet. En

tout cas, il m'a semblé être monté gratuitement dans le bus, et assez

timide.

Des palissades - en forme de pare-avalanche - pour contenir

les troupeaux, sont réparties tout le long de la voie ferrée et de

l'autoroute.

Le pays traversé ressemble à présent aux Causses l'été ou

au Sud des Aurès. Sur les collines existent des pins de petites dimen-

sions et aux pieds des collines, dans des endroits humides, poussent

des peupliers*

S'arrêtant dans une ville, type Far West, située dans cette

région désertique, j'ai acheté dans une boutique de souvenirs, une

fougère sèche qui doit ressusciter avec de l'eau et j'ai trouvé pâmai

les journaux, la "Soviet Union Revew" venant d'U.R.S.S., existant ici

depuis les accords U.S.A. - U.R.S.S.

Arrivés à Salt Lake City (Utah), nous avons trouvé un

camping (8 c 35, la nuit) disposant de douches, de cabines téléphoniques,

d'un magasin, de machines à laver et d'une piscine. Nous étions à côté

d'Américains très âgés qui couchaient dans une remorque-tente de deux

places, tirée, lorsqu'elle est repliée, par une moto de grosse cylindrée.

Des centaines de camions-caravanes de tous les modèles possibles, et

des caravanes géantes disposant de climatisation (de salles de bain

confortables, etc...) étaient garés dans le camping.

En raison de la fatigue du voyage, due à deux nuits blanches

en bus, nous avons dormi d'un sommeil de plomb, malgré le trafic aérien

de moyens-courriers, incessant, de l'aéroport de Salt Lake City tout

proche.

Salt Lake City, où nous avons été conduits par des Américains

rencontres au camp, est très étendue, comme la plupart des villes amé-

ricaines, très riches, très arrosées et de ce fait verdoyante malgré la

proximité du désert tout proche.

L'architecture du temple Mormon, non accessible aux non-ini-

ties - ne rappelle rien de connu. Qu'on s'imagine une église rectangu-

laire très haute, comportant à son sommet une série de clochetons

pyramidaux pointus (5 de chaque côté extrême du rectangle), des ouvertures

en oeil de bœuf sur l» face latérale, construit dans une pierre grise,

donnant au tout un aspect froid et sobre.

Nous avons visité le Bussiness Building - la plus haute tour

de la ville - qui nous a frappé par sa propreté et son luxe intérieur.

comportant dans son hall un tableau de 20 mètres de long, représentant

Jésus et ses disciples devant Jérusalem. Un immense tapis vert, profond

magnifique, occupait le milieu du hall. Au 26e étage de la tour. nous

avons été accueillis par un guide gratuit qui nous a commenté les dif-

férents points de vue de la ville. Nous avons d'ailleurs signé le livre

d'or des visiteurs.

Avec le couple d'Américains du camp qui nous avaient amené

visiter la ville, nous avons ensuite contemplé la galerie de tableaux

bibliques réalises soigneusement par des artistes mormons, au centre

d'accueil mormon, ou un guide parlant français nous a pris en charge

(ce dernier émaillait souvent son commentaire de citations bibliques).

Puis, dans une salle philharmonique nommée "le Tabernacle",

dont le toit ressemble à une cuvette renversée, allongée, en aluminium

 

 

- 9 -

poli, nous avons écouté un concert d'orgue gratuit. Les oeuvres jouées

à cette heure, étalent "Toccata en Mi majeur (J.S. Bach), "Andantino"

(Léon Boellmann), "Festival voluntary (Flor Pecters), "Come, Come,

Ye saints" (Hymne mormon le plus célèbre), "Toccata" (Alberto Ginastera)*

Le programme des oeuvres interprétées pendant la semaine par des

musiciens mormons, était distribué à l'entrée.

L'acoustique de la salle était excellente et l'orgue aux

tuyaux dorés et boiseries sculptées, était magnifique.

D'après ce programme, j'ai appris, et c'est pourquoi je le

cite, que cet orgue, construit en 1867 est l'un des plus grands du

monde, avec 11.OOO tuyaux.

Les Mormons sont très férus de musique classique : au total,

dans cette ville de 180.000 habitants, 2 salles de concert philharmo-

niques, sont ouvertes au public et une troisième est en construction.

Salt Lake City a été fondée en 1847 par Brigham Young condui-

sant les Mormons, fuyant les persécutions dont ils furent l'objet suc-

cessivement à New York, puis à Kisland (Ohio), au Missouri et à Nouvo

(Illinois).

De cette longue marche, les Mormons ont gardé l'esprit pion-

nier et la conviction religieuse.

L'histoire du fondateur de l'église, Joseph SMITH, est très

intéressante, voire même incroyable au sens propre comme au figuré.

Né en 1805 dans une famille de 11 personnes, pauvre et très

pieuse, Joseph SMITH eut une vision à l'âge de 15 ans, puis une deuxième

le 27 Septembre 1820 où un ange du nom de Moroni lui apparut. Ce der-

nier lui révéla l'existence d'un livre caché écrit sur des plaques d'or

et relatant l'histoire d’anciens habitants de l'Amérique : un groupe de juifs ayant

traversé l’Atlantique. En outre, deux pierres contenues, étaient dis-

posées dans des arcs d'argent, avec les plaques.

La possession des pierres et leur emploi, assurait à son

possesseur un don de voyance.

L'ange cita les prophéties du Testament, en rectifia quelques

unes et annonça, dans une troisième vision, à quelques minutes de la

seconde, que de grandes désolations par la famine, l'épée et la peste

s'abattraient sur la terre, dans la génération qui suivrait celle de

Joseph SMITH.

Le lendemain, Joseph SMITH se rendit à la colline de Cumorah,

près du village de Manchester (Ontario) où il trouva sur le flanc ouest

une grosse pierre sous laquelle se trouvait dissimulé tout ce que

l'ange lui avait annoncé.

Il y retourna chaque année, n'ayant le droit de les

que le 22 Septembre 1827, avec recommandation de ne les céder à personne.

Grâce aux deux pierres, l'Urim et le Thummin, citées plus

haut, il put traduire les caractères égyptiens, chaldéens, assyriens,

arabes et écrire trois livres dont le livre des Mormons.

Ce travail, avec l'aide d'un maître d’école, dura jusqu'au 2

Mai 1838, où les plaques furent restituées à l'ange.

Le 15 Mai 1829, Saint-Jean Baptiste, sous la forme d'un ange,

vint conférer au maître d'école et à Joseph SMITH, la prêtrise d'Aaron.

 

 

- 10 -

Huit personnes : 4 d'une famille amie du prophète, le

père de la femme du prophète, la père et les oncles, déclarèrent

avoir vu le livre d'or.

Joseph SMITH organisa la prêtrise de l'Eglise de Jésus

Christ des Saints des derniers jours. Mais son temps sur terre fut

compté puisque son frère et lui furent abattus à Carthage (Illinois)

par une population déchaînée et excitée par les Eglises concurrentes.

Les Mormons croient à la réincarnation, à la révélation

que Dieu, père de tous les esprits des hommes, et le Saint-Esprit

sont des personnages spirituels, et à la venue de Jésus-Christ au Yucatan,

en, Amérique centrale, juste après sa résurrection en Palestine.

 

Pour eux, la Bible comporte des erreurs d'écriture, et

doit être complétée par trois livres : "Le livre des Mormons", "Les

doctrines et Alliances" et "La perle de grand prix". Chez eux,

l'adultère est presque aussi grave que le meurtre, la polygamie auto-

risée au début de l'Eglise n'est plus permise, et l'alcool et le

tabac sont interdits. Les Mormons versent 1/10e de leur salaire à

l'Eglise en règle générale. Ils sont 3 millions dans le monde. Plus

de 70 %  de la population de l'Etat de l'Utah est de religion mormone.

Après avoir reçu des brochures sur les Mormons, nous

avons pris un bus, puis un taxi, avec des auto-stoppeurs français

- sales - pour découvrir le Lac Salé.

Ce dernier ressemble à la mer, bordé par des plages salées

beiges ou blanches et dures sous le pied.

Des millions de petits crustacés rouges, filiformes, de

dimension inférieure à un centimètre, ressemblant à des brins de

laine rouge, flottaient dans l'eau.

Sur les bords du lac se tenaient des mouettes à têtes

grises et des millions de mouches. J'ai découvert au bord du lac deux

champignons blancs.

En revenant vers la ville, nous avons mangé dans un Tacco

- restaurant préparant des plats mexicains américanisés. Le chef nous

y a offert l'addition car nous étions français (1). Ce geste m'a beau-

coup touché.

Entrant dans un grand magasin "SKAGG drug", je me suis

rendu compte que la majorité des prix étaient inférieurs à ceux de

la France, malgré la taxe de 6,5 %  à rajouter aux prix affichés (2)

En rédigeant ce récit de voyage, et en y repensant, je

suis maintenant frappé par le goût des Américains - jeunes comme vieux -

pour la casquette ronde, avec une longue visière sur le devant. Souvent,

comme sur les tee-shirts, un message est inscrit sur le devant de cette

casquette.

A signaler, accessoirement, Sait Laite City possède les

plus grandes bibliothèques généalogiques du Pays et du monde,

(1) Pour le remercier, je cite son adresse "Tacco Time", South Temple

Street, Salt Lake City.

(2) II est Intéressant de signaler aux personnes travaillant dans l'im-

port-export en France, que beaucoup de produits n'existent pas

pour l'instant en France : cuisinière de camping fonctionnant à

l'essence, roulotte pour moto, etc...

 

 

- 11 -

Un intérêt prononcé des Américains - peuple d'immigrés -

pour leurs origines, a contribué au développement des bibliothèques

généalogiques du pays. Le succès du livre "Racine" d'Alex Haley est

significatif de cette tendance. A l'époque de notre passage dans cette

ville aux confins du désert, se tenait une conférence mondiale sur le

sujet.

Nous avons pris la route qui traversait un grand désert

salé, blanc et plat jusqu'à l'horizon, parsemé de touffes de plantes.

Auparavant, nous avions traversé des salines situées au

bord du lac salé et étions passés devant l'usine de retraitement des

minerais de cuivre, provenant de la plus grand mine de cuivre du monde :

"la Bingham Copper Mine". Egalement, nous sommes passés devant

"Bonneville Speedway", le lieu des records du monde de vitesse au

sol (1).

A la sortie du grand désert salé, nous sommes arrivés à

Windover dans le Nevada. Cet état contraste par ses lois avec celles,

strictes de l'Utah, inspirées par la morale puritaine des Mormons.

                Dans cet état désertique, très peu peuplé, chaque ville,

de la plus petite à la plus grande (Reno, Las Vegas) comporte des ca-

sinos. Des machines à sous se trouvent dans tous les bars et salles

d'attente.

                        Au bord des routes poussent des tournesols sauvages.

 

A Windover, je suis entré dans un casino où l'on m'a si-

gnifié qu'il était interdit de photographier (loi de l'Etat). Il

suffit d'imaginer une salle sombre et feutrée, des machines à sous

clinquantes par centaines, illuminée par des lampes clignotantes,

des centaines de personnes absorbées par elles, des tables de jeux

avec de jeunes croupières aguichantes, pour se faire une idée de l’endroit.

 

Pour accroître l’élevage des vaches et bœufs, les éleveurs du Nevada, font

pousser de vastes champs circulaires de fourrage, en plein désert.

 

Dans la nuit, nous avons traversé Reno, éclairée par ses

Casinos, la ville où l'on se marie et divorce le plus rapidement des

Etats-Unis.

Le jeudi 14 Août, nous sommes arrivés la nuit à San Fran-

cisco vers 2 heures du matin. Le temps était froid et humide.

De Central Terminal - la gare routière - nous sommes partis

à 7 h pour  Oakland, de l'autre côté de la baie de San Francisco, en

passant par le Bay Bridge, pour nous rendre chez une Ethiopienne qui,

partie de France, depuis un an, vit maintenant aux U.S.A.

Celle-ci habite un très joli quartier résidentiel, une

sorte de petite reproduction de Nice avec quelques différences. Les

jardins luxuriants comportent des essences tropicales et une profusion,

jamais vu ailleurs, de plantés de toutes provenances et originales :

plusieurs variétés de fougères géantes, de palmiers de 20 m de haut

(avec feuilles en éventail), des bouleaux à feuilles fourchues, des

arbres semblables à des bananiers avec des fleurs blanches de la forme

de strelitzias, des lys bleus - très souvent - des arbustes à feuilles

rondes épaisses, brillantes, teintées de rouge pour certaines …

La prochaine étape de notre voyage était l'Université de

Berkeley - Université Scientifique de Californie (UCLA) -, qui est

réputée pour sa beauté.

Installée sur le flanc d'une colline vallonnée, au milieu

d'arbres et de jardins, ceux-ci remplis d'espèces très variées : séquoias,

pins, ormes, palmiers, etc... elle est constituée de bâtiments

de tous les styles, du "South Hall" qui date de 1875 au "Student Union"

qui est récent. Actuellement, 2.800 étudiants y travaillent.

 

 

-12-

Plusieurs Musées sont situés à l'intérieur de l'Université,

sauf le musée "University art muséum", blockhaus renfermant des pein-

tures contemporaines.

 

Nous nous sommes arrêtés au Lowy Muséum, un musée d'antropo-

logie et d'archéologie américaine. Y étaient exposées les fouilles de

Sommerville - une ville minière florissante en 1870 -, constituées

par des bouteilles, des ustensiles de cuisine, une vieille cuisinière

à bois, des wagons de mines, etc...

Toujours en continuant à pieds, nous sommes passés devant

le "South Hall" cité plus haut, le Sather Tower, un "campanile" en

Californie, de 95 m de haut, dont la carillon de i2 cloches fabriquées

en Angleterre, actionné à la main, se fait entendre 5 fols par jour.

La bibliothèque Barcroft (Barcroft Library) située dans le

prolongement de South Hall contient des trésors fabuleux de manuscrits,

livres anciens, cartes et documents. On peut y admirer en outre, la

plaque de cuivre soit-disant laissée par Sir DRAKE en 1579, et la

première pépite trouvée lors de la ruée vers l'or en Californie.

La bibliothèque Doc, dont le bâtiment fait corps avec la

bibliothèque Barcroft est, par ses 4 millions de livres, une des plus

vastes du Pays.

En continuant vers le nord, nous avons trouvé le Earth

Science Building (Science de la terre) qui contient de beaux fossiles

de dinausoriens et un séismographe mesurant les tremblements de terre

longitudinaux et latéraux.

Notre visite s'est poursuivie jusqu'au Théâtre grec où

une troupe théâtrale semblait monter un décor.

Nous nous sommes dirigés ensuite vers les rues commerçantes

proches du campus.

Laissant Bernard rechercher des cigarettes - son  plaisir

favori -, je me suis arrêté dans un magasin d'articles exotiques ;

plantes parasites du bois provenant de Thaïlande, toutes sortes de

posters, artisanat Indien, etc. ... Egalement, on pouvait voir de nom-

breuses cartes postales et faire-parts. Les faire-parts comportent

toutes sortes de messages : anniversaire, santé, amour,  mariage,

amitié, entraide, reconnaissance, témoignages chrétiens, car les

Américains ne semblent guère aimer écrire. Dans un autre magasin j'ai

acheté une pipe à opium en cuivre ouvragé. A côté de la pipe, tous les

ustensiles nécessaires à la préparation de la drogue étaient vendus

...sauf la drogue !

Macki, la personne qui nous hébergeait, nous a accueilli

de nouveau. Elle a vécu 7 ans en France et nous assure que la vie est

moins chère aux A.S.A., qu'il s'agisse de produits alimentaires, de

grande consommations, électroménager, etc...

Comme beaucoup d'étrangers n'ayant pas la nationalité amé-

ricaine, elle travaille "au noir". Elle remplit le rôle d'hôtesse dans

un grand hôtel.

Malgré les mesures d'expulsions plus nombreuses depuis

quelques années pour résoudre le chômage ( !), les étrangers en général

arrivent à vivre sans problème aux U.S.A. car les employeurs ne rechi-

gnent pas à engager une main-d'oeuvre peu chère ou pas déclarée.

(1) les étrangers expulsés, s'étaient souvent rendus juste auparavant

dans les bureaux d'aides à l'emploi...

 

- 13 -

Macki, pendant notre séjour, a contracté, au cours du mois

d'Août, un mariage en blanc avec un noir Américain, Maurice, à Reno

(la ville déjà citée plus haut) afin d'obtenir la nationalité améri-

caine.

La vie est facile aux Etats-Unis car le crédit est aisé

et incite à l'endettement : "avoir beaucoup de dettes" constituerait,

semble-t-il, une bonne carte de visite.

Souvent les Américains, nous dit Macki, n'ont pas de suivi

de compte, et payent des agios élevés à cause des découverts bancaires.

Les banques y trouvent leur intérêt.

Les Américains, continue notre amie, sont de contact facile

- ce que j'ai déjà constaté - mais très superficiels, d'âge mental

très bas, et vous oublient le lendemain d'une première rencontre. Ils

sont très préoccupés par leur travail et leur rang social.

Le studio meublé, loué par Macki, apparaît d'un bon niveau

par sa moquette, ses meubles modernes, sa chaîne HI-Fi, sa cuisine (1)

bien équipée, séparée du salon par une sorte de bar. (Le ventilateur

de la salle de bain se met en marche en allumant la lumière et la

baignoire comporte un seul robinet qui permet de tout actionner). Le

téléphone à touches peut se brancher soit dans la chambre, soit dans

le salon.

Chaque matin, nous captons en modulation de fréquence, une

chaîne de radio diffusant de la musique douce, sans trop de publicité.

Il ne semble pas qu'il existe de radio émettant un programme de musi-

que classique, comparable à France-Musique.

Maurice - le pseudo mari de Macki, me déclare que sa famille

possède une entreprise de marketing - entreprise de service dans l'ali-

mentaire-, et que lui-même effectue des études de gestion à Stanford.

Il m'a donné par écrit les renseignements suivants, sur l'importance

du "capitalisme noir" aux U.S.A. :

"II existe l67 compagnies noires importantes. Une des plus

"importantes est "VARIG" dans le domaine des micro-ordinateurs. L'in-

dustrie de la musique représentent 50 millions de dollars, l'industrie 9

millions de dollars. Si la communauté noire aux U.S.A.pouvait cons-

tituer un pays, il serait le 9ème au monde par sa richesse. Compara-

tivement, la Californie serait le 7ème pays du monde. Il y a une cin-

quantaine de grandes universités noires et collèges dont les plus

réputés sont Meherry à Atlanta (Ecole médicale) et Howard University (Floride).

Je donne ces renseignements au conditionnel, car je n'ai pu

les vérifier, ne connaissant pas la source de ces informations.(2).

Une amie de Macki m'a appris que Maurice avait été en chô-

mage et qu'il suivait maintenant un cours de formation professionnelle

dans les assurances. Par ailleurs, d'après elle, les gens pauvres ici

essaient souvent de paraître - avec de fausses cartes de visite - d'un

rang plus élevé que celui qu'ils occupent dans la hiérarchie sociale.

 

(1) L'évier est équipé d'un broyeur.

(2) Dans le journal "Black Enterprise" de Juillet 79, p 33, on lit qu'il

y avait 77.410 entreprises noires en 72 (du magasin de commerce, à

l'entreprise importante) dans les 12 plus grandes villes américaines.

On y découvre que le revenu moyen par habitant en 77 est de 17.438 $/

an (5.987 F/mois, environ) pour le blanc, contre 9.762 $ (3.351/mois)

pour le noir a New-York, et de 21.086 $/an (7.239 F/mois) pour le

blanc, contre 10.047 $/an (3.449 F/mois) pour le noir à Chicago.

 

 

- 14  -

Le samedi 16 Août, nous avons visité San Francisco par la

compagnie touristique Grey Line.

Nous avons emprunté le Bay Bridge, construit en 1936, il a

13,6 km de long, et est constitué par deux tabliers superposés de 6

voles chacune. Le pont supérieur, réservé à la circulation Oakland-

San Francisco, est payant (75 cents). Le pont traverse en son milieu,

par un tunnel à 2 étages, l'île de Yerba Buana, où nous nous sommes

arrêtés pour contempler la baie de San Francisco. Au loin, des nuages

frôlaient le haut des piles du pont du "Golden Gâte Bridge".

Au milieu de la passe, appelée le "Golden Gate" qui relie la

baie de San Francisco à l'océan Pacifique, le phare de l'ancienne

prison d'Alcatraz, clignotait en permanence. C'est dans cette île

qu'est enterré le célèbre Al Capone.

Nous avons traversé le sud de San Francisco pour atteindre la

mission Dolorès - un ensemble missionnaire espagnol, datant d'avant

l'occupation américaine de la Californie (1). Elle est construite

en bois et argile, dans le style simple des missions, par les Indiens

auxquels elles étaient destinées. L'intérieur est magnifique avec de

très belles boiseries peintes et des caissons ouvragés au plafond.

Dans le cimetière attenant à l'église, la lecture des pierres

tombales révèle la diversité des hommes qui y sont enterrés  : le

capitaine Don Luis Antonio Arguello, premier Gouverneur de Californie

sous la loi mexicaine, Don Francisco de Haro, premier maire de San-

Francisco, des Indiens et une famille française tuée par l'explosion

d'un bateau à vapeur, le Jonny Lind.

(1) Pour ceux intéressés par l'histoire américaine, expliquons l'ori-

gine des missions et l'origine de l'occupation américaine de la

Californie,

En 1769 le roi d'Espagne, chargea le capitaine Gaspar de Portolo

et une groupe de moines franciscains sous la direction du père

Junipera Serra, de fonder une chaîne de missions de San Diego à

la Californie du Nord, espacées entre elles par une distance pou-

vant être couverte en une journée, afin de coloniser la Californie.

Ces missions ayant pour but d'évangéliser les Indiens, les mirent

en fait en esclavage. Après l'indépendance du Mexique en 1821,

les missions perdirent leur rôle colonisateur, surtout après la

libération des Indiens par une groupe de jeunes Castillans "les

Californios".

Les Etats-Unis en 1844, en pleine expansion territoriale, envo-

yèrent le capitaine John Charles Fiemond en reconnaissance, afin

d'examiner la possibilité de rattachement de la Californie à

l'union des autres Etats d'Amérique.

Après avoir suscité discrètement des révoltes contre les autorités

mexicaines, les Américains se sont emparés de la Californie et

proclamèrent ce territoire américain le 7 Juillet 1846.

 

 

- 15 -

Avec l'autobus, nous sommes passés devant le Civic Center :

le Centre administratif, formé par quatre bâtiments - le City Hall -

Hôtel de Ville de style classique français, surmonté d'une coupole d'or,

le State building, administration de l'Etat de Californie, terminé en

1926, de style classique italien, la bibliothèque municipale, le Civic

Auditorium, salle de spectacle.

Nous nous sommes approchés de ST Mary's Cathedral (1970); éton-

nant exemple de l'architecture moderne. L'édifice de béton armé, en

forme de mitre, repose sur quatre piliers. Le sommet, ajouré par un

vitrail, en forme de croix, se situe à 60 m de hauteur.

Nous nous sommes arrêtés au Golden Gate Pack (4 km), très varié

par ses musées, ses jardins, ses lacs et ses terrains de sport. Nous

avons^été un trop court moment les auditeurs d'un concert de pop music

à côté de "l'Accademy of Sciences" (muséum d'histoire naturel).

Nous avons pénétré dans le Japonese Tea, Garden, un jardin

japonais créé en 1894 pour une exposition temporaire. Etant donné son

succès, 11 est devenu un lieu de prédilection pour les San Franciscains

et les touristes, comme nous avons pu le constater.

Ce petit parc, parfaitement entretenu, comporte tous les élé-

ments classiques : étangs avec poissons rouges, lanterne de pierre,

pagodes, bouddhas.

Ensuite le bus a longé le Stay Bing Arboretum, un jardin bota-

nique dans lequel plus de 5.000 variétés de plantes sont groupées par

contrées d'origine.

D'après le guide, une section spéciale, où les plantes sont

disposées à la hauteur de taille pour que lez visiteurs puissent les -,

toucher et les sentir et où les plaques explicatives sont en braille,

est à remarquer près du Palais des Fleurs.

Sur le Sprinkler Lake, tout proche, se donne rendez-vous toute

une variété d'oiseaux, dont beaucoup sont migrateurs.

Sans nous arrêter, nous avons observé l'enclos des cerfs et

des bisons où une douzaine d'entre eux vivent en semi-liberté.

Nous avons fait un crochet par le bord de mer, très escarpé.

D'un point de vue renommé - Cliff House - où se tenait avant 1906,

un grand hôtel dans le style d'une folie de milliardaire (l), nous

avons contemplé en haut de l'a pic rocheux, les restes des grands

établissements de bain de San Francisco détruits par le tremblement

de terre en 1906, les petits îlots rocheux, Soal Rocks, où se tiennent

des millions d'oiseaux de mer, des éléphants de mer et l'Océan. Ici la mer est déce-

vante par ses courants froids, violents et ses quelques requins.

Nous nous sommes dirigés ensuite vers le Golden Gâte Bridge,

peint en rouge-orangé (2). Son constructeur, l'ingénieur Joseph B.

Strauss, a eu plus à se battre contre les experts sceptiques, qui dé-

clairaient cette construction impossible, que contre les difficultés

techniques dues à la longueur du pont, la profondeur de l'océan et la

force des courants.

A l'époque de notre passage, le haut des piles était noyé dans

les nuages.

(1) A cet endroit maintenant se trouve un musée gratuit de jeux et de

pianos mécaniques, en état de marche, payants eux.

(2) Longueur totale : 3.125 m, distance entre les deux piliers : 1.280m,

hauteur des Piliers : 227 m, diamètre des câbles principaux :

92,5 m. L’oscillation du pont peut atteindre 6,4 m au centre, par

tempête de vent de 160 hm/h.

 

 

- 16 -

Nous avons terminé le tour par Fisherman Wharf - le ponton

des pêcheurs - quartier en bord de mer, de boutiques pour touristes,

magasins de souvenirs, restaurants inabordables, vendeurs de fruits

de mère, etc …

Là, nous avons aperçu la rue la plus sinueuse du monde

"Kookerest Street" que descendait une file ininterrompue de voitures,

pare-choc contre pare-choc.

Nous sommes retournés avec appréhension chez nos amies

éthiopiennes, en raison de leur rythme de vie déséquilibré - discus-

sions ou repas avec invités, tous les soirs, jusqu'à 2 h du matin.

Macky se nourrit de comprimés, les uns à base de vitamines, les

autres à base de sels minéraux.

J'ai découvert chez eux, une tisane "Celestial seasoning",

réellement céleste. Celle-ci est composée de citronnelle, de verveine,

feuilles de menthe, feuilles de mûrier, pétales de rosé, feuille de

consoude, feuille d'alpha, de fleur de trèfle rouge, de pétales

d'orange, de pelure d'orange et de citron, et de feuille de cynor-

hodon  (cette plante a, je crois, un autre nom : carcadet ou églantier).

(9r,e(Sebon e^içf

Le mardi 18 Août, nous nous sommes rendus à l'aéroport

de Oakland pour y louer, si possible, une voiture de dimension euro-

péenne. La voiture fournie s'est révélée être une Ford Granada auto-

matique. Elle n'est d'ailleurs pas équivalente à celle qui est pro-

duite en Europe. La voiture était très confortable : grands sièges,

climatisation intérieure, boite de vitesse automatique, auto-radio,

direction et freins assistés, réglage intérieur par une manette du

rétroviseur extérieur; mais nous étions anxieux pour sa consommation

d'essence. Le prix de celle-ci est de 1,18 $ le gallon pour la normale

(1,28 F le litre) et 1,23 $ le gallon pour le super (1,34 F le litre)

(1) . Comparativement, en France, à la même époque en 1980, la normale

est à 3,30 F le litre et le super à 3,45 F le litre.

A cause du pot d'échappement anti-pollution, nous devions

utiliser une qualité d'essence sans plomb, appelée "UNLED)", distribuée

dans la plupart des stations service. Pour une semaine, la location

coûtait 115 $ avec 1000 milles (1.650 km) gratuits, plus 10 c du

mille supplémentaire.

N'ayant jamais conduit de voiture automatique - ni aussi

longue - nous sommes partis doucement, la vitesse enclenchée en

première.

Nous avons emprunté la Nimitz Freeway n° 17 - l'autoroute

N° 17 - jusqu'à San José.

Sous un ciel bleu très lumineux, mais par un vent froid

et violent, nous avons découvert le siège rosicrucien mondial de

l'ordre mystique Bose-Croix A.M.O.R.C.

Qu'on s'imagine Karnak, les temples égyptiens, reproduits

à des dimensions plus humaines que les originaux et on a ainsi une

idée proche de la réalité de l'ensemble.

Le vent courbait les grands papyrus d'Egypte, vigoureux,

et les fleurs des jardins décorés de sculptures d'inspiration égyp-

tienne : sphinx, obélisques...

 

(1) le prix de l'essence est libre aux U.S.A. et peut varier de 5 cents

d'une station à l'autre.

 

 

- 17 -

Nous avons tiré la lourde porte du musée gratuit d'an-

tiquités égyptiennes.

Des vitrines éclairées de l'intérieur, présentaient

des sarcophages, des bijoux, d'authentiques momies provenant d'Egypte.

Sous le musée était creusé une crypte reproduisant une salle funé-

raire célèbre de la Vallée des Rois.

C'est l'imperator Henri MAXWELL LEWIS - celui qui diri-

gea l'Ordre à partir de sa période d'ouverture au monde en 1909 -

qui fonda ce musée.

Le planètérium du centre, lui, est payant.

Le dirigeant est aussi un peintre de talent et j'ai pu

y voir de beaux tableaux peints de sa main dans le Centre.

Nous avons visité les luxueux locaux administratifs où

200 personnes rosicruciens comme non rosicruciens, y travaillent

(j'y ai d'ailleurs aperçu une horloge pointeuse).

Le but de l'ordre est une recherche spirituelle et en

particulier la recherche de la perfection.

Chaque rosicrucien authentique est animé d'un esprit

de perfection dans la voie qu'il s'est choisie, pour atteindre le

degré de lumière intérieure des grands saints, et chacun trouve dans

l'enseignement rosicrucien ce qu'il désire pour accomplir sa voie.

Chacun est juge de sa propre voie, la doctrine de l'ordre étant

d'ailleurs "la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance".

En route pour l'accélérateur linéaire de Stanford, vers

17 h, un phénomène naturel impressionnant se déroulait au-dessus de

la petite chaîne de montagne qui borde la mer, visible de l'autoroute

qui mène de San José à San Francisco.

Une énorme vague nuageuse, longue de plusieurs dizaines

de kilomètres, déferlait lentement en franchissant le sommet de ces

petites montagnes (1).

Nous sommes entrés dans le centre de l'accélérateur sans

aucun contrôle, mais nous n'avons guère aperçu l'accélérateur, ce

dernier étant protégé des bâtiments et en partie enterré.

Le soir, nous avons couché chez un autre Ethiopien ,

Guétachou, à Sunnyvale, réputée pour ses industries électroniques.

Guétachou, avec son doctorat français en électronique,

avait trouvé une place à 8.000 F/mois comme ingénieur. Il sait que

son salaire est bas par rapport à d'autres ingénieurs débutants ayant

la même qualification. Ce qui l'a impressionné en arrivant aux USA,

il y a un an, c'est la dimension des bâtiments, des villes, des voi-

tures, des distances et de la taille des Américains. Par contre, il

trouve que les Américains sont culturellement nuls et comme des en-

fants s'engouent pour des modes bizarres : l'homosexualité, le boud-

dhisme zen, etc …

(1) Ce nuage est dû à la rencontre de l'air froid provenant de l'Océan

(aux courants froids) et de l'air chaud provenant des terres. Le

soir la Californie se refroidit, permettant aux nuages de pénétrer

à l'intérieur des terres. Au niveau de San Francisco, la rencontre

de ces deux masses d'air explique le climat doux toute l'année :

beau la journée, humide la nuit, dont bénéficie la ville.

 

 

- 18 -

Mercredi, nous sommes repartis en direction de Los Banos.

Deux embouteillages ont ralenti notre allure. Après Los Banos, un

auto-stoppeur, avec un chapeau indien, noir, à larges bords avec une

plume, est monté dans notre voiture. Il nous a proposé de la viande

fumée et de la marijuana dans sa grosse pipe rustique en bruyère.

Ce jeune Américain des campagnes du Wyoming, semblait

ne rien connaître de l'Europe, des Alpes, Mont-Blanc ou Pyrénées...

Plus tard, il nous a indiqué qu'il avait appris d'un maf-

fiosis, qui l'avait transporté dans sa grosse voiture et qui possé-

dait un pistolet de gros calibre non dissimulé sur le tableau de

bord avant, qu'il existe trois Maffias au Texas. La maffia semble-

rait avoir des intérêts dans le pétrole.

Nous avons traversé une petite chaîne de montagne, puis

une plaine fertile comportant des plantations irriguées, à perte de

vue, d'arbres fruitiers, de légumes, maïs, etc. ...

Ayant traversé une seconde chaîne de collines, nous

avons débouché dans une plaine plantée d'orangers. En dehors des

cultures, tout semble desséché et brûlé par le soleil.

Nous sommes montés ensuite par une route s'engageant

dans une région de collines, formant les contre-forts des Rocheuses (1),

traversant des prairies de western, desséchées et parsemées de chênes-

verts. La végétation se rapprochait de certaines parties de l'Algérie.

Ceci fait ressurgir en ma mémoire la similitude de la forêt dans la

montagne bordant la mer proche de San José, que nous avions traversée

en faisant un détour pour nous rendre à Sunnyvale, avec celle de

Blida en Algérie, toutes les deux profondes et possédant des euca-

lyptus.

Une autre auto-stoppeur nous a appris qu'il étudiait

les langues à l'Université de San Francisco mais ne semblait pas

mieux que le précédent avoir de quelconque connaissance sur l'Europe.

Il nous a conduit à sa colonie de vacances d'enfants

juifs dans une forêt de séquoias, au bord d'un lac scintillant de

soleil,

Nous avons payé 2 $ le droit dé passage dans le parc « National Séquoias Park».

Dans ce dernier, nous avons pu y contempler les plus

grands séquoias du globe : "le général Sherman" (dont l'âge estimé

serait de 2.500 ans), "le général Grant", le "Robert E. Lee", etc...

Nous sommes descendus de 2.800 m à 1.500 m dans une

vallée appelée King's Canyon. Le site était vertigineux, comme taillé

à coups de hache dans la montagne.

Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit dans un élar-

gissement de la vallée qui était occupé par une forêt de séquoias et

de pins.

Des centaines de feux de camp illuminaient la nuit et

les troncs des grands conifères de la forêt dans laquelle le camping

de Cedar Grave était caché.                                         

(1) Une grande chaîne de montagne traversant du Nord au Sud les

U.S.A. à l'Ouest.

 

 

- 19 -

Du font de la vallée, dans la nuit, 11 nous était Impossible

de contempler les sommets, certains à plus de 4.OOO m (le Mont Whitney)

de la chaîne de crêtes "Sierra Crest" tout proches.

Vendredi, nous avons entrepris le matin de faire une marche

le long du large torrent de montage, aux eaux limpides et froides,

qui coulait dans cette vallée.

Nous n'avons pu le traverser car le courant était rapide

et les galets de granit tapissant le fond, glissants.

De jolies libellules bleues dansaient au-dessus de l'écume

jaillissante. Le ciel, d'un bleu azuréen, se réfléchissait en mille

feux dans les vagues.

En pénétrant dans une portion de forêt plus sombre au bord

de la rivière, nous avons traversé un champ de prêles, ensemble de

grandes baguettes vertes annelées.

Pour notre repas, nous avions choisi de nous Installer sur

un énorme rocher morainique surplombant un trou d'eau calme du torrent.

Deux heures après, je commençais à m'engager dans l'eau glaciale,

lorsqu'une colonie de vacances d'adolescentes et adolescents, dirigée

par des pasteurs de '"l’Eglise du Christ" (je ne sais laquelle ?) a

surgi sur le rocher.

Etant en slip, un pasteur m'a demandé fermement de me ra-

biller afin de ne pas choquer la pudeur des jeunes filles.

Le soir au camping, j'ai expliqué à des Américains, totale-

ment Ignorants, ce qu'étaient l'Europe, la France et son système poli-

tique.

De très jolis geais bleu (geais de Steller) s'approchaient

de nous pour attraper nos boulettes de pain. Cette espèce est très

abondante dans la région, en particulier près des sites touristiques,

comme les ours, bien que ces derniers prédateurs - voleurs des provi-

sions des touristes naïfs - soient refoulés par les rangers (gardes

du Parc).

Le lendemain matin, en repartant vers Yosemite, un autre

parc national, nous avons quitté à regret cette grande vallée de

King's Canyon pour prendre une route sinueuse au bord d'un à pic

vertigineux.

En redescendant la montagne, la forêt de pins, de séquoias

et parfois de sapins - cantonnée en général sur des terrains siliceux

à socle de granit, diorite ou gneiss - a laissé la place à une végé-

tation plus desséchée de petits arbustes, des chênes-verts et de

yuccas, poussant sur les rochers calcaires semblables à ceux de la

Sierra mexicaine.

Le midi, nous avons visité sur un lac de barrage (1), un

village flottant, constitué par des embarcations en forme de caravane,

montées sur des coques "catamaran" et équipées de moteurs hors-bord.

Dans la région, nous avons aperçu un grand nombre de lacs de

barrage - utilisés pour la production d'électricité et pour l'irrigation-

et des conduites forcées.

(1) les genres de maisons flottantes estivales, sont très répandues

en Floride.

 

 

- 20 -

Sur une piste poussiéreuse, en remblai blanc bien nivelé,

avec seulement la largeur du passage d'une voiture, serpentant dans

la montagne sur le flanc d'une vallée grandiose, nous avons contemplé

des paysages mémorables, sur plusieurs centaines de kilomètres,

sans rencontrer âme qui vive.

Malgré l'altitude, l'air était très chaud, mais en mon-

tant vers une forêt, celui-ci s'est nettement refroidi sous les arbres.

Après avoir roulé tout un après-midi nous avons enfin pu rejoindre

une route nationale et un village à la station d'essence tant atten-

due par notre véhicule assoiffé, et par ses conducteurs.

Nous avons planté notre tente au bord du lac de barrage

de Millerton, duquel deux importants canaux d'irrigation partaient

vers les plantations californiennes. Dans la chaleur persistante de

la nuit, des cigales chantaient.

Au matin, nous avons observé sur les arbres, des oiseaux

semblables aux pigeons ramiers.

Nous sommes remontés vers le Nord, en direction de Yose-

mite. A côté du super-marché d'un village, un caisson isotherme, de

la taille d'une petite caravane, distribuait automatiquement des

pains de glace, d'environ 10 kg, moyennant une somme de 50 c. Dans

la poste du village, qui ne dispose pas de téléphone comme toutes

les postes américaines, nous avons remarqué des affiches d'avis de

recherche de malfaiteurs : "WANTED, etc..."

Malgré la surpopulation dans les Parcs Nationaux l'été,

notre bonne étoile a présidé à la découverte, sans chercher, d'une

place de camping en altitude, à plus de 2.000 m.

Dans une clairière, située à côté de notre camping, un

tapis de fleurs diverses - des gentianes jaunes, d'arnicas, d'asters

rosés, des lis orangés, des sortes d'orchis vanillés, etc. ... rappe-

lait celles de nos montagnes.

Une halte au point de vue Glacier Point, nous a permis

de contempler un des plus beaux panoramas du monde : la vallée gla-

cière  de Yosemite, tapissée par une grande forêt, bordée par des

parois verticales de granit, dont certaines de plus de 1.000 m de

haut comme El Capitan, le Half Dome, pain de sucre granitique, érodé,

culminant la vallée à plus de 2.600 m. Dans la vallée, se jettent

de nombreuses cascades.

El Capitan, comme Half Dome, par leurs difficultés, sont

très prisés par les alpinistes. Il arrive que des gens se jettent en

parachute du haut de cette paroi.

Nous avons rencontré dans notre camping un couple franco-

américain : lui est mécanicien dans un garage et elle corrige des

épreuves dans une grande imprimerie. Avec eux nous avons visité le

Parc. C'est en allant donner des cours d'anglais dans un lycée

français que cette américaine a rencontré son mari.

Voici quelques renseignements sur le Pays et ses habitants,

donnés par ce Français, en conversant avec lui :

Les Américains sont pénétrés de l'idée de leur suprématie

sur toute l'humanité, même si individuellement ils ne peuvent pas

toujours justifier de leur supériorité. Les journaux font preuve d'une

très grande autosatisfaction sur le plan de la politique étrangère.

 

 

- 21 -

La famille est moins liée aux U.S.A. qu'en France. Il est

normal ici que les enfants quittent le foyer à l'âge de 18 ans. Les

divorces et les homosexuels sont nombreux. Certains, par mode, se

croient homosexuels. A Sacramento, où habite actuellement notre couple,

presque la moitié des jeunes femmes sont déjà divorcées.

La psychanalyse est à la mode et les psychiatres font

fortune.

Les Américains sont en général, religieux. Les églises sont

puissantes et variées (1)

Les Américains sont très naïfs et les escrocs pullulent.

Un exemple récent : un escroc - présenté à la télévision comme un

sauveur pour avoir proposé de racheter, à Sacramento, un circuit

automobile, célèbre, sur le point de déposer son bilan - empoche

tout l'argent qu'on lui avait donné et disparaît...

Pour notre Français, il y a beaucoup d'abus dans l'utili-

sation de la caisse de chômage - le Well Fare - qui profite surtout

aux noirs, entretenant la paresse.

Le racisme est développé aux U.S.A. et beaucoup ne s'en

cachent pas.

Les Américains déménagent beaucoup, en moyenne une fois

tous les 5 ans.

N'ayant pas l'esprit économe, les Américains contractent

beaucoup de dettes et souvent payent des agios élevés, avec leurs

découverts bancaires.

Les Français aux U.S.A. ont tendance à se réunir en asso-

ciations mais l'entente n'y est pas toujours excellente.

Notre Français estime que le système politique américain

fonctionne mieux que le système français, même si les candidats

actuels - Reagan - Carter - sont loin d'être exceptionnels.

L'ayant interrogé sur l'importance de la publicité faite

pour l'Armée assez présente ici, ce dernier nous a fait savoir que le

service militaire a été supprimé en 76, mais qu'il pourrait être ré-

tabli en raison des derniers événements au Proche-Orient et en Iran.

Actuellement est appliquée une loi- « the quota law » - obli-

geant les entreprises à engager un certain quota de noirs. Dans la

pratique, le travail fourni  est souvent le double pour un blanc et

même le noir est complètement écarté de certaines activités.

Les Américains n'ont que 2 semaines annuelles de vacances,

parfois même une.

Le téléphone est le moins cher du monde. Deux compagnies

privées, je crois BELL et M.C.I. - connectées sur le même réseau -

se partagent le marché.

(1) Voici quelques noms de différentes confessions : Evangélistes,

Baptistes, Presbytériens, Méthodistes, Adventistes, Catholiques

Charismatiques, Témoins de Jéhovah, Christian Scientist (cette

dernière, une des plus récentes, crée en 1898 par Mary BAKEH EDDY)

etc. …

 

- 22 -

En  Californie, Pacific Téléphone - en fait la Bell Compagny -

propose deux types de tarification : 6 $ de taxe de base par mois, et

ensuite la gratuité des communications dans la limite de la ville où

l'on téléphone, ou 3,5 $ de base permettant 30 coups de téléphone gra-

tuits dans la même ville, ensuite 10 cents sont demandés par coup de

téléphone supplémentaire.

En général le téléphone est à touche. Si quelqu'un vous ap-

pelle pendant que vous être en communication, vous entendez dans

votre écouteur un petit signal sonore. Il est possible de téléphoner

à plusieurs. Un coup de fil d'une cabine urbaine est de 10 cents.

En Californie, une maison avec 3 chambres vaut en moyenne

65.000 $. Il faut augmenter le prix pour Los Angeles et San Francisco.

L'Américain loue peu et préfère acheter une maison, même s'il sait

qu'il peut en partir dans les années à venir.

Le couple franco-américain vient d'acheter 50.000 $ une

maison de 2 chambres et un terrain de 1.000 m2 dans la vallée centrale

de Californie.

Le taux d'intérêt, en 1980, sur les prêts est élevé : 11,5 %.

Pendant une courte période, le Gouvernement l'a porté à 18 % pour

limiter l'inflation.

Le salaire minimum est de 3 $ 10 de l'heure et en Janvier 81,

il sera de 3 $ 35.

Il n'y a pas d'augmentation de salaire pour les heures sup-

plémentaires effectuées par les employés, comme en France.

Pour une même qualification, des salaires très différents

peuvent être proposés d'un endroit à l'autre. Parfois, dans les campa-

gnes, les employeurs payent moins que le salaire minimum horaire.

C'est en particulier le cas pour les Mexicains qui viennent travailler

dans les grandes plantations californiennes (1,5 à 2 $ de l'heure).

En moyenne 500 Mexicains franchissent chaque jour clandes-

tinement la frontière. Cela explique les prix américains du tiers

de ceux de la France, en ce qui concerne fruits et légumes.

Si l'on arrive à se faire protéger par un syndicat -

l'Union (1) - un ouvrier peut obtenir au moins un salaire de 12 $

de l'heure. Les Unions sont très riches et très puissantes. Elles ne

déclenchent que rarement des grèves, mais quand elles éclatent,

elles peuvent durer 6 mois ou plus. Une grève est très bien organisée,

l'Union versant le salaire mensuel de l'ouvrier. L'ouvrier doit rester

au moins 4 h sur le lieu de travail.

On cotise à l'Union et celle-ci vous fait bénéficier de

1'assurance-maladie.

Notre Français gagne 7 $ 20 de l'heure et bientôt, en chan-

geant d'employeur, il gagnera 9 $ 50. Par sa femme, qui bénéficie des

conventions sociales de son entreprise,  il adhère à l'assurance ma-

ladie KAISER. Elle revient à 35 $ par mois et couvre 100 % de tous

les frais médicaux et d'hospitalisation. Un accouchement coûte 2000 $.

KAISER est une puissante chaîne d'hôpitaux couvrant les Etats-Unis (2).

(1) Dans chaque domaine d'activité, il y a un syndicat : celui des

transports, de la métallurgie (parmi les plus puissants) de la

Chimie, des mines, des coiffeurs, etc...

(2) Son siège est à Oakland est une tour métallisée luxueuse.

 

 

- 23 -

D'après lui, aux U.S.A., le revenu moyen par habitant doit

être élevé étant donné, par exemple, qu'un grand nombre de personnes

à New-York paient des loyers de 2.000 $ par mois.

Les impôts : - entre « l'U.S. Tax », « le Federal state Tax », la

Social Security (caisse de retraite), sont importants ici : un salaire

de 11/12 $ serait amputé du tiers.

* *

 

Dans le Parc National Yosemite, nous avons emprunté un bus,

découvert»touristique, gratuit, faisant visiter une grande forêt de

séquoias "Mariposa Grove" avec quelques têtes, comme le vieux général

Grant (10 mètres de diamètre, le plus vieux de tous avec 2.700 ans).

J'ai discuté avec le chauffeur du bus qui m'a appris qu'il

gagnait 9 $ de l'heure, à mi-temps.

Dans le petit musée de Mariposa, installé dans une ancienne

maison de bûcheron, nous avons appris à distinguer les deux espèces

de séquoias : l'une aux branches semblables à celles du Thuya (sequo-

ia gigantea), l'autre le séquoia rouge (Sequoia sempervirens)

et appris également que le séquoia est protégé contre les parasites

et le feu, par son écorce épaisse.

Par contre, son poids, allié à une forte pluie ou un fort

vent et à un système de racines courtes, contribuent à sa fin par

déracinement.

Nous nous sommes divertis à poser des questions aux figurants

- en costumes anciens, habitant les maisons en bois, restaurées, d'un

village de pionniers de la fin du XIXe siècle et jouant chacun le rôle

d'un ancien habitant de l'endroit : la fileuse de laine avec son rouet,

le recruteur de l'armée proposant une solde de 15 $ par mois, la bon-

ne ménagère, etc...-.

Nous nous sommes arrêtés près d'un grand terrain de golf (l)

et d'un joli hôtel du début du siècle, en bois peint en blanc dans

le style virginien. A l'hôtel Vawore, le prix de la chambre sans

douche était de 18 $, 28 à 31 $ avec douche.

Nous avons assisté à une veillée, la nuit, autour d'un grand

feu de bois, animée par un ranger dans sa tenue traditionnelle beige,

semblable à celle de la police montée canadienne.

Nous n'arrivions pas à assimiler son flot de paroles, mais

nous vivions sa joie, son amour de la nature, sa croyance aux légendes

indiennes, ses aventures avec les ours noirs (Ursus americanus).

En quittant Yosemite, nous quittions le Parc National créé il

y a plus de 100 ans (d'après le journal du Parc) par les efforts des

naturalistes qui surent le populariser (à) et le sauvegarder. Ainsi,

une merveille du monde fut ainsi préservée, que nous avons pu contem-

pler de nos yeux ébahis.

 

(1) Le golf est très populaire aux USA et chaque ville à son ou ses terrains.

Il y aurait 20 millions de golfeurs aux U.S.A.

(2) John Muir, donne son nom à maints lieux, en est le plus célèbre.

 

- 24 -

Avant de regagner San Francisco, le Mont Sugar-Pine railround

vieux train touristique Say, à voie étroite (métrique) créé en 1880

pour le transport des troncs d'arbre, nous a promené sur un trajet

de 5 km.

Nous sommes retournés à San José - en passant par la roseraie-

pour revoir notre ami Ethiopien Getachou.

La discussion cette fois-ci s'est orientée vers la justice

qu'il décrit comme favorables aux plus riches et souvent racistes des

Etats du Sud : Floride, Texas, Oklahoma, Virginie du Sud, Mississipi...

(1).

Par ailleurs, il nous Indique que - d'après une statistique

officielle relatée au cours d'une émission télévisée - 23 millions de

personnes, sorties de high school (école secondaire - lycée), sont

quasiment illettrées.

La faute en incomberait à la spécialisation du système sco-

laire orienté vers un enseignement "à la carte" par unité de valeur.

Chez notre amie Ethiopienne Macki, où nous sommes retournés,

Tanagne, une autre Ethiopienne nous a décrit sa propre expérience du

racisme dans un cours de formation professionnelle à « l'Electronic

Data System Corp », consistant en l'impossibilité pour elle d'être in-

formée à temps sur toutes les activités, possibilités d'hébergement,

contrairement aux blanches, aux mauvaises plaisanteries du professeur

sur son nom, sa chevelure crépue, sa lenteur...

En regardant la télévision, nous avons assisté à l'explosion

en direct, d'une bombe de forte puissance dans un casino du lac Tahoe

(Nevada), les autorités du casino ayant refusé de verser la rançon de

3 millions de dollars exigée par des gangsters...

La bombe ayant été découverte mais n'ayant pu être désamorcée

à temps, les journalistes se sont contentés d'assister et d'enregistrer

1'événement...

Auparavant - toujours en direct - nous avions eu droit au

suicide d'un désespéré, du haut d'un gratte-ciel.

Le même soir, sur CBS, nous avions une émission rétrospec-

tive avec           en direct des événements de Miami (Floride) :

scène de deux jugements par des jurés blancs de policiers meurtriers

de Mac Dufy (homme d'affaires et philanthrope noir), Interview de la

famille de Mac DUFY avant et après les jugements, scène des émeutes

noires ayant fait 18 morts suite au premier jugement inique ayant

débouché, contre toute évidence, par un non-lieu. Nous y avons appris

le nombre de brutalités exercées par les policiers blancs envers les

noirs et ayant été à l'origine des émeutes et l'existence de la vente

libre d'armes, dans la plupart des Etats du Pays.

Cette émission qui se voulait objective, avait due être

suivie par beaucoup de blancs, autant que Ses noirs.

Le lendemain, sur la suggestion de Tanagne, nous avons été

nous rendre compte sur place en visitant le quartier noir le plus

pauvre de la région, à l'est d'Oakland.

(1) Le Klux Klux Klang - organisation terroriste blanche, secrète et

raciste, existe toujours dans ces Etats.

 

- 25 -

Les maisons sont plus petites que celles des quartiers des

classes moyennes, situées à côté de ce quartier, à l'Est de Mac

Arthur Avenue, mais elles sont peintes et soignées.

Devant la plupart, sont garées de grosses voitures, les

unes mal entretenues, les autres luxueuses (1).

En prenant le bus 57, qui longe Mac Arthur, nous avons vu

des maisons assez pauvres, à la peinture écaillée, mais n'avons pas

rencontré de bandes de noirs comme on nous l'avait prédit.

Nous sommes passés devant un hangar de béton, peint en blanc

sur le fronton duquel était disposé une grande pancarte, sur laquelle

on pouvait lire "Hell Angels" (les Anges de l'Enfer), siège d'une

redoutable bande qui fut importante vers les années 70. Dans ce

quartier, nous avons vu des affiches du parti communiste américain

appelant à l'instauration d'une dictature de la classe prolétarienne.

Nous avons rencontré une femme blanche, Institutrice dans

une école primaire du quartier, qui nous accompagné pour en faire le

tour, en nous parlant des nombreux cas sociaux et de l'alcoolisme

favorisé par le chômage permanent, mais tout en faisant l'éloge de

l'aide des communautés chrétiennes qui construisent des logements,

des maisons de retraite dans ce quartier.

Cette dernière, nous a proposé ensuite de nous faire visiter

sa maison qu'elle est entrain de vendre pour s'installer avec son mari,

fonctionnaire, dans l'Etat de Washington, dans le nord ouest des Etats-

Unis. Auparavant, elle nous avait fait visiter la mission catholique

charismatique dont elle fait partie.

Nous avons terminé ce tour, par la visite du temple Mormon

d'Oakland, grand ensemble architectural, aux pyramides pointues,

sobre et futuriste, situé au sommet d'une colline.

Pendant 2 jours encore, nous avons pu à nouveau nous pro-

mener dans San Francisco.

Nous avons vu China Town où vivent 55.000 Chinois, sur un

espace réduit, étonnés par ses enseignes, journaux, magasins, en

Chinois. Grant Avenue, centre de China Town, est bordée de lampadaires

chinois et de maisons aux toits recourbés.

Malgré ces aspects et le fait de découvrir de petits hôtels

miniatures confucéens - comportant la statue de Confucius dans cer-

tains restaurants, les habitants asiatiques de ce quartier ont pris

le mode de vie américain : grosses voitures, maisons individuelles

dans la banlieue de San Francisco.

Nous avons mangé dans un restaurant chinois, une cuisine

différente ce celle qui est servie en France et nous a coûté 3 $ par

personne.

Nous n'avons pas eu le temps de nous rendre au musée de

cire chinois qui comporte de magnifiques costumes de mandarins et de

la Cour Impériale.

Nous avons flâné le long des rues de China Town pour con-

templer l'art traditionnel chinois : jolies statues de jade, de quartz

rosé, etc. ... porcelaines venant de Chine communiste et les bijouteries.

L'affichage des articles était en Chinois et Anglais.

Les rues de ce quartier étaient noires de monde, en majorité

des asiatiques.

 

(1) Bien que surpeuplés, les immeubles noirs de Harlem sont souvent élégants malgré

les dégradations. Tous les noirs possèdent une grosse voiture même cabossée.

 

 

- 26 -

Nous avons pu voir aussi le centre commercial japonais,

situé dans le quartier japonais, dont certaines maisons en bois

Imitent, celles traditionnelles du Japon. Dans ce centre, froid,

commercial, d'allure peu japonaise par l'architecture, quelques

souvenirs étaient à remarquer : magnifiques porcelaines japonaises

et costumes de Samouraïs.

Malgré les milliers de park-mètres de San Francisco,

aucune place le long des trottoirs de Fisherman Wharf n'étaient libres.

et après avoir tourné longtemps, nous avons dû nous garer dans un

parking pays privé assez coûteux (2 $ l'heure).

Fisherman Wharf - malgré son port et ses maisons de pêcheurs

restaurées, ne ressemble plus au petit village de pêcheurs, pittores-

que, accueillant sa marée de crabes chaque matin dans la brume étince-

lante de soleil, au sol couvert de bouillie de crabes, décrit par

Max Paul Fouchet dans ses récits de voyage.

La foule de touristes envahie maintenant ses rues et les

cafés, boutiques de pêcheurs, sont devenus restaurants luxueux de

poissons, innombrables échoppes de médiocres souvenirs, farces et

attrapes et de tee-shirts personnalisés avec son propre portrait.

Deux musées de l'étrange, le Wosley et le Guiness muséum, présentent

des objets étranges et des récits  ...auxquels on peut croire ou non.

Accosté à un ponton, un vieux Cap-Hornier à voile, est

maintenant transformé en musée.

Seuls des étals nauséabonds de crabes, rappellent le

Fisherman du passé.

Au large de la côte, l'Ile d'Alcatraz semble toute proche.

Deux anciennes usines, l'une de chocolats (Ghiradelli Square),

l'autre de conserve de fruits (Thé Cannery), dont les architectes ont

eu la sage idée de garder les murs extérieurs, sont transformées en

un superbe centre commercial. On s'y promène entre terrasses fleuries,

boutiques modernes, restaurant décontractés, débits de boissons (le

café étant le plus original d'entre eux), saltimbanque animateur...

A côté, se trouvent un musée maritime et une place où des

groupes musicaux viennent jouer.

Nous avons monté Russian Hill pour descendre Croockedest

Street aux multiples bégonias rosés. De loin nous avons aperçu la

tour du télégraphe qui signalait - il y a longtemps - l'arrivée des

bateaux.

Le lendemain, nous avons visité le musée du câble-car,

sorte de tramway datant de 1878, tiré par un câble sous terre, à la

vitesse de 14,4 km/h, qui escalade encore quelques collines de San-

Francisco. Le système de traction de cette célèbre relique, est très

simple : un câble circule dans un tuyau fendu, dont la fente apparaît

au niveau sol, entre les deux rails du chemin de fer. Du tramway

descend une plaque métallique plate qui coulisse verticalement dans

la fente. Cette plaque est terminée en son extrémité intérieure par

un « V » denté, qui peut s'appliquer sur le câble. Le tramway est en-

traîné par le câble dès que la plaque en "V" a été descendue vers le

bas par une manette à main, jusqu'à s'appuyer sur le câble. Les

câbles, quant à eux, sont entraînés par un unique moteur électrique

situé dans le musée du cable-car. Pour freiner, des patins actionnés

par une manette à main, descendent sur les rails.

 

 

27 -

Dans le quartier des affaires aux gratte-ciels peu ori-

ginaux, sauf celui de la Bank of America, nous nous sommes rendus au

Musée de la Well Fargo et du Pony Express - contenant des reliques

des compagnies, des pépites d'or et une diligence, dans l'immeuble

de la banque du même nom qui est maintenant la Ile du Pays.

Nous avons enfin visité l'hôtel HYATT REGENCY, un im-

meuble ultra-moderne pyramidal, creux, comportant une place Intérieure

avec square, sculpture moderne, rivière artificielle, café, balcons

intérieurs avec jardinières et ascenseurs transparents circulant le

long de ces balcons, et surmonté par un restaurant tournant, per-

mettant d'avoir un panorama Intéressant sur la baie de San Francisco

et le quartier des Affaires.

Mon seul regret fut de ne pas avoir eu le temps d'aller

contempler les "ladies", maisons victoriennes, en bois, survivantes

du terrible tremblement de terre de 1906, dont chaque San-Franciscain

est fier.

Beaucoup sont appelées "pain d’épice" à cause de l'accu-

mulation des détails ornementaux. Un maison de style de 5 pièces, en

ton état, dans un quartier résidentiel, vaut au minimum 800.000 F.

Leurs façades se repeignent tous les dix ans et il faut

compter entre 7.000 et 20.000 F de frais de peinture par un peintre

spécialiste.

Notre départ pour la France fut émouvant.

L'avion survole le soir la couche nuageuse qui stagne

en bordure de côte et qui déferle vers l'intérieur des terres la

nuit, le lac Tahoe et la chaîne des montagnes rocheuses. C'est la

dernière vision que nous emportons.

Le service de la ligne (une compagnie Intérieure) fut

excellent et l'on offrait même les casques gratuitement pour l'écoute

de la musique.

Pour fêter ce beau voyage, à notre retour avec Bernard,

nous avons eu droit à un grand repas offert par des amis.

 

Benjamin LISAN

 

 

ELEMENTS DE REFLEXION DE L'AUTEUR SUR LES USAs

 

a) Sur le patriotisme :

 

La tradition basée sur la révolution américaine

(bataille d'indépendance et de rédaction de la constitution

américaine avec Benjamin Franklin et Thomas Jefferson), avec

celle de la guerre de sécession, est un trait de l'éducation

et de la culture américaine.

 

L'aide aux pays européens libéraux (France, Angleterre),

contre un régime dictatorial (Allemagne bismarkienne ou

hitlérienne) est présente dans la mémoire américaine.

 

L'idéologie "l'Amérique apportant la liberté et ses

inventions" est encore très forte ici, bien qu'ayant un peu

chancelée avec l'échec vietnamien, le Chili et l'Iran.

 

Le fait d'être citoyen du pays le plus riche du monde

et le plus puissant économiquement, contribue à la fierté que

ressent l'américain moyen.

 

Les journaux par tradition ou par intention voulue

(afin de soutenir le gouvernement ou certains intérêts privés)

contribuent à renforcer ce sentiment.

 

L'américain naturellement religieux a tendance a y

voir une protection divine sur les U.S.A. : "God Bless America"

 

b) Sur le bas niveau des prix :

 

Celui-ci pourrait s'expliquer par le haut rendement

des usines aux USA due à un effort de modernisation continue,

 

par des réinvestissements importants, (contrairement aux indus-

triels français qui mettent souvent une partie des bénéfices

dans des biens non productifs - compte en banque en Suisse,

châteaux, tableaux etc ... - surtout en période de crise) .

L'idéologie de la réussite sociale, dispensée par la

publicité incite les américains à gagner plus d'argent en

augmentant leur rendement.

Le complexe d'être riche n'existe pas ici.

 

c) Sur le déséquilibre psychologique des américains :

 

Je commencerai pour traiter ce sujet par une anecdote .

Un ami faisant du stop aux USA (pendant les vacances) fut pris

par une américaine qui l'invita chez elle, dans son joli ranch

avec piscine . Au bout d'une semaine, l'américaine lui a fait

savoir que ses deux jeunes filles étaient amoureuses de lui et

qu'elle lui proposait de se marier avec l'une des deux.

 

Les américains font beaucoup de choses assez incroya-

bles : sauter en parachute du haut des montagnes du Yosemite,

franchir un canyon avec une moto munie de fusée etc ...

 

Ces deux exemples avec ceux du texte précédent illus-

trent certain aspects de déséquilibre qu'il me semble avoir

relevé chez les américains.

 

Cela serait susceptible d'être expliqué :

 

- par le facteur tradition : beaucoup d'ancêtres immigrants ont

fuit leur pays d'origine à cause des persécutions et du senti-

ment d'être mal dans sa peau par rapport à un pays donné - juif,

irlandais, italien, russe, tchèque etc ... — Ce sentiment pour-

rait par des phénomènes de perpétuations culturelles, subsister .

 

- par le facteur éducation : à cause de l'idéologie de liberté,

les mères américaines ont voulu très tôt - d'ailleurs dans ce

pays eurent lieu les premiers mouvements des suffragettes - se

libérer des contraintes de l'éducation, en obligeant les enfants

à se débrouiller très tôt . Nous savons maintenant — par la

psychologie et les travaux d'éthologie de Konrad Lorentz — que

le manque d'affection maternelle dans la prime enfance, crée

chez les enfants des déséquilibres psychologiques .

 

Ce déséquilibre contribue à pousser les américains

vers l'inventivité et la recherche de voies et de nouveaux

modes de vie - bouddhisme ZEN, sectes, sciences, changements

fréquents des lois sur tel ou tel domaine - permission ou prohi-

bition de l'alcool, permission des mariages homosexuels, inter-

diction ou permission de la drogue, accroissement ou restriction

de l'imigration, suppression ou rétablissement de l'armée .

 

Ce déséquilibre chez les américains pourrait être compensée par

la foi religieuse qui pourrait avoir une influence bénéfique lorsqu'elle

contribue à faire « le bien ».

 

d) Sur la force de la religion :

 

Deux ou quatre facteurs y contribuent :

 

- la tradition perpétuée dans la constitution américaine - "in

god me trust" - par l'éducation, par le patriotisme ayant prési-

dé à la création des USA .

 

- par les abattements sur les impôts — tradition anglo-saxonne —

en versant l'argent aux églises contribuant à l'enrichissement

et à la force de ces dernières .

 

- par la concurrence entre les multiples églises ayant prospérées

aux USA, en raison de la liberté .

 

- par le déséquilibre affectif des américains (voir plus haut) .

 

e) Sur le bas niveau culturel des américains :

 

C'est une énigme pour moi : peut-être est-ce dû aux

nombreux illettrés ayant constitué la culture Far West qui survie

ici, bien que la culture de ceux qui ont fondé la constitution

américaine fut élevée .

 

A mon avis, cela doit être due à l'influence négative

des puissances financières privées - entreprises - Celle-ci

modèle l'éducation à l'école en fonction de leurs besoins en

gens spécialisés et pas trop cultivés .

 

f) Sur la faible pénétration du marxisme ici :

 

Cela est due à la force du capitalisme traduite par

la société de consommation contribuant au bien être matériel,

donc à l'acceptation de ce système par les américains .

 

Un autre facteur est l'idéologie de réussite sociale

- entretenue par le capitalisme et l'exemple de nombreux self

made mens -

 

La puissance financière des sociétés privées contribue

à modeler l'idéologie américaine sous prétexte de liberté .

 

Un autre facteur moins visible est celui de la religion

- naturellement conservatrice d'ailleurs - opposée à l'athéisme

marxiste ,

 

g) Sur le déséquilibre entre groupes de pressions économiques :

 

 

La puissance des sociétés privées est considérable

par leur richesse . Cette puissance agit dans le sens d'une

ultra libéralisation de l'économie - liberté d'action considé-

rable des sociétés privées - et d'une formation de l'opinion

dans le sens du libéralisme par l'intermédiaire :

 

1) Du financement des partis :

 

Les deux partis en présence étant financé de manière

importante par les sociétés privées sont obligés de tenir

compte de l'opinion de ces dernières .

Cette liaison entre partis et sociétés privées,

explique la couverture dont ont pu bénéficier certains agis-

sements des industries privées américaines à l'étranger (1) .

 

2) Par la tentative de main-mise du privé sur certains secteurs

d'état :

 

Cette puissance peut agir encore plus loin dans le

sens de la sauvegarde de ses privilèges par n'importe quel

moyen . Tel fut l'exemple de la collusion de la C.I.A. et

des compagnies pétrolières texanes liées de manière indirec-

te à la Mafia (2) .

 

3) Par le contrôle financier indirect des moyens d'informations :

 

Beaucoup d'actions de chaîne de télévision privées

et de journaux appartiennent à de grosses compagnies . La

relation entre les médias et le privé, pourrait peut-être

expliquer cette autosatisfaction de la presse (et donc de

l'opinion) sur la politique extérieure du pays, cette mini-

misation dans les journaux des agissements des USA dans

 

                  ——— *   ———  *   ———  *   ———

 

(1) I.T.T. au Chili (lire I.T.T., l'état souverain), L'united Fruit

en Amérique centrale .

 

(2) "400 000 dollars pour tuer Kennedy à Paris" Julliard . "C.I.A.

complot et assassinat" Alain Moreau (Stock) . On pense maintenant

de source officieuse que Kennedy fut assassiné par la C.I.A. a,

cause de la réorganisation qu'il y effectuait - suite à l'affaire

de la baie des Cochons et pour y faire cesser la liaison Maffia-

C.I.A. au sujet de l'affaire cubaine, puis à cause de la lutte

qu'il avait engagé contre la Maffia et les monopoles de sociétés

pétrolières .

 

h) Sur les moyens de résoudre ce problème :

 

Pour rétablir l'équilibre de pression entre groupes

de pressions, il y a plusieurs moyens :

 

- une réduction extérieure _de la puissance du groupe de pression

le plus important (dans le sens de l'égalisation avec les

autres) - Par l'augmentation des contrôles des lois anti-trusts

(et par le renforcement de ces lois) . - Par une obligation

d'un pourcentage de financement populaire des partis . - Par

des lois empêchant le contrôle par un groupe de plusieurs moyens

d'informations (démanteler l'empire de presse Hearst par exemple)

 

- Par la division des sociétés en renforçant la concurrence .

 

- une augmentation du renforcement de la contre réaction interne

du groupe et pression sur ses actions :

En augmentant la propagande interne morale des Etats-

Unis par un renforcement des abattements d'impôts suite au

financement d'une association charitable ou d'une église .

 

i) Sur l'avenir des U.S.A. :

 

Ici les grands penseurs, en raison du niveau culturel,

ne sont pas légions. Cela contribue à un manque de maturité des

politiciens américains, par exemple sur le plan énergétique (voir

club de Rome, et étude sur ordinateur du CEA) (1) . Une crise

pourrait donc survenir en 85.

 

D'un autre côté, les U.S.A. peuvent se rétablir rapide-

ment en raison de leur puissance industrielle.

 

(1) "Bulletin de conjoncture économique du C.E.A." Service de

Documentation Générale, C.E.A. Saclay .

 

L'image de marque des Etats-Unis dans le monde - à

cause des agissements du gouvernement et des sociétés privées

(qui sont liés) à l'étranger - continuera à se dégrader pouvant

accentuer la crise économique (1), mais de façon limitée à cause

de la dégradation parallèle de l'image de marque de l'U.R.S.S. -

qui commencera à se faire lorsqu'elle ne sera plus capable

d'empêcher de filtrer l'information sur sa situation intérieure,

comme sur celle des pays marxistes aidés militairement par elle —

 

D'un autre côté, dans la crise, les américains auront

peut-être le réflexe religieux (90  des américains sont croyants),

donc il n'est pas à exclure une augmentation de la propagande

morale interne aux U.S.A. l'obligeant à mieux agir dans le monde

(donc en contrecoup pouvant contribuer à restaurer l'image de

marque des U.S.A. à l'étranger) . Il n'est pas certain dans ce

cas, avec un phénomène religieux irrationnel que l'idéologie

américaine soit remise en cause (2) .

 

Personnellement, sauf guerre mondiale - provoqué par

un encerclement du Golf persique par l'U.R.S.S. - je pense que

le système américain malgré une crise grave à venir, pourrait

s'entretenir longtemps.

 

(1) On pourrait supposer que des alliés des U.S.A. soient renversés

par des gouvernements progressistes (en Amérique latine et Corée

du Sud) . Donc qua certains marchés réservés n'existent plus

provoquant des difficultés d'approvisionnement des U.S.A.

 

(2) L'américain moyen se disant "Nous sommes punis par Dieu car

nous nous sommes trop enrichi malhonnêtement" .

 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :

 

(1) Tocqueville "De la démocratie en Amérique", 1840, ... Toujours

bon à relire.

(2) Max Paul Fouchet, voyages.

(3) "Dans le ghetto" . (Editions sociales) . Sur la condition noire

et le racisme aux U.S.A.

(4) "La vie américaine", Geneviève d'Haucourt, (Coll. "Que sais-je",

PUF) .

(5) Guides : 1. "USA en jean"                            Hachette

2. "New York en jean"                                        "

3. Guide bleu "San Francisco et la Californie    "

du Nord"

4. "USA pratique" Marie Bénédicte Alizon,              "

(6) "Dans la peau d'un noir", John Howard Griffin, Gallimard (    ).

Témoignage, datant un peu, d'un journaliste blanc qui a pigmen-

té sa peau pour connaître ce que ressent un noir dans les Etats

du Sud.

 

PRIX TRES BAS DE NOTRE VOYAGE, PAR PERSONNE :

 

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Nourriture, logement, divers ............................…………….... 1000 F

 

TOTAL (donc un voyage de 3 semaines à très bas prix) : 4000 F

 

 

ANNEXE AU SUJET DES NOIRS :

 

- 100 noirs élus de la nation (1954), 4500 (1980) - c'est à dire

1 %  des postes en 1980.

- 5  % des noirs votent dans le Sud (en 1940), 65 % en (1978) .

- En 8 ans (1967-1975) le revenu a plus que doublé . Mais à Miami,

il ne dépasse pas 2400 F . Le blanc dispose de 60 000 F.

- 48 maires noirs en 1970, 170 en 1980 dont 130 de grandes villes.

Il y a 2117 villes aux USA de 10 000 à 1 million d'habitants.

- On évalue à 12 millions le nombre de travailleurs clandestins

mexicains et portoricains. Magazine "peuples du Monde" N° 133,

Juillet-Août 1980.