Dérives psychothérapeutiques et psychiatriques

 

Par Benjamin Lisan

 

Plus de 300 types de psychothérapies existent. Le monde des psychothérapies est devenu une jungle, remplie de pièges, dans laquelle il est actuellement difficile de se retrouver.

 

Lorsque des personnes sont plongées, depuis plusieurs années, dans une profonde détresse morale ou/et de terribles situations familiales et professionnelles inextricables, lorsque le corps médical impuissant fournit le plus souvent une réponse insatisfaisante à ces types de problème _ comme dans le cas de problèmes psychologiques complexes, de traumas psychiques graves, de céphalées de tension permanentes invalidantes … _, lorsque le patient ne bénéficie pas d’une écoute médicale suffisante face à ses problèmes et n’a comme toute réponse et écoute que la prescription d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, ce dernier a tendance alors à se tourner vers toutes les solutions « miracles » promettant monts et merveilles, en particulier les psychothérapies parallèles non reconnues …

 

Ces dernières attirent tout particulièrement les personnes fragilisées ou/et déjà sous emprise. Elles sont pour certains d’entre eux comme un ultime recours.

 

Avant de s’engager dans une psychothérapie, mieux vaut être informé, pour ne pas se faire abuser.

 

Mais avant d’aborder le monde des psychothérapies et leurs dérives, nous allons voir, au travers de deux premiers sujets, ce qui peut expliquer pourquoi des personnes se tournent des psychothérapies parallèles fallacieuses.

 

Les abus de la psychiatrie « athéorique » médicamenteuses

Si l’on reconnaît la survenue grands progrès dans le traitement et la « stabilisation » de psychopathologies graves (psychoses, schizophrénies, psychoses hallucinatoires …), grâce à l’arrivée des médicaments antipsychotiques, antidépresseurs … certains médecins [1] dénoncent le recours systématique aux médicaments psychotropes.

 

Selon Edouard Zarifian , en France comme en Europe et partout ailleurs dans le monde, avec la bénédiction de l’OMS « la médecine clinique psychiatrique est totalement inféodée au modèle nord-américain. La psychopathologie a disparu, et nous débouchons sur une sorte de psychiatrie automatique, avec son catalogue de symptômes répertoriés, informatisables, correspondant chacun à une combinaison médicamenteuse ». C’est la « médicalisation systématique du moindre vague à l’âme », « mal rémunérés, les médecins sont bien forcés de multiplier les actes. Or la meilleur façon de mettre fin à une consultation, qui coûte cher au médecin, c’est d’y mettre fin le plus tôt possible en rédigeant une ordonnance », « il est plus rapide de prescrire un tranquillisant que de prendre le temps d’écouter son patient » [2].

Le recours aux médicaments ne résout pas le problème du patient, mais coûte moins cher qu’une psychothérapie analytique ou cognitivo-comportementale souvent longue.

Pour les dépressions légères ou graves, on a recours systématiquement aux antidépresseurs.

Or on a constaté que leur prescription, dans les dépressions graves, peuvent, au contraire, favoriser le passage à l'acte (suicide), en raison de leur rôle dés-inhibiteur. Et par ailleurs, ils ont des effets à long terme, non négligeables, dont des effets de dépendance (ce qui oblige à changer régulièrement de médicaments) [3]

 

Cette polémique actuelle n’est pas close.

 

Fraudes médicales et évaluations biaisées dans le domaine des évaluations de médicaments

La revue Science, qui avait publié, en 2005, des études frauduleuses sur les cellules-souches d’un chercheur sud-coréen, reconnaissait qu’elle manquait de procédure adéquate pour détecter de telles supercheries, selon les conclusions d’un groupe d’expert nommé par la publication, rendues publiques mardi 28 novembre 2006. L’éditeur en chef de Science a promis d’élaborer de nouvelles règles pour empêcher des fraudes [4].

 

Alarmés par les expériences qu'ils ont vécues avec certains manuscrits, des journaux prennent d'autres mesures pour assurer que les auteurs sont fidèles à leurs données. Le Journal of the American Medical Association (JAMA), par exemple, exige maintenant une réanalyse statistique indépendante de l'ensemble de données brutes au complet de toute étude commanditée par l'industrie au cours de laquelle l'analyse des données a été effectuée par un statisticien à l'emploi de l'entreprise commanditaire  [5]. Le Journal of Cell Biology a des politiques précises qui interdisent d'améliorer les images et scrute les images qui lui sont soumises pour y repérer tout signe de manipulation [6].

 

Selon Edouard Zarifian, « la plupart des experts de l’Agence du Médicament, des universitaires et chercheurs influents dans les instances nationales de la santé publique, sont aussi « consultants auprès des laboratoires pharmaceutiques, ou dépendent d’eux pour le financement de leurs recherches ». [D’où une fâcheuse confusion des genres … ]. Aux Etats-Unis, au moins, lors de la publication d’un travail scientifique, on est tenu de mentionner ses sponsors » [7] .

 

Le manque d’efficacité, perçu par le patient, de certains médicaments malgré des résultats positifs en double-aveugles publiés dans des revues médicales sérieuses, peut expliquer pourquoi ce patient va aller chercher ailleurs ce qu’il n’a pas trouvé dans la médecine classique.

 

Dérives psychothérapeutiques

Il existe un très grand nombre de psychothérapies, dans le monde.

Selon la psychologue américaine, Elisabeth Loftus [8], au moins 20 % des 300 psychothérapies qu’elle a recensées, sont fondées sur des affirmations douteuses.

Certaines psychothérapies ont pour but de renforcer l’emprise de certaines sectes sur leurs adeptes [9].

 

Dans bon nombre de psychothérapies règnent ce que l’astrophysicien Evry Schatzman appelle le "double charabia", l’enseignant de ces thérapies ne comprenant pas lui-même son propre discours, diffusé auprès d’un public qui ne le comprend pas non plus. Ces auteurs ont souvent la volonté de faire « sciences », de faire croire au public qu’ils sont plus « calés » qu’ils ne le sont réellement (c’est à dire paraître plus scientifiques qu’ils ne sont, par l’emploi d’un langage pseudo-scientifique, tels des termes scientifiques détournés de leur signification véritable).

 

Toutes les enseignants de ces thérapies forment dans des délais très coûts des élèves, devenant eux-même de futurs "formateurs" (comme c’est le cas par exemple avec la PNL...). Ces « formateurs »  font miroiter à leurs élèves, le fait d'être formateur eux-même très rapidement ... Les coûts des formations à ces thérapies fallacieuses sont toujours très élevées.

 

 

Dérives et critiques de la psychanalyse

Le livre "Les illusion de la psychanalyse" de Jacques Van Rillaer, puis l’ouvrage "Le livre noir de la psychanalyse", sous la direction du même auteur, ont dénoncé et ont contredit les théories psychanalytiques. Puis ils ont réfuté ce qui est considéré actuellement comme des succès indéniables de la psychanalyse.

 

Les historiens, qui ont participé à la rédaction du dernier ouvrage, y démontre comment Freud a menti sur tous ses cas cliniques, sur le matériel clinique, sur ses résultats thérapeutiques, et aussi sur ses méthodes de travail, et comment, alors, furent nécessaires l'édification de légendes autour de sa personne, afin de préserver son image de génie scientifique, et l'aura, usurpée de scientificité et d'efficacité thérapeutique de la psychanalyse.

 

Le travail monumental d'historiens comme Frank Sulloway dans "Freud biologiste de l'esprit", celui de Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans le tout dernier "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse", ainsi que les travaux de Frédérik Crews, Frank Cioffi, Han Israëls, Jacques Van Rillaer, Robert Wilcoks, Alen Esterson, Richard Webster, Jacques Bénesteau, Richard Pollak, Patrick Mahony (psychanalyste), etc., tendent tous vers la démystification des diverses légendes mensongères et désinformatrices construites et entretenues autour de Freud et de la psychanalyse. La récente publication des lettres de Freud à Fliess (un disciple de Freud, un médecin othorinolaryngologue, ayant versé progressivement dans l'ésotérisme), va également dans le sens de ce travail.

 

La méthode, l’efficacité de la pratique et la légitimité du praticien sont critiqués dans ce livre.

L'analyste est un ancien analysé sans autre légitimité universitaire ni d'obligation de diplômes. Selon certains, la plupart des psychanalystes n’étant ni psychologues, ni médecins, leur pratique flirte alors avec l'exercice illégal de la médecine [10].

Quand certaines psychanalyses durent plus de 10 ans, on peut légitiment se poser des questions sur l’efficacité de cette thérapie [11]. Selon  cet ouvrage, l'analyse freudienne se serait d’ailleurs devenue démodée dans une grande partie du monde, à l'exception de la France, de l'Argentine et la Suisse. La psychanalyse a pu avoir une utilité historique à un moment donné mais désormais beaucoup la considère, de fait, comme un théorie dépassée. 

 

Jacques Bénesteau, auteur de "Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire", démontre que Freud a commis des erreurs lors de l’analyse d'Emma Eckstein, une patiente célèbre de Sigmund Freud, devenue psychanalyste, traitée par Fliess avant d’être traité par Freud [12].

 

Le livre pointe du doigt la sclérose des psychanalystes freudiens et lacaniens dont les pratiques et les théories s'éloigneraient de plus en plus des avancées actuelles dans le domaine du psychisme et leur agressif refus de toute confrontation. Selon le livre, « …, les freudiens et les lacaniens sont devenus aujourd'hui des intellectuels sourcilleux et volontiers agressifs, défendant leur bastion avec dogmatisme. La sclérose de la réflexion est patente : refus de diffuser les travaux des historiens critiques de Freud, fermeture aux découvertes scientifiques dérangeantes et censure des travaux qui évaluent l'efficacité des psychothérapies (peu favorables à la psychanalyse...) »

 

Le verrouillage d'une partie des archives de Freud par ses ayant-droits [13] et une certaine loi du silence, imposée par les tenants de psychanalyse (formant un courant puissant en France), empêchent en partie la critique de la psychanalyse.

L'épistémologue Karl Popper pense d’ailleurs que la psychanalyse n'est pas vérifiable scientifiquement.

 

Dérives des disciples de Freud

Beaucoup de disciples de Freud on dérivé dans des pratiques et des théories contestables.

 

Carl Gustav Jung croyait à la survie de l’âme, à la télépathie (en relation avec son concept l'inconscient collectif) et à l’existence d’un symbolisme universel (les archétypes psychologiques), symbolisme semblables à celui de l’alchimie, perçu par tous les êtres humains.

 

Vers 1930, Wilhelm Reich a tenté de concilier les théories freudiennes, la sexologie et le marxisme. 

Pour Reich, les névroses, psychoses et autres maladies mentales étaient une condition autant qu’une conséquence des sociétés inégalitaires et oppresives. La « morale sexuelle » serait aussi un moyen d’oppression de ces sociétés.

Par la suite, il se lance dans des recherches étranges, se basant sur de théories personnelles très contestables, sur « l’énergie cosmique vitale » (qui serait présente dans « l’énergie sexuelle »), qu’il nommera « l'orgone », à laquelle il consacrera une partie de sa vie, la végétothérapie, la charge bio-électrique des protozoaires et leur « pulsation vitale », le cancer qu'il explique par une insuffisance d'oxygénation des tissus, un blocage émotionnel, une stase énergétique et une désintégration des cellules, les « bions », vésicules « d'énergie vitale », représentant les stades de transition entre la matière non-vivante et la matière vivante …

 

Le psychanalyste Bruno Bettelheim voulait remettre d'aplomb l'environnement familial pour éviter l'apparitions de désordres psychiques chez les enfants. Selon lui, les jeunes autistes dressent autour d'eux des remparts [psychiques] pour se protéger [de leur sentiment de néant], qu’il appelait la « forteresse vide ». Théorie qui a conduit à culpabiliser et mettre dans une situation intenable, leurs parents et qui est maintenant invalidée.

Maintenant, on croit de plus en plus que l'autisme est causé par un problème génétique et synaptique (?).

 

L’antipsychiatrie

Selon certains psychothérapeutes marxistes [14], qui ont lancé depuis les années 50 le courant antipsychiatrique, la psychiatrie est une institution non pas médicale, mais plutôt politique et/ou religieuse médicalisée s'attachant à résoudre non pas les problèmes ou les maux des patients qu'elle traite, mais bien les problèmes posés à la collectivité par le comportement de ces mêmes patients, et ce au moyen de procédés coercitifs (internements, traitements, mensonges) contraires aux principes de l'État de droit.

Ces militants anti-impérialistes, ont vu dans l’asile, un système de restriction de liberté (?), voire un système fascisant.

 

Pour eux la question de la "du normal et du pathologique" est relatif aux normes sociales, sociétales, morales, philosophiques et/ou politiques, en cours dans la société. Le fou n’existe pas. Il est une sorte de victime émissaire, dans un système social donné.

Pour ses tenants, l'asile devrait disparaître et les malades retrouver tous leurs droits de citoyens dans une société qui pourrait les accueillir, prendre en compte leurs potentialités créatrices.

Si ce courant a eu le mérite de dénoncer les abus de la psychiatrie, on admet maintenant que cette approche qui nie la notion de folie (de la classification distinguant ce qui est pathologique et ce qui n’est pas) se heurte à des réalités qu’elle ne peut nier telles que la dangerosité de certains malades [15], pour eux-même ou pour les autres, la perte totale de discernement dans certaines pathologies …

 

Psychothérapie béhavioriste ou comportementaliste

Le béhaviorisme ou comportementalisme ou psychologie objective, se focalise sur le comportement considéré comme unique observable de l’activité psychologique, exempt de toute subjectivité et du rôle de l'environnement en tant que déterminant de ce comportement [16] [17]. Il explique l’apprentissage comme une modification du comportement observable ou non, résultant de la conséquence d’une réponse à des stimuli extérieurs (environnement externe) ou à des stimuli intérieurs (environnement interne), sur l'organisme. Par l’analyse des relations entre les stimuli et les réponses du sujet, il tente de dégager les lois, ne dépendant que de facteurs physiques ou chimiques, à la base des conduites animales et humaines. Selon le schéma béhavioriste, placé dans un environnement donné, un sujet va émettre des informations qui agissent sur le milieu, et si les informations sont en cohérence avec le milieu, celui-ci donnera des réponses renforçant le comportement initial.

L’objectif étant la guérison symptomatique de la phobie, de l’obsession, de l’addiction, des délires, le thérapeute utilise alors l’immersion durable dans la situation pathogène, les techniques d’aversion, d’inhibition réciproque, du renforcement positif et négatif.

 

Pour la théorie béhavioriste, n'est vrai que ce qui est observable et visible, c’est à dire le symptôme, le reste du cerveau restant à leur yeux une boîte noire. Se voulant scientifique, les béhavioristes ne s'occupent pas de structures internes car pour eux étant scientifiquement indémontrables à leurs yeux.

Le béhaviorisme a donné naissance au cognitivisme par le biais de la théorie de l’information de Shannon vers 1950.

 

Les thérapies cognitives et comportementales ne s'intéressent pas à l'histoire du sujet, ni même à son enfance, elles ne s'intéressent qu’à la partie visible et actuelle du trouble, celui qui provoque une souffrance. Le traitement consiste à travailler sur les pensées et les comportements et à remplacer progressivement les opinions et les croyances négatives ou erronées par l'apprentissage de nouveaux comportements, après que le patient ait constaté que les anciennes ne lui donnent pas satisfaction.

Elle demande au patient une remise en cause de son comportement et de son rapport au monde.

Des objectifs sont fixés et définis avec le patient. L'objectif principal étant, à travers un nouvel apprentissage, de remplacer le comportement inadapté par celui que souhaite le patient.

L'accent est mis plus sur les causes actuelles du comportement qui pose le problème, plus que sur les causes inconscientes.

Les thérapies cognitives et comportementales sont considérées comme évaluables scientifiquement. La thérapie cognitive de la dépression aurait des résultats comparable aux effets des antidépresseurs tricycliques. Ces méthodes ont une action efficace sur l'anorexie, la boulimie, les anxiétés, les dépressions, les insomnies.

 

Pourtant cette vision purement comportementaliste, de l’homme a été critiquée.

Jean Piaget a indiqué qu'on ne pouvait pas résumer l'intelligence à des phénomènes d'apprentissage et d'imitation sur le modèle de l'éthologie animale sans tenir compte de la manière dont la connaissance se construit chez tel sujet ou chez tel autre sujet et dans un groupe.

Les critiques faites aux béhavioristes leur reprochent de transposer rapidement à l'Homme des expériences faites en laboratoire sur l'animal. Le béhaviorisme manque selon eux de modèles et de théories, en privilégiant l'expérimentation.

Madeleine Grawitz note dans Méthodes des Sciences sociales que "quand elle est portée à l'extrême, la théorie béhavioriste tend à nier la structure durable de la personnalité" [18]. Ce qui persiste, dans cette doctrine, aux yeux de Grawitz, c'est « l'habitude » qui se crée en réponse à un stimuli de l'environnement.

Selon certains, le béhaviorisme déresponsabilise l’homme en niant que la conscience est une facteur important dans les comportements humains.

Pour les psychanalystes, les comportementalistes ne s'intéressent qu'à la partie émergée de l'iceberg, évacuant sa partie immergée "l'inconscient". Selon eux, les béhavioristes ne s'intéressent qu'à l'éradication du symptôme, "coupant" la parole au sujet demandant de l'aide au travers de son symptôme (par exemple au travers d’un mal de tête, d’une angoisse, d’une maladie psychosomatique …).

Les thérapies comportementalistes travaillent sur la relation patient-thérapeute et sur une prise de conscience du patient pour résoudre ses difficultés. Dans cette relation étroite voire directive, où l’esprit critique n’est pas toujours favorisée, on peut toujours craindre que le patient soit manipulé par le psychothérapeute lors de cette relation. Ce problème se pose d’ailleurs aussi en psychanalyse dite comportementale.

 

Faux souvenirs

Certains psychothérapies, censées rechercher des traumas psychiques refoulées, comportent un risque réel de manipulations des individus, des risques d’induction  de faux-souvenirs chez le patient.

 

Par exemple, des faux-souvenirs peuvent être suggérés sous hypnose ericksonienne. Sous hypnose, on peut influencer des personnes afin qu’ils s’approprient des faux-souvenirs _ faux-souvenirs de supposées "réincarnations", faux-souvenirs d'abus sexuels ou d'incestes … _ et afin de les convaincre que des faits inexistants ont réellement existés. On peut abuser ces personnes et ainsi que leur entourage. Le praticien peut s’abuser lui-même, par sa pratique fallacieuse.

 

Aux USA, en raison des ces pratiques fallacieuses, a eu lieu une véritable épidémie de faux-souvenirs, dont des suggestions d'abus sexuels, conduisant alors à des procès en justice [19] [20] [21].

 

Nous devons à Elizabeth Loftus, expert judiciaire aux États-Unis, de nombreux ouvrages de référence sur les faux souvenirs. Elle y souligne que la mémoire est malléable et que, lors d’interrogatoires, les policiers ou les magistrats peuvent suggérer des faits aux témoins ou aux suspects. Elle assure que des sujets vulnérables peuvent finalement être convaincus d’être les auteurs de faits qu’ils n’ont pas commis, par le harcèlement de magistrats au cours des interrogatoires.

Les sujets qui adoptent de faux souvenirs ne sont pas tous naïfs ou influençables, et selon Elizabeth Loftus, il faut ajouter aux faux souvenirs des détails concernant les cinq sens.

 

Certains psychothérapeutes essayent de « guérir » cette fausse mémoire par une « thérapie de mémoire retrouvée » (Recovered Memory Therapy, RMT). « Le but de cette thérapie est de permettre au patient de ramener à sa conscience non seulement des souvenirs d’un ancien traumatisme qui peut être sexuel, mais aussi des mémoires corporelles refoulées (telles que des douleurs physiques) » [22].

 

La programmation neurolinguistique ou PNL

La P.N.L. est  un ensemble de doctrines et méthodes fréquemment utilisées dans le domaine des ressources humaines, mais dont la validité est contestée par un grand nombre de sociologues [23], notamment dans le cadre de la formation continue et  des psychothérapies.

 

Le rôle de la PNL est "d'observer" des compétences et se les approprier, les "décoder", les "expérimenter" pour créer des "Modèles Efficients" _ c’est à dire des modèles de "stratégies d'apprentissage" efficaces _ censés faciliter une plus grande connaissance de Soi et permettre un rapide apprentissage des trucs des « meilleurs » ou des compétiteurs.

 

Son hypothèse de base est que dans chaque comportement humain, il y a une structure, que nous pouvons modéliser, apprendre ou changer.

La PNL suppose que le praticien peut trouver intuitivement la « carte du monde » du patient, c’est à dire la structure de sa pensée.

 

Elle propose des techniques, comme :

 

1) la synchronisation de ses mouvements et paroles avec ceux d’autrui, le fait de prendre les mêmes attitudes que votre interlocuteur, afin qu'il ressente une sympathie et un accord grandissant pour vous, etc. …

2) l’observation des mouvements oculaires (selon les théories de la PNL, a)  relatif à une image, les yeux de votre interlocuteur, vont en haut, b) relatif à un son, ils vont à l’horizontal et c) relatif a une émotion ou une sensation corporelle, ils vont vers le bas),

 

Ainsi, pour les PNL'istes, il existerait six mouvements oculaires qui constitueraient une sorte de grille de lecture, et l'observation des yeux permettrait de préciser si le sujet dit ou non la vérité.  Dans cette perspective, ils attacheront une grande importance au regard ou, plus précisément, aux mouvements des yeux.

 

Comme tous "les marchands de certitude", les praticiens de la P.N.L. n'hésiteront pas à interpréter le moindre de nos comportements - de la même façon que les "gestuologues" - et à leur donner une signification psychologique, obligatoirement univoque.

L'interprétation psychologique proposée par la PNL se fonde en grande partie sur l'étude de la parole et de la gestuelle, chaque mouvement étant relié à une interprétation univoque, que certains spécialistes considèrent comme abusive et simpliste.

 

La PNL n’est ni une programmation, ni une étude neurologique, ni même une recherche linguistique sérieuse.

Aucune étude de validation (pourtant facile à réaliser) n'est venue à ce jour étayer ces déclarations qui, à l'image des praticiens de la PNL, demeurent tout à fait péremptoires et, faut-il le préciser, anti-scientifiques.

Actuellement d’après les connaissances actuelles acquises dans le domaine des neurosciences, le cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur, donc il n’y a aucune raison de parler de « programmation » [24].

Concernant les maladies mentales, les tenants de la PNL font référence à la neurologie, mais ne s’en servent pas dans leurs applications.

Les praticiens de la P.N.L. se réfèrent constamment à la théorie linguistique Avram Noam Chomsky en oubliant de préciser que les expressions utilisées sont totalement détournées de leur sens. Ainsi, à titre d'exemple, les maîtres de la P.N.L. n'hésitent pas à se servir de la "structure de surface" qui pour eux devrait « aider le sujet à retrouver son expérience sensorielle initiale et à enrichir son modèle du monde ». Une telle dérive ne relève pas du simple hasard, car certaines personnes, après avoir suivi deux ou trois semaines de séminaires en P.N.L. (dans le meilleur des cas), n'hésiteront pas à se présenter comme des "psychothérapeutes", faisant croire à leurs patients à travers des titres ronflants ("Maître praticien en PNL") qu'ils sont de véritables spécialistes du soin.

 

« Cette notion de programmation empruntée à l'informatique présuppose donc une vision extrêmement déterministe et rigide de notre comportement. Une fois programmé, l'être humain ne pourrait plus, en effet, le changer, car celui-ci serait dicté par ses programmes. Or, contrairement aux PNL'istes, personne n'a encore réussi à identifier quels sont les facteurs qui interviennent dans un comportement [25] ».

Selon Christian Balicco [26] « [ … ], c’est abusif que de vouloir interpréter tous les gestes d’un individu pour leur donner une signification psychologique. Il est incontestable que certains de nos comportements constituent des automatismes, mais la question qui se pose est de savoir si l’on peut pour autant les généraliser à l’ensemble de nos comportements ».

 

Aucune démarche scientifique n'est appliquée [27]. Il n'y est jamais question de recherche, de questionnement, d'évaluation critique. Il n’y a pas de preuves scientifiques de son efficacité [28]. De même, les concepts fondateurs invoqués (école de Palo-Alto, travaux de Noam Chomsky …) seraient dénués de rigueur et souvent abordés de façon très superficielle.

 

La P.N.L. se fixe pour objectif de trouver des comportements qui puissent influencer autrui. Or cet ensemble de comportements trouve sa force non pas dans les techniques elles-mêmes comme beaucoup de praticiens le supposent mais dans une relation de suggestion hypnotique qui ne dit pas son nom, mais dont on trouve les fondements dans "le processus de l'ancrage" ou "le modèle Milton". Comme on sait que ce type de relation ne fonctionne que sur une population extrêmement limitée, il n'est donc pas étonnant que certains consultants_- eux-mêmes praticiens en P.N.L. et après l'avoir définitivement abandonnée _- avouent ensuite, à travers leur expérience, que le miracle tant escompté en matière de communication n'a pas eu lieu.

 

Sans véritable théorie, la P.N.L est très simple à comprendre et à mettre en œuvre, elle fascine tous ceux qui sont attirés par une psychologie naïve et superficielle qui leur explique comment faire sans jamais se préoccuper du "pourquoi". Elle fascine tous ceux qui pensent qu'il est légitime d'utiliser une technique sans en connaître les bases théoriques et conceptuelles.

 

Il est à noter que des mouvements sectaires comme l’Eglise de la Scientologie ont des centres de  formation proches de la PNL [29]. Le discours de PNL'istes ressemble beaucoup à ceux que peuvent délivrer certains adeptes de sectes. Le problème de la PNL est qu’elle est un fourre-tout, où l’on peut y mettre tout et n’importe quoi.

 

Comme le souligne d'ailleurs Y. Winkin [30], en parlant du "discours prophétique" de la P.N.L. : "elle relève in fine du phénomène religieux. Il est normal qu'on la persécute". Y. Winkin, qualifie encore la PNL de « fraude intellectuelle », d'« exploitation de la confiance » et de « manipulation des idées et des hommes ».

 

La biologie totale

Selon la « biologie totale »,  créée par Ryke Geerd Hamer et diffusée par son élève, le Dr Claude Sabbah, toute maladie (cancers, maladies génétiques, maladies infectieuses …), sans exception, serait causée par un conflit psychologique traumatisant, un « surstress ». Chaque type de conflit ou d'émotion affecterait une zone précise du cerveau (et des zones de neurones appelés "foyers de Hammer"), au point d'y laisser une empreinte physiologique, ce qui toucherait automatiquement l'organe relié à cette zone.

De ce fait, les divers symptômes - douleur, fièvre, paralysie, etc. -, seraient des signes d'un organisme qui cherche sa survie avant tout : incapable de gérer psychiquement l'émotion, il ferait porter le stress par le corps. Par conséquent, si l’on réussissait à résoudre le problème psychique en cause, cela ferait disparaître le message de maladie envoyé par le cerveau.

Selon cette théorie, il n'y aurait pas de maladies « incurables », seulement des malades temporairement incapables d'accéder à leurs facultés personnelles de guérison.

On fait porter au malade la "responsabilité" de sa maladie.

Dans une démarche de « décodage biologique », le « thérapeute » identifie d’abord, à l’aide d’une grille, le type de ressenti qui aurait déclenché la maladie. Ensuite ce « praticien » indique au malade le processus psychologique pour traiter ce « traumatisme ».

Selon la théorie du « transgénérationnel » de Claude Sabbah, le conflit à l'origine de la maladie "peut très bien être né chez les parents, les grands-parents, les arrières-grands-parents, etc., sans qu'il se soit jamais manifesté". La maladie fait partie d'un "programme" mis en oeuvre par le cerveau en réaction à un stress intense. D'où la nécessité d'une "déprogrammation", sorte de « psychothérapie transgénérationnelle ». Les conséquences de cette pratique sont redoutables : ruptures familiales, arrêts des traitements médicaux.

Hamer a été radié à vie de son ordre professionnel (en 1986) et condamné à la prison en 2000 pour pratique illégale de la médecine. Claude Sabbah, ex-médecin, a été condamné à trois ans de prison pour escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine.

 

Conclusion

Il existe encore bien d’autres psychothérapies que nous n’avons pas abordés ici, comme la Gestalt-thérapie, le Cri primal, l’Analyse transactionnelle etc … par manque de place et parce qu’il en existe des centaines qu’on ne peut toutes traiter ici.

Peu de psychothérapies sont vraiment « scientifiques ». Même la psychothérapie béhavioriste ou comportementaliste, qui se veut scientifique, a été critiquée.

 

De nos jours on constate que certaines personnes n'hésitent pas à se transformer après quelques semaines de formation en "psychothérapeutes" avec, pour la  majorité d'entre eux, peu de formation clinique. Cette façon de procéder est d'autant plus efficace que les sommes versées (et exigées par les fameux "maîtres praticiens") sont très élevées. Elles constituent, en effet, un facteur susceptible de légitimer non seulement le contenu des formations et l'efficacité de la méthode ("si c'est cher, c'est donc que c'est sérieux et que ça marche") mais aussi le statut des "spécialistes" qui délivrent le contenu de leur pseudo-savoir ("si c'est aussi cher, c'est donc qu'on a à faire à de véritables spécialistes"). On peut s'interroger non seulement sur la santé et l'équilibre mental de ces "praticiens" mais aussi sur le danger qu'ils font courir aux patients qui auront la naïveté d'aller les consulter (il n'y a qu'à parcourir les pages de l'annuaire téléphonique pour découvrir un nombre considérable de "psychothérapeutes" de différentes écoles plus ou moins douteuses, tels que "spécialistes de la P.N.L." etc …).

 

Sinon, faire croire, au "tout venant" que certains méthodes sont des "méthodes miracle", les seules susceptibles d'expliquer tous les comportements humains, puis répéter ce type de message partout, sous des formes multiples et variées, constitue un renforcement que l'on retrouve dans n'importe quelle technique de conditionnement.

 

Toutes ces théories et thérapies n’étant pas des sciences, faut-il toutes les rejeter ? On sait que certaines notions employées par les psychothérapeutes sont floues et n’ont rien de scientifiques. Pourtant l’on sait qu’une psychothérapie analytique et comportementale bien menée par un praticien sérieux permet d’obtenir des résultats indéniables chez des patients vivant avec de réelles souffrances psychiques. Faut-il donc rejeter le bébé avec l’eau du bain ?  Nous ne le pensons pas. Simplement, nous pensons que ces thérapies doivent être pratiquées par des praticiens formés à des thérapies sérieuses et qu’on doit les voir comme un art, qui doit être encadré..

D’ailleurs, l’amendement Accoyer [31] a réglementé, en France, la possibilité de pratiquer, sans diplôme, une psychothérapie.



[1] Comme Peter Breggin, un psychiatre américain engagé depuis des décennies contre les abus de la psychiatrie médicamenteuse (dont l’abus du Prozac et de la Ritaline) auprès de l’OMS et dont les positions sont controversées aux USA etc…

[2] Le Prix du bien-être. Psychotropes et société, Edouard Zarifian, Odile Jacob, 1996. Ce livre est la publication des résultats et conclusions d’une mission d’étude de sur la consommation des psychotropes en France, confiée à Edouard Zarifian, professeur de psychiatrie et de psychologie médicale à l’université de Caen, par Simone Veil, alors ministre de la santé, début 1995.

[3] Les Malheurs des psys, Psychotropes et médicalisation du social, de Philippe Pignarre, Ed. La découverte, 2006.

[4] Le Monde, 30 Novembre 2006, page 7.

[5] Fontanarosa PB, Flanagin A, DeAngelis CD. Reporting conflicts of interest, financial aspects of research and role of sponsors in funded studies. JAMA 2005;294:110-1.

[6] Les journaux font-ils assez d'efforts pour prévenir la publication frauduleuse ?, JAMC, CMAJ (Canadian Medical Association Journal) • February 14, 2006; 174 (4). doi:10.1503/cmaj.060095.

[7] Edouard Zarifian, ibid.

[8] Elisabeth Loftus , ?????, Skeptical Inquirer / March 1995 ?

[9] Des associations comme "psychothérapie-vigilance" (www.psyvig.com) ont été créés pour dénoncer ces pratiques. 

 

[10] Melanie Klein , Anna Freud , Otto Rank , Theodor Reik , Marie Bonaparte , Lou Andreas-Salomé , pour ne citer qu'eux, n'étaient ni médecins ni psychologues.

[11] Mais selon une étude, en 2005, de la Health Technology Assessment l'avantage des thérapies cognitivo-comportementales ne se maintiendrait pas dans le temps : avec 2 à 5 ans de recul elles apparaîtraient même d'efficacité moindre que les approches psycho-dynamiques issues de la psychanalyse. La polémique demeure.

[12] Elle avait subi des abus de son père, mais, pour expliquer ses troubles, Freud a préféré avancer sa théorie du fantasme oedipien, considéré par lui comme générateur d’un traumatisme psychique.

[13] beaucoup d'archives entreposées à la bibliothèque du Congrès de Washington sont encore sous clé et interdites pour longtemps encore (vers 2052) aux regards des historiens indépendants.

[14] Ronald Laing, David Cooper et Aaron Eterson en Angleterre, Franco Basaglia, Giovanni Jervis et Gian Franco Minguzzi en Italie, Louis Le Guillant, Lucien Bonnafé, François Tosquelle... en France ...

[15] Voir le cas de Romain Dupuy, obsédé par les décapitations et libéré de l’hôpital psychiatrique de Pau, où il avait été auparavant suivi pour schizophrénie, qui a ensuite décapité deux infirmières de ce même hôpital, en décembre 2004.

[16] Carol TAVRIS, Carole WADE, A. GAGNON, C. GOULET et P. WIEDMANN, Introduction à la psychologie : Les grandes perspectives, St-Laurent, ERPI, 1999, p.182.

[17] B.F Skinner, L'analyse expérimentale du comportement : un essai théorique, traduit par A.M.Richelle, Ed. Dessart, Bruxelles, 1971.

[18] Madeleine Grawitz, Méthodes des Sciences sociales, Ed. Dalloz, 2000 (11° édition).

[19] Le syndrome des faux souvenirs et le mythe des souvenirs oubliés, Elisabeth Loftus et Katherine Ketcham, traduction française de l’Américain, Ed. Exergue, 2001 (1ière édition 1997).

[20] Loftus, Elizabeth. The Myth of Repressed Memory: False Memories and Allegations of Sexual Abuse, St. Martin's Press, New York, 1994. Elisabeth F. Loftus est professeur de psychologie à l’Université de Washington et experte judiciaire auprès des tribunaux.

[21] Elisabeth Loftus, Les Faux Souvenirs. Pour la Science, N° 242 Déc. 1997.

[22] Elizabeth Loftus, ibid.

[23] Ibid Christian Ballico.

[24] L'adaptabilité humaine aux circonstances, une notion bien étayée de la psychologie, semble aller à contre-sens de la vision purement cybernétique du cerveau humain de la PNL.

[25] Christian Balicco, ibid.

[26] Christian Balicco, ibid SPS.

[27] Les méthodes d’évaluation en ressources humaines : la fin des marchands de certitude, Christian Balicco, Editions d’Organisation, 1997. & La programmation neuro-linguistique, ou l'art de manipuler ses semblables, Christian Balicco, Sciences et pseudo-sciences, n°243 10-18.

[28] Les PNListes eux-même admettent la faiblesse des bases théoriques de la PNL mais pas les observations constatées par eux.

[29] le réseau Narconon, comportant 143 centres et programmes d'éducation sur le danger des drogues dans 37 pays, l’école du rythme

[30] professeur d'anthropologie de la communication, qui a travaillé avec certains acteurs de l'École de Palo Alto (pourtant citée comme référence par des théoriciens de la PNL),

[31] amendement voté par l'Assemblée nationale française, en première lecture, le 14 octobre 2003.