L'agressivité

 

L'agressivité est une modalité du comportement des êtres vivants et particulièrement de l'homme, qui se reconnaît à des actions où la violence est dominante.

L'agressivité peut s'exprimer à l'égard des congénères (hétéroagressivité) ou à l'égard des autres animaux. Mais déviée de sa voie primitive, elle peut se manifester contre des objets et même se retourner contre soi (autoagressivité), ressort inconscient de certains suicides.

Elle prend des formes aussi diverses que les différents types de relation au sein d'un écosystème ou d'une culture donnée.

 

Sommaire

 

1 En éthologie

1.1 Agressivité humaine

1.2 Biologie de l'agressivité

1.3 Sociologie et anthropologie de l'agressivité

1.4 Psychologie de l’agressivité

2 En psychanalyse

3 Voir aussi

3.1 Bibliographie

 

En éthologie

L'agressivité se comprend comme un instinct, lequel peut renvoyer à :

l'instinct de survie quand elle permet de se défendre ;

l'instinct de reproduction suscitant la concurrence entre mâles ;

l'instinct maternel, lorsqu'une femelle protège ses descendants.

Les attitudes ou les gestes agressifs sont plus ou moins tolérés par les codes sociaux et leurs conséquences sont très variables d'une société à l'autre, d'un groupe social à l'autre et selon les époques.

L'agressivité pathologique est présente à des degrés divers dans les tableaux cliniques de troubles de la personnalité de type névrotique, psychotique, psychopathe ou épileptique.

Konrad Lorenz a mis en avant l'agressivité chez toute espèce animale comme facteur positif de sa conservation : il la comprend donc plus comme un élément vital que comme un instinct de mort. Cette agressivité ne doit cependant pas être comprise comme une priorité donnée à la violence ni même aux tensions latentes des rapports de force. Il s'agit davantage d'une énergie dont les diverses cultures optimisent les formes d'expression. Ces formes ne sont autre chose que les rites : manifestations codifiées se substituant à des actions d'agressivité stériles ou néfastes.

 

Agressivité humaine

Disciple de Konrad Lorenz, Irenäus Eibl Eibesfeld a fait connaître l'éthologie humaine au grand public avec son maître-livre "L'homme programmé", Flammarion, Pais, 1976, traduit de l'allemand ("Der vorprogrammierte Mensh", 1973). Le titre originel de "préprogrammation" de l'espèce sur laquelle se superpose la "programmation" sociale, est bien plus éclairant. Pour pasticher Simone de Beauvoir. on ne nait pas agressif, mais on le devient sous diverses influences. (en) http://www.csudh.edu/hux/syllabi/530/now_3.html

Dans une approche écosystémique, l'agressivité humaine est bâtie sur le fondement physique de la Biosphère nécessaire et insuffisant sur lequel se dépoie la Sociosphère des congénères et des collègues qui produisent les idées de la culture dans la noosphère. C'est une hiérarchie en niveaux de contrainte ou de dépendance de la Théorie des contextes d'Anthony Wilden. Une agressivité collective, délibérée, organisée et légiférée est une guerre.

Souvent employé de manière métaphoriqe,. le terme "agressivité" désigne une violence physique ou verbale manifestée avec une intention hostile. Sans hostilité, la violence n'a plus le caractère agressif, comme dans une "joute amoureuse" des amants passionnés ou un débat intellectuel de haute intensité En contraste, une querelle a une violence verbale caractérisée par une hostilité manifeste. Une violence dans l'action constructive est alors du "dynamisme". Des individus aux nations, l'agressivité suit la trajectoire de crise et conflit en polémologie.

L'agressivité, étudiée par Konrad Lorenz en éthologie animale, se rapporte à la territorialité et à l'accouplement. Chez l'humain, elle se situe aux niveaux organique, social et culturel. Au niveau culturel, la violence physique est plus ou moins valorisée d'une population à l'autre et d'une époque à l'autre. Au niveau social, cette violence physique est un moyen de communication, c'est-à-dire une forme d'interaction, plus-ou-moins "normale" dans un groupe social à un autre. En exemple illustratif, aux États-Unis, une femme a été acquitée, dans un procès, de l'accusation d'avoir tranché le pénis de son mari. Elle était mariée à un "marine" qui l'a battue fréquemment, en réponse, elle lui a tranché le pénis avec un couteau de cuisine. Le jury a trouvé que l'agressivité est une forme d'interaction "normale" dans ce couple et que l'un n'est pas plus coupable que l'autre.

 

Violence domestique, violence urbaine, violence scolaire et d'autres formes d'incivilité sont représentatives de cette forme de communication, en cours plus dans un pays que dans un autre. Pour un anthropologue en "travail de terrain", le lieu d'observation privilégié serait encore une file d'attente dans différentes métroples, comme Londres, Montréal, New York City, Paris, Rio de Janeiro et autres .

 

Au niveau organique, il y a les cas de "sham rage " chez l'animal et chez l'humain où le comportement exprime un état de rage violente, sans raison apparente dans l'environnement immédiat. Ces cas semblent illustrer les contes et légendes du "loup-garou" (Wehrwolf : loup de guerre, une des sources étymologiques) qui apparaît d'un homme ordinairement paisible à certaines nuits ou aux lunaisons. Ce qui laisse supsçonner l'influence directe du paléocéphale ou "cerveau reptilien" qui constitue le tronc cérébral. Ce supçon est confirmé en observant le comportement d'un animal décortiqué dont les lésions du système limbique interdisent le contrôle des centres supérieurs sur l'activité de l'hypothalamus.

 

Il s'agit de l'hypothèse du cerveau triunique constitué de trois parties:

- Le paléocéphale ou "cerveau reptiien" est la partie primitive la plus ancienne.

- Le mésocéphale ou "cerveau limbique" où semble siéger la gouverne des émotions et de la mémoire.

- Le néocortex est la partie la plus récente où siègent les activités intellectuelles dans l'évolution de l'expèce

 

Dr. Henri Laborit a popularisé cette hypothèse dans son livre "La nouvelle grille" et dans le film "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais.

D'autre part et aussi loin que 1892, le docteur Golz a démontré que l'ablation de la partie frontale du cerveau d'un chien ait transformé un animal doux et paisible en une bête féroce capable d'attaques subites, vicieuses et violentes, sans provocation apparente. Ce n'est qu'en 1937 que le docteur James Papez a identifié le système limbique, dans le cerveau, qui se rapporte aux émotions. De plus, la violence qui émane des décharges du système limbique s'effectue sans aucune intention de la personne qui l'exhibe.

 

Biologie de l'agressivité

Considérons le cas de cette jeune femme à qui on a implanté une électrode dans l'amygdale, au sommet du lobe temporal du cerveau, qui est une composante du système limbique, comme une partie d'un traitement. Ordinairement aimable, douce et gentille, elle devient hostile, agressive et violente lorsque l'on augmente le courant électrique qui passe par l'électrode. Lorsque l'on coupe le courant électrique, elle redevient cette gentille jeune femme. Le professeur Kenneth Moyer, psychologue à l'Université Carnegie-Mellon, se rappelle de ces colères folles provoquées par un commutateur électrique, rétablissant ou coupant le courant électique qui va stimuler ou non l'amygdale à travers l'électrode implantée. Hors de ces expérimentations, de telles décharges électriques exist-elles dans le cerveau?

Pendant plusieurs années, les neurosciences se sont posées la question sur la surveillance des signaux électriques du cerveau chez quelqu'un durant une attaque de violences. Le docteur Vernon H. Mark, maintenant neurochirurgien à l'école de médecine de l'Université Harvard, a eu l'occasion d'approfondir cette question en traitant auparavant Julie, une jeune femme de 21 ans qui a eu, dans son enfance, une encéphalite aiguë. Suite à cette encéphalite, vers l'âge de 10 ans, elle a été sujette à des crises subites d'épilepsie convulsive avec perte de conscience Après ces crises et prise de panique, Julie s'enfuit aussi vite et aussi loin qu'elle peut.

Entre les crises, elle présente des explosions de colère suivies de remords pour cette inconduite, des colères accompagnées quelque fois d'attaques impulsives et violentes contre les personnes de son entourage. Désespérée de cet état, elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises. À travers des trous percés à travers le crâne de Julie pour faire passer les électrodes implantées dans l'amygdale et l'hippocampe des deux hémisphères et grâce à la télémétrie, le docteur Mark a pu surveiller les décharges électriques anormales de ces zones, pendant que Julie vaque à ses affaires.

Avec une télécommande couplée à cette télémétrie, on a pu effectuer des décharges électriques à travers ces électrodes. Sur la plupart des électrodes, il ne s'est pas produit de réponses colériques. Seulement une paire spécifique d'électrodes implantées dans l'amygdale provoque des colères violentes. L'électro-encéphalogramme enregistrée durant cette période montre un tracé typique post-épileptique. Après beaucoup de concordances, on arriva à la conclusion d'une épilepsie, dont l'épicentre se trouve à l'endroit où sont implantées cette paire d'électrodes, qui provoque les violences colériques. En détruisant cet endroit par électrocoagulation, les crises d'épilepsie, de Julie, suivie de déferlements de violence cessa. Le cas de Phineas Gage, en 1868, est historique. Il a eu la partie frontale et préfrontale du cerveau détruite au cours d'un accident de travail où une barre de fer a traversé sa tête, de la machoire inférieure au sommet du crâne. Son comportement s'est beaucoup altéré et des crises de rage violente se déclarent sans raison apparente.

En neurosciences, un accord se fait pour situer les sites les plus importantes dans le déclenchement des déferlements de violence sur les aires frontales et préfontales, dans l'amygdale, l'hippocampe] et dans l'hypothalamus qui sont toutes les composantes du système limbique.

Même dans sa forme convulsive, l'épilepsie ne conduit pas toujours à des crises de violence agressive et les anomalies du fonctionnement cérébral ne donnent pas toutes lieu à l'agressivité. Le docteur Dorothy Otnow Lewis, professeur à l'école de médecine de l'Université de New York, croit avoir découvert un profil prédictif d'enfants délinquants qui peut les conduire plus tard à des violences meurtrières. Une étude du docteur Lewis sur des meurtriers qui ont été des enfants délinquants a montré un schéma (pattern ) comportemental de violences dès l'enfance ainsi que d'autres éléments en commun comme des maladies psychotiques dans la proche parenté, des abus parentaux sérieux, en termes de violences familiales, des problèmes neurologiques et des traumatismes craniens.

Ces deux derniers éléments déservent une remarque à l'effet que des enfants qui ont subi des violences familiales présentent des blessures corporelles et neurologiques, ainsi que des cas de psychose dans la famille peuvent orienter l'attention vers la Génétique. Dans le cas de la violence familiale, il s'agirait aussi de la reproduction sociale où la violence devient un mode "normal" de communication ou d'interaction, c'est-à-dire un comportement "normal". Mais, ce schéma comportemental ne conduit pas forcément à des violences meurtrières plus tard, à moins que l'enfant a eu des traumatismes craniens, à travers les coups et blessures à lui infligés dans cette violence familiale, et des antécédants psychotiques dans la famille. Les travaux du docteur Lewis a montré l'enchevêtrement des facteurs sociaux et biologiques dans un comportement violent.

Les traumatismes craniens et les lésions cérébrales se retrouvent souvent dans des cas d'actes de violence agressives examinés par des neurologues. Ces dommages cérébraux sont confirmés par des EEG et différents types "scannographie" ou tomoscintillographie. À partir de ces cas, il devient clair que la commande et la surveillance (le contrôle), l'intentionnalité et la responsabiité sont altérées par des décharges électriques dans le cerveau dûes à l'épilepsie ou par des impulsions électriques sur les structures du système limbique dans des expérimentations conduites pour trouver les origines de la violence agressive. La conclusion prudente que l'on peut en tirer a été formulée par le docteur Frank A. Elliott, professeur émérite de neurologie à l'Université de Pennsylvanie à l'effet que la capacité de violence agressive est présente en nous et que son contrôle peut être réduit par des facteurs biologique.

Le docteur Elliott a passé toute sa vie à étudier les personnes violentes et il est convaincu de l'héritage biologique des facteurs qui influencent cette capacité. Elle est médiatisée par un réseau de neurones et de neurotransmetteurs qui couvre du cortex préfrontal jusqu'aux profondeurs du cerveau, la partie archaïque que nous avons héritée des reptiles, dans l'évolution de l'es-pèce humaine.

Implicite à la conclusion du docteur Elliott est le principe fondamental des activités cérébrales: la fonction prééminente de l'inhibition. Nous avons l'habitude de penser au cerveau en termes d'excitation séquentielle d'un neurone au suivant. En fait, l'inhibition, plutôt que l'excitation, est la marque d'un cerveau sain, comme le tracé irrégulier d'un EEG, en contraste à tracé régulier représentatif de l'épilepsie. Si tous les circuits neuronaux sont excités en même temps, c'est ce qui se passe dans une crise d'épilepsie, alors nous aurons des gestes désordonnés et des pensées confuses. Pour des conduites et des pensées coordonnées, certains circuits neuronaux sont activés et d'autres inhibés. L'inhibition a aussi une fonction clé dans les émotions. Un ivrogne laisse émerger des sentiments et des comportements sans contrôle et sans inhibition.

Des médicaments, particulièrement les barbiturates, augmentent l'agressivité et la "marijuana" semble la réduire. Par contre, lorsque la "marijuana" est combinée avec le PCP ou Phencyclidine (une concoction connue dans la rue sous le nom de "vaisseau d'amour"), cela produit fréquemment une explosion de violence mortelle. Le PCP radioactif révèle son influence sur le système limbique, coupant la partie émotionnelle du cerveau de l'action du cortex cérébral, la partie intellectuelle . La connaissance, le jugement et le raisonnement sont, alors, écartés, laissant l'individu à la merci de ses impulsions agressives. Avec cette drogue, des cas d'explosions subites de violence courrent les rues. Mais, l'absorption de substances chimiques n'est pas la seule source de violences subites et incontrôlées.

La neurologie a finalement donné un nom à ces cas, celui de "syndrome du dyscontrôle épisodique". Ce qui signifie qu'une conduite paisible ordinaire peut être altérée par moment en comportements violents. Ce syndrome de dyscontrôle épisodique est relié à la fois aux lésions de la structure cérébrale et au fonctionnement cérébral à travers la chimie du cerveau. Cet affaiblissement du contrôle indique une prédisposition à l'agressivité déjà installée.

Les intoxications et l'agressivité

Prenons le cas de William Quick, un infirmier de l'hôpital psychiâtrique Farleigh, dans le Sommerset en Angleterre qui a violemment attaqué, sans raison apparente, un de ses patients le 27 décembre 1971. Le jury l'a acquitté de l'accusation pour coups et blessures à son procès, sur l'avis de l'expertise médicale à l'effet que Quick n'a pas pu être responsable de ses actes à ce moment là où le comportement violent est une réponse irrépressible à une chute brutale du taux de glucose dans le sang, Quick ayant pris par erreur une forte dose d'insuline pour traiter son diabète.

Le témoignage médical en faveur de Quick dit que dans un tel cas de crise d'hypoglycémie, la personne perd connaissance de ce qui se passe en elle et peut être plus que violent pendant quelques instants et atteindre un état semi-comateux. À des degrés différents, une crise d'hypoglycémie altère l'humeur, sans aller toujours jusqu'à l'extrémité des explosions de violence agressive. Dans la plupart des cas, le tableau clinique présente un excès de mauvaise humeur ou une tendance marquée à chercher querelle.

Des cas de syndrome de dyscontrôle épisodique se présentent souvent avec une intoxication involontaire aux solvants industriels ou ménagers. L'éther diéthylique a été l'une des premières substances utilisées pour l'anesthésie générale. Une grande quantité de vernis, de peinture ou d'autres produits que l'on retrouve dans les placards des foyers domestiques ont pour solvant l'acétone.

 

Les "renifleurs de colle" s'intoxiquent volontairement avec cet acétone qui est le solvant de la colle cellusique dont ils se servent. L'intoxication alcoolique volontaire est un autre exemple illustratif du changement de comportement par altération de la conscience et du jugement. L'agressivité est une des formes possibles de ce changement de comportement. Les expressions populaires de "vin joyeux", "vin triste", "vin silencieux" et "in vino veritas " montrent bien que l'intoxication alcoolique n'est que le déclencheur de l'émergence d'une prédisposition comportementale, "ce qui fait revenir au galop le naturel chassé par la conscience ou le jugement".

 

Des intoxications involontaires aux pesticides peuvent interférer la circulation de l'influx nerveux dans le cerveau et conduire à l'agressivité. David Garabedian, employé d'une entreprise d'entretien de gazon au Massachusetts, en a fait une pénible expérience le 29 mars 1983 où il a molesté et tué Mme. Muldoon chez qui il a été envoyé pour entretenir la pelouse. Le docteur Peter S. Spencer, toxicologue et professeur de neuroscience au collège de médecine Albert Einstein de New York a étudié le cas de Grabedian. David Garabedian a été intoxiqué au chloropyrifos utilisé dans les épandages sur le gazon.

 

Cette substance chimique désactive le chlorinestérase, une proteine normale située aux extrémités de plusieurs fibres nerveuses. Selon le docteur Spencer, dans les conditions normales, le chlorolinesterase arrête l'action du neurotransmetteur nommé acétylcholine, mais en présence d'un inhibiteur, l'acétylcholine reste dans l'espace synaptique. Une présence excessive d'agents antichlorinestérase produit un éventail d'effets néfastes représentatif du degré de perturbations dans l'action de l'acétylcholine. Les agents d'antichlori-nestérase les plus forts produisent une paralysie générale. Les pesticides contiennent des agents d'anticholestérase moins forts qui peuvent conduire au suicide.

Dans l'une ou l'autre de ses formes, le suicide peut être considéré comme une violence agressive retournée contre soi-même et l'agressivité peut être une voie de sortie du désespoir extrême dans la dépression. La langue anglaise désigne une personne dynamique par le vocable de "aggressive person". L'agressivité dont on parle ici est celle des conduites violentes justiciables.

Au procès, le docteur Spencer, en expert médical, dit que le changement de comportement chez David Garabedian est le résultat d'une intoxication involontaire au chloropyfiros contenu dans les pesticides utilisés et que l'intensité des effets qui ont conduit au meurtre est encore indéterminable. Le psychiatre qui a suivi ce cas est encore plus affirmatif en invoquant l'empoisonnement du cerveau, à ce moment, qui n'a pas permis à David Garabedian de se contrôler. Le jury a aussi considéré le fait que d'autres travailleurs de la même entreprise ont aussi été intoxiqués par le même produit et qu'ils qu'ils n'ont pas commis de meurtre. D'autre part, David Garabedian n'a pas d'antécédents psychiâtriques qui pourraient constituer des prédispositions pour justifier un tel déferlement de violence meurtrière dans un moment de perte de contrôle. Finalement il a été condamné à la réclusion perpétuelle.

 

La chimie du cerveau et l'endocrinologie des déséquilibres hormonaux peuvent rendre intelligibles des sautes d'humeur dont l'exemple illustratif est le SPM ou Syndrome Pré Menstruel. L'autre exemple est le déferlement de testostérone, l'hormone mâle.

 

Sociologie et anthropologie de l'agressivité

À certains moments de leur histoire, certaines sociétés valorisent et favorisent l'agressivité dont la guerre est l'expression extrême. Ce qui justifie la devise de l'UNESCO qui exprime l'idée que la guerre soit dans l'esprit des hommes et que c'est dans l'esprit des hommes qu'il faut ériger les remparts de la paix.

 

Certaines cultures valorisent et favorisent la finesse et d'autres la force. Dans l'histoire de l'humanité, il y a juste deux grands philosophes de la guerre qui est la forme suprême et collective de l'agressivité.

 

Pour Karl von Clausewitz, la guerre est l'usage illimité de la force brute.

Pour Sunzi, la guerre est l'art de la tromperie, suivant son mot d'ordre de "subjuguer l'adversaire sans combattre".

 

Alors, la guerre apparaît comme la forme suprême, organisée et collective de l'agressivité.

L'anthropologue Marvin Harris (Marvin Harris, pp. 47-64, "Cannibals and Kings. The Origins of Culture", Vintage, New York, 1977) de la Columbia University a développé une théorie convaincante et séduisante sur les origines de la guerre dans les sociétés non-étatiques, tribales et villageoises. L'idéologie dominante dans notre société tend à blâmer l'individu pour la guerre sur la base supposément biologique d'une "violence innée" de la "nature humaine" (le péché originel) ou de l'"instinct de mort". C'est un point de vue évidemment simple et simpliste qui nous lave de toute responsabilité dans notre conduite envers autrui. Si la guerre est naturelle, il n'y aurait pas besoin de tant d'efforts de propagande pour dresser les uns et les autres à s'entretuer. Le dressage, ici, se rapporte à ce que l'Anglais nomme par "shaping" ou "basic training" dès l'enfance dans la famille, la parenté, l'école, le milieu social et à travers les jeux et les divertissements apparamment les plus inoffensifs, le rejet et le déni de l'autre, la compétition et la coopération.

 

Harris commence avec le répertoriage de quatre théories les plus communes sur l'origine de la guerre: la guerre comme solidarité, la guerre comme jeu, la guerre comme nature humaine et la guerre comme continuation de la politique (Clausewitz entre autres).

Avec le désir mimétique, René Girard a montré la rivalité mimétique qui peut déboucher une violence mimétique généralisée où tout le monde se bat contre tout le monde, pour faire comme tout le monde.

Jacob Bronowski - grand mathématicien touche-à-tout, philosophe et poète de l'équipe de jeunes savants réfugiés en Angleterre et aux États-Unis durant les années 30-40 qui ont fait passer la langue savante de l'allemand à l'anglais par la grâce de monsieur Adolf Hitler et ses compagnons - a formulé une synthèse à l'effet que la guerre soit le résultat de la conjonction d'une technologie appropriée avec la logique du pillage. La révolution verte de l'agriculture avec la domestication des animaux et des plantes a fait sortir l'humanité de l'errance perpétuelle et l'a perpétuée dans la terre et la pierre. La domestication du cheval s'encastra parfaitement dans cette logique du pillage et permit à des nomades du fin fond des steppes de foncer sur les cultivateurs fixés à leurs terres et aux temps des semailles et des récoltes et voler le fruit de leur travail. Ces cavaliers ont semé une très grande frayeur qui est à la source de la légende du "centaure": être fabuleux mi homme-mi cheval formé de deux moitiés soudés ensemble. Cette tradition du pillage à travers les cavalcades s'est perpétuée chez les nomades chasseurs ou pastoraux des grandes plaines d'Afrique d'Amérique et d'Asie.

 

Dans cette perspective et en couvrant à la fois les sociétés non-étatiques et les sociétés étatiques, la guerre apparaît comme la forme et le moment (à la fois comme instant et comme rapport de forces) de violence extrême d'un vol organisé dont l'objet peut être physique, imaginaire ou symbolique.

 

Certaines sociétés cultivent la conciliation et le compromis (dans la signification de "stratégie paradoxale" d'une adoption de voies divergentes) comme un art de vivre, à l'exemple de l'idéologie une "harmonie sociale" dans une économie politique asiatique fondée sur la tradition confucéenne d'un "construit social organisé" pour concilier les divergences et pacifier les conflits et rivalités, à partir d'une philosophie sociale du "vivre ensemble", dans la coaltion tripartite "patronat-syndicat-gouvernement", avec le tiers inclus médiateur et témoin à l'interface du comprador, pour éviter la bipolarisation dans la relation entre crise et conflit. Dans un triangle, chaque angle se trouve entre deux côtés et chaque côté entre deux angles.

D'autres sociétés cultivent la querelle comme un art de vivre dans des disputes de voisinage et dans une "guerre civile" permanente, au moindre prétexte pour descendre dans la rue manifester, contre-manifester et bloquer la vie sociale et économique par de grèves.

 

L'exemple illustratif de cet art de vivre est "L'hécatombe" de Georges Brassens, sur le mode plaisantin des "femelles gendarmicides".

"[…] Au marché deBriv'-la-Gaillarde À propos de bottes d'oignons Quelques douzaines de gaillardes Se crêpaient un jour le chignon"

Une "hypersensibilité", une plus grande "nervosité" et une plus grande susceptibilibité à la vincdication, à la "hargne, grogne et rogne" sont remarquables chez des " petits gens" par la stature physique et le staut social en psychologie de l’agressivité à travers la compensation du sentiment d'infériorité.

 

Psychologie de l’agressivité

La différence entre agressivité et dynamisme tient simplement les orientations destructrice et constructive. Le même effort exceptionnel pour se surpasser et se dépasser est du dynamisme, alors qu’il devient de l’agressivité dans la tentative de diminuer ou de détruire l’autre.

Avec Freud et Jung, Alfred Adler est un des trois pères fondateurs de la psychologie des profondeurs plus connue dans le grand public sous le nom de psychanalyse. Il s'est séparé du " père " en déplaçant le principe explicatif des comportements de la libido des pulsions sexuelles à la "compensation" du sentiment d'infériorité. En Psychologie individuelle. "Être homme, c'est se sentir inférieur" écrit Adler. Le principal problème pour l'homme est de liquider son sentiment d'infériorité. L'exemple illustratif est ce garçon chétif de Pennsylvanie devenu plusieurs fois champion de natation en 100 mètres nage libre et dont le record n'a pas été battu par son dynamisme sans agresser personne. C'est Johnny Weissmuller (1904-1984), plus connu comme acteur dans le rôle de Tarzan.

 

L’agressivité serait alors une compensation facile de son sentiment d’infériorité, comme le petit chien nerveux, petit de taille et grand en volume sonore. Avec une observation attentive, profonde et complète, ce phénomène pourrait se décrire chez des personnes et des sociétés à différents moments, entendus à la fois comme “instant” et “rapport de forces”. Le dynamisme serait un comportement de compensation pour combler les déficits et limitations physiques comme Johnny Weissmuller à titre individuel. La compensation des retards économiques se trouve dans le dynamisme, à titre collectif, de la Chine et l’Inde qui sont des étoiles montantes du XXIème siècle.

 

Pour certains, Erich Fromm est un psychanalyste humaniste. Mais, en dehors des chapelles, Erich Fromm est bien plus connu comme un sociologue marxiste pour avoir fait la conjonction explosive de Marx à Freud. Il prône l'adaptation de la psychanalyse à la dynamique sociale à partir d'une interprétation humaniste de Marx ("La peur de la liberté", 1941; "L'art d'aimer", 1956; "Société aliénée et société saine", 1971).

 

Pour Fromm, la part instinctuelle diminue chez l'Homme au profit d'un comportement qui tend à s'individualiser dans la résolution du problème fondamental à résoudre: l'union-au-monde dans la liberté, liberté "positive" du dynamisme (freedom to ) et liberté "négative" de l’agressivité (freedom from), amour et haine, confiance et méfiance, créativité et destructivité. Fromm a fait une brillante étude sur le phénomème psychologique du nazisme en particulier et de tout totalitarisme en général.

C'est en tant que phénomène d'extrême adhésion totale à une extrême agressivité totale que représentent le nazisme et tout autre totalitarisme que Fromm a étudié.

Ce phénomène psychologique de soumission et d'agressivité, à la fois, a été étudié par Fromm à partir des idées de “peur de la liberté” (Fear of Freedom) et de “évitement de la liberté” (Escape from Freedom) dans la destructivité, la haine et la surconsommation pour se relier au monde. Dans l'étiologie sociale, l'union-au-monde d'Erich Fromm peut être reliée au sentiment d'infériorité par le statut social et les conditions de vie en psychologie individuelle d'Alfred Adler à travers la solitude absolue qui mpeut mener à la violence absolue et à la soumission absolue au plus grand nombre. René Girard y introduit le phénomène du mimétisme avec la violence mimétique dans le désir mimétique et la victime émissaire.

 

En psychanalyse

L'agressivité est comprise comme une manifestation de l'union-désunion des pulsions de vie et de mort, selon la dernière théorie des pulsions de Freud. Le dualisme agressivité-sexualité lui correspond et la pulsion destructrice prend le dessus à l'occasion de la désunion et déclenche le comportement agressif.

Pour Winnicott , il existe une relation entre le principe de réalité et la pulsion destructrice , dans le sens où c'est la pulsion qui crée la qualité d'extériorité . La destruction fabrique de la réalité alors que le sens commun nous incite à voir le contraire , à savoir l'agressivité comme conséquence du principe de réalité . L'agressivité , la tentative de destruction de l'objet , place celui-çi en dehors de la toute puissance du sujet , ce qui suppose que l'objet survive à la destruction . Progressivement il y a reconnaissance de son ex-istence , renoncement aux processus de projection et d'identification vis à vis de l'objet , et le sujet peut ainsi l'utiliser dans le champ de relations plus complexes , l'amenant à une phase de maturation plus élaborée . Bien que l'objet soit préexistant au sujet , il attendait d'être crée pour acquérir une réalité autonome .

Mélanie Klein, Daniel Lagache ou René Spitz ont écrit sur cette question.

 

Voir aussi

Instinct de reproduction

Guerre

Besoin - Désir

Thanatos

Sadisme - Masochisme

Métapsychologie

Éthologie

 

Bibliographie

Konrad Lorenz, L'agression, une histoire naturelle du mal, (traduit de l'allemand), Flammarion, (1977)

Thanh H. Vuong & as. "Communauté Économique de l’Assie-Pacifique. Essai d’Anthropologie économique et de Géographie politique", Presses inter-universitaires, Cap Rouge, QC, 2004.

Anthony Wilden, “The Rules are no Game. The Strategy of Communication”, Routledge & Kegan Paul, London & New York, 1987.

Anthony Wilden, “Man and Woman, War and Peace. The Strategist’s Companion”, Routledge & Kegan Paul, London & New York, 1987.

 

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Agressivit%C3%A9

 

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L'agressivité est une force de vie. C'est l'énergie qui nous permet de demeurer vivant, qui nous pousse à nous protéger des dangers et à faire les efforts nécessaires pour atteindre nos objectifs. Cette énergie est disponible chez chacun d'entre nous.

La colère et l'agressivité sont des expériences trop souvent méprisées. Assimilées à la violence ou au manque de contrôle elles font partie des parias de la vie émotive. Pourtant l'agressivité est essentielle à la poursuite de nos objectifs de vie. La colère, comme toutes les autres émotions, joue un rôle important pour nous informer des obstacles à notre satisfaction.

 

Source : http://redpsy.com/infopsy/agressivite.html