Introduction sur les traitements par le Botox des céphalées de tension

Le Botox ou toxine botulique (botulinum) est une substance servant  à paralyser des muscles[1]. Certains laboratoires et centres de traitement de la douleur dans plusieurs pays dans le monde, l’ont envisagé pour le traitement des migraines et des céphalées de tension et des algies faciales. Au début, on rapportait des résultats très probants et prometteurs [2] [3] [4] (par exemple à Wake Forest University, à Saint Louis University, à Zagreb University …).

Mais d’autres expériences ou contre-expériences au contraire donnent elles des résultats peu probants ou décevants [5] [6].

  Charles P. Vega, MD, FAAFP [7], analysant ces études négatives, constate que, pour celles-ci :

  1) les points d'injections du Botox ont été fixes et non guidées par le patient,

2) que l'on a autorisé certains patient à continuer à prendre leur médication habituelle antidouleur, pendant le traitement par le Botox (ce qui peut fausser les résultats)…

En résumé, la plupart des études ayant des résultats décevants sont celles où l’on fait des injections de Botox, mais ... :

a) avec des doses trop petites (par peur des effets secondaires etc. …),

b) avec des injections localisées sur des emplacements fixes (par exemple frontaux) [8] [9] sans tenir compte de l’avis des malades,

c) avec des patients continuant leur traitement anti-douleurs classiques pendant les essais,

d) en mélangeant toutes sortes de populations _ patients migraineux, mélangés avec patients présentant des céphalées de tension, qu’elles soient chroniques ou peu fréquentes.

  En général, en analysant les recherches donnant des résultats plus encourageants, on constate  :

A) pourtant, qu'elles sont d’une moins bonne qualité scientifique (pas d’analyse de l’emplacement des points d’injection, leur pourquoi, quels sont les effets, à quelles doses, est-ce qu'on a vérifié que les patients ont continués, ou non, à prendre le traitement qu’on leur avait prescrit avant les essais, ce qui n'est pas sûr ? …),

B) ou que malgré tout qu'elles utilisent les symptômes des patients pour guider des emplacements d'injection (hors question de la quantité des doses sur les effets).

  On peut penser que la localisation des injections de Botox dans la tempe pour des douleurs temporales, frontales pour des douleurs frontales, et dans la nuque, pour des douleurs à la nuque, a son importance, et que selon cet emplacement et selon la localisation de la douleur du malade, les effets ne seront pas les mêmes.

  Il est possible que dans le cas de rares patients la tétanisation des muscles est tellement douloureuse, que seule une série d’injections très rapprochées dans les zones douloureuses, à des doses de Botox importantes, en intramusculaire, au lieu d'être en intradermique, peut arriver à bout de cette tétanisation. Conditions qui ne sont pas en général réunie lorsque les points d’injections sont fixes.

  C’est pourquoi nous pensons qu’il faut refaire ces expériences, en validant un nouveau protocole d’essai, sur un an. Le protocole suivant pourrait être proposé (voir ci-après) [10] :

  1. réaliser des injections en utilisant les symptômes des patients pour guider les emplacements d'injection,
  2. faire une injection tous les 90 jours (au maximum), avec des doses de Botox suffisamment fortes (par exemple, 100 U), sur des emplacements tenant (toujours) compte de l’avis des malades, pour ces emplacements, à chaque nouvelle campagne d’injections _ même si à chaque nouvelle campagne d’injections, tous les 90 jours, les patients peuvent indiquer des emplacements d’injections différents, d'une séance à l'autre,
  3. Choisir, si possible, des patients, souffrant de céphalées de tension chroniques sévères depuis longtemps, pour lesquels tous les traitements classiques (antidépresseurs, anxiolytiques, antispasmodiques et bêtabloquants) ont échoué, dont on sait qu’ils ne prennent plus de médicaments classiques anti-douleurs depuis très longtemps (et dont on est sûr qu’ils ne récidiveront pas) [11].
  4. Il faudra vérifier très soigneusement que les patients ne prennent pas un autre traitement (par psychotropes ...) durant le traitement par Botox,
  5. Les injections devront être intramusculaires péri-crâniennes et non intradermique (condition qui n'est pas facile à réaliser dans la pratique),
  6. (Ajoutons encore) il faudrait que le professeur ou l’observateur scientifique, dirigeant cette étude, mette de côté toutes ses certitudes, que cela soit sur l’abus médicamenteux (caché ou non) ou sur la maladie mentale, plus ou moins visible ou cachée (de type névrotique, préoccupations anxieuses …), supposées, du patient souffrant de céphalées de tensions tenaces.

B. L.


[1] Cette toxine, bien que bien tolérée par la plupart des patients, n’est pas sans risque. Si le praticien a une expérience insuffisante des injections, il peut risquer d’injecter le produit dans une veine, au lieu d’un muscle, ce qui peut avoir des conséquences toxiques, la toxine se diffusant alors dans le sang par le vaisseau sanguin.

[2] Botulinum toxin in tension-type headache (Février 2004), Journal of Neurology , Volume 251, Supplement 1 / February, 2004 , Maja Relja & Srdana Telarović, Department of Neurology, Medical School, Zagreb University, http://www.springerlink.com/content/qtpx8qnxl05al9ar/

[3] Botox Proving Successful At Preventing Headaches, Wake Forest University (19 juin 2002), http://www.sciencedaily.com/releases/2002/06/020619074340.htm 

[4] Botox Injections May Cut Headache Frequency in Half , The Inside Guide to Saint Louis University (16 Oct 2001), Source : http://www.slu.edu/readstory/newslink/223 

[5] Botulinum Toxin for Treatment of Primary Chronic Headache Disorders, Assessment Program, Volume 19, No. 10, December 2004, Blue Cross Blue Shield Association, Technology Evaluation Center, http://www.bcbs.com/betterknowledge/tec/vols/19/19_10.html

[6] Using Botox for Migraine and Headache Treatment, Phase II Studies, Allergan Inc (25 Jun 2005), http://www.medicalnewstoday.com/medicalnews.php?newsid=26607 

[7] c.f. Botulinum for Tension Headaches -- Does It Do Any Good ?: A Viewpoint, Charles P. Vega, Assistant Clinical Professor, Department of Family Medicine; University of California – Irvine, MD, FAAFP, 09/12/2006, http://www.medscape.com/viewarticle/544117

[8] Or la localisation des zones douloureuses peut être variée, différente d’un patient à l’autre : certaines placées au-dessus du crâne, d’autres frontales, d’autres occipitales, d’autres temporales, d’autres en anneaux, d’autres en casque, d’autres dans la nuque, certains allant du cou jusqu’aux épaules (voire toucher les muscles oculaires).

[9] L’auteur par exemple, n’a jamais eu de douleur ou barre frontales. Les douleurs ou gênes ne sont localisées qu’au sommet du crâne (céphalées modérées, moins d’une dixième du temps), en même temps temporales et dans la nuque, voire juste temporales (céphalées désagréables et gênantes, 80 % du temps depuis 25 ans), et exceptionnellement très douloureuses en casque avec une prédilection pour la nuque (10 à 20 % du temps). 

[10] D’ailleurs, certains patients, dont les membres de mon association, seraient volontaires pour cette expérience, selon ce protocole, avec des injections réelles de Botox (sans expérience en double aveugle). Quelles que soit les résultats de ce traitement par le Botox, ces personnes en accepteront le verdict et la publication de ces résultats dans les revues scientifiques.

[11] L’idéal sera un centre de santé ou du sommeil loin de tout (comme par ex., l’institut Marcel Rivière de la Verrière dans les Yvelines etc. …) et qu’on réalise régulièrement des prises de sang, afin de détecter que le malade ne prend pas en parallèle un autre traitement (sans le dire). La prise de sang pouvant être un argument dissuasif convainquant alors le malade de ne pas prendre un autre traitement (en cachette).