Introduction à la page sur les abus médicamenteux

Nous nous étonnons vraiment fortement de la très grande facilité avec laquelle sont prescrits les psychotropes _ tranquillisants, hypnotiques, antidépresseurs et autres neuroleptiques _, en France. Par exemple, on prescrits des somnifères, dans le cas d'insomnies, alors qu'ils n'induisent aucun sommeil réparateur (peut-être sont-ils utilisés comme placebo, étant donné qu'ils induisent juste une illusion de sommeil ?). 

Pour les dépressions légères ou graves, on prescrit systématiquement des antidépresseurs. Alors que maintenant, par exemple, on lit dans la littérature, que dans le cas de leur prescription dans les dépressions graves, ils peuvent, au contraire, favoriser le passage à l'acte. Ils peuvent induire somnolence, aplatissement de la concentration intellectuelle (i.e. de l'intelligence). Et ils ont des effets à long terme, non négligeables. 

Sans vouloir à tout prix que les médecins testent eux-même systématique tous les médicaments qu'ils prescrivent (et sans vouloir imiter le chimiste suédois Carl Wilhelm Scheele qui essaya sur lui-même l'acide cyanhydrique), si les médecins essayaient sur eux-même les médicaments psychotropes sur eux-même, ils constateraient que la solution du recours systématique aux psychotropes est nettement insatisfaisante et qu'il y a un réel problème (lire à ce sujet le livre "Le malheur des psy", de Philippe Pignarre, dont les références sont dans la page Bibliographie, Livres de ce site).  

Visiblement, on cache le problème et ses effets, alors qu'on ne le traite pas à la racine, qu'on n'en recherche pas les causes, par exemple par une analyse approfondie des causes du problème et de l'histoire du patient. Car cette histoire est très importante, voire essentielle. Or il n'y a plus écoute du malade. Nous pensons que derrière cette attitude, il y a d'énormes enjeux financiers (voir aussi, le sujet des évaluations médicales, dans la page évaluations médicales et le sujet fraudes médicales ou les études médicales "orientées", de page du même nom, sur ce même site Internet). Ces psychotropes ne coûtent pas chers à produire, ils représentent ~ 160 millions d'euros de bénéfices et 80 millions de boîtes consommées, par an, en France (°) (+). Il est certain que le recours à une telle "solution" coûte bien moins cher que le recours à une thérapie analytique pour trouver les causes du/des problème(s) du patient. 

Selon Edouard Zafirian, « la médecine clinique psychiatrique est totalement inféodée au modèle nord-américain. La psychopathologie a disparu, et nous débouchons sur une sorte de psychiatrie automatique, avec son catalogue de symptômes répertoriés, informatisables, correspondant chacun à une combinaison médicamenteuse ». C’est la « médicalisation systématique du moindre vague à l’âme », "mal rémunérés, les médecins sont bien forcés de multiplier les actes. Or la meilleur façon de mettre fin à une consultation, qui coûte cher au médecin, c’est d’y mettre fin le plus tôt possible en rédigeant une ordonnance [ ... ] …, il est plus rapide de prescrire un tranquillisant que de prendre le temps d’écouter son patient. [ …] Les patients auxquels ces produits sont destinés, et qui ont vraiment un bénéfice à en attendre, sont toujours les plus réticents. Ils ne les demandent pas, et ne se laissent généralement prescrire qu’avec une certaine méfiance" (°)(+).

B.L.