Grille du décodage des manipulations

 

Ce tableau est librement inspiré du livre Le décodeur de manipulation d’Yves-Alexandre Thalmann (Ed. First, 2011), dont je recommande vivement la lecture.

J’ai résumé dans ce tableau, les types de manipulations (c’est l’objet de la première partie de ce livre).

 

Note : La seconde partie de ce livre, que je n’aborde pas ici, traite de la façon de « déminer » les « communications piégées » induites par les manipulateurs.

 

La plupart des manipulations utilisent, comme ressorts, vos besoins psychologiques fondamentaux, pour agir sur vous :

 

Besoins psychologiques

description

De sécurité

Se sentir en sécurité, à l’abri.

D’appartenance

Faire partie d’un groupe, d’une famille, d’une communauté (il y a, en chacun d’entre nous, un ressort social)

De reconnaissance

Gagner de la reconnaissance et de l’estime

De réalisation de soi

D’épanouissement, d’actualisation de soi (pouvoir réaliser ses buts, ambitions, rêves …)

Source : Abraham Maslow (psychologue). Motivation and Personality (1954, réédité 1970). Traduction française : Devenir le meilleur de soi-même : besoins fondamentaux, motivation et personnalité, Eyrolles, coll. "Éditions d'Organisation", 2008, 383 p.

 

Note : à cette liste de besoins psychologiques fondamentaux, des psychologues rajoutent aussi le « besoin de cohérence » [le désir d’être cohérent, dans ses actes, paroles etc.][1].

 

Les manipulateurs établissent une communication malhonnête, irrespectueuse pour leur cible (ou victime), espérant obtenir un avantage d’elle, si possible à son détriment.

 

Types de manipulation

Exemples

Décryptage : But, Mécanisme et défense contre la manipulation

La culpabilisation

C’est de ta faute … [si, car …]

Si j’ai fait des bêtises, c’est à cause de vous.

Je traverse une épreuve terrible, vous n’êtes pas là pour me soutenir.

Tu m’énerves.

Mécanisme : Sentiment de culpabilité = gendarme intérieur, surgissant quand on a commis du tort à quelqu’un.

Culpabiliser est rendre responsable.

La plupart de nos états affectifs (heureux ou malheureux), dépend de notre interprétation de faits.

Défense(s) : Il me semble que tes propres choix jouent un rôle important dans ce que tu vis.

La victimisation

Pauvre de moi. J’ai vraiment tout raté.  Je n’ai pas eu de chance (pour mes études …). Je ne trouverais pas de travail, parce que je suis noir, arabe …

Tu vas me faire mourir de chagrin (dit sur un ton culpabilisant). C’est trop injuste, c’est toujours sur moi que cela tombe. Tu ne peux pas me faire cela, après tout ce que j’ai fait pour toi. On voit bien que ce n’est pas toi qui souffre.

C’est toujours sur moi que cela tombe (effet Calimero). On est dans le déni de sa responsabilité : on la rejette pour la faire assumer par autrui.

Mécanisme : Cette manipulation (recherchant me réconfort, l’aide …) fait appel au côté sauveur de la victime.

Défense(s) : je sais que vous êtes affligé, mais je ne changerais pas ma décision.

La persécution

Tu n’es qu’un idiot. Incapable ! Ce n’est pas possible d’être aussi nul !

Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter de tels enfants.

Tu n’es qu’un égoïste !

Lui faire la morale (une façon de l’infantiliser).

But pour le manipulateur, se sentir supérieur, satisfaire son besoin d’estime et de reconnaissance.

Dans le but d’obtenir une gratification narcissique maximum, la persécution peut aller très loin, jusqu’au sadisme pur, voire au crime.

Mécanisme : prendre le pouvoir sur l’autre par sa culpabilisation.

Juger [les autres] est un acte de pouvoir sur les autres.

Le manipulateur ne cache pas une certaine violence de ton ou d’acte.

Défense(s) : Cette opinion n’implique que vous.

La pression et l’insistance

Allez dites oui ! Vous me remercierez plus tard d’avoir insisté.

Vous ne savez-même pas ce dont je veux vous convaincre.

Alors c’est oui ?!

Exagération, insistance. Avoir la personne à l’usure.

Mécanisme : Le manipulateur, utilisant la mise sous pression, adopte le plus souvent des traits sympathiques et doux. « Une main de fer dans un gant de velours ».

Défense(s) : demander un délai de réflexion. Je ne veux pas agir dans la précipitation et le regretter plus tard.

La colère (feinte)

J’en ai marre ! Assez ! Cela suffit maintenant !

Tu veux que je pète les plombs ?!

Je vais finir par m’énerver.

 

 

Le manipulateur fait régner la terreur (voilée ou ouverte).

Phrases exprimés à l’aide de cris, de hurlements, de vociférations, sur un ton sec (sans appel …).

Mécanisme : La colère permet d’intimider l’adversaire (qui souvent préfère refuser le combat). La colère ou l’émotion est instrumentalisée. Leurs accès de rage leur confèrent une réputation de colérique, de caractériel, qu’il faut « traiter avec des pincettes ».

Défense(s) : La colère est l’argument de ceux qui ont tort.

Arrêtons la conversation pour l’instant.

La sympathie

C’est étonnant, je constate que nous avons les mêmes sujets d’intérêts.

Ce que vous faites est passionnant (c’est super !).

C’est drôle le nombre de fois que nous croisons dans ce bus.

Comme je vous apprécie, je vous fais cette fleur. Et en plus, ce n’est pas tout …

 

Il s’approche de la personne à séduire, jusqu’à presque la toucher.

 

Mécanisme : Deux mécanismes nouent la sympathie de la cible pour la manipulateur :

La familiarité : plus nous apprécions un stimulus qui nous est fréquemment présenté (technique de publicité répétitive).

Les similitudes : nous apprécions d’avantage ceux qui nous ressemblent.  But : Les séducteurs font croire à leur proie qu’ils nourrissent les mêmes aspirations ou passions, qu’elle (effet caméléon ou de mimétisme), pour obtenir nos bonnes grâces.

Défense(s) : Mais des milliers de personnes partagent nos passions. 

Certaines personnes ont du charisme, ayant une sorte de rayonnement, de magnétisme qui les rendent attractifs.

Défense(s) : Face aux personnes charismatiques, il faut analyser le contenu de leur discours et la cohérence leurs arguments et vérifier le bien-fondé de leur discours (en prenant du recul).

La flatterie

Tu es rayonnante.

Tu es tellement douée …

Vous êtes le meilleur sur place.

Tu fais plaisir à voir. Tu sembles rajeunir.

Les compliments sincères (qui n’attendent rien en retour) ne sont pas à confondre avec la flatterie (qui utilise un  avis favorable pour obtenir quelque chose).

But : Le séducteur utilise tous ses charmes _ la beauté, l’élégance, le beau parler, l’érudition … _ pour parvenir à ses fins. Etre flatté par une telle personne est invariablement perçu comme un privilège.

Défense(s) : ce que tu dis est vrai, mais je n’ai aucune disponibilité actuellement pour t’aider.

Je ne pense pas être meilleur que mes collègues.

La flatterie conditionnelle

Allez soyez sympathique ! Cela ne te coûte rien de donner un coup de main.

Vous seriez gentille de m’accomplir cette tâche.

[Au restaurant] « Aller ! on partage la note ? ».

But : On fait miroiter une considération positive, en évoquant le risque qu’elle soit retirée, pour influencer la décision d’autrui. 

Mécanisme : La flatterie conditionnelle se marie à merveille avec la culpabilisation et la persécution.

Défense(s) : il est impossible de plaire à tous.

Au risque de ne pas paraître sympa, je ne peux pas te rendre service aujourd’hui.

Les sentiments et liens familiaux

Je suis ton frère. Je te demande de mentir pour moi.

Tu ne peux me refuser ce service. Les frères s’entraident toujours.

Faire souvent une leçon de morale (en le dénigrant), à son frère ou à son conjoint, pour « son bien ».

Je ne sais pas comment je ferais sans vous. Heureusement que vous êtes là.

Mécanisme : Les relations familiales ou conjugales supposent une entraide réciproque, de même qu’un engagement indéfectible, pour le « meilleur et le pire ». Le manipulateur sait que les risques d’être éconduit ou remis à l’ordre sont minimes.

Défense(s) : nous ne devons pas tout accepter y compris de sa famille. Lorsque des demandes deviennent inacceptables, dépassent les limites, on est en droit de le leur signaler, voire de rompre le lien, si rien ne change.

Je suis ton frère. Mais c’est moi qui décide de la façon de t’aider.

Le chantage affectif

Je ne peux pas vivre sans toi. Si tu me quittes, je ne survivrais pas. Sans toi, je ne suis plus rien.

Terrorisme sentimental : je te pourrie la vie, si tu me quittes.

A mon âge, tu sais que je ne peux me débrouiller tout seul.

Si tu m’aimais vraiment, tu ne sortirais pas si souvent avec tes amis (en me laissant seul).

Si tu m’aimais vraiment, tu saurais ce qui me fait plaisir, sans que j’aie besoin de te le dire.

But : Son but peut être purement affectif : par exemple, pour se rassurer quant à l’amour de l’autre.

Note : En général, ce type de relation va toujours dans le sens inverse du but recherché (elle est contreproductive à la longue pour le manipulateur).

Défense(s) : Personne n’est irremplaçable.

En aucun cas la frustration d’un désir ne devrait se révéler dangereuse ou mortel sur le plan psychologique.

La compagnie, la tendresse, l’intimité sexuelle (comme besoins) peuvent se satisfaire de multiples façons.

Tu es beaucoup plus forte que tu ne le dis. Tu es capable de te débrouiller sans moi.

La meilleure façon de ne pas me garder est de me menacer.

Faut-il avertir la police ?

[concernant le chantage affectif d’une personne âgé [sa mère …] : il existe des organismes d’aides.

Chantage au suicide : On ne peut déduire de ce chantage si cette personne passera à l’acte ou non.

Défense(s) : En cas de doute, mieux vaut avertir les instances adéquates (police, urgences etc.).  Si quelqu’un décide de passer à l’acte, cela relève de sa propre décision (sauf si jugement était aboli au moment de l’acte. Article 64). On n’a pas en assumer la responsabilité (voir rubrique culpabilisation ci-avant).

La menace

Vous savez, j’ai des relations.

Savez-vous qu’il y a 10 candidats prêts à reprendre votre poste (si vous ne faites pas des efforts suffisants).

Vous avez commis une grave erreur.  vous me le payerez tôt ou tard. Je n’oublie jamais.

Cela va vous en coûter.

But : activer une peur pour induire des comportements d’évitement (du conflit ou de la menace).

Mécanisme : La menace implique l’intimidation (pour créer la peur).

Défense(s) : mesurer les risques (parfois bien réels) et selon les cas, a) prendre ses distances, b) porter l’affaire devant les autorités compétentes, c) porter plainte.

Cet entretien sera consigné par écrit et toute suite fâcheuse à mon encontre sera dénoncée à qui de droit.

Je me réserve de donner la suite qu’il faudra à cette affaire.

La réponse à la menace : combat ou fuite.  Il faut si possible refuser l’intimidation.

Le mensonge et la mauvaise foi

Je n’ai jamais dit cela ( !).

Quand je disais cela, il fallait évidemment comprendre que …

Je n’ai jamais fait cela, je n’étais même pas là. Je vous le certifie.

Vous pouvez me croire. Je n’ai aucune raison de mentir.

Pourquoi ne me faites-vous pas confiance ?

Mécanisme : Mentir consiste aussi bien à dire sciemment ce que l’on sait faux, que de taire volontairement (à dessein) certains faits, pour orienter et influencer les agissements des cibles.

But : Les manipulateurs divisent pour régner, en faisant courir plusieurs versions différentes de la même information, selon les interlocuteurs auxquels il a affaire, afin de créer des dissensions et de la méfiance entre les gens.

Défense(s) : ce n’est pas une question de confiance, j’ai comme règle / habitude de tous vérifier par moi-même.

Détecter les mensonges par certains signes : regards fuyants, incohérence, imprécisions et flous dans leurs discours (peu de détails, moins de mots …). La version qu’il donne est toujours strictement identique comme apprise par cœur.

Demander des précisions : qui, quand, quoi, où, combien ?

Je suis obligé de noter tout (à l’avenir)

Les sous-entendus et l’ironie

Votre collègue fait du bon travail, elle !

Si seulement quelqu’un pouvait m’aider ! (phrase d’un chef)

Je disais cela pour plaisanter … Tu n’as aucun sens de l’humour … Il ne faut pas le prendre mal, voyons !

Je comprends vite, quand tu t’exprimes clairement !

Je te félicité de ta ponctualité ! (dit sur un ton fâché)

Mécanisme : La communication humaine emprunte deux canaux : le verbal (explicite) (le langage) et le non-verbal (implicite) (expressions du visage, posture, gestuelles, mimiques, intonations de la voix …).

La différence entre l’humour et l’ironie réside dans le nombre de personnes qui rient ou sourient dans la pièce ou autour de la table.

Avec l’humour, toutes rient. Avec l’ironie, toutes sauf une, qui ne peut pas se défendre et contre laquelle l’ironie est dirigée.

But : Le manipulateur créé une confusion ou opposition entre le sens verbal et non verbal (le non-verbal ne peut constituer qu’un indice).

Défense(s) : précise ta pensée. Que dois-je comprendre exactement ?

As-tu une demande personnelle à me faire ?

Le paradoxe

 

(les communications et injonctions paradoxales)

Assume-ton rôle de chef de famille. Vas-y, affirme-toi !

Soit libre ! Soit spontané !

« J’aimerais tellement que tu m’offres des fleurs ». Deux jours plus tard, alors que le mari lui a offert des fleurs : «  Cela ne vient pas du cœur. Tu me les offre juste parce que je te l’ai demandé ».

« Empêche-moi de boire ». Puis, si vous l’en empêcher : « Mêle-toi de ce qui te regarde, je suis adulte ». Puis « Pourquoi ne m’as-tu pas empêché de boire ? Pourtant, je te l’avais demandé ! »

But : Donner des indications contradictoires à sa victime, pour pouvoir lui reprocher ensuite de ne pas les avoir suivies.

Quelle que soit l’interprétation choisit, la victime aura toujours faux. 

Mécanisme : Les injonctions paradoxales (« fais-le, mais ne le fais-pas ! ») ont pour but de déstabiliser la cible. Elles sont très nocives pour la santé mentale. Ce type d’injonction peut consister aussi, un jour à féliciter, puis le jour suivant, à engueuler.

Défense(s) : signaler le paradoxe à celui qui l’émet.

Comment puis-je m’affirmer et jouer au chef, si tu me donnes des ordres.

C’est à toi de contrôler ta consommation d’alcool.

La communication piégée

J’ai entendu dire que … / M.  m’a dit … [alors qu’il n’en est rien].

« Vos collègues affirment … » [pour obtenir un aveu].

« Allez, tu peux me dire la vérité, je ne t’en voudrais pas » [et appliquer des mesures de rétorsion, une fois la vérité connue].

« Je sais ce que tu penses » (est une forme de communication piégée, qui vous interdit de donner votre avis).

 

C’est à la technique connue de la « provocation », dont Staline aurait été le maître. Il avait le don d’inspirer confiance. Selon, une certaine source, il aurait réussi à faire avouer à sa seconde femme que certains de ses amis contestaient sa politique. Dès qu’il aurait obtenu leurs noms (donnés en toute confiance par son épouse), il les a fait exécuter ou déporter, en Sibérie. Ce qui est certain est que sa seconde épouse s’est suicidée[2].

But : Amener la cible à dire quelque chose qu’elle ne souhaitait pas énoncer et qui va se retourner contre elle.

Mécanisme : On en dit d’avantage à ceux qui en savent déjà (où qui nous le font croire). On baisse la garde car on n’a moins peur de trahir un secret.

But : Les manipulateurs utilisent les pseudo-confidences pour nous amener à nous confier. Prêcher le faux pour obtenir le vrai est une technique utilisée depuis la nuit des temps, par les espions et pour les interrogatoires policiers. Ce sont des techniques de « provocation ».

Défense(s) : se méfier lorsque la phrase « je vais te confier un secret » est prononcée.

Marie t’a dit cela ? Je vais tirer cela au clair avec elle.

Qui a dit quoi exactement ? J’aimerais savoir exactement ce dont il s’agit.

(Plus nous sommes authentique et moins nous avons à cacher, et moins il a de risque de se faire piéger ainsi).

La dette artificielle et le donnant-donnant

Tenez, c’est un cadeau. Tenez, c’est gratuit !

« As-tu besoin d’un coup de main pour … » suivi, quelque temps plus tard, d’une demande d’aide importante.

Lors d’une réception « venez les mains vides ! » (ce qui oblige les invités à rendre la pareille ensuite).

Retrait-rejet ou porte-nez : émettre une demande exorbitante, qui sera refusée, puis la faire suivre par une demande raisonnable (qui aura alors des chances d’être acceptée).

But : Rendre la cible redevable en lui octroyant auparavant une faveur non sollicitée.

Mécanisme : Toutes les sociétés sont basées sur la règle de réciprocité. Un service appelle un autre service. Si l’on vous aide, l’on aide en retour. Le manipulateur s’arrange pour accorder aide, service, objet etc. dans le seul but de recevoir en retour, quelque chose d’une valeur supérieure, de la part de l’autre qui se sent redevable. (Il donne quelque chose qu’on ne saurait refuser).

Défense(s) : Dans le cas du Retrait-rejet, il faut considérer les deux demandes séparément.

Je préfère vous rendre votre cadeau.

Je ne peux pas t’aider. Mais n’hésite pas à faire appel à moi, la prochaine fois.

Le piège de la cohérence

Tu m’avais pourtant promis.

Tu m’avais pourtant dit que … [nous sortirions ce soir …].

Ayant affirmé que vous aimiez la musique classique, vous ne pouvez refuser d’aller à ce concert.

Tu m’as toujours dit qu’il fallait être généreux. Mais quand je veux m’engager pour la bonne cause, tu me l’interdit.

 

Technique de l’appât ou du leurre : Appâter le client avec des offres très avantageuses. Or dans le magasin, les offres, fournies en quantité très limitées, ont déjà disparues. Et donc le client achètera autre chose dans le magasin, afin de ne pas avoir fait le déplacement pour rien (technique de Liedl ou Aldi).

Persévérer dans un choix qui ne nous convient pas (ou dans l’erreur (auto-manipulation) : finir un livre ennuyeux parce que nous l’avons commencé, rester jusqu’au bout d’une séance, parce que nous avons payé le prix de la place, finir ses études dans une discipline, parce que cela donne l’impression de changer en cours de route …

But : amener la cible dans une certaine direction, de telle sorte qu’elle puisse faire marche arrière sans apparaître incohérente.

Mécanisme : Le mécanisme se base sur notre désir de tenir parole. La cohérence de nos choix est ce qui définit notre personnalité [dans la société]. D’où l’importance [pour nous] de paraître cohérent.

Dissonance cognitive : Désigne une contradiction entre un acte et une pensée chez un individu. Cette dissonance crée une tension psychique, qu’il s’empresse de vouloir réduire, quitte à s’auto-persuader que son action est cohérence, ce qui n’est pas le cas (c’est un mécanisme souvent utilisé par les sectes). Ainsi, le fumeur qui sait que fumer nuit à la santé, s’auto- persuadera que « de toute façon, il faut bien mourir de quelque chose ».

La technique d’engagement est aussi appelée « pieds-dans-la-porte ».

Des petits oui, appellent des petits oui suivants et ainsi de suite.

Défense(s) : si la cohérence est une qualité, l’excès de cohérence s’apparente plutôt à la rigidité mentale. Savoir reconnaître que les choses et nos goûts changent (ou fluctuent) au fil du temps permet d’éviter bien des pièges.

Oui je te l’avais dit. Mais je suis épuisé  (par mon travail) et je n’aurais aucun plaisir à sortir ce soir.

Même si j’apprécie la musique, je ne suis pas prêt à débourser 100 euros pour ce concert.

Je recommande la générosité. Mais de projet est dangereux. Même si cela te paraît cohérent.

La restriction de liberté

C’est maintenant ou jamais.

Jusqu’à épuisement des stocks.

Il faut vous décider tout de suite, car l’offre prend fin tout à l’heure.

Il n’y en aura pas pour tout le monde !

 

Ou encore, le manipulateur vous faire croire que vous êtes privilégié, en vous accordant une ristourne ou une faveur supplémentaire « parce que c’est vous », « parce que vous lui êtes sympathique ».

But : Faire miroiter la rareté d’une offre afin de presser la cible à l’accepter.

Mécanisme : La rareté participe à cette impression de restriction de liberté. Souvent aussi, on fait la confusion entre la cherté et la rareté d’un objet (en particulier pour une œuvre).

Défense(s) : La réflexion demande du temps. Agir dans la précipitation risque de nous amener à faire des erreurs. Je n’agis pas sur un coup de tête (ainsi je fais des économies).

Renoncer à une rare bonne affaire pour éviter de multiples mauvaises affaires.

L’autorité

(L’argument d’autorité).

Il a été démontré que …  Des études le prouvent …

Testé cliniquement.

Recommandé par les dentistes.

10% de rides en moins (le rajeunissement de la peau).

 

L’expérience de Milgram : Dans les années 60, Stanley Milgram a démontré que la plupart des individus étaient prêts à se soumettre l’autorité incarnée par des scientifiques, même si ces derniers leur intiment de commettre des actes contraires à leur éthique.

But : Influencer la cible, en s’appuyant sur une prétendue supériorité provenant d’une connaissance, spécialement de connaissances scientifiques.

Mécanisme : Le mécanisme que dans ce monde pointu nous devons nous fier de plus en plus sur les spécialistes.  On a souvent appris à faire confiance à « ceux qui savent », à ceux qui font autorité. Les manipulateurs se font donc passer pour des connaisseurs.

Les signes et symbole de l’autorité suffisent à provoquer un mouvement de soumission (blouse blanche). Il a été démontré que l’on faisait plus confiance en des individus de grande taille. Donc, des manipulateurs utilisent des talonnettes pour agrandir leur taille.

Défense(s) : la vraie connaissance s’appuie toujours sur les preuves (résultats notifiés et consultables pour les expériences scientifiques).

(vérifier les diplômes réels de ces « experts » …).

La preuve sociale

Regardez les autres !

Déjà 10000 ex vendus !

N° 1 du hit-parade !

Plus d’une million de clients satisfaits !

Les files d’attente devant les établissement [gage de qualité dans notre esprit].

But : Influencer une cible incertaine, en évoquant le comportement des autres, surtout s’ils sont nombreux.

Mécanisme : Face à une situation nouvelle et inconnue, nous avons tendance à nous référer au [comportement des] autres et à agir comme eux (instinct grégaire ou de instinct « mouton de Panurge »). Si tout le monde sort d’un immeuble eu courant, nous avons faire de même [à juste titre]. L’imitation des autres a dû être primordiale aux premiers temps de l’humanité « les congénères s’enfuient, fuyons, car il doit y avoir un danger ».

Défense(s) : ce n’est pas parce qu’un objet ou une œuvre se vend à des milliers ou millions d’exemplaires, qu’il est nécessairement de qualité ou qu’il va nous plaire. Dans le doute, essayons de nous forger une idée par nous-même.

Est-ce une raison pour que j’en achète un ?

Qui dit que les clients sont satisfaits ?

 

Source : Le décodeur de manipulation, Yves-Alexandre Thalmann, Ed. First, 2011. Note : décodage librement interprété par Benjamin LISAN.

 


Comment entretenir le jardin de l’amitié :

Une relation d’amitié doit s’entretenir, se soigner, tout comme un beau jardin (n’y laissons pas pousser les mauvaises herbes de l’égoïsme) :

 

Dégâts causés par les manipulations :

 

Source : Le décodeur de manipulation, Yves-Alexandre Thalmann, Ed. First, 2011. Note : décodage librement interprété par Benjamin LISAN.

 

Une autre technique de manipulation connue, consiste à suggérer l’accomplissement d’une action à d’autres personnes, puis la faire faire réaliser par eux.

Son but : éviter d’avoir à jamais se mettre en avant. Afin qu’en cas de problème, le manipulateur puisse ne pas être mis en cause (en cas de litige, c’est la parole du manipulateur contre celui ou  ceux qu’il a manipulé).

 

Je rajouterais que le manipulateur aime le risque, le jeu. Il n’est jamais loyal avec vous, même s’il parvient à vous le faire croire, en permanence.

 

 



[1] Cf. article "Besoin de cohérence ?" de Thierry Janssen, in son livre Confidences d’un homme en quête de cohérence, http://www.communicationbienveillante.eu/besoin-de-coherence

[2] Staline fera déporter au goulag la sœur de sa seconde épouse Nadejda Allilouïeva. Et cette dernière se suicidera, d’un coup de pistolet, le 9 décembre 1932 (Source : Femmes de dictateur, Diane Ducret, Ed. Pocket, 2012). Voir aussi : Staline et son temps, Adam B. Ulam,  Calmann-Lévy / Gallimard, 1977.