« Quand travailler tue »

 

Enquête sur le phénomène du burn out.

 

Documentaire d'Ingolf Gritschneider. (ARTE / NDR).

 

THEMA - Mardi 17 Novembre 2011, 22H35 (°).

 

Retranscription partielle de ce documentaire télévisuel

par Benjamin LISAN, le 26/02/2012

 

Les facteurs survenus durant l’enfance peuvent créer un état de stress post-traumatique [une fragilisation psychologique] et des prédispositions au « burn out ». Une déclaration blessante, un mot qui ronge ensuite l’enfant.

 

Dans le monde du travail, on rencontre des personnes qui disposent de la vie et de la liberté d’autrui (qui ne sont pas « humains »).

Dans l’entreprise, on est souvent confronté au choix entre être puissant ou être serviteur. Si l’on choisit d’être puissant, la question est qu’on est prêt à accepter de sacrifier [valeurs morales etc…] pour devenir puissant.

Dans cette voie, on peut toujours déraper.

 

Chez certaines personnes, il y des prédispositions à la dépression, au « burn out » et aux troubles du sommeil.

Le « burn out » est souvent défini comme « une dépression liée à l’épuisement ».

Cette maladie n’est souvent pas reconnue comme telle [comme une entité autonome].

 

L’état de stress est lié au taux de certaines hormones du stress, dans le sang, dont la plus connue _ des neurohormones[1]  _ est le cortisol. Le neurotransmetteur (qui est en même temps une neurohormone), qui permet cette libération du cortisol, est le CRH (de l'anglais corticotropin-releasing hormone) ou corticolibérine[2].

 

Le cortisol est produit au niveau des glandes surrénales[3].

Il est à l’origine du sentiment d’angoisse, des problèmes de sommeil [et de dépression].

Une production dangereuse du cortisol peut entrainer des maladies graves.

Elle peut entrainer la dépression (la perte d’appétit) etc.

 

Le stress permanent sur le long terme endommage le cerveau. Il provoque la perte de concentration, des pertes de  mémoire.

Ce stress peut se produire quand il n’y a plus de communication [entre les gens] qui permettent des arrangements, des compromis…

 

Marie Pezé[4] _ spécialiste des problèmes de souffrance au travail _ indique que le malade souffrant de burnout est souvent au bord de ce que l’on appelle en psychiatrie « la décompensation », avec sa pensée obsédée et partagée entre deux alternatives, le suicide ou tuer celui qui vous fait souffrir. « le suicide ou je le tue ».

Selon elle [après un « burn out »] il faut des mois ou des années pour se reconstruire.

[Selon Marie Pezé] La peur du chômage est un fort levier de la soumission des employés [les conduisant à accepter l’inacceptable].

Le stress peut être créé par des ordres contradictoires, des humiliations [répété] conduisant à la perte de l’estime de soi, par des réunions destinées à faire mal [qui met l’employé sur la sellette].

Le stress permanent conduit à des problèmes intestinaux, sexuels. On devient amorphe, on a envie de rien.

Ces salariés fragiles qui souffrent au travail, sont des salariés sentinelles qui peuvent alerter des réelles conditions de travail [et sur l’ambiance] d’une entreprise.  Ce sont en général des salariés authentiques et loyaux envers leurs employeurs.

 

Il y a énorme coût économique et social de tout cela pour la société.

Le coût de la dépression est estimé à 100 milliards d’Euros, pour toute l’Europe.

Des chercheurs de l’Université de Göttingen (Allemagne), qui ont mené des études sur des personnes victimes de burn out (avec des électrocardiogrammes (ECG) …) que le « burn out » peut entraîner l’endommagement des muscles du cœur, des problèmes psychologiques peuvent survenir _ avec les perturbations du système neurovégétatif, hormonal, immunitaire, au niveau des vaisseaux sanguins etc. Car soumis en stress permanent, le cœur est tout le temps en alerte et vieilli plus vite. A terme, il y a le risque d’infarctus.

 

Tous ces phénomènes physiologiques sont précédés de symptômes _ vertiges, douleurs à la poitrine, crise d’angoisse … _, que le malade veut ignorer. Ces symptômes accentuent la peur du malade, sa peur accentuant encore plus les symptômes.

Il y a modification des communications nerveuses. Certaines maladies psychiatriques sont liées à la modification des communications nerveuses.

Les hormones du stress perturbent la plasticité cérébrale. La communication neuronale devient défaillante. On a du mal à se concentrer. A cause de trop de travail, trop de stress ininterrompu, trop de soucis personnels …

Cela peut conduire à des étourdissements graves (dans son travail), on oublie des rendez-vous importants, on oublie des choses importantes dans ses mails … On ne récupère pas, durant ses phases de sommeil. On est anormalement fatigué, en permanence, au point qu’on est totalement incapable de faire du sport.

 

Les psychiatres classent leur malade, en fonction de catégories, à partir de discussion avec le malade [processus diagnostic très subjectif].

Et sinon, les causes de dépression sont individuelle, propre à chaque malade.

Lors de la survenue de la dépression, il y a modification des neurotransmetteurs.

La nuit devient plus riche en rêve, souvent signe que la dépression est proche.

 

Le stress précoce [chez les enfants] agît sur les gènes [qui sont modifiés]. Les ARN ( ?) et certaines protéines ( ?) ont alors du mal à les décrypter. Alors il y a plus de risque que cette personne soit plus victime de dépression ou de burn out, à l’âge adulte.

 

Malheureusement, le « burn out » n’est pas une maladie reconnu [médicalement].  D’autant, qu’on a identifié plus de 135 symptômes liés au « burn out ».

 

Les médecins généralistes n’ont souvent que 10 mn pour examiner et écouter un malade.

Quand  il découvre des troubles physiques sans causes claires, il a du mal à les diagnostiquer et les met souvent sur le compte de la dépression. Et il prescrit alors des psychotropes (par exemple, Lexomil pour l’angoisse, Oxetine pour la dépression, …).

 

A l’université de Göttingen, on réalise un E.C.G., avant et après le sommeil. On utilise le Dexamethasone, un corticostéroïdes ( ??).

 

Certains systèmes de management demandent beaucoup mais ne donnent rien. Dans l’entreprise, l’employé à l’habitude d’être constamment jugé.

Face à une pression permanente de sa hiérarchie (surtout si la pression est négative pour lui), l’employé se sent coupable. 

 

Il faut revenir aux fondamentaux : apprendre [à l’employé] à dire stop, basta …

L’employé apprend à savoir résister grâce à son expérience.

Et il y a alors « renaissance » de l’employé  à la vie, au goût des choses].

 

Lors des consultations psychologiques [à l’université de Göttingen], on apprend au malade à faire des choses gratuites pour le plaisir … comme peindre, ce qui lui fait découvrir les couleurs …

 

Dans ce monde, on doit constamment produire du résultat et aller toujours plus vite. Et on a trop de charge. On atteint plus vite ses limites et on va dans le mur.

 

On doit mieux se connaître soi-même et connaître ses besoins réels. Il faut tenter d’être acteur de sa propre vie [et non la subir passivement].

 

On doit « battre avec le burn out » avec un rythme de vie sain.

 

Le « burn out » n’est pas juste un « buzz médiatique », mais une souffrance réelle.

 

Le « burn out » est un signal d’alarme décisif. Il faut donc savoir s’écouter.

 

Fin de la retranscription.

 

 

(°) Présentation du documentaire sur le site d’ARTE :

 

Alors que les suicides liés aux conditions de travail dans les entreprises se multiplient, ARTE va à la rencontre de salariés victimes de pressions de plus en plus fortes. Éléments d’analyse.

 

« Surmenage - Quand rien ne va plus  » - Des victimes et des experts apportent leur témoignage dans le documentaire d'Ingolf Gritschneider. (ARTE / NDR)

 

© Walter / telekult / NDR

 

« Surmenage - Quand rien ne va plus » - Des victimes et des experts apportent leur témoignage dans le documentaire d'Ingolf Gritschneider. (ARTE / NDR)

 

Les cadres ne sont pas les seuls à se plaindre du stress, de la pression, du surmenage. Plus bas dans la hiérarchie, on n’est pas en reste : au cours des dix dernières années, les maladies psychiques ayant pour origine le stress au travail ont progressé de 70 % ! Une expression a fait son apparition dans le vocabulaire, le « burn out », ou « syndrome d’épuisement professionnel ». On pense bien sûr en France aux vagues de suicides chez Peugeot, Renault et France Télécom. Bien souvent, les auteurs de cet acte fatal étaient des cadres actifs placés assez haut dans l’échelle des salaires, mais qui ne supportaient plus la pression croissante au travail. Comment expliquer cette évolution ? 

COURSE À LA PERFORMANCE


Depuis le milieu des années 90, le monde du travail a radicalement changé. Les entreprises périclitent ou fusionnent, les emplois apparaissent et disparaissent, les postes en CDI sont remplacés par des CDD, les entreprises sous-traitent à tour de bras, souvent auprès de petites sociétés qui n’obtiennent que des contrats de courte durée. La peur de perdre son emploi, le risque de déclin social ont pour effet une course à la performance. Selon Michael Schumann, sociologue à Göttingen, le monde du travail se caractérise par une cruauté croissante. Le harcèlement se multiplie dans les entreprises. Pour y résister, mieux vaut avoir le cuir épais. 

LA PEUR DE CRAQUER


Les petits jeux malsains de mise à l’écart et de chouchoutage sont devenus quotidiens. De plus en plus, la peur de craquer au travail s’installe. De surcroît, les rapides mutations des techniques de communication font monter la pression sur les salariés. Pour beaucoup, c’est aujourd’hui tout naturel d’être joignable en soirée et le week-end. On a pris l’habitude de consulter ses courriels à toute heure, en tout lieu, sur le net ou sur le Blackberry, de faire tout en même temps : coordonner des projets, fixer des rendez-vous, répondre à des questions, prendre des décisions. Notre système économique ne peut se maintenir que si nous gagnons du temps. La technologie permet la densification du travail qu’en retour elle accroît.

Et le fait d’être en permanence au four et au moulin rend agressif, nerveux, improductif. Pour tenir la pression et gagner en efficacité, de plus en plus de salariés recourent aux psychotropes. Pour certains, la pression est telle que la seule issue est de se donner la mort. Une évolution périlleuse et choquante. 

Cette soirée thématique s’intéressera aux poids de l’économie sur le travail, aux subterfuges utilisés par les intéressés pour tenir la pression, ainsi qu’aux alternatives et aux évolutions à venir. 

 

Source : http://www.arte.tv/fr/2892482.html

 

 



[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Neurohormone

[2] La corticolibérine est selon son utilisation soit un neurotransmetteur soit une neurohormone produite par l'hypothalamus et agissant au niveau de l'hypophyse sur l'expression du gène codant la pro-opiomélanocortine ou POMC, ainsi que sur sa maturation en hormone corticotrope (ACTH) puis sa sécrétion. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Corticotropin-releasing_hormone

[3] Le cortisol (ou hydro-cortisone) est une hormone stéroïde (corticostéroïde) secrétée par le cortex (la partie externe) de la glande surrénale à partir du cholestérol, sous la dépendance de l'ACTH hypophysaire. […] Source :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Cortisol

[4] Marie Pezé (née en 1951), psychanalyste et docteur en psychologie, est l’initiatrice de la première consultation "Souffrance au travail" en milieu hospitalier (à Nanterre) en 1997. Elle est l’auteur des ouvrages a) Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Person, 2008, b) Travailler à armes égales, Person, 2011. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Pez%C3%A9