Les pervers narcissiques

 

Par Benjamin Lisan, à Paris, le 6 décembre 2006.

 

Sommaire

 

1        Définition. 2

2        Le profil du pervers narcissique. 3

2.1                Intelligence, niveau culturel 3

2.2                Absence de valeurs morales  3

2.3                Egoïsme, défense agressive de leurs intérêts. 4

2.4                Egocentrisme  4

2.5                Absence d’empathie. 5

2.6                Haine et agressivité. 6

2.7                Mensonges, totale absence de sincérité  6

2.8          Un « comédien né »  7

2.9          Une grande assurance. 7

2.10                Intégration sociale et extraversion. 7

2.11                Combativité  8

2.12                Mythomanie  8

2.13                Orgueil, mégalomanie. 8

2.14        Le goût du pouvoir, de la domination. 8

2.15        Des joueurs perpétuels. 9

2.16                Sadisme  9

2.17                Paranoïa  9

2.18                « Esprit mesquin ». 10

2.19                Prêter aux autres ses propres sentiments ou intentions  10

2.20                Narcissisme criminel 10

3           Psychogénèse et enfance. 10

3.1                Influences sociales ?. 12

4        Les pervers narcissiques sont-ils fous ?. 12

5           Responsabilité  12

6        Le pervers narcissique ne se considère pas comme malade. 14

7        Quelle évolution pour le pervers narcissique ?. 14

8        La relation du pervers, bourreau, et de l’autre, sa victime. 15

8.1.1                     Appropriation des qualités et biens de l’autre  15

8.1.2                     Détruire et nier l’autre  16

9        Le profil des victimes. 18

9.1          Profil des conjoints des pervers narcissiques. 19

9.2                Pourquoi acceptent-elles leur sort et ne se défendent pas ?  20

10           Ruses, stratégies et tactiques des pervers narcissiques. 21

10.1                séduction, manipulations, jouer sur les apparences. 21

10.2                Dissimulation (caractère dissimulateur) 22

10.3                Mimétisme  22

10.4                Diviser pour régner 22

10.5                Diviser, cloisonner ses relations. 22

10.6        Vous encenser pour mieux vous couler 23

10.7        Se « valoriser » sans cesse et dévaloriser l’autre  23

10.8        Le principe d’autorité  23

10.9                L’induction (suggérer l’idée à l’autre) 23

10.10                     Contradictions ou contradictions apparentes  24

10.11                     Emploi de messages paradoxaux  24

10.12                     Calomnies voilées et insinuations  24

10.13           Le côté répétitif des attaques. 25

10.14                     Calme et maîtrise de soi apparents. 25

10.15                     Fausse modestie  25

10.16           Se faire passer pour plus bête qu’il n’est 25

10.17                     Confusion des limites entre soi et l'autre  25

10.18                     Utilisation de fausses vérités énormes ou crédibles  26

10.19           Se poser en victime  26

10.20                     Culpabilisation de la victime  27

10.21                     Création d’une relation de dépendance  27

10.22                     Inhiber la pensée critique de la victime  27

10.23                     Tactique du harcèlement moral pervers. 27

10.24                     Tactiques ultimes (sur le point d’être confondu) 28

11           Quelle conduite à tenir face à un pervers ?  28

11.1        La fuite ?  28

11.2        Les combattre ?. 28

11.3        La vigilance de chaque instant 29

11.4                Changement de comportement 29

11.5        Peut-on aider les victimes ?. 30

11.6        Le recours à la loi 30

12                Conclusion  30

13                Bibliographie (Livres …) 31

14           Sites Internet et Articles Internet 31

15                Associations  32

15.1                Associations contre le harcèlement moral 32

15.2                Associations pour les femmes battues  32

15.3                Divers  33

16           Annexe : Articles de loi 33

16.1        De l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse  33

16.2        Loi contre le harcèlement moral sur le lieu de travail 33

16.3        La cruauté mentale et physique  33

16.4                Article 44 du code de déontologie médicale (Sévices à autrui) 34

16.5        Loi visant à renforcer le rôle de l’école dans la prévention des faits de mauvais traitements à enfants  34

 

1         Définition

 

Le terme de « pervers narcissique » a été inventé par la psychiatre et psychologue Marie-France Hirigoyen. Il définit une personne qui est en même temps narcissique et en même temps perverse. Elle est caractérisée par ces deux composantes. Une autre de leurs caractéristiques est leur très forte propension au mensonge.

Ces personnes ont un amour immodéré d’elle-même. Elles ont une composante narcissique le plus souvent « surdimensionnée ». Elles n’aiment le plus souvent qu’elle-même et sont, a contrario, incapable d’aimer autrui. Ce sont des personnalités profondément antisociales.

 

Des personnes peuvent une très haute opinion d’elle même _ comme De Gaulle, Churchill … _ sans pour autant avoir un comportant purement égocentrique, narcissique, amoral et sans scrupule. Ce qui distingue les pervers narcissiques des autres narcissiques, c’est leur absence, à divers stades, de morale ou de scrupules.

Ces personnes aiment, le plus souvent, faire le mal, faire souffrir, jouer sans cesse avec les sentiments de certaines personnes dont elle en font leur victimes et leur souffre-douleur.

Le pervers narcissique recherche, le plus souvent, la destruction de l'intégrité psychique, morale et sentimentale, d’une ou plusieurs personnes, pour son bien être personnel.

 

Le « pervers narcissique » voit et tire toujours des bénéfices sociaux, économiques ou en terme d’image, de leurs comportements pervers ou non.

 

La perversité narcissique n’est pas l’apanage des hommes. Bon nombre de femmes sont des tyrans domestiques. Des femmes peuvent, tout aussi bien, être des perverses narcissiques, que cela soit dans le cadre professionnel ou dans le cadre de la vie privée. Il n'y a pas plus de pervers narcissiques hommes que des pervers narcissiques femmes, et les premiers ne sont pas plus ni moins pervers que les seconds. Simplement, les hommes victimes ont plus de mal à parler de leurs souffrances.

 

Si le narcissisme est reconnu par l’American Psychiatric Association et est inclus dans la nomenclature DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la définition du « trouble pervers narcissique » n’y est pas encore inscrit.

2         Le profil du pervers narcissique

2.1      Intelligence, niveau culturel

 

Certains ont un très bon niveau culturel. Toutes sont des personnes fort intelligentes et particulièrement bons psychologues.

 

2.2      Absence de valeurs morales

 

Ils ne connaissent aucun scrupule d'ordre moral. Ce qui caractérise ces personnes c’est « le total manque de scrupules » de ces personnes. Un absolu manque d’état d’âme, de remord ou problème de conscience. Un manque de scrupule qui peut être extrême, qu’au début de leur relation avec elle, leurs victimes ne peuvent y croire (« c’est tellement incroyable, que je ne peux y croire ! »). Ce manque de scrupule les déroute, les estomaque ou les abasourdit. Cers pervers sont souvent, à certains moments, sans aucune pitié et, a contrario, à d’autres, semblant apparaître comme personnes très attentionnées pour autrui. Elles jouent souvent le jeu du chat et de la souris avec leur victime, alternant relâchement et renforcement de son emprise sur la victime. Un jour, ils seront « gentils » avec elle, le lendemain, ils seront méchant, et ainsi de suite etc.

En fait, elles ont un total mépris pour toutes lois ou contrainte morales. Leur morale est, le plus souvent, celle de la morale ou la loi du plus fort et/ou du plus rusé, du plus retord. Il y a le plus souvent, dans leur comportement, la banalisation du mal, une certaine « relativisation » de la morale, dans le cadre d’un nihilisme opérationnel, qui même être parfois militant. Ils n’ont du respect que pour les gens plus forts que lui, ayant du plus de pouvoir et de richesse que lui ou plus combatifs que lui.

 

Elles ne souffrent d’aucune forme de culpabilisation, concernant leurs agissements.

Elles peuvent mettre en esclavage ou sous pression perpétuelle, rendre malade, un employé, un domestique, sans problème

Le pervers narcissique n'éprouve aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité ou servant ses intérêts. Il a besoin d'écraser pour exister : et la proie rêvée reste l'enfant fragile et malléable, plein de confiance illimitée et de soif d'amour et de reconnaissance.

 

Il fait des promesses qu’il ne tiendra pas, sachant que  « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Il est souvent bon commercial : « le marché est un endroit où les hommes peuvent se berner les uns les autres ».

 

Nullement schizophrènes, il n’hésitera pas à profiter et tirer avantage, de la douleur de parents ayant perdu leur enfant ou d’une quelconque douleur ressentie par autrui. Seuls les résultats comptent : « la fin justifie les moyens ». Faire preuve d’humanité, de sensibilité est souvent vu par eux, comme l’expression d’une forme de naïveté ou de sensiblerie qui n’a pas lieu d’être.

 

2.3      Egoïsme, défense agressive de leurs intérêts

 

Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même.

Elles savent parfaitement et farouchement défendre leurs intérêts et elles ont toujours une vision très claire de leurs intérêts. Leur unique but et objectif est d’obtenir un bénéfice pour leur propre personne.

Elles essayent de profiter à chaque instant de toutes opportunités, de tous les situations, de toutes les personnes rencontrées _ ces personnes étant systématiquement instrumentalisées tant que cela est possible _ pour en tirer, autant que possible, avantage pour elles. Leur philosophie est toujours utilitariste.

Et elles savent ménager ceux dont elle a besoin _ cela peut être son conjoint, une relation de travail … car même l’être le plus asocial a besoin d’affection, de compagnie, de présence (ne serait-ce que pour se faire admirer) et donc par moment, sera gentil avec son partenaire.

 

Ces personnes rechercheront le plus souvent une position sociale privilégiée et enviée (accédant alors à des emplois de direction, d’importants salaire, une richesse personnelle, directeurs de service, directeurs d’entreprise, directeurs financiers  …) ou respectée (animateur d’une église, d’une association humanitaire …). Mais en fait, elles sont toujours très égoïstes. Leur intérêt passe toujours avant toute chose, avant tous les autres, y compris avant ceux de ses proches _ de leur conjoint, de ses enfants, de leurs « amis » …

Elles ignorent et a besoin d'ignorer ce qui peut aller à l'encontre de leur intérêt étroit et narcissique.

 

Elles ne sont « courageuses » que quand elles sont sûres de gagner, à coup sûr, et que cela va dans le sens du renforcement gratifiant de leur image narcissique. Sinon, elles font preuve d’une extrême prudence et s’abstiennent de faire preuve de courage. Lors du naufrage du Titanic, elles seront les premières à passer, selon les prétextes les plus fallacieux, avant les femmes et les enfants, dans les canots de sauvetage. La notion d’honneur ou d’élégance morale leur sont inaccessibles.

 

2.4      Egocentrisme

 

Comme pour tous les narcissiques, tout leur est du. Elles n'admettent aucune mise en cause et aucun reproche Leur loi est celle de leur désir, immédiat, dans l'instant. Tout doit leur céder systématiquement. C’est comme s’ils étaient demeurés, à l’âge adulte, un enfant gâté.

Un petit bobo chez eux prend des graves proportions, comme si c’était une maladie importante, devant alors inspirer alors la compassion de l’entourage.

 

Voici quelques exemples du mode de pensée du pervers narcissique :

 

 

2.5      Absence d’empathie

 

Ces personnes s’aiment tellement, qu’elles sont incapables d’aimer les autres.

Dans leur immense majorité, elles n’ont aucune « humanité », aucun sentiment humain, aucun état d’âme, insensibles, sans affect. Elles sont froides et calculatrices. Tout chez elles n’est que froids mensonges et manipulations permanentes. Elles sont totalement indifférentes à la souffrance d’autrui.

 

Mais tout en étant, le plus souvent, incapables d’avoir des sentiments humains, elles simuleront le fait d’être totalement rempli, en apparence, de bons sentiments humains et d’une sincère empathie pour autrui.

 

La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le principe même du fonctionnement pervers est d'éviter tout affect. Le but est de ne pas avoir de surprise. Les pervers ne s'intéressent pas aux émotions complexes des autres. Ils sont imperméables à l'autre et à sa différence, sauf s'ils ont le sentiment que cette différence peut les déranger. C'est le déni total de l'identité de l'autre, dont l'attitude et les pensées doivent être conformes à l'image qu'ils se font du monde. La force des pervers est leur insensibilité. La plupart du temps, ils ne souffrent pas (surtout s’ils ressentent une grande jouissance à détruire autrui).

 

Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils sont en fait souvent vides d’intérêts, sauf pour leur intérêt immédiat. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil (pour les autres). Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s'empare d'eux lors des séparations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche. Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible, implacable à laquelle le pervers applique toutes ses forces et ses capacités de raisonnement. Et alors, il n’aura que cesse d’assouvir son dessein de vengeance.
Les pervers, tout comme les paranoïaques, maintiennent une distance affective suffisante pour ne jamais s'engager vraiment. L'efficacité de leurs attaques tient au fait que la victime ou l'observateur extérieur n'imaginent pas qu'on puisse être à ce point dépourvu de sollicitude ou de compassion devant la souffrance de l'autre.

 

Les éventuels dérèglements sexuels ou la « méchanceté » foncière pourraient être les conséquences de cette absence de sentiments et d’empathie pour les autres. Il est possible que le manque d’affect empêche de ressentir l’intégralité des limites morales entre ce qui est permis ou interdit dans la société. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

 

2.6      Haine et agressivité

 

Le pervers narcissique a souvent besoin d’haïr pour exister, une des raisons pour lesquelles il n’est jamais satisfait par quoique ce soit (les autres, les objets …). La haine peut être chez lui un moteur très puissant de son action et de son comportement. N’arrivant à obtenir et jalousant la plénitude ou le bonheur qu’il observe chez l’autre, il en vient à haïr et à détruire ce qu'il aime et recherche intensément. Etant incapables d'aimer, ils essaient de détruire par cynisme, la simplicité de toute relation naturelle et saine. A cause de leur histoire personnelle, les pervers n'ont souvent pas pu se réaliser. Ils observent alors avec envie, chez d'autres individus, ce qu'ils ont pour se réaliser. Et ils essaient de détruire le bonheur qu’ils observent auprès d'eux. Prisonniers de leurs personnages et de l’image, le plus souvent, factice qu’ils projettent à la société _ ce qui leur impose de terribles contraintes permanentes _, ils tentent alors de détruire la liberté d’autrui et de leurs imposer, à leur tour, des contraintes. Il y a chez eux, une mentalité agressive d’envie, de convoitise, d'irritation haineuse à la vue du bonheur, des avantages d'autrui.

Pour s'accepter et s’affirmer, les pervers narcissiques doivent triompher et détruire quelqu'un d'autre, jouissant alors de sa souffrance.

Cette perception, de ce qu’il croit ne pas posséder, est subjective, elle peut même être délirante. Celle-ci présuppose un sentiment d'infériorité vis-à-vis de cette personne enviée et haïe, en cherchant  à posséder ce qui est convoité. Pour combler l'écart qui sépare l'envieux de l'objet de sa convoitise, il suffit alors de l'humilier, de l'avilir.
Ils envient la réussite des autres, qui les met face à leur propre sentiment d'échec, sans cesse refoulé, car ils ne sont pas plus contents des autres, qu'ils ne le sont d'eux-mêmes. Pour eux, rien ne va jamais. Ils imposent aux autres leur vision péjorative ou négative du monde et leur insatisfaction chronique concernant la vie. Ils cherchent, souvent, à démontrer que le monde est mauvais, que les autres sont mauvais. Personne n’a vraiment grâce à ses yeux.

Agresser les autres est le moyen d'éviter la douleur, la peine, la dépression.

 

Il a souvent chez lui haine sociale ou/et acharnement systématique et froid, contre toutes ses victimes ou contre la société, parfois dans le cadre d’un éternel désir de revanche.

 

Ils aiment attendre dans l’ombre masqué. Certains calculent leur coups ou leur vengeance très longtemps à l’avance, parfois sur plusieurs années (pour eux la vengeance est un plat qui se mange froid et ils aiment à s’en délecter). C’est la raison pour lesquelles, ils peuvent être redoutables et imprévisibles. Et d’ailleurs, ils sont le plus souvent imprévisibles.

 

2.7      Mensonges, totale absence de sincérité

 

Elles sont toujours dans la peau d’un autre, intérieurement, jamais sincères, toujours menteurs. Elles peuvent par moment dire la vérité, être francs et, à d’autres, mentir avec un aplomb incroyable, avec le plus parfait sérieux et accent de sincérité. Elle peuvent mentir d’une façon jusqu’au-boutiste (comme un « arracheur de dent »).

Le plus souvent, elles effectuent de sensibles falsifications de la vérité, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de mensonges, et encore moins de constructions délirantes.

Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise (qui peuvent déstabiliser) fait parti de leur jeu.

 

Derrière cette attitude de mensonge jusqu’au-boutiste, qui peut sembler suicidaire, se cache, le plus souvent, une attitude de défit, face à la société, face à ses possibles responsabilités pénales (car il se croit Dieu, un dieu au-dessus des loi, hors la loi), face l’ordre social, une façon de montrer qu’elles sont toujours les plus fortes et qu’elles contrôlent toujours la situation..

 

Même quand il le faudrait, elle ne reconnaîtront jamais rien (ni leur mensonges, ni leurs tords …), même dans les moments cruciaux lors d’un interrogatoire policier ou même lors un procès d’assise.

 

Par contre, elles pourront reconnaître éventuellement un mensonge mineur, s’il y a peu à perdre pour elles. Mais même l’aveu d’un petit mensonge sera toujours difficile à obtenir de leur part.

 

2.8      Un « comédien né »

 

Ce sont des « comédiens nés ». Leurs mensonges à force d’entraînement sont devenues chez elle une seconde nature.

 

Sa palette de personnalités, de personnages, d’émotions feintes du pervers est étonnante. L’éventail de son jeu d’acteur est étonnant, infini, sans cesse renouvelé.

Quand il paraît généreux, doux, bon, il ne faut surtout pas le croire. En fait au fond de son cœur, il n’est jamais généreux, il n’est jamais désintéressé, à aucun moment de sa vie, dans aucun de ses actes.

 

2.9      Une grande assurance

 

Elles sont très confiantes en eux-même. Sinon, elles donneront le plus souvent l’image parfaitement des personnes calmes, ne s’énervant jamais, ayant une grande maîtrise d’elle-même.

 

2.10Intégration sociale et extraversion

 

Ils sont en général apprécié au premier abord car ils sont extravertis (ou apparaissent extraverties) et se comportent bien en public. Elles ont souvent une apparence sympathique et séduisante. Ces personnes sont souvent très intelligentes, ont le plus souvent une forte personnalité et ont une forte emprise sur les autres. Assez fins psychologue, elles ont souvent un talent pour retourner l’opinion en leur faveur et emporter l’adhésion à leurs idées, même les plus contestables.

 

2.11Combativité

 

Elles sont le plus souvent douées d’une combativité extrême et d’une constance capacité de rebond remarquable. Leur mégalomanie, leur narcissisme, voire leur paranoïa éventuelle, renforcent cette combativité.

 

2.12Mythomanie

 

Elles ont souvent une composante mythomane. Elle est lié à leur propension aux mensonges _ une composante opérationnelle, consciente, pour parvenir plus facilement à leurs fins _ et à une besoin, comme une maladie, de se voir mieux qu’elles ne sont dans la réalité.

Elles aiment se mentir  à elles-même, sur elles-même. Le déni (de ses défauts, de l'autre) leur permettent de « s'aimer" » (et de s’aimer toujours plus).

Il procède à des altérations mineures et crédibles de la réalité.

 

Comme tout mythomane, il ment souvent parce qu'il craint la réaction (négative de l’entourage, de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité et de son mensonge. Sa mythomanie a tendance alors à s’auto-entretenir, sans fin, voire à se renforcer au cours du temps.

Il se ment à lui-même, sur sa vraie valeur, sur ce qu’il réellement. Il sait partiellement qu’il se ment à lui-même, mais en même temps il minimise son propre mensonge sur lui-même.

Par moment, il finit par croire à son mensonge, à d’autre, il a conscience de son mensonge. C’est toute l’ambivalence de la pathologie mythomane.

 

2.13Orgueil, mégalomanie

 

Elles sont le plus souvent immensément orgueilleuses, voire mégalomanes. Elles aiment gagner, à tout prix, sans fin, et ne peuvent admettre, une seule fois, de perdre. Elles sont prêtes à tout, même aux coups les plus tordus, les plus retords, pour ne jamais perdre.

Ce sont des individus mégalomanes qui se posent souvent comme référents, comme étalon du bien et du mal, de la vérité.

Comme tout narcissique, il aime être admiré, être sous le feu des projecteurs. « Il adore être adoré ».  Il fera tout pour atteindre une position dominante, grâce à ses exploits sportifs, par le récit d’exploits supposés, par l’obtention d’une place enviée, qu’il aura fortement convoitée, voire pendant longtemps.

 

Le pervers narcissique adore se valoriser, paraître plus qu’il n’est réellement. Toute effraction contre sa haute image qu’il a de lui même, contre l’adoration dont il est objet, le rend très méchant, agressif. Tout son travail sera alors de rétablir cette image qu’il a de lui-même, par tous les moyens, y compris par la destruction du perturbateur, celui qui a commis le crime de lèse-majesté.

 

2.14Le goût du pouvoir, de la domination

 

Il a une très haute opinion de lui-même. Les autres sont quantités négligeables pour lui _ ce sont des larbins, des domestiques, des « peanuts » _ des cacahouètes_  pour lui … Il déteste qu’on lui fasse de l’ombre, qu’on se mette en avant, qu’on prenne de l’ascendant sur lui, qu’on lui résiste, qu’on lui dise non. Il a besoin sans cesse de rabaisser autrui, grâce à une petite pique à droite, à gauche, une critique par-ci, par-là _ un tel n’a pas de personnalité, un tel est égoïste, un tel est ingrat, un tel est pingre  ….

 

2.15Des joueurs perpétuels

 

Ce sont souvent des joueurs perpétuels qui essayent de voir jusqu’où ils peuvent aller.

Le pervers est comme un enfant gâté. S’il ne rencontre pas de résistance, il ira toujours plus loin, sans fin. Il sait aussi qu’il ne peut gagner à tous les coups. Mais ils essayent de gagner à tous les coups, il essayera sans fin, changeant chaque fois de tactique jusqu’à ce qu’il gagne, ce qui le renforcera, quand il aura gagné, encore dans son image surévalué de lui-même. Et ce « petit jeu » incessant ne peut n’avoir jamais de fin. Sauf ou même si les mensonges deviennent de plus énormes au risque d’une catastrophe finale, dont il peuvent se relever.

C’est, par exemple, à cause de leur stratégie de victoires sans fin, de leur dynamique de succès, qu’ils peuvent à la longue se convaincre qu’il n’y a pas de valeurs morales positives dans l’univers et qu’ils seront toujours gagnant d’agir ainsi.

A la longue cette tendance, qui peut lui assurer une dynamique du succès pendant un certain temps, devient une addiction. Elle est le signe de sa mégalomanie et elle contribue à la renforcer, comme elle contribue à ce qu’il n’admette plus, qu’il ne tolère plus jamais aucune frustration ou contradiction.

 

2.16Sadisme

 

Un plaisir pervers se joue dans la vision de la souffrance de l’autre. Les pervers ressentent une jouissance extrême, vitale, à la souffrance de l'autre et à ses doutes, comme ils prennent plaisir à asservir l'autre et à l'humilier. Etant incapable de relation véritable, ils ne peuvent le faire que dans un registre pervers, de malignité destructrice. Tout devient jeu à leurs yeux. Ainsi, les êtres humains ne sont que des objets de jeux, ce ne sont plus des êtres humains. Il aime chosifier les être humains, en faire de ses victimes, juste des objets de jeu, de plaisir.

Il y a souvent chez lui un désir de faire en sorte que sa victime ne puisse jamais s’en sortir ….

(ne serait-ce déjà pour qu’elle ne puisse pas témoigner).

Le pervers aime et a besoin aussi d’un bouc émissaire ou d’un souffre-douleur permanent.

 

2.17Paranoïa

 

A leur personnalité perverse et narcissique peut se superposer composante paranoïaque, dans certains cas.  A force de duper les gens, le pervers se doit d’être de plus en plus secret et d’être de plus en plus sur ses gardes. Il se confie de moins en moins. A un moment clé, il peut se révéler d’une hyper-susceptibilité maladive. Il vit dans une suspicion constante et une prudence extrême, qu’il dissimule profondément. Sa paranoïa apparaît alors décupler son intelligence, lui fournissant alors un extraordinaire regain d’énergie combattive.

 

2.18« Esprit mesquin »

 

Parfois, on est surpris de découvrir derrière l’apparence généreuse, brillante, très intelligente, de ces personnes, un esprit mesquin, terriblement jaloux, rancunier, vengeur, une certaine petitesse morale. Leurs buts « nobles » et « généreux » apparaissent alors moins nobles qu’il n’y paraît au premier abord. Ils semblent (et c’est ce qui apparaît à l’analyse) aimer se venger, discrètement, sans témoin, sans que la victime s’en rende compte. Ils savoureront, le plus souvent sa vengeance, en solitaire, riant seul dans leur barbe. Et c’est des unes raisons pour lesquelles leur conduite pourra alors sembler, à un moment donnée, secrète, déroutante, indéchiffrable ou incongrue, pour autrui.

 

Si un restaurant lui refuse, qu’il puisse apporter son pique-nique à l’intérieur, bien qu’il pleuve des trombes d’eaux à l’extérieur, il ira alors déféquer dans les toilettes de cet établissement, juste pour « compenser » et se « soulager », de la frustration ressentie.

Si sa victime lui a résisté et lui a fait un affront, alors il « s’amusera », par exemple, à lui envoyer une lettre d’anniversaire incompréhensible, à une date éloignée de la date d’anniversaire.

 

Cette action bizarre,  incongrue pourra alors être, à ses yeux _ et à ses yeux seulement _ une « bonne plaisanterie », dont il sera d’ailleurs le seul à en rire ou à en jouir.

 

Ce genre de comportement pourrait parfois être l’indicateur d’un début de psychose ou du début d’une démence précoce, en tout cas d’une réelle forme de maladie mentale, mais pas nécessairement.

 

Lorsqu’une buraliste a témoigné qu’il était venu lui acheter 2 journaux _ le Dauphiné et l’Equipe _, le lendemain du meurtre des membres de sa famille, Jean-Claude Roman a ratiociné, d’une façon tatillonne, devant la cours d’assise, sur le fait qu’il n’achetait jamais l’Equipe, oubliant, à l’instant, l’extrême gravité des charges retenues contre lui.

 

2.19Prêter aux autres ses propres sentiments ou intentions

 

Il n’aime pas que les gens puissent penser différemment de lui.

Il passe son temps à projeter sur les autres, ses intentions, ses propres défauts. Avare ou orgueilleux, il accusera l’autre d’être lui-même avare ou orgueilleux

S’il a l’esprit de vengeance ou de querelle mesquine, il verra dans tous les autres ce même esprit. Et ainsi de suite …

 

2.20Narcissisme criminel

 

Terme imaginé par Daniel Settelen, psychiatre, et Denis Toutenu, psychiatre, dans leur livre « L'affaire Romand : le Narcissisme criminel », consacré au cas de Jean-Claude Roman, qui décrit la personnalité du pervers narcissique au moment où il passe à l’acte criminel.

 

3         Psychogénèse et enfance

 

Souvent, le pervers narcissique est quelqu'un qui n'a jamais été reconnu comme dans sa personnalité propre, qui a été victime d’investissement narcissique important de la part de ses parents et qui a été obligé de se construire un jeu de personnalités (factices), pour se donner l'illusion d'exister et être conforme à l’image narcissique voulue par les parents.

Le pathologie de l'enfant s'est trouvée induite par les exigences narcissiques de son entourage familial et scolaire. Et comment, une fois adulte, le narcissique a poursuivi sur sa lancée, instrumentant, tout en en souffrant, l'aveuglement de son entourage.

 

Certaines carences affectives dans l’enfance peuvent aussi l’empêcher, à l’âge adulte, d’aimer autrui.

Il a pu subir aussi des blessures narcissiques, plus ou moins importantes durant son enfance.  Cette blessure le poussera alors à satisfaire, sans cesse, un énorme désir de reconnaissance ou de revanche. Il a alors un besoin énorme d'être aimé, reconnu, surévalué, surestimé par rapport à ce qu'il est réellement.

 

Il peut être l’enfant surprotégé, chouchouté, le petit dernier (voir le cas du jeune Abdalah, dans les albums de Tintin), statut dont il profite à fond. Il peut être le cas de ces enfants qui profitent sans cesse de la naïveté de ses parents, sur sa véritable nature (en se faisant passer pour le petit malade souffreteux, pour la victime imaginaire des professeurs, du frère ou de la sœur).

Il peut être l’enfant unique, tant attendu, conçu tardivement …. qu’on chouchoute alors. Les parents nourrissent, peut-être, une couleuvre, un serpent, en son sein, sans s’en rendre compte. Il existe d’ailleurs des parents faibles ou naïfs ne se rendant pas compte à quel point il peut être dangereux de trop gâter, couvrir, hyper-protéger un enfant, même si c’est par amour.

Ce sont aussi souvent des enfants gâtés, à qui ont n’a pas appris à résister à ses désirs et à résister aux frustrations.

A la moindre frustration, il bascule, passe à l’acte, il est sans cesse amer, frustré et accuse systématiquement les autres. La moindre blessure narcissique peut déclencher sa haine.

 

Durant leur adolescence, s’élabore leur personnalité. Dès leur enfance, ces pervers sont souvent douée d'une intelligence supérieure à la moyenne, voire redoutable, machiavélique, leur permettant déjà d'élaborer des pièges ou stratégies très subtils. Tôt, ils peuvent déjà abuser leurs parents et les amis.

 

De plus l’enfant, plus intelligent, plus psychologue, que les parents l’imagine, phagocyte littéralement la mère ou le père (une mère ou un père complice ou bien qui ne se doute de rien), dans une relation littéralement fusionnelle (ce qui empêche alors ses parents d’avoir un recul suffisant).

 

On constate aussi, dans le monde, combien de parents, au mépris de la vérité, de toute idée de morale et justice, préfère défendre envers et contre tout, leur enfant, contre toute sanction scolaire et disciplinaire ou contre l’avis pourtant justifié, d’un professeur ou du proviseur. Ce genre de mauvais exemple ne contribue justement à lui enseigner les valeurs morales. Et au contraire cela ne le fera que de le renforcer dans ses comportements capricieux.

L’absence de base morale (une mauvaise éducation) peut le renforcer et le conforter dans ses comportement pervers.

 

Sa biographie personnelle (son histoire) est importante. Pour lui, elle justifie le plus sa philosophie de vie et son comportement actuel.

 

3.1      Influences sociales ?

 

Le relativisme moral, le nihilisme philosophique (les concepts nietzschéens, s’affirmant au-delà de toute morale …), le refus d’émettre un jugement à la lecture du contenu de certains discours (négationnistes …), au nom du respect de la liberté d’opinion ou du respect de la vérité histoire (en histoire, ou en archéologie …) peut conforter les pervers (comme dans le cas de certains directeurs universitaires)  dans leurs opinions ou dans leurs discours « relativistes ».

La puissance, « l’ensorcellement » du mot ou du verbe peut cacher la réalité (violente, perverses …) du contenu d’un message, d’un texte. Certaines métaphores ou le refus, a priori, de tout jugement permettent tous les dénis, les refus de voir les victimes, les massacres, les génocides et les boucs émissaires (par exemple dans les textes historiques ou mythiques).

La société individualiste, une certaine propagande pour une absence de règles en particulier économiques (comme faire du profit en licenciant), véhiculée par l’idéologie libérale, peut favoriser la propagation de certaines valeurs amorales, et la multiplication des pervers, le renforcement de leur « prospérité » économique ou sociale, et/ou leur dissimulation sociale.

 

Au niveau la société, l’absence de justice, de protection sociale, de préventions des comportements déviants (à l’école) peut favoriser l’émergence de personnalités perverses.

 

4         Les pervers narcissiques sont-ils fous ?

 

En général, on ne les considérèrent pas comme complètement fou, car étant capable de maîtriser et de calculer leurs actes. Ils ne sont pas irresponsables en particulier au plan pénal (voir plus bas). Toutefois la question n’est pas tranchée.

 

Selon Marie-France Hirogoyen, « Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu'ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu'ils refusent de percevoir. Ils «ne font pas exprès» de faire mal, ils font mal parce qu'ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir ainsi en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d'autrui. » ("Le Harcèlement Moral", page 126).

 

5         Responsabilité

 

Tout en semblant mentir avec le plus parfait accent de sincérité, tout comme les mythomanes, les pervers ne sont pas fous, au sens classique du terme.

Ces personnes sont parfaitement conscientes de ce qu’elles font, même si elles minimisent toujours la gravité de leurs agissements. Elles sont parfaitement responsables de leurs propre comportements et actions, selon les psychologues ou psychiatres qui les ont étudiés, en particuliers dans les affaires criminelles.  Pour atteindre leurs fins, elles raisonnent fort bien. La plupart d’entre elles, connaissent parfaitement les lois de notre société et savent, le plus souvent, les utiliser à leur avantage.

 

Les psychologues voient éventuellement le narcissisme, quand il est excessif, comme une « maladie », une addition _ le « malade » est parfaitement conscient de sa maladie, mais la minimise. Il ne peut pas changer ou ne cherche pas à changer _, et non comme une folie.

 

En général, au niveau pénal, il est en général, admis, pour le cas des « pervers narcissiques », qu’ils ne bénéficient pas le plus souvent d’une responsabilité altérée ou atténuée, comme d’ailleurs on l’a vu dans le procès de Jean-Claude Roman.

 

En général, sauf ce cas très rares d’irresponsabilité pénale (c’est-à-dire une force immense se substituant à sa volonté, pouvant pousser quelqu’un à accomplir un acte déraisonnable), toute personne a en général le choix entre le « bien » ou le « mal ».

Même quelqu’un qui est sous l’emprise d’une terrible addiction (la boisson, la drogue, la passion du jeu, le désir d’escroquer les autres), peut très bien y résister ou se faire aider pour cela.

 

Or le pervers connaît en général la loi des hommes et il est conscient de ce qu’il fait (simplement, il le fait quand même par défit, par jeu, pour le frisson). Donc il est et reste responsable pénalement de son choix (en tout cas, il semble être responsable pénalement).

 

Quoiqu'il en soit, même si le pervers narcissique était, quelque part, en souffrance (il peut être aussi une victime de lui-même, de son éducation et de son enfance), de toute façon, ce qu'il inflige aux autres est et reste intolérable.

 

Mais le pervers narcissique se considère souvent « irresponsable » face à ses actes.

 

Ces personnes se considèrent souvent comme irresponsables (au sens de ne jamais se sentir responsables d’une faute). Quand ils accusent les autres d'être responsables de ce qui leur arrive, ils n'accusent pas, ils ne font qu’à leurs yeux, que « constater » (par rapport à leur façon de voir le monde) : puisque eux-mêmes ne peuvent être responsables, il faut bien que ce soit l'autre. Rejeter la faute sur l'autre, médire de lui en le faisant passer pour mauvais permet non seulement de se défouler, mais aussi de se blanchir.  Tout ce qui va mal est toujours de la faute des autres. Ils ne sont jamais coupables, c’est la faute à leur enfance, à ce qu’à dit l’autre. Il vit toujours dans un système d’auto-justification.

Ce qui lui permet de justifier sans cesse, son comportement, ses valeurs morales actuelles (ou leur absence). Il légitime ses agissements en fonction de ce qu’il a subi dans le passé. Si je fais du mal, c’est parce qu’on m’a fait du mal.

 

Cette façon de se considérer comme « irresponsable » rappelle, par là, la litanie des « ce n'est pas ma faute, et ce n'est pas ma faute … »  du Vicomte de Valmont, annonçant à Madame de Tourvel qu’il va rompre d’elle, dans le roman Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos De Laclos. (lettre CXLI)

 

Les pervers narcissiques aiment faire prendre leurs décisions à leur place par les autres, afin que d'autres assument les responsabilités à leur place, en cas de problème. La faute, si la décision était mauvaise sera alors rejetée sur l’autre.

 

6         Le pervers narcissique ne se considère pas comme malade

 

Le problème, c'est que le pervers narcissique refuse absolument de considérer qu'il a un problème, les thérapies n'ont pas de prise sur lui. 

 

S'il accepte de s'y soumettre (pour pouvoir dire qu'il a fait "tous les efforts possibles"), il va vite considérer le thérapeute comme nul et incompétent et la thérapie comme totalement inutile. Peut-être aussi d’ailleurs a-t-il très peur de découvrir certaines vérités désagréables, sur lui-même (le fait qu’il ne soit pas si magnifique que ce qu’il imagine). 

 

Pour la plupart des témoins de leur comportement étrange, il est très difficile de comprendre les pervers narcissiques car la littérature psychiatrique ne décrit, le plus souvent, que le mécanisme mais pas leurs motivations profondes (comme celle se s’enfermer systématiquement dans un mensonge, ou le fait de sans cesse rebondir d’un mensonge à l’autre …). On ne fait que des supputations ...

 

7         Quelle évolution pour le pervers narcissique ?

 

Le problème du pervers narcissique est de remédier à son « vide », à son absence d’intérêt pour les autres et au fait qu’il projette, vers les autres, une personnalité qui n’est pas la sienne. Pour ne pas avoir à affronter ce « vide » (ce qui serait le premier pas, la première démarche vers sa guérison), il se détourne de son « vide », de sa problématique, il l’ignore, la rejette (alors que le non-pervers affronterait peut-être ce « vide », l’absence pour lui d’une « vraie existence » ou sa problématique).

 

Montrer les failles des autres est une façon de ne pas voir ses propres failles, de se défendre contre toute angoisse d'ordre psychotique.

 

En général, il extrêmement rares qu’elles changent ou veuillent changer d’attitudes ou de valeurs morales. Car les gains obtenus, grâce à leur attitude, sont souvent très appréciables ou très importants et le plus souvent très gratifiants pour elles (obtention de l’admiration des autres, de la gloire …). C’est la raison pour laquelle on ne peut guère changer un pervers narcissique, par un « discours rationnel ». Car la quête perpétuelle de pouvoir est un moteur et un plaisir puissants, une drogue dure.

 

Comme beaucoup de pervers et paranoïaques, elles sont incapables de se remettre en cause.

Car comme elles ont une très haute opinion d’elle-même_ celle-ci étant très gratifiante au plan narcissique _, elles n’ont pas envie de descendre (ou chuter) de leur piédestal et se voir enfin telle qu’elles sont réellement (c’est à dire éventuellement mesquines, mégalomanes, mythomanes, jalouses, pleines de « petitesses », de vanité …).

 

En général, aucune thérapie ne peut faire changer un pervers narcissique car celui-ci ne se remet jamais en question (chose dont il est incapable), son mode de fonctionnement ne lui pose pas de problème : il ne souffre pas, est indifférent aux malheurs d'autrui, ne possède pas d'empathie, reporte ses défauts sur les autres, ne supporte pas la critique et nie les évidences.

 

Pour qu’il puisse changer, il faudrait qu’il subissent des chocs énormes et des épreuves très importantes, pouvant, par exemple, déstabiliser sa très haute conception et opinion de lui même _ car cette dernière agit un peu comme une drogue ou une addiction _, et surtout qui puissent les convaincre, qu’à force, leurs mensonges, leurs tactiques ne sont plus aussi profitable, bénéfiques ou gratifiantes, que par le passé. C’est seulement ainsi qu’on pourrait espérer, peut-être un jour ( ?), les voir évoluer favorablement. Mais ce qui n’arrive le plus souvent jamais. 

 

C’est justement sur cet espoir angélique, que repose en partie la duperie _ accomplie par le pervers narcissique _ à l’encontre de ceux _ c’est à dire son entourage ou de sa victime, souvent frappés d’aveuglement _  qui espèrent sans cesse justement ce changement. Combien de fois, le pervers narcissique donnera l’impression, à son entourage, de s’amender et de s’améliorer, pour les tromper.

 

Les pervers sont incapables d’aider sincèrement autrui (même s’ils le voulaient ou le voudrait) et donc incapable de sortir de leur cercle vicieux narcissique et égocentique (mais s’ils pouvaient alors aller sincèrement vers les autres, alors ils se sortiraient d’eux-même et du cercle vicieux dans lequel ils sont enfermés).

 

En général, ils ne voient que le côté ridicule d’une démarche d’amélioration personnelle au cours de laquelle ils pensent qu’ils auraient tout à perdre _ leur force, leur pouvoir, le respect qu’on leur porte _ avec le risque réel de se faire duper à leur tour.

 

8         La relation du pervers, bourreau, et de l’autre, sa victime

 

Dans la logique perverse, il n'existe pas de notion de respect de l'autre. Autrui n'existe pas, il n'est pas entendu, il est seulement utile.

Le pervers a besoin de l'énergie de certaines personnes pour combler sa propre existence qui est vide. Donc, le pervers ne s'attaque qu'aux personnalités qu’il peut soumettre.

 « Un pervers narcissique ne se construit qu'en assouvissant ses pulsions destructrices. » (Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 125).

 

Le pervers narcissique craint la solitude et les personnes qu'il ne peut pas soumettre. Il a besoin d'avoir toujours auprès de lui quelqu'un, une victime, qu'il va utiliser pour se mettre en valeur, pour se détourner de son propre vide ou néant, de sa propre réalité (peu glorieuse, peu honorable) : en essayant de s'approprier des qualités de la victime, la détruisant (avec toutes ses qualités) et reportant ses propres défauts sur elle (égoïsme, avarice, mensonge …). L’autre n'existe pas en tant que personne mais en tant que support d'une qualité que les pervers essaient de s'approprier. Le pervers est un prédateur

 

8.1.1      Appropriation des qualités et biens de l’autre

 

Plus que les biens matériels, ce sont des qualités morales, difficiles à voler, que cherche à s’approprier le pervers : joie de vivre, sensibilité, qualités de communication, créativité, dons musicaux ou littéraires... Lorsque le partenaire émet une idée, l'idée émise ne reste plus la sienne mais devient celle du pervers. Si l'envieux n'était pas aveuglé par la haine, il pourrait, dans une relation d'échange, apprendre comment acquérir un peu de ces dons. Mais cela suppose une modestie que les pervers n'ont pas. Les pervers narcissiques s'approprient les passions de l'autre dans la mesure où ils se passionnent pour cet autre ou, plus exactement, ils s'intéressent à cet autre dans la mesure où il est détenteur de quelque chose qui pourrait les passionner. On les voit ainsi avoir des coups de cœur, puis des rejets brutaux et irrémédiables. L'entourage comprend alors mal comment une personne peut être portée aux nues un jour puis démolie le lendemain.

 

Les pervers narcissiques ressentent une envie très intense à l'égard de ceux qui semblent posséder les choses qu'ils n'ont pas ou qui simplement tirent plaisir de leur vie. L'appropriation peut être sociale, par exemple séduire un partenaire qui vous introduit dans un milieu social que l'on envie: haute bourgeoisie, milieu intellectuel ou artistique... Le bénéfice de cette opération est de posséder un faire-valoir qui permet d'accéder au pouvoir. Ils s'attaquent ensuite à l'estime de soi, à la confiance en soi chez ce faire-valoir, pour augmenter leur propre valeur.

8.1.2      Détruire et nier l’autre

 

Cet autre, dont ils ne peuvent se passer, n'est même pas un alter ego respecté, qui aurait une existence, seulement un reflet d'eux-mêmes. D'où la sensation qu'ont les victimes d'être niées dans leur individualité et leurs qualités.

 

Lui seul est parfait sans faille, la victime, elle, est forcément, nécessairement faillible, détestable.

 

Le pervers narcissique cherche constamment à rehausser l’image qu’il a de lui-même. Il lui est pour cela nécessaire de trouver un être qui l'admire et lui renvoie une image extraordinaire ou prestigieuse de lui. Afin de se rassurer sur sa puissance, son « immensité » ou la « grandiosité » de son moi, il entretient ce jeu avec l'autre. Dans le perpétuel bien qu'illusoire déni de son attachement à son faire-valoir, il n'est jamais soulagé et est souvent plus dépendant de ce dernier, ainsi qu’à son besoin de se sentir valorisé, qu’il ne veut l’admettre.

 

Dans la relation avec les pervers il n'y a pas de symétrie, mais la domination de l'un sur l'autre et l'impossibilité pour la personne soumise, de réagir et d'arrêter ce combat. C'est en cela qu'il s'agit réellement d'une agression (et non d'un jeu pervers-complice). Il n'y a pas de négociation possible, tout est imposé à la victime, par le pervers. La mise en place préalable de l'emprise, du pervers sur sa victime, a retiré à la victime le pouvoir de dire non.

Ils attaquent en toute impunité car même si, en retour, les victimes utilisent des défenses perverses, celles-ci ont été choisies pour n'atteindre jamais à la virtuosité « dans le mal » de leur bourreau.

Pour parvenir à la destruction de sa victime, le pervers procède souvent ainsi :

 

 

Les pervers entrent en relation avec les autres pour les séduire. Dès que le poisson est « ferré », ils le maintiennent tout simplement « accroché », tant qu'ils en ont besoin. Ils peuvent jouer avec elle au chat et à la souris, faisant patte de velours pour mieux la tenir, puis sortant ses griffes lorsqu'elle cherche à s'évader.

 

On peut mettre des années avant de se rendre compte du processus de destruction mis en place. Au commencement il peut n'y avoir que des petites brimades, des phrases anodines mais méprisantes, pleines de sous entendus blessants, avilissants, voir violents, c'est la répétition constante de ces actes qui rend l'agression évidente. Souvent un incident vient déclencher la crise qui amène l'agresseur à dévoiler son piège ou sa tactique.

 

En règle générale, c'est la prise de conscience de la victime, et ses sursauts de révolte, qui vont déclencher le processus de mise à mort : car il peut y avoir véritable mise à mort psychique, où l'agresseur n'hésitera pas à employer tous les moyens pour parvenir à ces fins: anéantir sa proie. Toute situation qui remettrait en question ce système de domination sur sa victime, ne peut qu'entraîner une réaction en chaîne de fureur destructrice de la part du pervers sur sa victime.

Le fonctionnement pervers peut consister à éteindre toute trace de libido (par exemple, quand le pervers refuse soudainement une relaxation sexuelle avec son partenaire, tout en la culpabilisant pour cela). Le pervers cherche alors à éteindre toute trace de vie et de plénitude (exprimée par la libido), tout désir, même celui de réagir, chez sa victime.

 

Ils culpabilisent à l’excès leur proie. Ils ne supportent pas, un seul instant, d'avoir tort. Ils refusent toute critiques, toute discussion ouverte et constructive, avec leur victime. Ils la bafouent ouvertement, n'hésitant pas à la dénigrer, à l'insulter autant que possible sans témoins, sinon ils s'y prennent avec subtilité, par allusions, tout aussi destructrices, mais invisibles aux yeux non avertis.

La victime apporte énormément, mais ce n'est jamais assez. N'étant jamais contents, les pervers narcissiques sont toujours en position de victime, la vraie victime étant elle-même toujours tenue pour responsable par le pervers.

S’ils dévorent autrui, ils pensent que c'est l'autre qui sollicite la sujétion. Ils refusent de voir ou reconnaître les difficultés qu’ils créé dans sa relation avec son partenaire, pouvant entraîner une perception négative de sa propre image, et les rejettera alors sur un partenaire trop bienveillant ou réparateur. Si au contraire celui-ci est indépendant, il sera alors perçu comme hostile et rejetant.

 

Tout ce qu’il commet, est justifié à ses yeux. Pas par contre, ce que commet les autres contre lui est scandaleux, inqualifiables. Il ne voient jamais le rapport de cause à effet entre ce qu’il « donne » et ce qu’il reçoit. Les autres sont toujours, eux, les ingrats (pas lui).

 

Il se joue des valeurs morales, de la droiture morale, du respect de l’autorité ou du principe d’autorité (de l’homme fort, du père), de la victime. Son jeu sera de faire abandonner progressivement à sa victime, ses ancienne valeurs morales.

 

L’existence de la victime peut constituer éventuellement pour le pervers, l’image d’un reproche permanent pour sa perversité, la victime devenant alors sans qu’elle le comprenne, le point focal de la haine du pervers. Les pervers s’en prendront aussi aux « redresseurs de tords » ou moralisateurs, ceux qui ont cherché à les faire changer, et qu’ils n’auront alors de cesse de tenter de les faire chuter (moralement, socialement …). Ils ont commis le crime de faire intrusion dans leur système de « confortement narcissique permanent ».

 

9         Le profil des victimes

 

Le pervers recherche souvent une personnalité maternelle, aimante, dévouée, parce que le pervers a besoin d’être aimé, admiré (même si a contrario, il est incapable d’aimer) et d’une personne qui soit à son service. Il arrive qu’il peut ressentir, en même temps, attirance, attraction et haine, pour cette personne.

 

Ils choisissent le plus souvent leurs victimes parmi des personnes pleines d'énergie et ayant goût à la vie, qu’ils vampirisent et dévitalisent ensuite. Ils aiment les partenaire qui veulent vraiment, sincèrement consoler, réparer. Il choisira, en général, des personnes plutôt honnêtes et sincères. Ils choisiront aussi des personnes fragiles, trop gentilles, trop naïves, soumises ou border line, avec lesquelles la relation de dépendant s’établit plus rapidement.

 

Il recherchera aussi une personne sans trop d’esprit critique, faisant en sorte alors d’annihiler, en elle, tout esprit critique.

 

La victime, en choisissant le pervers, elle, recherche souvent une personne très forte, très charismatique, qui les rassure et c’est l’image que justement le pervers donne de lui.

 

Certaines de ces victimes, sont celles qui ont une vocation de dame patronnesse  _ visiteuse de  prison, bénévoles d’ONG … _, persuadées d’agir pour le bien, aimant et voulant s’occuper des « chiens perdus sans collier », ayant besoin d’un but valorisant pour exister … Celles-ci seront, tout particulièrement, les futures victimes désignée, des pervers, dans lesquelles elles verront, souvent à tord, une personne victime, fragile, enfant à protéger.

Les pervers vivent et se nourrissent de l’espoir que la victime place, naïvement ou désespérément, dans le pervers aimé ou en quelque chose (dans une promesse fallacieuse …) que le pervers fait « miroiter » en permanence devant leur victime (et dont il vont se faire le représentant).

Le harcelé a souvent choisi le harceleur. L'espoir du harcelé est souvent de guérir le harceleur. Cet espoir vain est souvent l'illusion qui lui fait rester dans la relation. C'est ainsi que le harcelé continue à subir les attaques qui le détruisent et pourtant s’accroche et ne décroche pas.

 

Parfois, on est étonné que, malgré toutes les preuves, malgré l’évidence des faits, les victimes, pourtant malheureuses, ne quittent pas leur bourreau. Mais chez la victime se mêlent aussi orgueil, fierté, aveuglement, entêtement, dissonance cognitive, refus de la réalité. Admettre la réalité serait trop douloureuse, trop insoutenable, trop insupportable, alors que l’investissement affectif, dans le conjoint ou le partenaire, a été si important et qu’il a tant à perdre (en particulier ses illusions). Et il est très difficile d’admettre qu’on est trompé à ce point. De plus, on est inconsciemment effrayé par l’inconnu et le risque de la perte immense que constituerait une totale remise en cause de ses certitudes. Elles préfèreront  alors croire en leur compagnon pervers, ne pas écouter et rejeter toutes mouches du coches, tous cassandres dérangeants, tous bons samaritains, qui chercheraient à l’aider et à leur ouvrir les yeux. Il y a souvent chez elle, un amour fier, fanatique et aveugle (voire délirant), pour leur compagnon ou leur enfant pervers.  Le plus souvent aussi, par orgueil, elles ne veulent pas se reconnaître comme victime, car elles pensent ou espèrent toujours contrôler la situation (du moins c’est que le pervers lui laisse croire, alors que c’est toujours lui qui est le vrai marionnettiste, tirant les bonnes ficelles).

 

Sinon, sans toujours le savoir (ou ne voulant pas le savoir), elles élèvent, protègent, en leur sein un « serpent venimeux », éventuelle objet de toutes les projections narcissiques et de tous leurs rêves.

 

Certaines victimes, vivant pourtant une réelle souffrance (et semblant s’habituer ou ne pas voir cette souffrance), restent aveugles pendant longtemps.

 

Certaines semblent se raccrocher à leur partenaire pervers, comme un noyé se raccrochant à une lame de rasoir aiguisée, en plein milieu d’une mer déchaînée, pour tenter de se sauver.

 

Certains psychanalystes considèrent souvent les victimes d'une agression perverse comme secrètement complice de leur bourreau en instaurant ou favorisant une relation sadomasochiste, source de jouissance pour le pervers (la victime espère ainsi le contenter, pour mieux se faire accepter par lui !). Et là, nous sommes dans la relation psychopathologique.

 

Et il peut perdurer des relations complexes entre le pervers et sa victime. Certaines victimes semblent souffrir d’un manque de confiance en soi pathologique, acceptant alors souvent facilement dès le départ leur soumission, et de ce fait, se transformant (et acceptant de se transformer) très rapidement en victimes potentielles, plus ou moins consentantes.

 

Dans les relations sadomasochistes il existe une symétrie cachée, chacun y trouvant ou croyant trouvant son compte et ayant ou croyant avoir la possibilité de sortir du jeu s'il le désire.

 

Mais la plupart des victimes ne sont pas nécessairement masochistes.

Ce qui différencie les victimes de pervers, des masochistes, c'est que lorsque, au prix d'un immense effort, elles parviennent à se séparer, elles ressentent une immense libération, parce que la souffrance en tant que telle ne les intéresse pas.

 

9.1      Profil des conjoints des pervers  narcissiques

 

Souvent, elles ont été maltraitées - physiquement ou sexuellement - durant leur enfance par des partenaires préalables. Elles sont par conséquent beaucoup plus vulnérables.

On remarque que ces épouses se retrouvent un peu dans la même situation que celles des femmes battues. Elles subissent graduellement un lavage de cerveau, d’autant plus facilement qu’elles-mêmes sont souvent à la recherche d’un compagnon qui puisse les structurer. Elles peuvent même trouver excitant le côté sombre de leur partenaire. Elles peuvent être au courant de ses antécédents (problèmes de mœurs, prison, mauvaises actions racontées à l’envie par le pervers à son partenaire etc.) et pourtant tout lui pardonner.

 

Certaines restent avec leur mari, bien qu’elles souffrent, pour les enfants. Beaucoup d’entre elles, ont peur pour leur avenir, pour celui de leurs enfants, et pour leur sécurité matérielle. Beaucoup sont dépendantes de leur mari. Ce sont raisons pour lesquelles, elles préfèrent et se contentent du statut quo ou d’un « bonheur au rabais ».

Les pervers narcissiques mariés ont tendance à avoir des épouses soumises, qui ne s'affirment pas, ne posent pas de questions et qui ont sans doute peur de perdre leur "homme". Devant des événements pourtant troublants, elles ne se posent aucune question. Leur relation avec leur mari est loin d'être parfaite, mais elles s'en contentent. Elles espèrent toujours se tromper sur son compte.

 

Elles ne reviennent à la réalité que lorsqu’elles quittent le giron machiavélique dans lequel elles se trouvaient avec leur compagnon. Lorsque tout s’arrête pour elle, le monde dans lequel elles étaient endoctrinées s’écroule peu à peu.

 

Lorsque l'on découvre qui est réellement leur mari, ces femmes perdent en fait beaucoup plus, leurs certitudes, … "Ces femmes ont des soupçons qu'elles ne veulent pas croire".

"La réalité est que le mariage est une chose très compliquée et qui doit répondre à beaucoup de besoins. Ce qui est acceptable pour une personne peut ne pas l'être pour une autre".

 

Il est possible que quelque soit l'aspect monstrueux du mari, ce dernier est capable par moment de tendresse, une tendresse toute relative dont se contentera alors l'épouse.

 

D’autres sont l’objet de menaces, de punitions, le plus souvent subtiles, voilées, dans le cadre d’une sorte de dressage.

 

Comme Monique Olivier, 55 ans, visiteuse de prison qui avait rencontré Fourniret lors de son séjour à Fleury-Mérogis avant de l’épouser, en 1989, une personne effacée "craintive, très impressionnée par son mari mais pas dans une logique de remords", ne s'étant pas révoltée une seule fois, selon le procureur général de Reims.

 

Parlant des femmes des tueurs en séries _ le cas extrême _ Michèle Agrapart-Delmas, psychocriminologue, expert judiciaire auprès de la Cour d’appel de Paris, indique :

« Elles sont dans un rapport de soumission dans lequel elles trouvent un équilibre très précaire, pathologique. [ … ] Il y a un rapport de domination, mais en même temps elles participent et mettent la main à la pâte, ce qui révèle vraisemblablement des personnalités perverses. [ .. ] Parallèlement, elles sont soumises à un isolement de plus en plus grand, sont petit à petit retirées de leur vie sociale. Leurs partenaires leur font comprendre que "les autres ne comprendraient pas". Ces femmes sont des victimes mais des victimes partiellement consentantes ».

 

Roy Hazelwood [1], psychologue, a relevé que beaucoup de sadiques sexuels expérimentent sur leurs épouses certains comportements qu’ils accomplissent par la suite sur leurs victimes. Séduites, fascinées, vampirisées par la personnalité de leurs maris, elles peuvent perdre une partie de leur humanité. Selon ce dernier, on ne deviendrait pas toujours la femme d’un grand pervers par hasard. Certaines femmes sont fascinées par les tueurs en série ou les pervers. L’un des plus célèbres, Ted Bundy, qui a inspiré le film "Le silence des agneaux", a été inondé de demandes en mariage avant son exécution en Floride, le 24 janvier 1989.

 

9.2      Pourquoi acceptent-elles leur sort et ne se défendent pas ?

 

Mais la plupart du temps, ces victimes ne peuvent rien faire. Elles sont souvent trop faibles pour se défendre face à leur persécuteur, trop faible pour trouver les bonnes preuves pour prouver aux autres que la personne qui les a persécutée n’est pas celle qu’elle s’évertue de paraître. Les victimes sont souvent déstabilisées par l’absence de scrupules sans limite et une capacité de mensonge jusqu’au-boutiste, de leur bourreau.

De plus, elles savent qu’ils sont capables de terribles vengeances. Et elles craignent leur vengeance. Il y a souvent chez elles un mélange de fascination et de peur, comme la souris devant le naja. En plus, il y a ce jeu du chat et de la souris qui leur permettent de continuer de se bercer d’illusion.

 

De plus certains pervers infligent à leurs victimes, des coups moraux si terribles, que leur victimes mettent, pour la plupart, beaucoup de temps à s’en remettre. Certaines ne s’en remettent d’ailleurs jamais et peuvent se suicider. Elles se représentent bien souvent ce risque.

 

L’aveuglement de certaines victimes est aussi souvent semblable à l’aveuglement des membres d’une secte face aux agissements de la secte et de leur gourou.

Certains croient se défendre (se croient courageuses), sans imaginer un seul instant, à quel point l’emprise dans la quelle elles sont enfermée est puissante, et que cela requerra des efforts et un courage immense pour s’en libérer, beaucoup plus importants que ce qu’elle pourrait imaginer au départ. Il est donc alors souvent plus facile de se bercer d’illusion, pour elle, que de faire cet effort immense et libératoire.

 

10   Ruses, stratégies et tactiques des pervers narcissiques

 

Le pervers a en général beaucoup d’imagination, et il est difficile de recenser, ici, les milliers de ruses et tactiques, dont il dispose dans son arsenal.

 

10.1séduction, manipulations, jouer sur les apparences

 

Contrairement au pervers de caractère, qui irrite son entourage par ses revendications et nie radicalement l’autre, le pervers narcissique, lui, sait créer un élan positif envers lui, en prenant soin de se présenter en victime, excellant à amplifier et alterner pernicieusement la sensation de regrets ou peur chez l'autre.

 

Le pervers narcissique se sert du système, des préjugés et des croyances qu'il peut utiliser ou retourner en sa faveur.

 

Il change suivant les besoins, de masque (de personnalité apparente), passant de séducteur paré de toutes les qualités, à celui de victime faible et innocente, ne gardant son véritable visage de manipulateur « diabolique »,  que pour sa victime.

 

Elles ont un soin et un soucis scrupuleux des apparences Elles jouent sans cesse à fond sur celles-ci _ ayant toujours une apparence profitable dépendant des circonstances et du personnage qu’elles veulent jouer.  Dans une entreprise, elles seront les mieux habillées, les plus élégantes. Elles donneront le plus souvent l’image d’une personne parfaite _ image très valorisante pour eux-même et flattant leur narcissisme et leur ego. Cette apparence cache le vide de leur absence d’émotion, d’amour, de sincérité et d’intérêt pour tout ce qui n’est pas eux. Le pervers narcissique ne s'intéresse pas à la réalité, mais au pur jeu des apparences et au jeu permanent avec autrui.

 

Face aux autres, ces personnes joueront, le plus souvent, à apparaître comme une personne humaine, morale, droite, parfaitement respectable. Certains individus auront souvent un air moralisateur, supérieur, distant. Même s'ils ne disent rien, l'autre se sent pris en faute. Ils mettent en avant leurs valeurs morales irréprochables qui donnent le change et une bonne image d'eux-mêmes. Et ils dénoncent la malveillance humaine, souvent avec adresse.

Il est celui dont tout le monde chante les louanges. Comme toute personne manipulatrice, il sait se rendre aimable aux yeux du plus grand nombre.

 

Derrière une apparence de générosité et d’ouverture d’esprit, très trompeuse, elles peuvent au contraire dissimuler, un esprit mesquin, avare, constamment intéressé, étroit d’esprit, rancunier.

 

10.2Dissimulation (caractère dissimulateur)

 

Tout l’action du pervers sera caché à l’abris des regards. Les maltraitances sont rarement sous le feu des projecteurs, mais plutôt perpétrés dans le secret des alcôves. Le secret et le silence sont la meilleurs couverture des mauvais coups. Les pervers sont les professionnels de la double vie et de la double personnalité.

 

10.3Mimétisme

 

Ce sont de véritables caméléons. Il y a souvent chez eux une capacité de mimétisme, c’est à dire la synchronisation de ses mouvements et paroles avec ceux d’autrui, le fait de prendre les mêmes attitudes que votre interlocuteur, afin qu'il ressente une sympathie et un accord grandissant pour vous. C’est d’ailleurs une des techniques employée par la PNL (sur ce type de manipulation et de mimétisme, voir d’ailleurs le film « JF partagerait appartement » [2]).

 

10.4Diviser pour régner

 

Tous les moyens sont bons pour arriver à son but, même s'ils sont malhonnêtes. Diviser pour dominer et aussi pour que les victimes ne puissent pas se rencontrer, se concerter, s’allier …

 

10.5Diviser, cloisonner ses relations

 

Par prudence, il divisera et cloisonnera ses relations, afin, par exemple, qu’on ne puisse pas recouper ses mensonges ou que les victimes ne puissent pas se regrouper contre lui. Sa technique, dans ce domaine, devient à la longue éprouvée.

 

10.6Vous encenser pour mieux vous couler

 

Ils aiment d’abord vous encenser. Vous êtes les meilleurs, le plus doué, le plus cultivé … Il n’y a que vous qui compte le plus pour lui (il dira la même chose successivement à plusieurs personnes). Vous encensez d’abord permettra de mieux bénéficier de l’effet de surprise, et de mieux « vous couler » ensuite, parce que vous vous y attendez pas et au moment où vous vous y attentez le moins.

 

10.7Se « valoriser » sans cesse et dévaloriser l’autre

 

Les narcisses essaient autant que possible d'évoluer sous les feux de la rampe, là où d'autres pourront les admirer. En général, ils cherchent l'attention de leur semblable. Quand aux autres, ils sont les faire-valoir de lui-même ou leur victimes, qu’ils critiqueront devant tout le monde, souvent insidieusement.

 

10.8Le principe d’autorité

 

Il aime exprimer, au bon moment, les phrases clé ou définitives,  arrêtant tout discussion, utilisant son pouvoir de séduction, ses talents de comédien, son apparence de sérieux, toutes les facettes de ses « personnalités ». Il utilise le principe d’autorité, pour clore toute discussion. « je suis malade ! » ou bien  « tu te rends compte ce qui tu me demandes ! », «  je ne peux pas discuter avec toi pour l’instant, tu vois bien que je suis pris ».

 

10.9L’induction (suggérer l’idée à l’autre)

 

La grande force du pervers narcissique est l'induction.

Le pervers ne cesse de provoquer des sentiments, des actes, des réactions ou, au contraire, il les inhibe. Il fonctionne en quelque sorte comme un magicien maléfique, comme un magnétiseur ou hypnotiseur abusif, utilisant successivement injonctions et séduction. Exprimant rarement ce qu'il pense d’autrui et des intentions d'autrui, il communique par allusion, sans se compromettre. S’il veut duper, il va susciter l’intérêt, sans jamais proposer l’objet de la duperie ouvertement, mais en la présentant de façon alléchante. Il va étaler des arguments qui font preuve d'ardeur, de connaissance, de savoir, de certitude, au point d'être très convaincant. C’est finalement l’autre qui voudra en savoir plus et exprimera son désir de s’approprier l’objet qu’il convoitera.

Au contraire, s’il veut a priori refuser quelque chose, il fera de même. L'autre _ qui n'avait aucune intention de demander quoique ce soit _ va éventuellement se sentir mal à l'aise sans savoir exactement pourquoi. Il peut se promettre de ne jamais demander quelque chose, douter de sa propre honnêteté, ou se sentir suspect, entrant inconsciemment dans le jeu du pervers narcissique. Afin de prendre l'ascendant sur sa « victime », le pervers narcissique assortit son discours d'un message moralisateur et s'affiche comme un être « noble et pur », contraignant celui qui ne veut pas être repoussé à s'identifier à la morale du sujet et devenir ainsi digne de son amitié, que cela soit dans l’acceptation ou le refus de la chose suggérée.

 

Faisant parler le pervers narcissique, Alberto Eiguer écrit : « Il faudrait que vous agissiez de sorte qu'il ne reste aucun doute que vous êtes moi... et que tout ce que vous faites, dîtes ou éprouvez, confirme que je suis le seul, moi, le plus grand et cela même au prix de votre propre disqualification ». On touche ici au fondement de l'induction narcissique.

 

10.10                       Contradictions ou contradictions apparentes

 

Un jour, relâchant leur vigilance ou attention, content  et fier de son bon coup, le pervers narcissique pourra même se vanter auprès de personnes _dont il prête les mêmes pensées ou intention que les siennes _, ou même de ses amis d'avoir réalisé un tel bon coup réussi (d’avoir eu un tel succès), l'autre l'avait mérité, puisqu’il « n'avait qu'à pas être si bête et si naïf. », ce qui pourrait faire mauvais effet.

Mais même si à un moment donné, leur comportement peut apparaître un jours contradictoire et la belle image qu’elle se donne d’elle-même peut se déliter partiellement, semant alors momentanément le doute sur leur personnalité, leurs intentions ou leur sincérité,  … elles arrivent le plus souvent à rattraper leur erreurs ou l’image désastreuse qu’elle a pu donner à un moment donné, par manque de prudence. Elles affirmerons alors, par exemple, qu’elles ont plaisanté et qu’elles ne cherchaient qu’à tester leur interlocuteur. 

 

La plupart du temps, on leur pardonnera malgré tout, du fait de leur air est souvent bien sympathique et surtout parce qu’elles ont toujours une explication rationnelle pour expliquer leur comportement soudainement contradictoire. Car elles ont sans cesse réponse à tout, ou, à tout moment, ont une réponse préparée à l’avance (elles ont toujours un coup d’avance, en anticipant toujours à l’avance tous les problèmes). L’erreur « désastreuse » sera finalement mis sur le compte d’une faiblesse momentanée du personnage, de sa fatigue, d’un surmenage, d’une maladie. Finalement, on se dira que tout personne « parfaite » est faillible, elle-même aussi (qu’on croit parfaite).

 

Le pervers aiment tromper, dérouter, pour être toujours le maître du jeux.

 

 « Le pervers narcissique, [ … ] aime la controverse. Il est capable de soutenir un point de vue un jour et de défendre les idées inverses le lendemain, juste pour faire rebondir la discussion ou, délibérément, pour choquer », Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 108.

 

10.11                       Emploi de messages paradoxaux

 

Le pervers aiment émettre des messages, ambiguës, à plusieurs sens, paradoxaux, brouillant les pistes. En bloquant la communication par des messages paradoxaux, doubles, obscurs, le pervers narcissique place sa victime dans l'impossibilité de fournir des réponses appropriées, puisqu'il ne comprend pas la situation. La victime s'épuise à trouver des solutions, lesquelles sont de toute façon inadaptées et, quelle que soit sa résistance, ne pouvant éviter l'émergence des critiques ou les reproches du pervers, induisant à la longue chez sa victime, le déroutement,  l'angoisse ou la dépression. (voir Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", "La communication perverse", page 111).

 

10.12                       Calomnies voilées et insinuations

 

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose !!! » selon la formulation de Beaumarchais dénonçant les manigances du pouvoir.

Il ont un talent pour diffamer, sans en avoir l’air, l’air de pas y toucher, prudemment, avec l’apparence de l’objectivité et de la non implication dans le problème et le plus grand sérieux. C’est comme s’il ne faisait que rapporter des paroles qui ne sont pas les siennes.

Il y a souvent pas d’accusation claire, mais justes des allusions voilées, insidieuses. A la longue, il sèmera immanquablement le doute, sans jamais avoir prononcer une phrase qui pourrait le faire tomber sous le coup d’une accusation de diffamation.

 

10.13                       Le côté répétitif des attaques

 

Il utilise le côté répétitif des attaques, afin de ne jamais cesser de semer le doute dans ta tête des autres, sur l’honnêteté, sur les intentions (supposées mauvaises) de l’adversaire que l’on veut abattre.

Il faut accuser le chien de la rage pour mieux le tuer, en jouant sur la tendance humaine à croire selon  la maxime « qu’il n’y a pas de fumée sans feu », quand une chose est répétitive.

 

10.14                       Calme et maîtrise de soi apparents

 

Une de ses tactiques est rester toujours calme, maître de soi, dissimuler constamment ses pensées, ne jamais avouer. Sa force est de donner l’apparence d’être calme, lors que justement il est plus de rage et d’agressivité (ce qui ne l’empêchera pas ensuite de simuler, par la suite, une fausse colère, ou d’extérioriser une vraie colère, au moment où l’on s’y attend le moins).

 

10.15                       Fausse modestie

 

Lors de l’utilisation de la technique de l’induction (voir plus haut), il se présente bien volontiers comme une personne modeste, n’osant pas proposer ses solutions ou l’objet de sa duperie (l’appât), l’objet qu’il veut soumettre à la convoitise de l’autre.

 

10.16                       Se faire passer pour plus bête qu’il n’est

 

Comme un rusé paysan, il est capable parfois de se faire passer pour bête et naïf, prêchant le faux pour savoir le vrai. Un très bon moyen de guerre psychologique pour tirer les vers du nez d’une personne, trop plein de certitudes.

 

10.17                       Confusion des limites entre soi et l'autre 

 

Le pervers narcissique pratique la confusion des limites entre soi et l'autre. Il incorpore les qualités de l'autre, les attribue à son apparence grandiose, pour pallier aux faiblesses de sa véritable personnalité. Ces qualités appropriées, il les dénie à leur véritable possesseur. La stratégie de la séduction est l’un des moyens essentiels pour y parvenir.

 

- << La séduction perverse se fait en utilisant les instincts protecteurs de l'autre. Cette séduction est narcissique : il s'agit de chercher dans l'autre l'unique objet de sa fascination, à savoir l'image aimable de soi. Par une séduction à sens unique, le pervers narcissique cherche à fasciner sans se laisser prendre. Pour J. Baudrillard, la séduction conjure la réalité et manipule les apparences. Elle n'est pas énergie, elle est de l'ordre des signes et des rituels et de leur usage maléfique. La séduction narcissique rend confus, efface les limites de ce qui est soi et de ce qui est autre. On n'est pas là dans le registre de l'aliénation - comme dans l'idéalisation amoureuse où, pour maintenir la passion, on se refuse à voir les défauts ou les défaillances de l'autre -, mais dans le registre de l'incorporation dans le but de détruire. La présence de l'autre est vécue comme une menace, pas comme une complémentarité. (Marie-France Hirogoyen, Le Harcèlement Moral, page 94)>>.

 

10.18                       Utilisation de fausses vérités énormes ou crédibles

 

La communication perverse est au service de cette stratégie. Elle est d'abord faite de fausses vérités. Par la suite, dans le conflit ouvert, elle fait un recours manifeste, sans honte, au mensonge le plus grossier.

 

- <<Quoi que l'on dise, les pervers trouvent toujours un moyen d'avoir raison, d'autant que la victime est déjà déstabilisée et n'éprouve, au contraire de son agresseur, aucun plaisir à la polémique. Le trouble induit chez la victime est la conséquence de la confusion permanente entre la vérité et le mensonge. Le mensonge chez les pervers narcissiques ne devient direct que lors de la phase de destruction, comme nous pourrons le voir dans le chapitre suivant. C'est alors un mensonge au mépris de toute évidence. C'est surtout et avant tout un mensonge convaincu qui convainc l'autre. Quelle que soit l'énormité du mensonge, le pervers s'y accroche et finit par convaincre l'autre. Vérité ou mensonge, cela importe peu pour les pervers : ce qui est vrai est ce qu'ils disent dans l'instant. Ces falsifications de la vérité sont parfois très proches d'une construction délirante. Tout message qui n'est pas formulé explicitement, même s'il transparaît, ne doit pas être pris en compte par l'interlocuteur. Puisqu'il n'y a pas de trace objective, cela n'existe pas. Le mensonge correspond simplement à un besoin d'ignorer ce qui va à l'encontre de son intérêt narcissique. C'est ainsi que l'on voit les pervers entourer leur histoire d'un grand mystère qui induit une croyance chez l'autre sans que rien n'ait été dit : cacher pour montrer sans dire. (Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 94)>>.

 

Il use d'un luxe de détails pour éteindre la vigilance de ses proches.

« Plus le mensonge est gros, plus on a envie d'y croire ».

 

10.19                       Se poser en victime

 

Lors des séparations, les pervers se posent en victimes abandonnées, ce qui leur donne le beau rôle et leur permet de séduire un autre partenaire, consolateur.

 

Il peut avoir un véritable talent pour se faire passer pour une victime et retourner une accusation contre la personne qui émet l’accusation. Il a l’art de retourner les arguments de la partie adverse, avec la plus parfaite apparence de rationalité, de détachement, capable d’une parfaite décomposition précise et analytique des arguments de ses ennemis ou opposants.

 

Il peut se faire passer pour faible, pour le « chien perdu sans collier », prendre la mine de chien battu, les yeux tristes, dont voudra alors justement s’occuper les femmes maternelles, dévouées, celles ayant une vocation de dame patronnesse, celles n’existant que par le dévouement à autrui, celles qui deviendront souvent leurs future victime. Cela afin de mieux faire tomber dans ses filets

 

Il a d’ailleurs un talent fou pour se faire passer pour une victime. Comme il a un talent fou, pour se faire passer pour malade ou irresponsable ou tirer profit d’une maladie (imaginaire ou réelle), d’un accident, user ou abuser d’un handicap réel etc. …

 

10.20                       Culpabilisation de la victime

 

- << Il y a une introjection de la culpabilité chez la victime : «Tout est de ma faute !», et, pour le pervers narcissique, une projection hors de soi-même en rejetant la culpabilité sur l'autre : «C'est de sa faute ! ». (Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 112) >>.

 

10.21                       Création d’une relation de dépendance

 

L'autre n'a d'existence que dans la mesure où il se reste dans la position de double, qui lui est assignée. Il s'agit d'annihiler, de nier toute différence. L'agresseur établit cette relation d'influence pour son propre bénéfice et au détriment des intérêts de l'autre. « La relation à l'autre se place dans le registre de la dépendance, dépendance qui est attribuée à la victime, mais que projette le pervers [sur l’autre]. A chaque fois que le pervers narcissique exprime consciemment des besoins de dépendance, il s'arrange pour qu'on ne puisse pas le satisfaire : soit la demande dépasse les capacités de l'autre et le pervers en profite pour pointer son impuissance [celle de sa victime], soit la demande est faite à un moment où l'on ne peut y répondre. Il sollicite le rejet car cela le rassure de voir que la vie est pour lui exactement comme il avait toujours su qu'elle était » (in Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 115)>>.

 

10.22                       Inhiber la pensée critique de la victime

 

Lors de la phase d'emprise, la tactique du pervers narcissique est essentiellement d'inhiber la pensée critique de sa victime. Dans la phase suivante, il provoque en elle des sentiments, des actes, des réactions, par des mécanismes d'injonction ou d’induction. « Si l'autre a suffisamment de défenses perverses pour jouer le jeu de la surenchère, il se met en place une lutte perverse qui ne se terminera que par la reddition du moins pervers des deux. Le pervers essaie de pousser sa victime à agir contre lui [et à la faire agir d’une façon perverses] pour ensuite la dénoncer comme «mauvaise». Ce qui importe, c'est que la victime paraisse responsable de ce qui lui arrive ». (in Marie-France Hirogoyen, "Le Harcèlement Moral", page 122)>>.

 

Le plus dur pour la victime est de ne pas rentrer dans le jeu, en particulier le jeux des conflits artificiels, provoqués par le pervers.

 

10.23                       Tactique du harcèlement moral pervers

 

Isoler quelqu'un, refuser toute communication, ne pas lui transmettre de consignes, multiplier les brimades, ne pas lui donner de travail ou un travail humiliant, au contraire, lui donner trop de travail ou un travail largement au dessus de ses compétences etc... les cas de figure du harcèlement moral, du bizutage ou du mobbing, telles sont les tactiques du harcèlement moral, pouvant se décliner à l’infini.

 

Selon la définition la plus courante « Le harcèlement moral est un ensemble de conduites et de pratiques qui se caractérisent par la systématisation, la durée et la répétition d'atteintes à la personne ou à la personnalité, par tous les moyens relatifs au travail, ses relations, son organisation, ses contenus, ses conditions, ses outils, en les détournant de leur finalité, infligeant ainsi, consciemment ou inconsciemment, une souffrance intense afin de nuire, d'éliminer, voire de détruire. Il peut s'exercer entre hiérarchiques et subordonnés, de façon descendante ou remontante, mais aussi entre collègues, de façon latérale ».

 

Plusieurs livres traitent de ce problème (voir bibliographie ci-après, en fin de ce texte), c’est pourquoi nous ne nous étendrons pas plus, sur ce sujet.

 

10.24                       Tactiques ultimes (sur le point d’être confondu)

 

Si un emballement peut conduire le pervers narcissique à commettre des actes de violence, il évite soigneusement de se faire « emballer » par la police et la justice. Pour cela, il maîtrise l'art de « l'emballage » des faits dans le discours. Pour paraphraser Philinte, dans "Le Misanthrope" : « Toujours, en termes convaincants, ses dénégations sont dites ».

Acculé, il peut se faire passer pour fou, irresponsable de ses actes, car on sait que les fous peuvent tout se permettre (article 64 du code pénal).

Parfois pour le pervers « Il y a pire qu'être démasqué, c'est ne pas être démasqué. »

 

11   Quelle conduite à tenir face à un pervers ?

 

11.1La fuite ?

 

La seule issue de secours est souvent la fuite. S'en éloigner au plus tôt, le plus loin possible.

La seule solution est le plus souvent de le fuir, à cause du caractère intolérable, pervers et imprévisible de cette personne et pour ce qu’elle inflige à autrui. Il faut alors que mettre le maximum de distance entre la victime et son persécuteur (voire passer à l’étranger). Il faut qu’il ne puisse pas retrouver sa victime. Cette dernière doit limiter et protéger ses communication avec ses proches, et surtout avec toutes les personnes dont son persécuteur est susceptible de tirer adroitement les vers du nez, et ainsi connaître ses coordonnées (adresse, téléphone, …), afin de ne pas être retrouvée. Les premières précautions sont de changer de n° de téléphone puis de se mettre en liste rouge. De ne communiquer ce nouveau n°, voire la nouvelle adresse, qu’à des personnes en qui elle a entièrement confiance et de ne jamais mettre ses coordonnées sur Internet.

 

11.2Les combattre ?

 

Mais on ne peut pas toujours fuir la confrontation avec un pervers. Quand on n’a pas le choix, il ne faut pas refuser la confrontation, comme Arjuna _ un prince guerrier, en proie au doute et qui refuse la bataille, avant de finalement l’accepter _ dans la Bhagavad-Gîtâ, un livre sacré indien. Mais il faut avoir conscience que le combat sera dur et qu’il peut durer des années, avec l’emploi de tous les coups les plus tordus par la partie adverse. Seule une extrême combativité sur une période longue, de la part de la victime, peut déstabiliser la confiance et l’assurance de gagner du pervers, voire son respect. Mais la victime se doit, sans cesse, de rester prudent, ne jamais baisser sa garde, ne jamais renoncer à sa prudence ou méfiance, ou faire preuve de paresse. Elle ne doit jamais croire que la partie est gagnée, qu’elle a enfin gagné. Comme il a été dit plus haut, les pervers peuvent parfois calculer leurs coups sur plusieurs années. Elle ne doit jamais lui faire confiance. Durant cette confrontation, la victime ne doit jamais rien laisser passer _ même la plus petite chose. Dans son combat, la victime ne doit pas rester seul, elle doit essayer de se faire conseiller par les personnes en qui elle a confiance, par une association, des psychologues …. Mais elle doit éviter de faire conseiller par les personnes trop proche de cette personne perverse.

 

Il ne lui faut jamais baissez les bras, devant aller jusqu’au bout, tenir, tenir toujours, sans fin, sans faille, sauf  elle trouve un moyen de rompre le combat, pour fuir de façon sûre ou, pour atteindre un solution ou une position plus sûres.

 

La seule chose que peuvent respecter ces « pervers narcissiques », c’est le courage (démontré à la longue) de leurs victimes, dans la persistance et la persévérance de ce courage, malgré les épreuves endurées et sur une longue période. Le pervers aiment bien tester la volonté, la résistance, leurs capacités morales, intellectuelles, la cohérence de ses valeurs, de leur victime etc.

 

11.3La vigilance de chaque instant

 

Il ne faut plus jamais croire dans sa parole ou dans les promesses. Il ne faut jamais rien laisser passer et si possible rester toujours sur ses gardes.

 

11.4Changement de comportement

 

Aux personnes plus fréquemment victimes des pervers que d’autres, nous leur dirons qu’il ne faut pas être faible, et surtout le paraître. Dans le monde la question des apparences est importante, y compris sur des petits détails (au niveau vestimentaires, au niveau de son discours). Ce monde incite à toujours être prudent, à toujours réfléchir, avant d’agir, à toujours peser ses mots avant de les employer dans sa bouche ou sous sa plume. Il ne faut pas trop se dévoiler ou ne se dévoiler que longtemps après avec les personnes dont on aura de plus en plus confiance avec le temps. Il ne faut pas paraître trop gentil. Aux yeux de pas mal de gens, gentillesse rime souvent avec faiblesse ou naïveté. Il faut toujours conserver une distance de sécurité avec les autres, ne serait-ce que pour sa protection mais aussi pour respecter l’intimité des autres.

 

Il leur faut comprendre que ce monde ne récompense pas nécessairement les justes et qu’être moral, juste ne les sauve pas des pervers. Au contraire, il faut voir, en face la dureté de ce monde, et ne pas en avoir peur et ne pas se bercer d’illusion.

 

11.5Peut-on aider les victimes ?

 

Il arrive que les victimes soient elles-même plongées dans la folie du pervers, qu’elle partage sa folie, qu’elle le défende contre toute logique, toute raison, comme les adeptes d’une secte, avec leur gourous. Ces victimes font corps avec leur bourreau (sans toujours avoir pleinement conscience qu’il est leur bourreau).

Pour une personne extérieure, il a parfois réel danger à les aider et d’entrer dans le jeu du pervers avec sa victime. Au mieux, la personne, qui veut aider la victime, risque se faire rejeter par elle (et le peu de reconnaissance et l’absence de reconnaissance de la victime, pour son « sauveur », n’est en général pas gratifiant) au pire se faire détruire par le pervers.

De plus une personne tiré des griffes de celui qui la subjugue peu justement en vouloir à son « sauveur » et vouloir retourner vers son bourreau.

 

Donc, les bonnes âmes, voulant aider une victime, doivent faire preuve d’une extrême prudence avant de l’aider et risquer de pénétrer dans un jeu  pervers et dans le jeu du pervers. Les « pathologies » peuvent se situer des deux côtés. On le voit, dans certains cas de maltraitances, la personne maltraitée aime aussi dévaloriser, dominer son « persécuteur ». Les relations, entre bourreau et victime supposés, peuvent être perverse et/ou sadomasochiste, en tout cas plus complexes qu’il n’y paraît.

 

11.6Le recours à la loi

 

On peut faire appel à la loi, car il existe des lois, 1) contre le harcèlement moral, 2) contre la cruauté mentale, 3) contre l’abus de faiblesse (voir des extraits de loi, en annexe de ce texte).

 

La cruauté mentale ou physique peut servir de motif à une demande de divorce.

Seul le conjoint victime de cruauté mentale ou physique peut invoquer ce motif.

Comme pour ce qui est de l’adultère, les actes de cruauté pardonnés ne peuvent plus servir à l’appui d’une demande de divorce.

 

Le tout est d’avoir le courage d’affronter la colère, le risque de vengeance, la capacité de rebond, le caractère retord et l’arsenal des mensonges, du pervers.

 

Le médecin a obligation de signaler aux autorités compétentes, tout signe de maltraitance (Article 44 du code de déontologie médical ( Sévices à autrui )).

 

12   Conclusion

 

Il n’existe pas de pervers narcissique regroupant toutes ces caractéristiques, ces derniers se « situant » quelque part entre ces caractéristiques.

 

Il n’y a pas de réponses ou de solutions miracles à ce trouble psychique. Que peut-on faire ?

Prôner une éducation morale et des valeurs sociales au sein de la société ?

Peut-être faudrait-il les élèves former à l’esprit critique, y compris envers les charlatans, escrocs … Il serait important que dès le plus jeune âge, vœux pieux, l’on apprenne aux élèves les plus faibles, les bouc-émissaires de leurs camarades, à savoir se battre, à ne pas se dévoiler, à ne plus être naïf. Il faudrait pouvoir détecter les comportement pervers ou les fragilités psychologiques au plus tôt dans l’enfance, au niveau de l’école.

 

13   Bibliographie (Livres …)

 

[1] Marie-France Hirigoyen, Le harcèlement moral - La violence perverse au quotidien, Edition Syros, Paris, 1998.

[2] Marie-France Hirigoyen, Malaise dans le travail, Harcèlement moral : Démêler le vrai du faux, La Découverte et Syros, Paris, 2001

[3] Martiale O'Briens, Le pervers narcissique, Édition Le Manuscrit, 2002.

[4] Alberto Eiguer, Le pervers narcissique et son complice, Éditions Dunod, 2004.

[5] Bizutages, Dirigé par Marie-Odile Dupé, Collection Panoramiques, Éditions Corlet.

[6] Souffrance en France, La banalisation de l'injustice sociale, Christophe Dejours, Seuil, L'Histoire immédiate, Paris, 1998.

[7] Mobbing, La persécution au travail, Heinz Leyman, Édition du Seuil, Paris, 1996.

[8] Soumission à l'autorité, Stanley Milgram, Calmann-Lévy, Paris, 1974

[9] Il n'est jamais trop tard pour... Cesser d'être une victime, Gérard Lopez et Arianne Casanova, Editions La Martinière, 2001.

[10] Etre l'épouse d'un tueur en série, article de Valérie Duby et Alain Jourdan, La Tribune de Genève du 12 juillet 2004.

[11] James George Frazer, Le Bouc émissaire, étude comparée d'histoire des religions, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1925.

[12] René Girard, Le Bouc émissaire, Grasset, Paris, 1982.

[13] René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset, Paris 1961.

[14] Dr. Yves Prigent, La Cruauté ordinaire, Desclée de Brouwer, 2003.

[15] L’Histoire inhumaine, Guy Richard, Editions Armand Colin, 1992.

[16] Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Presses universitaires de France, 2003 (réédition).

[17] John Dollard et al., Frustration and Aggression (1939), New Haven, Yale University Press, 1969.

[18] Effroi, peur, angoisse. Clinique des violences contemporaines, n° 3 de la revue éditée par l'association Savoirs et clinique.

[19] L'affaire Romand : Le narcissisme criminel. Approche psychologique, Denis Toutenu, Daniel Settelen, L'Harmattan, 2003..

 

14   Sites Internet et Articles Internet

 

[1] Le narcissisme, http://fr.wikipedia.org/wiki/Narcissisme

[2] Une liste de références sur le Narcissisme

http://daniel.calin.free.fr/biblio/narcissisme.html

[3] Pervers narcissique, Hubert Houdoy, http://hubert.houdoy.perso.cegetel.net/pervnarc.htm

[4] Harcèlement psychologique ou harcèlement moral,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Harc%C3%A8lement_psychologique

[5] Article Le harcèlement : faute simple ou faute grave ?, Stéphane Corone, Magazine L'Entreprise, le 28/06/2006, http://www.lentreprise.com/actu/1.14191.html?xtor=SEC-13

[6] Blog de témoignages sur les pervers narcissique : http://www.perversnarcissique.blogspot.com

[7] Dossier thématique « Harcèlement Discrimination Contestations » http://www.juritravail.com/conflits-et-sanctions/harcelement-moral-sexuel-discrimination?gclid=CJDYprz0iogCFRhYXgodNX4JAQ

[8] Droit du travail > harcèlement au travail : http://www.infotravail.com/harcelement-au-travail_622_79-p.html

 

15   Associations

15.1Associations contre le harcèlement moral

 

1) "Contre le harcèlement", Équipe de professionnels (avocats, médecins, psychologues, assistante sociale, relaxologue, psychiatre) qui ont créé une association conseillant et accompagnant dans leur démarches les personnes victimes de harcèlement moral sur le lieu de travail ou privé (conjoints, enfants, relations, groupes sectaires), BP 52 76302 Sotteville les Rouen, Tél : 02 35 72 15 15, Fax : 02 35 72 24 24, Contact : Didier Anthor, contre-le-harcelement@wanadoo.fr

2) Association Mots pour Maux au Travail, permanence :  47 rue de la Course 67000 STRASBOURG, Tél: 03 88 22 22 06, Fax: 03 88 22 22 07, siège social : 16 rue des Cailles 67100 STRASBOURG, e-mail: motspourmaux@wanadoo.fr , http://membres.lycos.fr/xaumtom

3) A.C.H.P. : Association Contre le Harcèlement Professionnel

Cette association a pour but d'agir contre le harcèlement professionnel par tous moyens, assister et soutenir les victimes, regrouper toutes personnes voulant contribuer à ce que cesse ce type de situations et contribuer au développement d'une nouvelle législation contre le harcèlement professionnel. On entend par harcèlement un ensemble répétitif de mesures, actions, omissions, démarches... tendant, soit à porter atteinte à la personne, à sa dignité ou à ses droits légitimes, soit à exercer une pression sur elle pour la déstabiliser ou la contraindre à renoncer à sa dignité ou à ses droits légitimes. Le harcèlement lié à un abus de pouvoir ou d'autorité nécessite une sanction légale explicite. E-mail : achp@free.fr

http://achp.ifrance.com/  , et sa liste de discussion sur le harcèlement professionnel :

http://www.egroups.com/subscribe?list=harcèlement_professionnel&vcode=a946

Président de l'ACHP, Luis Gonzalez-Mestres, chercheur au CNRS, Téléphone-Fax 0145830720 et portable 0620601187

 

15.2Associations pour les femmes battues

 

Même si les femmes victimes de maris pervers narcissiques ne sont pas toujours battues, elles peuvent être victimes de violences morales et psychologiques.

 

En France : SOSFA : SOS Femme accueil : http://www.sosfemmes.com et

http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_tel_local.htm

e-mail : contact@sosfemmes.com

 

A l’étranger :

 

Collectif et refuge pour femmes battues  9, rue de Bouvy 7100 La Louvière, Belgique,
24h/24: 064/21.33.03 Fax: 064/28.02.41 E-mail:
colfembatlalouv@skynet.be

 

Charity Refuge, Angleterre. Il apporte des services pour des femmes et des enfants victimes de violence domestique. Contact : Richard Hopgood, Director, The Henry Smith Charity, 124 Chancery Lane, London EC4A I BU, tel: 020 7320 6884, fax: 020 7320 3842, http://www.henrysmithcharity.org.uk/

 

15.3Divers

 

Association d'aide aux personnes avec un « état limite » : Association d'aide aux personnes souffrant d'un trouble de la personnalité, d’état limite « Borderline » ou de régulation des émotions et ainsi que leurs proches et leurs familles [3], AAPEL, C/O M. Alain Tortosa, 72 rue du Dauphiné, 69003 LYON, Tél.: 06 67 58 08 51 (le vendredi après-midi), www.aapel.org

 

16   Annexe : Articles de loi

16.1   De l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse

Article 223-15-2 du Code pénal. (Loi nº 2001-504 du 12 juin 2001 art. 20 Journal Officiel du 13 juin 2001)
(Ordonnance nº 2000-916 du 19 septembre 2000 art. 3 Journal Officiel du 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002)
Est puni de trois ans d'emprisonnement et de 375000 euros d'amende l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse soit d'un mineur, soit d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente et connue de son auteur, soit d'une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l'exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables.
Lorsque l'infraction est commise par le dirigeant de fait ou de droit d'un groupement qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet de créer, de maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes qui participent à ces activités, les peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 750000 euros d'amende..  

16.2Loi contre le harcèlement moral sur le lieu de travail

 

Définition du code du travail

L 122-49 Aucun salarié ne doit subir des agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.

Aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat pour avoir subi, ou refusé de subir les agissements définis à l'alinéa précédent ou pour avoir témoigné de tels agissements ou les avoir relatés.

Toute rupture du contrat de travail qui en résulterait, toute disposition ou tout acte contraire est nul de plein droit.

(conformément à la loi n°2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale).

 

16.3La cruauté mentale et physique

 

·  Il y a cruauté physique lorsque l’un des conjoints s’en prend à l’autre en lui assénant des coups ou en exerçant des sévices sur sa personne.

·  Il y a cruauté mentale lorsque l’un des conjoints, volontairement, cherche à blesser l’autre autrement que par des agressions physiques (injures, humiliation, mépris). La cruauté mentale provoque une souffrance morale entraînant parfois des conséquences physiques. Lorsque la victime est soumise à des violences verbales, dites psychologiques telles que les insultes, les menaces, les terreurs infligées, les humiliations...

 

Pour la législation française les violences (sévices physiques, actes de barbarie …) sont prévues dans les articles 222-7 à 227-14 du Nouveau Code Pénal.

 

La législation française définit les privations de soins ou négligences selon l’article 227-15 du NCP “ le fait pour un ascendant légitime, naturel ou adoptif -ou toute autre personne exerçant à son égard l’autorité parentale ou ayant autorité sur un mineur de 15 ans- de priver celui-ci d’aliments ou de soins au point de compromettre sa santé est puni de 7 ans d’emprisonnement (...). ”.

 

16.4Article 44 du code de déontologie médicale (Sévices à autrui)

 

Le signalement de maltraitance à enfant fait l'objet de la loi du 10 juillet 1989 (art.40 du code de la famille et de l'aide sociale). Des dispositions identiques sont applicables pour permettre le signalement de maltraitance sur personnes âgées, majeurs protégés ou toute autre victime. Le médecin ne peut pas être arrêté par l'objection de violation du secret professionnel : l'article 226-14 du code pénal établit à ce sujet une dérogation au secret médical (art. 4 et annexe).

 

On entend par maltraitance toute violence physique, tout abus sexuel, toute cruauté mentale, toute négligence lourde ayant des conséquences préjudiciables sur l'état de santé et, pour un enfant, sur son développement physique et psychique.

Article 44 du code de déontologie médicale (Sévices à autrui)

 

L'article 226-14 autorise la dénonciation des violences mais d'aucune manière celle de leur auteur présumé, que celui-ci en ait fait l'aveu au médecin ou ait été dénoncé par la victime. Le médecin n'est tenu que de signaler les sévices constatés ou dont il a acquis la conviction. Il doit observer la plus grande prudence lorsqu'il rapporte les dires de son patient.

 

Dans les cas flagrants de maltraitance ou de fortes présomptions, le médecin doit soustraire d'urgence la victime aux sévices, de préférence en l'hospitalisant et en s'assurant que cette mesure a bien été réalisée.

 

Dans les cas moins évidents, le médecin traitant doit faire appel à un spécialiste (pédiatre, gynécologue, psychiatre... ) ou mieux l'adresser à une équipe hospitalière afin que dans tous les cas le diagnostic de maltraitance repose sur des éléments indiscutables étant donné les répercussions d'un tel diagnostic, et la nécessité d'un bilan global.

 

16.5Loi visant à renforcer le rôle de l’école dans la prévention des faits de mauvais traitements à enfants

 

Loi n° 2000-197 du 6 mars 2000 parue au JO n° 56 du 7 mars 2000, TITRE II BIS

 

PREVENTION ET DETECTION DES FAITS DE MAUVAIS TRAITEMENTS A ENFANTS

 

Art. L. 198-1. - Les visites médicales effectuées en application du troisième alinéa (2°) de l'article L. 149 et du deuxième alinéa de l'article L. 191 ont notamment pour objet de prévenir et de détecter les cas d'enfants maltraités.

 

Art. L. 198-2. - Au moins une séance annuelle d'information et de sensibilisation sur l'enfance maltraitée est inscrite dans l'emploi du temps des élèves des écoles, des collèges et des lycées.

 

Ces séances, organisées à l'initiative des chefs d'établissement, associent les familles et l'ensemble des personnels, ainsi que les services publics de l'État, les collectivités locales et les associations intéressées à la protection de l'enfance.

 

Art. L. 198-3. - Un décret fixe les conditions d'application du présent titre.

 

http://www.senat.fr/leg/tas99-091.html

 

loi du 10/07/1989 sur l'Articulation entre Protection Sociale et Protection Judiciaire
 
Lorsqu'un mineur est victime de mauvais traitement ou qu'il est présumé l'être et qu'il est impossible d'évaluer la situation ou que la famille refuse manifestement d'accepter l'intervention du service de l'Aide Sociale à l'enfance, le Président du Conseil Général avise sans délai l'autorité judiciaire.



[1] Roy Hazelwood, cofondateur de la célèbre Unité de sciences comportementales au FBI, a mené une vaste enquête, à travers les Etats-Unis, sur les compagnes de violeurs et de tueurs en série.

[2] Film où la jeune fille qui partage l’appartement d’une autre se permet de plus en plus de choses envers cette autre jeune fille. Lui emprunter ses vêtements, par exemple. Ou son petit ami. Et accessoirement, sa vie …

[3] Les personnes avec un trouble de la personnalité " borderline " sont des adultes sans la moindre déficience intellectuelle mais qui sont émotionnellement perturbées et avec des comportements pouvant parfois sembler excessifs, enfantins ou immatures. Ils ont une tendance à réagir plus intensément que les autres à des niveaux de stress moindres d’une part, et à parfois mettre plus de temps pour se rétablir, d’autre part. L'on parle de dérégulation émotionnelle ou de sur-émotivité et de personne sur-émotive. Certaines sont la cibles des pervers.