Méthode diagnostique personnelle de recherche des causes d’une céphalée de tension

 

Benjamin LISAN, 13 janvier 2012

 

Dans ce texte, j’aborde ici la « grille diagnostique » ou la « méthode diagnostic » (personnelle), que j’applique régulièrement, pour tenter de cerner les causes des céphalées des patients, qui contactent l’association.

 

Exposé de ma méthode diagnostique de recherche des causes d'une céphalée de tension

 

La démarche diagnostique commence le plus souvent par un entretien au téléphone, ou dans un café (si c’est possible), avec le patient, au cours duquel je réalise une véritable enquête « policière », en recherchant avec lui les causes possibles de sa céphalée (parfois, l’entretien peut durer plusieurs heures).

Sinon, auparavant, j’avertis  le malade que je ne suis pas médecin et que je ne peux pas établir un diagnostic moi-même, mais que je peux aider au diagnostic. Mais que le diagnostic final reste de la responsabilité du médecin (neurologue ou autre)[1].

 

1      Causes organiques, mécaniques, infectieuses

 

D’abord, j’essaye d’éliminer toutes les causes organiques, physiologiques, de céphalées de tension[2] _ qu’elles soient mécaniques, infectieuses … Voici une liste de ces causes :

 

Malformation congénitale d’Arnold-Chiari (qui est une déformation anormale des os du crâne « appuyant » sur le cervelet et créant une sensation douloureuse, pouvant être intense). On ne peut vraiment la diagnostiquer qu’à l’imagerie médicale (dont l’IRM). Elle peut être confondue avec un fond dépressif chez le patient. Il est arrivé, suite à des erreurs de diagnostiques, que la malformation n’ait pas été détectée lors d’un premier examen IRM et qu’elle n’a été détectée qu’à un second examen plus approfondi et plus soigneux (la douleur résultante peut être intense) (malformation rare). Peu de traitement, à part des antidouleurs type psychotropes. Ou bien une opération chirurgicale lourde (risquée). L’opération donne de bons résultats.

 

Problème de vertèbres, en particulier au niveau de la vertèbre Atlas. Cette douleur peut être liée à des mauvaises positions, à un mauvais geste, voire au stress, à une maladie professionnelle. Et aussi Problème d’arthrose cervicale. (La douleur peut être intense). Selon les cas, des manipulations de kiné ou d’ostéopathie peuvent en venir, normalement, à bout (mais il y a quelques exceptions). Certaines arthroses (liée à des rhumatismes) peuvent être traitée d’abord par infiltration de cortisone (ou corticoïdes) puis par une opération chirurgicale.

 

Bruxisme, inflammation de mes muscles maxillaires. Le bruxisme ou le grincement maladif des dents, y compris la nuit, est souvent liée au stress, à un fond anxieux chez le patient. Il existe des exercices qui permettent de se défaire de cette mauvaise habitude (il y a aussi le port d’une gouttière pour éviter la fermeture de la mâchoire … Mais cette thérapie, par pose de gouttière, est « sans garanti du gouvernement »)  (douleur modérée). En plus le bruxisme peut accélérer l’usure des dents.

 

Sinusite, infection de la paroi sinusoïdale, sinus maxillaire avec obstruction de la paroi sinusoïdale etc. Ces maladies peuvent être liées à ma pratique fréquente de la natation en piscine ou à une mauvaise hygiène. Les traitements antibiotiques peuvent en venir à bout (La douleur résultante peut être intense).

 

Les abus médicamenteux (cause de céphalées par abus médicamenteux dites céphalées de rebond). Pour savoir si j’ai affaire à ces cas, j’essaye de connaître les doses des psychotropes _ Lyrica, Neurontin … _ et voir si elles sont excessives. J’essaye de découvrir aussi si le malade a trop souvent recourt aux antalgiques, y compris par automédication, en particulier par recours à tout ce qui opiacée (Lamaline, Diantalvic etc …), codéinique et aux hypnotiques et aux anxiolytiques

Si le malade ne souffre pas d’abus d’alcool, s’il n’a pas déjà pris de drogues (cocaïnes, héroïnes, hachich …).

Parce qu’il est possible qu’à la céphalée de tension primaire, se surajoute une céphalée secondaire de rebond liée à l’abus médicamenteux de drogues (ce qui peut l’accentuer encore plus), chez certains patients.

 

J’en ai rencontré plusieurs. Et en général, les malades rechignent _ du moins au départ _ à avouer ou à reconnaître qu’ils sont dépendants des drogues et des médicaments. Pour qu’il reconnaisse son addiction, il faut établir une relation de confiance forte avec le malade (et surtout pas le culpabiliser, le dévaloriser ou le « prendre de haut ». Et pour cela, une certaine compassion et empathie avec le malade sont nécessaires).

 

Si le malade souffre d’une addiction aux drogues et médicamenteux, j’incite alors le malade à éviter tout ce qui peut créer des addictions _ alcool, drogues (cocaïne, héroïne …), psychotropes médicaux à haute dose (Lyrica …).

 

Je lui indique qu’il faut pratiquer un sevrage très progressif (surtout pas brutal), sur plusieurs mois (2 à 3 mois), par la « force de la volonté ». Et si possible, sous contrôle médical.

 

Note : Mais il est vrai que les sevrages sous contrôle médical, en milieu hospitalier, qui sont normalement les plus efficaces, ne durent que qu’une semaine à 15 jours … Ce qui réduit alors leur efficacité, et favorise les risques de rechutes dans les addictions.

 

Pour que le processus réussisse, il faut : 1) que le malade en soit convaincu (de son bienfondé), 2) que le processus soit lent et progressif (jamais brutal), 3) Que le malade cherche à s’isoler de toutes les sources de tentations (dont l’alcool et les drogues), 4) Qu’il s’occupe l’esprit, par des activités diverses et variées, tout le temps du processus de sevrage.

 

Et durant cet intervalle de temps, le malade va (ou devra) se créer un grand nombre d’activités personnelles _ en rapport à ses passions : sport, hobbies … _ ou associatives (si le malade le peut), en l’incitant à rencontrer le maximum de personnes et à se faire un maximum de relations durant ces rencontres (à entretenir ensuite).

 

Il est important qu’il s’occupe l’esprit, pour éviter d’avoir des pensées obsessionnelles (le « petit vélo » dans la tête) liée  à l’addiction. Cela constituera une méthode de détournement de son attention par rapport à des addictions et à sa douleur céphalalgique continuelle.

 

L’hydrocéphalie. En général, l’état du malade et le diagnostic est connu par le malade et cette maladie est facilement détectable par l’imagerie médicale ou par la forme du crâne (ces cas d’hydrocéphalie _ causant une céphalée tenace _ sont et restent des cas très rares).

 

La présence d’une tumeur, qui comprimerait la masse cérébrale.

 

En cas de tumeur, douleur peut-être intense.

En général, la douleur est toujours localisée à l’endroit de la tumeur (mais il arrive que des douleurs ne soient pas localisées à l’endroit qui comprime un nerf, dans le cas de certaines arthroses cervicales). En général, la douleur d’une céphalée de tension est toujours symétrique par rapport à l’axe ou plan vertical qui va du milieu du front au milieu de l’occiput (c’est-à-dire par rapport au plan sagittal). Chez certains patients, la céphalée de tension est toujours localisée sous la forme d’une barre frontale, chez d’autres toujours localisées à l’occiput, chez d’autres sur les deux tempes (et à l’arrière de la tête), chez d’autres uniquement dans le cou et à l’arrière du crâne, chez d’autres toujours sur tout le pourtour du crâne. Mais en général toujours symétriques par rapport au plan sagittal.

Sinon, je n’ai rencontré qu’un seul cas d’une céphalée de tension qui était dissymétrique par rapport au plan sagittal et qui était toujours localisée sur le côté gauche du crâne et pour laquelle on n’avait rien décelée à l’IRM. Comme cette céphalée pouvait être variable dans le temps, j’en avais conclu que cette dernière était plutôt d’origine psychosomatique.  Selon l’emplacement de la tumeur, certains peuvent être opérées (opération lourde donnant de bons résultats) d’autres non.

 

La présence d’un AVC (accident vasculaire cérébrale).

 

Le plus souvent la douleur est d’apparition soudaine, fulgurante ou intense, et est localisée (à l’endroit de l’hémorragie cérébrale).

Dans le cas d'un AVC, il peut y avoir les signes suivants (mais pas nécessairement tous en même temps)[3] :

·        Perte de la motricité et de la force d'un bras, d'une jambe, de la moitié du visage (déviation de la bouche) ou de la totalité d'un côté du corps (hémiplégie).

·        Perte de la sensibilité d'un bras, d'une jambe, de la face ou de tout le côté d'un corps.

·        Difficulté soudaine à trouver les mots ou à les exprimer.

·        Trouble soudain de l'équilibre et de la marche, pouvant conduire à la chute.

·        Perte soudaine de la vision d'un œil ou vision trouble, due à des troubles de l'accommodation (Cette vision troublée peut apparaître 12 heures avant l'AVC, pendant quelques minutes, puis disparaître).

·        Maux de tête violents et intenses, sans qu'aucun signe ne survient avant la crise.

 

En cas de ces symptômes, il faut agir très vite et appeler d’abord le SAMU (urgences médicales) au 15 (sinon, il y a d’autres n° d’appel d’urgence : le 17 (la police), le 18 (les pompiers) le 112 (numéro d'urgence européen)).

 

Une forte hypertension (chez certaines personnes âgées), qui peut être cause aussi de céphalées de tension.

 

Pour les deux cas précédents, les facteurs de risque sont l'alcoolisme, le diabète, le tabac, l'âge, des antécédents familiaux ... voire l'obésité.

Il faut recommander à ces personnes une bonne hygiène de vie : une bonne alimentation hypoglycémique … équilibrée …, faire un sport modéré, comme la marche à pied et la randonnée pédestre.

 

Dans tous les cas, surtout quand je décèle chez certains ont une mauvaise hygiène de vie _ une vie trop sédentaire (sans aucune activité sportive), le fait de manger des aliments riches (ou trop caloriques) en trop grosse quantité, déséquilibrée _ le fait de manger trop de fritures, de frites, de viandes, de hamburgers, trop de sucrerie … _ (voir le fichier ci-joint sur l’indice glycémique), je conseille toujours une activité sportive _ randonnée pédestre, ballade en vélo  ou marche au moins ½ h par jour (surtout si l’on  a une tension supérieure à 14).

 

La présence d’une méningite (cérébro-spinale) bactérienne (qui est une infection grave) : Dans le cas des méningites bactériennes, les symptômes de la méningite sont de forts maux de tête, la raideur de la nuque, la difficulté à supporter la lumière, etc. Ces symptômes nécessite de consulter le corps médical d’urgence (voir son médecin d’urgence). S’il confirme le diagnostic, le malade et son entourage seront soumis à un traitement anti-méningite avec l’antibiotique approprié. En général, on peut sauver le malade si l’infection est prise à temps.

 

Si ces cas précédents se présentaient, je conseillerais le malade de consulter immédiatement les urgences d’un hôpital, sans tarder.

Mais pour l’instant, ces cas ne sont pas heureusement arrivés au sein de l’association.

 

Note : L’immense majorité de patients, consultant notre association, sont des malades souffrant de céphalée de tension depuis longtemps et pour lesquels les traitements médicaux classiques restent impuissants.

 

Je recherche encore d’autres causes organiques comme :

 

Un trauma crânien, un coup du lapin, un choc violent sur la crâne (ou sur une des première vertèbres (l’Atlas ou C1)).

 

Car il arrive que suite à un accident automobile violent ou un choc violent, la personne choquée souffre d’une céphalée de tension durable dont il n’arrive plus jamais à se débarrasser (qui ne se résout pas)). Bien que le patient vit avec des céphalées constantes depuis le choc, il arrive que l’examen IRM n’arrive à rien détecter. Dans ces derniers cas, en général, cette céphalée (liée à un choc traumatique) et l’handicap associé sont _ quand même _ reconnus médicalement[4].

Je peux envisager cette dernière piste, en cas de trauma crânien, choc sur le crâne dans un passé proche ou lointain. Mais même si cette piste pourrait être envisagée dans ces derniers cas, elle n’est pas certaine. Elle peut être au contraire une fausse piste, 1) soit parce que le choc sur la tête s’est produit bien avant la date de départ de la céphalée (et n’a rien à voir), b) soit bien après[5].

Il faut faire attention que cette piste n’en dissimule pas d’autres (tout comme une poupée gigogne peut en dissimuler une autre cachée).

 

J’ai aussi examiné deux autre cas de patients (ayant contacté l’association) qui ne concernaient pas les céphalées de tension :

 

1)      Un cas de migraine particulièrement résistante aux traitements médicamenteux classiques (tels que Triptans …). A cause de sa migraine tenace, la malade était au chômage depuis longtemps. Or c’était bien une migraine, mais une migraine spéciale … particulièrement chronique/permanente (ce qui est très rare)[6]. Dans son cas, j’ai soupçonné, un abus médicamenteux lié à sa migraine. Je lui ai alors donné des conseils sur ce sujet (en lui en indiquant que, si elle souffrait d’un abus médicamenteux, d’envisager un sevrage en milieu hospitalier et dans sa région). Et comme je le fais à chaque fois, je l’ai conseillé de ne pas de couper du monde _ par exemple, en essayant d’avoir des activités associatives, d’aller à la rencontre de ses amis (ou de les relancer) etc. (Note : Dans de tels cas, la douleur migraineuse est souvent intense, insupportable).

2)      Une névralgie d’Arnold. La douleur violente du malade avait la forme de "décharges électriques" ou de "brûlures" sur une partie de la face et de l'œil. Je lui ai conseillé de contacter les associations de soutien aux malades souffrant de névralgies d'Arnold, comme Association A.P.S.N.A. (www.arnoldalgie.com)[7] [8].


 

 

2      Causes psychologiques

 

Quand les pistes de causes organiques, mécaniques, infectieuses sont éliminées, j’aborde alors les causes psychologiques.

 

Note : je précise ici, que beaucoup de médecins, face à des céphalées de tension tenaces sur plusieurs années, ont tendance à y voir la conséquence :

 

a) soit de maladies psychiatriques lourdes _ schizophrénie, trouble bipolaire … _ cause de douleurs « mystérieuses » ou d’origines inconnues (ou « neuropathiques »),

b) soit d’un fond dépressif, anxieux et/ou hypocondriaque ou d’une névrose (obsessionnelle ou non), avec une focalisation obsessionnelle sur ses petits maux (et « bobos »), chez le patient[9].

 

De mon côté, j’ai une appréhension bien plus large des causes de ces céphalées, y voyant souvent des causes psychosomatiques, pouvant conduire jusqu’à des dérèglements cérébraux durables (jusqu’au « syndrome de sensibilité centrale ») _ ces derniers types de syndromes étant difficiles à résoudre (y compris par les techniques de thérapie comportementales, TCC et autres).

Et de plus, je n’ai pas tendance à minorer systématiquement la douleur du patient.

 

Durant ce processus d’enquête sur des pistes d’éventuelles causes psychologiques, il faut surtout éviter de culpabiliser, de dévaloriser ou « prendre de haut » le patient (en le considérant juste comme une « petite chose », un « souffreteux »). Le malade doit toujours être respecté, dans sa personnalité etc. ….

 

Mes convictions actuelles concernant les céphalées de tension sans cause organique visible :

 

Je n’ai pas de certitudes absolues concernant les catégories de céphalées de tension chroniques qui semblent d’origine psychologiques (du moins celles sans cause organique visible).

 

Et comme je n’ai aucune certitudes, c’est la raison pour laquelle j’essaye d’obtenir le maximum d’informations sur les symptômes, les variations éventuelles, les possibles causes déclenchantes de la céphalée, le contexte psychologique qui aurait pu les déclencher à l’origine ou qui pourrait les entretenir. La biographie (l’histoire) du malade peut être importante (pour moi, du moins).

 

A force de discuter avec les malades et de rencontrer des cas complexes, il m’a semblé distinguer deux grands axes de céphalées aux causes « psychologiques » ou aux causes connexes :

 

1)      Les céphalées de tension clairement d’origine psychosomatique[10] (peut-être 80% des céphalées ayant des causes « psychologiques »).

2)      Des céphalées de tension qui seraient plus liées à un dérèglement du système nerveux central et du système de gestion de la douleur (des céphalées dont les causes seraient alors encore très difficile à éclaircir. Et pour lesquels on peut trouver tantôt une cause psychologique originelle et/ou un choc émotionnel intense ou un surmenage grave qui serait à l’origine du dérèglement neuronal central. Ou bien pour lesquelles, on ne trouve rien, y compris dans l’enfance la plus lointaine _ ce sont les cas les plus perturbants ou difficiles à comprendre et à analyser scientifiquement _ nous tenterons de revenir sur ces derniers cas et pour tenter de comprendre ces cas très mystérieux).

 

Il est possible qu’il y ait des ponts entre ces deux dernières catégories (maladies psychosomatiques et maladies liées à un dérèglement durable du système nerveux central), mais les ponts me semblent, pour l’instant, difficiles à établir[11]. Mais la médecine a déjà constaté que des maladies graves peuvent se développer chez des personnes soumises à des stress durables, graves et/ou répétés et à des stress post-traumatiques[12].

 

En attendant, j’essaye de découvrir chez le patient :

 

1)      S’il a déjà eu plusieurs épisodes dépressifs, dans sa vie, avant la survenue de la céphalée (que ce fond dépressif soit congénital ou créé par des causes extérieures « dépressivogènes » liées à son histoire).

2)      S’il n’y a pas chez lui des formes de raisonnements et d’associations d’idées délirantes (dans ce cas, je rechercherais avec lui s’il n’a pas été diagnostiqué, au niveau médical, comme bipolaire ou schizophrène). Là il faut avancer avec prudence, sur des œufs, … les patients ayant été informé de leur maladie, par le corps médical, n’aimant pas en parler ou minimisant (ou ne reconnaissant pas) le diagnostic médical. Là les seuls traitements, pour les personnes schizophrènes et bipolaires, sont les neuroleptiques (psychotropes), voire les TCC. Dans le cadre des TCC, on incite alors ces malades à participer à des activités diverses _ associatives ou non, ateliers récréatifs (ateliers bois, peinture, travaux sur les plastiques, la terre, les métaux …) _ et à éviter de se replier sur soi. (à noter que les cas de personnes schizophrènes ou bipolaires, souffrant de céphalées de tension chroniques, sont rares[13] [14]).

3)      S’il n’y a pas chez lui  un fond anxieux _ que ce fond soit congénital ou créé par un contexte anxiogène à découvrir. (à suivre).

 

Dans ma méthode, je laisse parler le malade tout en tentant de lui poser le maximum de questions.

Il y a une part intuitive dans mes recherches qui s’orientent en fonction des réponses successives des malades.

Parce qu’au détour de la conversation, il arrive souvent que le malade me confie une information ou un souvenir, qui peut ne pas lui sembler important, mais qui peut avoir son importance.

 

Toute information même la plus minime, même si elle n’est pas a priori significative, peut déjà me permettre de me faire une première idée de la psychologie du malade (s’il est anxieuse, combattive etc. …) et de ses soucis etc.

 

Cette recherche peut ou pourrait aller jusqu’à la connaissance des TOC _ i.e. les « troubles obsessionnels compulsifs » _, les rêves du malade (même si je ne crois pas  vraiment, pour l’instant, à l’intérêt de la connaissance des rêves dans mon enquête, par exemple, pour mieux cerner la psychologie du malade), si, du moins, les malades me les révèlent (Mais pour l’instant, aucun des malades ne m’ont parlé spontanément de leur rêve)[15].

 

Je reste aussi prudent sur la première impression que donne un malade[16]. Et je ne juge pas[17].

 

Lors de mes rencontres, je découvre toutes sortes de personnalités allant de personnes humbles et modestes, aux personnes « psychorigides », « dominatrices » ou « dictatoriales » (par exemple, certaines voulant « m’imposer » (ou me « forçant » à accepter) leur propre diagnostic ou jugement, sur leur propre céphalée. Il y a des personnes auxquelles il est difficile de faire passer un quelconque message, y compris thérapeutique ….

 

Mais en général, j’ai souvent constaté que les malades  font en général un témoignage honnête de leur céphalée (voire leur biographie en rapport à leur céphalée). Le malade se dévoile surtout quand je reste longtemps en contact avec lui.

 

Le plus difficile c’est d’évaluer le niveau de la douleur du malade (car il toujours difficile d’être à la place d’un autre et de comprendre sa douleur, qu’il dit, le plus souvent, intense[18]).

 

Mais en général, j’ai tendance à croire le malade quand il a affirmé que sa douleur l’épuise, le déprime, l’empêche, en permanence, de se concentrer, le handicape, l’empêche de travailler ou lui a fait perdre à plusieurs reprise son emploi[19].

 

Et je connais  aussi toutes les conséquences de ces douleurs chroniques sur le long terme _ fatigue intense chronique, induction d’une déprime ou d’une dépression qui vous fait perdre l’espoir, envies suicidaires, l’angoisse du retour de ces céphalées (quand elles reviennent régulièrement par crise) … [20].

 

Enfin, j’ai aussi constaté que tout le monde n’est pas égal face à la résistance à la douleur.

Mais dans tous les cas, cette douleur permanente est toujours dure à vivre pour tous les malades (sinon, ils ne contacteraient pas l’association).

 

Causes psychosomatiques :

 

Concernant les causes psychosomatiques, j’ai trouvé des pistes intéressantes, comme des maltraitances psychologiques[21], durant l’enfance, qui pourraient être des pistes probables, envisageable et/ou valables de causes déclenchantes de la céphalée du malade (déjà, j’ai rencontré au moins 6 cas, au sein de l’association, où la maltraitance psychologique et son lien avec la céphalée actuelle du malade semblent souvent reliées)[22].

Et dans d’autres cas, où un surmenage a été la cause originelle de la céphalée de tension chronique.

 

D’une manière générale, les traumas psychologiques peuvent aussi constituer des candidats sérieux concernant les causes déclenchantes.

 

Mais aussi les facteurs de stress, quand ces stress sont violents ou installés durablement, sont à envisager.

 

Donc dans ma méthode, je recherche :

 

1)      Les signes de maltraitances psychologiques _ surtout durant l’enfance _, tels que a) rejet de l’enfant par un des ou les parents, b) les abandons affectifs, c) la dévalorisation (ou la disqualification) régulier de l’enfant, d) la culpabilisation régulière de l’enfant, e) des agissements pervers contre l’enfant de la part de proches (y compris de parents)  …

2)      Les traumas psychologiques passés (en général, de traumas plutôt graves) (y compris un décès brutal d’une personne proche que le malade aimait beaucoup …).

3)      les facteurs de stress (de de contrariétés), actuels ou passés, qu’ils soient professionnels, sociaux ou familiaux (note : des actes pervers peuvent renforcer le stress interne permanent du malade).

4)      Des facteurs de souffrances psychiques (un harcèlement moral, des maltraitances et perversions de la part de proches, de collègues ou de supérieurs, au travail, un décès, un désamour de la part de proches, un isolement moral etc. …).

 

Deux exemples :

 

Par exemple, Christine qui souffrait de très fortes céphalées très douloureuses, depuis plus d’un an, a pu les résoudre suite à la constatation que sa sœur agissait contre elle (et ses intérêts) et qu’elle avait une très mauvaise communication (ou mauvaise relation) avec sa fille. Sa céphalée a diminuée quand elle a pu surmonter la souffrance psychique causée par le rejet (considéré comme injuste) de sa sœur et quand elle a pu rétablir la communication avec sa fille.

(Elle m’avait précisée qu’elle avait une enfance heureuse. Mais qu’elle avait un fond anxieux).

Cela a été  aussi le cas d’une mère de famille d’origine turque, qui avait été « ostracisée » (isolée / « mis au banc de toute sa famille ») à l’instigation de son père, un homme « dictatorial » (qui l’avait d’ailleurs maltraité et battu, durant son enfance), quand elle avait divorcé, au bout de 8 ans de mariage, de l’homme que son père lui avait fait épouser.

 

Sa céphalée, qui l’accablait durablement, depuis le rejet de toute sa famille (il y a un an), a pu diminué ensuite : 1) dès qu’elle a pu surmonter la douleur psychique permanente (et la blessure morale) qu’elle ressentait face à ce rejet familial unanime et face à l’impression d’immense injustice (alors qu’elle était frappée et maltraitée régulièrement par son mari durant 8 ans), 2) dès qu’elle a pu s’éloigner (moralement) de toute sa famille qui ne lui faisait pas du bien (mais cette démarche d’éloignement de sa famille était dure pour elle).

 

Mais même si ces pistes sont intéressantes, j’essaye de ne pas me focaliser qui sur celles-ci (pas plus, pas moins que d’autres pistes). J’essaye aussi d’explorer d’autres pistes … car Il faut éviter les effets d’aveuglement « scientifique », en risquant de ne se focaliser que sur une seule piste.

 

J’essaye aussi de voir si le malade n’aurait pas des prédispositions aux maladies psychosomatiques _ si il n’a pas eu des antécédents d’eczémas, de dermites, de lombalgie, de colopathie, de céphalées, d’asthme … (surtout durant l’enfance)[23].

 

Découvrir les causes  de sa céphalée nécessite une véritable enquête policière. Et comme ce sont des maladies complexes, la vraie cause est souvent difficile à découvrir et souvent cachées derrière d’autres causes apparentes, à la manière de poupées gigognes (Je dis souvent au malade : « un train peut en cacher un autre »).

 

En plus, plusieurs maladies peuvent se superposer. Par exemple, une dépression (congénitale ou non), un trouble bipolaire peuvent se « surajouter » à la céphalée de tension. L’antidépresseur ou le lithium pourra soigner la dépression mais pas la céphalée. (A noter que la persistance d’une céphalée particulière douloureuse peut elle-même induire une grave dépression à la longue).

 

Par exemple, un malade souffre depuis l’âge de 18 ans de céphalées de tension chronique et il a maintenant 73 ans, et il en souffre toujours, alors qu’il est à la retraite, qu’il a une famille (en apparence heureuse) et deux enfants et qu’il affirme n’avoir aucune contrariété.

 

Selon ce patient son père était « sadique », sans cesse « dévalorisant » (qui le déconsidérait sans cesse), « pervers », « névrosé », manifestant un rejet constant à son égard (Selon ce patient, pour se débarasser de lui, il l’avait mis en pension dès l’âge de 7 ans).

Sa mère était dépressive, ayant fait plusieurs séjours dans un établissement psychiatrique spécialisé en Suisse. Mais quand elle était là, aimante, quoique « étouffante ».

Le patient se sait d’une nature dépressive. Suite, à des tentatives de suicides, on l’a mis sous antidépresseurs et lithium. Une fois, il a voulu arrêter le lithium et s’est retrouvé de nouveau gravement suicidaire, 6 mois après son arrêt.

Il sait désormais qu’il doit en prendre à vie. Et depuis, qu’il prend du lithium, du Seroplex (un antidépresseur), il va mieux. Mais tous les médicaments pris _ Lithium, Seroplex, Lyrica, actuellement, et, dans le passé, Surmontil (antidépresseur et anxiolytique) _ n’ont aucun effet sur ses céphalées. En 50 ans, il a tout essayé : massage cervicaux, tente à oxygène … sans aucun résultat …

 

Idem pour quelques cas rares de schizophrénies : les neuroleptiques et autres médicaments pris ensemble agissant efficacement sur les troubles schizophréniques (hallucinations, raisonnements associatifs délirants …), mais pas, malheureusement, sur la céphalée de tension du malade.

 

Par exemple, un malade_ que je connais _ souffre depuis très longtemps de céphalées de tension _ chez lequel on a diagnostiqué tardivement une schizophrénie. Il prend actuellement du Depakote (un régulateur de l'humeur _ un « antithymique »), du Ziprexa (neuroleptique prescrit dans le traitement de la schizophrénie), de l’Efexor (un antidépresseur) et de l’Abilify (indiqué dans le traitement de la schizophrénie). Sa schizophrénie est parfaitement contrôlée mais pas sa céphalée. Simplement, les antidépresseurs pris réduisent son fond douloureux mais ne le font pas disparaître définitivement.

 

Il y a des cas de douleurs céphalalgiques (liées aux céphalées de tension), comme ces derniers cas, qui sont très résistants aux psychotropes.

A noter, d’ailleurs, que la douleur céphalalgique « pharmaco-résistante » des 2/3 des malades de l’association, et résistante à la plupart des traitements psychologiques (TCC) et aux techniques de relaxation et à l’hypnose[24], les conduisent vers l’association pour tenir de trouver de nouvelles thérapies et l’espoir d’une guérison.

 

Sinon, quand on est partisan des thérapies psychosomatiques  _ce qui est mon cas actuellement _[25], on se convainc que si la céphalée est résistante à la thérapie analytique et comportementale, c’est qu’on n’aurait pas exploré la bonne piste psychosomatique. Par exemple, on avancera l’hypothèse que si une personne souffre _ à encore à plus de 70 ans  _ de céphalées de tension chronique (durant plus de 50 ans), c’est qu’elle n’aurait pas dû encore surmonter un trauma passé (tel un facteur de stress ancien et caché).

 

Ce facteur de stress (ou ce trauma) non surmonté peut être aussi, par exemple, le fait « d’avoir été accusé, ou culpabilisé d’une façon grave, à plusieurs reprises, par la famille, pour des fautes non commises (durant l’enfance) ».

Ou encore le fait d’avoir été « dévalorisé » systématiquement pour un trait physique, une incapacité imaginaire ou non,  une impuissance physique etc. Ces mots blessants ayant créé un stress intense, puis un état de stress post-traumatique, qui peut « ronger » littéralement le malade (par la blessure ou la douleur psychique générée).

 

Découvrir cette cause, et la surmonter par un long travail intérieur _ destiné à se changer, à changer ses comportements inadaptés (telle une tendance maladive à la se culpabiliser ou à ressasser une douleur morale etc.), par une maîtrise et bonne gestion de son stress, par un travail intérieur destiné à avoir plus confiance, en soi, à surmonter la douleur …. par exemple, par un travail de valorisation de soi, auprès de sa famille, de la société, des collègues (par l’obtention d’un statut, d’une réussite qui devraient vous permettre de vous valoriser) _ par le rétablissement de meilleurs relations avec les proches, des relations apaisées sans conflit _ …_ … devrait permettre au malade de trouver la bonne porte de sortie de sa céphalée … et cela uniquement par des moyens psychiques (juste par son travail intérieur).

 

Mais malheureusement, il existe des cas « mystérieux » _ par exemple certaines céphalées de tension chroniques apparaissant suite à un surmenage grave (burnout) _ face auxquels toutes les thérapies « psy » semblent échouer.

 

Si leur céphalée est bien causée par des traumas psychologiques ( ?) alliée au fait qu’ils n’arrivent pas à sortir de leur céphalées chronique malgré toutes les thérapies tentées, tout cela donne l’impression aux malades que des traumas psychologiques  sont comme des malédictions (impossible à résoudre) les poursuivant toute leur vie et avec lesquels « il faut (ou faudrait) faire avec ».

 

Que l’on pense que le burnout est liée à une fragilité psychologique ou un fond anxieux (que le malade ait eu une enfance heureuse ou non), le problème, ici, est que confronté à ces céphalées très particulières (et rares), on ne parvient pas résoudre leur persistance et leur très grande résistance à tout traitement qu’ils soient médicamenteux ou psychothérapiques.

 

Ce constat ci-avant semble donc aller à l’encontre de l’espoir que j’essaye d’entretenir chez les malades de l’association[26]. Et de plus, arrivé à ce point, je dois alors leur avouer que je « sèche » et que « je suis dans le brouillard », face à ces cas très résistants[27].

 

Causes liées à une « hypersensibilité centrale » :

 

Face à ces cas résistants, on arrive dans un domaine inconnu où l’on est, un peu, comme un explorateur  qui doit décrypter le code maya. C’est comme si on avait toute les pièces du puzzle en main mais qu’on n’arrivait pas à les assembler (réunir).

 

Pourtant certaines pièces particulières du puzzle sont pourtant là, telles que :

 

1)      Le cas de deux jeunes adultes (une jeune femme et un jeune homme qui ne se connaissent pas) dont la céphalée de tension chronique est apparue vers l’âge de 12 ans … sans cause déclenchante visible. Tous les deux ont eu une enfance heureuse. Ils n’ont pas été la tête de turc de qui que ce soit, durant leur enfance etc. Tous les deux sont actuellement reconnus comme handicapés adultes, après avoir été reconnus handicapés enfants (aucun des deux n’ont pu réussir leurs examens et études, du fait de leur céphalée) [28]. Ce qui invaliderait _ dans ces derniers cas _ l’hypothèse psychosomatique ou psychique et nous guiderait plus vers l’hypothèse d’un dérèglement cérébral (peut-être liée à de mauvaises relations intra-chimiques, « neuro-médiatiques », à une mauvaise filtration des stimuli stressants entrants, au sein du cerveau ou encore peut-être liée à une production anormale et congénitale de certaines hormones (hormones du stress, cortisol ( ?) etc ( ?))).

2)      Le fait qu’une expérience scientifique (au Danemark ?) a montré que l’intensité de la douleur ressentie liée à la céphalée de tension ne soit pas corroborée par les relevés électromyographiques (montant qu’il n’y a pas de rapport probable entre les possibles contractions musculaires _ péri-crâniennes _ et la douleur ressentie). Ce qui indiquerait  alors que même si  le malade a l’impression que sa douleur est en étau et donc semblerait liée aux muscles péri-crâniens … en fait sa douleur serait surtout liée à une image douloureuse créée, par le cerveau, au niveau du système nerveux central ( ?). Sa douleur serait liée des mécanismes centraux et non périphériques.

3)      Le cas d’une française souffrant d’insensibilité congénitale à la douleur et qui a ressenti une unique douleur physique de sa vie _ ayant l’apparence d’une céphalée de tension (selon la description qu’elle en a faite) _ suite à la douleur morale ressentie au décès brutal de son frère (qu’elle aimait beaucoup) dans un accident automobile. Comme elle n’a aucune terminaison nerveuse qui lui permet de ressentir la douleur physique, donc on pourrait supposer que la douleur physique ressentie _ ayant l’aspect sensoriel d’une céphalée de tension  _ ne serait pas liée aux terminaisons nerveuses péri-crâniennes, mais serait générée uniquement au sein du cerveau central (au sein du système de gestion de la douleur).  Le  fait que la douleur semble localisée sur le pourtour du crâne ne serait donc due qu’à une illusion sensorielle.

 

Sinon, j’avais décrit mon propre cas (!), qui s’est déroulé en deux phases :

 

1ère phrase (qui a duré ~ 4 ou 5 ans) : Ma céphalée s’était déclenchée brutalement et d’une manière fulgurante, suite à un surmenage grave (en octobre 81). Puis suite à un repos absolu d’un mois (sans perturbation quelconque), durant l’été 2004 ou 2005, j’avais réussi à réduire (un peu) la céphalée et à résoudre totalement mon insomnie « totale ». Ce dernier constat irait donc dans le sens de l’hypothèse du dérèglement cérébral central.

 

Mais par contre lors d’une 2ème phrase (qui a duré plus de 25 ans) : le fait qu’ensuite ma céphalée varie (selon des facteurs que j’ai d’abord du mal à cerner), dans les années qui suivent, tendrait à prouver, a contrario, que ma céphalée est ou serait d’origine psychosomatique.

 

Donc, difficile à faire la part, chez un bon nombre de malades, entre origine psychosomatique et dérèglement cérébral central, pour expliquer la céphalée de tension (et sa genèse). Peut-être qu’il y a un peu des deux en eux ( ?).

 

Si la céphalée de tension est d’origine psychosomatique, il y a un réel espoir de la guérir.

Mais si la céphalée de tension est liée à un dérèglement cérébral central, l’idée même de la résoudre semblerait alors plus ardue (et l’espoir d’une guérison « facile » et aisée pour les malades, qui en souffre, semblerait se réduire).

 

Dans tous les cas, même si la céphalée est déjà présente chez le malade depuis 10, 20, 30 ou même 50 ans, je dis toujours au malade de ne pas baisser les bras et de continuer à se battre (et même si le corps médical ne nous aide pas beaucoup et ne semble pas éprouver beaucoup de compassion pour ces malades si particulier à la maladie si mystérieuse : déjà combien, il est dur, pour ces malades « mystères », d’obtenir la « reconnaissance handicapé »).

 

Il est possible qu’on trouve enfin la cause du dérèglement cérébral. Par exemple qu’elle soit liée :

a)      soit à des dérèglements hormonaux (thèse d’un professeur neurologue de Lariboisière) … mais lesquels ?,

b)     soit aux neuromédiateurs,

c)      soit aux systèmes de filtration des stimuli dans le système de gestion de la douleur ( ?).

d)     etc.

 

Certains malade ont attendu pendant longtemps (parfois plus de 20 ans) que 1) le corps médical se décide enfin à mettre tous les moyens en œuvre pour le aider ou/et 2) le miracle du ciel.

Or face à ce constat d’échec permanent, ils ont l’impression d’avoir perdu leur temps et leur vie à attendre une aide efficace enfin du corps médical qui n’est jamais venue.

Face à cela, je leur dis qu’il ne faut pas trop attendre du corps médical[29], parce le corps médical est, lui-même, dans le « brouillard » (et souvent les prescriptions[30], qu’il donne, illustrent justement qu’ils n’y voient pas « clairs »[31] face à cette maladie mystérieuse).

Un malade m’a dit qu’il avait perdu beaucoup de temps à attendre (et à se reposer des années entières) et qu’il avait donc décidé de se consacrer désormais aux personnes qui souffrent, eux-mêmes, et aux plus démunis.

Et dans ce cas, je l’ai vraiment soutenu dans sa démarche. Car si sa démarche peut être un moyen de se sortir du cercle vicieux de la douleur, dans laquelle il est enfermé depuis plus de 20 ans, alors elle est bonne à prendre (à mon avis, du moins).

Même si c’est dur, je dis toujours au malade qu’il ne faut jamais perdre espoir. Comme on dit « Aide-toi (d’abord), le ciel t’aidera ».

Quand au diagnostic final, il reste du ressort des médecins, même si ces derniers restent souvent dans le « brouillard », concernant la compréhension intime de cette maladie.

 

Benjamin LISAN

Président de l’Association Papillons en cage

Association Papillons en cage (+) : http://www.cephaleesdetension.co.nr

(+) Association Française de Soutien aux Personnes Souffrant de Céphalées de Tension Chroniques.



[1] Je n’aide au diagnostique que parce que cette maladie est encore très mal connue scientifiquement et par le corps médical. En effet, « En dépit de sa grande fréquence, la céphalée de tension n’a pour l’instant bénéficié que peu d’attention du corps médical. Cela explique en partie le faible nombre d’étude qui lui ont été consacrée et ce faisant les mécanismes exacts de la céphalée de tension restent à ce jour méconnus. », in Céphalées de tension, rumeurs & réalités, docteur Michel Lantéri-Minet, Editions MEDI-TEXT, 2008, page 14.

[2] Si c’est le cas, on aurait alors affaire à une céphalée de tension secondaire.

[3] Lorsqu’on suit une formation aux premiers secours (FPS), on vous apprend des abréviations mnémotechniques vous permettant de vous souvenir de ce qu’il faut faire en cas de soupçon d’AVC, comme, 1) en anglais, FAST (face (visage), arm (bras), speech (parole), time (temps)).

[4] Même en l’absence de la preuve d’une lésion détectée à l’IRM. Ce dernier exemple montre d’ailleurs que l’IRM ne constitue pas le moyen de diagnostic absolu de toutes les causes de céphalées de tension qui ne seraient d’origine psychiques (i.e. psychosomatiques).

[5] Par exemple, vers l’âge d’un an, quelqu’un qui me portait sur ses épaules, m’a lâché et je suis tombé tête la première dans un escalier raide. On m’a apporté à l’hôpital, mais il a semblé que cette chute sur ma tête n’avait pas laissé de séquelles.  Puis, durant mon enfance, j’ai subi des coups violents sur ma tête (vers 7 ans etc. …). Mais c’était longtemps avant l’apparition de ma céphalée chronique en octobre 1981. Par ailleurs, en 2007, j’ai eu un accident de parapente, où je suis tombé la tête la première dans un pierrier (le choc sur le crâne a été violent). Heureusement, je portais un casque (l’accident a provoqué un état de choc de 2 heures, avec nausées et centaines de phosphènes. Mais la radiographie n’a rien décelée). Et c’était nettement après le début de mes céphalées. Ces exemples montrent qu’on peut envisager ces pistes mais qu’elles ne constituent pas des critères diagnostiques sûrs (loin de là).

[6] Elle était caractérisée par une sensation de battements, de milliers d’aiguilles … voire d’une intolérance à la lumière, de nausées, de points scintillants (phosphènes) (et de différents autres phénomènes visuels regroupés sous le terme d’aura migraineuse).

[7] L’objectif essentiel de cette association est de :

1)      recenser toutes les personnes souffrant de névralgies d’Arnold,

2)      faire reconnaître cette maladie comme maladie invalidante auprès des pouvoirs publics,

3)      la faire connaître au grand public,

4)      aider, conseiller et améliorer la qualité de vie des malades.

[8] Et dont j’ai donné les coordonnées par mail à cette personne (car j’avais déjà contacté cette association, auparavant).

[9] Du moins, si ces derniers médecins ne détectent pas de troubles psychiatriques graves chez le patient et qu’ils constatent que le patient de souffre pas de raisonnements et d’associations d’idées délirantes. Et dans ce dernier cas, les médecins ont tendance alors à minimiser la douleur du patient/

[10] La science des maladies psychosomatiques est complexe. Les relations de causes à effets, entre stress, traumas etc. et les maladies psychosomatiques, sont complexes et ne suivent pas les mêmes enchaînements causaux (elle se différente selon qu’on a affaire à une lombalgie, un asthme, un eczéma ou une dermite, une céphalée de tension. Selon les cas, pourront intervenir des liens nerveux, chimiques, des neuromédiateurs, des hormones, différentes enzymes ou protéines etc.

[11] Bien que je pense intuitivement que ces ponts existent. Selon mon hypothèse un stress trop continuel pourrait induire à la longue des dérèglements cérébraux. Et souvent on observe qu’après un surmenage grave (« burn out »), malgré un repos de longue durée, le malade souvent n’arrive pas à récupérer.

[12] Selon certains facteurs de prédisposition et la résistance psychologique du malade, ces stress répétés peuvent causer, par exemple, des dépressions graves, conduire à des surmenages graves (burn out) etc. Une dépression grave, établie sur une longue durée, peut conduire à une « immu-dépression » des défenses immunitaires du malade, elles-mêmes, pouvant conduire à une fragilisation chronique, du malade, face aux maladies, jusqu’à l’apparition de cancers. Source : Un lien entre stress et cancer ? Une étude conduite sur les cellules cancéreuses en culture indique qu’une hormone de stress pourrait favoriser la croissance tumorale. http://www.arc-cancer.net/Actualites/article/Un-lien-entre-stress-et-cancer.html (Eric Yang et col., « Brain, Behavior and Immunity », 2 février 2009. Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com (article en anglais, accès payant)).

[13] Je ne suis, personnellement, pas certain que les psychoses maniaco-dépressives ou une schizophrénie (larvées ou déclarées) interviennent dans la genèse des céphalées des malades. Personnellement, je suis plus convaincu par la thèse qu’un tresse originel intense survenu dans la prime enfance, sur un terrain prédisposé, peut entraîner des modifications de la conductivité neuronale (ou des dérèglements neurobiochimiques du cerveau) pouvant alors entraîner, parallèlement, 1) une psychose (troubles bipolaires ou schizophrénie) et 2) une céphalée de tension chronique. Les deux étant difficiles à résoudre  ou à guérir définitivement (même sur le long terme) (que ces maladies puissent être réversibles, quand on élimine leurs causes originelles).

[14] Il est possible que des stress précoces ainsi que des facteurs de prédisposition puissent favoriser en parallèle : 1) la psychose, 2) et la céphalée de tension chronique. Voici ce qu’en dit le professeur Jean-Marie Danion, directeur de l'unité Inserm  Physiopathologie et Psychopathologie cognitive de la schizophrénie, de l’Université de Strasbourg : « Interactions : Parmi les facteurs non génétiques augmentant le risque de schizophrénie, certains interviennent très précocement, dès la vie fœtale ou la naissance. Le risque est ainsi augmenté chez les personnes nées d'une mère ayant souffert d'une maladie infectieuse ou métabolique, d'un état de malnutrition ou de stress excessif durant la grossesse, ou ayant eu un accouchement difficile à l'origine d'une hypoxie de l'enfant. Ces facteurs ne sont cependant en cause que dans un petit nombre de cas. Des traumatismes psychologiques graves survenant dans l'enfance sont également incriminés. L'isolement social consécutif à l'urbanisation et à l'immigration peut aussi contribuer au développement de la maladie. […] Les recherches s'orientent dorénavant vers l'analyse des interactions entre les gènes de vulnérabilité et les facteurs non génétiques: c'est la rencontre entre des facteurs de risque et un terrain génétiquement vulnérable, précisément pour ces facteurs, qui expliquerait au mieux le développement de la maladie. Il est ainsi hautement vraisemblable que la schizophrénie résulte d'interactions multiples et complexes entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, dont les effets sont d'autant plus importants qu'ils interviennent, lors de l'enfance et de l'adolescence, dans une dynamique de développement du cerveau et de construction de la personnalité. Ces facteurs se conjuguent pour perturber cette dynamique et altérer la communication entre les différentes régions du cerveau, ce qui pourrait constituer la voie finale commune de la schizo­phrénie. […] ». Source : «La schizophrénie est-elle héréditaire ?», Jean-Marie Danion, http://sante.lefigaro.fr/actualite/2010/06/13/10268-schizophrenie-est-elle-hereditaire

[15] Personnellement, je n’ai rien à cacher. S’il le faut j’exposerais mes rêves, si cela peut faire avancer la recherche. Le problème est que la psychiatrie classe les malades en catégories « psychiatriques » en fonction de l’entretien mené par le médecin avec le malade (ou en fonction de ce qu’il déclare). Or ce type de catégorisation est très subjectif et à l’appréciation du psychiatre. Et par exemple, pour un psychiatre, une augmentation du nombre de rêves très riche en contenu peut signifier pour lui que le malade risque d’entrer en phase dépressive. Alors que pour un psychologue, cela peut vouloir dire tout autre chose. En ce qui me concerne, actuellement, j’ai eu récemment 1) des rêves « valorisants », par exemple où je vivrais un grand amour _ par exemple, ce matin, je rêvais qu’une femme très brillante (très intelligente), qui m’aimait et me retrouvait d’une façon astucieux  _ en laissant à ma disposition un tel portable original, à partir duquel je devais appeler un n° inconnu _, après mon retour dans une ville inconnu, ressemblant à Paris-Montmartre, après un long voyage en Alaska … Un amour auquel je n’avais pas d’abord cru, au début dans mon rêve (par scepticisme envers le « grand amour »), 2) des rêves angoissants, avec en général, la peur de rater un avion ou un train, un rendez-vous ou la peur de perdre mes bagages lors d’une correspondance … Qu’est cela signifie que 1) je suis narcissique ou mégalo (pour les rêves valorisants), que je suis 2) angoissé et anxieux, concernant les rêves anxieux ?

[16] Un malade pourrait ne pas savoir se mettre en valeur (alors qu’il a des qualités exceptionnelle), tandis qu’un autre pourrait avoir une forte propension à vouloir séduire tout le monde.

[17] Du moins j’essaye.

[18] En novembre dernier, une moto m’a heurté provoquant un gros œdème et une déchirure musculaire. La douleur de la déchirure musculaire était bien plus supportable que les douleurs céphalalgiques que j’avais connue dans le passé. Donc, la classification internationale des céphalées rangeant les céphalées de tension parmi les céphalées « modérées » me semble être erronée, au niveau des critères diagnostiques et scientifiques. 

[19] Je le crois d’autant plus que j’ai vécu, dans le passé, des douleurs aiguës (intenses) qui ont duré très longtemps (trop), que j’ai perçues, alors, comme « insupportables » ou « insoutenables » et donnant envie de se suicider.

Et je sais qu’à chaque fois que ces douleurs aiguës sont revenues, les pensées suicidaires (de désespoirs) me revenaient à l’esprit (et aussi de colère extrême agressive contre le corps médical, incapable de prendre la juste mesure d’une telle maladie).

Je sais que quand ces céphalées particulières sont intenses, on n’apprécie plus rien, même pas une sortie et un repas avec des amis, une sortie pour un concert de musique, un film, une pièce de théâtre, une balade en forêt, une activité sportive (vélo …) … On a envie que d’une chose, rentrer chez soi, se reposer sur son lit, se couper de tous et même de ses amis … Souvent, on arrive même pas à se reposer sur son lit, tellement la douleur est intense. Il arrive que ces céphalées de tension soient si intenses que l’on ait une envie de vomir permanente ou qu’on ait des vertiges (c’est une impression réellement désagréable pour ceux qui l’ont connu).

[20] J’affirme justement cela pour les avoir connu moi-même.

[21] Avouer que l’on a subit des maltraitances durant son enfance n’est pas facile à avouer devant les médecins (ou des proches), surtout si elles sont psychologiques (donc difficile à prouver). Le fait de l’avouer génère souvent de la suspicion, y compris auprès du corps médical, qui soupçonnent alors le malade d’hypocondrie (de se plaindre excessivement sur son sort). De plus, il y a l’idée générale commune, dans la société, qu’une personne maltraitée (ou ayant subi des perversions), deviendrait lui-même, à l’âge adulte, une personne maltraitante (voire perverse). Que de victime, elle deviendra à son tour bourreau. Bref, le malade n’est pas souvent écouté, cru ou pris au sérieux (ce qui renforce le malade dans sa conviction que sa maltraitance est une malédiction). Heureusement,  toutes les personnes maltraitées durant leur enfance ne deviennent pas nécessairement des personnes maltraitantes. Et au contraire, elles peuvent être de bonnes mères ou de bons pères.

Par ailleurs, certains malades, bien qu’ils aient conscience d’avoir souffert (de ne pas avoir une eu une enfance drôle, heureuse) n’ont pas toujours conscience d’avoir subi des maltraitances psychologiques.

[22] En général, les maltraitances psychologiques, durant l’enfance, font plus de dégâts (psychologiques) que les maltraitances physiques. Car autant on peut résister psychologiquement à ces dernières, il est plus difficile de résister aux maltraitance psychologique..

[23] Personnellement, je sais que j’ai de fortes prédispositions aux maladies psychosomatiques. Par exemple, suite à un fort choc psychique, le 24 décembre dernier, j’ai eu d’abord eu une forte bronchite chronique (qui ne guérissait pas), suivie rapidement d’une « dermite » (que j’ai dû traiter aux pommades corticoïdes) (avec le Dermoval). Ce genre d’épisodes (à crise d’eczéma, d’asthme, de céphalées …) sur lesquels je n’ai pas de prise (à l’instant, où ils se déclenchent), surviennent souvent à chaque choc psychique intense.  J’essaye de ne pas me focaliser dessus, sauf quand ils deviennent vraiment pénibles à supporter.

[24] Il est vrai qu’au-delà d’un certain niveau de douleur céphalalgique, la relaxation a un effet sur le reste du corps, mais sur la tête et ses maux de tête.

[25] qui se doivent  de rechercher les causes de stress (ou les causes traumatisantes, « dépressivogènes »), les comportements sociaux inadaptés _ une tendance excessive à se culpabiliser (ou une difficulté à s’affirmer socialement), une ignorance de la vie sociale et de ses règles, de la psychologie des autres  (et de ce que certains individus sont capables) et aussi de faire une analyse pour trouver les causes du stress interne au malade (sa connaissance de ce stress caché pourra l’aider à le surmonter).

[26] En leur affirmant qu’il y a toujours un espoir de guérison pour leur maladie.

[27] Résistants à toutes thérapies médicamenteuses, psy et alternatives etc.

[28] Et le cas de Paul dont nous avons déjà parlé.

[29] Comme je l’ai dit récemment à une patiente qui, actuellement, perd espoir et donc désire contacter un neurologue connu du Sud de la France, pour s’en sortir : « Ne t’attend pas à des choses extraordinaires » [de sa part, en allant à sa rencontre].

[30] Prescrivant toutes les thérapies possibles, jusqu’à l’oxygénothérapie.

[31] Le livre du docteur Michel Lanteri-Minet, aux editions Medi-text, sur les céphalées de tension, le reconnait lui-même d’ailleurs (pages 14 et 15).